Je n'en reviens pas moi-même. La nouvelle m'a fait l'effet d'une gifle. Mais une gifle agréable (si c'est susceptible de faire sens pour vous, je ne vous blâmerai pas si c'est pas le cas, parce que pour moi-même, ça fait à peine sens). Quand à la fin de notre dernier match de la saison, les Harpies sont ressorties victorieuses, je m'attendais, de la part de notre capitaine, à un pitch encourageant et fédérateur, avant que tout le monde continue sa vie et passe à autre chose, mais non, ce n'est pas ce qui s'est passé.

Elle nous a réunis dans les vestiaires toutes autant que nous étions et nous a appris la nouvelle. C'était son dernier match, sa dernière saison. On va nommer un nouveau capitaine. Et là. Nouveau coup de massue. Un coup de massue agréable. Si ça fait un autre putain de sens pour vous. Je le garantis pas franchement. C'est moi qu'on a nommée capitaine. Et je suis sur le cul.

C'est pas que je le mérite pas. Au contraire, je considère que je le mérite plus que toutes mes coéquipières réunies. Mais je ne m'attendais pas à ce qu'on me le reconnaisse malgré tout. Et je suis aux anges. Ah, ça va plus être la même, avec moi aux commandes ! Déjà, j'ai bien l'intention de remanier nos équipes. Je me dis que ça nous fera pas de mal d'avoir du sang neuf, quitte à créer la surprise en proposant des joueuses qui n'ont pas encore eu l'occasion de prouver leur talent au sein d'autres équipes. Je songe à la jeune Murray, qui m'a fait une sacrée impression. Mais déjà, je veux mettre à l'épreuve chacune de mes coéquipières.

Pour cette raison, je m'entretiens avec chacune, individuellement, et c'est au tour de Griffiths de passer à la casserole. Je n'irai pas le lui dire comme ça, mais c'est la moins en danger de toutes. Glynnis est une putain de bonne attrapeuse, c'est un fait, même si je le lui dis sans doute trop peu... et ne compte pas la couvrir de compliments à l'avenir non plus. Quand Glynnis me rejoint sur notre stade attitré, je la toise, m'interrogeant sur son état d'esprit. J'espère qu'elle va faire preuve de caractère plutôt que de me supplier de la garder.

-Alors Griffiths, à ton tour. Qu'est-ce que tu as à dire pour ta défense ? Je te préviens, j'ai viré Ramsey pas plus tard qu'il y a cinq minutes, j'ai l'intention d'être sans pitié.

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Glynnis avait été heureuse, sincèrement heureuse, d'apprendre la nomination de Gwendolyn au poste de capitaine des Harpies. Elle sait pertinemment que ce choix ne fait pas l'unanimité au sein de l'équipe de Quidditch, et c'est normal, Gwen a un véritable don pour se faire des ennemis, mais elle reste la joueuse la plus douée et la plus hargneuse de toutes. Et Glynnis ne le pense pas uniquement du fait de l'attachement qu'elle éprouve pour sa coéquipière. C'est une chose qu'elle pense bel et bien. Sa hargne et son caractère de feu participent d'ailleurs de ses performances sur le terrain. Ce ne sera pas le plus simple pour elle de fédérer tout le monde, mais elle en est capable. Et il faut se faire une raison, les Harpies ont grand besoin d'un bon remaniement, ça fait un moment que Glynnis le pense.

Est-ce qu'elle se sent sereine à ce sujet ? Pas du tout. Ses performances ont été bonnes ces derniers matchs, mais Glynnis n'est pas rassurée pour autant. Gwen a toujours trouvé quelque chose à redire sur ses résultats, et peut-être qu'elle estimera qu'elle a besoin de sang neuf. Glynnis n'a aucune envie de quitter les Harpies, elle les considère comme sa famille, mais une part d'elle sait que s'éloigner de cette équipe et s'éloigner de Gwendolyn serait bien pour elle. Bref, elle verra. Elle est particulièrement anxieuse au moment de passer à la casserole, mais elle tente de reste digne. Même quand Gwen lui demande ce qu'elle a à dire pour sa défense, ce qui n'est pas simple du tout. Avec Gwen, il ne faut pas toujours prendre au pied de la lettre ses discours. Mais quand même.

Elle prend le risque de passer pour une lécheuse de bottes professionnelle, pourtant elle pense très sincèrement ce qu'elle est en train de dire. Elle le pense véritablement, et elle en est fière, sincèrement fière.

Dire qu'elle peut évoluer, c'est avouer qu'elle n'est pas parfaite, mais c'est un bien maigre aveu.

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Je ne relève même pas quand Glynnis me félicite pour ma nomination en ajoutant que je le mérite et en me passant la pommade bien comme il faut. Est-ce qu'elle le pense ? C'est bien possible, en vérité, parce que pour une raison qui m'échappe, Glynnis m'a toujours regardé avec des étoiles dans les yeux. Je ne dis pas que je le mérite pas, au contraire, je considère carrément que oui, je mérite complètement ma nomination et que je suis digne du rôle qu'on veut m'attribuer, et que je serai une putain de bonne capitaine pour les Harpies. Mais c'est pas pour autant que je m'attends à ce que mes coéquipières pensent la même chose.

-La flatterie te mènera nulle part, Griffiths.

Mais c'est pas totalement vrai. C'est faible et c'est bas, mais j'aime qu'on me caresse dans le sens du poil, et ceux qui prétendent ne pas aimer les compliments, je les comprends vraiment pas. Pour moi, ça n'a vraiment aucun sens, c'est bien, d'être estimé. Parfois c'est hypocrite, mais je pense pas que ça le soit. Ceci dit, je veux pas non plus que Griffiths s'en serve comme du stratégie pour m'amadouer. Je lui en ai suffisamment fait baver pour qu'elle le sache. J'ai jamais ménagé aucune de mes coéquipières, mais c'est clair que Glynnis en a encore bouffé plus que beaucoup d'autres. Et non, j'ai pas de scrupule par rapport à ça. C'est comme ça que ça fonctionne dans ce milieu. Et ceux qui n'ont pas le mental se font bouffer, c'est comme ça.

