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 We Create Our Own Demons

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Gaïa Yaxley
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Message#Sujet: We Create Our Own Demons   We Create Our Own Demons Icon_minitimeMar 28 Juil - 1:19

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ft. Rose Ashford-Selwyn & Tibérius Yaxley
S’il y avait une chose à laquelle Gaïa tenait plus que tout, c’était sa famille. Petite, la jeune femme se rappelait avoir eu du mal à se faire à son statut de grande sœur, mais, depuis le temps, elle avait appris à aimer ce rôle. Gaïa, bien qu’elle ne soit que la troisième née de la fratrie Yaxley, se considérait comme la sœur aînée, presque au même titre que Tibérius. Même avec Marcianna, qui était pourtant née seulement quelques minutes après elle, Gaïa ne pouvait s’empêcher de jouer le rôle de la grande sœur. Alors oui, parfois, Gaïa pouvait se montrer un peu peste sur les bords, comme en témoignait cette histoire avec Thaddeus. Mais quel frère ou quelle sœur n’avait jamais été un peu peste avec sa fratrie ? Gaïa n’avait jamais imaginé qu’une simple petite esquive aurait pu avoir de telles conséquences. Elle n’avait pas voulu tromper son frère, juste se débarrasser rapidement de questions gênantes, et voilà que maintenant elle sentait un certain froid entre eux. Il en allait de même avec Tibérius, cela dit : depuis un certain temps, l’aîné de la fratrie semblait avoir la tête ailleurs. Et Gaïa ne voyait que trop bien où le menaient ses pensées.

Alors la jeune femme avait décidé d’agir. Gaïa n’était pas une femme de confrontation, habituellement : elle détestait avoir à mettre les points sur les i. Pourtant, elle savait parfaitement le faire lorsque cela était nécessaire, et elle estimait, aujourd’hui, que cela l’était. Certaines choses n’étaient plus à leur place, et ça, Gaïa l’avait en horreur. Chaque chose à sa place et le monde filerait droit. C’est pourquoi il était temps que Gaïa reprenne les choses en mains pour remettre son monde sur les rails.

Assise dans le salon d’hiver qui donnait directement sur le jardin, Gaïa faisait tourner sa tasse de thé à moitié vide dans ses mains en attendant son invité. Marcianna n’était pas là. Elles seraient seules. Pas que Gaïa ne voulait pas voir sa sœur, au contraire, mais elle la trouvait trop tendre pour ce que la première des jumelles avait prévu. Mieux valait que cela reste entre Gaïa et son invitée… Après tout, la jeune femme ne voulait pas créer un scandale, juste rappeler à une vieille amie que, si elles étaient restées si longtemps en si bons termes, c’était parce que chacune avait su tenir sa place. La hiérarchie n’était pas une simple décoration, ou une simple structure de façade. Elle était l’essence même de leur société, de ses fondations, et malgré toute l’affection que Gaïa pouvait avoir pour Rose, il était nécessaire que cette dernière se rappelle bien de cela.

Après tout, Rose était devenue une Sang-Pure en cours de route, elle n’était pas née ainsi, n’avait pas grandi ainsi. Gaïa, si, et c’était là ce qui faisait toute la différence entre elles.

A l’heure indiquée pour leur rendez-vous, Gaïa entendit la porte d’entrée s’ouvrir, laissant entrer sa cousine. La jeune femme lança un regard à l’horloge. Rose était pile à l’heure. La jeune Yaxley se leva alors pour accueillir la jeune femme.

- Rose ! Comment vas-tu ? demanda Gaïa avec un sourire, embrassant sa cousine. Toujours très ponctuelle, ma chère.

En tant qu’hôte digne de ce nom, Gaïa invita sa cousine à s’installer, lui proposa du thé, la fit servir, orchestrant le tout d’une main de maître. Le moment était appréciable, mais, bientôt, les choses sérieuses commenceraient.

- Comment s’est passée ta journée ? J’imagine que tu dois être fatiguée de courir partout dans les couloirs du Ministère…

Gaïa gardait une distance de bon ton quant au travail de Rose, mais, au fond, elle l’enviait. Les Yaxley vivaient dans les traditions, ce qui convenait parfaitement à la jeune femme. Et pourtant… pourtant Gaïa aurait adoré mettre à profit tout ce qu’on lui avait enseigné. Elle aurait adoré se lancer dans la politique aux côtés de Tibérius, étudier et avancer dans un domaine qui lui aurait plu. Attention, il ne fallait pas croire que sa vie ne lui convenait pas : Gaïa était parfaitement satisfaite de ce qu’elle avait réussi à accomplir jusqu’à aujourd’hui. Mais elle aurait aimé plus… Elle aurait aimé briller davantage.

- Raconte-moi un peu ta vie, ces derniers temps. On ne t’a pas beaucoup croisé depuis la réception du Nouvel An…

Oui, et pour quelle raison Rose, dis-moi ? Dis-moi, ma chère, ce que tu faisais avec mon frère, ce qu’il s’est passé entre vous. Que je puisse réparer cette erreur… Par Merlin Tibérius, je ne t’aurais pas pensé aussi naïf.


Gaïa affichait toujours un petit sourire amical, comme si de rien n’était. Comme si ce n’était qu’une réunion entre amies, comme si elles ne faisaient que discuter. C’était encore le cas, bien sûr. Pour combien de temps encore ? Gaïa n’aimait pas avoir le rôle de la méchante, mais elle était la seule à y voir assez clair dans cette situation pour pouvoir prendre des décisions raisonnée. Alors si personne d’autre ne voulait remettre tout ce beau monde dans le bon ordre, elle s’en chargerait, quitte à passer pour la garce de service.

Car elle, elle savait où était sa place.
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Rose Ashford-Selwyn
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Message#Sujet: Re: We Create Our Own Demons   We Create Our Own Demons Icon_minitimeJeu 30 Juil - 19:00

❝ Gaïa, Tibérius & Rose❞ We Create Our Own Demons
Ca fait dix minutes que Rose se tient devant la porte d’entrée du Manoir des Yaxley. Elle connaît bien les lieux, elle y était plus souvent que dans sa propre maison lors des vacances scolaires, mais aujourd’hui, sans qu’elle sache pourquoi la demeure ancestrale de ses cousins lui paraît imposante et froide. Elle se fait la réflexion que c’est probablement comme ça que la perçoivent les étrangers lorsqu’ils la voient pour la première fois.  Ca lui semble ridicule d’être intimidée par un lieu qu’elle connaît si bien, mais elle ne peut pas s’empêcher d’avoir une certaine réticence à l’idée d’entrer dans le bâtiment. Elle regarde encore une fois sa montre et constate qu’il est l’heure, elle se décide donc de sonner à la porte et laisse l’elfe de maison la conduire jusqu’à l’aîné des soeurs Yaxley.

Son hôte l'accueille avec un sourire et Rose lui rend le même. Elle sait que son malaise n’est pas perceptible, mais ça l’empêche pas de le ressentir alors qu’elles s’installent dans le confortable salon d’été où elle est reçue. Rose se sentirait presque paranoïaque - elle ne travaille pas aux Mystères pour rien - mais il lui semble que le lieu où son amie a décidé de la recevoir est une indication que les choses ne sont pas comme d’habitude. La fratrie Yaxley et Rose entretiennent une relation qui est au delà des convenances habituelles et ayant été élevé ensemble, il n’y a jamais eu besoin d’invitation pour que l’on arrive chez l’un ou chez l’autre. Néanmoins Rose joue le jeu, elle saura bien assez tôt pourquoi elle est là et elle devine que ce n’est pas juste pour prendre le thé.

- Gaïa ! Je vais bien et toi ? Je m’en serais voulue d’arriver en retard, tu sais à quel point je déteste ça.


En bonne aristocrate, Rose reste très à cheval sur la politesse et les manières. Arriver en retard, c’est un signe de mauvaise éducation et Rose déteste l’idée d’insulter son hôte en n’étant pas à l’heure, peu importe à quel point elle n’avait pas envie de venir aujourd’hui. Elle prend sa tasse de thé et ajoute tranquille du peu de sucre dans celle-ci avant de la porter à ses lèvres, elle manifeste un certain étonnement quand son amie lui demande comment c’est passé sa journée. Ce n’est pas que sa sollicitude l’étonne, mais simplement que les deux femmes parlent rarement du travail de Rose. Premièrement, parce qu’elle n’a jamais pu en dire grand chose si ce n’est qu’elle fait de la recherche, mais ensuite parce qu’aucune des soeurs Yaxley ne travaillent. Après tout, dans la famille, si on estime Rose excentrique parce qu’elle a décidé d’avoir une carrière, tout le monde s’attend à ce qu’elle mette celle-ci de côté dès son mariage. Un peu hésitante, elle répond :

- Ce sont généralement les gens qui courent pour moi, mais j’ai quelques deadlines qui arrivent sur des projets importants. Je ne suis pas à plaindre, j’imagine que c’est pareil pour tout le monde, je n’ai presque pas croisé Tibérius et Thaddeus depuis la reprise et pourtant, on travaille dans le même bâtiment.

La suite de la discussion bien que tout à fait naturelle la met sur ses gardes. Les deux femmes viennent de la même maison et c’est sous la bannière de Salazar Serpentard qu’elles ont étudiés. Car si Tibérius n’a jamais su faire des ronds de jambe et maîtrisé les non-dits, il est bien le seul de sa famille à ne pas en avoir le talent. Rose a l’impression que Gaïa a autre chose en tête, mais une partie d’elle refuse de se dire que son amie n’oserait pas lui demander les choses frontalement. Elle décide donc de répondre avec une certaine franchise, parce qu’elle estime qu’elles sont amies et qu’il ne sert à rien de faire semblant.

- Non, c’est vrai. Je crois que comme tout le monde, j’ai eu beaucoup de travail, mais ça ne m’a jamais empêchée de passer du temps avec vous. Caelum m’accapare un peu ces temps-ci, il y a toujours un dîner programmé avec les Selwyn ou quelque chose à faire en famille, elle roule les yeux ici avec une certaine exaspération sans en ajouter plus. Gaïa connaît parfaitement ses démêlées avec son cousin et sait, comme elle, qu’il lui porte un intérêt bien plus marqué depuis qu’elle est devenue héritière de plein droit. Sans compter que Thaddeus, Tibérius et moi avons eu un désaccord avant Noël, les choses se sont réglées depuis, mais je préférais qu’on se laisse tout un peu d’air, le temps de digérer tout ça. Enfin, j’imagine que ce n’est pas ce dont tu voulais entendre parler, ajoute-t-elle avec un sourire. Pour ce qui est de ma vie, je me disais qu’il était justement temps de penser à l’avenir. Avec l’argent que tante Margaret m’a laissé, j’envisageais de faire quelques investissements immobiliers, que dirais-tu de regarder avec moi ? Tu as toujours eu un goût sûr pour ça.

Dans le fond, Rose ne ment pas. En réalité, il n’y a rien de inexact dans ce qu’elle dit, elle se contente simplement d’orienter la discussion dans la direction qui l’arrange. Elle sait qu’elles sont deux à pouvoir jouer à ça et on verra justement si Gaïa veut jouer.

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Message#Sujet: Re: We Create Our Own Demons   We Create Our Own Demons Icon_minitimeJeu 30 Juil - 22:47

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Gaïa appréciait sincèrement Rose. Elles avaient grandi ensemble, après tout, avaient été amies presque depuis le début, avaient fait leurs études ensemble… Oui, Gaïa appréciait sincèrement Rose. Pourtant, elle avait toujours été parfaitement conscience de la différence fondamentale qui existaient entre elles. Dès le départ, Gaïa avait considéré son amitié comme un cadeau envers Rose : l’accueillir dans leur cercle, c’était faire en sorte qu’elle ne soit pas seule, car, tout de même, elle appartenait un peu à leur monde, n’est-ce pas ? Et on ne pouvait décemment pas laisser cette jeune fille livrée à elle-même. Gaïa avait fait preuve, dès le départ, d’un élan qu’on aurait presque pu qualifié de « maternaliste ». Elle considérait, comme avec beaucoup d’autres de sa fratrie, avoir une expérience supérieure et, de fait, être à même de guider les autres dans la bonne voix. Sans elle, sans sa famille, que serait devenue Rose à son arrivée dans le cercle des 28 ? Comment les autres auraient accueillis la bâtarde des Selwyn ?

Alors oui, Gaïa appréciait sincèrement Rose, mais elle avait toujours été conscience de certaines limites qui, jusqu’à aujourd’hui, n’avaient jamais été franchies. Oh, elles ne l’étaient toujours pas d’ailleurs, mais mieux valait prévenir que guérir, n’est-ce pas ? La jeune Yaxley ne voulait pas perdre l’amitié de Rose, même si certains aspects de la vie de cette dernière la… dérangeaient. Cependant, à voir comment les choses se profilaient, il fallait impérativement remettre Rose sur les rails. C’était une fatalité qui peinait énormément Gaïa, mais Rose ne ferait jamais totalement partie de leur monde, peu importe à quel point elle serait aristocrate, peu importe à combien de soirées elle se présenterait, peu importe qui elle épouserait…

- Oh mais tout va parfaitement bien, comme d’habitude. Et bien sûr que je sais, depuis qu’on se connaît, ajouta-t-elle avec un petit sourire.

Elles s’installèrent. Pour la première fois depuis des années, Gaïa fut frappée par l’harmonie avec laquelle Rose se fondait dans le décor. Elle avait l’air à sa place et, en un sens, la jeune femme reconnaissait qu’elle y était. Et pourtant, au vu des récents événements… Gaïa ne pouvait s’empêcher de poser un œil nouveau sur son amie. Comme si elle voyait une vérité qu’elle avait longtemps refoulée, quelque chose d’évident qu’elle avait refusé de voir pendant des années.Rose s’était fait une place chez les Yaxley, sans jamais avoir une totale légitimité. C’était la pitié, au fond, qui avait guidé les affections des autres envers elle, pitié qui s’était atténuée avec le temps, tandis que cette enfant bâtarde grandissait, s’épanouissait. Sa réussite avait fait oublier son origine, comme on oublie facilement la couleur originelle de murs qu’on a peints et repeints, jusqu’à ce que, un jour, la peinture finisse par s’écailler.

