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 Destiny's Little Game || Reha Shafiq

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Gabriel Rowle
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Message#Sujet: Destiny's Little Game || Reha Shafiq   Destiny's Little Game || Reha Shafiq Icon_minitimeJeu 2 Déc - 14:31

Destiny's Little Game
ft. Reha Shafiq
Gabriel n’était pas quelqu’un de fiable, c’était quelque chose qu’il fallait se tenir pour dit. Les promesses qu’il faisait ne devait pas être prises en compte – du moins jamais au mot prêt – et quand il assurait quelqu’un de sa présence, il ne fallait que rarement compter sur sa ponctualité. Ce soir-là encore, cela s’avérait plus vrai que jamais : la réception donnée par les Macmillan battait déjà son plein quand il se présenta à l’entrée, fut accueilli par l’elfe et se débarrassa de son manteau. Il était en retard d’une bonne heure et, pourtant, ce fut avec une assurance toute singulière qu’il poussa les portes de la salle de réception et se mit à saluer les premiers visages connus qui l’entouraient. Oui, il avait eu beaucoup de travail, il n’avait pas pu se libérer à temps, navré, il avait fait de son mieux.

A dire vrai, Gabriel n’avait pas été des plus emballés à l’idée de venir à cette petite fête, ce soir. Depuis quelques temps, il avait l’impression de stagner, tant dans sa carrière que dans sa vie en général, ce qui avait le don de prodigieusement agacer le Serpentard qui sommeillait en lui, avide d’ambition. S’il était venu, ce n’était que pour honorer la promesse qu’il avait fait à Riyadh : oui, il serait là, il le soutiendrait. Et puis finalement, non : son ami avait annulé un peu plus tôt dans la soirée, lui envoyant un hibou pour l’informer du fait qu’il passerait la soirée au Manoir Yaxley pour rester auprès de Gaïa.

Merveilleux, s’était dit Gabriel en terminant de se préparer. S’il n’y avait pas eu sa sœur, il ne serait pas venu, mais Achlys avait fortement insisté pour qu’il assiste à cette réception, alors le voilà, dans son nouveau costume, prêt à profiter du champagne et des petits fours. D’ailleurs, une coupe à la main, il se dirigeait vers le fond de la salle – où se trouvait le buffet - esquivant habilement les danseurs, quand il repéra du coin de l’œil une silhouette connue. Tiens donc : de toute évidence, il n’était pas le seul à avoir été lâchement abandonné.

Attrapant une nouvelle coupe de champagne sur un plateau, il fendit alors la foule, avec une drôle d’habitude qui le fit vaguement sourire. Ce n’était pas la première fois que Riyadh leur posait un lapin, après tout.

- Et après, on viendra dire que c’est moi qui ne suis pas fiable, souffla-t-il alors à l’oreille de Reha en guise de salutation, arrivant dans son dos.

Avec un sourire en coin, il présenta à sa compagne d’infortune la coupe qu’il avait cueilli pour elle et trinqua avec elle.

- J’ai l’impression d’être de retour au temps de Poudlard. Enfin, on nous fournit au moins le champagne, maintenant. De toute façon, il me semble qu’on ne peut en tenir rigueur à ton frère sans passer pour des sans-cœur, alors bon.

Ce n’était pas la première fois que Riyadh leur posait un lapin. S’il avait toujours bataillé pour rassembler sa sœur et son meilleur ami, le plus jeune des Shafiq n’avait pourtant jamais réellement mis un point d’honneur à jouer les médiateurs entre eux. Ils avaient fini par s’en accommoder, bien sûr, du moins à leur façon – c’est-à-dire à coup de sortilèges et de vacheries.

Mais pour une fois, Gabriel était bien content de croiser la douce Reha. Au moins avec elle, il ne risquait pas de s’ennuyer.

- Alors, comment vas-tu depuis notre dernière rencontre ? J’espère que je n’ai pas trop hanté tes pensées, très chère, ajouta-t-il avec un sourire en coin digne des plus insupportables des Serpentards.

Quelle était la devise de Poudlard déjà ? Ne jamais chatouiller le dragon qui dort ? Oui, Gabriel n’avait jamais trop aimé la prudence de cette devise. Il devait avouer qu’à chaque fois qu’il se retrouvait avec Reha, l’envie de l’asticoter le démangeait au plus haut point. Il ne savait pas s’en empêcher et, de toute façon, il n’en avait aucune envie. Et puis, elle le lui rendait bien, et c’était justement ça qui était intéressant : le jeu, celui de savoir lequel aurait le dernier mot, la meilleure réplique, qui saurait le mieux exaspérer l’autre.

Car quitte à être bloqué ici, autant pimenter un peu la soirée.
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Message#Sujet: Re: Destiny's Little Game || Reha Shafiq   Destiny's Little Game || Reha Shafiq Icon_minitimeDim 5 Déc - 20:41

❝Gabriel & Reha ❞Destiny's little gameOn est en septembre et Reha ne saurait même plus dire le nombre de réceptions auxquelles elle a assisté depuis ce début d’année. Quoiqu’il se passe dans le monde, il y a des choses immuables et qui ne changent jamais. Les fêtes qui rassemblent la bonne société sorcière en sont une. Dès leur adolescence, quand ils sont en âge d’être exhibés par leur famille en quête d’un parti convenable - si des fiançailles n’ont pas déjà été organisée avant même qu’ils ne puissent parler - les enfants sorciers savent que ceci sera leur quotidien pour de très longues années. Le savoir ne veut pas dire l'apprécier. Il faut bien admettre qu’il y a un côté affreusement répétitif. On y voit généralement les mêmes personnes et les causes défendues ou évènements à fêter finissent par passer au second plan si bien que l’on ne sait parfois pas si on assiste à un mariage ou un enterrement.

De par son métier, Reha a souvent une bonne excuse pour esquiver un évènement qui ne la tente pas. Après tout, elle n’est pas responsable des horaires qu’on lui attribue. Cette facilité à échapper aux plus pénibles rend probablement sa présence aux autres moins fastidieuse. Néanmoins, s’il y a bien quelque chose qu’elle ne supporte pas, c’est de jouer aux pièces rapportées pour être abandonnée.

Depuis l’annonce de la grossesse de Gaïa, Reha a, fort logiquement, peu vu son frère. Celui-ci, occupé par son travail, sa fiancée, les préparatifs pour l’arrivée du bébé, etc. a finalement peu de temps à lui accorder. Eux qui ont toujours été très proches s’éloignent progressivement. Rien de plus naturel évidemment, et sa sœur ne le prend d’ailleurs pas mal. Bien entendu, elle n’est pas ravie de son choix de fiancée - Gaïa étant trop différente d’elle et Reha jugeant que personne n’est assez bien pour son frère - mais elle a bien conscience qu’elle serait ingrate de s’en plaindre puisque c’est ce qui lui a permis de sortir de ses propres fiançailles. Quand son frère lui a proposé qu’ils se retrouvent, avec Gaïa, à l'événement caritatif organisé par son département.

Très bien, à répondu sa sœur. La voilà donc engagée et apprêtée pour l’occasion dans une spectaculaire robe de velours verte aux antipodes des couleurs de sa maison quand elle reçoit un message de son frère s’excusant pour leur absence et la priant d’aller faire bonne figure en leurs noms. Le déplaisir de l’ancienne rouge et or manque presque de faire accorder son teint de peau et celle de sa robe, néanmoins elle se reprend. Après tout, on peut difficilement reprocher à sa belle-sœur d’être fragile en ce moment. La voilà donc non loin du buffet à faire la conversation à un collègue de son frère, un verre à la main, regardant distraitement la salle et se demandant comment éviter l’ennui qui semble poindre quand elle remarque une tête familière. Difficile de le louper en réalité. Rowle a toujours eu le chic pour faire ses entrées. Avec aisance, il fend la foule, saluant quelques connaissances, discutant rapidement avec d'autres, pour arriver à sa hauteur.

Elle frissonne en sentant son souffle sur son oreille, mais ne sursaute pas et se tourne vers lui pour saisir la coupe qu’il lui tend avec ce qui ressemblerait presque à un sourire amical.

- J’ai failli attendre, le salue-t-elle en désignant sa coupe.

Elle en boit une gorgée tout en acquiesçant à ce que son compagnon dit d’un signe de tête.

- Il ne m’avait pas dit que tu serais là, il avait sans doute peur que je ne vienne pas, mais j’aurais dû le deviner. Je ne sais pas quoi en penser, je devrais être contente qu’il se soit dit qu’il fallait une personne supplémentaire pour que je ne joue pas la troisième roue du carrosse, mais d’un autre côté comment se fait-il qu’il n’a toujours pas compris après autant d’années qu’on était incapable de rester plus de dix minutes l’un avec l’autre sans se tirer dans les pattes ? Je sais qu’on dit les Gryffondor optimiste, mais c’est de la désillusion chez mon frère.


Quant à passer pour une sans-cœur, c’est bien le cadet de ses soucis. Cela dit, même si Gaïa n’aurait pas été son premier choix, la solidarité familiale prime et jamais elle ne critiquera sa belle-sœur devant d’autres personnes que ses frères et ses parents. La suite de la discussion tire un rire franc à la jeune femme qu’elle ne cherche même pas à cacher.

- Merlin non, je ne fais pas partie de tes groupies Rowle. En général, moins je pense à toi, mieux je me porte, mais je ne t’en voudrais pas si tu n'arrives pas à m'oublier, je fais souvent cet effet là aux gens.

Elle finit son verre qu’elle tend avec autorité à son compagnon :

- Au lieu de dire des bêtises, puisqu’il semblerait que nous soyons coincés ensemble, si tu reprenais un verre et puis après si je devrais être dans d’assez bonne disposition pour danser avec toi. Qu’est-ce que tu en penses ?

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Message#Sujet: Re: Destiny's Little Game || Reha Shafiq   Destiny's Little Game || Reha Shafiq Icon_minitimeMar 4 Jan - 1:49

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En se faufilant parmi les invités, un sourire étira les lèvres de Gabriel. S’il y avait bien quelque chose de Gryffondor chez Reha, c’était qu’elle n’avait peur de rien, et surtout pas de la provocation. Sa robe d’un vert profondément Serpentard en témoignait, ce soir, le reflet du velours se confondant presque avec les scintillements de l’argent qui caractérisait la maison de Gabriel. Et c’est ce détail, ce presque rien de détail qui rendit immédiatement à Gabriel toute son espièglerie : il pouvait dire ce qu’il voulait, quand Reha était dans les parages, il redevenait un gosse, un adolescent joueur et qui avait envie de tirer sur la corde pour voir jusqu’où il pourrait aller.

Presque déçu de ne pas avoir réussi à la prendre par surprise, le journaliste ne se laissa pas abattre pour si peu et rebondit immédiatement, sourire de requin aux lèvres.

- Très chère, je suis navrée. Personne ne s’est donc précipité pour jouer au chevalier servant ? Il était temps que j’arrive dans ce cas, même si je ne suis pas sûre que tu supportes la prestation jusqu’au bout.