Elle avance de bons arguments, ensuite. Et elle a raison. Je trouve parfois que le jeu de Glynnis n'est pas agressif. Par moments, j'ai pu lui reprocher le fait qu'elle aurait pu récupérer le vif d'or plus tôt et qu'elle a laissé passer une occasion ou une autre, je trouve qu'elle pourrait se montrer plus agressive. Mais en attendant, elle nous fait gagner. Elle nous fait gagner souvent, régulièrement, et ça, ce n'est pas quelque chose de négligeable. En vrai, j'ai l'intention de la cuisiner pour tester son moral, mais mon choix est déjà fait. Je ne vais pas me passer de Glynnis. Ce serait complètement stupide de ma part de me passer d'elle pour le moment.

-Évoluer comment ? je lui demande histoire de continuer de la pousser dans ses retranchement.

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Glynnis se risque à l'esquisse d'un sourire mi-navré mi-amusé quand Gwendolyn l'avertit du fait que la flatterie ne la mènerait nulle part. Son nouveau capitaine n'a pas besoin de le dire, Glynnis le sait pertinemment. C'est d'ailleurs une des choses qu'elle aime le plus chez Gwendolyn. Elle ne se laisse pas flatter ou soudoyer, elle n'a besoin de personne d'autre sinon elle-même pour savoir ce qu'elle vaut. Glynnis voudrait être pareille, elle voudrait être capable de la même chose. Elle aime profondément son interlocutrice, suffisamment pour la regarder d'en bas et vouloir tout faire pour lui prouver qu'elle la mériite, et cela vaut aussi pour tout ce qui concerne le terrain de Quidditch. Et d'ailleurs, elle sait que c'est là-dessus qu'elle doit se concentrer, même si elle a un peu de mal. Les occasion qu'elles ont de se trouver seule à seule ne sont pas très nombreuses. Et chacune de ces occasions valent de l'or pour elle.

Heureusement, Gwen reste aux commandes de la discussion, des négociations, même. Et c'est plus simple ainsi de se concentrer sur ce sur quoi doit se focaliser leur conversation. Elle lui demande dans quelle mesure elle se pense capable d'évoluer, et Glynnis sait que c'est le moment pour elle de donner tout ce qu'elle a pour prouver à son interlocutrice qu'elle est tout à fait capable d'encaisser tous les coups et de faire honneur à l'équipe des Harpies, comme ça a toujours été le cas. Et le sera toujours. Elle veux faire comme elle l'a toujours fait, mais en mieux, c'est ainsi qu'elle estime être à même d'évoluer.

"Je sais que mon jeu n'est pas toujours incisif, que je laisse parfois une marge de manœuvre trop importante à mes adversaires par accès de... délicatesse. Mais je sais que je peux être beaucoup plus agressive, beaucoup plus forte. Et je suis prête à le prouver."

Elle met toute la détermination qu'elle est capable de rassembler dans le ton de sa voix. Elle ne sait pas si cela va suffire à convaincre son interlocutrice, mais elle croit vraiment dans ce qu'elle dit. Elle est convaincue de valoir plus que ce que l'on prétend, et elle veut le prouver.

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J'ai un avis mitigé concernant ceux qui ont l'humilité (si c'en est, parfois il s'agit de courage, d'autres fois de manipulation, mais concernant Glynnis, je suis à peu près certaine qu'il est question de modestie) d'admettre leurs faiblesse. Admettre ses faiblesses, c'est pouvoir les assumer et y travailler, mais moi-même suis du genre à ne jamais afficher mes failles face à quiconque (même si certaines sont trop évidentes pour avoir échappé à qui que ce soit, je sais bien). Quand on montre ses failles aux autres, on laisse à ces autres la possibilité de nous atteindre, de ce servir de ces même failles pour nous nuire. Mais concernant Glynnis, je peux laisser couler. Ce n'est pas comme si j'ignorais ses différents défauts sur le terrain de Quidditch. Au contraire, je les lui ai suffisamment reprochés comme cela, je peux bien plaider coupable à ce sujet.

Donc, elle admet qu'elle n'est pas suffisamment incisive, et là-dessus, on est d'accord. Les Harpies n'ont pas tiré leur nom de nulle part. D'accord, il ne reste à l'heure actuelle aucun membre de l'équipe originelle mais nous avons toujours été sélectionnées en fonction de notre hargne, de notre puissante rage de vaincre peu importe les circonstances. Glynnis ne saurait échapper à la règle. Elle ne le doit pas, surtout. Et je ne sais pas trop quel peut être son champ de métamorphose en la matière. Elle a beau dire qu'elle peut toujours évoluer, je continue, moi, à avoir quelques doutes. J'ai bien envie de lui laisser sa chance parce qu'elle est une putain de bonne attrapeuse en règle générale, mais je reste sur mes gardes...

C'est facile de dire qu'elle est capable de twister son caractère, mais quand même, je considère que son caractère est bien ancré. Et qu'il sera forcément difficile à changer, qu'il sera sans doute impossible à changer tout court. Le plus simple, c'est de la provoquer. Si elle s'écrase, elle se donnera tort. Mais qui sait, elle se défendra peut-être ?

-Franchement, Griffiths, je ne sais pas. Peut-être que tu serais mieux ailleurs, au club de Flaquemare, par exemple...

Qui sont bons mais connus pour être des mous du genou. Je tente le tout pour le tout, oui oui. Et sans scrupule.

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Glynnis connaît très bien Gwendolyn. Cela rend peut-être encore moins justifiables les sentiments qu'elle a pour elle, mais c'est la vérité, elle pense tout savoir de son caractère, des ressorts émotionnels sur lesquels elle se plaît à appuyer, de ses stratégies et modes de fonctionnement. Elle sait tout de même qu'elle ne doit pas trop s'appuyer sur ce qu'elle sait ou croit savoir, de crainte d'être déçue.