Mais pour l’instant, ce n’était pas le sujet. Pas totalement. Pas directement. Mieux valait parler de choses plus… légères. Pour l’instant.

- Surtout dans ton domaine, j’imagine que ça ne doit pas être évident. Enfin bon, je ne doute pas de toi : tu sauras t’acquitter de tes obligations en temps et en heure. Si ce n’était pas le cas, tu ne travaillerais pas là-bas, après tout.

Gaïa tentait de se détendre, mais la mention de ses frère fit bouillonner quelque chose de mauvais en elle. Elle lança un petit regard à Rose par-dessus sa tasse de thé. Etait-ce de la jalousie qu’elle ressentait à l’égard de son amie ? Certainement pas. Elle savait parfaitement que, peu importe la place que Rose prenait – ou prendrait… - dans leurs vies, elle resterait toujours bien plus proche de Tibérius et de Thaddeus que la jeune Selwyn ne pourrait jamais l’être. Non, ce qu’elle ressentait, c’était… En fait, elle ne savait pas bien décrire ce qu’elle ressentait pour Rose à cet instant. Gaïa se sentait dépassé, comme si Rose la semait dans son sillage, alors que la jeune Yaxley s’était toujours vue avec une longueur d’avance. Elle avait l’impression d’être lésée.

Elle détestait ça.

- Ah… Mes frères sont très pris par leur travail, c’est certain, Tibérius sûrement plus que Thaddeus, mais tout de même. Même nous, nous les voyons peu, voir presque pas, certains jours. Je suis sûre que, toute occupée que tu es, tu dois les voir bien plus que nous, c’est dire.

Et ça, plus que tout, ça exaspérait Gaïa. Rose n’avait-elle déjà pas assez ? N’était-elle pas déjà assez présente ? Même les Sang-Purs lui couraient après, de toute évidence…

- Hum… Caelum est tenace, de toute évidence. On ne peut pas lui retirer ça. Il a l’air de vraiment tenir à ce que vous passiez du temps ensemble. Il doit sûrement penser qu'à force d'insister, tu finiras par céder, au moins par dépit.

Et finalement, elles en arrivèrent à ce qui intéressait véritablement Gaïa. Ce qui s’était passé entre Thaddeus, Tibérius et Rose. Oh, Gaïa connaissait déjà une partie de l’histoire, puisqu’on – et par « on », elle voulait dire Thaddeus – la tenait pour responsable, de toute évidence. Une bête histoire qui avait pris des proportions bien trop grandes. Et qui avait révélé une relation en pleine mutation entre Tibérius et Rose.

Et c’était ça, précisément, qui faisait bouillir Gaïa.

- Oui, j’avais cru ressentir quelques… tensions. Mais tu as très bien fait de prendre de la distance, je pense que c’était la meilleure chose à faire étant donné la situation… Enfin bon, tu as raison, parlons d’autre chose. Avec plaisir, ajouta la jeune femme lorsque son amie lui proposa de regarder avec elle un potentiel investissement immobilier. Tu as de beaux projets Rose… Il ne manque plus qu’un homme dans ta vie pour que tout soit finalement complet, ajouta-t-elle alors, mine de rien.

Allez Rose, faisons comme si de rien était encore un peu, le temps de voir qui de nous deux craquera la première...
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Message#Sujet: Re: We Create Our Own Demons   We Create Our Own Demons Icon_minitimeDim 2 Aoû - 0:10

❝ Gaïa, Tibérius & Rose❞ We Create Our Own DemonsChose étrange pour une gamine débarquant du monde moldu dans le monde sorcier sans jamais y avoir mis les pieds, elle s’est tout de suite sentie à l’aise chez les Yaxley. Pourtant, tout aurait dû effrayer et intimidé une autre enfant que ça soit le sévère patriarche, la taille de la maison, les traditions rigides ou encore l’aspect très élitiste et clanique de leur famille. Pourtant, il n’a pas fallu longtemps à la petite fille de onze ans pour trouver sa place au milieu de cette grande fratrie parce que par des bien aspects, les Yaxley ressemblaient bien plus à sa propre famille qu’ils ne se préocuperaient de l’admettre s’ils étaient au courant. C’est probablement pour ça que sa tante, Margaret, consciente de cet état de fait a toujours jugé utile de favoriser les relations entre les familles. Ainsi, Rose gagnait des cousins, mais aussi des amis et une légitimité que les Selwyn refuseront de lui donner pendant des années.

Si au cours des dix-huit années passées dans la demeure des Yaxley, elle ne s’est jamais sentie mal à l’aise, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Depuis sa malencontreuse dispute avec Thaddeus et Tibérius, la demeure ne lui semble plus aussi acceuillante qu’autrefois. Si le trio s’est réconcilier depuis Noël, ils se sont en réalité peu vu. Le travail fut une excuse pratique, mais ça n’a pas empêché Rose d’éviter l’endroit de son plein grès voyant moins ses amies par la même occasion.

Si une partie d’elle s’est réjouie en recevant une invitation de Gaïa, une autre aurait préféré qu’elles se rencontrent en terrain plus neutre comme le Chemin de Traverse pour quelque chose de plus anodin, comme une journée de shopping. En un sens, il semble ridicule à la jeune femme de ne pas se sentir à l’aise. Gaïa l’acceuille avec la même courtoisie que d’habitude et si Rosie s’étonne de l’absence de Marciana, elle se raisonne en se disant que le climat de paranoïa qui règne aux Mystères finit par déteindre sur elle.

La jeune femme sourit aux compliments de Gaïa sur son travail, mais les écarte d’un mouvement de main. Rose est une experte dans son domaine, mais elle n’a pas l’arrogance de se croire irremplaçable. Si elle a obtenus une place de choix au Ministère, c’est aussi un peu de la chance du à son nom. Néanmoins, elle veut croire qu’elle fait du bon travail et parfois elle serait curieuse de savoir ce que ses amis penseraient s’ils savaient qu’elle passe ses après-midi à créer des sorts dont le but reste la destruction du plus grand nombre. Cependant, elles ne sont pas là pour parler du travail et elles reviennent sur un sujet plus familier.

Les aînés du clan Yaxley ont toujours fait office de pilier dans leur groupe et la jeune femme connaît l’attachement des jumelles pour leurs aînés. Elle leur envie cette unité qu’elle ne connaît pas avec sa propre fratrie due à l’éloignement nécessaire auquels ils ont dû se plier depuis qu’elle a appris qu’elle est une sorcière. Avec un sourire, elle admet que son amie a probablement raison.

- J’ai vu Thaddeus la semaine passée, on a eu le temps de manger ensemble. Il avait l’air particulièrement à bout, je crois qu’il s’entend de plus en plus mal avec son chef, conclut-elle en haussant les épaules.

Même si Rose apprécie son ami, elle doit bien admettre que le travail et lui ne font pas vraiment bon ménage. Aussi est-elle convaincue que son chef ne doit pas toujours avoir facile et si elle s’en tient à ce que Tibérius lui a déjà raconté, il semble que c’est parfois par miracle que son cadet a toujours son travail.

Evoquer Caelum, c’est un classique dans leur discussion, un peu comme parler de Riyadh dont Gaïa ne semble jamais se lasser. Pourtant, cette fois-ci, la discussion ne tourne pas exactement comme elle le devrait. Un accord tacite entre les filles a toujours régner indiquant que quoiqu’il fasse, Caelum ne rentrerait jamais dans leurs bonnes grâces. Or si Gaïa ne le défend pas, elle ne condamne pas non plus explicitement. Encore une fois, la jeune femme s’en veut. Ne voit-elle pas des signes là où il n’y en a pas ? Elle chasse cette pensée de sa tête et répond sur le même ton :

- On passe du temps ensemble, je dois même reconnaître qu’il fait tout pour se montrer agréable et essayer de m’accompagner a un maximum d’évènements. Je crois que c’est ça qui le rend insupportable. Admettons que ses excuses pour le passé soient sincères, le fait qu’il force les choses autant manque de naturel. Je t’avoue que je ne savais pas comment remercier Tibérius quand il a accepté de m’accompagner au Ministère à la place de Caelum. Je n’aurais pas su passer une soirée de plus avec lui.


D’ailleurs, malgré leur dispute et le manque d’enthousiasme de son cavalier, la jeune femme estime qu’ils ont passés une bonne soirée, chacun de son côté tentant de faire oublier à l’autre leur récente dispute. Le sujet se dirige évidemment vers celle-ci, il aurait été inutile de prétendre que rien ne s’était passé. Rose se souvient d’ailleurs de la façon dont son amie lui a repproché la mauvaise ambiance qui régnait à Noël et elle est mal à l’aise un moment. Elles changent donc de sujet pour en venir à quelque chose que Rose estime plus neutre. Elle ne pouvait pas plus se tromper et cette fois-ci quelque chose semble définitivement off. Elle hausse un sourcil interrogateur et se surprend à avoir une pointe d’agacement. Est-ce que toute cette discussion n’a pas un autre but que celui qu’elle pensait voir ? Avec une certaine retenue, elle répond :

- Je suppose que tu ne m’as pas prise au sérieux la dernière fois quand je te disais que j’envisageais de rester célibataire. Après tout, j’ai l’avantage d’être indépendante maintenant.


Sans compter qu’elles savent toutes les deux ce qu’il n’y a pas besoin d’énoncer, c’est-à-dire que les circonstances de sa naissance rende les choses plus compliquée.

- J’en parlais justement à Tibérius il y a quelques mois, ajoute-t-elle sans arrière pensée. Il ne semblait pas du même avis, mais je crois que c’est simplement parce que pour vous l’assurance de Margaret et de ton père a toujours été suffisante.

Elle prend une gorgée de sa tasse de thé et demande :

- Je suppose que Marciana ne nous rejoint pas ? J’ai l’impression que tu voulais me demander quelque chose.

Si Rose n’aime pas la confrontation et, en bonne Serpentard, la fuit d’habitude, elle n’aime pas les faux semblants avec ses amis et la jeune femme a clairement l’impression que Gaïa ne joue pas franc jeu avec elle.

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Message#Sujet: Re: We Create Our Own Demons   We Create Our Own Demons Icon_minitimeMer 9 Sep - 22:12

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Qu’avait ressenti Gaïa en rencontrant Rose pour la première fois ? C’était difficile à définir. On pouvait dire ce qu’on voulait, les émotions d’une enfant de onze ans étaient bien plus complexes que ce qu’il n’y paraissait. De la curiosité ? De la méfiance ? Un sentiment d’affection, de supériorité ? Un peu de tout ça à la fois, supposait la jeune femme. Elle avait apprécié cette nouvelle amie  qu’on lui avait servie sur un plateau d’argent, comme si on leur donnait une poupée grandeur nature. Elle avait encore plus apprécié voir Rose se fondre parfaitement dans le groupe, accueillant avec sûrement un certain soulagement cette fratrie qui lui donnait l’impression de ne pas être perdue dans un tout nouveau monde. Tout c’était bien enchaîné à cette époque-là. Rose avait besoin d’eux, elle avait besoin d’elle, et Gaïa aimait remplir ce rôle de guide, de « grande-soeur »

Les choses avaient désormais changé. En réalité, c’était le cas depuis un long moment. Rose avait toujours été plus libre que ne l’avaient été les filles Yaxley : sa propre fortune, son propre travail, son chez elle… Gaïa n’avait jamais eu accès à tout ça et voir Rose prendre son indépendance vis à vis d’eux – vis à vis d’elle – lui avait fait ressentir un sentiment d’infériorité qu’elle n’avait jamais eu à gérer et qu’elle rejetait de tout son être. C’était sûrement cette part de Gaïa, amère, mauvaise, qui lui avait soufflé que Rose n’était, au fond, qu’une bâtarde, qu’elle n’avait pas tant que ça sa place parmi eux et que, si elle ne reprenait pas rapidement conscience des limites à ne pas dépasser, ce serait à elle, Gaïa, de la remettre sur le droit chemin. Après tout, n’était-ce pas ce que les amis faisaient ?

Alors, en tant qu’amie, Gaïa avait préféré régler les choses dans l’intimité. Pourquoi se passer de la présence de Marciana ? Pour la simple raison que sa jumelle était plus… tendre. Plus influençable. Moins prompte à prendre les décisions qui s’imposaient quand ces dernières étaient nécessaires mais pouvaient fâcher. Gaïa aimait sa sœur plus que n’importe qui au monde, mais  elle était lucide : Marcianna n’aurait pas su être ferme face à Rose, elle était trop gentille. Gaïa n’avait pas ce genre de frein. Et si elle devait revêtir le rôle de la méchante, eh bien soit. Les intérêts de sa famille passaient avant tout, même avant les amitiés.

Sagement, Gaïa écouta son amie parler. Etrangement, chaque mot que prononçait Rose l’irritait davantage que le précédent. Aveuglée par la jalousie, Gaïa ne voyait plus que prétention dans la modestie, que mépris dans l’affection. Elle cherchait des sens cachés là où il n’y en avait pas et s’énervait seule en tirant seule ses propres conclusions. Thaddeus, Tibérius… A croire que c’était avec eux que la jeune femme avait passé son enfance, et non avec les jumelles. Qui avait écouté les histoires de Rose, qui avait apporté son soutien à la jeune femme ? Les deux frères étaient déjà grands quand elles étaient petites, trop pour lier de vrais liens à cet âge-là. Et voilà qu’aujourd’hui, après tout ce que Gaïa avait fait pour elle, Rose lui tournait le dos, intéressée par… d’autres perspectives. Avait-elle toujours profité d’elle de cette façon ? Se demanda la jeune femme, amère, déçue par son amie.

- Thaddeus a toujours eu du mal avec l’autorité. Il n’aime pas se laisser dicter sa conduite, malgré son apparente docilité, répondit Gaïa.

Elle connaissait mieux son frère que Rose, après tout. Qu’elle se rabatte sur Caelum plutôt, et qu’elle laisse Thaddeus et, surtout, Tibérius en paix. Gaïa appréciait sincèrement Rose, mais son comportement prouvait de plus en plus qu’elle n’avait rien à faire dans la famille des Yaxley. Ils lui avaient déjà bien trop ouvert les bras, de toute évidence…

- Oui, s’imposer n’a jamais fait ses preuves, répliqua Gaïa, avec un petit rire sec. Heureusement que Tibérius était là, à ce que je vois.  T’aider semble lui tenir à coeur… Il a toujours été comme ça, finalement : jouer les gros durs, mais être plus tendre qu’il n’y paraît, parfois dans un certain excès.

