L'alliance a aussi des bons côtés | Hermione & Maisie

L'alliance a aussi des bons côtés

But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.

Maisie savait que la pire des choses serait de dramatiser la situation, quelle qu’elle soit. Non seulement sa propre situation, mais aussi contre l’ennemi qu’ils avaient. Sur le deuxième point, ils ne s’en sortaient pas trop mal. Même si aux premiers abords, elle n’avait pas vraiment été enchantée de l’alliance entre l’Ysbridion et la Résistance, et encore elle ne sautait toujours pas de joie, elle devait admettre qu’ils ne causaient pas de soucis pour le moment, et il n’y avait pas l’effet garderie qu’elle avait redoutée. Si les choses continuaient ainsi, c’était tant mieux, elle ne souhaitait que ce que cela marche après tout.

Mais il restait encore beaucoup à faire, l’ennemi n’était pas neutralisé. Ils avaient encore beaucoup de travail, et Maisie n’avait pas envie d’être un poids mort à cause de ses soucis de santé. Elle prenait beaucoup sur elle-même, et elle pensait que c’était le mieux qu’elle puisse faire. Encore que, tout le monde n’était pas au courant, et c’était tant mieux. Ça n’avait rien à faire dans leur combat dans tous les cas, quand elle voyait l’attitude de Caelan et Anthony, ça n’avait pas vraiment besoin de s’amplifier avec d’autres.

Elle espérait juste que son autre personnalité n’irait pas la brillante idée de se réveiller à des moments délicats. En pleine action, ou en présence d’un trop grand nombre. Elle n’était pas revenue depuis l’épisode avec Lestrange et c’était tant mieux. Si elle pouvait ne plus jamais revenir, Maisie irait beaucoup mieux, mais elle savait bien que ce n’était pas vraiment possible. Elle avait toujours cette épée de Damoclès au-dessus de sa tête, ce qui la faisait vivre dans l’appréhension et de la crainte constamment. Elle avait d’autant plus peur d’elle-même que des mages noirs.

Enfin bon, dans tous les cas, elle faisait toujours partie de l’Ysbridion, et ne comptait pas en partir. Et elle voulait être un membre utile, pas juste faire partie des murs. Vu qu’elle ne travaillait plus, elle avait tout le temps libre qu’elle voulait pour travailler à leur cause. Elle n’avait pas eu le cœur à rester chez elle, et depuis qu’elle ne savait pas trop ce qu’il s’était passé avec Leta, elle préférait ne pas trop y rester, alors elle s’était rendue au quartier général. Par chance, il était quasiment vide, ce qui lui conférait du calme. C’était plus simple pour travailler, du moins, elle préférait le calme, après chacun sa méthode.

Elle releva la tête en entendant la porte s’ouvrir, c’était une des jeunes femmes qui faisait partie de la Résistance. A part Pomona, Maisie ne s’était pas vraiment entretenue avec eux, il faut dire qu’elle n’avait pas encore eu l’occasion de le faire non plus. Elle lui adressa tout de même un léger sourire, par politesse et parce qu’elle n’avait rien contre elle ou sa venue.

« Bonjour, Prudence c’est ça ? »

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V

oilà longtemps que ce n'était pas arrivé, mais enfin, et pour la première fois depuis bien longtemps, Hermione ressentait un espoir qu'elle n'avait vraiment pas besoin de feindre, et elle avait fini par se dire que ça n'arriverait plus. Elle n'avait pas voulu s'abandonner au défaitisme, parce que ce serait déclarer forfait et céder du terrain à l'ennemi, mais difficile tout de même de ne pas songer, parfois, au fait qu'ils ne retourneraient peut-être jamais dans leur époque, que leurs manigances renforceraient les pouvoirs de Tom Jedusor plutôt que de les annuler, qu'ils étaient en train de faire plus de mal que de bien, que leurs actions ne mèneraient nulle part...

Mais pour cette fois, elle réalisait que toutes ces réflexions n'avaient pas eu de sens, et que l'espoir était permis. Ils avaient vraiment gagné du terrain. Ils avaient réussi enfin à détruire ce fichu journal, ils avaient détruit une partie de son âme. Cela ne voulait pas dire qu'ils avaient gagné la guerre, non, bien sûr que non. Mais ils emportaient une bataille, et c'était une bataille qui devait être décisive. Le chemin à parcourir encore lui paraissait moins effrayant, dorénavant. Certes, ils avaient encore une montagne à gravir. Mais elle se sentait équipée, elle se sentait véritablement capable de faire face... Pas elle, eux, ses amis, la résistance. Ils étaient plus forts que ce que l'ennemi pouvait bien soupçonner. Et il fallait seulement qu'ils le découvrent trop tard.

Elle avait appris que Maisie Winters se trouvait actuellement au quartier général. Même si elle la connaissait de réputation et avait beaucoup entendu parler d'elle, et elle pensait que ça pouvait être l'occasion de se présenter en bonne et due forme et de parler posément. Elle vint donc à sa rencontre, armée des meilleures intentions possibles, et d'une bonne humeur certaine, qu'elle n'avait pas ressentie depuis un bon moment.

-Vous pouvez m'appeler Hermione, je préfère, répondit-elle dans un fin sourire. Et c'était le cas. Elle n'était plus vraiment habituée à se faire appeler Prudence. Ici, ils opéraient à visage découvert, ils pouvaient retrouver pleinement leur identité. Et ne serait-ce que par franchise envers une alliée, il était évident qu'elle préférait se faire appeler par son véritable nom. Je suis heureuse de faire votre connaissance plus... officiellement, j'ai beaucoup entendu parler de vous.

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But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.

Maisie avait envie de croire qu’ils allaient y arriver, mais ce n’était pas simple. Il y avait encore de nombreuses variables, et cela n’était jamais bon. Mais ils n’avaient pas dit leur dernier mot pour autant, et ils allaient tout faire pour que ça marche. Quoiqu’il en soit, Maisie trouvait la situation bien plus compliquée qu’à l’époque des Warden. A l’époque des Warden, ils étaient une petite équipe, mais il n’y avait pas tous ces secrets, tous ces doutes, tous ces mensonges. Ils étaient soudés, les uns avec les autres et ils avaient tous le même objectif, sans dérivé. Alors que là, Maisie avait plus de mal à cerner les choses. Certes, le but était la chute de Jedusor, mais elle sentait qu’il y avait quand même deux trois choses qui ne tournaient pas rond.

Cela venait surtout du fait que Maisie ne connaissait pas bien ses nouveaux « coéquipiers ». A part quelques rares exceptions comme Henry. Elle avait discuté avec deux trois d’entre eux, mais elle n’avait pu se faire qu’une rapide impression d’eux, qui n’était pas forcément la bonne. Et malgré sa discussion avec Pomona, elle n’était toujours pas convaincue. En soit, ce n’était pas très grave, cela n’empêchait pas Maisie de faire ce qu’elle avait à faire, mais il était certain qu’elle n’avait pas une confiance certaine en la résistance. Déjà que parmi ceux de l’Ysbridion elle ne confierait pas sa vie à tout le monde…

Enfin, elle ne demandait qu’à avoir tort. Elle avait envie qu’on lui prouve que cela pouvait marcher. Certes, ils avaient des résultats, mais la route était encore longue, et semée d’embuches. Jedusor ne se laisserait probablement pas faire, et Maisie était presque sûre que tout ceci finirait en guerre, comme toujours. Il n’y avait pas de victoire sans combat, quel qu’il soit. Mais elle acceptait de mettre tout cela de côté pendant un moment, puisqu’elle n’était plus seule. Elle n’avait jamais discuté avec la jeune femme en face d’elle, ni avec aucun autre de ses amis venus du futur, et elle était assez intriguée.

-Vous pouvez m'appeler Hermione, je préfère. Je suis heureuse de faire votre connaissance plus... officiellement, j'ai beaucoup entendu parler de vous.

Hermione… comme elle voudrait. En soit, ça ne changeait rien pour Maisie. Elle se disait heureuse de faire sa connaissance, elle n’avait pas de raison de ne pas la croire, mais l’ancienne auror ne trouvait pas qu’elle méritait tant que cela d’être connue. Hermione évoquait probablement ça, par rapport au passé, mais parfois, Maisie avait l’impression que cela faisait partie d’une autre vie. Une vie où la sienne n’était pas encore totalement bousillée par la folie. Elle adressa un demi-sourire.

« Le plaisir est partagé, Hermione. Mais vu votre enthousiasme, je pense que la personne qui vous a parlé de moi, a dressé un portrait un peu trop mélioratif. »

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L'

humilité de Maisie lui faisait très certainement honneur, mais Hermione devait bien reconnaître qu'elle aurait préféré entendre son interlocutrice accepter le compliment sans le minimiser. Oui, elle considérait Maisie comme une héroïne de guerre à partir de on-dits, mais à l'heure où une nouvelle guerre était à déplorer, ils devaient tous autant qu'ils étaient chercher à être des héros. Pas dans l'optique de se faire mousser, bien sûr, mais dans l'ambition de donner le meilleur d'eux-mêmes, de se dépasser afin de faire front face à un ennemi commun très dangereux.

