Les désastreuses aventures des orphelins de Wool (Tom)

Les désastreuses aventures des orphelins de Wool

S'il fallait demander son avis à Billy, ce dernier vous assurerait qu'il n'y avait rien de plus stupide que l'initiative d'Eric Whalley, qui tous les ans décidait d'organiser une petite réunion des anciens, petite sauterie sans intérêt où tout le monde était supposé se remémorer de vieux souvenirs d'enfance avec émotion, comme s'il y avait quoi que ce soit de comique ou de plaisant à retenir dans notre petit séjour au purgatoire.

Pourtant, il s'y rendait tous les ans... C'était une sorte de curiosité malsaine qui le poussait toujours à se rendre dans l'arrière-salle de ce bar miteux du fin fond de Londres qui ne devait pas coûter trop cher à privatiser au passage. Il aimait voir ce que devenaient ses différents camarades d'infortune... Et il aimait surtout constater, bien souvent, qu'il s'en était sorti mieux que beaucoup d'autres. En fait, c'était ça qu'il aimait, dans cette situation, se gargariser de son succès, et s'amuser de la déchéance de certains autres.

Il avait aussi eu une autre raison de venir, cette fois-ci. Il avait espéré croiser Amy, la belle Amy, mais alors qu'il arrivait sur place, avec le retard de rigueur, il ne la trouvait nulle part. Pas plus que Dennis, qu'il aurait apprécié de retrouver aussi pour mieux le provoquer et s'amuser... Mais faute de retrouver ce duo improbable, parmi ses anciens camarades, son regard tomba sur une personne qu'il ne s'était pas attendu à retrouver ici, qu'il n'avait pas recroisé depuis une éternité.

Tom Jedusor. Un sacré numéro, celui-là, et destabilisant, parce que Billy n'avait jamais réussi à le cerner... Un jeune homme redoutablement intelligent, que Billy avait toujours considéré comme un rival ou une menace. Pour la peine, il avait fait partie de ses cibles prioritaires. Mais s'en prendre à Tom Jedusor pouvait avoir des conséquences inattendues. Il s'était toujours passé des choses étranges autour de lui. Forcément, Billy ne pouvait résister à l'envie d'aller lui adresser la parole.

-Bonjour, Tom, je suis étonné de te voir ici.

La surprise était honnête et totale, en effet, il ne s'était pas du tout attendu à cette présence incongrue, mais elle aurait peut-être le mérite de pimenter l'affaire.

Ʃkaemp はは

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L

es réunions comme celle-ci étaient de celles que l'héritier de Serpentard prenait grand soin d'ignorer sublimement. Rares étaient les occasions pour lui de se rendre quoi qu'il en soit à des réunions qu'il n'aurait pas lui-même contrôlé, et sur lesquelles il n'aurait par conséquent pas le plein contrôle. Ce serait mal, très mal lui ressembler. Cela pouvait cependant arriver en quelques (rares) occasions, s'il pouvait avoir le moindre profit à en tirer, et en l'occurrence, c'était bel et bien le cas, définitivement le cas. Il n'était pas là par hasard.

Chaque fois que Eric Whalley prenait l'absurde initiative de réunir les anciens orphelins de Wool sous un même toit, comme si le temps qu'ils avaient été forcés de passer ensemble durant leur prime enfance ne suffisait pas, Tom négligeait toujours l'invitation et n'y ressentait plus. Il n'éprouvait aucun attachement particulier par rapport à ses années passées à l'orphelinat, et pour cause, il y avait clairement vécu les pires années de sa vie, entouré de tous ces moldus incapables de comprendre qui il était réellement, et qui il était destiné à devenir précisément. Les quelques bons moments passés à l'orphelinat étaient toujours l'illustration manifeste de ces quelques fois où ses pouvoirs avaient commencé à se développer.