Mine de rien, Gaïa préparait le terrain. Oh, elle savait que Rose n’était pas dupe, après tout, elles avaient fait leurs classes à Serpentard et tout bon Serpentard savait déceler les sous-entendus. C’était à celle qui craquerait la première et, sur ce terrain-là, Gaïa savait qu’elle avait l’avantage. Malgré toute l’indépendance et la détermination de Rose, cette dernière était encore trop douce, pas assez féroce. Gaïa était d’une autre trempe.

- L’indépendance ne fait pas tout, Rose. Il y a des attentes qui pèsent sur nous. C’est encore plus vrai pour toi, ajouta Gaïa, fixant son regard clair dans celui de Rose.

On y était, très certainement. Gaïa ne doutait pas que les choses allaient bientôt basculer. Alors, quand la blonde finit par laisser tomber les faux-semblants, la jeune Yaxley se prépara pour la suite. Ça n’allait pas être une partie de plaisir, ni pour elle ni pour Rose.

Poussant un léger soupir, Gaïa reposa lentement sa tasse, en silence. Au fond, elle n’avait pas envie d’avoir cette discussion. Malgré tout, elle tenait à Rose, elle se rappelait bien de tout ce qu’elles avaient partagé dans leur vie, depuis maintenant un peu plus de dix-sept ans. Mais, d’un autre côté, c’était comme une évidence, comme si cette discussion était vouée à se dérouler, et ce depuis le début. Alors, prenant son courage à deux mains, et faisant taire l’amie en elle, Gaïa se lança dans l’arène, lourdement armée.

- En effet, Marciana ne viendra pas. Je voulais te voir en privée, Rose, car j’estime que ce que j’ai à te dire n’a pas besoin de spectateur.

Maintenant, elle ne pouvait plus reculer. Croisant les mains sur ses genoux, Gaïa poursuivit.

- J’ai entendu… des rumeurs. Tu sais aussi bien que moi à quel point les ouï-dire peuvent être puissants et, même si la vérité est souvent profondément enfouie, il y en a toujours une part dans ce qui est raconté. Alors imagine ma surprise lorsqu’on est venu me raconter que mon amie, à savoir toi, était allée se vanter dans un pub du fait qu’elle était tout de même un bon parti et qu’il aurait été plus que temps que Tibérius Yaxley le remarque.

La dernière phrase avait été prononcée avec une froideur polaire. Gaïa luttait pour conserver un air neutre, mais elle enrageait intérieurement. Comment Rose avait-elle pu ? Après tout ce qu’ils avaient fait pour elle, après toutes ces années, elle n’envisageait leur famille que comme un tremplin, que comme un outil ? Ingrate… pensa amèrement Gaïa.

- Je ne sais pas le vrai du faux de cette histoire, Rose, mais je suis assez déçue, je dois dire. De toute évidence, tu as bien dû aborder le sujet : ce genre d’accusation ne sort pas de nulle part. Alors tu vois, quand tu me parles de célibat, d’indépendance, en me regardant droit dans les yeux… Eh bien, j’ai un peu de mal à te prendre au sérieux.

Gaïa braqua son regard droit dans celui de Rose, l’air plus dure que jamais.

- Si tu envisages l’avenir, j’en suis ravie. Mais te servir de nous pour cela, c’est bas. Tu dépasses les limites Rose : je pense que ma famille t’a suffisamment tendue la main pour que tu la respectes plus que ça. Nous impliquer dans des rumeurs vaseuses… Tu ne fais que mettre en avant les… « différences » qui nous séparent, et que nous avons eu tant de mal à faire disparaître aux yeux des autres…

Gaïa soupira, d’un air un peu tragique : Rose était encore une enfant, par certains aspects, elle avait tendance à l’oublier.

- Je te conseille en tant qu’amie : quand on a des origines telles que les tiennes, on fait attention, et on se plie aux règles qui existent. Tibérius est bien en dehors des limites qui sont les tiennes, Rose.Reste à ta place, c'est ce qui est le mieux pour toi.

Les mots étaient durs, sans pitié, car Gaïa n’en ressentait aucune à cet instant précis. La seule chose à laquelle elle pensait, c’était à Rose, à la petite Rose, à cette enfant un peu timide qui avait débarqué un jour dans leur maison, et qui avait maintenant tant changé…

Ingrate petite bâtarde.
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Message#Sujet: Re: We Create Our Own Demons   We Create Our Own Demons Icon_minitimeJeu 10 Sep - 0:05

❝ Gaïa, Tibérius & Rose❞ We Create Our Own DemonsC’est un beau spectacle que les jeune demoiselles Selwyn et Yaxley dans le salon d’été de cette dernière. Il faut dire qu’elles sont élégantes, chacune à sa manière. Quand Gaïa brille par sa beauté naturelle et son aisance, Rose se fait remarquer par son élégance discrète et la douceur de ses traits.  Le thé est servis et la conversation, de loin, semble agréable et se dérouler de la façon la plus amicale qui soit. Difficile de se figurer que, sous le couvert d’un moment entre amies, se déroule un tout autre jeu. Un jeu dont Rose n’est sûre d’avoir encore tout à fait compris les règles, mais qu’elle perçoit aussi clair que de l’eau de roche.

Il faut dire que les deux femmes se connaissent bien. Rencontrée à l’âge de onze ans, elles ont passés presque autant de temps ensemble que si elles avaient été soeurs de sang. Elles ont grandis ensemble, se sont formées ensemble et probablement influencées tout au long du processus. Il n’en faut donc pas beaucoup à la jeune femme pour percevoir que quelque chose cloche. L’absence de Marciana pour commencer, mais également la façon dont son amie mène la conversation. Car Rose ne s’y trompe pas, il y a un but derrière cette invitation qui n’est pas celui annoncé.

La façon dont tourne leur dialogue intrigue Rose. Toute à ses projets de mariage avec le cadet des frères Shafiq, son amie passe généralement plus de temps à planifier sa vie future qu’à s’occuper de la situation matrimoniale de Rose, si ce n’est pour rire avec elle des indiscrétions de leur cousin Caelum. Or, celui-ci, n’est plus en odeur de sainteté après du clan Yaxley - pour peu qu’il l’ait jamais été - et pas une seule fois la jeune femme n’en fait mention ce qui ne manque pas de perturber Rose.

- Je n’irai pas jusqu’à dire que Tibérius voulait m’aider, je pense que l’idée d’exaspérer Caelum a quelque chose de particulièrement séduisant pour lui en ce moment. Un rire lui échappe quand Gaïa sous-entend que son frère est un cœur artichaut. Excuse-moi, mais autant te dire que ce n’est vraiment pas la réputation qu’il a au Ministère … Enfin, c’est ton frère, tu le connais mieux que moi, je te laisse seule juge, conclut-elle quand elle s'aperçoit que son amie ne se joint pas à son rire.

Non, définitivement, quelque chose cloche aujourd’hui. L’ambiance est pesante. La conversation, même si elle semble naturelle est loin de l’être et tout dans l’attitude de son amie crie la retenue plutôt que l’abandon amical et la chaleur qui caractérisent leur relation. C’est sûrement ce qui décide Rose, après un commentaire sur les attentes qui pèsent sur elle, à jouer peut-être un peu plus franc jeu que sa compagne qui ne semblait attendre que ça.

- Certes, il y a des attentes te concernant, Gaïa, mais ça n’a rien d’étonnant si on considère la famille dont tu viens. Dans mon cas, il me semble qu’à l’inverse il n’y a pas d’attentes, simplement des interdits que je ne peux franchir. La nuance me semble importante.

Elles se fixent pendant un moment en silence et Rose devine chez sa cousine une tension que celle-ci tente de cacher depuis le début de l’entretien. Soudain, l’ambiance se refroidit ,et la confirmation que Marciana ne viendra pas, incite Rose à changer, elle aussi, d’attitude. En quelques secondes, le dos est plus droit, le regard plus froid et si, pour le moment, elle ne se départit pas encore de son éternel sourire, elle est presque sûre que ça ne durera pas longtemps.

La suite lui donne raison. A son tour, la jeune femme pose sa tasse de thé sur la table. Le breuvage, qui lui plaisait encore quelques secondes auparavant lui semble bien amer désormais faisant échos aux accusations sans le moindre fondement de sa cousine. Il faut dire que Rose est offusquée des sous-entendus de celle-ci. Il lui semble particulièrement honteux qu’on ait pu propager une rumeur aussi grotesque que celle qu’on vient de lui énoncer. Elle est d’ailleurs bien loin de penser que sa conversation avec Archibald autour d’un verre au Chaudron Baveur puisse avoir été entendue par une vieille rombière en manque de ragot dont le premier réflexe fut de déformer ses propos. Toute à son indignation, elle ne manque pas d’égaler la froideur de sa cousine quand elle répond avec courtoisie :

- Je dois bien admettre que je suis surprise et déçue, Gaïa. On se connaît depuis longtemps et je n’aurais jamais pensé que tu accorderais ne serait-ce qu’une once de crédibilité à des ragots de seconde main probablement colporté par une personne mal intentionnée. Tu sais pourtant, comme moi, que lorsque l'on veut attaquer une famille, on tente d’abord d’en saper l’unité. Quel meilleur moyen pour ça que de prétendre que j’ai des vues sur Tibérius ? Merlin sait que, depuis les soupçons qui pèsent sur Octavia, nos ennemis sont légions.

Dans le fond, même si on ne se l’imagine pas, Rose est politicienne. Quoique discrète, elle a, de par son éducation, cette lecture rapide d’une situation complexe. Goûtant peu les conflits, elle n’apprécie pas être sur le devant de la scène, mais sait tout de même tirer le meilleur parti d’un moment T. Si, malgré la sécheresse de sa cousine, elle prend encore la peine de parler de “nous” lorsqu’elle évoque la situation d’Octavia, c’est pour lui permettre de se rétracter. Rose, comme n’importe qui, est, elle aussi, sujette aux mouvements d’humeur et aux mauvaises interprétations. Elle pourrait le pardonner avec Gaïa à qui elle tient particulièrement, mais son amie ne semble pas ou ne veut pas prendre la branche d’olivier qu’elle lui tend et continue sur sa lancée, offensant toujours un peu plus la jeune femme jusqu’à ce que le retour en arrière ne soit plus permis.

Nul doute que la dureté dont sa cousine fait preuve blesse la jeune femme plus qu’elle ne veut le montrer. Une partie d’elle refuse d’entrer en conflit avec Gaïa pour de multiples raisons qui ne tiennent pas uniquement au fait qu’elle considère la jeune femme comme une sœur. Néanmoins, plus celle-ci parle, plus la résolution de Rose faiblit. Certes, elle n’apprécie pas le conflit et le fuit quand elle peut raisonnablement le faire, mais la jeune Yaxley attaque sa réputation, son honneur en réalité et Rose ne peut pas décemment rester sans rien faire. Quoiqu’en pense Gaïa, elle reste une Selwyn et avant toute chose, elle est simplement Lady Rose Ashford et elle vaut bien autant que n’importe laquelle de ses cousines si pas plus. C’est cette certitude qui garde son dos droits. Son regard se fait sévère, si pas dédaigneux, devant la grossièreté des sous-entendus qui sont fait. Une fois le réquisitoire de la jeune femme terminée, elle prend la parole avec dignité et si le ton de sa voix ne s’altère jamais, Gaïa la connait assez pour percevoir le mélange de dédain et de fureur qui s’y cache.

- Voici donc ce que cachait cette charmante invitation à prendre le thé en ta compagnie. Je ne prétendrai pas que cette conversation n’est pas une surprise. Les accusations que tu portes à mon encontre sont non seulement graves, mais aussi particulièrement insultantes. Je n’ai jamais fait preuve, à ton encontre, que d'honnêteté et il m’a toujours semblé que ma parole était une preuve suffisante comme la tienne l’a toujours été pour moi. Il semblerait que je me suis fourvoyée et j’en suis la première désolée.

Désolée, mais également blessée. Une chose qu’elle se refuse à dire à Gaïa. L’heure n’est plus au sentimentalisme. En réalité, l’heure n’est même plus à la dispute. C’est ici une rupture en bonne et due forme qui est en train de s’opérer. La jeune Yaxley n’est pas une écervelée à qui on pourrait pardonner des propos inconsidérés. Rose la connaît et elle sait que son amie a parfaitement mesuré l’impact des propos qu’elle vient de lui servir. Elle a peut-être, comme beaucoup, simplement sous-estimé la fierté de Rose, comme si après une discussion pareille Rose pouvait simplement s’écraser et continuer comme si de rien n’était.

Quelle ironie de savoir qu’elle a refusé les avances de Tibérius précisément pour éviter ce genre de situation et qu’elle se voit accusée comme si l’idée venait d’elle. Désormais, la question n’est même plus de se défendre face à une accusation, mais bien d’asseoir sa position car ni par amitié, ni par amour Rose ne se laissera marcher sur les pieds.

- Je ne vais même pas prendre la peine de me défendre face à tes accusations. Elles sont grotesques et n’ont aucun fondement. Je refuse de penser que, malgré ton intelligence, tu puisses y accorder le moindre crédit et je me vois donc dans l’obligation de croire qu’il y a ici une démarche perverse qui vise à m’insulter en toute connaissance de cause. Or, même de ta part, surtout de ta part en réalité, ma très chère Gaïa, je refuse d’être insultée ou diminuée. Si le flou qui entoure ma naissance a toujours été sujet à spéculation, ton père, comme ma tante, ont toujours été des plus sensé à ce sujet. Ils ne l’ont jamais remis en question. J’ai toujours pensé que toi et ta fratrie étiez au dessus du lot pour ne pas questionner l’évidence, mais il semble qu’ici encore, je me suis fourvoyée.

Si elle s’écoutait, la colère qu’elle ressent prendrait le pas sur son éducation et ferait céder les barrières de la bienséance qu’elle s’impose. Sentant qu’elle arrive à sa limite, la jeune femme se lève, continuant de fixer celle qui fut son amie avec le dédain d'une impératrice.