Gabriel lui glissa néanmoins le verre dans les mains sans rechigner. C’était étrange cette habitude qu’ils avaient pris de tout autant apprécier la compagnie de l’autre sans pour autant parvenir à faire autre chose que, comme le disait si justement cette chère Reha, « se tirer dans les pattes ». Avec un rire un tantinet moqueur, Gabriel ne put qu’hocher la tête face à la description que fit la plus jeune des Shafiq de son frère.

- Riyadh est un éternel optimiste, que veux-tu ? Il doit sûrement se dire que si on ne s’est pas encore étripé, c’est qu’il y a une chance qu’on finisse par s’entendre un jour. Je n’ai pas le cœur à briser ces illusions, le pauvre petit, ajouta-t-il avec un petit rire.

Parfois, son ami désespérait Gabriel. Riyadh était trop gentil, trop naïf aussi, très sûrement. Depuis Poudlard, il bataillait pour réunir deux des personnes qui lui étaient le plus chères sans se rendre compte – ou en faisait tout pour ne pas se rendre compte – que ces dites personnes profitaient de chaque instant où il avait le dos tourné pour se balancer des chauves-furies à la figure. Gabriel avait souvent fait la remarque à Riyadh, l’enjoignant à être plus vif, plus imposé, et notamment face à Reha – et maintenant face à Gaïa qui semblait pouvoir faire ce qu’elle voulait de son fiancé.

Et en parlant de Gaïa, Gabriel ne put s’empêcher de noter la façon avec laquelle Reha éluda parfaitement le sujet. Un regard en coin à sa compagne, et le journaliste ne put s’empêcher d’ajouter son petit grain de sel.

- Alors ? Heureuse d’avoir retrouvé ta chère belle-sœur ? J’imagine que même si je te le demandais gentiment, tu ne me laisserais pas l’approcher, hum ? Quel dommage…

Oh, Gabriel saurait s’arranger. Il avait bien compris que même en tentant de la jouer franc-jeu avec Reha, il n’obtiendrait pas gain de cause. Il était plus facile de faire du charme à la petite stagiaire de son service, il apprendrait plus de chose… Quel dommage que cette technique ne fonctionne pas sur la médicomage. Gabriel aurait bien essayé, mais il tenait à sa vie et à sa carrière, il n’avait pas envie de mourir si jeune en ayant accompli si peu de choses.

Aussi se contenta-il d’asticoter Reha sans y penser davantage, souriant face à son répondant. Il fallait avouer, soit dit en passant, qu’elle avait un joli rire, quand elle voulait bien se laisser aller à quelques plaisanteries…

- En les traumatisant à vie, tu veux dire ? Oui, c’est vrai qu’il est compliqué d’oublier un souvenir difficile, je te l’accorde, mais, chacun sa méthode, je préfère laisser un souvenir agréable, tant pis si tu ne sais pas le savourer comme il se doit, répliqua-t-il, sans jamais se départir de son sourire irritant.

Le journaliste a à peine fini sa phrase qu’il se retrouve avec un verre vide fourré dans les mains, avec le presqu’ordre d’aller en chercher un autre, et fissa. Un sourcil haussé, presque en signe d’amusement, Gabriel termina sa propre flûte de champagne, sans quitter Reha des yeux. Une légère lueur de défi brillait au fond dans ses pupilles.

- Mais avec le plus grand des plaisirs, princesse.

D’un geste de la main, il fit signe à un serveur et échangea les coupes. Avec une révérence un tantinet moqueuse, il tendit sa coupe à Reha et trinqua de nouveau avec elle, le tintement du verre résonnant entre eux.

- Je tiens cette danse comme promise, ma chère. J’espère que tu seras à la hauteur de mes attentes. Mais attention à ne pas devenir folle de moi, à être si proche.

A la vérité, l’inverse était plus probable. Mais ça, Gabriel l'ignorait encore, très probablement.

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Message#Sujet: Re: Destiny's Little Game || Reha Shafiq   Destiny's Little Game || Reha Shafiq Icon_minitimeMer 5 Jan - 19:12

❝Gabriel & Reha ❞Destiny's little gameL’avantage avec Gabriel, c’est qu’il ne faut pas grand chose pour lancer la conversation. L’ancien Serpentard se charge d’ailleurs très bien de tenir le crachoir tout seul. Social et opportuniste, il ne perd jamais une occasion de converser avec les uns et les autres. Qui sait seulement quels secrets il peut leur dérober au cours d’une conversation des plus anodines ? Du talent pour son travail ? Il n’en manque pas ! C’est pour ça que la jeune femme fait toujours attention lorsqu’il est dans les parages. Sans être naïve, elle est trop franche pour aimer les tactiques plus subtiles qu’emploie le meilleur ami de son frère.

Il pourrait s’en vexer, mais elle doute que ce soit le cas. Pour faire le métier qu’il fait, il faut avoir la peau dure. S’il devait s’attarder sur ce que les gens pensent de lui, il aurait probablement envisagé une reconversion il y a longtemps. Après tout, même s’ils ne font que prétendre se détester, on ne peut pas vraiment dire qu’ils sont vraiment amis pour autant. Si Gabriel avait besoin d’aide, Reha lui tendrait sûrement la main, mais elle sait qu’il ne lui viendrait pas à l'esprit de se tourner vers elle en premier et il en va de même pour elle.

Ça ne les empêche pas de faire mauvaise fortune bon coeur. Les voilà, pour des raisons différentes, coincé à cette soirée et s’ils connaissent une partie des gens présents, nul doute qu’ils se soutiendront pour qu’elle passe le plus rapidement et agréablement possible. Se chercher et s’asticoter fait partie du jeu alors Reha rentre dans la danse par habitude, par facilité et parce que c’est leur façon de communiquer.

- Un optimiste, commente-t-elle avec un petit rire incrédule quand ils parlent de son frère. Même Hari l’est moins et Merlin sait qu’il ne manquait pas d’optimisme quand … Elle s’interrompt. On ne critique pas la famille devant les autres même s’il s’agit de quelqu’un d’aussi proche que Rowle. Soit. Tu as compris où je veux en venir.

De toute façon, elle n’a probablement pas besoin de lui expliquer. Il sait bien où elle veut en venir. Les dérives de son frère ont créé un énorme remous dans sa famille et même si Keylan, Chandra ainsi que son père sont modérés, Sélène, Riyhad et Reha étaient farouchement opposés au choix de vie fait par Hari. Une sang-mêlé, rien que ça … Elle préfère ne pas parler. Préférant que ça ne sache pas, peu sont au courant de ce qui est arrivé et maintenant que tout ça est passé, la jeune femme préfère faire comme si ça n’avait jamais existé. Préférant largement parler de sa belle-sœur, elle embraye sur le sujet avec un enthousiasme peu commun.

- On est tous très heureux de la savoir saine et sauve. Il faudra un peu de temps pour qu’elle surmonte le traumatisme lié à son enlèvement, mais en aucun cas te voir ne l’aidera. Même moi je risque d’avoir du mal à m’en remettre … Plus sérieusement Gabriel, c’est hors de question. Même Ryihad ne te le pardonnerait pas.

Pourtant, Godric sait qu’il est toujours prêt à prendre la défense de son ami, en particulier quand il trouve sa sœur en train de râler après ce foutu Rowle. Néanmoins, il tient à Gaïa comme la prunelle de ses yeux. Sa femme et son enfant ont désormais toute son attention et puisqu’il a failli perdre les deux, elle doute sincèrement qu’il permette la moindre interférence dans le bon rétablissement de l’ancienne Yaxley.

- Mais libre à toi d’essayer, je suppose que ça sera l’occasion de constater qu’il n’est pas toujours bonne pâte.

Elle-même est loin de l’être et s’ils étaient dans un autre environnement que celui-ci, nul doute qu’elle ferait un scandale. Depuis qu’il a appris le surnom que son père lui donnait quand elle était enfant, il en fait usage à tort et à travers si bien que la mangemort se dit qu’une bonne correction ne lui ferait pas de mal à l’occasion. Néanmoins, elle laisse filer ou presque et prend son verre dont elle boit une gorgée.

- Ne te donne pas une importance que tu n’as pas Gab. Je sais que tu rêverais que je me pâme devant toi comme la plupart de tes copines, mais honnêtement, tu n’as pas ce qu’il faut pour ça. Ne le prend pas mal, tu as tout ce qu’il faut pour, mais tu sais comment ça va, pas pour moi. N’aie donc crainte, on peut être aussi proche qu’on veut sans que je succombe à quoique ce soit. D’ailleurs viens, je vois Fawley qui s’approche et que je sois pendue si j’écoute encore une fois ses sous-entendus sur l’arrivée d’un nouvel héritier.

Délaissant son verre, elle entraîne son compagnon avec autorité sur la piste pour une valse. Lui comme elle ont reçu la même éducation et danser est aussi naturel que marché si bien que la jeune femme y prend un certain plaisir comme on le fait avec n’importe quel partenaire compétent.

- Tu sais comment ça va. Si tu n’es pas marié à trente ans, on te fait savoir qu’il serait temps d’y songer et que les héritiers n’arrivent pas par eux-mêmes. J’imagine que tu dois y avoir droit encore plus que moi, ajoute-t-elle avec une compassion non feinte.

Rowle étant l’aîné et un homme, nul doute que la pression qui repose sur lui est plus intense que celle qu’il y a sur elle.

- Imagine, il est marié depuis quoi ? Deux mois ?, reprend-elle en voyant Fawley les scruter. Et il me fait quand même des avances. Sa femme ne sourit pas assez il paraît. Moi non plus je ne serais pas souriante à sa place, est-ce que tu as vu l’âge de la gamine ?


La musique commence à mourir, il faut choisir s’il faut rester sur la piste, regardant son compagnon, elle propose :

- Encore une ?

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Gabriel Rowle
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Message#Sujet: Re: Destiny's Little Game || Reha Shafiq   Destiny's Little Game || Reha Shafiq Icon_minitimeMer 5 Jan - 22:37

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Pour Gabriel, c’était presque un réflexe : le journaliste ne l’avait jamais caché, il aimait parler, et surtout parler pour ne rien dire – car qu’y avait-il de mieux que de babiller sans rien révéler d’intéressant à son sujet ? Gabriel aimait faire parler les gens en leur faisant croire que c’était lui qui était au centre de l’attention. On ne soupçonnait pas ça chez lui, au premier abord, mais il accordait beaucoup d’attention à son entourage. En entrant dans cette pièce, par exemple, il avait repéré toutes les têtes connues, et même celles qu’il ne connaissait pas, rassemblant les informations qu’il pouvait voir à leur sujet – car, après tout, qui pouvait dire si son prochain grand article ne se cachait pas dans la foule, là, juste sous son nez ? Il fallait toujours être attentif, toujours sur le qui-vive.

Aussi ne loupa-t-il pas l’allusion que fit Reha quant à son frère Hari. Avec un léger sourire entendu, Gabriel hocha la tête.