Non, il n'était définitivement pas là par nostalgie ou pour le plaisir de retrouver ses anciens... camarades... Il était là pour une raison plus spécifique. Depuis que son chemin avait retrouvé celui d'Amy et de Dennis, qu'il avait pris pour cible, il était déterminé à les livrer à un dessein plus absolu que ce qu'ils auraient jamais imaginé tous deux. Il avait envisagé, donc, de les croiser, et avait décidé de faire son apparition à tout hasard. Mais où que se promène son regard sombre, parfois teinté d'une lueur rouge et angoissante, nulle trace de ses deux gutures victimes. En revanche, il était repéré, et le premier à l'aborder était parmi les moldus qui étaient parvenus à lui faire détester le plus tous ceux de son espèce. Billy Stubbs. Il pourrait bien décider de le tuer lui aussi. Pas dans l'ambition de faire de son meurtre un prétexte à horcruxe. Juste pour le plaisir.

-Je n'ai pas l'intention de rester longtemps, se contenta de répondre évasivement Tom, ce qui était le cas. Si le duo qui l'intéressait véritablement était absent des festivités, ça ne servait à rien. Et toi, qu'est-ce qui t'as motivé à venir ?

Pas que cela l'intéressait vraiment, mais puisqu'ils en étaient là.

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Tom lui répondit qu'il n'avait pas l'intention de rester bien longtemps. Voilà qui ne répondait absolument pas à sa question, mais Billy acceptait de se contenter de cette réponse. Peu importe les raisons de la présence du jeune homme ici, Billy doutait fort qu'elles aient quoi que ce soit qui soit susceptible de les intéresser effectivement. Ce qui comptait, au final, c'est qu'ils étaient là tous les deux, présents en cet instant précis, et cette conversation était le terreau propice à des retrouvailles animées.

Qui allait peut-être leur permettre de réveiller quelques vieux démons, qui sait ? Puisque ni Amy, ni Dennis n'étaient présents au rendez-vous, au moins, ça pimentait un peu l'affaire. Au moins un minimum. Il n'allait de toute façon pas reprocher à Tom de ne pas être totalement honnête sur les raisons de sa présence, sachant que Billy lui non plus n'avait pas l'intention de s'étendre sur les raisons de sa présence. Il n'avait aucune intention de parler d'Amy avec lui, même si en fait, ils avaient ça en commun de tous les deux la considérer comme une cible, mais avec des intentions différentes, même si lugubres chacune à leur échelle.

-J'avais envie de retrouver mes anciens camarades, quelle question, dit-il d'un ton qui ne voulait souffrir aucun doute, même si personne ne pouvait le croire.

En fait, l n'y avait définitivement qu'Eric Whalley pour vouloir organiser ce genre de réunion. N'importe qui d'autre était légitimement ravi de pouvoir se débarrasser une bonne fois pour toutes de tous les souvenirs associés à cet orphelinat de malheur, qui ne leur avait jamais rien apporté de bon. Ce n'était qu'un demi-mensonge dans tous les cas. C'était bien des anciens camarades qu'il était venu trouver.

-Alors, qu'est-ce que tu deviens ? demanda-t-il, assez curieux d'avoir effectivement la réponse à cette question. Tu ne travailles pas dans un refuge pour animaux, j'espère.

Les lapins en souffriraient. Oui, il restait convaincu que Tom en était responsable. Et il se posait effectivement la question. La personnalité étrange de Tom Jedusor, glauque ou magnétique selon les points de vue, le destinait soit à la misère, soit au succès. Cela ne donnait pas l'impression qu'il puisse y avoir d'entre-deux.

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om devait-il croire ou non dans l'excuse que lui donnait son interlocuteur pour justifier sa présence en ces lieux ? A dire vrai, il ne cherchait pas réellement à se questionner à ce sujet, pour la simple et bonne raison qu'il s'en moquait complètement. Peu importe ce qu'étaient les motivations de son interlocuteur, elles n'éveillaient en lui qu'un intérêt particulièrement limité. Le jeune homme était loin, bien loin de se sentir investi dans la vie de son interlocuteur.