Et d'ailleurs, si elle ne s'appuyait que sur ce qu'elle sait ou croit savoir, elle renoncerait pour de bon à ses sentiments envers la nouvelle capitaine de l'équipe, qui ne peuvent définitivement pas mener à quoi que ce soit de bon, mais elle en est positivement incapable, et n'en a pas la moindre envie par ailleurs. Même si l'espoir est mince (façon de dire qu'il est inexistant), l'entretenir est un moteur fondamental pour elle. Elle sait que son entourage ne le comprend pas, n'arrive pas à cerner en quoi c'est si important pour elle. C'est malgré tout la vérité. Et ça le restera.

Oui Glynnis sait ou croit tout savoir de Gwendolyn Morgan, pour cette raison, elle devine qu'il y a de bonne chance pour que cette situation soit une feinte. Et quand la capitaine des Harpies dit qu'elle ne sait pas, il faut comprendre qu'elle sait parfaitement, qu'elle n'a aucun doute et qu'en vérité, elle a déjà tout réfléchi. Glynnis ne serait pas surprise qu'elle se livre à ce petit jeu de nerfs juste pour s'amuser, alors qu'en esprit, elle a déjà décidé de qui resterait et de qui partirait, sans retour en arrière possible.
Glynnis donne le meilleur d'elle-même pour plaider sa cause. Elle a l'impression de jouer sa vie, et elle n'en est sans doute pas loin. Ce qui se joue ici est crucial pour elle. C'est son avenir et sa carrière sur une corde raide. Alors elle ne cède rien.

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Dans l'argumentaire de Glynnis, je découvre une volonté et une force de caractère que je ne lui soupçonnais pas. Et c'est tant mieux, car c'est typiquement ce que j'attends de lui trouver et que je déplore souvent de ne pas discerner en elle plus souvent. J'attends d'elle qu'elle ait la rage de vaincre, la hargne. J'attends d'elle qu'elle me prouve qu'elle veut à tout prix faire partie de l'équipe, que c'est une question de vie ou de mort pour elle. Je sais, je sais, ça peut paraître extrême, mais pour moi ça ne l'est pas. Pour moi, c'est la moindre des choses. Le Quidditch, c'est notre vie, et on ne peut pas faire abstraction, on ne peut pas dire que c'est juste un métier.

Elle a raison, elle a totalement raison, même si je m'étonne qu'elle soit capable de l'exprimer à voix haute. Je ne veux pas la voir dans une autre équipe. Certes, ça veut dire qu'en jouant contre cette équipe, nous aurions l'avantage de connaître les habitudes et stratégies d'une joueuse-clé. Mais ça veut surtout dire que nous perdrions un élément précieux. Non, je ne veux pas perdre Griffiths, mais je veux qu'elle se batte pour sa place. Chose qu'elle fait bel et bien.

Et elle a raison, je ne peux pas prendre le risque de la perdre surtout si ce doit être pour me retrouver à former une attrapeuse de seconde zone. Joueur de Quidditch, c'est une carrière de courte durée, et compter sur de jeunes éléments peut aussi être un atout, mais Glynnis a encore la possibilité de s'adapter, d'évoluer.

-Ne parle pas trop légèrement, j'adore prendre des risques, je réponds en affichant un sourire. Et parfois, du sang neuf ne fait pas de mal, j'ajoute sans trop lui montrer qu'elle m'a déjà convaincue.

Malgré tout, je le suis, convaincue, je veux toujours d'elle dans mon équipe. Mais je veux la voir sortir les griffes, les serres, même. Elle ne doit rien lâcher, je compte sur elle pour cela.

-Je vais te faire repasser des essais. Mais tu sais... J'aime bien l'assurance que tu viens de montrer, ça te va bien. Je veux te voir comme ça tout le temps, ça te semble possible ?

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Glynnis ne devrait pas forcément sourire, mais elle le fait en entendant la belle Gwendolyn lui assurer qu'elle aime prendre des risques. Elle la connaît bien, à force, elle sait que c'est le cas, sur le terrain de Quidditch, c'est une évidence, et c'est pour cette raison d'ailleurs qu'elle est aussi redoutable et efficace sur un balai, et Glynnis est impressionnée par la férocité de son jeu. Et dans la vie aussi,elle prend des risques, sa relation sans queue ni tête avec Rudolf Brand en dit malheureusement long à ce sujet. Oui, c'est dans son caractère que de prendre des risques. Mais son caractère, c'est aussi d'être intelligente, plus maligne que ce qu'elle montre en règle générale, car en vérité, elle cache une grande stratège derrière ses airs de brute épaisse. Ce n'est pas pour rien si on a fait d'elle la capitaine. Elle a de la suite dans les idées, et les Harpies peuvent aller très, très loin avec elle aux commandes.

Du sang neuf ne fait pas de mal, Glynnis est d'accord, mais elle estime que son sang à elle n'a pas encore eu le temps de tourner. Elle est parmi les recrues les plus récentes de l'équipe, alors elle pense qu'elle peut avoir encore des preuves à faire, elle peut encore se placer au-dessus du lot. Du sang neuf ne fait pas de mal, mais pas à tous les postes. Le poste d'attrapeuse est stratégique, et c'est une chose que Gwendolyn sait forcément.

Glynnis sent qu'elle a réussi le premier test. Elle va passer des essais, c'est un bon signe. Maintenant, elle doit être irréprochable aux essais en question, mais elle veut penser qu'elle le peut tout à fait. Elle a réussi, elle est plus forte qu'il n'y paraît, et elle a la hargne, la rage de réussir, et elle va le montrer. Elle n'est pas mauvaise, ce n'est pas de la prétention, c'est un fait. Cette situation lui communique un nouveau sentiment de confiance en elle-même. Et elle adore réaliser cela... Le compliment de Gwendolyn lui fait monter le rose aux joues. Elle pense entendre le premier compliment qu'elle lui ait jamais fait, en cette seconde.

