Eve,

Comme on en avait parlé la dernière fois, tu trouveras les billets pour la pièce avec ce hibou. Je ne sais pas si tu voudras toujours venir, mais dans tous les cas, au cas où, tu les as - mais ce n'est pas grave sinon, je comprends.


A bientôt,

Finn

PS : Envoie une lettre, une carte, donne moi de tes nouvelles - dis moi comment tu vas. F.C.

Eve,

Je sais que je dois avoir l'air d'insister, et ce n'est pas le but, mais est-ce que tu pourrais au moins me dire si tu as reçu la lettre précédente ? Je ne t'en voudrais pas non plus si c'était non - je sais que les choses sont compliquées - mais il me semble qu'on n'est pas obligé de s'ignorer complètement non plus, ce n'est pas comme si on était en froid...enfin, je crois ?

A bientôt,

Finn

Eve,

Je t'avoue ne pas comprendre. Rafa me dit qu'il est strictement impossible que tu n'aies pas reçu les hiboux précédents, sinon ils seraient revenus.

Donc, de deux choses l'une : soit tu ne veux pas me répondre, soit il s'est passé quelque chose. Je ne sais pas si je dois m'inquiéter ou non, mais si non, j'aimerais bien au moins que tu me détrompes, ça me rassurerait. Est-ce que que au moins tout va bien ?

Et si tu ne veux pas me parler, d'accord, je peux l'entendre : mais pour ça il faudrait le dire ! Et je ne t'en voudrais pas plus si tu décidais de ne pas venir, mais si c'est non, tu ne crois pas que tu pourrais essayer de l'assumer ?

Je ne crois pas avoir mérité ce silence là, mais si c'est le cas, j'aimerais bien savoir ce que j'ai fait pour le justifier.

Finn

Bon, fort bien. Si c'est ce que tu veux, je n'envoie plus rien, et j'en déduis que c'est non. Ne viens pas te plaindre ensuite que je n'écris pas ou plus.  

F. C.

Eve,

Rassure moi, tu sais que ça fait 4 jours et que tout ce cirque pourrait s'arrêter si tu étais juste capable d'accuser réception d'un foutu courrier, peu importe la réponse ? Et que le fait de vouloir être tranquille ne t'oblige pas à laisser les gens dans l'expectative totale ?

Il faut que j'envoie Rafa ou que je me déplace, pour te le prouver ? Comment ça se passe ? On fait quoi, toi et moi ?

Finn

Rassure moi de nouveau, tu sais que par "donner des nouvelles", les gens n'entendent généralement pas "envoyer un type sorti de nulle part avec une lettre de recommandation" ? D'ailleurs, d'où est-ce que tu le connais, et dans quelle espèce de galère vous êtes vous fourrés tous les deux ? Non, en fait, ne répond pas et oublie ça. Je préfère ne pas savoir.

Au moins, je suis content de savoir qu'il ne t'est rien arrivé. Fais attention à toi quand même. Je préfère ne pas avoir de réponse parce que tu m'ignores que parce que tu aurais eu des ennuis et que tu ne pourrais plus écrire.  

Finn

PS : il te l'a probablement déjà dit, mais c'est oui, juste le temps de m'organiser. Je vois avec lui pour la livraison, à charge pour toi de t'occuper du paiement. Mais je pense que pour une fois, on se comprend. Et j'apprécie. F.C.

Citation :

Londres, le 6 avril 1948

Miss Talbot,

Je fais suite au courrier que vous m'avez adressé il y a peu, et dans lequel vous me proposiez un entretien pour évoquer mes projets littéraires.
C'est avec plaisir que j'accepte de vous rencontrer. Vous me laissez le soin de choisir la date et l'heure ; si je vous dis mardi prochain, vers 18h, devant le Bull and Pixie, cela vous convient-il ? L'endroit est calme, nous pourrons parler tranquillement. N'hésitez surtout pas à me faire savoir si le lieu ou l'heure ne vous convenaient pas.
Veuillez recevoir, Miss Talbot, mes plus sincères salutations.

Th. Yaxley

Eve,

C'est drôle, je ne saurais presque plus comment t'écrire, maintenant, à croire que tout ça me rend maladroit, sans savoir ce que tu en penses. Rafa pense que c'est une mauvaise idée, d'ailleurs, comme d'habitude ; pour une fois, j'espère qu'il se trompe, ou disons que je préfère croire la Eve de la dernière fois.