Il l'avait trouvé positivement insupportable du temps où ils étaient à l'orphelinat (en même temps, ils l'étaient tous, comme il fallait s'y attendre de la part de moldus insignifiants), il ne pensait pas que son opinion à son sujet doive évoluer. La seule différence à ce jour étaient qu'ils n'avaient plus à se voir quotidiennement, et que Tom ne lui trouvait pas même assez d'intérêt pour envisager de le tuer en personne. Il mourrait, évidemment. Pas en sa seule qualité de mortel (que Tom n'envisageait pas de rester), mais parce que tous les hommes de son espèce méritaient de périr. Mais pas de sa main. D'autres anciens de Wool méritait ce privilège, et ce grand honneur leur resterait réservé quoi qu'il puisse advenir.

Il lui demanda ce qu'il devenait, question logique quand on revoyait un vieux "camarade". Tom ne prit même pas la peine de prétendre être amusé par la réplique de Billy quand il ajouta qu'il "espérait" qu'il ne travaillait pas dans une animalerie. Référence bien sûr au lapin qu'il l'avait toujours soupçonné d'avoir pendu... à juste titre, d'ailleurs, même si aucune preuve n'avait jamais été faite à ce sujet.

-Non, mais tu t'en rapproches. Je suis vendeur. Dans une boutique d'antiquités.

Ce pouvait sembler dégradant. Quelque part, Tom estimait que ça l'était, mais il ne ressentait aucune volonté de montrer sa valeur à son interlocuteur. Pour quoi faire. Il était bien au-dessus de lui, à tout point de vue. S'en justifier, ce serait déjà faire trop d'honneur à ce moins que rien qui monopolisait déjà beaucoup trop de son temps et de son attention. Il se moquait de l'opinion de son interlocuteur. Un jour, comme n'importe qui d'autre, il ne pourrait pas ignorer ce qu'il faisait. Et ce jour-là, il serait trop tard pour les gens comme lui.

-J'ai appris que tu travaillais dans la police, ajouta-t-il d'un ton indifférent, parce qu'il se doutait que son interlocuteur lui en parlerait dans tous les cas.

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Un sourire narquois étira les lèvres de Billy quand il entendit Tom lui répondre. Dans ce genre de rassemblement, on a forcément envie d'être celui qui a le mieux réussi, surtout quand on est Billy Stubbs et que ce qu'on aime dans la vie, c'est dominer les autres. Alors savoir Tom Jedusor réduit à un simple et bête poste de vendeur dans un magasin poussiéreux d'antiquités, c'était jouissif pour Billy. Surtout qu'il s'attendait à ce qu'il lui envoie en pleine tronche un boulot bien plus prestigieux.

Car ça tuait Billy de le reconnaître mais c'était quand même vrai : Tom Jedusor était un jeune homme intelligent, il aurait sûrement pu faire beaucoup mieux que vendeur de babioles. En tout cas, Billy était ravi, car de son côté, il avait bien plus à dire et à montrer que son interlocuteur, qui lui donnait le sentiment d'être voué à une vie pitoyable. Billy était impatient d'apprendre à son tour à Tom ce qu'il faisait dans la vie afin de pavoiser un peu, mais apparemment, le jeune homme était déjà au courant. Tant pis, ça ne l'empêcherait pas de se la joue malgré tout, ce serait mal lui ressembler.

"Eh oui", dit-il en ne prenant même pas la peine de faire mine de se montrer modeste. Il ne l'était pas, il ne l'avait jamais été. Et il l'assumait totalement, pour tout dire. "Je me suis donné les moyens de réussir, tu vois." Il marqua une pause et ajouta cette petite boutade qui ne faisait jamais rire personne mais qu'il avait tendance à lancer à tous ceux qui découvraient qu'il travaillait dans la police. "Donc tu as intérêt à te tenir à carreau quand je suis dans les parages."

