Mon histoire n'est pas si exceptionnelle. Ni rocambolesque ni tragique. Mais j'en suis fière. Si l'on me demande d'où je viens, je répondrai toujours avec un certain orgueil, parce que je suis sacrément fière de mes origines, et surtout de mes parents, à qui je dois à peu près tout ce que je suis aujourd'hui, du haut de mes seize ans. Mes deux parents sont nés-moldus, et ont toujours jugé important de me rappeler mes racines, bien que conscients avant que mes pouvoirs se manifestent que je serais certainement une sorcière, tout comme eux. La culture moldue a imprégné mon quotidien et l'imprègne encore à chacun de mes retours chez moi ou chez mes grands-parents moldus.

C'est ma mère qui a voulu que je sois scolarisée dans une école moldue jusqu'au jour où j'intégrerai Poudlard, comme ça a été le cas pour mes trois frères et soeur (je suis la troisième née de la fratrie) et je l'en remercie. En étant à Poudlard, j'ai remarqué à quel point certains vivaient en autarcie, si proches de leurs confrères non magiques mais en refusant si catégoriquement de se mêler à eux. C'est franchement ridicule quand on y regarde de près... Ma mère, c'est mon modèle. J'adore profondément mon père aussi, mais ma mère est la grande activiste de la famille, et elle m'a clairement transmis ses convictions politiques : la défense des Moldus, c'est un de ses chevaux de bataille, mais pas que. Elle est aussi très féministe. Je suis une de ces rares personnes qui porte le nom de mes deux parents. Et j'en parle toujours avec orgueil. Elle m'a sensibilisé à un souci de justice sociale, qui fait qu'on me trouve parfois agaçante, trop à cheval sur mes principes.

J'ai adoré faire mes classes en école moldue, même si ça n'a pas toujours été facile, surtout à partir du moment où mes pouvoirs se sont révélés, et que je ne les contrôlais pas franchement. Que je le veuille ou non, j'étais différente du reste de mes camarades. Et l'air de rien, j'ai apprécié de pouvoir me retrouver auprès de personnes comme moi quand j'ai intégré Poudlard.

J'aime Poudlard. La pression est folle et les profs un peu trop exigeants, et moi, je n'ai pas toujours les meilleurs résultats, mais je m'y plais. C'est ma deuxième maison. J'ai été envoyée à Gryffondor, et je suis très fière de porter les couleurs rouge et or. Je sais, ça ne se voit pas toujours parce qu'au cours de ma scolarité, j'ai fait perdre un bon nombre de points à ma maison. Mais quand même, vive les gryffons ! Vous n'imaginez pas la fierté qui a été la mienne quand j'ai rejoint l'équipe de Quidditch de ma maison. Je suis gardienne, j'espère passer capitaine l'an prochain. Je me débrouille pas trop mal... pas au point de passer pro un jour évidemment, mais je m'en sors bien.

En bref, je suis une ado banale avec une grande gueule, un certain nombre d'amis, un petit paquet d'ennemis, quelques amourettes qui ne vont jamais bien loin. Et c'est tout... Ou presque, parce qu'en fait non. Quelque chose a changé. Quelque chose d'important. Et qui m'a changée moi aussi.

Cela fait plusieurs mois que je n'ai pas remis les pieds à Poudlard. Et pour tout vous dire, j'ai très peur d'y retourner. J'ai été agressée. Je sais comment. Je sais par qui. Mais, ça va vous en boucher un coin, la parole des victimes a une maigre valeur quand on lui oppose une famille de sangs purs influente et pleine aux as. Entre l'insupportable Octavia Yaxley et moi, le torchon brûlait depuis un petit moment déjà. On affichait notre mépris et notre détestation mutuelle à chaque occasion. Mais ça n'était jamais allé beaucoup plus loin. Pourtant, cette fois-là... J'ai cru que j'allais y passer, vraiment. J'ai senti mes forces m'abandonner, et je me suis dit que vraiment, j'allais crever. A cause d'une greluche comme Octavia. Mais j'ai survécu. Je suis pas totalement remise. Physiquement ça va, mais je souffre encore de troubles post-traumatiques, et on m'a dit que ça, les cauchemars, les crises d'angoisse, ça mettrait plus de temps à disparaître... Ce qui me tient, ce qui me pousse à aller de l'avant, c'est cette promesse que je me suis faite à moi-même.

Octavia Yaxley va payer. D'une façon ou d'une autre, elle va payer.