Elle insiste sans doute trop, mais les paroles de Gwendolyn lui donnent des ailes.

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La menace est un terrain propice pour l'assurance. C'est une chose dont j'ai pertinemment conscience, et c'est d'ailleurs une chose dont il m'est régulièrement arrivé de me servir, y compris quand il a dû être question de fonder ma propre assurance, de forger mon propre caractère, mais je reste tout de même éblouie de l'effet radical que l'éventualité de devoir quitter notre équipe a sur ma coéquipière. Elle se révèle en cet instant, elle n'hésite pas à montrer les griffes (les serres, dans le cas des harpies) et à manifester une hargne que je lui reconnais à peine mais qui me plaît bien.

Si Glynnis Griffiths était plus souvent ainsi, je l'apprécierais bien davantage, elle m'agacerait définitivement beaucoup moins. Ce que je n'aime pas chez elle, c'est que ses insécurités font écho aux miennes. Moi, j'ai seulement appris à les cacher de longue date et à les transformer en agressivité. Quelque part, Glynnis n'est nulle autre que celle que j'aurais pu devenir si je ne m'étais pas rebellée. Contre l'autorité de ma chienne de mère, de tous mes professeurs, de quiconque a un jour cherché à me domine. Bien sûr, il ne faut pas se demander après ça pourquoi je suis positivement incapable d'entretenir une relation stable et équilibrée avec qui que ce soit, mais ça c'est une autre affaire.

Ici, en cet instant précis, il n'est jamais question que de Quidditch et de rien d'autre, mais le tout reste lié. Bien sûr que je jauge les qualités et défauts de mes camarades en fonction de leur incidence sur le terrain. J'estime que c'est tout naturel, d'autant que je prends ma profession vraiment très au sérieux. Et en tant que capitaine, je me dois de le faire d'autant plus.

-Pour ne pas te mentir, Griffiths, ce qui m'inquiète, c'est de savoir si ce tempérament que tu affiches là tout de suite ne va pas juste s'évaporer au moment où je déciderais de te garder - si je dois décider de te garder. C'est bien beau de jouer les dures à cuire quand tu sais que tu te trouves sur un siège éjectable, mais ça ne suffit pas. Il me faut des preuves, tu comprends,quelque chose de concret, qui me montre que tu sauras changer pour de bon.

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Rien n'est joué, mais elle reste plus proche de réussir que de perdre, Glynnis le sait. Elle ressent un sentiment comparable à celui qui la submerge toujours quand elle sent l'extrémité de ses doigts effleurer les ailes d'un vif d'or. Elle sait que la victoire n'est pas acquise pour autant, qu'il ne faut pas se reposer sur ses lauriers, que la défaite n'en sera que plus amère si elle échoue, mais elle ressent par la même occasion qu'elle est capable, capable de tout, et que rien ne saurait l'arrêter. Ce sentiment-là est fort, puissant, grisant, et rien au monde n'est susceptible de le contenir. Elle doit s'en servir pour forger sa confiance en elle-même, quand bien même elle ressent bien qu'elle aura du mal à convaincre Gwendolyn sur la durée.

Cette dernière s'est fait une idée arrêtée de qui elle est et de quelles sont ses capacités. De mille manières, Glynnis n'aura de cesse que de chercher à la contredire, pas pour lui donner tort mais pour lui prouver qu'elle vaut quelque chose, mais le discours de son nouveau capitaine en dit long. Il faudra en fournir, des efforts et des efforts, pour qu'elle soit considérée, et pour que son discours soit cru en plus d'être apprécié. Mais déjà, il est apprécié. Et l'air de rien, c'est déjà quelque chose. C'est même quelque chose de précieux pour Glynnis.
Elle tente d'y aller au culot, elle se dit que plus elle s'affirme, quitte à en faire trop, plus elle a de chances de faire forte impression sur son interlocutrice, et c'est exactement le but de la manoeuvre. Elle veut impressionner. Elle ne veut pas seulement faire de son mieux, mais aller au-delà du mieux qu'elle puisse faire.
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Ce qui est la vérité vraie, par plus d'un aspect.

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J'ai toujours eu plein de défauts à reprocher à Glynnis, et j'en trouverais encore pleins, j'en ai la certitude, mais sa capacité à entendre les ordres et les conseils qu'on lui donne, à les entendre et à les intégrer, je ne la remets pas en question, parce qu'elle le prouve bien souvent, surtout quand c'est avant un match ou à la mi-temps. Et sa capacité d'assimilation nous a d'ailleurs sauvé le cul une paire de fois, on ne peut pas le nier.

Donc, maintenant, il reste à voir les choses en pratique, durant les essais. Durant nos prochains matchs ? En vérité, c'est plus que probable, je n'ai pas spécialement envie de me séparer de mon interlocutrice. Elle nous a fait gagné un paquet de parties serrées, et il est rare qu'elle ne finisse pas par mettre la main sur le vif d'or. Elle fait partie de l'identité des Harpies. Mais un petit coup de pression ou deux n'a jamais fait de mal à personne. Et ceux à qui ça fait du mal n'ont rien à foutre sur un terrain de Quidditch, c'est tout. Alors à moins qu'elle ne foire ses essais dans les grandes largeurs, oui, sa place est assurée. Mais on va pas le dire trop fort non plus.

-On verra ça. Je marque une pause. Me surprendre, c'est bien, mais c'est pas ce que j'attends non plus. Je veux que tu te dépasses, d'accord, mais je veux tout savoir de mon équipe, je veux pas que y ait des mauvaises surprises dans le lot.

Je sais que Glynnis a surtout pris la confiance et cherche à m'impressionner, et quelque part, elle ne foire pas totalement son coup, mais dans le même temps, elle a quand même intérêt à ne pas crier victoire non plus. Je n'ai pas l'intention de me montrer ébahie par le moindre de ses sursauts de courage et de volonté alors qu'au bout du compte, on est d'accord que ça reste quand même la moindre des choses et que j'ai de bonnes raisons d'attendre au minimum ça de sa part.