C'était plus ou moins une plaisanterie. Mais ce n'en était pas complètement une, en vérité, parce que Billy avait pour Tom une défiance naturelle. Il avait pendu son putain de lapin alors qu'il n'était qu'un enfant, qu'est-ce qu'il vous faut de plus ? C'est sûr que Tom était un psychopathe, pour lui, et du coup, ça le rassurait d'autant plus de se retrouver dans une position de domination. Et il avait bien l'intention de s'imposer comme la figure majoritaire, comme la menace qu'il voulait être. Alors que la menace, il l'avait sous les yeux.

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illy se pavanait, se gargarisait de son prétendu succès, et Tom le considérait avec la plus grande des indifférences. Peut-être Stubbs s'imaginait-il que ses fonctions et sa situation à l'heure actuelle étaient susceptibles de susciter sa jalousie, mais il n'en était rien. Tom trouvait ridicule de se satisfaire avec autant d'orgueil d'une situation aussi pathétique. Tom ne cherchait pas à soutenir la comparaison avec son interlocuteur, parce qu'il n'y avait tout simplement pas de comparaison possible.

Billy était un moldu, Tom était un sorcier. Il n'y avait pas besoin d'en dire plus. Par leur simple essence, Tom le dominait de très loin, et Tom, au-delà de son essence, dominerait bientôt tous les sorciers en plus de dominer tous les moldus. Alors il pouvait bien écouter patiemment son interlocuteur se gargariser d'une victoire factice, fruit d'un combat inexistant, d'une compétition qui n'existait que dans son esprit. Ma foi, si cela égayait sa vie entièrement pitoyable de pauvre moldu insignifiant, qu'il se fasse donc plaisir, ça ne lui durerait pas bien longtemps quoi qu'il en soit.

-Je ferais de mon mieux, répondit Tom, faisant mine de plaisanter à son tour quand son interlocuteur lui suggéra de se tenir à carreau en sa présence, puisqu'il était la figure d'autrité présumée ici, le représentant de la justice. Mais je ne peux rien te promettre.

Si, en vérité, il y avait bien des promesses qu'il pourrait lui faire, à commencer par le fait que lui et tous ses semblables ne tarderaient pas à vivre sous sa totale et certaine domination, et qu'il soit dans les parages ou non n'y changerait rien. Il n'avait pas la moindre idée d'à quelle sorte d'individu il se frottait à l'heure actuelle. Et Tom n'avait pas l'intention de l'en avertir. Plus dure serait la chute. Et il devait bien reconnaître éprouver une sorte de satisfaction très personnelle, et relativement détachée de ses plus hauts desseins, à la perspective de voir le jeune homme tomber de ce piedestal entièrement factice qu'il s'était compos pour lui-même.

-Tu ne redoutes pas de te mettre en danger, c'est bien, se contenta-t-elle d'ajouter d'un ton qui ne laissait qu'une place limitée au doute quand à la menace sous-jacente que contenaient de tels propos.

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Billy observa Tom, interdit. Sous couvert de fausse plaisanterie, il avait cherché à l'attaquer, à l'intimider, à l'impressionner. Il pensait avoir toutes les armes nécessaires pour ça. Le jeune homme était après tout un exemple d'accomplissement, du moins selon lui. Ils n'étaient plus à l'orphelinat, à présent, les cartes avaient été rebattues, et Billy pensait que Tom, cette fois, face à l'évidence de son accomplissement personnel, n'aurait pas d'autre choix que de s'écraser. Mais c'était apparemment trop en demander à son interlocuteur, qui à la place lui adressa une réponse qui lui donnait tout l'air d'être faite pour l'intimider. Définitivement, Tom Jedusor n'avait toujours pas changé. D'enfant bizarre et perturbé, il était devenu un jeune homme étrange et perturbé. Quel enfer, mais quel enfer.

-Tu sais, ce n'est jamais une très bonne idée que de menacer un agent de police.

