Le destin peut mettre parfois du temps, mais il fait toujours son oeuvre

Rien n’avait vraiment changer pour Andromeda, avec cette rentrée. Ce n’était pas comme si sa vie changeait dans tous les cas. Sa vie était toujours le même tissu de mensonges. Elle n’avait pas le choix dans tous les cas, elle était obligée de prétendre être ce qu’elle n’était pas. Elle n’avait pas le choix encore une fois. Il fallait qu’elle préserve la réputation de sa famille.

Ce n’était pas simple tout le temps, c’est sûr. Mais bon, elle s’était faite à l’idée maintenant, et puis elle ne se voyait pas dire à tout le monde qu’elle était en fait une cracmole. Elle n’avait pas envie de vivre différemment, même si elle vivait dans le mensonge, au moins, elle avait une vie qui lui plaisait. Vivre dans le monde des sorciers, c’était quelque chose qu’elle ne voulait pas quitter. Même si rien ne l’empêcherait de continuer de le faire si jamais son secret était découvert, mais les gens n’auraient pas le même regard sur elle, et c’était pire que tout. Elle ne voulait pas que tout le monde lui tourne le dos, même si ce ne serait pas forcément le cas, mais bon, il y avait tout de même des chances pour que cela arrive avec certaines personnes.

Enfin quoiqu’il en soit, elle continuait de mener sa vie, et les choses lui allaient très bien ainsi. Elle n’avait pas envie que les choses changent et il n’y avait pas de raison pour que cela change. Elle avait eu envie de se balader un peu. Dans tous les cas, elle n’avait rien à faire, si ce n’est de rester chez elle, enfin, chez ses parents et ne rien faire de sa journée. Ce qui n’avait rien de réjouissant, autant le dire tout de suite. Alors elle avait préféré se balader un peu. Elle n’avait pas vraiment de destination précise, elle voulait juste marcher un peu prendre l’air. Elle s’était rendue sur le Chemin de Traverse, pas spécialement pour acheter quoique ce soit, mais juste parce que c’était toujours agréable de se balader dans les allées. Juste pour voir si de nouvelles choses se trouvaient en vitrine ou non.

« Andromeda ? »

La jeune femme releva la tête, surprise. Elle observa le jeune homme qui venait de l’interpeller. Elle l’avait déjà vu quelque part, elle en était certaine. Elle fouilla dans sa mémoire, puis tout à coup, ce fut comme un flash et un sourire étira ses lèves. Elle ne s’attendait pas du tout à revoir Aaron dans ces circonstances. Elle n’avait bien sûr pas oublié son ami d’enfance, avec qui tout contact avait été brusquement coupé indépendamment de sa volonté lorsque sa famille avait compris qu’elle n’était dotée d’aucun pouvoir magique.

« Aaron ? Aaron c’est bien toi ? Ça alors, tu as vraiment changé ! Je suis vraiment contente de te revoir ! »

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Le destin peut mettre parfois du temps, mais il fait toujours son oeuvre

C’était une rencontre, à laquelle Andromeda ne s’attendait pas, pourtant, ce n’était pas si improbable que cela. En réalité, Aaron n’avait aucune raison de quitter Londres, et de ce qu’elle savait, sa famille n’avait jamais déménagée, alors le croiser ici, ce n’était pas si surprenant, mais cela faisait tellement de temps qu’elle ne l’avait pas vu… ils avaient été proches durant leur enfance, ils jouaient et passaient souvent du temps ensemble, mais les choses s’étaient terminées dès qu’elle avait été « diagnostiquée » comme étant une cracmole. Tout avait été brusque, et à cet âge, Andromeda avait eu beaucoup de mal à tout comprendre, et tout accepter.