- Parfaitement compris.

La seule raison qui faisait qu’il n’avait jamais rédigé un article là-dessus se cristallisait tout entière sous le nom de Riyadh : son amitié avec lui agissait comme un bouclier pour sa famille. Gabriel ne se serait jamais permis de rédiger un article qui aurait pu porter préjudices aux intérêts de son ami – et c’était d’autant plus vrai qu’il savait parfaitement comment ce dernier se positionnait par rapport à ces événements. Voilà pourquoi sa remarque sur Gaïa était, pour une fois, tout à fait innocente – ou presque, parce qu’il était toujours bon de récupérer quelques informations, tout de même.

- Ne t’en fais pas ma chère, je plaisantais, répondit immédiatement Gabriel. Je suis peut-être sans scrupule, mais je tiens à mon amitié avec Riyadh, et cette pauvre fille a déjà assez souffert. Faites quand même attention, l’affaire sera forcément confiée à un autre journaliste à la Gazette, et d’autres journaux viendront également toquer à sa porte, si ce n’est pas déjà fait. Enfin bon, j’imagine qu’avec tous ses frères et sœurs, elle est sous bonne garde.

Gabriel pouvait en attester : il avait bien essayé d’atteindre Octavia lors de son affaire, avant de se prendre en pleine face le mur qu’était Tibérius. Rien à faire avec celui-là : s’il ne voulait pas donner accès à sa famille, personne ne passerait. Et puis, Reha n’avait pas tort : toute cette histoire avait au moins eu l’avantage de réveiller une certaine combativité chez Riyadh, qui protégeait désormais sa famille bec et ongle. Dans les dernières lettres qu’ils avaient échangées, le futur père lui avait fait part de sa détermination nouvelle et Gabriel n’avait su que l’encourager, heureux pour son ami.

Mais il était également un peu attristé par cette perspective : il avait eu le temps de voir suffisamment de mariage se faire et se « consommer » pour savoir qu’une fois la corde au cou, plus rien n’était pareil. Son ami allait devenir père et allait devoir assumer ce rôle aux côtés de sa femme. Gabriel ne serait plus alors qu’une agréable distraction de temps en temps, quand il sortirait la tête des couches et de son travail.

Enfin bon, ce n’était pas le moment ni le lieu pour penser à tout ça. Après tout, Gabriel avait de la compagnie, et, si Riyadh avait eu l’audace de les abandonner, il n’allait pas faire de même envers la sœur de ce dernier, pas vrai ? Cette pauvre petite princesse, perdue là, avec lui – il fallait bien en prendre soin, n’est-ce pas ?

Il adorait la rendre chèvre. Et elle le lui rendait bien.

- Merci d’au moins reconnaître que j’ai « tout ce qu’il faut », c’est un premier pas vers l’acceptation, tu sais ? insista-t-il une fois de plus, avant d’être coupé dans son élan par une Reha désireuse de fuir et qui l’embarqua sans plus de cérémonie sur la piste de dance.

Dans son mouvement vers le centre de la pièce, Gabriel laissa échapper une grimace discrète à l’entente du mot « héritier ». L’obsession des Sang-Purs pour la lignée avait du mal à trouver un quelconque écho chez le journaliste. S’il n’avait rien contre l’idée d’être en couple, Gabriel avait plus de mal avec l’idée de famille. Sans trop savoir d’où il tenait cette réticence, il était néanmoins certains d’une chose : il n’était pas prêt à se marier et à se reproduire. Pour lui, cette perspective rimait avec fin de carrière et responsabilités doublées, et il était clairement trop égoïste pour ça. Aussi approuva-t-il les paroles de Reha.

- Tu n’imagines pas à quel point, soupira-t-il tout en suivant les mouvements de la valse. Hécate ne cesse de m’arranger des rendez-vous avec différentes femmes d’un peu partout à travers le pays… Elle est même allée jusqu’à me présenter une gamine qui n’avait même pas encore dix-sept ans, tu te rends compte ? Tout cela devient ridicule. Si c’était Castiel, il aurait…

Gabriel ne termina pas sa phrase. Quelle réflexion idiote. Si Castiel avait été là, la question ne ce serait même pas posée. Si son frère avait vécu, il serait sûrement déjà marié, aurait très certainement déjà eu au moins un héritier. Son frère, toujours si parfait, si prompt à briller, aurait déjà réussi à fonder une nouvelle génération de Rowle. Gabriel, lui, en était encore loin.

- Enfin bon, reprit-il. Tout cela est ridicule. Toi comme moi avons bien plus intéressant à faire, de toute façon. Pas vrai ? demanda-t-il avec un sourire renouvelé.

Car après tout, qui avait envie de suivre ce chemin si c’était pour finir comme Fawley et sa pauvre femme. D’un coup d’œil rapide dans la foule, Gabriel repéra le couple, un peu plus loin. Non, définitivement, la jeune femme n’était pas souriante, et pour cause : si Gabriel s’était offusqué qu’on lui propose une jeune femme tout juste sortie de Poudlard, cela ne semblait pas poser de problème à ce vieux rapace de Fawley. Une grimace de désapprobation étira les lèvres du journaliste.

- Il mériterait qu’on s’intéresse un peu à son cas, celui-là. Il a l’air bien trop souriant, je suis sûr qu’il a tout un tas de trucs pas très conventionnels cachés dans les placards, ricana Gabriel.

Mine de rien, Gabriel garda l’information dans un coin de sa tête, se détournant de ce couple si mal assorti pour se concentrer davantage sur sa partenaire qui, bien qu’ayant été prévenue, succombait enfin à ses charmes et réclamait une autre danse. Amusé, Gabriel lâcha un rire.

- S’il n’y a que ça pour vous plaire, princesse.

Dans un nouvel élan, la danse repartit et Gabriel relança la conversation.

- Et toi alors ? J’imagine qu’on ne doit pas encore te pousser dans les bras de jeunes minets, vu ta position, mais je suppose qu’on ne te laisse pas tranquille non plus avec la question du mariage ? Alors, qu’est-ce que ce sera ? ajouta-t-il en riant. Vieux décrépit ou ado prépubère ? A moins que tu n’aies des vues sur une perle rare ?

Simple curiosité, évidemment.

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Message#Sujet: Re: Destiny's Little Game || Reha Shafiq   Destiny's Little Game || Reha Shafiq Icon_minitimeJeu 6 Jan - 20:45

❝Gabriel & Reha ❞Destiny's little gameParfois, Reha voudrait bien détester Gabriel. Il a tendance à lui taper sur les nerfs et elle a tendance à ne pas être assez patiente pour le supporter. Pourtant, ce n’est pas lui rendre justice puisque c’est dans des moments comme celui-ci, où il fait preuve d’une délicatesse inattendue, qu’elle comprend amplement pourquoi son frère et lui sont amis depuis aussi longtemps. Nul besoin de lui expliquer ce qui est arrivé à Hari. Rowle est assez proche de leur famille que pour avoir suivi toute l’histoire ainsi que son triste dénouement. La jeune femme n’a jamais su si Ryihad avait pris la peine de préciser que Marianne était une amie proche ou que avant la fin leur frère avait supplier Reha d’intervenir, mais qu’importe, il en sait assez pour savoir que l’ensemble de cette histoire est désagréable pour la jeune femme si qu’elle lui est reconnaissante de ne pas en dire plus.

Gaïa est une autre paire de manches, à croire que Reha est destinée à ne pas apprécier ses belles-soeurs. En réalité, même si elles ont des goûts et des visions des choses bien différentes, ce n’est pas vraiment que Reha ne l’apprécie pas. La médicomage n’aurait rien contre Gaïa si celle-ci n’essayait pas tant de s’imposer. Dans le fond, sa belle-sœur n’est jamais qu’une version plus féminine de Tibérius et elle retrouve chez elle les mêmes défauts qui lui ont fait dire qu’un mariage avec son ami de longue date serait une très mauvaise idée. Si elle tolère tout ça chez Tib, qui est probablement son ami le plus proche tant ils ont partagés de choses ensemble, elle l’admet plus difficilement chez la jeune femme.

Néanmoins, elle se range à l’avis de Gaby. Gaïa a, en effet, assez souffert au cours de ces dernières semaines. Elle mérite repos et tranquillité, mais qu’elle le veuille ou non, il est plus que probable que les journalistes continuent de suivre l’histoire de près. Elle hoche la tête d’un air entendu et ne peut empêcher un soupir :

- Je suppose que tu as raison. L’affaire est trop intéressante pour qu’on la laisse en paix. Mais que veux-tu qu’ils disent de plus ?, demande-t-elle exaspérée. Gaïa ne se souvient de toute façon de rien et si on savait qui sont les coupables tu te doutes bien qu’il n’en resterait pas grande chose.


Evidemment, les déclarations enflamées de la jeune femme doivent ressembler à de la fanfaronade pour Gabriel qui est probablement loin de se douter qu’elle est parfaitement capable de mettre ses menaces à exécution. En réalité de Tibérius, Ryihad et elle, nulle doute qu’elle est la plus dangereuse, mais les apparences étant trompeuse, ce n’est pas elle qu’on soupçonnerait.

Tout naturellement, parce que c’est une discussion inévitable pour les gens de leur caste, la discussion s’oriente sur le mariage. Comme elle, Gaby souffre du même mal : une famille trop attentive à sa vie sentimentale et qui ne demanderait rien de mieux que de les voir se ranger gentiment. S’ils ont bons nombres de privilèges, ceux-ci ne viennent pas sans contrepartie, parmi celle-ci l’obligation sacro-sainte de se marier et enfanter. La réaction de Gabriel montre bien à quel point il goûte peu l’idée. Compatissante, Reha répond :

- Mes frères ont arrêté d’essayer de me présenter de bons partis. Je crois que mon père vit bien l’idée que sa fille unique ne se marie pas trop vite. Ma mère désespère par contre, comme elle ne cesse de me le rappeler, et tu sais à quel point elle peut faire preuve de sensibilité, j’ai une date de péremption que les hommes n’ont pas.


Sélène Shafiq, anciennement Selwyn, à l’inverse de sa sœur Circé, n’est pas connue pour son bon caractère. Caustique, elle n’hésite jamais à dire ce qu’elle pense, quitte à blesser autrui, même sa propre fille. Reha et Sélène ont d’ailleurs toujours eu une relation conflictuelle. L’ancienne Gryffondor est bien trop éloignée de ce que sa mère attendait d’elle et si elles ont tout de même de l’affection l’une pour l’autre, elles savent bien qu’il vaut mieux pour elle ne pas être trop souvent ensemble. Se tournant vers Fawley, elle le regarde avec un œil neuf et finit par demander :

- Tu penses ? Pourquoi tu n’irais pas voir de ce côté là vu que tes accès à Gaïa sont grillés ? Qui sait, tu trouveras peut-être quelque chose d’intéressant.