Face au discours de Tom, qui le désarçonne plus qu'il ne se l'était imaginé, il n'arrive pas à faire autrement que de brandir une fois encore ce qui est son argument principal : celui de la réussite, celui du jeune homme parti de rien devenu un brillant inspecteur de Scotland Yard. Mais il avait comme l'impression que son interlocuteur n'en avait absolument rien à faire.

-Si tu essaies de m'intimider, c'est loupé. Tu es un raté, Jedusor. Et tu n'as vraiment rien d'effrayant.

Oui, à l'époque, il l'effrayait un peu, parce que sa bizarrerie le rendait en apparence incontrôlable, et puis, il y avait l'histoire de son lapin... mais de l'eau avait coulé sous les ponts, à présent. Tom Jedusor semblait moins agité qu'à l'époque, et il avait une belle gueule, mais c'est bien tout ce qu'il avait pour lui. S'il cherchait à le provoquer, Billy était convaincu qu'il n'aurait vraiment aucun mal à avoir l'ascendant sur lui. Il se positionnait d'office. Il ne se contentait pas d'écouter les menaces implicites sans rien dire, il lui laissait bien comprendre qu'il n'était ni dégoûté, ni impressionné. Il en mènerait bien moins large s'il prenait la pleine mesure d'à qui il avait affaire. Mais ce n'était vraiment pas le cas du tout. Il ne prenait pas du tout la mesure de la menace que Tom représentait.

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om se contenta d'afficher son air le plus innocent quand son interlocuteur le mit en garde, prétextant qu'il n'était pas de bon ton de menacer un inspecteur de police, comme si sa personne et ses fonctions avaient la moindre chance de lui inspirer autre chose que de l'indifférence ou, au mieux, de l'aversion (car tout moldu ne pouvait susciter qu'un sentiment similaire). L'héritier de Serpentard n'était pas impressionné le moins du monde, et certainement pas intimidé.

Le jeune homme, s'il avait le rire plus facile, serait peut-être même capable de s'amuser du petit jeu absurde de son interlocuteur. Il était si convaincu d'avoir l'ascendant sur lui que c'en était pathétique. Mais ça avait été l'effet recherché. Billy Stubbs était un sanguin, il l'était déjà du temps de l'orphelinat. Tout l'inverse de Tom, conforté dans sa position par l'idée qu'il lui suffirait d'un geste, d'un mot, pour réduire la vie de ce moldu pathétique à néant. Son but à l'origine n'était pas de le tuer, et il n'y avait pas grand intérêt, mais il observait tout de même que la perspective ne serait pas déplaisante. Son meurtre ne ferait pas même un horcruxe convenable, contrairement à ceux de Dennis et Amy. C'était dire le peu d'importance qu'il accordait à son ancien "camarade".

Il ne réagit pas davantage quand Billy le qualifia de raté, et précisa qu'il n'avait rien d'effrayant. Le mage noir avait entièrement conscience de sa valeur. Il n'attendait pas après la pitoyable opinion d'un quelconque sous-homme pour forger son opinion de lui-même. Contrairement à Billy, qui de fait paraissait singulièrement dépendant de l'opinion d'autrui. Grand mal lui fasse. Il prendrait bien assez vite la pleine mesure de son erreur, de l'entière vacuité de menaces qu'il imaginait sans doute particulièrement impressionnantes.

-Jamais je ne me permettrais de te menacer, répliqua posément Tom. Pourquoi ferais-je une chose pareille ? Il marqua une pause. Je comprends que tu cherches à profiter du peu de pouvoir que tu t'imagines posséder, mais tu n'as pas la moindre idée de ce qu'est le vrai pouvoir.

Il se permettait de lui parler plutôt franchement, et pour cause, sa comédie pouvait bien se limiter à peu de choses. Le jour n'était pas venu où il se laisserait insulter par un moldu sans importance sans le remettre à la place qu'il méritait... aucune place.