Déjà, accepter le fait de ne pas pouvoir faire de magie avait été compliqué. Quand l’intégralité de sa fratrie plus ses parents et ce qui allait avec étaient doués de magie, mais qu’elle non, était quelque chose de difficilement acceptable, encore plus pour une enfant, à qui l’on avait parlé durant sa naissance du jour où elle pourrait commencer à pratiquer. Vivre dans une famille sorcière pour en être la honte et l’erreur, elle aurait préféré qu’il en soit autrement. En plus de cela, on l’avait privée de tout ses repères, on lui avait retiré toutes ses habitudes, ses proches, on lui avait interdit de sortir, de communiquer avec qui que ce soit à l’extérieur, parce que personne ne devait savoir qu’elle était là. Tout le monde devait la penser à l’étranger.

Et chaque jour, elle se souvenait de ses parents qui venaient lui répéter encore une énième fois ce qu’elle devrait dire lorsqu’elle pourrait retourner à la civilisation, pour que son histoire tienne la route. Andromeda avait dû s’inventer une vie, et elle avait dû se forcer à y croire, pour que cela soit le plus réaliste possible. Elle s’en serait bien passée, mais cela n’avait pas été possible, et elle n’avait aucune envie d’être reconnue publiquement comme l’erreur de la famille Fawley, et faire tomber sa famille en disgrâce. Son père était tout de même un ancien ministre, il avait un certain statut à garder, et avoir un enfant cracmol n’était jamais vu comme une bonne nouvelle, ce qu’elle comprenait.

« Tu as énormément changé aussi. En même temps, c’est normal… depuis le temps. Je ne pensais pas te croiser non plus. En fait… je ne pensais pas te croiser un jour de nouveau, depuis que tu as juste… disparues. »

Andromeda sentit son cœur se serrer, elle n’avait jamais voulu que les choses se passent comme ça. Elle aurait voulu, pouvoir dire aurevoir à Aaron, pouvoir lui expliquer les choses, mais elle n’avait pas pu. Elle avait dû abandonner son ami, et elle se sentait coupable de cela, même si, elle n’était pas vraiment responsable. Elle était vraiment heureuse, de pouvoir le retrouver aujourd’hui, mais elle se sentait tout de même quelque peu honteuse, et ne savait pas si elle était capable de rattraper cela ou non.

« Oui… je suis vraiment désolée que les choses se soient passées ainsi. Mes parents… m’ont envoyées chez une tante pour ma scolarité, la décision a été quelque peu précipitée, et je n’ai pas eu le temps de te prévenir, ou te dire au revoir… je le regrette vraiment. J’aurai aimé, pouvoir garder contact… tu étais vraiment important pour moi à l’époque, tu étais mon ami et… je n’ai pas assuré. »

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Le destin peut mettre parfois du temps, mais il fait toujours son oeuvre

Andromeda était vraiment désolée de la tournure qu’avaient pris les choses. Elle était désolée de ne pas avoir pu donner de nouvelles à Aaron. Mais elle n’avait pas pu envoyer de lettre, parce qu’elle était censée être dans un autre pays, alors qu’en fait, elle était restée chez elle, ce qui faisait qu’elle n’aurait pas pu les envoyer. Aaron avait été son meilleur ami d’enfance, et devoir l’abandonner avait été un crève-cœur pour elle. En plus d’être une cracmole, elle avait dû renoncer à tous ceux qu’elle aimait sauf de sa famille. Cela n’avait pas été simple à gérer pour elle, et le jeune homme ne savait pas à quel point, mais elle se doutait que cela n’avait pas dû être simple pour lui non plus. Même si elle n’était que son amie, et qu’ils étaient des enfants, sa réaction lui montrait qu’elle avait compté pour lui, et ça lui faisait chaud au cœur.

Elle ne savait pas s’il allait lui pardonner, mais elle aimerait que ce soit le cas. Elle aimerait qu’ils puissent être à nouveau amis. Même si c’était difficile pour elle, et surtout dangereux de côtoyer des sorciers de trop près, pour ne pas se trahir, en revoyant Aaron, elle revoyait tous les moments qu’ils avaient partagé ensemble, et cela lui ferait plaisir d’apprendre quel homme il était devenu, et de passer du temps avec lui, tout simplement. Mais ils n’en étaient pas là, loin de là, et c’était très loin d’être simple, comme situation.