-A quel genre de surprises je dois m'attendre, je t'écoute, dis-moi tout.

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Glynnis sent bien que Gwendolyn est vraiment sceptique, mais ce scepticisme n'encourage que d'autant plus l'attrapeuse à se dépasser et à prouver ce qu'elle vaut. Elle sait que ce ne va pas être simple, qu'elle va devoir batailler pour garder sa place. Elle a les meilleures motivations du monde. Les Harpies, c'est tout ce qui la relie à Gwen, elle n'a aucun droit de passer à côté de cette seule opportunité de la voir tous les jours. Tous ceux qui savent son inclination pour elle lui feraient remarquer qu'au contraire, ça lui ferait du bien de se détacher une bonne fois pour toutes.

Mais peut-elle être capable d'une chose pareille ? La réponse est simple. Pour l'instant, elle ne se sent pas capable de se détacher. C'est comme ça. Glynnis a besoin de Gwen, même si elle sait bien que personne ne le comprend... et elle ne peut pas le reprocher à ceux qui, sceptiques, observent sa situation avec ahurissement, parce que Gwen ne l'a jamais bien traitée, jamais. Mais certaines choses ne s'expliquent pas, c'est juste ainsi.

Elle est sans doute allée un peu trop loin, par contre, en disant à Gwen qu'elle est largement capable de la surprendre. Pas parce que ce n'est pas le cas. Au contraire, la surprise serait totale, si elle savait, mais parce qu'il y a des aveux qu'elle a tout intérêt à ne pas faire. Elle ne le peut pas. Mais pour la première fois, elle réalise quand même qu'elle en ressent l'envie. Là où il n'y avait que de l'impossibilité... Elle découvre un possible. Pas d'une relation quelconque, mais de ses aveux.

Si elle doit lui parler, c'est maintenant. Et pour la première fois depuis qu'elles se connaissent, depuis que Glynnis sait qui elle est... elle songe à mettre des mots sur ce qu'elle ressent en présence du concerné. Même si ce serait certainement mettre fin à sa carrière. Elle hésite... Elle ne doit pas parler. Elle a envie de parler. Elle a très envie de se décharger une bonne fois pour toutes de ce poids qui lui pèse sur le coeur, au point même que c'en devient tout bonnement insupportable.

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Avec la réponse de Glynnis, je tombe des nues. Elle a un secret, un vrai secret, quelque chose de suffisamment important pour qu'elle veuille me faire jurer de ne rien dire à personne. Franchement, je pensais pas. Alors oui, j'ai fait tout un foin tout à l'heure quant au fait que je voulais pas qu'elle me dissimule des trucs, mais je pensais pas qu'elle avait vraiment des trucs à dissimuler. A la limite, une force de caractère un peu plus grande que ce que je m'étais imaginée, mais pas plus, pas moins. Maintenant, j'ai un doute, un vrai, un inévitable, et qui va me rester, même si je suis très loin de m'imaginer ce que ça dissimule exactement.

Glynnis a l'air mal à l'aise. Quoi qu'elle envisage de me dire, je me rends compte que ça doit être important. Est-ce que c'est ça, au bout du compte ? ça, ses airs sérieux, effacés, cette façon qu'elle a de se faire oublier... qui sait si ce n'est pas dans le but de dissimuler ses traces ? Je découvre d'elle un visage auquel je ne m'attendais vraiment pas du tout. Et je ne suis pas au bout de mes surprise.

Je réalise que j'hésite, quand Glynnis veut me faire promettre de rien dire. Est-ce que j'ai vraiment envie de savoir ? On est pas potes, Glynnis et moi. C'est à peine si on se supporte, même. Alors je me vois mal devenir le gardien de je sais pas quel secret que je vais peut-être regretter d'avoir entendu plus tard. Mais en même temps, je suis beaucoup trop curieuse. J'ai vraiment trop besoin de savoir ce qu'il en est, j'ai envie de comprendre de quoi elle parle. Si je la laisse pas aller au bout de ses aveu, elle va me mettre au supplice. Donc je décide de hocher la tête.

-Bon, d'accord, OK, j'en parlerai pas. Dis-moi ce qu'il y a.

Je lui promets mais je suis prête à rompre ma promesse à tout moment. Si elle doit m'apprendre un truc beaucoup trop gros, je balancerai tout, surtout si ça doit avoir des retombées sur notre équipe. Mais bon, on parle de Glynnis Griffiths, là, donc il doit pas s'agir de grand-chose, pas vrai ?

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Glynnis peut-elle vraiment croire dans la parole de Gwendolyn ? Sans doute pas, il est même très probable qu'elle se contente de jeter cette promesse en l'air pour s'assurer que son interlocutrice lui confiera bel et bien ce qu'elle a sur le coeur, mais voilà, Glynnis le sent, l'éprouve dans tout son corps, dans tout son être, elle a atteint ce point ultime, ce point de non-retour, quelque chose sur quoi elle ne peut ni ne doit revenir... Elle doit parler, elle doit libérer sa parole. Et envers la principale concernée, sans quoi ça ne servira à rien. Est-ce qu'elle est prête à en assumer les conséquences ?

Ce n'est pas dit, c'est à peine si ces conséquences, elle est capable de les remarquer, de les entrevoir. Elle est dans l'instant présent, et pour l'heure, il n'y a qu'elle, Gwendolyn, et un secret duquel elle désire se décharger à tout prix, peu importe ce que cela pourra bien lui coûter. C'est tant mieux, cette négation du monde extérieur l'empêche de tenir compte du monde extérieur. Il le faut, sans quoi elle ne parlera jamais, c'est quelque chose d'absolument certain. Alors tant pis, elle verra bien, peu importe les circonstances.