Peu importe ce que son interlocutrice pensait de ce qu'elle était et de ce qu'elle valait, Hermione espérait au moins ne pas se tromper en présumant qu'elle restait déterminée à se battre, et capable, également, de se battre. Même s'il est vrai que, par moment, il était difficile de ne pas se décourager tant la tâche était ardue et les pistes à leur dispositions, quelques fois, moindres.

-J'en doute fort, répondit-elle. Dans tous les cas, je préfère me faire mon propre avis que de me fonder uniquement sur l'opinion d'autrui, ajouta-t-elle.

Elle ne pensait pas que le reste de leur conversation lui donnerait tort, mais sa propre expérience lui avait déjà appris qu'il ne fallait jamais juger un livre à sa couverture, ou un homme à sa réputation. Cette conversation allait être l'occasion de faire plus ample connaissance avec cette femme qui, par la force des choses, était également son alliée.

-Que nous vaut votre visite ? enchaîna-t-elle alors.

Peut-être que Maisie voulait simplement se tenir au courant de ce qui se tramait au sein de la résistance. Même si les résistants faisaient régulièrement le lien avec l'Ysbridion via Christopher, procéder à un état des lieux réguliers n'était pas forcément un luxe. Mais peut-être également qu'elle était là en tant que messagère, qu'il y avait du nouveau, du mouvement, et dans ce cas, elle avait d'autant plus de raisons de se montrer attentive.

Hermione n'avait pas le sentiment que son interlocutrice était alarmée ou paniquée, elle voulait croire que c'était plutôt un bon signe, mais l'on n'est jamais trop prudent, malgré tout. Dans l'état actuel des choses, il ne fallait rien négliger, ce serait commettre une erreur manifeste, qui ne pouvait tout simplement pas être acceptable.

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Dire que cette jeune femme ne l’intriguait serait de la mauvaise foi. Elle, ainsi que tous ses petits copains venus du futur. Pourtant, elle n’était pas tentée de lui demander comment était le futur, parce qu’elle n’était pas sûre que le sien s’allonge beaucoup dans le temps. Mais ce n’était pas tous les jours, que l’on rencontrait des voyageurs temporels, et leur histoire était tout de même bien singulière. Maisie avait été des plus surprises en l’apprenant, et n’importe qui le serait, parce que malgré tout ce que la magie était capable de faire, là c’était tout de même parfaitement inattendu.

Quoiqu’il en soit, cette jeune femme ne lui inspirait rien de mauvais. Elle semblait douce, et intelligente. Elle n’avait pas vraiment eu l’occasion de faire sa connaissance, ni celle de ses amis, parce qu’elle n’avait pas passé de temps avec eux, du moins pas plus que pour des politesses, mais cette Hermione semblait tout de même être quelqu’un avec qui il était agréable de s’entretenir.

-J'en doute fort. Dans tous les cas, je préfère me faire mon propre avis que de me fonder uniquement sur l'opinion d'autrui.

Elle hocha la tête, c’était une déduction intelligente, et éclairée. En effet, il était toujours mieux de se faire sa propre opinion, sur quoi que ce soit, ou qui que ce soit. C’était également une preuve de maturité à ses yeux. Cette jeune femme commençait bien, puisqu’elle avait la même vision qu’elle sur ce point-là. Cela pouvait n’être qu’un détail, mais Maisie préférait penser que c’était une bonne amorce.

-Que nous vaut votre visite ?

La question pouvait se poser. Maisie ne venait pas des plus souvent ici, du moins, elle ne venait pas si on ne l’y invitait pas de prime abord, ou s’il n’y avait pas de point à faire. Là, elle avait pris l’initiative de venir, pas pour une raison bien précise. En fait. Elle ne savait pas vraiment pourquoi, peut-être parce qu’elle avait eu envie de penser qu’être ici l’aiderait à être plus utile que chez elle. Le lieu n’était peut-être pas important, mais ici, elle avait l’impression de se laisser moins perturbée par des pensées qui n’avaient rien à voir avec l’Ysbridion, et la Résistance.

« Je suis venue pour réfléchir, et tenter de travailler un peu, de mon côté. Je voulais voir si cet endroit était plus propice à la réflexion concernant notre cause. »

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M

aisie lui répondit qu'elle venait là pour réfléchir. Elle pouvait le concevoir, en effet. Pour sa part, elle ne considérait pas cet endroit comme propice à la réflexion, mais elle était forcément biaisée par sa situation, par le fait que cette maison relevait à ses yeux davantage de la cage dorée que du lieu de méditation. Mais Maisie, elle, allait et venait comme bon lui sembler. Confronter son esprit à celui d'autres devait par conséquent lui faire du bien, sans oublier qu'elle pouvait plus facilement s'isoler dans un autre cadre, qui lui permettait peut-être d'observer les choses sous un angle différent. A moins qu'elle ait d'autres ambitions, qu'elle prenait soin de lui dissimuler. Mais Hermione ne le pensait pas, elle tenait son interlocutrice pour une personne relativement transparente, même si elles se connaissaient peu. Ou en tout cas, elle ne l'imaginait pas mentir sans raison apparente comme ce serait le cas, alors.

-Je ne saurais vous dire si cet endroit est plus propice à la réflexion qu'ailleurs, mais je ne serais pas contre le fait de partager nos réflexions.

Ils vivaient en vase clos. De temps en temps, quelques résistants ou membres de l'Ysbridion venaient les rejoindre, mais la plupart du temps, ils n'étaient que sept, et au bout du monde, ils finissaient par tourner en rond. Avoir un regard extérieur, pour relancer la réflexion, ça ne pouvait que faire du bien. Encore fallait-il que Maisie ne soit pas venue ici dans la seule intention de s'isoler.

Dans ce cas, Hermione pourrait difficilement l'obliger à parler plus longuement avec elle, elle pourrait aisément comprendre que son interlocutrice veuille juste s'isoler. Elle verrait bien. Elle allait tenter d'initier la conversation, et si Maisie devait s'en incommoder, la jeune femme ne doutait pas du fait qu'elle le lui laisserait savoir, d'une manière ou d'une autre.

-Comment ça se passe, à l'extérieur ?

C'était une question qu'elle posait presque automatiquement à quiconque venait de ce même extérieur. Certes, il lui arrivait de sortir également, que ce soit grâce au polynectar ou grâce à la cape d'invisibilité de Harry, mais ce n'était pas la même chose. Elle, elle était véritablement confronté à la situation extérieure, à plus forte raison qu'elle y jouait un rôle particulièrement crucial.

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Maisie avait là une vraie occasion de connaître un peu mieux cette jeune femme. Pour le moment, elle n’en pensait rien, parce qu’elle n’avait pas eu l’opportunité de vraiment discuter avec elle, il était donc normal qu’elle n’ait pas d’avis sur Hermione. Mais elle comptait rattraper les choses maintenant. Si Pomona ne lui avait pas laissé la meilleure des impressions, ce serait peut-être totalement différent avec Hermione. Il n’y avait pas de raison pour que l’une ait des conséquences sur l’autre, de toute façon. Enfin, quoiqu’il en soit, Maisie arborait pour le moment un avis totalement neutre, en ce qui concernait Hermione, et elle ne demandait qu’à changer cela envers quelque chose de plus concret. Pour le moment, elle la trouvait posée, calme et réfléchie, et c’était un bon point pour elle, très clairement.

-Je ne saurais vous dire si cet endroit est plus propice à la réflexion qu'ailleurs, mais je ne serais pas contre le fait de partager nos réflexions.

Maisie hocha la tête. Elle pouvait comprendre. De ce qu’elle savait, cette jeune femme, et ses amis voyageurs ainsi que Pomona, était confinés aussi. Quand on était enfermé quelque part sans l’avoir choisi, il était difficile d’y trouver la paix et la sérénité propice à la réflexion. Maisie venait rarement ici cependant, alors elle n’était pas vraiment dérangée, mais elle comprenait ce que Hermione voulait dire. Les premiers temps où Maisie avait été admise à Sainte-Mangouste, cela avait été très difficile à gérer pour elle, avant qu’elle ne l’accepte vraiment.

Mais quoiqu’il en soit, Maisie n’avait pas de grandes révélations à faire, et elle n’avait rien de neuf à apporter à cette jeune femme. Elle ne doutait pas qu’elle devait être impatiente que tout cela soit terminé, pour rentrer chez elle, et Maisie était de tout cœur dans cette bataille, mais cela ne suffisait pas à ce qu’ils gagnent. Même si pour le moment, ils ne s’en sortaient pas mal du tout.

-Comment ça se passe, à l'extérieur ?