« Je vois. Et tu n’aurais pas pu… ne serait-ce que m’envoyer un courrier après ton départ ? Et pourquoi ils t’ont envoyé chez ta tante ? »

Andromeda ne savait pas quoi lui répondre. Elle ne pouvait évidemment pas lui dire la vérité. Elle sentait dans son ton qu’il lui en voulait, et elle le comprenait. Seulement, elle ne pouvait pas se montrer sincère avec lui. Elle ne pouvait pas lui dire qu’elle était une cracmole. Il y avait déjà trop de personnes au courant en dehors de sa famille. Et même si elle avait confiance en ces personnes, elle ne voulait pas en rajouter. Et elle savait quels étaient les principes dans lesquels Aaron avait grandi, il la rejetterait aussitôt s’il savait, ce qu’elle comprendrait.

En tout cas, elle se retrouvait embêtée. Elle ne savait pas comment expliquer le fait qu’elle n’avait pas pu lui envoyer de lettres. Elle aurait voulu garder le contact avec lui, mais cela avait été impossible. Elle se sentait quelque peu impuissante, et presque prise au piège, mais il fallait qu’elle garde contenance, c’était important. Aaron pourrait difficilement deviner la vérité, mais elle voulait rester prudente tout de même.

« C’était… une lubie de mon père. Il a décidé au dernier moment que ce serait bon pour moi, et je n’ai pas eu le temps de dire aurevoir. J’aurai voulu, j’aurai vraiment voulu te voir pour te l’expliquer à l’époque. Et je voulais garder contact avec toi, je voulais t’envoyer des lettres mais être si loin de tout ce que j’avais connu était dur et je n’ai jamais réussi à écrire, et quand je l’ai fait… je me suis dit que c’était trop tard. Je suis vraiment désolé Aaron, je t’assure… »

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Le destin peut mettre parfois du temps, mais il fait toujours son oeuvre

Andromeda se sentait vraiment mal en cet instant. Mal de mentir à Aaron, mal de voir de la déception, et de la colère dans son regard. Elle était sincère quand elle s’excusait, c’était d’ailleurs la seule chose qu’il y avait de sincère dans son discours. Elle n’avait jamais voulu lui causer de la peine, il avait été son meilleur ami durant leurs jeunes années, et elle était vraiment navrée que les choses se soient passées ainsi. Elle aurait voulu pouvoir lui parler avant, pouvoir lui expliquer certaines choses, mais quand il s’était avéré qu’elle était une cracmole, ses parents l’avaient cloisonnée chez elle sans qu’elle ait le temps de dire Quidditch. Et ils n’en avaient rien eu à faire de ses requêtes. Il est vrai qu’elle aurait pu dire à ses parents de parler à ceux d’Aaron, mais elle avait été choquée par la nouvelle, et avait un peu tout mis de côté.

Rien n’était jamais facile dans sa vie, il fallait toujours qu’elle soit obligée de mentir, ou d’agir en faisant attention. C’en était épuisant, et cela l’avait grandement isolée. Certes, elle avait des amis, mais ils pensaient tous avoir à faire à quelqu’un qu’elle n’était pas. Même si sa personnalité ne changeait pas, bon nombre d’entre eux la rejetteraient s’ils savaient ce qu’elle était. Et elle était convaincue qu’il en serait de même pour Aaron. Il avait été élevé dans une famille qui avait toujours eu les mêmes idéaux que la sienne, alors… il n’avait certainement aucune envie de fréquenter une cracmole, même si on ne pouvait pas dire qu’ils se fréquentaient vraiment là tout de suite…

« Maintenant c’est sans doute encore plus trop tard. »

La jeune femme baissa les yeux. Elle comprenait qu’il soit en colère contre elle, et elle ne lui en voulait pas, bien sûr. Elle ne savait pas si un jour, il réussirait à lui pardonner, mais cette situation lui faisait mal, quoiqu’il en soit. Elle ne savait pas quoi lui répondre. Elle ne pouvait pas changer le passé, elle ne pouvait pas vraiment arranger les choses, et elle ne savait tout simplement pas quoi répondre à cela. Il avait raison, c’était trop tard maintenant.