Quoiqu’il puisse y avoir d’intéressant sur Fawley, elle préfère laisser le journaliste le découvrir lui-même. Danser étant un bon moyen d’éviter des indésirables, elle propose une seconde danse que Gabriel accepte. Avec un soupir d’exaspération, elle menace le jeune homme :

- Gabriel, si je t’entends encore une fois m’appeler comme ça, je te jure que je n’attendrais pas un duel pour t’envoyer à Sainte-Mangouste.

La menace étant dite, ils peuvent passer à autre chose et c’est le mariage qui revient sur le tapis :

- Avoir des enfants ne me déplairait pas, finit-elle par répondre après un moment de silence.

Après tout, Reha a toujours aimé sa famille et voir ses frères à leur tour fonder la leur a fini par réveiller en elle des envies de maternité. Une déclaration probablement étonnante de sa part, mais Gryffondor jusqu’au bout, elle ne voit pas pourquoi elle mentirait. Par contre, elle peut répondre par omission ce qu'elle ne se gêne pas pour faire quand il lui demande si elle a des vues sur quelqu’un.

- Les vues que je pourrais avoir sur l’un ou sur l’autre n’ont pas d’importance. Il faudrait encore que ça soit socialement acceptable et tu sais comme moi que la liste de critères à remplir pour en faire partie est longue.


Non décidément, Harfang, même s’il partageait ses sentiments, ne ferait jamais un parti idéal. Elle ne le sait que trop bien. Or, si elle veut une famille des concessions doivent être faites et s’il y a bien quelque chose qu’elle déteste faire, ce sont des concessions.

Les dernières notes se font entendre et Reha songe qu’il est temps de changer de partenaire. Une petite vengeance en tête, elle s’approche sans qu’il y fasse attention d’une petite jeunette qui lorgne sur Rowle depuis qu’ils ont commencé à danser, une Rosier, tout juste sortie de Poudlard si elle se souvient bien. Lâchant la main du Serpentard, elle lui dit :

- Changeons de partenaires où on va finir par croire que tu me fais des avances. Ça serait vexant pour toi comme pour moi. Je vois Caelum pas loin et j’ai deux mots à lui dire. Je te laisse en bonne compagnie, je sens que Madeline rêve qu’on la fasse danser.

Et en un clin d'œil Reha est partie, laissant un Gabriel penaud devant deux choix, faire danser une adolescente ou converser avec Fawley. Elle ne se tracasse pas, en bon serpent qu’il est, il s’en sortira et finira par revenir l’importuner.


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Message#Sujet: Re: Destiny's Little Game || Reha Shafiq   Destiny's Little Game || Reha Shafiq Icon_minitimeMer 23 Fév - 0:05

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Comme pour beaucoup d’autres métiers, la sacro-sainte mission de vérité des journalistes s’était retrouvée pervertie par les besoins et les ambitions de ceux l’exerçant. Il était si facile de créer de fausses informations, de détourner les faits, de mentir et de jouer les illusionnistes du dimanche qu’il n’y avait aujourd’hui plus aucun prestige à pratiquer ce métier. Gabriel était particulièrement bien placé pour le savoir : dès sont arrivée à la Gazette, il s’était pris cette réputation de falsificateur de plein fer, il avait grandi dans cette pensée, évolué avec elle. Aujourd’hui, il l’avait fait sienne. S’il transformait les informations qu’il trouvait ? S’il les modifiait ? A quoi bon savoir la réponse ? Tout ce qui comptait, c’était ce qui était publié, et l’audimat que cela apportait à son journal. A dire vrai, Gabriel goûtait peu les faux-semblants et les mécanismes fourbes destinés à attirer l’œil des lecteurs. Néanmoins, il les connaissait bien, assez pour savoir que Gaïa Yaxley en ferait très vite les frais. Son histoire plaisait, notamment aux journalistes people, et des personnes sans morale – comme Villanelle, pour n’en citer qu’une – n’aurait aucune pitié à calomnier la jeune femme en inventant allègrement les détails qui manquaient.

- Inutile qu’elle se souvienne pour lui faire cracher le morceau, maugréa-t-il avec une pointe de dédain dans le regard. Elle respire le scandale, et c’est dans ce genre d’effusion que la vérité laisse place à l’imagination des plus ambitieux – ou des moins scrupuleux, si tu veux. Ne me regarde pas comme ça, ajouta-t-il à l’intention de Reha, le sourire aux lèvres. Tu peux penser ce que tu veux de moi, je ne fais pas partie des rapaces.

Gabriel considérait qu’il exerçait son métier avec un certain honneur. Oui, il était friand de ces dits scandales qui faisaient couler tant d’encre ; les grands éclats, c’était son domaine. Il n’y pouvait rien : il était comme un papillon de nuit attiré par la flamme d’une bougie, et il n’avait pas peur de se brûler les ailes. Mais pour autant, il n’était ni menteur ni porté à éluder les faits – du moins pas dans ce qu’il écrivait. Mais ça aussi, il avait renoncé à le faire entendre auprès du reste du monde, et il savait bien que Reha ne le croirait pas une seconde – ou alors, peut-être le croirait-elle, tout en considérant que son amour pour le phénoménal faisait irrémédiablement de lui un journaliste peu scrupuleux. Enfin bon, Reha avait un caractère plus flamboyant que le sien, héritage des Gryffondors, dont elle avait aussi reçu une franchise tranchante et une détermination bornée. Gabriel choisit de ne rien ajouter quand elle parla d’anéantir les agresseurs de sa cousine, mais il n’en pensa pas moins, son sourire en disant beaucoup plus qu’il n’était nécessaire.

Cette femme était une lionne, à n’en pas douter, et c’était quelque chose que Gabriel appréciait chez la jeune femme : elle aussi, à sa façon, c’était une flamme qui l’attirait et à laquelle il risquait de se brûler… Et cela valait aussi pour les potentiels partis que tentaient de lui présenter sa famille – en fait, ça valait surtout et avant tout pour eux. Les pauvres… Gabriel les plaignait sincèrement. Entre Reha et sa mère, il ne serait pas facile d’être le compagnon de l’unique fille Shafiq.

- Une femme charmante, répondit-il en buvant une gorgée de champagne. Enfin, elle n’a jamais été tendre avec personne.

Gabriel connaissait Riyadh et les Shafiq depuis suffisamment longtemps pour avoir partagé une bonne partie de leur vie. C’était en grande partie auprès d’eux qu’il avait fui son chagrin à la mort de son frère, et, à vivre dans les pattes de Sélène, il avait fini par bien connaître la mère Shafiq. Ce n’était pas quelqu’un à qui il fallait se frotter, et Gabriel avait autant de respect pour elle que de méfiance. C’était une femme dangereuse, aussi dangereuse que Reha, mais d’une façon peut-être plus insidieuse. La preuve en était son comportement envers sa fille : si Gabriel devait comparer la relation entre Reha et sa mère à celle qu’entretenaient Calista et Achlys, il était facile de voir les tensions.

Enfin bon, sa compagne d’un soir lui aurait sûrement fait remarquer que ce n’était pas ses affaires.

- D’ailleurs, se permit-il d’ajouter, taquin, si cela peut te rassurer, tu as encore le teint très frais pour quelqu’un de ton âge.

C’était d’ailleurs très certainement au goût de Fawley, au vu de l’âge de sa femme. Pour se payer le luxe d’un si joli minois, Fawley devait être au mieux un pervers, au pire une crapule. Mais Gabriel se contenta de lui lancer un regard dédaigneux tandis qu’il entraînait Reha sur la piste.

- Mmh. J’ai surtout l’impression que ce sera du vu et revu. Un homme comme lui n’a rien d’original, il est juste bouffi d’orgueil et de… tout un tas d’autres trucs que je préfère ignorer, conclut Gabriel, désormais une main sur la taille de sa compagne, valsant avec aisance. Quitte à ce que les gens me voient comme un journaliste véreux, autant choisir les sujets qui feront les meilleurs titres, tu ne crois pas, pr… ?

Gabriel ravala la fin de son mot, sans pouvoir retenir un sourire moqueur. La menace avait été proférée, mieux valait ne pas titiller davantage le dragon. Il avait déjà passé du temps à l’infirmerie à l’époque de Poudlard à cause des sortilèges de cette chère Reha, il ne voulait pas la pousser à bout. Pas qu’il n’aurait pas été pour un petit duel dans les règles de l’art – tous les deux étaient même assez friands de ce genre d’exercice – mais il préférait le faire sans l’avoir mise en rogne au préalable : il tenait à la vie.

Il y tenait tellement que lorsque Reha lui avoua vouloir des enfants, à l’avenir, il fit de son mieux pour conserver un visage non pas neutre mais attentif – et surtout, surtout, tout sauf surpris. Si la sœur de Riyadh se permettait une telle confession, celui qui l’entendait avait plutôt intérêt à savourer sa chance.

- Je ne savais pas, répondit-il tout de même, sincèrement surpris. Finalement, la question du mariage doit beaucoup plus te préoccuper que moi…

Lui, il ne voulait pas d’enfants. Pas maintenant. Peut-être jamais ? Quand d’autres ne rêvaient qu’à se révéler à travers leur parentalité et à faire perdurer leur lignée, Gabriel, lui, conservait des ambitions plus égoïstes. Il se pensait dans le présent, dans un avenir de réussite personnelle ; à dire vrai, le plus jeune des Rowle n’avait jamais réussi à se penser et à penser en chef de famille. Encore aujourd’hui, il en venait parfois à se dire que d’autres finiraient bien par s’occuper de tout ça à sa place, aussi le mariage ne lui paraissait pas une priorité. Reha, en revanche… Gabriel jouait suffisamment avec les mots pour comprendre les intentions derrière ces derniers. Sans volonté de blesser, il fit alors un sourire malicieux à la médicomage.

- Donc il y a bien quelqu’un, pas vrai ? Amoureuse, notre chère Reha ?

Gabriel taquinait, sans se douter de la vérité dans ses propres mots. Mais il n’eut pas le temps de réfléchir à cela : l’instant d’après, Reha mettait fin à leur danse sur les dernières notes de la musique, sous le regard incrédule d’un Gabriel laissé pour compte.

- Quoi ?! Reha, hé… Reha !

Mais trop tard : déjà, une jeune fille – trop jeune pour son propre bien – se trouvait sous son nez, battant exagérément des cils et Reha était perdue dans la foule. La peste ! Alors ça, c’était un coup qu’elle allait lui payer ! Coincé, un pied déjà dans la danse qui suivait, Gabriel fut donc obligé d’accorder sa danse à la jeune Madeline, qu’il fit valser du bout des doigts – par Merlin, il ne pourrait jamais être ce genre d’homme.