Maisie prit le temps de réfléchir. Pour savoir ce qu’elle avait envie d’entendre exactement. Sûrement la situation générale, l’ambiance globale. Ce n’était pas merveilleux. Evidemment, les gens commençaient à prendre conscience lentement de la situation, avec tout ce qu’il se passait, et ils étaient inquiets. Elle pouvait le comprendre, mais il ne fallait absolument pas tomber dans la parano et l’hystérie.

« C’est mitigé. Avec la découverte de Seth en tant que Mangemort au sein des Aurors, tout le monde commence un peu à regarder son voisin avec méfiance. Je pense que les dirigeants ne sont pas sereins non plus. Mais je suis d’avis qu’il vaut mieux rassurer tout le monde, et éviter que la peur prenne le pas sur la raison. »

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M

aisie prit le temps de réfléchir avant de lui répondre. Et elle lui communiqua finalement une réponse entièrement réfléchie et raisonnée. C'était une chose qu'Hermione appréciait d'office chez cette femme, qu'elle apprenait seulement à connaître. Elle le voyait, elle était une femme sérieuse, et qui avait conscience du poids des mots. Elle ne parlait pas à la légère, elle ne laissait pas l'affect impacter son propos ou son opinion. Et c'était typiquement ce dont ils avaient tous besoin à l'heure actuelle : pas de ronds de jambe, pas de relativisation, pas de manichéisme. Juste la réalité nue, avec ses bons et ses mauvais aspects. Qu'il fallait prendre pour ce qu'elle était et avec laquelle il était nécessaire de combiner afin d'observer et d'apprécier la situation dans son intégralité. Afin d'agir au mieux, dans la mesure de leurs moyens, et de créer les moyens qui leur manquaient afin d'aller toujours plus loin.

Elle lui apprit donc que, à l'extérieur, la situation était mitigée. C'était malheureusement prévisible, et la réponse ne surprenait pas Hermione le moins du monde. Mitigée, elle ne pouvait que l'être, en effet, car il ne servait à rien de prétendre que tout allait bien dans le meilleur des mondes. Et ce serait une erreur, dans le même temps, que d'imaginer réellement que la situation était tragique et immuable. Elle n'était pas enviable, mais il y avait du mieux, des résultats qu'il fallait considérer comme sincèrement encourageants. La destruction du journal, et donc d'une partie de l'âme de leur ennemi, c'était un progrès indéniable. Et s'il ne fallait pas se reposer sur leurs lauriers, il fallait reconnaître leurs victoires où elles se trouvaient.

Donc, la découverte de la trahison de Seth au sein du bureau des Aurors avait semé la confusion et une certaine paranoïa. C'était compréhensible. Seth Beresford, Hermione l'avait rencontré, et maintenant qu'elle savait ce qu'elle savait à son sujet, elle ne cesserait de se reprocher de l'avoir pris en sympathie et de ne pas avoir vu son vrai visage. Mais de toute évidence, elle n'était pas la seule du tout. Il avit été découvert, et les Aurors finiraient par lui mettre la main dessus, c'était ce qui comptait, au bout du compte.

-En effet, reconnut Hermione, céder à la panique et à la paranoïa ne mènera nulle part. Un mangemort avait déserté le rang des Aurors, c'était une victoire aussi, ils réussissaient à gagner du terrain, étape par étape. La défiance est sans doute de mise, mais je pense que cette situation joue en notre faveur.

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Maisie ne savait pas si cette conversation allait être très utile pour l’avancée de leur but commun, mais ce n’était pas capital. Enfin, ça l’était d’une certaine manière, mais elle n’était pas venue ici pour cela, et elle ne s’était même pas attendue à avoir de la compagnie. D’autant plus que cela ne lui ferait pas de mal de connaître un peu mieux la jeune femme. Ce n’était pas tous les jours que l’on rencontrait des voyageurs temporels. Et en un sens, ce n’était pas plus mal. Modifier le passé était quelque chose d’extrêmement dangereux, d’autant plus que là, ce n’était pas un petit changement qui devait s’opérer. Mais elle comprenait qu’il était d’importance. S’ils réussissaient, de nombreuses vies seraient épargnées, c’était certains, mais de nombreuses autres ne verraient pas le jour. Parce que le cours des choses aura été modifié, et certaines rencontres ne se feraient pas.

Mais bon, chaque chose en son temps. Il fallait se débarrasser d’un mage noir particulièrement dangereux, et même s’ils progressaient, il ne fallait pas crier victoire trop vite. Leur ennemi était malin, trop peut-être, alors il ne fallait pas le sous-estimer, ou penser que l’issue de leur combat était jouée d’avance, car ce n’était pas le cas. Il fallait sans cesse étudier la situation, faire des choix, et faire la part des choses. Ne surtout pas se reposer sur les éventuelles batailles gagnées, car la guerre était encore loin d’être terminée, c’était un sentiment que Maisie avait, et elle espérait que tout le monde en était conscient. Mais même si la Résistance était constituée presque exclusivement de gamins, ils semblaient avoir la tête sur les épaules.

C’était déjà un bon début. En tout cas, elle trouvait cette jeune femme assez curieuse. Pas dans le sens négatif du terme. Elle dégageait une grande maturité, et une grande sagesse. C’était assez rare pour son âge, parce qu’elle restait tout de même extrêmement jeune, mais c’était bien pour elle. Elle avait des armes certaines, et cela l’aiderait. Elle ne savait pas vraiment de quoi serait fait l’avenir, mais quelque chose lui disait que cette petite irait loin, sans aucun doute.

-En effet, céder à la panique et à la paranoïa ne mènera nulle part. La défiance est sans doute de mise, mais je pense que cette situation joue en notre faveur.

Est-ce que la situation jouait vraiment en leur faveur ? Maisie avait tendance à penser qu’il était encore trop tôt pour se prononcer. Cela pouvait les aider comme leur déservir. Il ne fallait pas oublier qu’ils avaient un ennemi qui avait tous ses neurones fonctionnels, et qu’il allait sans doute rebondir. Même s’il ignorait encore certaines informations capitales, comme la survie des voyageurs entre autres, et qu’il fallait rester vigilant.

« En quel sens ? »

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C

e n'était peut-être qu'une impression de la part d'Hermione, due au fait qu'elle se sentait pour le moins impressionnée par son interlocutrice et par son parcours, mais la jeune femme avait le sentiment d'être passée au crible, ce qui n'était pas forcément le sentiment le plus agréable du monde. Certes, elle pouvait tout à fait comprendre les questionnements de son interlocuteur, tout comme elle admettait également qu'ils n'avaient rien d'illégitimes compte tenu du caractère particulier de la situation, mais dans une situation de tension perpétuelle, l'on pouvait parfois redouter de voir sa dévotion à une cause, voire sa légitimité remises en question alors qu'on avait finalement is sa vie et son existence tout entière entre parenthèses au profit de cette même cause.

Enfin, Hermione allait évidemment trop loin dans ses réflexions, ceci dit. Maisie Winters se contentait de lui poser une simple questions, et cette queston avait d'excellentes raisons d'être au passage. Hermione ne pouvait se contenter d'affirme que cette situation jouait en leur faveur sans apporter plus d'arguments que cela à la situation. Elle pourrait bien passer pour une optimiste béate sans une once de jugeote, et ce n'était manifestement pas l'image qu'elle voulait renvoyer d'elle-même, alors autant dérouler sa pensée. D'autant qu'en discuter avec une personne extérieure à sa situation critique, et qui avait une vue par essence différente de la situation, pourrait tout à fait leur être d'une grande utilité.

-Nous avons pu progresser sans que l'ennemi ne s'y soit préparé. Je suppose que si les circonstances n'avaient pas mené à notre disparition officielle, il nous aurait été difficile, voire impossible de conserver l'horcruxe si longtemps, et encore moins de le détruire. Les circonstances nous ont permis d'agir à couvert et en toute discrétion. Je ne pense pas que ce soit quelque chose de négligeable.

Oui, à présent, il fallait admettre que la destruction du journal avait peut-être attiré l'attention sur eux, que l'on croyait mort, mais pas forcément. Que d'autres résistants qu'eux se soient organisés pour poursuivre leur oeuvre n'avait rien d'improbable non plus, après tout. La certitude qui demeurait, c'est qu'ils avaient eu le temps de s'organiser, de réfléchir, sans subir la traque et l'assaut constant d'ennemis qui avaient estimé que leur compte était déjà réglé.

La guerre n'était absolument pas gagné, c'est un fait, mais ce premier combat gagné n'avait tout de même rien d'anecdotique. Sans vouloir spécialement qu'on leur en donne le crédit, Hermione considérait tout de même que c'était une chose qui méritait bel et bien d'être soulignée.

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Maisie avait beau ne pas avoir sauté au plafond quand elle avait appris la réunification de l’Ysbridion et de la Résistance, elle avait tout de même conscience de ce qui était en jeu. Alors elle faisait en sorte de collaborer au mieux. Surtout qu’étant donné qu’elle ne travaillait plus, elle avait plein de temps à mettre à disposition de cette lutte contre Voldemort. Elle était curieuse de connaître l’avis des autres, et encore plus de ceux qui venaient du futur. C’était tout de même loin d’être banal, comme situation, et également très courageux de leur part, à tous les six. Quoiqu’il en soit, elle serait ravie de partager son ressenti avec Hermione, et que cette dernière en fasse de même.

