Soldat connu et sorcière inconnue (Carlotta et Will Tilley)

Warwick resserra autour de lui les pans de sa veste, autant pour se protéger du froid hivernal que pour repousser son appréhension. Il se tenait devant la maison dont on lui avait parlé, dans cet étrange petit village dont il avait toujours ignoré l'existence jusqu’ici. C’était une chance qu’un sorcier bien intentionné et un brin jemenfoutiste lui ait indiqué comment s’y rendre, car le jeune homme aurait été bien en peine de trouver seul. D’après ce qu’on lui avait dit, quelqu’un comme lui n’avait aucune chance d’arriver par hasard à Pré-au-Lard. Mais une fois bien informé, tout était possible… Dans cette maison vivait, d’après ses informations, une sorcière amie des humains non dotés de pouvoirs magiques, à même de l’aider à entrer pour de bon dans cet univers pour poursuivre sa quête.

Désormais, chaque pas que Warwick ferait serait un risque en plus, mais chaque pas le rapprocherait également de son objectif. Il sentait qu’il devait le faire, au mépris de ses appréhensions ; c’était dans ses tripes, le jeune soldat devait se rendre utile pour servir son pays, quoi qu’il en coûte. Et ces groupes extrémistes dont il ne savait rien, en dehors de leur obsession de pureté et de leur penchant pour la violence, nécessitaient de toute évidence que l’on se batte contre eux. Il avait encore tant à apprendre, qu’il lui semblait parfois que ses projets étaient une pure folie, quand il ne doutait pas simplement de sa santé mentale et de l’existence de tout cela. Mais il se trouvait dans un village inconnu, peuplé de gens vêtus de capes qui utilisaient au quotidien un pouvoir immense que Warwick ne pouvait même pas se représenter, alors sans doute était-il temps d’arrêter de douter et de se lancer.

C’est drôle, quand on y pense. Warwick avait vécu des choses que d’autres ne pouvaient pas imaginer. Il avait sans doute vu plus de gens mourir que n’importe qui dans ce village, et pourtant… et pourtant j’ai l’impression d’être un môme découvrant le monde pour la première fois. Parlant de découverte, il allait peut-être devoir adapter sa tenue à l’avenir ; son pantalon en toile et sa veste de treillis attiraient un peu trop l’attention des passants à son goût. Tout à coup impatient d’entrer avant que quelqu’un ne lui demande des comptes, il frappa à la porte, préparant dans sa tête le discours qu’il allait devoir tenir à la sorcière dès qu’elle le verrait, afin d’exprimer ses intentions de façon claire et concise avant qu’elle n’alerte quelqu’un.

Coup de chance, les phrases claires et concises étaient la spécialité de l’armée.

Soldat connu et sorcière inconnue

W

ill se sentait moins que sereine. Rien n'allait, absolument rien. Si elle devait dresser un bilan objectif de sa situation depuis qu'elle avait mis un premier pied dans le monde des sorciers, elle pourrait résumer les choses en ces quelques mots : le chaos le plus total. Elle avait beau fouiller, interroger, songer, rechercher, impossible pour elle de mettre la main sur les hommes qui avaient si froidement assassiné ses parents il y a un peu plus d'un an de cela à présent. Et pour le reste... Sa relation avec Terrence serait sans doute absolument parfaite... s'il n'était un sorcier, et qui plus est fiancé à une sang pur bien sous tout rapport qui était en tout point son exact opposé. Et il y avait Carlotta.

Carlotta qui, fidèle à elle-même, donnait le change depuis l'épisode d'Halloween. Elle lui paraissait terriblement confiante, pourtant, Will ne se faisait pas beaucoup d'illusions - et elle savait, dans le fond, que sa colocataire ne s'en faisait pas non plus -, ce qui l'attendait, dans les temps à venir, c'était un procès en règle et un retour direct à Azkaban. Et pour combien de temps, cette fois ?... Au vu de l'ampleur du scandale qu'elle avait engendré, Will craignait un peu qu'on ne la laisse pas voir la lumière du jour avant un moment. Elle lui avait expliqué, le froid, la détresse, le pouvoir épouvantable des détraqueurs. Carlotta lui promettait que pour un "crime" comme le sien, on ne vous soumettait pas au baiser du détraqueur, mais qu'est-ce qu'elle en savait ? Et si cette fois faisait exception ? Elle n'avait de cesse de répéter que son procès ferait date dans l'histoire de la magie. Et si le châtiment dont elle écopait de même.