« Mais… tu étais où du coup ? Dans quelle école ? Je suis désolé mais je trouve ton père idiot de t’avoir éloigné de Poudlard, c’est la meilleure école de magie. »

Aaron reprit la parole, mais elle aurait préféré qu’il n’en fasse rien. Elle ne voulait pas qu’il pose trop de question, parce que cela l’obligeait à mentir un peu plus, et c’était toujours délicat. Elle ne devait commettre aucune erreur, pour ne pas semer le doute dans l’esprit de son interlocuteur. Alors, elle espérait qu’il ne se montrerait pas trop curieux, même si elle préférait tout de même cela au fait qu’il tourne définitivement les talons.

« J’étais en Colombie Britannique, au Canada. Je sais mais… il a toujours eu des éclairs d’excentricité, et jamais personne ne peut l’arrêter dans ses idées. »

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Le destin peut mettre parfois du temps, mais il fait toujours son oeuvre

Andromeda se sentait vraiment mal, sur le moment, partagée, tiraillée entre plusieurs sentiments. Elle était heureuse de revoir Aaron, mais elle devait accuser sa colère envers elle, et elle devait lui mentir. Elle aurait pourtant voulu pouvoir lui dire toute la vérité, mais elle ne pouvait pas. Parce qu’il la rejetterait sûrement, et que cela pourrait mettre sa famille en porte à faux si jamais l’information se rependait. Elle ne pouvait pas être sûre à cent pourcent de la réaction du jeune homme, mais elle ne voulait pas prendre le risque. Quoiqu’il en soit, elle avait envie de pouvoir changer de sujet, mais Aaron exigeait des réponses, qu’elle lui donnait difficilement, et maladroitement.

Elle était consciente que sa réponse n’était sans doute pas satisfaisante, mais Andromeda n’était pas souvent confrontée à cette situation. Aaron était la première personne avec qui elle avait été assez proche durant son enfance pour que son « absence » doive être expliquée, pour les autres, ils ne posaient pas trop de questions, et elle les fréquentait surtout depuis qu’elle était adulte, alors cela allait, mais ce n’était pas le cas concernant Aaron, et Andromeda avait vraiment peur de ne pas être convaincante, que son ancien ami ne la croit pas, ou bien qu’il demande plus de détails, parce qu’elle était presque sûre qu’elle finirait par se trahir à un moment ou un autre, avec la nervosité qui l’animait.

« D’accord, si tu le dis. »

Aaron ne semblait pas convaincu par la réponse qu’elle lui avait donnée, et elle ne pouvait pas le blâmer. En tout cas, il ne semblait pas vraiment s’adoucir, et elle se sentait un peu déçue. Evidemment, elle ne pouvait pas lui en tenir rigueur, après toutes ces années sans réponse, sans nouvelles, il était normal qu’il ne saute pas vraiment de joie, mais Andromeda aurait aimé retrouver son ami d’antan. Aaron avait beaucoup compté pour elle durant leur enfance, et même si elle n’avait pas pu le lui montrer, il lui avait manqué.

« Juste des éclairs d’excentricité. »

La jeune femme soupira, ne sachant pas vraiment quoi lui dire d’autre. Elle ne voulait pas se confondre en mensonges, parce que Aaron méritait mieux, même si elle n’avait pas d’autres choix que de lui mentir un peu. Il ne la croyait peut-être pas, mais c’était toujours mieux qu’il sache qu’elle était une cracmole. Mettre ça sur une lubie de son père, c’était peut-être facile, mais l’ancien Ministre de la Magie avait été connu pour son excentricité, bien que la durée de son mandat n’avait pas brillé sous ses prises de décision, mais bon, c’était un autre sujet.

« Je suis sincèrement désolée Aaron… mais sache que tu m’as beaucoup manqué, et que je suis très heureuse de te revoir. Même si je comprends que tu sois en colère contre moi, ou du moins déçu. »

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