Si la jeune femme pensait que la situation était en leur faveur, Maisie avait envie de savoir sur quoi elle se basait pour avancer cela. Loin d’elle l’idée de la contredire, elle voulait juste entendre ses arguments. Avoir un autre avis sur quelque chose qui nous tenait à cœur, c’était important. Histoire de ne pas se laisser trop porter par sa subjectivité. Donc si Hermione avait envie de développer sa déclaration, elle l’écoutait avec attention.

-Nous avons pu progresser sans que l'ennemi ne s'y soit préparé. Je suppose que si les circonstances n'avaient pas mené à notre disparition officielle, il nous aurait été difficile, voire impossible de conserver l'horcruxe si longtemps, et encore moins de le détruire. Les circonstances nous ont permis d'agir à couvert et en toute discrétion. Je ne pense pas que ce soit quelque chose de négligeable.

La jeune femme avait raison, Maisie ne disait pas le contraire. Le fait que l’ennemi ignore toujours que ceux qu’il pensait avoir mis hors d’état de lui nuire étaient en fait bien vivants était un plus, mais cela ne voulait pas dire qu’ils avaient gagné pour autant. Un horcruxe avait déjà été détruit, mais leur ennemi n’en demeurait pas moins puissant. Maisie n’avait pas envie de se reposer sur une victoire. Ils avaient gagné une bataille, mais pas la guerre. Et elle ne doutait pas que la riposte serait conséquente. Si ce mage a sévi durant tant de décennies, ce n’était pas pour rien, après tout.

« Ça ne l’est pas effectivement. Mais il faut tout de même voir pour après. Vous avez effectué quelque chose de remarquable, et c’est un pas vers notre victoire, néanmoins, elle est encore très loin d’être assurée. Mais, avec du travail, nous y arriverons, il faut garder espoir, et rester concentré sur notre objectif. »

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H

ermione ne savait pas sur quel pied danser exactement avec son interlocutrice. Face à Maisie Winters, elle avait quelque part le sentiment de retourner à Poudlard, d'être à nouveau une simple élève, qui chercherait à tout prix l'approbation de son professeur et redouterait de ne pas l'obtenir. Elle avait de l'admiration pour cette femme combative, au parcours admirable, et sans rechercher ses éloges, elle tenait tout du moins à gagner un rien de reconnaissance.

Elle comprenait que l'Ysbridion puisse remettre en question le rôle de la Résistance ou des voyageurs temporels, mais en attendant, ils se battaient, ils progressaient, ils s'évertuaient à faire tomber l'ennemi. Leurs sacrifices pouvaient peut-être sembler bien maigres, mais ils en avaient néanmoins fait beaucoup, ils avaient renoncé à retourner à leur vie normale, ils avaient renoncé à leur liberté, et cela, ils l'avaient fait dans l'espoir de combattre et vaincre un ennemi commun dont ils étaient mieux que placés pour savoir de quoi ils étaient capables tous les deux.

Oui, la victoire était loin d'être assurée, et Hermione était loin de l'avoir dit ou un jour pensé, elle était toujours prudente et très mesurée dans tout ce qu'elle disait (pas forcément dans tout ce qu'elle faisait, en revanche), et si elle admettait leurs victoires, ce n'était pas pour s'en vanter, c'était uniquement parce que s'il était important d'admettre que le chemin était encore long, il fallait aussi savoir parfois jeter un regard en arrière et considérer le chemin franchi. C'était de cette manière que l'on progressait, que l'on gardait espoir et que l'on n'abandonnait pas. Oui, il fallait garder espoir, et rester focalisé sur leur objectif. Hermione ne savait pas si les propos de son interlocuteur étaient une incitation, un conseil, ou quelque chose d'autre, qu'elle ne comprenait pas.

-On ne se repose pas sur nos lauriers, vous savez, répondit Hermione, qui craignait un peu que ce soit ce que son interlocutrice puisse bien penser.

Elle n'en savait fichtre rien, au fond, peut-être que son interlocutrice ne pensait rien du tout, en réalité, mais la voyageuse temporelle ne pouvait s'empêcher de se poser la question malgré tout. Elle avait besoin que l'on croit en elle, en eux. Ce besoin de reconnaissance n'était pas très sain, mais il avait toujours fait partie d'elle, même dans les circonstances les plus extrêmes.

-On travaille tous les jours, on explore toutes les options possibles. Mais ce sont aussi nos réussites qui nous permettent de garder espoir, justement.

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But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.

Maisie ne voulait pas donner l’air de penser que tout ce qui avait été accompli jusqu’à maintenant était d’une simplicité enfantine. Et que ça ne servait à rien. Elle était consciente des risques qui avaient été pris, et de l’avancée qu’ils avaient sur leur ennemi. Les voyageurs temporels, aidées des résistants, n’avaient pas chômé, et ils avaient mis leur cœur à l’ouvrage. Mais il ne fallait pas relâcher ses efforts. Personne ne semblait le faire, mais c’était tout de même quelque chose d’important à intégrer.

La désillusion serait rude. Il n’y avait rien de pire que de penser avancer et recevoir un contrecoup qui fichait tout par terre. Ils avaient de l’avance, et de sérieux atouts, c’était un fait, mais il restait encore beaucoup à faire. Ils en étaient capables, Maisie n’en doutait pas, mais la victoire n’était pas pour tout de suite, cependant. Leur ennemi ne dormait pas non plus, et même si pour l’heure il pensait les voyageurs morts, (et espérons que ce soit le cas pendant encore très longtemps) il continuait son projet. Et ils ne pouvaient pas agir dans la précipitation.

Elle ne voulait donc pas démoraliser son interlocutrice, ou jouer la pessimiste comme elle le faisait si bien. Mais il y avait des fois où elle ne faisait même pas exprès. Elle était juste… réaliste. Ou du moins, c’était sa vision de la réalité. Elle voyait le monde avec un œil sacrément sombre, mais elle ne faisait pas exprès. Elle avait vu tant de choses qu’avoir encore foi en l’humanité et penser qu’un monde meilleur était possible relevait de l’utopisme. Après tout, il y avait des guerres dans le monde des sorciers depuis sa création. Que ce soit contre les moldus, ou entre eux. Et les mages noirs, ce n’était pas nouveau non plus.

-On ne se repose pas sur nos lauriers, vous savez. On travaille tous les jours, on explore toutes les options possibles. Mais ce sont aussi nos réussites qui nous permettent de garder espoir, justement.

De toute évidence, Maisie n’avait pas utilisé les bons termes pour se faire comprendre. Elle n’avait pas voulu porter la moindre accusation sur son interlocutrice. Elle reconnaissait leurs victoires, et ils étaient de toute évidence très utiles parmi eux. Comme toujours, Maisie avait été un peu trop négative, et c’était quelque chose sur laquelle elle devrait travailler, mais pas tout de suite. Elle devait porter ses efforts, et toute la concentration dont elle pouvait faire preuve sur leur combat.

« Evidemment, ce n’est pas ce que je sous-entendais. Ce que vous avez accompli jusqu’à maintenant est louable. Le réel problème, c’est que ce combat ne s’arrête pas qu’à Jedusor. Partout des mages noirs se mettent en quête de gloire, et de règne. Un est neutralisé et un autre prend sa place. Mais, chaque victoire sauve des vies, alors c’est aussi pour cette raison que le monde continue à lutter. »

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H

ermione se doutait qu'elle s'était sans doute montré un peu trop sur la défensive, mais ce n'était pas du tout contre son interlocutrice. Elle avait simplement besoin de prouver sa légitimité constamment, autant envers les autres qu'envers elle-même. Car admettre, ne serait-ce qu'un seul instant, que tout ce qu'ils avaient traversé jusqu'alors n'avait servi absolument à rien, ce n'était pas acceptable. Il fallait donner une légitimité à leurs actes, où toutes les tempêtes qu'ils avaient essuyées ne seraient que des petites intempéries sans l'ombre de la moindre importance. S'ils devaient demeurer dans cette époque, si Hermione devait renoncer à un jour revoir ses parents, alors il fallait que cela serve véritablement à quelque chose. Et le répéter, c'était aussi une manière de s'en convaincre, pour ne pas baisser les bras et toujours aller de l'avant, quoi qu'il puisse advenir.

Maisie avait raison, le combat ne s'arrêtait pas à Jedusor, mais il était assez difficile pour les voyageurs temporels de ne pas s'arrêter sur lui en particulier. Ce n'est pas qu'ils négligeaient tout le reste, mais ils avaient vu de quoi Voldemort était capable. Ils savaient de source sûr quel mal il avait engendré, et vouloir éradiquer ce mal avant toute chose était par conséquent une pure priorité... quand bien même l'histoire récente prouvait également qu'un mage noir en cachait bien souvent un autre. Grindelwald, Borodine, Voldemort... C'était presque fataliste à constater, comme une chaîne infinie qui n'aurait pas de fin. Car quand les hommes qui les portaient étaient réduits au silence, leurs idées, elles, ne mourraient pas... Et si les idées pouvaient bel et bien tuer, comment pouvait-on, en revanche, tuer une idée ? La tâche paraissait bel et bien impossible.