En tout cas, je réalise que je suis en tournage samedi prochain et je ne peux pas réellement me libérer, du moins pas très tôt : est-ce que ça te dérange de m'y rejoindre ? Je te ramènerai ensuite, tu auras le choix du pub, comme ça. Si ça te va, je t'enverrai l'adresse et je préviendrai l'assistant : il te laissera passer en plateau.

Prends soin de toi,

Je t'embrasse (où tu sais), 

Finn

Eve,

Bon, bon, je ne le referai pas et je me tiendrai sage : je ne pensais pas que ça te dérangerais autant. Je suppose qu'il ne me reste plus qu'à m'excuser. Quant à Rafa, non, ça m'étonnerait, je ne crois pas que ça l'intéresse, vu sa réaction - il a l'air de nous considérer collectivement comme des cas désespérés, même si la raison m'échappe.

Quoiqu'il en soit : du tout, ne t'en fais pas, c'est plutôt courant, en fait, il suffit de prévenir à l'avance. Et puis pour te répondre, je m'en voudrais de te faire attendre toute seule, ce ne serait pas bien.

Bref, je m'arrête là avant de t'agacer de nouveau - tu trouveras la carte de visite du studio avec ce courrier, pour l'adresse.

A samedi donc,

Je t'embrasse, 

Finn

Eve,

L’avion décolle bientôt, il me reste juste un peu de temps, à peine celui d’écrire et celui de décider si je posterais ou non cette lettre. Je ne sais pas, je ne sais vraiment pas, je crois que j’attends juste qu’ils appellent le départ pour New York en espérant que quelqu’un me forcera à décider quoi faire.

Je crois que j’ai déjà tout dit, non ? Il n’y a rien à rajouter. Je ne peux pas m’offrir le luxe de rester. Quoique je me dise, je ne peux pas. Et je voudrais, pourtant, si tu savais comme je voudrais avoir tort, me planter, et rester ici. Mais je ne peux pas prendre le risque, tu comprends ? Si j’attendais simplement de voir comment ça tourne, ce serait déjà dangereux, et je ne sais pas si je peux te croire… je voudrais pouvoir, je te jure que je voudrais pouvoir. Mais je suis incapable de me débarrasser du doute, et de l’idée que je peux me tromper…Peut-être que j’aurais du me douter que ça finirait comme ça. On ne se refait pas, je suppose, pas vrai ?

Bon Dieu, ça me rend dingue. Je t’aimais, tu sais, je t’aime toujours, c’est ça qui fait mal. Je ne peux même pas essayer de prétendre que c’est faux, ce ne serait pas aussi dur si ce n'était pas le cas. Est-ce c’était aussi important pour toi que pour moi ? Je ne sais pas. Plus je réfléchis, et moins je sais. Peut-être que j’aurais simplement voulu avoir la réponse, justement.

C’est sans doute trop tard, maintenant. L’avion va partir, j’ai entendu l’appel au micro. Je vais m’arrêter là. Si un jour tu passes en Californie, fais-le moi savoir, c’est tout. Pour le reste, je voudrai juste dire que même si ça se finit comme ça, peu importance que ça a eu pour toi, j’ai été heureux – et je le suis toujours – que ça soit arrivé.

Porte-toi bien. J’espère que tout ira bien de ton côté, vraiment, que ce soit pour l’opération, ou le reste. Je te souhaite le meilleur sur Terre, je suppose, malgré tout. Ou peut-être : de ce qu’il reste sur Terre, à part nous.

Finn

Russo
Mariotti
Zoccolan
Grisi
Rassu
Montenza

F. C.

Eve,

Je voulais discuter un peu avec toi, la dernière fois, et puis je me suis dit que ce n’était pas le bon moment. Je suppose qu’il n’y en a pas, si je suis honnête, mais je voudrais bien te voir. Si tu veux,  passe au Cohan quand tu le sens. Je serai dans le coin.

Prends soin de toi,

Finn

Eve,

Je t’écris parce que j’aurais besoin que tu me rendes un service. Ça ne me fait pas plaisir de t’écrire ou de te demander ça, ça m’emmerde même sacrément, mais le fait est que Rafa a rompu avec sa petite amie (celle dont je t’avais parlé, qui vit de l’autre côté), et je pense, non en fait, je sais, tout le monde s’en rend compte sauf lui, qu’il ne le vit vraiment pas bien.