Heureusement pour lui, la danse se termina rapidement et, d’une pirouette habile, le journaliste parvint à s’échapper, promettant vaguement une nouvelle danse plus tard dans la soirée – promesse qu’il n’avait nullement l’intention de tenir. Tout sauf se retrouver de nouveau dans cette situation. Malheureusement pour lui, après la peste, ce fut le choléra qui lui tomba dessus. Au détour d’un plateau de champagne, Fawley lui mit le grappin dessus. Par Merlin, ce que Gabriel pouvait détester l’impératif de politesse qu’il se devait d’assumer en tant que chef de famille… Patiemment, il écouta le vieil homme déblatérer à propose de son mariage, d’un potentiel nouvel héritier, de la froideur de sa femme, et elle ne sourit pas assez, et elle doit être malade, et ce n’est pas normal, et moi je suis un joyeux drille, et blablabla…

Et puis soudain, l’illumination.

- Mais vous savez, Monsieur Fawley, je pense que si vous en parliez avec Reha Shafiq, elle pourrait faire quelque chose pour vous. Oui, c’est une très bonne médicomage, elle est spécialisée dans de nombreux domaines et je suis sûre qu’elle serait ravie de vous orienter comme il se doit. Et puis, elle pourrait vous conseiller un suivi pour une éventuelle grossesse ! Peut-être même qu’elle pourrait…

Qu’elle pourrait ci, et qu’elle pourrait ça, et Reha était vraiment une médicomage merveilleuse, Gabriel avait déjà envoyé plusieurs de ses amis la consulter. Non, vraiment, il suffisait juste d’insister un petit peu si elle se montrait réticente au départ, ce n’était que par pur humilité. Oh, et si vraiment elle résistait, il n’aurait qu’à dire qu’il venait de sa part.

Le poisson mordit, et il mordit bien : Fawley, rassuré dans son orgueil à l’idée que la froideur de sa femme puisse être d’ordre médicale – et non juste par pur dégoût de lui – fonça à la recherche de la médicomage. Patientant pour son petit effet, Gabriel s’empara d’une nouvelle coupe de champagne – c’était la combientième déjà ? – et se posta à l’écart, suffisamment en vu pour pouvoir assister au spectacle. De loin, il observa donc le vif échange qui s’installa entre le vieil homme - rapidement rejoint par sa jeune femme - et Reha, et il put presque entendre le moment où son nom fut invoqué dans la conversation : en croisant le regard de l'ancienne Gryffondor à travers la foule, il lui leva son verre avec un sourire satisfait puis s’éclipsa vers une des terrasses, sa mission accomplie. Vas-y ma grande, débarrasse-toi du vieux pour voir.

Oh, Gabriel ne doutait pas de sa réussite. Aussi attendit-il tranquillement de voir Reha débarquer, profitant de l’air frais du soir pour s’allumer une cigarette en paix. Au Manoir il n’avait pas le droit, pour le bien d’Achlys ; au travail, il n’avait pas le temps d’y penser. Et là…

- Tiens donc. Vous ici, ma chère, lança-t-il quand il vit Reha. Je ne m’attendais pas à te revoir de sitôt, ajouta-t-il en riant. Le vieux Fawley a-t-il réussi à décrocher le privilège d'un rendez-vous avec la meilleure médicomage de Sainte Mangouste ? Que dis-je, de l'Angleterre, au moins, pour traiter un cas comme celui-là !

D’un mouvement, il lui tendit son paquet, la cigarette aux lèvres, toujours ce même sourire accroché au visage. Oh, allez, c'était de bonne guerre. Allait-elle fumer avec lui le calumet de la paix ? Pouvait-on seulement parler de paix entre eux ?

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Message#Sujet: Re: Destiny's Little Game || Reha Shafiq   Destiny's Little Game || Reha Shafiq Icon_minitimeMer 23 Fév - 22:56

❝Gabriel & Reha ❞Destiny's little gameLe journalisme ? Très peu pour Reha. Ce n’est pas qu’elle ne s’intéresse pas à la politique et à l’état de leur monde, loin de là, mais elle estime que ce n’est pas dans les journaux qu’elle trouvera ce qu’elle cherche. Investie dans sa cause, elle est tout de même consciente que les quotidiens sorcier reflètent généralement l’opinion de leur rédacteur en chef ou propriétaire. Point de nuance chez eux ou très peu. Qu’importe. Reha a son opinion sur les questions importantes et la médicomage doute qu’on puisse la faire changer d’avis. De toute façon, une partie d’elle-même sait qu’il vaut mieux que ça ne soit pas le cas. Elle est bien trop engagée dans les mangemorts pour que la rédemption soit à portée de main si elle venait à s’apercevoir qu’elle s’est trompée de chemin. En bonne Gryffondor, elle préfère continuer sur sa lancée, garder ses certitudes et si elle rencontre un mur, ma foi, on verra bien à ce moment-là.

Que sa belle-sœur soit un sujet de conversation et qu’un certain scandale entoure sa disparition, Reha le conçoit, mais elle apprécierait que Gaby ne mette pas de l’huile sur le feu en alimentant la discussion. Néanmoins, il a raison, même si elle répugne à l'admettre : il y a pire que lui et il n’y a pas besoin de lui pour que les articles pullulent. Peut-on donc lui reprocher de surfer sur la vague ? Probablement pas, mais la plus jeune des Shafiq en digne représentante de sa maison estime que la loyauté envers son ami et son épouse devrait passer avant tout. Un point de vue que n’épprouve peut-être pas son frère qui, ayant fait ses classes au côté de Rowle, ne comprend pas toujours la loyauté farouche qui anime sa cadette.

La discussion dérive sans surprise sur le mariage. Celui de Riyhad a défrayé la chronique, lui qui a attendu si longtemps pour passer la bague au doigt de Gaïa. Gabriel, de son côté, elle le sait, n’est pas pressé de faire de même. Il faudrait déjà avoir quelqu’un pour ça sans compter que l’envie n’est pas là. Elle, même si elle ne désespère pas se marier un jour, n’a guère envie de suivre le plan de sa mère et les partis qu’on lui a présentés jusqu’ici sont loin de faire l’affaire.

- Tu sais comment elle est,
répond Reha en haussant les épaules avec indifférence.

Jadis, l’attitude de sa mère la blessait. Parfois, elle enviait ses filles dont les mères ne voyaient que les qualités quand la sienne ne savait pointer du doigt que les défauts. Oh bien sûr, Sélène aime sa fille, de ça Reha n’a jamais douté. Néanmoins, ce n’est pas parce qu’on aime que l’on aime bien et c’est finalement le genre d’amour dont elle peut se passer. Pourtant, elle peut lui être reconnaissante, c’est ça qui a forgé sa personnalité et lui a épaissit la peau. Sélène dirait d’ailleurs - peut-être à raison, mais sans que ça doive être une fierté - que le caractère bien trempé de sa fille vient d’elle. Un détail dont elle est fière uniquement quand ça ne se retourne pas contre elle.

- Techniquement, elle n’a pas tort. Je suis médicomage donc bien placé pour le savoir. Ce n’est pas parce qu’on vit plus vieux que les moldus, né-moldus et les sang-mêlés de nouvelle génération qu’on peut procréer beaucoup plus longtemps pour autant. Tu trouveras peut-être cinq années de différence. Mais malgré ça, je me vois mal prendre le premier venu juste pour satisfaire un instinct. Je ne voudrais pas avoir à passer ma vie comme eux, conclut elle en lançant un regard à Fawley et sa jeune épouse.

Elle rit avec légèreté au trait d’humour de Rowle et lui retourne le compliment à moitié :

- Je suppose que tu t’attends à ce que je dise pareil ? Impossible. Tu as déjà une trop grande estime de toi, si je me mets à te complimenter, j’ai bien peur de ne plus arriver à te ravoir.

Fawley ? Reha ne s’y intéresse pas assez pour vraiment insister. Elle voulait principalement mettre Gab sur une autre piste, mais elle voit bien qu’il ne mord pas à l’hameçon. Il y a des combats qu’il faut accepter de perdre et celui-ci en est un. A la place, elle fait la grimace, prête à mordre ou lui écraser le pied à la mention du mot interdit. Gabriel, sentant probablement qu’elle est sérieuse, hésite puis se tait, ce sourire insupportable toujours sur les lèvres.

Difficile de dire comment la discussion est devenue sérieuse au point que Reha lui avoue vouloir des enfants, mais toujours est-il qu’ils y sont. En réalité, ce n’est pas un secret, mais Reha en parle rarement. Pas par honte, mais plutôt à cause d’une espèce de pudeur que l’on trouvera étonnante chez elle. Quant à se confier à Gabriel, c’est bien la dernière chose qu’elle pensait faire et elle ne peut même pas invoquer l’alcool. Elle a bu certes, mais en quantité raisonnable. Pour le moment au moins.

- Me préoccuper ? Non, je n’irais pas jusque là. Je suppose que j’aimerai bien, mais pas à n’importe quel prix. Je ne dis pas que l’amour est un pré requis obligatoire. Je ne suis pas naïve, ce n’est pas une priorité chez nous, mais il me semble qu’on devrait au moins passer notre vie avec quelqu’un qu’on est certain de ne pas étrangler après deux ans de mariage. Et puis, il faut un minimum, tant qu’à avoir des enfants, autant s’assurer que le matériel qui sert à le façonner est de qualité, conclut elle en regardant Gabriel de haut en bas comme si elle jugeait de sa valeur. Ne t’inquiète pas, tu n’es pas un candidat potentiel. Tu peux abandonner cet air horrifié.

La discussion devenant rapidement trop sérieuse à son goût et la jeune femme n’ayant pas envie d’être au centre des rumeurs parce qu’elle a passé la soirée au bras de Rowle, elle se libère, le jetant au passage dans les bras de la brave Madeline qui ne demande pas mieux que de regarder le journaliste amoureusement tandis qu’il la fait tournoyer. De son côté, Reha ne ment pas et Caelum qu’elle va retrouver. A l’inverse de Tibérius, elle est très proche du fils de Vega et ils ont l’habitude de faire les quatre cents coups ensemble. Danser, n’est pas au goût de son cousin si bien qu’ils s’emparent de deux bouteilles qu’ils vont soigneusement vider ensemble sur une des terrasses en échangeant les dernières nouvelles. La présence de Rose, leur cousine qu’il ne désespère pas de séduire, interrompt leurs retrouvailles. Le fait que celle-ci soit techniquement avec Tibérius ? Une broutille pour Selwyn qui voit la chose comme un défi plus qu’une entrave. Les deux cousins se détestent et Reha, appréciant autant l’un que l’autre, se garde bien de se mêler de leurs affaires. Elle retrouve donc la salle de bal et s’empare d’une nouvelle coupe tout en observant Gabriel au prise avec Fawley. La pitié la gagne presque et elle envisage, dans un élan de charité qui ne lui ressemble pas, d’aller sauver le serpent du griffes de l’incroyable bavard. Elle regrette bien vite ses pensées charitables quand elle voit l’homme se diriger vers elle, de toute évidence sur les bons conseils de l’infâme.