-Vous pensez que c'est possible ? demanda Hermione. De briser le cycle, d'empêcher pour de bon l'avènement d'un nouveau mage noir qui succédera au précédent ?

La question pouvait bien paraître candide, et par certains aspects, elle l'était effectivement, mais elle était posée avec intérêt et la volonté légitime de connaître l'opinion de son interlocutrice. Après tout, Maisie Winters avait combattu Grindelwald et ses hommes, elle ne pouvait que bénéficier de son expérience et de sa sagesse. Et elle le devait. Son cas avait beau être exceptionnel, elle n'oubliait pas qu'elle était encore jeune, et que par nombre d'aspects, elle manquait encore d'expérience. Pourtant, il en fallait, comme d'une vue d'ensemble, pour décider de la meilleure manière d'agir... Si couper une tête en faisait pousser automatiquement deux autres (certains choisissaient bien leur nom de groupe), alors que fallait-il pour détruire la bête pour de bon ? Peut-être cesser de viser la tête et toucher l'ennemi en plein coeur.

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Finalement, c’était un cycle qui se répétait encore et encore. Il y avait toujours un individu qui sortait du lot, avec l’envie, l’intention de dominer le monde, en usant de la magie noire. Cela avait toujours existé, cela existerait toujours. Même avant Salazar Serpentard, il y avait eu des idéaux extrémistes des guerres, des conflits… ce n’était pas une question de magie, c’était simplement le propre de l’être humain. Il n’était pas capable de vivre en paix, il fallait toujours qu’il se confronte aux autres, encore et encore. Il fallait qu’il montre sa supériorité, comme si c’était un besoin vital, et qu’il en avait besoin pour exister. Tous n’étaient pas comme ça, mais c’était tout une même une caractéristique récurrente. Après tout, chaque homme était capable de violence, était capable de tuer. Pour différents motifs. La vengeance, la colère, la peur, la défense, l’envie…

Maisie gardait cependant espoir en la race humaine, parce que du bon arrivait à en sortir. Il y avait des gens bienveillants en ce bas-monde, capables de beaucoup de choses positives, capables d’améliorer les choses, et de les faire changer. Les voyageurs en étaient un exemple, mais il n’y avait pas qu’eux. Il n’y avait pas besoin d’être un Auror, ou de sacrifier sa vie pour être quelqu’un de bien. Parfois quelques sourires, quelques mots gentils étaient déjà amplement suffisants, dans certaines situations. Il y avait toujours de l’espoir, et c’était cet espoir qui permettait au mal de ne pas l’emporter. Et il fallait que les choses restent ainsi. Qu’ils continuent de ne pas l’emporter, c’était le plus important.

-Vous pensez que c'est possible ? De briser le cycle, d'empêcher pour de bon l'avènement d'un nouveau mage noir qui succédera au précédent ?

C’était une question difficile. Maisie serait presque tentée de dire qu’elle était la moins bien placée pour répondre, étant donné que des deux, ce n’était pas elle qui revenait du futur. Mais elle se doutait que c’était une question théorique que lui posait Hermione. C’était compliqué de lui répondre, l’expérience avait prouvé que non. Qu’il y aurait toujours quelqu’un pour prendre une place vacante laissée par un homme trop ambitieux, et foncièrement mauvais. Ou une femme, évidemment. La magie noire n’était pas réservée aux hommes.

« Non, je ne pense pas. Le mal existera toujours, puisque sans lui, le bien n’aurait pas de raison d’être. Cela a toujours existé, chez les moldus également. Depuis la nuit des temps, des hommes essaient de s’imposer par la force, de dominer le monde sans craindre d’user de moyens barbares et cruels pour cela. Et cela existera toujours. Mais le plus important, c’est de ne pas le laisser gagner, de ne jamais le laisser gagner trop de terrain. Tant qu’il y aura des gens pour se battre, le mal ne pourra jamais totalement gagner. »

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L

a réponse de Maisie n'avait rien d'optimiste, mais elle avait le mérite d'être sincère... et réaliste, car quand bien même Hermione posait la question, elle se doutait bien de la réponse, elle avait seulement eu besoin d'entendre l'opinion de son interlocutrice sur la question, parce que cette question la taraudait et parce qu'elle était convaincue de pouvoir profiter de l'expérience et de l'opinion d'une femme qui avait déjà bien assez combattu au cours de sa vie pour ne plus se faire la moindre illusion au sujet de ce que l'avenir pouvait réserver et d'à quel point le mal n'avait de cesse que de trouver de nouvelles voies pour se répondre du moment qu'il en allait de sa décision la plus impérieuse.

Il n'y avait pas de bien sans mal, en effet, et quand on admettait cet état de fait, on reconnaissait par la même occasion que le combat était sans fin... Quand bien même Hermione avait toujours envie de croire - trop utopiste encore, sans doute - à un idéal de neutralité, où le bien n'aurait en effet plus de raison d'être parce que le mal n'existerait plus non plus, où tout serait juste et équitable. Mais bien sûr, si l'on avait tous les droits de se battre dans l'espoir de se rapprocher de cet idéal, il ne fallait pas non plus s'attendre à ce que ce dernier soit atteint si facilement. Il faudrait toujours quelqu'un pour se tenir prêt à parer à toutes les menaces qui mettaient en péril la vie et la liberté des individus. Il faudrait toujours quelqu'un pour faire face à toutes les nouvelles menaces. Les mages noirs se succèderaient, mais leurs opposants aussi... tout simplement. Et en même temps, rien n'était simple.

-J'aurais aimé être sûre de ce à quoi ressemblera notre monde à notre retour, répondit Hermione après avoir laissé passer un moment de silence.

Elle n'allait pas contredire son interlocutrice, elle ne le pouvait pas, puisque cette dernière avait entièrement raison, et admettre cela, c'était déjà une première étape vers la victoire, même si cette victoire devait être temporaire. Il fallait se rappeler, toujours, la nécessité de ne jamais baisser sa garde, de toujours demeurer aux aguets, attentif à ce que la suite nous réserverait. Mais justement, que dire de la suite ? Ils plaçaient tant d'espoirs dans leur victoire sur Voldemort, mais est-ce qu'ils pourraient être sûrs de ce que cela changerait pour eux ? Ils imaginaient un monde où les parents de Harry seraient toujours en vie, où Sirius n'aurait jamais fini en prison, où les parents de Neville n'auraient pas été torturés jusqu'à la folie... Mais qui sait ce qui se passerait vraiment, concrètement ?

-J'ai peur de rentrer chez moi, dans mon époque, et de réaliser qu'en voulant faire le mieux, on a provoqué bien pire.

Et il ne fallait pas se leurrer, ils savaient bien que leur voyage temporel aurait un impact, ils changeaient déjà le cours de l'histoire : la mort de Grindelwald, ou même celle du ministre de la Magie qui avait précédé Wilhelmina Tuft, n'avaient pas été prévues au programme. D'une certaine manière, ils en étaient responsables.

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Maisie avait conscience qu’elle n’était probablement pas très encourageante, pour le coup. Mais elle se contentait de se montrer honnête envers la jeune femme. Lui raconter des histoires, ou lui dire ce qu’elle aimerait entendre, n’aurait absolument aucun intérêt. Le mal existera toujours, sinon, le bien n’aurait pas sa place. Chasser les mages noirs était une cause très noble, on donnait beaucoup de soi, beaucoup de son énergie, de son intégrité physique et morale, et même en cas de succès, on savait que beaucoup d’autres attendaient quelque part, de tenter leur coup, de tenter de prendre le pouvoir. Maisie n’avait jamais compris cette envie de pouvoir, de domination. Elle n’avait jamais été intéressée dans tout cela, mais l’ambition et la mégalomanie, était communes à tous les mages noirs.

Ce qui importait le plus, c’était que la lutte ne meurt pas, et qu’il y en ait toujours pour se dresser contre les forces obscures. Il ne fallait pas laisser le mal gagner, mais passer une vie à se battre, cela laissait des traces, et ce n’était pas toujours simple, de se relever. Certains pourraient prendre cela pour de la lâcheté, pour de la faiblesse, mais qu’en savaient-ils au juste ? Quand on était protégé par les autres, il était simple de les critiquer, mais la plupart ne savaient pas, ce que c’était de se retrouver face à la mort, ou pire encore. Maisie ne leur en voulait pas, mais elle ne blâmait pas ceux qui laissaient tomber le combat, pour de multiples raisons. C’était propre à chacun, et tout le monde n’encaissait pas de la même manière.