Elle n'en parlait pas, ça ne servait à rien. Pour soigner son anxiété, et dans l'espoir de soutenir à distance son amie, elle s'était investie comme jamais dans l'entretien de leur maison. Ménage, cuisine, vaisselle, bricolage... Ce n'était pas ce qui allait faire progresser des masses ses grands projets mais... Chaque chose en son temps. Tant que le destin de Carlotta serait en suspens, Will avait le sentiment que le sien aussi. Elle était donc en train de récurer la cuisine quand elle entendit frapper à la porte. Carlotta était sans doute dans sa chambre, à potasser pour son procès. Elle annonça à sa colocataire qu'elle allait ouvrir. Même si c'était à contrecoeur, car elles n'attendaient personne. Par les temps qui courent, une visite pouvait vite être une très mauvaise visite. Elle ouvrit, se retrouva face à un homme qu'elle n'avait jamais vu de sa vie. Elle fronça les sourcils.

-Oui, c'est pourquoi ? demanda-t-elle en entrouvrant à peine la porte, prête à la claquer au visage du nouveau venu à tout instant.

code by Mandy

J’ai peur. Voilà. Ce n’est pas dit parce qu’il n’y a personne pour l’entendre, mais c’est le cas. Je balise à mort, même. J’avais conscience de ce que je faisais, je savais quelles conséquences j’aurais à payer… ce n’est pas pour autant que j’attends avec un enthousiasme débordant de retrouver la compagnie des détraqueurs. La prison, j’y ai déjà fait un tour… Comment vous dire que je ne ferai jamais d’Azkaban mon lieu de villégiature ? Depuis Halloween, j’ai l’impression d’être une funambule suspendue au-dessus du vide. Dans l’attente. Mais pas inactive.

Kieran travaille d’arrache-pied à l’approche de mon procès, je sais qu’il se pliera en quatre pour alléger ma peine et porter mon message, mais je sais aussi que, même s’il est un excellent avocat, il ne pourra pas non plus faire de miracles. C’est le revers de la médaille. Chaque grand coup d’éclat mérite une punition en conséquence. Jusqu’à ce que mon crime n’en soit plus loin. Parce que la loi aura changé. Parce que je serai de ceux qui l’auront profondément changée, modifiée. C’est une étape, un passage. Je dois l’accepter. Mais Merlin, je suis quand même terrifiée.

Je le cache. Je le cache à Ignatius, je le cache à Will, je le cache à Kieran. Je le cache à absolument tout le monde. Je sais qu’eux aussi ont peur. Je ne veux pas ajouter de l’angoisse à celle qu’ils éprouvent déjà… Non, je dois les préparer, sereinement, à mon sort. Will aussi cache beaucoup de ce qu’elle pense, mais je ne suis pas dupe. Elle est aux petits soins, en ce moment, et je sais pour quelle raison…

Je me suis isolée dans ma chambre. Pour une fois, ce n’est pas pour potasser de vieux textes de loi et le récits de vieux procès qui pourraient servir mon plaidoyer. J’ai pris ma plume, mon encrier, et me suis lancée dans l’écriture de plusieurs lettres, une pour Ignatius, une pour Carlotta. Pour les préparer à la suite.

Mais pour l’heure, c’est peu probant… Beaucoup de bavures, de rature, et rien qui convienne. Je m’apprête à reprendre une phrase pour la dixième fois. Curieuse, j’abandonne mon ouvrage et rejoins Will quand cette dernière ouvre. Dans les circonstances actuelles, ça peut être n'importe qui. Un oiseau de mauvais augure, surtout.

