Harry avait encore un peu de mal à se faire à l’idée au fait que Pomona avait décidé de quitter la résistance, même si cela faisait un moment qu’elle était partie. Le souci résidait surtout sur la façon dont elle était partie, la manière dont elle avait décidé de faire les choses et de lui laisser les responsabilités. Bon, Harry avait bien conscience qu’il n’était pas tout seul, qu’ils étaient plusieurs à prendre les décisions et que tout ne reposait pas forcément sur ses épaules, sur ses seules épaules. Mais en même temps, il avait quand même une certaine responsabilité là-dedans.

Les choses avançaient, bizarrement, lentement sur certaines choses, mais les choses avançaient. Harry ne savait pas encore comment ils allaient vraiment faire tomber Voldemort de sa place, mais au point ils avaient quand même réussi à briser une partie de son âme. Ils avançaient donc, même s’ils continuaient de devoir se cacher. Mais à côté de cela, la résistance prenait clairement de l’ampleur, beaucoup d’ampleur. Plus le temps avançait, plus il y avait des personnes qui entraient dans le groupe. Il était loin le moment où les résistants n’étaient que des étudiants de Poudlard. Maintenant, il y avait quand même pas mal d’adulte et ils étaient de plus en plus nombreux.

Harry se disait qu’ils pouvaient réellement arriver à quelque chose, parti comme ils étaient. Le jeune homme n’arrivait pas toujours à avoir confiance en l’avenir, il lui arrivait par moment de douter du fait qu’ils puissent s’en sortir, mais en même temps ils avançaient donc ils avaient plus de chance de parvenir à abattre Voldemort. À force que des personnes arrivent dans la résistance, Harry devait bien avouer qu’il ne se rappelait pas toujours des têtes des nouvelles personnes. Et même des plus anciennes d’ailleurs. À la base, le jeune homme n’était pas un résistant, il n’était qu’un voyageur du futur et il avait suffisamment eu à gérer avec ses amis proches. Il connaissait plus ou moins tous les résistants donc… surtout parce qu’ils avaient tous plus ou moins l’occasion de rentrer dans le quartier général où il devait vivre à longueur de temps avec les autres personnes « mortes », mais ce n’était pas toujours facile de se rappeler qui était qui, qui était entré dans le groupe quand.

Raison pour laquelle quand il arriva dans le salon du quartier général, et qu’il tomba sur Abby, il ne savait même pas si elle était dans la résistance depuis longtemps ou non. Ce qui n’était pas le cas donc, mais il ne parvenait pas vraiment à en avoir conscience.

« Salut. » Dit-il, à l’adresse de la jeune femme donc. Ils avaient eu l’occasion de se croiser quelques fois à l’école de magie, mais on ne pouvait pas vraiment dire que Harry la connaissait vraiment. « Tu cherches quelque chose ? »

La jeune femme le cherchait visiblement. Quand elle affirma qu’il était Harry – parce qu’elle ne donnait pas le sentiment de douter du fait qu’il était bel et bien Harry –, le jeune homme hocha de la tête pour confirmer ses dires. D’accord, elle le cherchait. Elle reprit rapidement en parlant de Clyde, qui lui aurait dit que c’était à lui qu’elle devait s’adresser parce qu’elle souhaitait rejoindre la résistance. Harry se sentait toujours un peu mal à l’aise quand il se retrouvait dans ce genre de situation, quand il devait prendre la place de Pomona donc. Il assumait ce rôle, sans souci, il avait conscience qu’il fallait bien quelqu’un qui prenne la place de Pomona, mais jusqu’à présent ça lui avait été très utile qu’elle s’occupe de gérer la résistance et lui de son côté… se gérait déjà tout seul ce n’était pas si mal.

La jeune femme était donc Abby, Harry la remit un peu… c’était la sœur de Clyde, il comprenait mieux pourquoi il l’avait emmené jusqu’ici et donc si elle était la sœur de Clyde, elle était aussi celle de Olive. Et forcément, Harry comprenait pour quelle raison elle avait envie d’intégrer la résistance. Harry n’allait clairement pas l’en empêcher, de toute façon toute personne qui avait envie de rentrer dans leur groupe était la bienvenue, parce qu’ils avaient besoin d’être le plus nombreux possible. Même s’ils devaient prendre garde à ne pas faire entrer de loup dans la bergerie. Pour Abby, Harry se disait qu’il pouvait avoir confiance les yeux fermés.