-J'aurais aimé être sûre de ce à quoi ressemblera notre monde à notre retour.

Maisie pouvait le comprendre aisément. Avancer dans l’inconnu, ce n’était pas simple. Et les voyageurs étaient dans une situation particulièrement complexe. Ils avaient eu beaucoup de courage, pour faire ce qu’ils avaient fait, mais cela ne pouvait pas dire qu’ils étaient totalement insensibles aux doutes, et aux incertitudes. Personne n’était en mesure de leur dire, comment serait le monde à leur retour. Rien ne garantissait qu’ils existeraient non plus. Modifier une toute petite parcelle de temps, pouvait avoir de très grandes conséquences, et ils en avaient tous conscience.

-J'ai peur de rentrer chez moi, dans mon époque, et de réaliser qu'en voulant faire le mieux, on a provoqué bien pire.

Sa peur était compréhensible, et malheureusement, justifiée aussi, d’une certaine manière. Malgré tout, Maisie espérait que tout irait bien pour eux, lorsqu’ils rentreraient. Pour le moment, personne ne savait quand ils allaient rentrer, ni même comment, mais il est clair que beaucoup de choses auront changer. En mal, en pire, personne ne saurait le dire. Maisie aurait voulu pouvoir la rassurer, mais elle n’avait pas les mots, et quand bien même, elle n’était pas du tout douée pour ce genre de choses, au contraire.

« Malheureusement, personne ne pourra vous donner les réponses avant l’heure. Mais, je suppose qu’il serait plus simple de se montrer optimiste. Je ne suis pas forcément la mieux placée pour cela, étant donné que j’ai la fâcheuse tendance à tout voir en noir, mais, il y a tout de même un espoir, pour que les choses se passent comme vous l’aviez espéré au début de cette… folle aventure. »

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N

on, en effet, personne ne pourrait lui donner les réponses à ses questions avant l'heure. Elle devrait vivre avec ses interrogations et accepte que l'incertitude fasse partie de la vie, et de n'importe quelle circonstance, il n'empêche qu'elle aurait bien aimé que les choses soient plus évidentes. Elle qui avait longtemps considéré que la divination était un tissu d'affabulations (et avait un peu revu sa copie avec toutes ces histoires de prophétie), voilà qu'elle se disait qu'elle aurait bien besoin de dons de voyance pour avoir une idée plus claire de cet avenir qui autrefois avait été son présent. Mais rien n'était jamais aussi simple, évidemment.

Il serait plus simple de se montrer optimiste, oui, supposait-elle. Il serait plus simple de se montrer optimiste, en effet... Mais ils ne pouvaient pas se permettre d'agir par simplicité, ce n'était pas ainsi que les choses fonctionnaient, pas dans ces circonstances. L'issue était incertaine, et il fallait la prendre avec des pincettes. Oui, il fallait avoir de l'espoir, et garder espoir contribuait à une certaine forme d'optimisme. Mais il fallait aussi être réaliste, et quand on était réaliste, on finissait bien souvent par être fataliste.

Ceci dit, si même Maisie Winters, qui n'était effectivement pas connue pour son optimisme flagrant, admettait qu'il y avait tout de même des chances pour que leur avenir se profile sous les meilleurs auspices. Ou pas. De manière générale, rien ne se passait jamais comme on l'avait prévu, et au final, Hermione n'avait pas vraiment de vision très précise et spécifique de ce qu'elle attendait de son retour dans son époque, ce pouvait être très différent et encore mieux. Ils ne pouvaient pas se faire d'image détaillée. Ils s'étaient joué de l'effet papillon à tant et tant de niveaux qu'il n'était plus possible de savoir quelles actions auraient entraîné quelles conséquences, qui en auraient entraîné encore d'autres, puis d'autres... L'incertitude était évidente.

Elle aimait entendre que leurs perspectives de réussite n'étaient pas biaisées, qu'ils avaient des raisons d'y croire, et de bonnes raisons. Dans tous les cas, l'enjeu était trop grand pour penser autrement, il n'était pas question que d'eux et de leurs egos qu'ils devraient éventuellement chercher à ménager. Il était question de l'avenir non seulement du monde de la sorcellerie, mais aussi du monde moldu. Ils pouvaient changer la donne à tant et tant d'échelles. Il fallait seulement y croire, pas en ayant la bêtise de croire que ça marcherait à coup sûr, mais avec la certitude de devoir faire même l'impossible pour garantir le meilleur des avenirs à chacun.

-Je pense que mes espoirs d'aujourd'hui n'ont plus grand-chose à voir avec ceux que j'avais en arrivant à cette époque. Les choses ont tellement changé... Elle marqua une pause. Le bien commun compte plus que nos destinées individuelles. C'est l'évidence je sais bien, mais je ne l'ai jamais aussi clairement ressenti.

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Il n’était jamais simple de s’engager dans des combats, quels qu’ils soient. Mais c’était encore plus compliqué quand il y avait beaucoup d’enjeux. Il était tout à fait normal, et logique que les esprits soient troublés, que les doutes s’installent, mais l’important était de garder le cap. Et elle ne pensait pas que les voyageurs aient vraiment besoin d’être rassurés. Du moins, leurs motivations resteraient intactes, parce qu’ils avaient déjà fait énormément, pris des risques inconsidérés, et qu’on ne faisait pas tout cela si on ne possédait pas une volonté de fer. Ils ne s’étaient pas juste engagés pour une cause, ils allaient au bout de toutes les possibilités pour arriver à leurs fins.

Certes, la fin du combat n’était pas encore pour tout de suite, mais ils arrivaient tout de même à diminuer l’ennemi, ou du moins, à contrecarrer ses plans. Et ce n’était pas négligeable. Il était important de considérer chaque victoire, aussi infime pouvait-elle paraître. Cela aidait à garder espoir, et à garder la combativité nécessaire pour ce genre de situations. Maisie ne pouvait pas totalement admettre qu’elle comprenait leur situation. Certes, elle s’était battue, elle avait donné de sa personne, mais elle n’avait jamais changé d’époque, en prenant le risque de modifier le futur de manière dramatique.

Après tout, s’ils retournaient dans leur époque en ayant vaincu Voldemort ici, rien ne garantissait qu’ils y trouveraient la paix. Peut-être qu’un autre mage noir serait au pouvoir, un sorcier qui aurait profité de la place vacante, qui n’aurait pas subi la peur, et la puissance de Jedusor. Rien n’était à exclure, mais ce n’était pas ce genre de réflexions qu’il fallait avoir, sinon, on ne faisait jamais rien, et on attendait simplement que les choses passent, ce qui n’était pas l’idéal. C’était loin de l’être. Ces jeunes avaient tout à perdre, et pourtant, ils se sacrifiaient sans sourciller, c’était à noter, et à applaudir, selon Maisie.

Elle considérait que de son côté, elle n’avait rien à perdre, ou pratiquement rien. Mais eux étaient jeunes, ils avaient toute leur vie devant eux, et pourtant, ils avaient tout mis entre parenthèses pour une folle entreprise. Alors elle leur souhaitait vraiment que cela réussisse, et que leur époque soit dépourvue de toute influence néfaste. Ces gamins méritaient de récolter quelques lauriers, et d’offrir à leurs proches une vie paisible, et pour eux aussi, même si ce serait probablement plus délicat pour eux. Leur présent aurait forcément changé, et il leur faudrait s’adapter. Mais le chemin était encore long, avant qu’ils ne puissent rentrer chez eux.

-Je pense que mes espoirs d'aujourd'hui n'ont plus grand-chose à voir avec ceux que j'avais en arrivant à cette époque. Les choses ont tellement changé... Le bien commun compte plus que nos destinées individuelles. C'est l'évidence je sais bien, mais je ne l'ai jamais aussi clairement ressenti.

C’était compréhensible. Ils avaient vécu de nombreuses choses, depuis leur arrivée, et puis, mine de rien, cela faisait un moment qu’ils étaient ici. Ils grandissaient, vivaient dans une époque qui n’était pas la leur, ils étaient là pour une raison précise, et les choses ne se passaient pas forcément comme ils l’avaient prévu. Mais, au moins, ils avaient réussi à trouver des alliés, ils n’étaient plus tous seuls, avec cette lourde responsabilité, même si elle devait tout de même peser sur leurs épaules.

« C’est tout à fait légitime, de penser ainsi. Votre courage à tous est admirable, et il sera récompensé. Peu de gens ont une notion aussi développer de la réalité des choses, du sens du sacrifice, du moins, pas aussi jeune. Mais vivre sous une ère de terreur, change les choses, et les gens. »

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Q

ue leur courage soit admirable, Hermione voulait bien l'entendre, et même, elle était prête à l'accepter comme un compliment sans le remettre en considération. Elle n'estimait que ce n'était pas un mal ou un péché d'orgueil que de le considérer de cette façon. Oui, il leur faillait faire preuve de bravoure et de ténacité, et elle voulait croire qu'ils n'en avaient jamais manqué. Mais même s'ils n'en avaient jamais manqué, ça ne voulait pas dire que ce courage ferait sur le long terme une différence. Il fallait le croire, bien sûr, car c'était ainsi qu'elle se sentirait rassurée, mais elle ne voulait pas non plus se complaire dans un optimisme excessif.