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Le culot de son ancien camarade d'orphelinat était manifeste, alors qu'il affirmait qu'il n'avait aucune intention de le menacer. Sauf que les menaces étaient évidentes, et même au moment de dire qu'il ne le menaçait pas, il ajoutait une nouvelle menace au reste. Ce type était vraiment dérangé. C'était une chose que Billy avait toujours su. Il suffisait de constater ce qui était arrivé à son pauvre lapin pour en avoir l'infinie certitude. Oui, il le menaçait, mais il n'avait rien à sa disposition pour le menacer. Juste cette espèce d'illusion de pouvoir particulier qui ne rimait bien évidemment à rien. Peut-être que son numéro fonctionnait avec certains, les plus impressionnables qui seraient mis mal à l'aise par son tempérament dérangé. Mais Billy en avait vu d'autres, beaucoup d'autres. Et lui, à côté, il pouvait vraiment se rhabiller.

Alors oui, la menace était très claire. Pourquoi ferait-il une chose pareille ? Eh bien, ça c'était moins clair, mais ce n'en était pas moins vrai. Il devait chercher à se croire supérieur, par tous les artifices possibles. C'était sans doute cette seule et simple illusion qui réussissait à lui conférer le sentiment de valoir mieux que les autres, alors qu'il n'était jamais qu'un raté fini.

-Alors que toi, bien sûr, tu en sais quelque chose, n'est-ce pas, répondit Billy, absolument pas convaincu, en croisant les bras.

Comment pouvait-il seulement lui faire un sermon sur le pouvoir alors que le pouvoir en question était aux antipodes de ce qu'il avait réussi à trouver. Billy était absolument convaincu que cela. Son travail, à lui, lui conférait une autorité, qui s'alliait à son autorité naturelle. Lui, n'avait pas que l'illusion du pouvoir. Alors que Tom ne pouvait vraiment pas en dire autant, peu importe les excuses qu'il s'inventerait peut-être dans l'espoir de se dire qu'il n'avait pas complètement raté sa vie. Alors que c'était couru d'avance. Son existence en elle-même était déjà une erreur, bien sûr.

-Je suis sûr que tu as une influence et une autorité incroyable dans ta stupide boutique d'antiquailleries. Il marqua une pause et croisa les bras. Admets que tu es un raté, ce n'est pas grave, tu sais. Tout le monde ne peut pas réussir sa vie. Et dans ton cas, c'était couru d'avance.

Ʃkaemp はは

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T

om ne s'amusait pas vraiment de cette situation, car elle l'ennuyait en définitive plus qu'autre chose. Passer cette soirée à fréquenter ce que l'humanité faisait de pire en termes de médiocrité n'était certainement pas ce qu'il estimait être un moment plaisant, encore moins à présent qu'il avait la certitude que ni Amy, ni Dennis ne se présenteraient aux festivités. Non, cette situation n'amusait pas le mage noir, en revanche, ce qu'il considérait être la stupidité crasse de son interlocuteur l'amusait davantage. Il le voyait bien, et le lisait d'ailleurs dans son esprit, son interlocuteur estimait véritablement, en cet instant, être en train de gagner une sorte de compétition entre eux, ce qui était certainement la chose la plus stupide qu'il puisse s'imaginer au monde. Pour qu'il y ait ne serait-ce qu'un semblant de début de rivalité entre eux, il faudrait, pour commencer, que le jeune homme soit à sa hauteur, et il ne lui arrivait en rien à la cheville. Il était un moldu insignifiant qui commettait l'insigne erreur de se prendre pour quelqu'un.

Il le regretterait à coup sûr, mais le seigneur des ténèbres autoproclamé n'en aurait bien évidemment que faire. L'existence même de Billy Stubbs était nons seulement une tare mais d'une insignifiance totale qui plus est. Le temps qu'il daignait lui consacrer en cet instant était entièrement démérité, et perdi pour Tom, c'est une certitude. Encore, s'il y avait quoi que ce soit à retirer de cette discussion... Mais tout ce que Tom retenait, c'est que Billy, du temps de l'orphelinat, avait été aussi arrogant que stupide. Et aujourd'hui, il l'était encore. Nul besoin de chercher plus loin que cela.