Elle baisse les yeux sur ses mains qu'elle découvre légèrement tremblantes. Elle sait qu'elle doit juste lâcher ces fichus mots qui lui pèsent sur la conscience. Mais elle sait aussi qu'elle n'y arrivera pas si elle doit regarder Gwendolyn droit de les yeux. Elle ne voudra pas y déchiffrer ce qu'il y aura dans ses yeux : de la surprise ? du dégoût ? du mépris ? Elle ne sait pas comment elle réagira, mais elle n'imagine aucune réaction positive. Pourtant, elle doit parler, elle va parler. Quelque chose en elle sait, pertinemment, que c'est ce qu'elle doit faire. Elle ne peut se l'expliquer, mais c'est ce qu'elle ressent sur le moment. Elle ne peut pas vivre plus longtemps ainsi, avec ce poids sur son coeur. Si Gwendolyn doit la virer de l'équipe ou se servir de ces informations contre elle, elle niera en bloc.

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Plus d'une fois, j'ai maudit ma curiosité. Elle est presque maladive, chez moi. Elle m'accapare, elle me bouffe, et je ne peux faire autrement que de chercher à l'assouvir, même quand je sais que ça peut me tomber sur le coin de la figure, même quand je sais que ça ne me regarde pas et que c'est de toute façon une très, très mauvaise idée. Je le sais, mais je sombre toujours dans les mêmes travers. Quand les questions m'assaillent, il faut que j'y réponde à tout prix, sans détour, en me fichant des conséquences. Enfin, sur le moment, je m'en fiche; Après, je peux me maudire pendant des heures et des heures de n'avoir pas su garder ma langue dans ma poche.

Et là, mais vraiment, j'aurais dû me la fermer, ne rien demander, ne pas m'intéresser au sort de Glynnis et la laisser avec ses... quoi ? ses considérations, ses inclinations, ses obsessions... qu'est-ce que j'en sais ?

La réponse de Glynnis est tellement inattendue qu'elle me scie sur place. Pour une fois, oui, je ferme juste ma grande gueule. Je ne trouve juste pas quoi dire. Elle m'a sciée sur place, la conne. Je la fixe avec l'air de ne pas y croire, parce que oui je n'y crois pas. J'ai les yeux gros comme des soucoupes, et je me dis que j'ai mal entendu.

Est-ce que je refuse d'accepter l'idée même qu'elle puisse être gay... non. J'estime qu'il y a des choses qui ne doivent pas se montrer en société, mais je serais en partie hypocrite de juger son homosexualité, parce que j'ai eu mes... expériences, avec une ou deux filles. Il s'en passe, parfois, des choses, dans les vestiaires. Bon, je suis complètement hétéro, y a pas. Mais ce qui me perturbe, oui, c'est pas la sexualité de Griffiths tant qu'elle la garde pour elle, c'est sa déclaration qui me perturbe. Mais alors vraiment, profondément. Et puis... ça n'a aucun sens. Elle est maso ou quoi.

-J'ai mal entendu, pas vrai ?

Qu'elle le prenne comme une faveur. Je lui donne l'occasion de revenir sur ses propos, de se dérober, et pour le coup, je ferai semblant de pas avoir entendu ce qu'elle me dit. Dans le cas contraire... Ben je sais pas. Je tombe des nues.

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Glynnis se sent proche de l’évanouissement. Elle n’en revient pas elle-même de ce qui est en train de se passer, elle n’en revient pas de l’avoir dit, de l’avoir dit vraiment. Ça avait été si intuitif, si naturel… ces mots avaient eu la pure nécessité de s’échapper de ses lèvres, comme une impérieuse obligation : contenus trop longtemps, ils s’étaient enfin libérés, mais à quel prix ? Ce qui lui a semblé être une nécessité pour commencer prend des allures de gigantesque connerie maintenant que la jeune femme voit sa coéquipière, cette femme qu’elle aime si profondément, complètement malgré elle, la regarder avec deux grands yeux ronds, la dévisager comme si elle la voyait pour la toute première fois. Sans doute parce que c’est effectivement la première fois qu’elle la voie, qu’elle comprend qui elle est vraiment.

Elle se sent extérieure à elle-même. C’est comme si une autre personne, une autre Glynnis, avait pris possession de son corps et dirigeait maintenant ses faits et gestes. Elle n’a vraiment pas l’impression de contrôler quoi que ce soit, et ça la plonge dans des abîmes d’angoisse. Elle n’a pas envie de revenir sur sa déclaration, il était important qu’elle la fasse, d’une manière ou d’une autre. Mais l’envie de revenir en arrière se fait prégnante malgré tout. Elle songe à tout ce qu’elle risque de perdre. Avant, Gwen la méprisait, maintenant, qui sait si elle ne la dégoûte pas. C’est sa réputation entière qu’elle met en jeu en cette seconde. Elle ne peut pas savoir si les choses vont bien se passer ou si elles vont être purement et simplement catastrophiques. Et si Gwen la dénonçait ? Elle peut perdre plus que sa place au sein des Harpies.

Glynnis tremble un peu en entendant la question de Gwen : elle pense comprendre ce qu’elle implique. Elle n’a qu’un mot à dire et Gwen voudra bien prétendre qu’elle n’a rien dit, que ses révélations ne sont qu’une vaste farce qu’elles seront toutes les deux tenues d’oublier. Mais c’est impossible : sa sexualité n’est pas une farce, loin de là, et elle est totalement incapable d’oublier. Surtout, elle n’a vraiment pas la moindre envie d’oublier. Ce serait absurde à ses yeux que de tirer un trait sur qui elle est sous prétexte que cette femme à qui elle sacrifierait le lui demande. Le diable est sorti de sa boîte, et maintenant, même si ça la terrifie, la seule chose qu’elle puisse faire, qu’elle se sente capable de faire, c’est de prendre une grande inspiration. Et d’assumer. Et les conséquences ? Eh bien, puisqu’il faut qu’elle les assume, elle les assumera. Ça lui fait peur, bien sûr, mais retourner en arrière serait un échec bien pire encore.