Est-ce que leur courage serait bel et bien récompensé ? Il était impossible de le savoir à l'heure actuelle, mais Hermione aimait, malgré tout, entendre Maisie l'affirmer, car si une personne dont elle respectait à ce point l'opinion pouvait voir les choses sous cet angle, alors il y avait de quoi garder la foi et ce quoi qu'il puisse advenir. Elle avait raison sur ce point, elle et ses amis étaient au fond bien jeunes pour avoir un tel regard sur les choses. Les circonstances les avaient obligés à vieillir, grandir, mûrir, agir bien plus tôt que n'importe qui. Dans les circonstances présentes, c'était sans doute une chance. Par certains aspects, c'était également un fardeau qu'il était difficile de nier. Pour ce qui était du sens du sacrifice également, ils avaient dû en passer par bien.

Et pour l'heure, au profit de la cause qu'ils défendaient, c'étaient au sacrifice d'une vie qu'ils devaient certainement se résoudre à ne plus jamais retrouver qu'il leur fallait consentir. C'était quelque chose de difficile, de douloureux par bien des aspects, mais de malheureusement nécessaire, aussi. Qui sait quand tout cela serait fini. Même quand ce serait le cas, si ça devait l'être, Hermione ne se leurrait pas : aucun retour à la vie normale ne serait jamais possible, il était définitivement trop tard pour cela et c'était bien une chose que, tous autant qu'ils étaient, ils devaient accepter.

-Je suppose que vous en savez quelque chose, répondit Hermione avec une légère hésitation dans la voix.

Pour ce qui était de vivre dans une ère de terreur, il semblait assez évident que Maisie Winters avait dû passer maîtresse dans ce domaine. Elle n'observait pas seulement l'ascension au pouvoir d'un nouveau mage noir, il lui avait fallu affronter son prédécesseur ainsi que ses sbires, ce qui évidemment devaient laisser des marques, beaucoup, même.

-Qu'est-ce que cela a changé pour vous ? Hermione baissa le regard, elle s'en voulut presque immédiatement. Ce n'était pas parce qu'elle se sentait en confiance, en cet instant, qu'elle pouvait se permettre de poser ses questions à tout va. Désolée, c'était indiscret.

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Maisie n’avait pas été la première à accueillir l’idée d’une réunification posée par Caelan, mais ce n’était pas pour autant qu’elle dénigrait d’une quelconque manière cette bande de jeunes venus d’une autre époque et leurs acolytes. Ce n’était pas n’importe qui, qui aurait pu, et aurait su agir comme ils l’avaient fait, et prendre ces risques. Ils n’avaient aucune certitude de pouvoir regagner leur temps, et s’ils le faisaient, ils n’avaient aucune idée dans quel état il serait, et pourtant, ils en étaient là aujourd’hui, et ne cessaient de vouloir redoubler d’efforts pour pouvoir régler la situation de manière définitive.

Il ne suffisait pas de le vouloir pour y arriver, surtout avec autant de conséquences, et autant de variables aléatoires. Mais c’était tout de même quelque chose qu’il fallait leur accorder, cette ténacité, cette volonté. Maisie n’était pas certaine qu’elle aurait pu faire preuve d’autant d’abnégation au même âge, et pourtant, elle avait toujours voulu faire primer la justice, et un monde meilleur. Ce n’était pas qu’une entreprise louable, il y avait tout de même une notion de sacrifice inscrite en chacun d’entre eux. Ils en avaient sans doute conscience, et il valait mieux, mais ils sacrifiaient leur vie pour permettre à leurs proches d’en avoir une meilleure. Ils n’avaient aucune idée de ce qu’il allait advenir d’eux, et pourtant, cela ne les faisait pas reculer, au contraire. Être conscient des risques faisait partie du jeu, mais les accepter était une tout autre chose. Les Warden, ou l’Ysbridion, l’avaient fait, et ils n’étaient pas les seuls aujourd’hui.

Alors en un sens, elle avait une certaine admiration pour leur courage. Mais elle espérait pour eux que tout ceci ne serait pas vain. Maisie n’était pas quelqu’un de particulièrement optimiste, mais elle souhaitait réellement que tout ce combat ne soit pas voué à l’échec. Personne à ce stade ne pouvait assurer qu’elle en serait l’issue, car énormément de choses pouvaient se passer, et une guerre n’était jamais gagnée d’avance, peu importe le nombre de batailles perdues ou remportées.

-Je suppose que vous en savez quelque chose.

Traverser ce genre de situation, cela ne laissait personne indifférent. C’était assez logique, d’autant plus quand on endossait une part active de tout cela. Maisie avait été changée durant le combat qu’elle avait mené auprès des autres contre Grindelwald et ses partisans. Elle l’avait été de manière irréversible, puisque cela était devenu « médical ». Mais il n’y avait pas besoin de cela pour se sentir ébranlé et se voir changer.

-Qu'est-ce que cela a changé pour vous ? Désolée, c'était indiscret.

Maisie la considéra un instant. Indiscret ? Peut-être, mais Maisie n’était pas du genre à se formaliser pour ce genre de choses. Elle n’aimait pas spécialement parler de ce qu’elle avait vécu cependant, parce qu’elle n’était pas spécialement fière de ce qu’elle était maintenant, et qu’elle ne ressentait pas le désir que tout le monde soit au courant de ses défaillances. Mais la situation était un particulière en cet instant précis, et c’était quelque peu dans le contexte, d’une certaine manière.

« Il n’y a pas de mal. J’aurais envie de répondre tout. J’ai développé quelques… troubles psychologiques, à cause de ce qui m’est arrivé. Je dois faire avec chaque jour, ce qui m’amène sur un nouveau combat, mais celui-ci, je ne suis pas certaine que je puisse le remporter. »

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ermione avait bien conscience de son indiscrétion, mais en même temps, elle avait également appris, au gré de ses expériences, que l'on obtenait jamais rien sans un minimum de curiosité, tant pis qu'elle soit déplacée. Aussi estimait-elle que poser la question ne coûtait rien, et quand on n'obtenait pas la réponse que l'on souhaitait, dans certaines circonstances, l'on pouvait décider d'insister - dans d'autres, on pouvait décider que ça n'en valait de toute façon pas la peine. En ce qui concerne la jeune femme, donc, elle n'avait pas l'intention d'harceler Maisie de questions si cette dernière devait ne pas vouloir répondre, en revanche, elle s'octroyait le droit de faire parler sa curiosité et de voir où cela la mènerait.

En l'occurrence, il semblerait qu'elle ait bien fait, car son interlocutrice ne lui tint pas rigueur de son indiscrétion et, en lieu et place de cela, lui offrit un début de réponse, qui faisait que Hermione ne caressait que davantage encore le désir d'en demander plus.

Ce qu'elle commença à lui dire restait très vague alors qu'elle affirmait que c'était tout ce qui avait changé pour elle. Mais est-ce parce que la réponse était vague qu'elle était nécessairement fausse ? Très naturellement, non. Mais forcément, Hermione réclamait davantage de précision, autant pour assouvir sa curiosité que parce que, au fond, elle songeait que c'étaient là des informations qui pourraient bel et bien lui servir, en définitive, et qu'il n'y avait pas conséquent pas lieu de négliger.

Elle parlait de troubles psychologiques sans les expliciter, et c'était bien normal, on faisait difficilement plus personnel qu'un tel sujet : et des troubles psychologiques, elle voulait bien croire que l'on puisse en développer des monstrueux : les syndromes de stress post-traumatiques devaient être légion dans leurs rangs. Et bien sûr, il y avait aussi ceux que les combats directs peuvent vous infliger : Hermione n'oublierait par exemple jamais sa rencontre avec les parents de Neville : ça l'avait bien trop terriblement chagrinée.

-Pourquoi ne l'emporteriez-vous pas cette fois ? Elle était certes de nouveau indiscrète, mais cette fois, Hermione fit le choix de ne pas s'en excuser, elle voulait comprendre ce que son interlocutrice entendait par là. Si l'on doit se battre en étant défaitiste, autant ne pas se battre du tout, n'est-ce pas ? dit-elle alors plus fermement.

Surtout parce qu'elle devait s'en convaincre elle-même. Combien de fois avait-elle été tentée de baisser les bras ? Trop, sans doute, tant la situation paraissait inextricable, tant elle en venait à se dire qu'elle ne rentrerait jamais chez elle : mais c'était un mensonge, évidemment.

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But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.