-On se connaît ? je demande, ouvrant la porte que Will maintenant mi-close, en grand, poussée par la curiosité.

-Bonjour mesdames.

Tant pis pour la super formule percutante qu’il avait préparée, on repasserait. Pour sa défense, Warwick s’attendait à tomber sur une sorcière, pas deux. Il avait été pris au dépourvu, et cela n’aidait pas son appréhension. Les deux sorcières avaient de plus l’air nerveux, alors peut-être devait-il renoncer à l’expression « formule percutante », trop prompte aux malentendus. Mais il fallait se reprendre vite, avant que les deux jeunes femmes ne décident de lui fermer la porte au nez ou pire encore. Il ôta son couvre-chef et entreprit de se présenter :

-Bonjour mesdames. Sergent Warwick Grant. Je cherche une certaine Carlotta Pinkstone. On m’a dit qu’elle vivait ici, et qu’elle pourrait m’aider. Voyez-vous, je…

Oh et après tout, pourquoi hésiter et faire des mystères ? Il devait sentir le non-sorcier à des miles à la ronde, il était tout à fait ridicule d’essayer de le cacher. De toute manière, il était totalement à la merci des deux magiciennes : en guise de bonne volonté, et ignorant les capacités de détection de ses interlocutrices, il avait refréné son envie de s’armer avant de venir.

-Je… je ne suis pas comme vous. Je ne suis pas un sorcier. Mais on m’a dit que Miss Pinkstone pouvait aider les gens comme moi à… en apprendre plus sur votre monde, et à y passer inaperçu.

Il était peu probable qu’une sorcière comme on lui avait décrit Carlotta Pinkstone soit affiliée à l’un de ces groupes fascistes qu’il craignait de rencontrer dans l’immédiat, mais il n’était pas encore sûr d’avoir en effet affaire à elle et préféra donc taire les raisons précises de sa volonté d’intégrer le monde magique dans un premier temps. Il lança un regard nerveux derrière son épaule, croisant le regard inquisiteur d’un vieux sorcier à l’air acariâtre dans la rue. Il ajouta d’une voix nerveuse :

-Pardonnez mon impolitesse, mais il me semble que j’attire tous les regards à l’extérieur. Si l’une de vous est bien Carlotta Pinkstone, ou si vous la connaissez, pourriez-vous me laisser entrer ? Je ne me sens guère en sécurité dans la rue.

Soldat connu et sorcière inconnue

S

ergent Warwick Grant. Tiens, un soldat ! Pour Will, pas besoin d'en rajouter, aucun sorcier ne se présenterait à elles de la sorte. L'intérêt jusqu'ici limité qu'elle était prête à accorder à ce jeune homme montait d'un cran. C'était un Moldu, tout comme elle. Bien sûr, être un Moldu n'excluait pas d'être une sale race, et le fait d'avoir servi - dignement ou pas - la nation ne voulait pas dire qu'il fallait vous dérouler le tapis rouge, mais Will ressentait à présent un élan presque instinctif d'affection à l'adresse de tous les les non-magiques qui croisaient sa route. Et qui n'étaient définitivement plus si nombreux... Exception faite de Jacob, bien sûr, qu'elle avait l'occasion de voir plus régulièrement puisque lui-même travaillait à Pré-au-Lard.

Restait à savoir ce qu'il pouvait bien leur vouloir. Il avait dû faire un long chemin pour se retrouver ainsi à Pré-au-Lard. Will en savait quelque chose. La première fois qu'elle y avait mis les pieds, c'était en s'offrant un voyage en toute illégalité à bord du Poudlard-Express. C'était Carlotta qu'il était venu voir. Bon choix. De tous les sorciers à qui il aurait pu vouloir s'adresser, Carlotta était définitivement la plus à même de lui prêter main forte s'il en avait besoin. Encore fallait-il déterminer de quoi il avait besoin précisément, justement. Et c'était une chose qui ne se déciderait effectivement pas sur le pas de la porte. Will estimait que l'inquiétude du dénommé Warwick était sans doute un peu exagérée quant au fait que tous les regards étaient tournés vers lui, mais il restait vrai que Pré-au-Lard était un petit village, où tout le monde connaissait tout le monde (mais où tout le monde ne savait pas tout sur tout le monde, en revanche, et c'était heureux), il était inutile de faire jaser inutilement tout le voisinage. Surtout que vu la situation délicate où se trouvait Carlotta dernièrement, c'était bien la dernière chose qu'elle puisse vouloir.