« Je vois. » Dit-il d’abord, avant de reprendre. « Je suis désolé pour ta sœur. »

À peine avait-il dit ces mots qu’il le regretta. C’était bateau, c’était nul comme remarque. Lui-même quand on lui disait qu’on était désolé pour ses parents, ça avait toujours eu le don de l’agacer. Pas parce que c’était faux mais parce que… eh bien, ça ne faisait que faire revenir la réalité des choses en pleine figure. Mais bon, c’était dit maintenant et Harry était sincère dans ses mots quand même, il était vraiment désolé pour Olive.

« Installe-toi si tu veux. » Dit-il en désignant les fauteuils du salon, en prenant lui-même place dans l’un de ces derniers. Il fallait qu’il se renseigne un peu sur Abby, qu’ils parlent de tout ça du coup, qu’il l’intègre comme il se le devait, même si ce n’était pas quelque chose dont il avait l’habitude et pas forcément quelque chose qu’il affectionnait énormément. « Bon déjà… Abby, est-ce que tu peux me dire ce que tu sais de la résistance. Qu’est-ce que ton frère t’a dit sur nous ? »

Ça ira plus vite comme ça, ainsi il pourra éventuellement combler quelques informations et ça ne devrait pas être très long. Parce que de toute façon, vu la situation et vu qui était Abby, il était évident qu’elle avait toute sa place dans leur groupe. Il ne se voyait pas lui refuser la possibilité de les rejoindre.

Au moins, Abby était là en connaissance de cause. Elle était bien placée pour savoir réellement où elle mettait les pieds, ce qu’on allait attendre d’elle, et les enjeux de leur combat. Ça arrangeait grandement Harry, qui préférait se retrouver devant quelqu’un qui avait bien conscience de tout ce qu’ils allaient devoir faire, et de toute l’histoire aussi, afin de ne pas avoir à devoir tout raconter. Harry n’était pas sûr d’être le plus doué pour ce qui était de recruter les membres de la résistance, même si c’était son rôle à présent. Il l’avait accepté, mais à l’époque, ça l’arrangeait quand même bien que ça soit Pomona qui s’occupe de tout cela et lui de son côté… il avait globalement ses amis à gérer et il se contentait de foncer dans le tas.

Il écouta ce que Abby savait, ce qui revenait au final, à savoir tout. Elle connaissait leur histoire aux voyageurs, elle savait avec qui ils travaillaient, elle connaissait Jedusor et le nom de ses partisans. Harry ne voyait vraiment pas ce qu’il pourrait ajouter de plus à ce que Abby savait déjà. Au fond c’était définitivement une bonne chose, parce qu’elle savait vraiment où elle mettait les pieds. Elle donna même la confirmation qu’elle avait quand même déjà bien réfléchi à la question.

Elle était prête à se battre, elle pensait pouvoir apporter sa pierre à l’édifice même si elle ne savait pas exactement quel rôle allait pouvoir jouer. Et puis… elle ajouta un dernier détail. Le « je n’ai rien à perdre » résonna chez Harry. Il devrait la contredire, c’était sans doute son rôle même, mais il ne le ferait pas. Parce qu’au fond, le jeune homme pensait souvent la même chose. C’était faux, vraiment, il y avait beaucoup de chose qu’ils pouvaient perdre, comme leur vie pour commencer et mine de rien c’était sans doute ce qu’ils avaient de plus précieux, mais aussi celles de leurs proches. Abby avait perdu une sœur, mais elle avait encore Clyde notamment et sans doute d’autres proches. Mais Harry comprenait la jeune femme, lui-même se le disait souvent. Il n’avait pas grand-chose dans le futur, il avait tout à gagner en changeant le passé.

« Je pourrais te faire la morale en te disant qu’on a toujours quelque chose à perdre, mais quelque chose me dit que ça ne changera pas ce que tu penses. » Parce que ses propos ne semblaient pas sortis de nulle part, ça venait du fond d’elle, et il était difficile de changer quelque chose comme ça. « En tout cas, je ne crois pas avoir quoi que ce soit à t’apprendre sur nous, tu as bien été informé. Il te faudra juste rencontrer les membres de la résistance pour apprendre à les connaître. » Elle pourra mettre un visage sur les Wardens, les voyageurs et les autres résistants. « Du coup, tu fais quoi toi ? Tu travailles ? »

Maintenant qu’il savait qu’elle connaissait tout d’eux, c’était à lui de voir comment elle allait pouvoir les aider.