Du peu qu’il a bien voulu lâcher, je pense que ça s’est vraiment mal passé (en gros, le mépris de classe traditionnel pour les nés-moldus…même si je ne sais pas s’il y a eu que ça) et qu’en plus il minimise, tant la dispute que son attachement à cette fille. Evidemment, il va te dire que non, mais il fait tout pour éviter le sujet, et comme si rien ne s’était passé alors qu’il est encore plus (oui je sais, c’est surprenant, je ne pensais pas ça possible non plus) d’une humeur de chien que d’habitude.

Le problème, c’est que les gars commencent à se plaindre qu’il les tyrannise et qu’il leur parle comme à des chiens, quand il aboie pas quand on a le malheur de lui demander un pauvre truc. A force, je vais devoir me gérer à régler une mutinerie en bonne et due forme, ce dont je n’ai ni le temps ni l’envie, ou alors il va avoir des problèmes avec les gars, ce qui n’est pas mieux, si je ne suis pas là. Et en attendant, le bureau des pleurs, ça me fatigue un peu.

J’ai bien essayé de lui parler, mais même moi je ne parviens pas en tirer quoique ce soit. C’est à peine s’il ne me fait pas la gueule comme les autres de toute façon, et ça risque de mal finir si je me retrouve à faire de la discipline, vu comment il devient ingérable. Et ce n'est pas ce que je veux non plus, ça ne changera strictement rien d'ailleurs : il fera simplement encore plus la gueule, et il ne sera pas moins malheureux. Est-ce que tu ne veux pas essayer de le voir, de lui tirer les vers du nez et/ou de le calmer un peu ? Ou même de faire la gueule avec lui, je crois qu’un peu de compagnie extérieure lui ferait du bien et je sais qu’il t’aime bien, donc…(ça m’arrangerait, vraiment, vraiment, vraiment beaucoup, je te jure que je ne mens pas et que je n'en rajoute pas quand je dis que ça ne peut pas continuer comme ça)

Sinon sur un sujet beaucoup plus joyeux, est-ce que tu veux diner avec moi vendredi ou samedi ? On pourra en discuter, comme ça, et puis une semaine, c’est déjà trop long sans te voir, voilà.

Je t’embrasse,

Finn

Eve,

Je te confirme, c'est bien d'elle dont il parlait, et c'est (ou c'était ?) plus sérieux que je ne le pensais aussi, en témoignent les conséquences...mais bon, je suppose qu'effectivement, il pourrait en avoir autant à notre égard. Tu comprendras d'autant mieux pourquoi il m'est difficile de m'en mêler. D'autant que ça ne va pas en s'arrangeant

Toi et moi avons eu la même idée : j'ai fini par le renvoyer chez lui avec interdiction de revenir au Cohan. J'ai passé l'éponge une fois ou deux alors que ça dépassait les bornes et son insolence habituelle, parce que je sais bien que ce n'est pas vraiment contre moi et qu'il s'en voudrait s'il comprenait ou qu'il était capable de s'entendre...Mais la mutinerie est venue plus tôt que je ne pensais et pas vraiment de là où je m'attendais en la présence de Liam qui ne veut plus que Rafa remette les pieds dans son bar tant il a été odieux.

J'ai essayé de calmer les esprits, ça n'a pas marché, j'ai fait ce que j'ai pu en lui disant qu'il pourrait revenir s'il présentait des excuses et qu'en attendant, il était en congé forcé. Je sais qu'il pense que c'est contre lui, mais je n'ai pas eu le choix que de jouer les juges de paix, sans quoi ça aurait sans doute vraiment fini par mal tourner. Liam a beau être débonnaire, reste qu'il a fait la guerre civile en 1916 alors qu'aucun d'entre nous n'était nés...je ne voyais pas quoi faire d'autre pour lui sauver la peau sur ce coup là, quitte à ce qu'il me fasse (encore plus) la gueule ou qu'il le prenne comme une sanction...

Bref, je suis vraiment désemparé à ce stade, comme tu vois, et je te remercie d'accepter - et je suis encore désolé Son appartement est au 7 Victoria Mews, dans Kilburn ; normalement, il devrait être chez lui.