N’étant pas connue pour sa patience, ni même pour sa délicatesse et son tact, il ne faut pas longtemps à la jeune femme pour envoyer praire l’homme. La froideur de sa femme ? Il lui suffit de se regarder dans le miroir pour comprendre. Quant à l’absence d’héritier, on commence par regarder dans son étable avant de remuer le foin du voisin et du reste, c’est loin d’être sa spécialité. Elle est spécialisée en maléfice magique et le seul qu’elle voit pour le moment, c’est celui devant elle. Si Fawley est vexé, elle sait que ça n’ira pas plus loin. Peu de gens se risque à s’en prendre à Sarang qui déteste que l’on médise sur sa cadette, quant à Sélène, il faut lui reconnaître que quiconque viendrait toucher à l’honneur familial risque de faire les frais de ses foudres. Critiquer, c’est sa vie, sa passion, mais elle seule se l’autorise, en particulier s’il s’agit de sa famille.

Gabriel, par contre, est une autre paire de manches. Heureusement pour lui, Reha a bien trop bu pour qu’elle prenne la peine de se fâcher. Et puis, il faut l’admettre, c’est de bonne guerre. Son ami a donc tout juste droit à des grommèlements en bonne et due forme. Elle tire une cigarette du paquet et l’entraîne à sa suite pour fumer à l’extérieur. Le temps est encore clément, l’occasion de déambuler dans les jardins de la propriété. C’est ce moment de la soirée où une partie des conventions sont mise au placard, une partie des gens sont partis, ne restent plus que ceux qui veulent s’amuser et on sait que la plupart des choses qui se passent à cette heure seront volontairement oubliés par tous à condition que ça ne soit pas trop scandaleux. Une règle tacite que tout le monde respecte scrupuleusement.

Fatiguée, elle allume sa cigarette et celle de Gaby d’un coup de baguette tout en marchant. Son chignon pèse lourd et sa chevelure est épaisse, aussi enlève-t-elle les épingles qui retiennent ses cheveux au fur et à mesure tout en discutant.

- Tu as de la chance que je sois aussi fatiguée. T’envoyer dans les bras de Madeline, c’était drôle, elle te regarde comme si tu étais comestible à chaque fois que tu es dans son champ de vision. Fawley, c’est cruel par contre. Ce type est affreusement bavard en plus et je crois que personne ne lui a expliqué que non ne voulait pas dire oui. Encore un peu et j’en venais aux mains.

Evidemment, Gabriel, comme beaucoup, doit penser qu’elle exagère. Si on sait que Reha, du temps de Poudlard, en tant que batteuse n’était pas timide quand il s’agissait de mettre des coups et que c’était une excellente duelliste, personne ne s’imagine que ce sont des compétences qu’elle a continué d’entretenir et cultiver avec les années. Lorsqu’ils se sont assez éloignés que pour être sûr de ne plus croiser d’important, elle profite d’un muret pour s’asseoir, enlevant ses talons et faisant courir ses orteils dans l’herbe un peu humide. La lumière se fait rare, mais elle distingue encore le visage de Gabriel correctement. Au loin, on entend encore la musique et les rires, mais plus assez pour que ce soit gênant et la jeune femme soupire d’aise devant ce moment de calme. Toujours pragmatique, elle demande :

- Tu as pris une bouteille avec toi ? C’est une soirée parfaite pour boire sous les étoiles, ça serait dommage de devoir retourner en chercher une.

En effet, en cet instant, Reha n’a pas envie de bouger. Après l’agitation de la soirée, un peu de silence lui fait du bien. Il y a un moment de silence puis elle se tourne vers Gabriel et lâche un peu involontairement :

- C’est agréable d’être avec toi quand tu n’as pas pour mission de pourrir ma vie. Je pourrais presque arrêter de faire pareil avec la tienne. Un visage comme le tiens, ça excuse beaucoup de chose, mais pas tout.

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La plupart du temps, Gabriel évitait le sujet. Que cela soit avec Hécate, avec Calista, et parfois même avec sa sœur, qui s’y mettait aussi de temps en temps – mais comment lui en vouloir en sachant qu’elle n’aurait sûrement jamais la chance d’être mère à cause de sa santé trop fragile ? Gabriel était sincèrement désolé pour elle ; pour ce qui était de son cas, il se trouvait très bien comme il était. C’était plus fort que lui : quand il tentait de se projeter, le journaliste ne parvenait pas à s’imaginer père. Il ne parvenait qu’à se voir travailler, travailler, encore et encore. L’avenir n’était pour lui qu’un flou dans lequel il se jetait sans réfléchir ; comment, dans de telles dispositions, penser à un enfant ?

Reha, elle, semblait avoir davantage les pieds sur terre. Peut-être même trop, étant donné la logique qui perçait de son discours. Sans rien dire, Gabriel l’écouta, les yeux perdus dans les siens. Il sentait la sincérité poindre entre ses mots, mais une sincérité si contenue, si contrôlée qu’elle lui faisait presque peur. A travers ses mots, c’était Sélène qu’il entendait, mais Gabriel n’était pas assez fou pour le lui dire. De toute façon, Reha devait déjà en avoir pleinement conscience.

- Hmm. On peut dire ce qu’on veut, cette affaire est loin d’être simple. Entre notre devoir et ce qu’on veut… J’imagine qu’il faut finir par faire des concessions, ajouta-t-il avec une grimace.

Tout comme Reha, Gabriel détestait ce mot. Il goûtait peu de devoir se plier à ce qu’on attendait de lui, même si c’était dans une moindre mesure. Il tenait à sa liberté, et c’était justement parce qu’il la chérissait qu’il avait tant de mal à être le bon chef de famille qu’on attendait de lui. Mais il était encore temps de faire semblant, d’ignorer les responsabilités, ce soir peut-être plus que jamais. Aussi chassa-t-il ces pensées, se penchant sur sa partenaire pour lui murmurer à l’oreille – discrétion inutile dans la musique ambiante.

- Ah, mais si tu refuses de le dire, ça signifie que tu le penses, n’est-ce pas ?

Gabriel était un charmeur. Il était conscient de son physique, conscient de ce qu’il pouvait faire aux autres, et il en avait toujours usé à bon escient – avec parfois de moins bonnes intentions, certes. Il avait toujours beaucoup trop usé de ses charmes auprès de Reha, majoritairement par moquerie, peut-être parfois sérieusement, quand l’alcool tournait dans les cachots à la fin de leurs études et qu’il ne la voyait plus qu’à travers le filtre embrumé de la boisson… C’était comme ça, ça faisait partie du jeu, voir qui irait le plus loin, qui saurait le mieux se jouer de l’autre. Reha n’avait jamais cédé ; lui non plus, jusqu’ici.

Et, de toute évidence, ce n’était pas aujourd’hui qu’elle allait céder : ce soir, Reha faisait preuve d’une rationalité à toute épreuve. A peine contrariée que son charme soit balayé par un laïus sur le mariage, Gabriel hocha la tête, un sourire entendu aux lèvres.

- Sur ce plan-là, tu marques un point. Il ne faudrait pas…

Le regard qu’elle lui lança ensuite le laissa presque sans voix. A parce qu’elle retournait ses propres armes contre lui, maintenant ? C’était une nouveauté qui ne lui déplaisait pas. Horrifié ? Pas le moins du monde ; surpris, plutôt – et pas dans un mauvais sens, il devait bien se l’avouer….

- Pas qualifié ? répéta-t-il en haussant un sourcil amusé. Pour dire ça, il faudrait – comment tu as dit, déjà ? Ah oui… t’assurer du matériel.

Sourire de requin, regard de défi… Mais, alors que les choses devenaient enfin intéressantes, Reha s’évapora. Entre les griffes de cette croqueuse d’homme en devenir qu’était la jeune Rosier, Gabriel se força à l’amabilité mais ses pensées se concentrèrent davantage sur une autre personne, et sur la façon dont il pourrait se venger de la dite personne. La solution se présenta à lui sur un plateau d’argent et c’est avec un plaisir non dissimulé qu’il regarda la médicomage subir à son tour le babillage incessant de ce vieux sénile.

Adossée à un mur, profitant de l’air frais du soir, il se contenta de l’accueillir avec un rire et une cigarette lorsqu’elle daigna enfin revenir vers lui, le regard lançant des éclairs, mais de toute évidence pas suffisamment revancharde pour le faire payer. Embarqué à sa suite, Gabriel profita du passage d’un serveur pour embarquer une bouteille, l’impression d’être de retour à ses vingt ans, quand, à l’aune de leur vie d’adulte, ils tentaient tous de s’échapper en douce loin de la surveillance autoritaire de leurs parents.

Enfin à l’abris dans les jardins, Gabriel profita du calme pour se détendre un peu, loin du bruit, loin des autres. La cigarette enfin allumée, il en tira une longue bouffée, puis lança un regard à sa compagne. Son regard s’accrocha à un reflet d’argent dans ses cheveux, reflets qu’elle défit un à un au fil de ses pas, libérant peu à peu une chevelure lourde et soyeuse ; quelque peu grisé par le champagne, le journaliste observa chaque mèche s’écouler lentement du chignon, retomber sur les épaules de Reha, glisser jusque dans son dos.

S’arrêtant un moment, Gabriel se pencha vers la médicomage. C’était bien trop tentant : du bout des doigts, il se saisit d’une mèche, la laissant couler entre ses doigts, appréciant la douceur du contact.

- Oh, allons, dit-il alors, un léger sourire aux lèvres. Contre ce vieillard ? Garde plutôt cette force pour des choses plus… essentielles. Il ne mérite pas tant d’efforts.

Il se détourna ensuite et reprit sa marche aux côtés de Reha, sa main comme encore chauffée par le contact fugace avec la crinière de cette lionne. Ils finirent par s’arrêter dans un coin à l’écart, un coin tranquille, loin de l’effervescence de la fête. Gabriel ne pouvait s’empêcher de sourire : qui l’aurait cru, après tout ? Qui aurait misé sur ces deux-là s’entendant assez pour s’isoler en un instant de calme, sans chercher à se tirer dans les pattes ? Gabriel ne l’aurait pas fait, mais ça ne l’étonnait pas outre mesure : s’ils avaient été prévisibles, les choses n’auraient pas été aussi amusantes.

- Pour qui tu me prends ? demanda-t-il face à la question de Reha. Je suis un parfait gentleman, madame : si je ne savais pas parfaire une soirée, ce serait d’une tristesse…

Il posa deux verres sur le rebord, les servit tous les deux, puis en donna un à la médicomage.

- A ta santé, déclara-t-il en faisant tinter son verre contre le sien.

Quelque chose brillait dans les yeux de Reha, quelque chose qui avait sûrement tout à voir avec le contenu de la bouteille et qui lui conférait un charme indéniable. Elle semblait enfin bien loin des discours qu’elle lui avait tenus plus tôt, bien loin des préoccupations qui la taraudaient alors. Et il n’était rien de plus appréciable que de partager cette liberté avec elle.

Toujours dans la provocation, Reha ne put s’empêcher de relancer la partie, cette interminable partie qui se jouait entre eux depuis des années, mais dans des tons cette fois-ci plus apaisés. Terminant son verre, il finit par le déposer à côté de la médicomage et, la chaleur de l’alcool lui montant à la tête, il vint se placer face à elle, ses mains posées de part et d’autre de ce petit bout de femme, sur le rebord.