-Entre, dit-elle en se permettant de tutoyer le presque-inconnu, qui ne devait pas être beaucoup plus âgé qu'elle et qui, de par son statut, lui inspirait directement un certain sentiment de familiarité.

Elle ne pensait pas que Carlotta reprocherait à Will d'avoir pris les devants en l'entraînant à l'intérieur et en refermant la porte derrière eux. Carlotta était un aimant à Moldus, et toujours prête à leur tendre la main, la jeune femme en savait quelque chose.

-Moi c'est Will, se présenta-t-elle. C'est elle, Carlotta. Je vais vous préparer du thé pendant que vous bavardez tranquillement.

Mais bien sûr, elle avait la ferme intention de tendre l'oreiille et de ne pas manquer un mot de ce qu'ils pourraient se dire.

code by Mandy

Dès qu'il se présente et met en valeur son statut de sergent, je comprends que notre invité surprise est un moldu. Un large sourire ourle mes lèvres à cette découverte. Je commence à me faire une réputation même parmi les moldus. C'est ce que je souhaitais, et j'en suis ravie. Plus il y en aura, à son exemple, à se présenter à ma porte, mieux ce sera... Même s'ils trouveront porte close prochainement, quand celles d'Azkaban se seront refermées sur moi. Ne pas y penser... L'arrivée de ce prénommé Warwick a le mérite de me changer les idées, de me faire penser à autre chose, et j'ai hâte d'en apprendre plus sur cet homme et les raisons de sa venue. Il veut que je fasse avec lui ce que j'ai déjà fait avec Will. Qu'à cela ne tienne, ce sera un grand plaisir pour moi.

Je n'ai pas le temps de dire quoi que ce soit que Will entraîne déjà Warwick à l'intérieur. Je n'en suis pas étonnée. Elle semble aussi enthousiaste que moi à l'idée de pouvoir faire la connaissance de ce nouvel arrivant à l'histoire semble-t-il similaire à la sienne. J'espère quand même qu'on ne va pas trop lui faire peur, car il est vrai que elle comme moi, nous n'y allons pas vraiment avec le dos de la cuillère, là.

Will suggère de nous préparer du thé, pendant ce temps, je conduis Warwick jusqu'au salon où je lui propose de s'installer en attendant que le thé soit prêt, l'occasion d'en apprendre plus sur ce jeune homme. Car pour l'heure, tout ce que je sais, c'est qu'il a fait la guerre, et qu'il connaît notre existence. C'est encore bien maigre, comme indices.

-Will est une moldue, elle aussi. On s'est presque rencontrées dans les mêmes circonstances que toi. Je marque une légère pause. Je t'écoute. Comment est-ce que tu as découvert notre existence ? Qu'est-ce que tu attends de moi précisément ?

J'ai besoin de comprendre son histoire et le cheminement de pensées et réflexions qui l'ont mené jusqu'à moi. C'est seulement ainsi que je saurais exactement quoi faire pour l'aider du mieux possible. Car évidemment que je veux l'aider. Il est un moldu. Il n'y avait rien besoin de plus.

Warwick s’installe après y avoir été invité par la dénommée Carlotta, et attend qu’elle parle. Il écoute patiemment ses questions avant de prendre la parole. Il n’est pas à son avantage, et la politesse exige de toute façon qu’il laisse son hôte mener la conversation. Il est en tout cas rassuré par l’accueil chaleureux et simple des deux jeunes femmes. Son assurance faiblit cependant dès que la jeune femme se met à employer des mots qu’il ne comprend pas. Une molle du quoi ? Cependant, il doit tout d’abord répondre aux questions de la sorcière.