Et disons mardi, alors ? Ca ne viendra jamais assez vite, mais lundi je suis en tournage et je vais finir tard...je penserai à toi en attendant !

Je t’embrasse,

Finn

Eve,

Pourquoi ridicule ? Tu sais que je t'écoute et que je ne pars pas du principe que tu n'as que des mauvaises idées, quand même ?... (même si je note que je n'ai pas intérêt à te proposer de t'emmener sur la riviera, dommage !)

En tout cas je te confirme qu'il ne l'a pas bien pris du tout et qu'il le vit comme une punition, mais je ne savais vraiment pas quoi faire d'autre. En attendant de voir si je trouve - ou si tu peux y faire - quelque chose, ça m'a paru la même solution.

Je n'ai pas eu tous les détails, je n'étais pas là, mais si j'ai bien compris, il l'a accusé de ne pas avoir participé à la Guerre Civile et de juste avoir été un planqué. C'est un sujet assez sensible, et c'est un euphémisme, pour les dublinois de l'époque. Congé ou pas, et ordre de ma part ou pas, ça m'étonnerait que Liam le laisse rentrer s'il ne s'excuse pas. Autant dire que c'est définitivement mieux s'ils ne croisent pas pour l'instant.

Et pour te répondre, c'était plutôt ta surveillance, mais je suppose que ça n'arrange pas mon cas...En tout cas, j'ai écouté ce que tu m'as dit au club et je n'ai pas redonné cet ordre là non plus depuis. Mais on reparlera si tu veux, oui.

C'est noté pour ta visite à Rafa : je te remercie encore d'essayer, on ne sait jamais.

Prends soin de toi en attendant, moi aussi je suis impatient.

Je t’embrasse,

Finn

Eve,

Je ne sais pas trop si ce hibou te trouvera, je m'aperçois que ça fait un moment que nous ne nous sommes pas vus...j'espère que tout va bien, ou en tout cas mieux, depuis la dernière fois.

Je ne sais pas trop comment tourner ce que je m'apprête à écrire, d'ailleurs...je ne crois pas qu'il y ait de bonne manière de le dire ou de l'annoncer. J'ai appris un peu par hasard le décès de Callahan, par son frère. J'ignore également si je te l'apprends ou si tu étais déjà au courant. Je sais que malgré tout il comptait pour toi, alors je voulais tout de même te présenter mes condoléances...

Jill et Rebecca m'ont demandé comment tu allais. Si tu passes à la maison, je pense que ça leur fera plaisir, et tu es évidemment d'autant plus la bienvenue si tu as besoin de parler ou si tu ne veux pas rester toute seule.

Amicalement,

Nobby

Eve,

Ne t'en fais pas, ce n'était ni une demande de justification ni interrogatoire, plutôt l'expression de l'inquiétude d'un ami. Prends le temps qu'il te faudra, nous veillons au grain.

Permets moi de te redire que je suis sincèrement navré. Faire la leçon aux gens qui ont perdu un proche n'est pas mon genre, quel que soit le proche ou ce qu'il ait fait. Je sais que ça fait mal ; ajouter à la douleur juste pour avoir raison, c'est toujours inutile et cruel. Mais je comprends.

J'espère que ça ira tout de même. Je vais dire à Jill que tu passeras peut-être. Porte toi bien en attendant.
Amicalement,

Nobby

Eve,

Est-ce que je peux savoir précisément quand est-ce que tu comptais me dire que Callahan était vivant et tu le savais ?

Qu'il ait menti et se soit fait passer pour mort pour des raisons que je ne devine que trop bien, soit ! Mais toi non seulement tu l'as couvert mais en plus, tu m'as menti et tu m'as laissé m'inquiéter pour toi en toute connaissance de cause !

Je ne peux pas te cacher que je suis aussi déçu qu'inquiet. Je ne croyais pas, en tant qu'ami, mériter ce genre de mensonges.

Je crois qu'une discussion et des explications s'imposent. Je voudrai donc que tu viennes samedi prendre le thé à la maison - j'essaierai de t'écouter, mais il me semble que ce serait la moindre des choses.

A défaut, je considérerai que ce type t'a tellement embobinée qu'il faut que je vienne te chercher moi même, y compris dans le monde moldu, et crois-moi, même s'il en faut en venir à de telles extrémités, je le ferai.

Nobby