Euphemia est née au sein de l'illustre famille Fawley, famille pure, famille nombreuses. Elle a reçu l'éducation qui correspond aux codes et préceptes de sa naissance, et jamais n'a envisagé de les remettre en question. Entourée de nombreux frères et soeurs, qu'elle aime tous avec plus ou moins de tendresse (l'écart d'âge dans certains cas, ou ce qu'elle estimera toujours avoir été une sorte de favoritisme parental n'aidant pas toujours), elle a toujours eu une idée très claires de ce que devait être sa priorité : la famille avant toute chose. Ses parents et frères et sœurs, bien sûr, mais également la famille qu'elle finirait pas construire. Car c'est ce à quoi on la destine et ce à quoi elle se destine sans broncher et sans rien remettre en question. Quel mal y a-t-il, après tout, à se donner pour mission dans la vie de tenir le rôle à ses yeux le plus beau et le plus admirable qu'on puisse imaginer : celui de mère, celui d'épouse.

Elle fait sa scolarité à Poudlard. Elle est envoyée à Poufsouffle. Sa famille a beau tenir à la qualité du sang et respectueuse des traditions, elle est bien plus souple que beaucoup d'autre. Suffisamment pour avoir protégé envers et contre tout la petite soeur d'Euphemia, Andromeda, quand celle-ci s'est révélée être une cracmole. Suffisamment pour ne pas attendre à tout prix de sa part qu'elle rejoigne la maison serpentard, qui n'aurait pas du tout correspondu à son caractère. A Poudlard, elle n'est pas une élève brillante. Dans certaines matières, elle a quelques facilités. Dans beaucoup d'autres, elle n'en a aucune. Elle fait de son mieux parce qu'elle n'aime pas décevoir, mais elle se résout rapidement à admettre qu'elle n'est pas faite pour les études. Elle obtient BUSE et ASPIC avec beaucoup d'Acceptable et très peu d'Efforts exceptionnels.

Quelques années s'écoulent avant que le meilleur parti ne soit trouvé à Euphemia, en la personne de Tarben Travers qu'elle épouse sans réticence. Tarben est un homme charmant, intelligent, prévenant... Elle aurait quoi qu'il en soit pris très à cœur son rôle d'épouse, mais Tarben lui facilite la tâche en se montrant attentif et prévenant. L'amour n'a pas motivé leur union, mais la tendresse et l'affection d'Euphemia pour son mari n'ont rien de feinte.

C'est avec bonheur qu'elle accueille la venue au monde successive d'Edda et Loke, ses deux enfants, qui ne cesseront jamais de faire sa fierté. Ils lui inspirent tout l'amour que l'on puisse ressentir au monde.

La donne change à la naissance d'Aegir, son troisième enfant. Un Euphemia l'aime dès le premier regard... Mais son fils, atteint d'une sévère maladie cardiaque, ne dépassera pas le cap des trois ans. Euphemia en est dévastée. L'événement a eu lieu il y a cinq ans, mais il la hante toujours. Au sens propre. Il n'est pas rare en effet que son regard croise celui d'Aegir dans le regard d'un enfant croisé dans la rue. Parfois, elle lui parle vraiment, elle le voit comme s'il n'était jamais parti. A d'autres moments, elle réalise pleinement son départ et cette souffrance lui est insupportable. Euphemia s'en veut. Parce qu'elle souffre, parce qu'elle ne sait pas faire le deuil, parce qu'elle devient folle. Elle devient un poids pour son époux, pour ses enfants. Mais elle n'y peut rien. La mort de ce fils chéri est gravé dans ses chairs. Et la plaie ne se referme pas.