- Oh, vraiment ? Et quelles sont les limites à ce charme ravageur, d’après toi ? Je serais curieux que tu me montres ça...

Gabriel avait certainement bu plus qu’il n’aurait dû, mais il avait encore tous ses esprits. Suffisamment pour savoir ce qu’il faisait ; peut-être pas assez pour penser aux conséquences de ses actes. Mais qui s’en souciait, là, à cet instant, ici, dans ces jardins propices à la folie d’une seule et unique fois ?

Certainement pas lui.

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Message#Sujet: Re: Destiny's Little Game || Reha Shafiq   Destiny's Little Game || Reha Shafiq Icon_minitimeJeu 24 Fév - 23:07

❝Gabriel & Reha ❞Destiny's little gameQuand elle parle de son physique, Reha n’est pas toujours tendre avec elle-même. Des stigmates du discours de Sélène qui ont laissé leur trace. Quoique sportive pendant son adolescence - et même encore maintenant à l’âge adulte - elle n’a jamais perdu ses rondeurs et elle a hérité du physique très de la famille de son père plutôt de celui filiforme de sa mère. Hari et Riyhad ressemblent plus à leur mère. Contrairement à Chandra, Keylan et elle, ils sont ce côté fin et nerveux que l’on reconnaît facilement. Avec les années, elle a appris à s’aimer et à tirer avantage de son physique peu conventionel pour le goût de l’époque, mais c’est presque un réflexe que de s’auto-critiquer parce qu’elle préfère encore le faire elle-même que d’entendre Sélène lui donner son avis. Par contre, s’il y a bien une chose dont elle est fière, c'est ses cheveux. Contrairement aux anglaises de pure souche, la jeune femme a une chevelure longue d’un noir ébène fluide et épaisse dont elle aime jouer.

Jouer, c’est d’ailleurs ce qu’elle est en train de faire avec Gabriel. Pied nu dans l’herbe, s’éloignant de la fête, ils retrouvent leurs habitudes d’adolescent ou, lassé de la fête en cours, ils allaient s’isoler avec une bouteille et quelques amis dont son frère. Les années ont passé, mais les habitudes sont restées et les vieux réflexes reviennent vite. Seul changement ? Ils sont désormais seuls. Poudlard est loin et chacun a commencé à faire sa vie, même Riyhad qui ne semblait pas avoir envie de se ranger doit maintenant faire face à ses responsabilités. Quoiqu’elle soit heureuse pour son frère, ça n’empêche pas Reha de soupirer, un peu amère de voir qu’il finit par avoir ce qu’elle voudrait réellement.

Ça ne sert à rien de ruminer, elle le sait, alors mieux vaut oublier. Quoi de mieux que Gabriel pour ça ? Même lorsque l’exaspérer n’est pas sa mission, il finit par y arriver et elle sait que les discussions même les plus amicales avec lui sont animées si bien qu’il finira rapidement par la tirer de sa mélancolie. Du reste, elle a bu et comme souvent en cette occasion, elle se sent grivoise, un peu affamée avec ce besoin de combler un manque que ses amants de fortune n’arrivent que peu souvent à satisfaire. Même Harfang n'arrive pas à calmer ce manque puisqu’elle sait qu’il n’est jamais à elle, mais plutôt à toutes ou à personne. Avec Gabriel, ils ne se sont jamais permis de franchir la limite. C’est un ami de son frère et puis c’est agréable d’avoir des amis (même si on ne les appelle jamais ainsi) avec qui les choses ne sont jamais ambiguës.

- Je n’en attendais pas moins de toi. C’est le minimum. Je signalais juste que j’aurai été déçue.

Elle s’arrête et se tourne vers lui avec un sourire taquin avant de lui tapoter la joue avec amusement :

- Et tu ne voudrais pas me décevoir, n’est-ce pas ? Juste m’agacer.

Elle se saisit d’un verre et trinque avec Rowle en songeant que sa gueule de bois du lendemain risque d’être phénoménale. Une chose est sûre, elle ne rentrera pas par transplanage. C’est la désartibulation assurée et elle préférait ne pas devoir aller à Sainte-Mangouste pour autre chose que le travail.

- Je t’ai déjà pardonné Fawley, je me trouve généreuse,
répond elle à sa question.

Mais Gabriel ne parle pas de ça. Ils le savent tous les deux. D’autres feraient probablement semblant de ne pas voir où il veut aller, mais ce n’est pas le style de la jeune femme et ça serait insulter leur intelligence à tout les deux. D’habitude, elle se contenterait de mettre clairement un stop à la situation, leur interdisant de franchir cette ligne un peu floue qui a toujours existée. Néanmoins, elle est lasse, fatiguée, frustrée et agacée par sa propre situation sentimentale actuelle. Le rejet de Thorn, l’indisponibilité d’Harfang, voir son frère et son ancien fiancé nager dans le bonheur, tout ça l’énerve et l’incite à oublier les barrières qu’ils ont eux-mêmes dressées. L’alcool n’aide d’ailleurs pas et Reha pourra très sournoisement l'accuser de tous ses maux demain matin.

- Pourquoi tu n’essaies pas de voir où sont les limites ?. Promis, je ne te frapperai pas,
jure-t-elle en se penchant vers lui. Et moi, tu me mets des barrières ?

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Message#Sujet: Re: Destiny's Little Game || Reha Shafiq   Destiny's Little Game || Reha Shafiq Icon_minitimeDim 27 Fév - 23:18

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Il était parfois presque étrange pour Gabriel de se dire que, d’une certaine façon, il avait grandi avec Reha et qu’il la connaissait bien mieux qu’elle ne voulait l’admettre – proximité qui valait dans les deux sens puisque la médicomage était une des personnes qui cernaient certainement le mieux sa personnalité volatile. Oui, c’était effectivement étrange, puisqu’ils avaient toujours pris le plus grand soin à cultiver une distance de façade, à coup de sortilèges perdus, de piques aiguisées et d’humour douteux ; qui aurait pu parier sur une certaine complicité entre eux ? C’était qu’il fallait s’accrocher avec leurs sales caractères, à comprendre quand est-ce qu’ils étaient sérieux, et quand est-ce qu’ils ne l’étaient pas.

En l’occurrence, ils ne l’étaient pas ce soir – ou peut-être l’étaient-ils trop pour leur propre bien. Au moment où Reha l’avait embarqué dans les jardins, Gabriel avait de toute façon bien senti que la soirée prenait un tournant, que la partie commençait enfin vraiment. A la lueur pâle de la lune et de celle plus intimiste des bougies jalonnant les allées recouvertes de gravier, le journaliste s’était déjà laissé avoir à une partie du jeu, de toute façon. Reha était-elle belle ? Gabriel n’en avait jamais douté, sans pour autant y prêter une attention particulière. Il n’avait jamais regardé la sœur de Riyadh autrement qu’avec les yeux d’un adversaire, parfois avec ceux d’un homme, mais en de rares occasions ; rien à voir avec le regard de charmeur qu’il pouvait poser sur d’autres femmes lorsque le jeu de la séduction se lançait.

C’était peut-être là que se situait toute l’ambiguïté de leur relation, au final. Ami, adversaires, connaissances, flirt ? Rien de cela et un peu de tout à la fois, sûrement ; drôle d’entre-deux qui rendit sûrement plus simple le basculement dans une atmosphère plus suave, plus propice aux dérapages. La bouteille aidant, ils s’attelèrent alors à parfaire l’instant, toujours dans cette semi-sincérité qui teintait leurs échanges, sous couvert d’un humour dont ils étaient aussi friands l’un que l’autre.

- T’agacer à un certain goût de danger que j’apprécie tout particulièrement, je dois l’avouer, déclara-t-il avec un sourire très satisfait. J’adore te mettre hors de toi.

Ce n’était un secret pour personne et, pourtant, Gabriel trouvait que ses mots rendaient un tout autre sentiment, comme si ce qui l’agitait de l’intérieur commençait à percer sans qu’il puisse y faire quoi que ce soit ; comme si, à regarder Reha sous le filtre nouveau de cet énième verre de champagne, quelque chose s’éveillait en lui, quelque chose qui avait finalement toujours été là et qu’il mourrait d’envie de libérer, soudain.

Le regard s’égarant de plus en plus régulièrement ailleurs que dans les yeux de sa compagne, Gabriel ne put réfréner le sourire définitivement amusé – et peut-être un peu séducteur, il fallait l’avouer – que lui tira la provocation de Reha. C’était ce qu’il aimait chez elle : jouer avec le feu ne lui avait jamais fait peur.

Mais à ce jeu-là, c’était sûrement lui qui risquait le plus de s’y brûler les ailes.

Gabriel ne prit pas la peine de répondre. S’il n’avait rien tenté jusqu’à cet instant, c’était par respect pour Reha : il avait encore suffisamment d’esprit pour être gentleman, et forcer ses désirs sur une femme n’avait jamais été sa tasse de thé. Néanmoins, quand, à mi-mots, la médicomage lui donna ce qui ressemblait à s’y méprendre à un accord, il n’hésita pas une seconde de plus : sa main, assoiffée d’un contact qu’elle n’avait pu savourer que quelques secondes, remonta le long du cou de l’ancienne Gryffondor jusqu’à se poser sur sa nuque, se perdant dans la chevelure noire ; et, répondant enfin à ce désir qui lui tordait le ventre depuis qu’ils avaient pénétré dans les jardins, Gabriel rapprocha le visage de Reha du sien et l’embrassa.

Depuis combien de temps les lèvres de cette femme l’obsédaient-il ? Il n’en avait aucune idée mais, à l’instant où il sentit leur chaleur sous les siennes, Gabriel sut que l’envie était le dévorait depuis un moment déjà. C’était plus fort que lui : le journaliste avait toujours voulu ce qu’il ne pouvait pas avoir. Mais à l’instant, perdu dans cet échange qu’il n’imaginait pas se produire à peine quelques heures plus tôt, toutes ces futures préoccupations étaient bien loin de lui. Emporté par l’alcool et sa propre témérité, Gabriel était loin de la réalité ; il fallut le bruit soudain d’un verre cassé pour enfin rompre le charme.

En un sursaut, il s’écarta de Reha, lançant un regard agacé au verre qui, un instant plus tôt, se trouvait encore sur le rebord, et qui était maintenant éclaté en milles morceaux à ses pieds. Lorsqu’il releva la tête vers celle dont il ne s’était toujours pas détaché, pour la première fois depuis longtemps, Gabriel ne trouva pas quoi dire. La vérité du moment venait de lui sauter aux yeux. Alors, lentement, il laissa glisser sa main le long de la joue de Reha, s’éloignant presque à regret, et se redressa enfin.

Un sourire bien moins fanfaron que les précédents étira ses lèvres. Et maintenant ?

- Je dois dire que… cette soirée est pleine de surprises, finit-il par lâcher du bout des lèvres.

Et maintenant ?