Pour prendre ombrage de la moindre remarque que lui faisait son interlocuteur, il faudrait encore que ce dernier dise autre chose qu'un tissu d'insanités. Mais il n'était pas capable d'autre chose, selon toute vraisemblance. Il osait croire, réellement, savoir quoi que ce soit de sa vie, et c'était aussi risible que pitoyable. Billy Stubbs n'avait pas la moindre idée de qui il était, de qui il était réellement, et pour la peine, il osait croire être autorisé à le traiter ainsi qu'il le faisait. Mais son tort était total. Pour autant, Tom n'avait pas l'intention de le détromper dans l'immédiat. Stubbs lui était bien trop indifférent pour qu'il s'en donne cette peine, il réaliserait bien assez tôt son erreur.

-Ton cas était moins prévisible que le mien, je le reconnais. Même s'il y avait quelques signes avant-coureurs. Encore faut-il avoir l'intelligence et la lucidité nécessaires pour les remarquer.

Ce dont Stubbs était bien évidemment dénué aux yeux de Tom. Sur ce point, Amy et Dennis le dépassaient largement.

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Billy était définitivement sidéré de constater à quel point son ancien camarade n'avait pas changé. C'en était presque absurde, à ce stade, mais visiblement, c'était effectivement le cas, il continuait de jouer les cryptiques, les menaces invisibles. Sauf que ça ne marchait plus, ça ne marchait même plus du tout. A l'époque, il arrivait peut-être à se jouer de cette aura absurde et angoissante, et il pensait traumatiser son monde en pendant des lapins au plafond (ce qui avait marché en partie, Billy était toujours autant en rogne en ce qui concernait Fluffy, honnêtement, et ça avait peu de chances de changer encore), mais ils avaient changé, enfin, lui avait changé.

Ils n'étaient plus des gamins, mais Tom semblait l'être resté, à jouer encore constamment la carte de la provocation. C'était peut-être un numéro qui faisait son petit effet à l'époque, mais à ce jour, ce n'était plus quelque chose de possible, ce n'était plus le genre de chose qui pouvait encore légitimement fonctionner et être viable. Pas pour lui. Si l'un était susceptible de proférer de vraies et définitives menaces à l'égard de l'autre, c'était à présent lui, et il ne comptait absolument pas s'en priver...

Tom Jedusor s'inventait une vie, de toute évidence, et s'amusait à faire croire que si son succès n'était pas flagrant, c'est que Billy n'était pas suffisamment intelligent ou lucide pour le constater. La bonne blague... C'était vraiment une excuse qui convenait bien au faible qu'il était, d'une faiblesse absolument nulle et absurde. Ce type se désillusionnait totalement, et en plus était un véritable mythomane... Il n'irait pas loin dans la vie, et il allait sans doute crever en pleine rue comme un sombre crétin incapable de faire quoi que ce soit de ses dix doigts.

-Je te souhaiterais bien d'avoir l'intelligence de constater ta propre connerie, mais ce serait t'en demander beaucoup trop.

Il perdait patience. Cette conversation ne servait vraiment à rien, ne menait véritablement nulle part, et Billy avait horreur de perdre son temps. Et dans tous les cas, il perdait son temps, royalement. Il était venu ici dans l'espoir de trouver Amy. Et Amy n'était pas là. Autant dire que donc, tout ça n'avait aucun sens ne servait à rien.

-Je te dirais bien "bonne continuation" mais... Billy haussa les épaules. En fait, je m'en contrefous, constata-t-il avec une totale légèreté.

Il ne prit même pas la peine de prendre réellement congé ou de lui dire au revoir. Il en avait fini avec lui, il n'avait pas envie de perdre plus de temps en sa compagnie. Il avait d'autres chats à fouetter.

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