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Je ne sais pas ce que je préfère qu'elle fasse : qu'elle aille jusqu'au bout de ses aveux et me place face à une réalité que je ne pourrais dès lors plus ignorer, ou qu'elle fasse mine de rien et me laisse par conséquent tout le loisir de faire comme si cette conversation n'avait jamais eu lieu. Au fond, je sais ce qui vaut le mieux : il faut qu'elle se montre sincère. Parce que maintenant, je sais, et je ne peux pas faire abstraction de ce que je sais.

Même si elle me disait maintenant que c'est une blague, une farce élaborée et même si elle se fichait de moi en prétendant que je suis tombée dans le panneau, je n'y croirais pas. Parce que je l'entraperçois dans son discours, dans ces paroles dites si frontalement. Et aussi, eh bien, putain, ça explique des tas de choses. Je dirais pas que j'aurais pu le deviner parce que non, c'est pas le cas. Mais maintenant,, ben je sais, je peux pas faire comme si de rien n'était, je ne peux pas m'amuser à mettre des oeillères. Et chaque fois que je la croiserais, maintenant, je ne serait capable que de penser à ça : "Putain, Griffiths en pince pour moi." Non mais... ça me perturbe à tellement de niveaux que je sais même pas par quel bout le prendre, vous n'avez même pas idée.

Elle me dit que je suis libre de faire ce que je veux de cette information... Ben encore heureux, hein ! N'empêche que je sais pas quoi en faire pour autant justement. Je suis totalement perturbé par ce que je viens d'apprendre... Qu'est-ce que je suis supposé en faire hein ? Je devrais la virer de l'équipe. Dans ces circonstances, c'est le mieux à faire, et en plus j'aurais une excellente excuse à donner à ceux qui se demanderaient pourquoi Glynnis est partie : je suis le nouveau capitaine, j'avais besoin de sang neuf. Car non, j'ai pas envie de la mettre dans la merde.

-Tu me feras chier jusqu'au bout, hein, Griffiths ? je dis en accompagnant mes paroles d'un soupir.

C'est même pas un reproche. Je ne suis pas en colère, je ne suis pas dégoutée... je suis décontenancée, surtout. Pour moi, tout ça, ça n'a juste aucun sens, et je n'arrive pas à comprendre comment on a finalement pu en arriver là.

-Tu fais chier parce que t'es une putain de bonne attrapeuse... Je marque une pause. Mais c'est une mauvaise idée de te garder, et pas seulement pour moi.

Pour elle aussi. Parce qu'elle peut soupirer après moi autant qu'elle veut, je serai jamais intéressée, c'est comme ça.

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Elle retient son souffle. Glynnis n'a aucune idée de ce que ses révélations, sa déclaration, va avoir d'impact sur son avenir. Est-ce que ce ne serait pas le moment d'administrer un sortilège d'amnésie à Gwen pour se remettre de ce pétrin... Une part d'elle y songe mais elle est bien faible, quelque part. Ce n'est pas juste parce qu'elle n'est pas très douée en sortilège et qu'elle ne réussirait sans doute pas à appliquer un sortilège d'amnésie irréprochable, mais aussi parce que pour tout le mal que Gwen pourra peut-être lui faire, cela ne l'empêche pas qu'elle est enfin libérée d'un secret qui la hante et qui la ronge depuis trop longtemps.

Elle l'a confié à la seule personne qui méritait de l'entendre. Elle peut en faire ce qu'elle veut. Et comme depuis toujours, en fait, elle peut faire ce qu'elle veut d'elle-même. C'est presque réconfortant, de confier ce poids, cette responsabilité, à quelqu'un d'autre même un instant. Elle peut aussi admettre que ce n'est pas vraiment très juste mais elle réussit très facilement à passer outre cette considération. Elle en pâtira bien assez, ou en tout cas elle le pense, pour se le permettre, après tout.

Elle fait chier. Elle le répète bien assez pour que le message rentre, mais ça ne reste vraiment pas le pire qu'elle pourrait lui répondre. De la part de Gwendolyn, d'ailleurs, cela aurait presque tendance à ressembler à un compliment, en fait. Même, c'est sûr que c'en est un. Glynnis ne peut s'empêcher de se sentir heureuse quand dans son discours, Glynnis lui sort qu'elle est une "putain de bonne attrapeuse", à sa manière, elle réussit à lui glisser à compliment à l'heure où elle doit vraiment avoir autre chose en tête. C'est doux à entendre, même si la suite paraît dangereusement sans appel.


Elle a le sentiment que la réponse de Gwen en donne la confirmation tacite, mais elle veut l'entendre à voix haute. Elle ne peut pas croire Gwen sur parole, ce serait forcément dangereux. Mais ça n'empêche pas Glynnis de vouloir se fier à sa parole. C'est comme un échange de bons procédés : Elle a accordé sa confiance à Gwen, elle attend la même chose en retour, tout simplement.

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Je retrouve Glynnis comme je pense qu'elle a toujours été, calme, docile, prête à se plier à toutes mes exigences, et si je ne me fiais qu'à ce comportement précis, je réussirais même à oublier tout ce qu'elle vient de me dire. Presque, mais pas totalement malgré tout. Les mots qu'elle a prononcés resteront inscrits dans mon esprit quoi qu'il advienne, et je ne pourrai plus la regarder, lui parler, sans que tout ceci me revienne en mémoire, d'une manière ou d'une autre.

Quand elle me demande de ne rien dire à personne, je songe que ça ne me coûterait rien de lui répondre "oui" d'entrée de jeu. Je ne lui dois rien, c'est une promesse que je peux tout à fait décider de ne pas tenir. Mais j'y réfléchis plus posément. J'ai entre mes mains une véritable bombe. Je peux, pour toujours, réduire sa réputation à néant. Je peux l'empêcher à tout jamais d'avoir une carrière. Elle ne mérite pas de tels extrêmes, moi-même je le sais. Et je ne vivrais pas bien avec moi-même si je devais écouter mon besoin de répéter cette information. Est-ce que, malgré tout, je ne le dirais pas à qui que ce soit ? Ce n'est pas dit, je ne résisterais peut-être pas à l'envie de le confier. Mais si je dois lui promettre de ne rien répéter, je crois que je peux le faire en étant à peu près sincère.