- Quant à ma place ma chère, je la connais et tu n’as aucune autorité qu’elle soit morale ou légale qui te permettrait de déterminer où elle se situe. Je t’inviterai donc à suivre tes propres conseils et à te concentrer sur ton mariage à venir et la place qui sera prochainement la tienne. Je suis certaine que les Shafiq veulent une fiancée pour leur fils et non pas une journaliste pour Sorcière Hebdo. Sur ce, je me permets de prendre congé et je te remercie pour ton invitation, elle fut particulièrement instructive. Tu présenteras mes regrets à ta mère, je n’aurais pas le temps de passer la voir aujourd’hui.

D’un geste de main dédaigneux, elle l’enjoint de rester assise.

- Ne te dérange pas pour moi, je connais le chemin.

D’un pas vif, Rose quitte le salon pour rejoindre la sortie laissant la jeune femme à ses propres réflexions. Elle sait que Gaïa ne la rejoindra pas et elle en est reconnaissante. Elle a atteint ses limites et ne se sent pas la force pour une autre confrontation avec sa cousine. Au détour d’un couloir, se sachant seule, elle se laisse aller contre le mur un moment et ferme les yeux. C’est qu’elle tremblerait presque de rage et de déception, mais dans le fond, c’est une immense tristesse qui domine la jeune femme et soudain, elle ne peut pas empêcher quelques larmes de couler. Un bruit dans le couloir lui fait ouvrir les yeux et Rose sent un vent de panique monter en elle en percevant le sujet même de sa dispute avec Gaïa. Elle tente de reprendre contenance, mais un peu trop tard.

- Merlin Tibérius, tu m’as fait peur. Je ne te savais pas ici. J’allai partir.

Avec un peu de chance, il est trop occupé pour vraiment faire attention à elle.


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Message#Sujet: Re: We Create Our Own Demons   We Create Our Own Demons Icon_minitimeJeu 10 Sep - 23:37



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Gaïa, Rose & Tibérius
Il faut que la maison tourne, mais Merlin sait que c’est difficile en ce moment. Avec un soupir, Tibérius Yaxley claque la porte du manoir derrière lui. La plus grande partie de sa journée a été consacrée à faire le tour des terres avec le régisseur et les employés, pour voir ce qu’il en est de l’état des cultures et des élevages. Les Yaxley ont toujours été des campagnards, à la manière des seigneurs paysans moldus. Avant d’être des politiques, ce sont des commerçants, de grands propriétaires terriens, et des administrateurs, plus habitués à la terre profonde et au grand air dans lesquels s’ancrent leurs racines. Si Tibérius est indubitablement un intellectuel, il est donc tout aussi à l’aise dans le rôle du gentleman-farmer, qu’il préfère à la rigueur, tout bien considéré, aux intrigues politiques. Au moins, dehors, personne n’est là pour le contrarier, il n’a aucun risque de devoir composer avec des egos mal placés et trop sensibles : là, son esprit pragmatique et scientifique peut s’exercer de manière volontaire sans rencontrer d’obstacle. Passer des heures dehors lui fait du bien. Lui permet d’oublier ses soucis, et de se vider la tête, même s’il se sent épuisé après. Il ne sait pas comment son père faisait pour tenir le choc, être aussi impliqué en politique, et en même temps gérer les affaires familiales, et le domaine. Peut-être, lui souffle sa propre conscience, parce que leur mère n’a pas toujours été si diminuée. Quoique fantasque, Circée était, auparavant, une gestionnaire plus rationnelle et une épouse plus que respectable – et d’ailleurs respectée.

C’est peut-être ce qui manque à Tibérius : le projet lui parait d’un mariage lui parait plus sérieux sous cette angle, et pas un simple sacrifice à la tradition, qu’il respecte et laquelle qu’il obéira pour sa famille, mais pas sans avoir décidé de comment. Un moment, sans qu’il n’y ait de lien logique sinon des sentiments qu’il ne dissimule pas très bien et qu’il ne cherche pas trop à dissimuler non plus – les formuler, c’est une autre paire de manche – ses pensées le ramènent distraitement vers Rose. Mais les choses sont compliquées, pour le moment. C’est peut-être ça qui manque à Tibérius Yaxley pour se projeter dans l’avenir et angoisser un peu moins : du calme, et le loisir de penser rationnellement.

Trop de choses lui tombent dessus en même temps. Les Selwyn, qui sont offusqués, et qu’il aimerait envoyer au Diable, parce qu’après tout, ce n’est pas sa faute si Caelum écoute aux portes. Mais d’un autre côté, cela l’empêche de voir Rose, de parler avec elle, de lui montrer qu’il est sérieux, et de se rattraper, tout simplement. Il ne sait pas où cela pourrait les mener, mais il voudrait voir, vraiment…  Mais il n’en a guère le loisir. Car il y a les accusations et suspicions qui pèsent sur Octavia, maintenant. Comme s’il avait besoin de ça, comme si c’était si important de savoir…Mais Nobby Leach est partisan, il veut une revanche, qu’il n’aura pas, parce qu’il n’est pas crédible. Que sa sœur ait fait ou non quelque chose, c’est une autre question -du point de vue de Tibérius, casser la figure d’une petite sang-de-bourbe n’est pas réellement un crime, plutôt un rite de passage. Mais voilà que cet abruti de Leach s’en est saisi pour en faire un exemple. De quoi, on ne sait pas, ce n’est pas comme ça que marche le monde, et Yaxley se dit qu’il aura gain de cause à la fin. Mais en attendant, les choses stagnent, il s’attend aussi à avoir droit à plusieurs interrogatoires, alors il a pris les devants. Il prépare une riposte médiatique, et puis il cherche à en savoir plus. Leach est détesté par l’intégralité des sang purs dignes de ce nom, ils auront raison de lui. Car l’affront est personnel, et la guerre déclarée, même si elle n’est que semi-ouverte. Personne ne s’en prend à sa famille, ni à ses amis : en s’en prenant successivement à Octavia, Orpheus, et Rose maintenant, Nobby a franchi la ligne rouge.

Pour l’instant, les choses sont calmes. Il est juste fatigué, et remontant lentement l’escalier du manoir, Tibérius ne songe à rien d’autre qu’à prendre une bonne tasse de thé et à passer quelques heures en compagnie de ses livres. Malgré les circonstances, cette journée de labeur lui a paradoxalement remonté le moral : Nobby ne peut pas grand-chose, il finira par trouver une solution avec les Selwyn et Rose lui a écrit, et Tibérius ne peut s’empêcher de relire ses lettres à l’occasion, avec une certaine tendresse et une affection qu’il devine et le rend soudainement joyeux. A la cantonade, et imaginant déjà Pulchra débarquer vers lui en trombe, c’est donc avec une certaine bonne humeur qu’il s’écrie : « Je suis rentré ! »

Pas de réponse, cependant. Un peu déçu, Yaxley reste un moment sur le palier à écouter, se demandant s’il n’est pas tout seul à la maison. « Où est-ce qu’ils sont tous passés ? » Il est vrai que c’est étrangement calme. Thaddeus doit être au Ministère, d’accord. Mais Marciana et Gaïa ? Et Darius ? Et Pulchra ? Et leur mère ? Il finit par hausser les épaules, loin de se douter de la tempête qui s’est jouée. Au contraire, lorsque Tibérius tombe sur Rose au détour d’un couloir, son visage s’éclaire d’un large sourire. « Rose ? » Il est surpris, mais agréablement. La brouille avec les Selwyn ne leur laisse que peu l’occasion de se voir, ce que le juge a déjà eu l’occasion de regretter, et il se dit que le hasard fait bien les choses. Avec un léger rire, il ajoute : « Je te demande pardon, mais tu me surprends aussi ! Je ne m’attendais pas à te voir là, dis ! Gaia et Marciana t’ont invitée ?» Un instant, Tibérius la prend dans ses bras amicalement, ne voyant que la surprise de Rose et pas réellement sa colère ou sa tristesse – comme souvent, il ne voit que ce qui l’arrange. Avec douceur, il la relâche, curieusement un peu timide : « Tu aurais du me dire que tu venais, j’étais sorti avec le régisseur, je serais revenu plus tôt… »  

Il est assez décontenancé lorsqu’elle annonce qu’elle s’en va, d’ailleurs. Ils ne sont plus fâchés, après tout, si ? Elle n’a aucune raison de fuir… « Déjà ? C’est bête, on se croise à peine… » Et puis il voit, enfin : « Mais tu pleures… » Il est de plus en plus perdu, ne comprenant pas du tout les tenants et aboutissants de toute cette histoire. Qu’est-ce qui a bien pu se passer ? En dehors de ce regrettable incident et de leur dispute, qui était sa faute, ce que Tibérius a écrit dans sa lettre est vrai : Rose a toujours été la bienvenue chez eux. « Est-ce que…est-ce que ça va ? » Il faut l’avouer, il n’est pas très doué, pour consoler les gens, Tibérius Yaxley, mais ce qui se passe lui fend le cœur et il voit qu’il n’aide pas Rose.  Alors il se corrige de lui-même : « Je suis bête, bien sûr que non, et en plus je t’ennuie avec mes états d’âme. Excuse moi. » Prenant gentiment Rose par le bras, il l’entraine à sa suite tout en continuant à parler : « Viens, on va dans mon bureau, je ne te laisse pas partir comme ça… » Il n’y a que quelques pas à faire, après tout, et le temps de refermer la porte dudit bureau, ils se trouvent bien plus confortablement seuls. S’installant aux côtés de Rose sur le divan, Tibérius prend la main de la jeune femme dans la sienne, ajoutant avec une douceur qui ne lui est pas familière : « Tu veux me dire ce qu’il s’est passé ? Est-ce qu’il y a quelque chose que je puisse faire ?  »
(C) CANTARELLA.
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Message#Sujet: Re: We Create Our Own Demons   We Create Our Own Demons Icon_minitimeVen 11 Sep - 11:40

❝ Gaïa, Tibérius & Rose❞ We Create Our Own DemonsAu cours de sa vie, on s’attend sans nul doute à faire face à des déceptions. Les gens qui rentrent dans notre vie ne peuvent pas toujours être ceux que l’on pense et il faut accepter qu’une partie d’eux, après nous avoir déçu ou sombré dans l’indifférence, ne deviennent plus qu’un souvenir. On a beau le savoir, ça ne veut pas dire qu’on le vit bien lorsque ce moment arrive. En particulier quand la personne en question est une amie proche. Des jumelles Yaxley, Gaïa a toujours été la plus déterminée, la plus ambitieuse et probablement la plus dure aussi. Des trois petites filles s’étant rencontrée à l’âge de 11 ans, elle a toujours pris la tête. Ca n’a jamais gêné Rose, ni Marciana, lui cédant volontier la place du leader puisqu’elle semblait l’assumer avec brio.

Néanmoins, jamais au cours de ses années passées ensemble, la jeune femme n’a eu l’impression de ne pas être l’égale des deux soeurs. Par courtoisie, parce qu’elles n’étaient que leur cousine et simplement par goût, elle s’est toujours tenue un peu en retrait, mais jamais elle n’aurait pu imaginer que son amie voit ça comme une chose naturelle qui traduisait son infériorité de rang. Pour quelqu’un d’aussi attachée aux traditions et aux symboles que Rose, c’est une gifle qu’elle a du mal à encaisser.

Qu’en est-il d’elles désormais ? L’ancienne vert et argent a toujours aimé Gaïa comme une soeur, mais force est de constater que même ça doit être remis en question. Sont-elle toujours amie ? Difficile à dire, on ne met pas presque vingt ans à la poubelle du jour au lendemain, mais reste que l’insulte faites est trop grosse pour être pardonnée.

Confuse et prise dans son tourbillon de pensée, elle n’entend pas qu’on arrive et à peine le temps d’essayer de redevenir maîtresse d’elle-même. Rose est à la fois embarrassée et heureuse de tomber sur Tibérius, il faut dire que ça fait quelques mois qu’ils n’ont plus l’occasion de se voir autant qu’ils en ont l’habitude. C’est probablement grâce à ça qu’elle s’est rendue compte à quel point les frères Yaxley ont pris de la place dans sa vie. Lorsqu’elle était plus jeune, elle les fréquentait peu à cause de la différence d’âge. Avec les années, le fait qu’ils aient commencé à travaillé tous les trois au Ministère a fini par peser dans la balance et Rose se rend compte qu’elle s’est habituée à les voir autant, si pas plus que Gaïa et Marciana.

Le geste d’affection de son cousin la surprend. Il faut dire qu’à quelques exceptions près, il n’a jamais été démonstratif, mais elle se laisse faire dans un moment de faiblesse et lui rend son étreinte avec bien moins de réserve qu'elle ne l'aurait fait en temps normal. Après l’espèce de chasse à la sorcière que vient de lui infliger sa soeur, elle sent reconnaissante de voir qu’elle n’est pas méprisée ou détestée par l’ensemble de la famille Yaxley. Avec une pointe d'amertume, qu’elle a bien du mal à cacher, la jeune femme répond :

- Je ne suis pas étonnée que Gaïa ne t’ait pas dit que je venais. Pour tout te dire, je pense qu’elle avait prévus qu’on se croiserait. Elle m’a dit que tu étais absent sans quoi je serais venu te trouver ne serait-ce que pour te remercier de m’avoir mis en contact avec ton avocat.

Pour le simple plaisir d’avoir une conversation avec un ami pourrait-elle ajouter, mais elle n’en dit rien. Après les accusations dont elle vient d’être victime, elle a l’impression que la moindre de ses paroles, le moindre de ses actes pourraient passer pour quelque chose d’autre que son intention initiale. Alors elle se dit qu’autant partir, mais finalement, elle renonce alors que Tibérius l'entraîne dans son bureau. Elle pourrait protester et partir, mais ça serait donner raison à Gaïa et quoique celle-ci pense,Rose n’a rien à se reprocher. Alors elle s’assied au côté de son ami, la main dans la sienne sans chercher à se dérober et lui accorde un sourire timide tout en essuyant le reste de larmes.