Maisie était consciente qu’elle ne présentait pas un bilan positif à Hermione, mais elle restait fidèle à elle-même. Elle n’allait pas jouer les optimistes de service alors qu’elle ne l’était pas. Et elle jugeait que s’ils s’étaient engagés dans toute cette histoire, c’est qu’ils étaient assez grands pour voir la vérité en face, et ne pas toujours attendre que quelqu’un les pousse pour garder le moral. C’était un tout, dans ce genre de situation, on ne pouvait pas tout avoir, il fallait avoir un mental d’acier pour réussir. Maisie n’était pas la mieux placée dans ce domaine, mais elle restait fidèle à elle-même, et au final, elle réussissait à s’y retrouver.

Mais elle n’avait pas perdu espoir pour autant, ou du moins, ses doutes la concernaient surtout elle, pas la situation en général. Beaucoup de personnes courageuses et talentueuses œuvraient contre le mal, mais elle n’était pas au top de ses capacités, c’était une certitude. Maisie estimait qu’elle était moins forte qu’avant, parce qu’elle était plus fragile, psychologiquement. Elle ne savait jamais vraiment quand son autre personnalité allait faire surface, et cela pouvait très bien se produire en plein combat, ou durant un moment important, ce qui serait catastrophique. Alors elle ne se considérait absolument pas comme un pilier, et il n’y avait pas que ça.

Caelan avait beau y mettre la meilleure volonté qui soit, et être la plus efficace possible, elle n’était pas Purdey, et cela se ressentait. Elle ne dirait pas qu’elle aurait fait mieux à sa place, c’était probable que non, mais Maisie devait tout de même faire le constat, sans pour autant le partager avec les autres. Elle n’avait pas été pour leur unification avec la Résistance, et elle se posait encore des questions à ce sujet, mais il fallait à tout prix qu’ils restent soudés, alors Maisie faisait ce qu’il fallait pour suivre le mouvement sans perturber leur équilibre.

-Pourquoi ne l'emporteriez-vous pas cette fois ? Si l'on doit se battre en étant défaitiste, autant ne pas se battre du tout, n'est-ce pas ?

Ses paroles ne semblèrent pas plaire à la jeune femme, et Maisie pouvait le comprendre, mais elle était honnête. Maisie ne se considérait pas comme totalement défaitiste, mais elle n’était pas particulièrement optimiste elle en convenait. Elle était simplement réaliste. Elle espérait tout de même se tromper. Mais dans chaque bataille, il y avait forcément des sacrifices, et Maisie était apte à en être un si besoin était.

« Parce que tous les facteurs ne sont pas réunis pour avoir assez de confiance pour ma part, mais cela n’engage que moi. Je ne pense pas que ne pas voir la victoire doit être une raisons suffisante pour baisser les bras. C’est dans les moments critiques et sans espoir que les instincts de survie sont les plus aiguisés. Mais tant qu’il y a une lueur d’espoir, même infime, il est important de continuer, peu importe que l’on soit défaitiste ou non. »

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H

ermione avait besoin d'espoir, elle avait besoin de croire que leur combat valait quelque chose. Ce n'était pas juste une affaire de caprice quelconque, c'était à ses yeux quelque chose qui tenait bien davantage de la plus stricte nécessité. Déjà que cette situation était compliquée, et qu'il était difficile d'accepter le fait qu'ils ne rentreraient peut-être jamais chez eux dans tous les cas, elle n'avait pas envie de commencer à se dire que ce puisse être en vain. Certes, il était peut-être important d'admettre la potentialité d'un échec, mais pour l'heure, la jeune femme ne s'n sentait tout bonnement pas capable, ce serait remettre en question tout ce pourquoi ils s'étaient battus jusqu'ici, et c'était beaucoup trop inconcevable pour elle, vraiment.

-Le problème, c'est que si une telle défiance engage ne serait-ce qu'un seul d'entre nous, elle nous impacte tous, répliqua la jeune femme avec toute la résolution et toute la force de caractère qui savaient la caractériser. Nous ne serons forts que si nous formons un pilier solide contre ceux qui menacent de bouleverser notre monde pour toujours, il suffit qu'une pierre soit branlante pour que tout l'édifice s'effondre... Elle marqua une pause, elle réalisait qu'elle était partie trop loin dans sa métaphore. Pardon... je voudrais que vous soyez encore capable d'y croire, mais je n'ai pas à vous dire tout cela. Vous savez mieux que moi, après tout, pas vrai ?

Et c'était un peu ce qui l'inquiétait, d'ailleurs. Si son interlocutrice était vraiment à ce point convaincue de ce qu'elle avançait, alors ce n'était bon pour personnes. Si les quelques individus qu'elle considérait comme de véritable piliers se révélaient capables de flancher à la moindre occasion alors... De quoi pouvait-on présumer ? Que pouvait-on encore espérer ? La réponse était trop déprimante pour qu'elle accepte vraiment de trop y songer.

-Si vous admettez qu'il y a une lueur d'espoir, c'est que vous ne faites que semblant d'être défaitiste, reprit-elle doucement. Dans le cas contraire, vous ne seriez pas ici dans tous les cas, n'est-ce pas ?

Parce que même une lueur, même infime, pouvait vous éclairer suffisamment pour vous conduire sur un chemin digne de vos attentes. Il fallait y croire. Toujours. Envers et contre tout.

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But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.

Peut-être qu’il vaudrait mieux que Maisie affirme dur comme fer qu’ils allaient arriver à leur fin, que ce n’était qu’une question de temps et que tous vivraient heureux par la suite, mais ce n’était pas dans son habitude d’agir ainsi. Maisie avait tendance à dire ce qu’elle pensait, ce qu’elle ressentait, et ne pas se laisser berner par de belles paroles, ou en proférer. Evidemment, il fallait des gens qui réussissaient à maintenir la flamme de l’espoir, et à faire en sorte que chacun veuille continuer de se battre, mais ce n’était pas sur elle qu’il fallait compter pour cela. Cela ne voulait pas dire qu’elle n’y croyait pas, et qu’elle pensait tout ceci voué à l’échec, mais elle préférait se dire que la route était encore longue, difficile, et incertaine.

-Le problème, c'est que si une telle défiance engage ne serait-ce qu'un seul d'entre nous, elle nous impacte tous. Nous ne serons forts que si nous formons un pilier solide contre ceux qui menacent de bouleverser notre monde pour toujours, il suffit qu'une pierre soit branlante pour que tout l'édifice s'effondre... Pardon... je voudrais que vous soyez encore capable d'y croire, mais je n'ai pas à vous dire tout cela. Vous savez mieux que moi, après tout, pas vrai ?

Maisie considérait que Hermione n’avait pas à s’excuser, et d’ailleurs, elle concevait totalement que son discours ne lui plaise pas. Après tout, elle sacrifiait beaucoup, presque sa vie pour cette cause, alors cela ne devait pas être simple de se confronter à des personnes comme Maisie. Mais l’ancienne Auror préférait être franche avec elle, plutôt que de jouer un rôle. Cependant, elle n’était pas totalement d’accord avec Hermione, elle avait un point de vue différent. Ce n’était pas si surprenant, elles avaient des parcours et des expériences très différentes toutes les deux.

« Ne t’excuse pas, tu as le droit de dire ce que tu penses, je ne me sens pas offensée. Je n’estime pas mieux savoir que toi, j’ai simplement une vision différente. L’harmonie totale n’existe pas, c’est un idéal à atteindre, mais il y aura toujours dans un groupe, quel qu’il soit, des personnalités différentes, des motivations différentes, mais cela n’est pas un freint à l’atteinte d’un but commun. J’admets ne pas toujours avoir été un brin pessimiste, et que l’expérience joue probablement, mais je connais très bien les autres membres de l’Ysbridion, je ne suis pas proche de chacun d’entre eux, mais je les connais bien, et je sais que quoique soient leurs motivations et leur avis sur la situation, ils donneront tout ce qu’ils ont si cela peut faire bouger les choses ne serait-ce qu’un tout petit peu. »

C’était le cas. Même si elle n’était pas sûre de leur réussite, cela n’empêcherait pas Maisie de se battre quoiqu’il arrive, et elle savait qu’il en était de même pour les autres. Les discours enflammés, plein d’espoir, c’était bien pour motiver les jeunes, mais arrivé à un certain point, ils n’étaient plus nécessaires, pour savoir ce que l’on avait à faire, et ce qu’on voulait faire.

-Si vous admettez qu'il y a une lueur d'espoir, c'est que vous ne faites que semblant d'être défaitiste. Dans le cas contraire, vous ne seriez pas ici dans tous les cas, n'est-ce pas ?

Maisie n’estimait pas qu’il n’y avait aucun espoir, parce que c’était faux. Il y avait toujours un espoir d’obtenir la victoire, mais les chances n’étaient pas non plus toutes de leur côté. Il y avait de nombreux éléments à prendre en compte, et encore de nombreuses inconnues. Mais elle ne pensait pas être celle qui réussirait le mieux à entretenir l’espoir, c’était surtout cela qu’elle voulait dire.

« Je n’ai pas tendance à voir le verre à moitié plein, mais je considère que toutes les chances de succès ne sont pas éteintes. Tout est encore possible, et c’est ce qui importe le plus. »

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