-Je pourrais te détruire, tu le sais, ça ? Mais je ne le ferais pas. C'est bon, détends-toi, je dirai rien.

Je sais à peine pourquoi, mais je veux pas être responsable de ça. Et puis, j'oublie pas le fait qu'elle est une joueuse exceptionnelle. Je le lui dis rarement, je le lui dis jamais, mais en attendant, c'est le cas. Glynnis est une putain de bonne joueuse, et même si je peux l'empêcher de jouer pour toujours, je veux pas gâcher ce talent. Tout comme je veux pas qu'elle mette ce talent au profit de qui que ce soit d'autre.

-Je te jure, si tu dis ou fais quoi que ce soit qui puisse compromettre la réputation des Harpies, je t'anéantis.

Ce qui est une manière de lui dire que je ne vais pas vraiment la virer. Elle a sa place chez les Harpies, tout simplement.

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Gwen pouvait la détruire si elle en prenait la décision. C'était une chose que Glynnis avait comprise et admise. Et c'était bien la preuve de combien elle aimait cette femme qui pourtant ne lui rendrait jamais ses sentiments. Elle savait pertinemment qu'elle ne lui rendrait jamais ses sentiments, elle savait que Gwendolyn avait le pouvoir de tout détruire, de la détruire, et elle acceptait pourtant son sort, presque docilement. Elle avait quelque part le sentiment de n'avoir pas le choix. Elle faisait ce qu'il fallait qu'elle fasse, voilà à quoi ça se résumait, en fin de compte. Glynnis devrait sûrement prendre les propos de son interlocutrice avec des pincettes, mais elle décidait de la croire sur parole quand Gwen lui assurait qu'elle ne la dénoncerait pas, qu'elle ne ferait rien contre elle.

C'était ce que Glynnis espérait, bien sûr. Pas parce qu'elle s'attendait à ce que Gwen lui rende ses sentiments (Gwen n'avait d'yeux que pour Rudolf, et Glynnis le savait parfaitement), mais parce que sa réponse correspondait à ce que quelque chose que l'attrapeuse avait toujours perçue chez elle et qui semblait échapper à tous les autres, pourtant. Gwen avait une grande gueule, elle pouvait se montrer méchante et agressive... mais au fond d'elle se dissimulait un coeur d'or, plus généreux qu'il n'y paraissait. Elle ne lui devait rien, mais elle n'était pas mauvaise sans se remettre en question... ça lui ferait forcément du mal.


Ou du moins, elle ne dirait rien aux mauvaises personnes. Et elle n'embarrasserait plus Gwen avec ça. Elle n'attendait pas de suite ou de retour, elle avait seulement eu besoin de sentir ce poids sur son coeur disparaître ou se dissiper un peu, et grâce à Gwen c'était le cas.

Ce que Glynnis choisissait de retenir, c'est que non seulement la femme qu'elle aimait préserverait son secret en dépit de tout ce qu'elle ne pouvait pas être à même de comprendre, mais en plus de cela... elle conserverait sa place au sein de l'équipe : Gwen faisait la part des choses. Glynnis ne serait pas surprise si elle devait décider de lui mener la vie dure dans les temps à venir, mais Glynnis était prête à encaisser. Elle était prête à tout encaisser. Elle était trop heureuse, rassurée et soulagée.

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Je devrais me fier à la parole de Glynnis. Pour ce qui est de se tenir à carreau, généralement, elle sait y faire. Mais je ne présume plus de rien, maintenant, en ce qui la concerne. J'ai bien compris que ce serait dangereux de ma part que de partir du principe que j'identifie totalement ce dont elle est capable ou non. Je n'aurais pu deviner ni ses préférences, ni le fait qu'elle aurait le courage, la folie de m'en faire l'aveu en même temps que de se déclarer à moi. Alors je dois rester sur mes gardes, ça je l'ai bien compris.

Avant, c'est même quelque chose que je lui reprochais, d'être trop sage. Sur le terrain de quidditch, j'entends. Je voulais qu'elle s'affirme, qu'elle me montre qu'elle sait montrer les crocs, qu'elle est capable, qu'elle n'a peur de rien. Pour le coup, elle a réussi le pari de me surprendre, mais je marche sur des oeufs. Mais est-ce que ce n'est pas ce que je demande, aussi. Il faut que des risques soient pris, et que personne ne se repose sur ses acquis, jamais, surtout pas. Et moi non plus, après tout. Alors je ne peux pas croire sur parole ce qu'elle me dit, mais en même temps, ça fait partie du jeu, et moi j'aime bien jouer. Puis, ça reste une partie assez facile, au bout du compte. Elle a plus à perdre que moi à la fin de la partie, on le sait toutes les deux.

-Me remercie pas.

Je balaie ses remerciements et sa gratitude d'un geste de la main, pourtant, je me dis quand même qu'elle a de putains de bonnes raisons de me remercier, c'est clair. Alors que je pourrais décider de la pourrir jusqu'à la mort, je décide à la place de lui laisser une place de choix, une place stratégique au sein de l'équipe dont je suis la capitaine, maintenant. Je sais vraiment pas à quoi je joue, mais je m'en branle un peu, parce que je crois quand même que j'ai fait ce qu'il fallait. Et pour la suite ? Ben on verra bien. De toute manière, je suis pas devin, on verra bien ce qui adviendra. Je pense pas que si un grand scandale doit m'arriver sur la tronche, je le devrais à Glynnis Griffiths.

-Allez, dégage de ma vue, maintenant, j'ajoute, mais sans réelle animosité, plus comme j'ai la charmante habitude de parler.

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