- Excuse-moi, je suis ridicule, ce n’est pas dans mes habitudes de me donner en spectacle comme ça. Je ne pensais pas que je croiserais quelqu’un. Je viens d’avoir une conversation particulièrement déplaisante avec ta soeur.

Elle hésite. Se disputer avec Gaïa, c’est une chose, mais y joindre Tibérius en est une autre. En lui racontant, elle n’engage pas uniquement son ami, mais aussi le chef d’une famille. Or, si Rose est sa cousine et si elle sait qu’il tient à elle, Gaïa reste sa soeur, son sang et sa famille proche. Par courtoisie, par correction, la jeune femme n’a pas envie de le mettre dans une situation délicate. Néanmoins, l’histoire le concerne aussi et c’est ce qui la décide finalement.

- Je ne pense pas que tu puisses faire quoique ce soit, mais je suppose que je peux te raconter ce qui s’est passé. Après tout, tu es concerné, mais je pense que ta soeur n’avait pas l’intention de t’en parler.

Elle balaie la pièce du regard avant de tomber sur ce qu’elle cherche et avec une gêne charmante lui demande :

- Est-ce que je pourrais abuser de toi et te demander un remontant. Le thé m’a laissé un goût amer je dois dire et je prendrais volontier quelque chose de plus fort.

Il faut dire que Rose a rarement été dans cette pièce de la maison. Le bureau de Tibérius, anciennement le bureau de son père était un lieu dans lequel les enfants ne pénétrait que rarement et Rose ne se souvient pas y avoir été en plus de trois occasions dont celle où Margaret l’a présenté à l’imposant chef de famille. Il y a quelque chose de différent dans la pièce, ne serait-ce que par la symbolique et le pouvoir qu’elle représente. On ne s’y rend pas pour prendre le thé et converser. Une fois servie, elle prend une gorgée du liquide ambré avant de s’expliquer.

- Ta soeur m’a invité à prendre le thé puisqu’on a peu l’occasion de se voir et si la conversation a d’abord été tout à fait cordiale, j’ai bien senti que quelque chose la dérangeait. Elle n’a jamais été très absorbée par mon état marital et aujourd’hui le sujet la tracassait plus que de raison, si bien que j’ai fini par lui demander pourquoi. A partir de là, la discussion a dérapé. Elle m’a accusé de faire courir le bruit que j’étais un parti tout à fait convenable pour toi et qu’il serait temps que tu t’en rendes compte.

Le rouge lui monte aux joues et ce n’est pas l’alcool qui est en cause. Incroyablement gênée, elle détourne le regard pour ne plus regarder Tibérius à côté d’elle. C’est qu’il y a quelque chose de particulièrement déplacé à ses yeux dans cette discussion qu’elle n’aurait jamais pensé avoir avec son cousin.

- J’ai trouvé l’accusation particulièrement grossière, mais j’aurais pu passer au dessus. Je n’aurais jamais osé être aussi présomptueuse et on ne serait pas écharpé sur le sujet toi et moi si ça avait été le cas.

De ça, bien entendu, Rose n’en a pas parlé à Gaïa, déjà parce qu’elle ne lui doit rien, mais ensuite parce que cette histoire n’appartient qu’à elle et Tibérius. Elle continue :

- Le plus grave reste pour la fin. Il lui faut une inspiration pour continuer et elle sent la colère revenir. Gaïa s’est permise des insinuations déplacées sur ma naissance et donc par extension la puretée de mon sang. Elle m’a fait savoir que je devais apprendre où était ma place et que celle-ci se situait en dessous de la sienne. Je ne suis pas orgueilleuse et je peux supporter que des gens comme Leach qui n’ont aucune éducation se permettent ce genre de sous-entendu, mais pas de la part de ma propre famille. Je sais que c’est ta soeur Tibérius et je suis vraiment désolé, gênée en réalité de te mettre au milieu de tout ça, mais l’insulte est trop grande pour que je puisse la laisser passer.

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Message#Sujet: Re: We Create Our Own Demons   We Create Our Own Demons Icon_minitimeLun 14 Sep - 0:26



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Gaïa, Rose & Tibérius
Qu’a-t-il bien pu se passer ? Tibérius n’est pas sûr de tout saisir, ni de beaucoup aimer la tournure que les choses prennent. Il ne comprend pas bien pourquoi Gaia voudrait l’exclure d’une conversation avec une amie de longue date, dont elle sait pourtant qu’il l’apprécie, comme c’est le cas de Rose. A vrai dire, apprécier est sans doute un mot faible dans le cas du chef de la famille Yaxley, mais ça, évidemment, sa sœur n’est pas au courant et il ne compte pas tout à fait le lui dire. Pour ça, il faudrait que Tibérius soit au clair avec lui-même, et qu’il réussisse à en parler en premier lieu avec la principale intéressée : avoir pu avouer devant Thaddeus, peu importe combien il est (on pourrait ajouter : redevenu) proche de son frère, qu’il pouvait être jaloux des relations et des hommes que Rose voit, c’est déjà trop et gênant. Il faudrait que Tibérius trouve les mots et il a besoin d’y songer de par lui-même. Sans Gaia, donc : bien qu’il adore sa sœur, comme le reste de sa fratrie et qu’elle lui ressemble par son caractère protecteur et impérieux, il n’a jamais été fondu des ragots et rumeurs de la bonne société qu’elle rapporte. Ce sont des histoires mondaines que Tibérius Yaxley déteste au plus haut point. En conséquence, toute la petite intrigue de Gaia lui passe au dessus de la tête et il ne comprend pas du tout ce qu’il s’est passé. Son horizon de pensées est bien plus simple : il est heureux de voir Rose, et désolé de la voir pleurer. C’est qu’elle lui a manqué, car ils n’ont guère eu l’occasion de se voir du fait de la rancœur larvée du patriarche Selwyn. Et Tibérius n’a guère trouvé de prétexte pour contourner cette querelle.

Au moins, leur amitié à eux n’en est pas entachée, et il peut se permettre de consoler Rose. Si bien que Yaxley finit par l’entrainer dans son bureau, souriant avec douceur alors que la jeune femme semble gênée de la situation. « Non, non, ne t’en fais pas, vraiment. C’est moi qui devrait être désolé de ne pouvoir faire plus. » Réplique-t-il donc d’un ton apaisant. Ce n’est pas comme s’il était un parfait inconnu : sans doute n’est-il pas la meilleure épaule sur laquelle pleurer, parce que Tibérius Yaxley n’est pas la personne la plus douée du monde avec les sentiments, mais au moins a-t-il le mérite d’être sincère, et véritablement compatissant avec le sort de Rose. « Ce n’est pas grave, voyons. Ce n’est que moi. Et je te promets que ça ne sortira pas d’ici. » La meilleure chose à faire lui semble être de dédramatiser, d’où ce demi-sourire et ce qui ressemble à un trait d’humour. Après tout, le patriarche d’une grande famille de sang pur, en théorie, ce n’est pas le meilleur des confidents. Mais un ami d’enfance, à peu près du même âge, c’est autre chose, et c’est ce qu’il veut dire.

En revanche, Tibérius ne peut s’empêcher d’éprouver de nouveau un léger sentiment de malaise alors que la mention de Gaia revient dans la conversation. « Oh. Vraiment ? » Il connait bien sa sœur, et sait bien qu’elle peut être dure envers les autres. Mais avec Rose, tout de même, ça parait étrange à Tibérius. Ça n’a même aucun sens. Ils se connaissent tous depuis tellement longtemps qu’il est inenvisageable, pour Yaxley, de même imaginer à quel point la conversation a pu être venimeuse. L’exemple de leur querelle de Noël dernier devrait lui avoir servi de leçon, mais en réalité pas du tout. Il faut dire aussi qu’il semble à Tibérius qu’il n’y a rien de commun entre la relation qu’il entretient avec Rose et l’amitié de celle-ci avec Gaia.

Encore maintenant, il ne saurait pas trop la qualifier. Au départ, il n’y avait rien de sérieux, juste un jeu, comme il joue souvent avec les femmes parce qu’il en a l’occasion. En ce sens, Rose n’avait pas tort : ce n’était pas digne d’elle. Peut-être pas digne de lui, non plus. Mais maintenant ? Maintenant Tibérius a eu le temps de considérer la place que Rose a pris dans sa vie, et elle lui manque. Il voudrait en reparler avec elle, mais l’occasion est mal choisie. Il ne peut que veiller un peu sur elle car elle lui semble fragile, sur le moment, une image à laquelle il n’est pas habitué, et écouter. Serviable, il se lève pour lui chercher un remontant, acquiesçant d’un simple : « Oui, bien sûr, attends. » S’emparant d’une des carafes, il s’empare de deux verres pour préparer le dit remontant, continuant à écouter ce que lui dit Rose. Mais il se fige lorsqu’elle lui explique sur quoi a porté sa conversation avec Gaïa. « Oh. C’est…inattendu. » Murmure-t-il indistinctement, et manifestement gêné. Ce n’est pas du tout à quoi Tibérius s’attendait. Il lui semble, parce qu’il est concerné au premier chef, qu’il y avait plutôt matière à croire que lui courtisait Rose et pas le contraire. Et au-delà  de l’accusation, qui l’ennuie – il n’a pas envie de gérer un conflit dans sa propre famille, pas de nouveau – Tibérius se demande quelle mouche a piqué sa sœur : est-ce qu’il se mêle de ce qu’elle fait avec son fiancé, dans l’intimité, lui ? Est-ce qu’il n’est pas capable de se défendre tout seul ?

Ne sachant pas trop quelle attitude adopter, il opte pour un ton dégagé et une plaisanterie :« Ma foi, tu caches bien ton jeu, si tu es devenue soudainement présomptueuse et arrogante, ma chère. Tu serais si manipulatrice que ça ?  » Bon, ce n’est pas de très bon gout et il voit bien que Rose est outrée et aussi gênée que lui, alors le juge n’insiste pas et se corrige avec un sourire : « Non, non, je plaisante, pardon. Mais ça me semble tellement ridicule comme accusation. Je sais bien que tu n’es pas comme ça, moi… » Rose, manipulatrice ? Croqueuse d’hommes ? Non, impossible. Tendant un verre à Rose, il ajoute gentiment : « Mais tu pourrais le penser. Ça ne me choquerait pas, moi. » Peut-être même qu’il serait plutôt d’accord à l’idée de s’engager plus avant, peut-être même qu’il serait fier et heureux que Rose le juge digne d’elle ? Mais ce n’est pas une histoire qui regarde Gaia, dans tous les cas. Et ils en ont déjà parlé, même si Tibérius voudrait bien rouvrir la conversation.

Il n’a pas le temps de le faire, cependant, car sa sœur ne s’est pas arrêté là. Ahuri par l’histoire que son amie lui raconte, le patriarche Yaxley s’étrangle avec son brandy, outré : « Je te demande pardon ? » La mine de la jeune femme lui cause une peine immense et une révolte profonde. L’attaque est basse et lâche, et il ne comprend pas ce qui la motive. L’envie de la prendre dans ses bras lui traverse de nouveau l’esprit, mais sa propre raideur, ou timidité, ou maladresse, l’en empêche. Il se contente donc de serrer de nouveau sa main, murmurant d’un ton désolé : « Oh, Rosie… » Tibérius n’a pas du l’appeler ainsi depuis qu’elle était enfant, mais cela lui semble à présent approprié, sur le moment. Il secoue la tête, puis assure : « C’est moi qui suis navré, tu n’imagines pas à quel point. Tu n’as pas à être désolée, c’est elle qui devrait être gênée, pas toi. C'est incroyablement grossier, je ne sais même pas quoi te dire...» Cela va au delà de Rose et de lui, au-delà du fait que Gaïa pourrait avoir (maladroitement) cherché le protéger, ce qu’il pourrait comprendre, parce que c’est ce qu’ils font : ils se protègent les uns et les autres. Tibérius aurait peut-être tenté d’apaiser les choses si cela n’avait été que ça. Les rumeurs mondaines existent en permanence chez eux, un bruit est vite déformé pour se transformer en accusation. Cela, c’est différent, c’est une insulte des plus graves, et Tibérius est réellement mortifié : de son point de vue, elle engage toute la famille, au vu justement de sa gravité.  