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Message#Sujet: Re: Destiny's Little Game || Reha Shafiq   Destiny's Little Game || Reha Shafiq Icon_minitimeMer 2 Mar - 18:19

❝Gabriel & Reha ❞Destiny's little gameQuelle est la limite du jeu ? Quand est-ce que celui-ci perd son statut et se transforme en réalité ? Reha n’en sait rien. , on ne peut pas dire que ce sont des questions qu’elle se pose. Ce n’est pas son genre. Gryffondor jusqu’au bout des ongles, elle a pour devise “Agir d’abord et réfléchir ensuite”. La jeune femme en fait, dans sa vie privée, un style de vie qu’elle cultive avec une certaine indolence. Il faut dire qu' en général, les gens avec qui elle batifole, savent à quoi s’en tenir. La jeune femme est très claire dès le départ sur ses attentes et son investissement. Qu’on appelle ça une relation ou non, rien ne prête à conséquence. Elle n’est pas de celle qui se fixe, ni par convention, ni pour faire plaisir, faute d’avoir trouver ce qu’elle cherche, la jeune femme continue d’explorer l’éventail de ses possibilités, tout en déplorant souvent ne pas trouver chaussure à son pied .

A contrario des femmes de sa génération, elle exerce une liberté totale sur son corps, sachant pertinemment comment s’épargner les conséquences désagréables d’une vie sexuelle active. Étant en possession de ces informations, la médicomage n’a jamais vu le besoin de se fixer avec le premier venu. Entière, dans tous les pans de sa vie, elle ne veut pas de demi-mesure. Si elle doit abandonner son célibat, c’est pour s’engager. Mais se mettre en couple, attendre de voir ce que ça pourrait donner, s’investir et ensuite être déçue et mettre un terme à son investissement. Très peu pour elle. On pourrait juger que c’est une façon froide, presque trop rationnelle d’envisager le couple, en particulier pour une Gryffondor comme elle. C’est probablement le cas, elle est un peu plus calculatrice que d’autres représentants de sa maison. Il faut y voir l’éducation de Sarang et Sélène, ainsi que l’influence de sa fratrie passée à Serdaigle et Serpentard avant elle.

Quoiqu’il en soit, si elle connaît ses limites et celles qu’elle fixe, il est probable que Gabriel, lui, ne le sache pas. Quoique amis, sous couvert de leurs piques et leurs coups bas, ils ont toujours laissé leur vie sentimentale de côté lorsqu’ils parlaient ensemble. Une pudeur ou une limite qu’ils ont toujours préféré ne pas franchir. On ne couche pas avec le meilleur ami de son frère, en particulier quand on fait partie du même groupe. Et Harfang dira-t-on ? C’est un bon ami de Chandra après tout ! Une exception, répliquera la jeune femme. Harfang met une distance avec toutes ses conquêtes et cette distance est tellement visible et claire que personne ne pourrait jamais se tromper sur la nature de la relation qu’ils entretiennent.

Parce que Reha sait tout cela, elle ne devrait pas jouer avec les limites qu’elle s’est fixées. Qu’importe que Rowle la titille, flirte, joue avec les lignes et sois finalement lui-même presque aguicheur, elle devrait savoir qu’elle ne peut pas tomber dans ses rets. Et pourtant, ignorant la partie encore lucide d’elle-même qui lui dit qu’elle joue un peu trop avec le feu, Reha joue à son tour. Tantôt presque ingénue, comme si elle n’était pas vraiment consciente de ce qu’elle faisait, tantôt franchement provocatrice. Mettant son ancien camarade au défi de sauter le pas.

Il ne fallait pas plus qu’une provocation, l’autorisant à dépasser les bornes pour qu’il cède à ses pulsions. Loin de le repousser, c’est presque voracement que la médicomage lui rend son baiser. La sensation des lèvres sur les siennes, loin d’être familière, provoque une excitation et un intérêt qu’elle n’avait pas éprouvé depuis un moment. Son estomac se crispe avec délice, son corps se tend, profitant du moment, soulageant une tension qui n’était pas vraiment existante. Le verre cassé, elle ne l’entend même pas et il faut que Gabriel brise le contact pour qu’elle comprenne ce qu’il se passe.

De son côté, le moment n’est pas encore passé. Elle sait que c’est une erreur, mais tant qu’à l’avoir faite, elle veut en profiter encore un peu. Se levant à son tour, elle le rejoint sans se laisser intimider par sa taille et exige un peu amusée :

- Embrasse-moi


Pour la première fois de l’histoire, Gabriel s'exécute sans protester, pas timide, Reha se presse contre lui, savourant la proximité de ce corps inconnu et pourtant familier, explorant sans gêne ce qui lui est offert. Ayant assouvis une certaine soif, c’est elle qui s’écarte, rompant gentiment, mais fermement le contact. Elle profite encore de l’euphorie et de l'insouciance que l’alcool procure, c’est pourquoi tout lui semble simple quand elle déclare :

- Je pourrais presque comprendre pourquoi Madeline te court après, dommage que ça ne puisse pas recommencer.

Parce que même saoule, elle le sait, c’est l’histoire d’une soirée.

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Message#Sujet: Re: Destiny's Little Game || Reha Shafiq   Destiny's Little Game || Reha Shafiq Icon_minitimeVen 4 Mar - 16:59

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Gabriel savait l’effet qu’il faisait aux autres. Sa belle gueule, il en était conscient, il en jouait, parfois à outrance. Dès Poudlard, il avait fait des ravages parmi la gent féminine, aimant le flirt, poussant parfois le jeu jusqu’à sortir avec l’une des demoiselles, mais jamais de façon très sérieuse. Parce que Gabriel avait toujours mieux à faire, et qu’un couple, ça demandait du temps et de l’investissement. Il se lassait vite, vendu corps et âme à son ambition, d’abord, à son travail, ensuite. A ce jour, ses conquêtes s’étaient multipliées, mais rien à voir avec certains de ses congénères sang-purs. Gabriel ne ressentait pas le besoin d’avoir une multitude d’amantes à ses pieds : sa gueule d’ange lui suffisait déjà à toutes les charmer, et ça lui était suffisant. Plus qu’une relation, Gabriel recherchait le flirt, la séduction, le jeu du chat et de la souris jusqu’à voir qui serait le premier à craquer.

Ici, c’était lui. Il se pensait chasseur, il se retrouva victime des lèvres de Reha, emporté dans un élan qu’il réfrénait depuis l’entrée dans les jardins. Son esprit, déjà embrumé par l’alcool, sembla se perdre un peu plus lorsqu’il céda à son envie et qu’il sentit, tout contre lui, la médicomage céder aussi. L’excitation le rendait fébrile, l’étreinte était presque brutale tant ils avaient tiré sur la corde avant de finalement se laisser aller.

Le verre qui se brise rappela fugacement la réalité à un Gabriel presque essoufflé de ce premier échange, mais il suffit de quelques mots, un soupir pour qu’il attire cette fois définitivement Reha contre lui. Le temps sembla se perdre, comme accélérant et s’arrêtant tout à la fois, les laissant tout à leur empressement. De plus en plus téméraire, l’alcool aidant, Gabriel se laissait complètement aller à l’échange. Pensait-il à l’après ? Certainement pas. Seul comptait cette soif qui s’assouvissait lentement, comblant un certain quelque chose tout en l’assoiffant toujours davantage.

Lorsque, finalement, l’empressement s’estompa et que, avec une fermeté qu’il aurait préférée lui voir perdre, Reha le repoussa, Gabriel reprit son souffle. Son cœur battait vite, battait fort, peut-être même trop, mais il appréciait cette pression qui lui secouait la poitrine, qui semblait le réveiller. Toujours le même sourire malicieux aux lèvres, Gabriel consentit à s’écarter quelque peu, encore tout accaparé par ce moment perdu dans les jardins.

Pourtant, quand Reha reprit la parole, quelque chose le dérangea. Oh, on ne pouvait pas parler d’une douche froide, il trouvait encore très drôle que la médicomage ait conservé tout son répondant ; cependant, la voir si vite passer à autre chose le dérangea, sans qu’il ne sache dire d’où provenait ce sentiment.

- Je serais presque déçu, souffla-t-il avec un rire quelque peu rauque. Moi qui pensais t’avoir donné envie d’y revenir…

Gabriel n’avait pas envie de parler de Madeline. Cette gamine avait au mieux lu trop de roman à l’eau de rose, au pire entendu trop d’histoire de femme assassinant leurs époux. Et puis, toujours transporté, le journaliste n’avait d’yeux que pour Reha. Se disait-il, lui aussi, que tout cela n’était qu’une erreur ? A vrai dire, il ne voyait pas si loin. Cette soirée ne portait pas à conséquences, à ses yeux, et il n’envisageait pas ses relations de la même manière que la médicomage. Tout ce qu’il voyait, lui, c’était que cette femme lui plaisait, qu’elle lui plaisait énormément et, qu’au final, ça avait toujours été le cas. Il aimait son mordant, et repousser ses limites ce soir n’avait été, au final, qu’une prolongation de leur jeu, un interdit qu’ils avaient voulu goûter.

Ce fut donc avec un sourire qui ne tarderait pas à s’effacer que Gabriel continua sur sa lancée, presque comme si rien d’extraordinaire ne s’était passé entre eux.

- Je savais que je te faisais craquer, ajouta-t-il avec un rire. Il fallait bien que tu finisses par te l'avouer à toi-même.

Avouer que c’était réciproque ? Beaucoup moins drôle, et puis ce n’était pas le moment d’y penser : ça, ce serait pour demain, lorsque la gueule de bois l’aurait traîné jusqu’à la salle de bain et que, après une potion de dégrisement, il se souviendrait enfin de façon claire de cette soirée. A ce moment-là, et pas avant, il se dirait sûrement qu’elle lui plaisait et qu’il aurait peut-être dû lui dire, mais tant pis : si Gabriel avait été quelqu’un d’honnête, tout le monde aurait été au courant, lui le premier.

Alors à la place, il tapota gentiment la joue de Reha du bout de son index, taquin, sans rien dire. Un peu plus loin, vers le manoir, le bruit des discutions se faisait moins intense, la musique basculant vers un rythme plus lent, plus faible, créant une ambiance de fond pour accompagner le départ des invités. La soirée touchait à sa fin, les gens se pressaient vers les cheminées ou les portoloins mis à dispositions pour rentrer chez eux, repus de boisson et de musique, enfin soulagé de leur devoir social. D’un geste, Gabriel consulta la montre à gousset de son père, accroché à son veston. Il était tard, bien plus tard que ce qu’il pensait et que l’heure à laquelle il avait initialement pensé rentrer. Son programme avait été allègrement bousculé et, à dire vrai, Gabriel avait adoré. Heureusement que Riyadh n’était pas venu, finalement.

- J’imagine qu’il est temps de rentrer, Princesse, déclara-t-il en tendant une main vers Reha.

En vérité, Gabriel n’avait pas envie de partir. Mais il s’y savait obligé.

Tout comme il saurait, demain matin, que cette soirée porterait forcément à conséquence.

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