Autant dire qu’il trouve la réaction de Rose légitime. Elle ne méritait certainement pas ça, et de son point de vue, Gaia n’avait aucunement le droit de dire cela. « Tu n’as rien fait de mal, Rose, vraiment, je ne veux pas que tu le croies. Pas un seul instant. » Les règles sont celles-ci : c’est l’avis du chef de famille qui prime. Et sa sœur va l’entendre, parce qu’elle s’est prise pour lui, ce que Tibérius n’approuve certainement pas. Pour l’instant, en revanche, l’essentiel n’est pas là. Serrant gentiment les deux mains de Rose dans les siennes, il prend son ton le plus sérieux pour l’assurer de son soutien : «En revanche, moi, je te présente des excuses en mon nom et en celui de notre famille. Je suis…plus que mortifié par l’attitude de ma sœur. » Il espère que ses mots auront plus de valeur que ceux de Gaia. Pas seulement comme chef de famille, mais pour apaiser son amie. Ce n’est pas juste, tout simplement. « Et je vais le redire. Aussi longtemps que c’est moi qui tiendrait les rênes de cette famille, tu reste la bienvenue ici, quoiqu’elle en dise, et je ne veux pas que tu en doutes. » Sa détermination est farouche. En d’autres circonstances, et peut-être s’il avait un peu plus d’objectivité, Tibérius tiendrait un discours plus nuancé. Mais c’est Rose, se surprend-il à penser, et personne ne doit rien lui faire. Il lui a causé assez de soucis comme ça. Et puis ça le contrarie, bêtement, que Gaïa contrecarre ses propres plans, même si cela, Tibérius ne le dira pas. Il se contente donc d’ajouter doucement : « En ce qui me concerne, tu t’es montrée bien plus digne de ton rang qu’elle aujourd’hui…Et tu as toutes les raisons du monde d’être en colère. » Comment fait-elle pour rester aussi digne ? Il la trouve courageuse, à ce moment là, une véritable reine, ce qu’il ne peut s’empêcher de remarquer : « Et je trouve que tu as une patience toute à fait admirable, je ne l’aurais probablement pas été à ta place. » Levant sa main, il essuie une larme solitaire qui roule sur la joue de Rose, avant de lui adresser un sourire réconfortant : « Est-ce que ça va un peu mieux ? »

La situation ne peut pas durer, mais il se voit mal laisser son amie pour l’instant. Mais il faut bien avouer, que bouillant de colère et d’envie de défendre Rose, Tibérius reste un peu hésitant. Il est aussi désolé par l’attitude de Gaïa que par la perspective de devoir lui faire la leçon comme une vulgaire adolescente en crise. « Je vais lui parler. Je ne comprends pas ce qui lui prend, mais il est hors de question que je laisse passer ça. Elle ne peut pas te parler comme ça… » C’est cette pensée que traduit sa remarque. Une autre chose pour laquelle il est désolé : il aurait aimé passer un temps plus apaisé avec Rose, et son ton le laisse voir : « Je le suis d’autant plus que je ne pensais pas qu’on se reverrait comme ça. J’avais imaginé t’inviter, une fois que ton oncle aurait un peu décoléré. On n’a rien fait pour ton anniversaire, c’est bête. Tu sais que j’ai encore un cadeau pour toi, d’ailleurs… » Il n’a pas oublié, non, et ça lui semblait un bon prétexte pour parler plus intiment. Ce n’est pas de cette manière qu’il aurait voulu l’inviter, mais après tout, il joue les cartes qu’il a.
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Message#Sujet: Re: We Create Our Own Demons   We Create Our Own Demons Icon_minitimeLun 14 Sep - 16:40

❝ Gaïa, Tibérius & Rose❞ We Create Our Own DemonsDrôle d’idée que d’aller pleurer sur l’épaule de Tibérius Yaxley. De toutes les connaissances de Rose, on ne peut pas dire que ça soit celui qui a la réputation d’être le plus facile ou le plus compatissant. Pourtant, et ce depuis l’enfance, elle a toujours bénéficié, de la part de l’aîné des Yaxley, d’un traitement de faveur. Au départ, c’était probablement simplement parce qu’il ne prêtait pas assez attention à elle que pour la considérer comme autre chose qu’une invitée de ses sœurs avec qui il fallait avoir des égards. Finalement, c’est probablement par goût qu’ils ont fini par s’entendre. Si Rose est bien plus diplomate et douce et son aînée, c’est principalement parce que c’est ce qu’on attend d’une femme bien née et que c’est dans ce sens qu’elle a été élevée. La jeune femme a acquis une patience que Tibérius n’a pas, mais en dehors de ça, leurs caractères et leurs goûts sont bien plus similaire qu’on ne le penserait. Avec les années, cet espèce de traitement de faveur n’a pas vraiment disparu et s’est même amplifié à mesure que les deux jeunes gens se sont rapprochés. Dans le fond, peut-être est-ce ça, bien plus que les ragots sans fondement que Gaïa a entendu, qui ont commencé à tracasser son amie.

En attendant, les voilà seul dans le bureau de Tibérius, une situation que sa sœur n’avait probablement pas prévue et qu’elle aurait préféré éviter. De son côté, Rose voit bien que son ami tente de dédramatiser la situation et elle lui en est reconnaissante. Ca permet à la jeune femme de reprendre une certaine contenance et de se concentrer sur autre chose que son amitié perdue. Evidemment, elle hésite à en parler au chef de famille. Pas vis à vis de Gaïa envers qui elle n'éprouve absolument aucune compassion en ce moment, mais bien pour les implications que ça peut avoir. La jeune femme accepte le verre d’alcool avec reconnaissance tout en grondant son ami pour son humour un peu déplacé.

-Tibérius, enfin !
, s’exclame-t-elle avant de se reprendre. Navrée, je manque encore un peu d’humour sur la question, mais ça viendra. Honnêtement, tu sais bien que ce n’est pas du tout ce que je pense. On en avait déjà un peu discuté quand on était allé boire un verre et Merlin je ne serais jamais à la hauteur de quelqu’un comme toi, mais c’est certainement à toi ou à moi de le décider et à personne d’autres.

Le rouge lui monte aux joues et ne semble décidément pas la quitter durant cette conversation qu’elle trouve particulièrement embarrassante. Il faut dire que si elle s’estime l’égale de Gaïa ou de Tibérius en terme de statut social, elle a une très grande estime à la fois pour son ami, en tant que personne, mais également de par sa position de chef de famille. Sans compter que si elle sait que son ami papillonne pour le moment, il n’en devra pas moins se ranger dans quelques années et nul doute que celle qui prendra le rôle de maîtresse à ses côtés aura bien besoin d’une aura et d’une autorité bien supérieure à celle de Rose pour pouvoir s’imposer auprès de sa fratrie.

- Sans compter que quand bien même je le penserai, je crois que l’opposition de ta sœur réglerait tout de suite la question, conclut-elle avec une ébauche de sourire.

Pour elle, la question est réglée - ou presque - en ce qui concerne cette affaire. C’est la suite de la discussion qu’elle a eu avec sa cousine qui s’est avérée plus problématique. Tibérius doit le sentir comme elle puisque sa réaction témoigne de la mortification qu’il ressent. Comme elle, il comprend la portée politique que peut avoir l’attitude de sa soeur. Car si on fait fit de l’insulte qu’elle lui a faite à titre personnel, c’est toute une famille qu’elle insulte et en mettant en doute le statut de Rose, c’est la nature même de son sang qu’elle remet en cause, sans compter la place des Selwyn auprès des autres familles. Nulle doute que l’on est à un autre niveau qu’un coup porté par Thaddeus donc le cadre d’un repas de famille aviné.

- Ecoute Tib,
se permet-elle puisqu’ils en sont aux vieux surnoms affectueux. Sache que je n’ai aucune intention, si Gaïa s’abstient de provocations supplémentaires, de laisser cette affaire dégénérer. Contrairement à Caelum, j’ai tout sauf envie de voir les liens entre nos deux familles devenir lettre morte.

C’est que dans le fond, elle n’aime pas du tout la situation dans laquelle ils se trouvent à cause d’un excès de zèle ridicule de la part de sa sœur. Leurs mains toujours enlacées, elle se sent à la fois triste de la défection de sa cousine, mais heureuse d’avoir retrouver son ami. C’est que dans le fond, la tendance a fini par s’inverser avec les années Gaïa et Marciana ne travaillant pas, leurs centres d’intérêts ont fini par diverger et les occasions de se voir sont devenues moins nombreuses alors qu’à l’inverse, Rose s’est retrouvée à passer plus de temps en compagnie de Thaddeus et Tibérius.

- J’accepte évidemment les excuses en ton nom et celui de ta famille. Je sais que je peux toujours compter sur ton soutient, mais c’est ta sœur et je ne voulais pas te mettre en nous deux. Je sais que ta loyauté va d’abord à ta famille proche et c’est logique, je n’aurais pas pu te reprocher de soutenir Gaïa ne serait-ce que par soucis d’unité.

Cela dit, elle touchée par l’impartialité dont - selon elle - son cousin tente de faire preuve, de même que par ses compliments et le moment presque intime qu’il partage. C’est qu’elle n’a pas, n’a plus, l’habitude de ce genre d’attention. Néanmoins, malgré sa gêne, elle ressent un réel réconfort à l’idée d’avoir pu parler à Tibérius. Reconnaissante de la délicatesse - quoique parfois maladroite - dont il fait preuve dans cette affaire, c’est très impulsivement qu’elle se rapproche de lui et l’embrasse. Dans leur famille, ils ne sont ni tactiles, ni démonstratifs. Le geste de Rose est donc ambigus, entre l’embrassade envers un ami et celle un peu plus intime de ceux qui se connaissent bien. Trop courte pour vouloir dire quelque chose, assez longue pour semer un doute.

- Beaucoup mieux, répond-elle à sa question. Je crois que t’en parler m’a fait du bien. Je n’aurais pas aimé partir d’ici en sachant que la question était en suspens et puis je ne supporte l’idée de perdre ton amitié, votre amitié, à cause d’une mésentente avec ta sœur.

Est-elle désolé à l’idée que Tibérius se porte volontaire pour aller parler à sa sœur ? Pas vraiment. Il faut dire qu’elle n’a que peu de pitié pour Gaïa en cet instant et celle-ci ne doit pas en avoir pour elle. Dans la situation inverse, elle est certaine que ça cousine aurait fait de même, voir pire. Elles ont fait leur classe chez les serpents et à partir de maintenant, ce qui se joue semble être - sauf excuse de la part de celle-ci - une guerre ouverte. Néanmoins, Rose, par soucis d’unité est prête à mettre ce différent en sourdine pour le moment.

- Je te laisse faire, je ne tiens pas à interférer et aggraver les choses. Je connais Gaïa, elle est fière, mais je ne pense pas qu’elle ira contre toi et de mon côté, par égard pour vous, je ferais comme si rien ne s’était passé.

Difficile d’oublier, mais ils sont les produits de leur éducation et prétendre est leur fond de commerce permanent. Elle est surprise par ce qui ressemble à une invitation de la part du juge. C’est vrai que depuis leur soirée à l’Emerald’s l’an passé, ils ont à peine eu le temps de passer un moment ensemble et soudainement, l’idée ne déplaît pas à la jeune femme. Ca ne semble pas raisonnable au vu de ce qui vient de se passer mais, pour une fois, elle n’a pas envie de se préoccuper des autres.

- Oh et pourquoi pas après tout ? Je suis lasse de devoir composer avec la sensibilité des uns et des autres quand, eux, ne prennent clairement pas la peine de composer avec la nôtre. Que mon oncle s’offusque, après tout, ce n’est pas comme si les deux familles étaient officiellement brouillées et à moins que ta sœur ne se décide à m’insulter publiquement, ça ne sera pas le cas.
Dans un élan de franchise qu’elle s’accorde rarement, Rose conclut par : Passer une soirée loin de tout ses imbéciles sera déjà un beau cadeau. Tu n’auras qu’à m’envoyer un hibou pour me dire ce qui te convient.

Elle se lève, abandonnant la main de son ami et soudain, elle se sent vraiment lasse de cette après-midi un peu trop riche en émotion.

- Je vais te laisser, j’ai encore mille choses à faire et je n’ai pas vu le temps passer. Merci d’avoir jouer les épaules secourables, on se voit prochainement, je compte sur toi.


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Message#Sujet: Re: We Create Our Own Demons   We Create Our Own Demons Icon_minitimeVen 18 Sep - 23:28



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Gaïa, Rose & Tibérius
Le moins qu’on puisse dire, c’est que Tibérius est des plus contrarié, comme en témoignent les bouffées de tabac rapides qu’il tire sur la cigarette qu’il a allumé nerveusement, tout en écoutant Rose parler. Certes, si on est honnête, on précisera aussi que Tibérius Yaxley est très souvent contrarié, et souvent pour des raisons dérisoires. Mais là, il ne sait même pas s’il est triste, en colère, perdu, ou tout simplement extrêmement déçu. Il est heureux de revoir Rose et c’est la seule émotion positive qui surnage dans une carte mentale globalement très négative et relativement agacée. C’est que sans le vouloir (ou pas), sa sœur n’a pas réellement contrarié les plans de Rose : en réalité, c’est plutôt à lui qu’elle met des bâtons dans les roues. Sous cet angle, ce n’est pas seulement une insulte envers la jeune femme, mais aussi envers lui, ce qui lui tire une grimace de colère : « Oui, mais il se trouve que je n’ai pas besoin de son approbation, ni de sa désapprobation, d’ailleurs. » Le ton est féroce et déterminé. Tibérius n’aime en général pas beaucoup l’hypocrisie sang pure et il n’a jamais eu peur de dire les choses lorsqu’elles lui semblaient stupides, injustes ou déséquilibrées. Mais le système ne fonctionne pas comme ça, et les traditions servent à quelque chose : pour cela, elles doivent être respectées. C’est ce qu’il exprime dans une exclamation excédée : « Les cadets ne dictent pas leur conduite aux chefs de famille, Merlin ! » Cela le contrarie de devoir rappeler ça à Gaia. Il a toujours été bienveillant avec ses frères et sœurs, de son point de vue. Quoique sévère et autoritaire de tempérament, ils ont toujours eu son estime, sa loyauté, et une liberté de ton et de paroles que Tibérius n’accepte et ne tolère que de peu de gens. Il ne comprend donc vraiment pas quelle mouche a piqué sa sœur, et il lui en veut de le mettre en porte-à-faux. Il lui en veut aussi de créer de nouvelles tensions dans la famille. Comme s’il avait besoin de ça…Il a déjà failli perdre Thaddy. Et Rose. Et maintenant il faut qu’il gère le cas de Octavia, sans parler de la susceptibilité des Selwyn, qui sera forcément encore plus égratignée si cet incident s’apprenait.

Du point de vue de Tibérius, si l’univers entier complotait pour le rendre fou, il ne s’y prendrait pas autrement – même s’il surréagit sans doute un peu trop. Au moins, Rose ne semble pas lui en vouloir : c’est ce qui l’inquiétait. Une autre dispute serait sans doute trop à surmonter, et il n’en veut pas. Bien au contraire, il veut…quoi précisément ? Pour l’instant, il ne sait pas trop et il est un peu indécis sur la question. Mais plus – sous quelle forme, c’est une autre question – que cette amitié, devenue si importante sans que Tibérius ne s’en aperçoive, au fil des années. C’est ce que traduisent aussi ses paroles, cinglantes envers Gaia, mais presque trop brutalement honnêtes puisque adressées à Rose elle-même : « Je pourrais te faire toutes les propositions du monde qu’elle n’aurait pas son mot à dire. » Pris d’une soudaine inspiration, il ajoute avec sérieux : « Et comme je le disais tout à l’heure, tu serais digne des plus sérieuses de ces propositions. »

Pourquoi dire cela ? Lorsqu’on parle de propositions sérieuses, dans le langage des sang purs, c’est synonyme de fiançailles et de mariage. Tibérius le sait, car malgré ses mépris des codes, il les maitrise parfaitement. Pourrait-il proposer le mariage à Rose ? Même lui n’a pas réfléchi aussi loin, peut-être trop occupé à vouloir assurer Rose de son estime, tout à fait réelle. Au moins, ses excuses présentent le mérite de les détourner de ce sujet un peu délicat. Il s’autorise un sourire. « Je te remercie de ton indulgence. Je suppose qu’au-delà des Selwyn, ça me causerait aussi quelques soucis si nos cousins apprenaient que ma sœur se comporte comme si elle était à ma place. Je ne sais vraiment pas ce qui lui passe par la tête. » Pensif, Yaxley se dit soudainement qu’il a réellement de la chance d’être tombé sur Rose et pas sur quelqu’un de plus susceptible, ce qui lui épargnera de sales rumeurs. Mais Gaia a définitivement besoin d’une leçon. Aussi il secoue la tête quand Rose semble presque s’excuser de le forcer à prendre position : « Non, ne t’en fais pas. Ce n’est pas juste, et elle doit tenir son rang, c’est tout. » Il écrase sa cigarette, avant de continuer : « Comme je le disais au Nouvel An, nous devons être solidaires. Ça n’a aucun sens de nous écharper entre nous. Je lui expliquerai. Elle comprendra. » En fait, il est plutôt confiant et optimiste. Par certains égards, Gaïa lui ressemble : elle aura été trop protectrice, trop jalouse, comme il lui arrive de l’être…

Le baiser de Rose le surprend alors qu’il est plongé à ce stade de ses réflexions. Peu habitué à de telles démonstrations d’affection de la part de la jeune femme, et peut-être perturbé parce qu’il veut lui, Tibérius a un peu de mal à interpréter le sens de celui-ci. Un peu hésitant, il ne sait plus quoi dire : « Tu… » Mais il se laisse faire, parce qu’il ne faut pas mentir : pour anodin qu’il soit (ou pas ?), ce baiser lui plait, quoique Tibérius aimerait bien quelque chose de plus intime. A lui de créer des occasions, sans doute. Ce n’est pas exactement le moment ou l’occasion idéal pour ça, sans doute, mais il y a certaines vérités qu’il peut dire, en attendant, avec un sourire rassurant et la force de l’évidence : « Ça n’arrivera pas. J’ai eu assez de temps pour mesurer combien elle m’était précieuse. » Quoique que cela signifie, c’est vrai. Comme souvent chez Tibérius Yaxley, d’ailleurs : on peut lui reprocher beaucoup de choses, mais la malhonnêteté n’est pas dans son caractère. Ou il se tait, ou il parle avec une franchise parfois dérangeante, il n’y a pas d’entre deux.

Incidemment, le juge voudrait bien voir ce qu’il en est de la réaction de Rose. Tout comme à son invitation, d’ailleurs : et il a du mal à dissimuler un sourire ingénument ravi lorsqu’elle accepte. Finissant son verre, il se lève pour descendre avec son amie :« Je te raccompagne, je descends de toute façon. » Sur le pas de la porte, il lui adresse un dernier sourire, peut-être un peu timide, avant de saisir sa main pour y déposer un baiser : « Bon, eh bien, à bientôt, je suppose. Je t’écris, mais j’attendrais ça avec impatience. » Un peu à regret, Tibérius doit se résoudre à libérer Rose pour la laisser partir. « Je suis content de t’avoir croisée, malgré tout. » Conclut-il doucement, avant d’attendre qu’elle ne transplane pour revenir à l’intérieur.

Le moment de grâce ne peut évidemment pas durer. Soudainement, Yaxley se souvient qu’il est encore en colère. Et qu’il a deux mots à dire à sa sœur. Il se met donc en quête de celle-ci, qu’il trouve finalement en train de finir un thé avec un air pincé qui lui rappelle fortement l’air offusqué de leur mère face à n’importe quelle faute de gout identifiable. « Gaïa ? » Il passe la tête dans le salon, avant de le traverser d’un pas vif pour se planter devant elle. « Est-ce que tu as décidé de tout simplement m’ignorer ? » Tibérius doit faire un effort pour ne pas être trop hostile. S’il veut résoudre cette histoire sans trop de casses et sans malentendu, il va falloir qu’il prenne sur lui. Le juge se laisse donc tomber dans un fauteuil en face de sa sœur, attirant du thé vers lui d’un geste vif de sa baguette. Puis ses yeux bleus se plantent avec détermination dans ceux de la brune : « J’aimerai bien que tu m’expliques ce qu’il s’est passé. » L’expérience désastreuse de sa dispute avec Thaddeus lui a appris à ne pas accuser trop vite, et pour l’instant, il garde ses munitions pour plus tard. On ne sait jamais. Mais vu la mine de sa sœur, son optimisme initial est en train de fondre comme neige au soleil.  
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Message#Sujet: Re: We Create Our Own Demons   We Create Our Own Demons Icon_minitimeLun 21 Sep - 13:46

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ft. Rose Ashford-Selwyn & Tibérius Yaxley
« Des interdits que je ne peux franchir ». Gaïa elle-même n’aurait pu mieux résumer la situation. Rose, malheureusement, était soumise à des limites, limites érigées par sa naissance. Sincèrement, Gaïa aurait préféré que cela ne fut pas le cas. Elle aurait préféré que Rose soit, comme elle, une Sang-Pure tout ce qu’il y a de plus simple, de plus banal, pourrait-elle dire. Cela aurait empêché bien des désagréments, bien des tensions, sûrement. Si cela avait été ainsi, Gaïa n’aurait pas eu à endosser ce rôle de méchante, ce rôle de la mauvaise amie. Car ce n’était pas ce qu’elle était. Malgré la dureté de ses mots, elle aimait profondément Rose, avec qui elle avait grandi. Mais elle aimait aussi son frère et sa famille, et leurs intérêts lui tenaient à cœur. Ces derniers temps, leur image avait été ternie. Gaïa était forcé par la situation à prendre une décision, à choisir entre sa famille et son amie. Malheureusement, le choix était rapidement fait.

Aussi maintint-elle sa position face aux arguments plus que raisonnables de Rose. Leurs ennemis étaient légion ? Mais c’était justement pour ça que Rose devait faire attention à ses actes, à ses paroles : les Yaxley avaient été durement touchés, ils ne pouvaient pas laisser passer une rumeur de plus, surtout pas une rumeur qui, selon les dires, se passait en interne. Rose ne comprenait-elle pas ? Ne comprenait-elle pas qu’il lui fallait tenir sa place pour conserver cet équilibre qui était devenu si fragile ? Si elle ne parvenait pas à saisir cela, Gaïa était là pour le lui rappeler, même si elle aurait préféré ne pas le faire.

Gaïa avait conscience de perdre l’amitié de Rose en cet instant, voire plus que cela. Mais elle ne pouvait plus faire marche arrière. Pour sa famille, elle était prête à faire des sacrifices. Il n’y paraissait pas, mais les derniers événements avaient beaucoup affecté Gaïa. Entre la dispute entre Tibérius et Thaddeus, puis le fiasco du repas avec les Selwyn, directement suivi des accusations portées sur Octavia… Gaïa avait l’impression qu’on visait méticuleusement chacun des membres de sa famille, les uns après les autres. Il fallait que cela cesse. D’autant plus en ce qui concernait Tibérius. Il était le chef de famille, leur pilier, désormais, et ils se devaient de le préserver autant qu’ils le pouvaient. Oh, Gaïa ne doutait pas que son frère soit capable de prendre soin de lui-même, mais si elle pouvait lui épargner certains désagréments, cela lui laisserait l’esprit libre pour d’autres événements plus importants.

C’est donc en silence que Gaïa accueillit les réponses de Rose. Elle avait mal au cœur, mais tant pis. C’était ce qu’il fallait. Elle ne fit aucun mouvement en voyant Rose se lever pour partir. C’était ainsi qu’elle avait envisagé les choses, à vrai dire, même si elle aurait préféré que Rose comprenne son acte et l’accepte. En quelques courts instants, Rose était partie. Et voilà, pensa Gaïa. C’était fait. Un mal pour un bien. Elle avait fait ce qu’il fallait.

Lentement, elle reprit sa tasse et, en silence, laissa ses pensées divaguer, le regard perdu par la fenêtre. Si la situation remontait jusqu’aux oreilles de Tibérius, nul doute qu’il n’apprécierait guère son acte. Il n’aimait pas qu’on interfère dans ses affaires. Mais si Rose allait se plaindre à son frère, cela ne ferait que confirmer les doutes que Gaïa nourrissait.

Perdue dans ses pensées, la jeune femme entendit à peine son frère arriver, de longues minutes après. Quand elle prit conscience de sa présence, elle se retint de soupirer et, lentement, tourna la tête vers lui, le trouvant planté devant elle.

- Pourquoi est-ce que je t’ignorerais, Tibérius ? Je n’ai aucune raison de faire ça. Tu veux me parler ?

Quelle peste que cette Rose… L’irritation qui émanait de son frère avait une toute autre profondeur que ce à quoi s’était attendue Gaïa. Que se tramait-il réellement entre eux deux ? De ses yeux clairs, Gaïa suivit chacun des mouvements de son frère tandis qu’il s’asseyait en face d’elle, cherchant à décrypter, à analyser. Ce qu’elle percevait ne lui plaisait pas. Si Tibérius aussi s’y mettait, ils étaient loin de voir le bout de cette épreuve.

- Que je t’explique ? Mais je pense que, si tu viens me voir, c’est qu’on a déjà dû t’expliquer. Tu veux mon point de vue, Tibérius ? J’ai coupé court à une nouvelle attaque envers notre famille. Voilà tout. J’estime que nous traversons suffisamment d’épreuves en ce moment, inutile que les gens trouvent encore à médire sur notre compte.

Elle soupira profondément après ces quelques mots.

- Tu peux m’en vouloir autant que tu veux. La décision n’était pas simple à prendre, mais il fallait bien rappeler certaines choses. Je sais bien ce que tu penses des rumeurs et autres « on-dit », mais ils ont bien plus de valeur que ce que tu ne leur accordes. Si on laisse passer cela, ce sera un nouveau coup porté à notre famille et, ça, je ne le supporterai pas.

Au fond, Gaïa n’était pas mauvaise. Elle faisait ça pour sa famille, après tout.
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Message#Sujet: Re: We Create Our Own Demons   We Create Our Own Demons Icon_minitimeJeu 24 Sep - 22:14



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Gaïa, Rose & Tibérius
Dire que Tibérius est en très colère est encore un euphémisme. Il ne comprend tout simplement pas ce qui a pris, soudainement, à sa sœur. De quel droit s’arroge-t-elle le droit de décider pour eux tous, en le mettant à l’écart ? Au fond, il est sans doute autant déstabilisé qu’en colère. Il ne peut pas croire que Gaia ait voulu lui faire du mal, ni à Rose d’ailleurs, gratuitement. On l’aura mal renseigné, trompée, qu’en sait il, mais ce n’est pas possible. Aussi, il met un instant sa rage de côté pour interroger sa sœur et essayer de comprendre.  Tibérius sait aussi qu’il n’est pas très rationnel : il a détesté trouver Rose quasiment en larmes chez lui, et une part de lui veut instinctivement que quelqu’un paie. Il doit donc faire un effort pour se raisonner : si cette histoire n’est qu’un malentendu, autant ne pas braquer Gaia. Pourtant, plus le temps passe, plus cet espoir optimiste s’amenuise et diminue pour disparaitre. C’était assez peu probable vu les insultes que Rose lui a rapporté, mais le discours de sa sœur achève de convaincre Tibérius, et le juge est déjà plus froid lorsqu’il déclare : « Je ne sais pas, moi. J’avais l’impression que tu ne voulais pas au courant de ce que tu faisais de ton après-midi, mais je ne vois pas du tout ce qui a pu me faire croire ça, maintenant que tu m’en parles. Peut-être le fait que tu invites des gens dans mon dos et que tu décides arbitrairement de les humilier, qu’est-ce que tu en penses ? »  Il est un peu blessé, en fait. Yaxley ne comprend pas pourquoi la jeune femme a voulu remettre une pièce dans la machine et alimenter un conflit qu’il avait réussi à apaiser et en faisant amende honorable.


Penché en avant, concentré et sévère, il la regarde donc s’expliquer d’un air plus que mécontent. Elle n’a même pas l’air de regretter, et c’est ce qui déclenche de nouveau la colère de son frère. Non, c’est pire que ça : comme il le craignait, sa sœur a tout simplement estimé qu’elle pouvait décider de tout cela seule, comme si elle avait le contrôle des Yaxley. Tibérius s’étrangle de surprise et d’indignation : « Tu estimes que ? La décision n’était pas facile à prendre ? Mais qu’est-ce que tu me chantes, ma petite Gaia, à la fin ? » Incrédule, il espère un instant qu’il a mal entendu ou que tout ceci n’est qu’une fort mauvaise blague. Une de très mauvais gout. Mais la mine pincée et déterminée de sa sœur convainc le juge que non. Furieux, il reprend d’un ton sans concession.  « Que je sois bien clair : quoiqu’il se passe, dans cette famille, les décisions qui nous engagent tous, c’est moi qui les prend. Toi, tu n’as aucun titre pour ce faire, sauf si je t’y autorise. » Peu enclin à se laisser interrompre, Tibérius compte bien faire ce qu’il avait annoncé à Rose : remettre sa sœur à sa place.  « Tu n’es pas chef de famille, petite sœur, ni maitresse de maison, que ça te plaise ou non. Tu ne peux pas décider qui vient ici et qui n’y vient pas, et qui nous fréquentons. Ton avis ne peut prévaloir, ni suffire à justifier aucune décision. » Ses paroles, rageuses, ne supportent et ne souffrent aucune contestation : s’il y en avait une, Tibérius n’en tiendrait tout simplement pas compte, dans l’état d’esprit où il se trouve. Franc comme à son habitude, il ne mâche pas ses mots. Sa famille n’a jamais fait exception à cette brutalité. Il n’a aucune patience face à l’erreur ou à l’absence de respect de l’autorité, surtout la sienne, et il ne s’est jamais privé de le remarquer à ceux qui se trompaient. Gaia, en ce qu’elle a commis à une lourde faute, ne mérite donc pas plus d’égard que les autres, ce qui conduit le juge à siffler froidement : « Avant d’apprendre aux autres à tenir leur rang, il faudrait commencer par savoir où est la tienne, de place.  »

Qu’est-ce qui a bien échouer dans leur famille pour que ça finisse ainsi ? Il n’est pas leur père, c’est vrai, et Tibérius a honte, au fond, que toutes ces histoires se produisent alors que c’est lui qui est à la tête des Yaxley. Manque-t-il d’autorité à ce point, pour qu’on la lui conteste de cette manière et qu’on se permette de le contourner comme un vulgaire épouvantail ? Au fond, il est blessé par l’attitude de Gaia, qui le met dans une position difficile et qui lui donne l’impression de ne pas le respecter comme chef de famille, ni comme frère, en plus de s’en être pris à Rose, à laquelle il tient. Et puis Tibérius n’aime pas, même s’il ne le dira pas, l’idée même d’une dispute avec sa sœur.  

La rage l’a rendu muet un instant, mais il ne tarde pas à recommencer à parler, allumant avec nervosité une cigarette : « Des rumeurs…tu prends le risque de nous brouiller encore plus avec les Selwyn sur la foi de...de... racontars ! Comme la dernière des commères moldues ! Je te pensais au dessus de ça ! » Il secoue la tête, effondré par ce qui lui semble un comportement d’une puérilité innommable, et il lui semble perdre un peu d'estime pour sa soeur, qu'il a toujours perçue comme plus intelligente que cela. Tibérius prend le temps d’aspirer un peu de tabac, qui calme ses nerfs, avant d’asséner, sentencieux :  « Ce genre de choses n’engagent que ceux qui y croient, et j’ai l’impression que tu cherches un prétexte pour y croire. » Il se fait à présent accusateur, moins en colère que blessé, et pointe un doigt accusateur vers Gaia, sans bouger du sofa : « Qu’est-ce qu’elle t’a fait, Rose, on peut savoir, ou tu as soudainement décidé que j’avais six ans et que j’étais incapable de décider moi-même qui je fréquente et de voir qui me manipule ? Tu as si peu d’estime pour mon jugement que tu t’autorise à l’outrepasser sans même m’en parler ? »

Il ne faut pas s’y tromper : quoiqu’il les torde à son avantage, Yaxley est attaché aux traditions et aux coutumes. S’il respecte et voit ses frères et ses sœurs comme ses égaux, et qu’il a toujours tenu compte de leurs avis, débattre du fait qu’ils doivent se plier à son autorité et que s’il veut bien écouter leur avis, il n’est aucunement obligé d’en tenir compte lui semble hors sujet. Ce n’est pas comme ça que les choses marchent. Mais Tibérius s’interroge : c’est peut-être sa faute. En laissant Gaia une certaine marge de manœuvre, parce qu’elle lui ressemble et raisonne souvent comme lui, n’a-t-il pas créer seul le golem et son propre malheur ? Peut-être, mais peu importe. Maintenant, c’est terminé, et si Gaia ne le comprend pas, c’est vraiment qu’elle a de sacré œillères.

Cherchant un cendrier, Tibérius se lève pour faire le tour de la table et saisir celui qui se trouve sur le guéridon, près de sa sœur. Écrasant sa cigarette, consumée à une vitesse fulgurante à cause de sa colère, il maugrée sans la regarder : « Et quand bien même tout cela serait vrai, et alors ? Rose n’aurait pas tort de le penser. Je le pense, moi. » Il redresse la tête, la mettant au défi de contester son propos, et choisissant clairement son camp par la même occasion, sans même s’en apercevoir.  D’ailleurs, c’est encore pour défendre Rose qu’il continue son plaidoyer : « Tu sais qu’elle est extrêmement choquée de tes accusations ? » Se rasseyant, il la juge d’un regard sévère : « Il me semble que non seulement tu surréagis, mais qu’en plus, tu te trompes. Est-ce que tu ne veux pas arrêter tout cela tant qu’il est encore temps ? Avant que ça ne prenne un tour que tu finiras, qu’on finiras si tu veux, par regretter ? » Puis avec un soupir, Tibérius lâche un peu prise : ça fait beaucoup pour lui, surtout en ce moment, et il se serait vraiment dispensé de cette conversation. « Je n’ai pas le temps de gérer tes crises de jalousie et d’autoritarisme, Gaia. J’ai assez et nous avons assez, comme tu as l’air d’en avoir conscience, de problèmes comme ça. »

(C) CANTARELLA.
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Message#Sujet: Re: We Create Our Own Demons   We Create Our Own Demons Icon_minitimeSam 26 Sep - 20:48

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Gaïa avait été élevée dans les codes propres aux Sang-Purs et, contrairement à certains éléments récalcitrants, elle les comprenait et les acceptait. Elle savait que la place des femmes, que d’autres jugeaient minime et inégalitaire, était au contraire un pilier central, tout comme elle savait l’importance du chef de famille. Son père, Gaïa l’avait beaucoup aimé et respecté, et elle le faisait encore. Il en allait de même pour Tibérius. Depuis toute petite, la jeune femme avait eu une confiance aveugle en son frère : elle aurait pu le suivre au bout du monde s’il le lui avait demandé. Parce qu’il était respectable et qu’émanait de lui la même assurance tranquille qui émanait autrefois de son père. Néanmoins, Gaïa ressentait également pour Tibérius une affection qui la poussait à essayer de l’aider. Ce n’était peut-être pas là la place qu’elle devait occuper auprès de Tibérius, désormais, mais Gaïa voyait bien que son frère tentait de former un rempart solitaire entre la dure réalité et le reste de sa famille. Et elle avait envie de l’aider, de le soutenir.

Voilà pourquoi elle avait pris cette décision avec Rose. Non seulement les rumeurs qui circulaient risquaient débranler un peu plus l’image de la famille Yaxley, les faisant passer pour des faibles qui ne savaient pas se relever seuls de la mort de leur patriarche, des faibles incapables de s’en sortir sans se reposer sur des personnes à la naissance trouble. Mais cela risquait aussi de porter préjudice à Tibérius : Gaïa le savait, parce qu’elle évoluait dans ces milieux-là, mais les jeunes femmes de sang pur faisaient très attention à la réputation d’un potentiel futur époux. Si on le voyait s’acoquiner avec es personnes qui se vantaient de pouvoir le contrôler, les bons partis lui tourneraient le dos, tandis que les vipères accourraient. Et Gaïa ne voulait ni l’un ni l’autre pour Tibérius.

Cependant… Son frère ne semblait pas comprendre. Si sa colère n’avait pas encore éclaté, Gaïa la percevait très bien et les remarques qu’il faisait ne manquaient pas de… piquant. Alors ainsi, il savait. Il avait du tomber sur Rose quand cette dernière avait quitté le petit salon. Très bien… S’il fallait en passer par là. Gaïa voulait bien tenter d’expliquer sa démarche, mais elle savait d’avance qu’elle ne serait pas patiente bien longtemps.

- Que j’invite des gens dans ton dos ? Tibérius, je t’en prie. Nous avons toujours invité qui nous voulions ici sans forcément prévenir les autres et d’autant moins lorsque toi ou Thaddeus passez vos journées au travail. Je n’ai rien fait de mal. Et quant à cette accusation d’humiliation arbitraire, je préfère ne même pas répondre tant c’est ridicule.

Que croyait-il ? Qu’elle avait pris plaisir à rappeler sa place à Rose ? Qu’elle avait pris plaisir à se défaire d’une amie de si longue date ? Ses propos avaient peut-être été brutaux et durs, mais ils valaient de conseils à la fois pour son frère et pour Rose. Cette chère Rose qui criait sur tous les toits qu’elle était un bon parti et qu’il était temps que d’autres s’en rendent compte… Ce n’était pas ainsi qu’une jeune femme de bonne famille se comportait. Rose dépassait déjà largement certaines bornes, mais cela lui était permis grâce, justement, à sa naissance. Il était temps qu’elle comprenne qu’à continuer à agir de la sorte, elle finirait par être exclue, et Gaïa la connaissait depuis suffisamment longtemps pour savoir que ce n’était pas ce qu’elle voulait.

Le ton soudain condescendant que prit Tibérius agaça prodigieusement sa sœur. Bien, les choses étaient en train de déraper, de toute évidence… Et le discours qui suivit le lui confirma de façon très claire. Assise dans son fauteuil, le dos bien droit, la tête haute, elle essuya le discours profondément offensant de Tibérius sans pâlir, sans faiblir. Elle le regardait bien droit dans les yeux, ses traits se faisant plus amers au fur et à mesure de ce qui se disait. Jamais, de toute sa vie, elle n’avait été humiliée à ce point. Jamais, de toute sa vie, son frère ne lui avait autant fait de peine. Elle comprenait bien son rôle de chef de famille. Mais se croyait-il seul ? Il était bien jeune encore, et bien présomptueux. Et également bêtement méchant, à cet instant précis. Jamais il ne l’avait traité comme ça, et Gaïa ne pouvait s’empêcher de penser que quelque chose dans la situation été différent des autres fois. L’implication de Rose ne devait pas être étrangère à tout ce désordre…

- Eh bien, Tibérius… Que dire de ce discours ? répondit difficilement Gaïa, l’air plus pincée que jamais, profondément blessée. Sache que je respecte ta position de chef de famille, et que je la comprends aussi, avant tout. Pourtant, dans tes propos, je vois plus l’ébauche d’un tyran que d’un homme respectable. Je ne cherche pas à remettre ton autorité en question, entendons-nous bien, et j’ai parfaitement conscience, comme tu l’as si bien exprimé, de n’être qu’un membre de seconde zone dans cette famille, comparée au grand Tibérius.

Elle prit une profonde inspiration.

- Tout ce que j’ai fait, ça a été d’expliquer à Rose qu’il était dans l’intérêt de tous que ces rumeurs cessent, d’une manière ou d’une autre, en lui en expliquant les raisons. Si tu apportes si peu d’importance à ce qui se dit, pourquoi en faire toute une scène ?

Mais décidément, cette fois, c’était bien plus que ça. Bien plus qu’une scène, bien plus qu’une dispute. Les paroles de Tibérius allèrent trop loin et à la simple mention du mot « moldu », Gaïa se leva de son siège, parfaitement indignée, les yeux lançant des éclairs. Elle se contenait encore, mais les mots qui lui brûlaient la langue n’avaient plus rien de raisonnables.

- Mesure tes propos, Tibérius ! s’exclama la jeune femme. Comment oses-tu… ?! Et c’est à moi que tu viens faire la leçon, avec des propos si insultants ?! Ouvre un peu les yeux, monsieur le chef de famille ! Pourquoi as-tu fait supprimer l’édition du journal qui commentait la vie intime de Thaddeus ? Pourquoi as-tu présenté tes excuses au patriarche Selwyn lorsque notre frère a mis Caelum à terre ? Et par Morgane toute puissante, pourquoi a-t-on tous si peur de ces accusations qui pèsent sur Octavia ?! Mais parce que notre image, ce que nous sommes, mon cher Tibérius, passe par les rumeurs. Si on laisse la société puriste parler sur nous sans réagir, comment crois-tu que nous serons perçus ? Moi, je cherche un prétexte ? siffla-t-elle, devenue soudain mauvaise. Ne serait-ce pas plutôt toi qui en cherche un pour me faire la leçon et m’écarter ?

Gaïa était profondément blessée par les mots de Tibérius, et la mention de Rose, enfin, augmenta le mal que les paroles de son frère lui faisaient. Elle resta de marbre face aux accusations, le temps que Tibérius termine, puis elle reprit la parole, la voix légèrement étranglée par des sanglots qu’elle refoulait.

- Alors c’est ça. Ce n’est pas mon acte en lui-même qui te dérange, mais plutôt le fait qu’il compromette tes petits plans… Alors comme ça, tu as décidé de fréquenter Rose ? Mon pauvre Tibérius, je ne te pensais pas aveuglé à ce point…

Alors qu’elle s’était calmée un temps, refroidie par les propos de son frère, la suite de son discours ranima une flamme en elle, qui chassa un instant ses larmes.

- Mais qu’est-ce que tu crois, Tibérius ? Que je suis un monstre, que j’ai pris plaisir à faire souffrir Rose ? Dois-je te rappeler que c’est moi, et non pas toi, qui ai grandi avec elle, fais mes classes avec elle ? J’ai tout partagé avec Rose. Néanmoins, et c’est malheureux à dire, elle prend de moins en moins en considération nos codes et j’ai, certes un peu durement, essayé de lui faire comprendre cela. Compte tenu de ses origines, elle devrait faire d’autant plus attention à ses actes, si elle ne veut pas que ça lui retombe dessus. Mais bien sûr, aveuglé comme tu l’es par ses charmes, tu lui trouveras toujours des excuses, ajouta-t-elle avec un petit rire désabusé. Tu te ranges de son côté à elle plutôt que de choisir ta famille… Quel bon chef tu fais, en effet.

Gaïa secoua la tête, blessée, en colère, profondément atteinte par la situation. Elle n’en revenait pas des propos de son frère… Elle avait cru… Alors qu’ils avaient tant à affronter ensemble, alors qu’ils pensaient si souvent de la même façon, tous les deux… Décidément, son attirance pour Rose – puisque ça ne pouvait être que ça, désormais – le rendait bête, et méchant. Ce n’était pas une mauvaise chose si Gaïa avait réussi à éloigner ne serait-ce qu’un peu la blonde de leurs vies.

Quand Tibérius reprit la parole, Gaïa leva une main vexée et, d’une mine à la fois triste et dure, elle reprit.

- Et bien si ma présence t’est si pénible, Tibérius, je vais te laisser en paix. Car, crois-le ou pas, mon seul but a toujours été de t’aider, non pas en tant que concurrente de ton autorité, mais en tant que ta sœur, qui t’aime et qui veut te soutenir. Rappelles-t-en quand tu te souviendras des propos que tu as tenu à mon encontre.

Et sur ces mots, elle se leva, sourde à son frère, et quitta la pièce sans un regard en arrière. Elle gravit les escaliers, se rendit dans sa chambre et s’installa à son bureau, en silence.

Ce ne fut qu’à cet instant, quand, enfin seule, Gaïa put se laisser aller aux sentiments qu’elle ressentait, qu’une larme unique roula le long de sa joue pour aller mourir à la commissure de ses lèvres. Elle fut rapidement suivi de nombreuses de ses semblables.

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