Le jeune soldat marque un temps d’hésitation avant de se lancer. Bien-sûr, pour l’aider, elle doit en savoir plus sur lui. Mais comment savoir jusqu’où il peut aller sans se mettre en danger ? Il décide de jouer plus ou moins franc-jeu, partant du principe que la jeune femme aime aider les gens comme lui, mais en gardant tout de même pour lui les quelques détails les plus critiques dans un premier temps.

-J’ai assisté à ce que je pense être un combat, entre des sorciers. Je me promenais de nuit, et j’ai vu des gens s’envoyer des éclairs de lumière. J’ai voulu en savoir plus, et à force de recherche et d’enquêtes, j’ai appris l’existence de votre société. Pour être sincère, j’ai encore du mal à y croire, parfois, admet-il avec un sourire penaud. Mais je ne sais presque rien de ton monde. Et j’ai… j’ai besoin d’en savoir plus, pour essayer de m’y intégrer. J’ai entendu parler de… certaines personnes, que j’ai besoin de rencontrer. J’ai besoin de participer à certaines choses, pour le bien de mon monde comme du vôtre.

Warwick a la sensation d’avancer en terrain miné -une expression qui, pour lui, prend tout son sens. Il a bel et bien l'impression de prendre des risques à chaque mot. Il n’exagère pas lorsqu’il dit qu’il ne sait rien du fonctionnement du monde magique. Il n’est même pas capable de comprendre un mot tellement banal que la jeune femme n’a pas songé à le lui expliquer. Mais il sait qu’il s’apprête à jouer un jeu risqué, à se frotter à des gens dangereux… Cependant, Warwick a un faible pour les grands sacrifices : il rêve d’être un héros. Et il n’a pas facilement peur.

Brave ou pas, le jeune sergent ne peut s’empêcher d’être intimidé par cette irruption soudaine dans la partie concrète de sa quête. Mais il se sent paradoxalement apaisé : il est enfin au cœur des choses, il n’a plus qu’à avancer en s’aidant de tout ce que Carlotta Pinkstone voudra bien lui apporter. Il est temps de se lancer pour de bon. Enfin, pour être plus précis, il lui reste un petit détail à régler…

-Et au fait, excuse-moi, mais… Will est une quoi ?

Soldat connu et sorcière inconnue

T

out en préparant le thé, donc, Will tendait l'oreille, attentive à absolument tout ce qui pourrait éventuellement se dire, certaine que le moindre mot de cette conversation aurait forcément un intérêt pour elle, puisque leur invité surprise avait tout de même un point commun avec elle qui n'avait absolument rien de négligeable. Il apprit à Carlotta qu'il avait assisté à un combat entre sorciers. Au moins il n'avait pas été la cible directe de ce combat. Quelque part, Will se sentait rassurée de l'apprendre. Des gens qui s'envoient des éclairs de lumière, ça avait tout d'un acte de sorcellerie, en effet. Heureusement en revanche qu'il ne s'était pas retrouvé entre ces éclairs en question. Sans quoi, il ne serait définitivement plus là pour en parler. Will se disait que Carlotta jubilait certainement. Les sorciers étaient de moins en moins prudents, ils s'affichaient de plus en plus régulièrement, fragilisant toujours plus le secret magique. C'était quelque part bon signe. Si on décidait de ne pas trouver cela alarmant.

Le soldat avait donc mené son enquête, et de recherches en recherches, comme Will avant lui, il avait découvert l'existence du monde magique. Elle comprenait qu'il ait encore peine à y croire. Cela faisait un peu plus d'un an que Will avait fait cette même découverte, et encore aujourd'hui, il lui arrivait de se demander si elle ne faisait pas simplement un rêve (ou un cauchemar, tout dépendait des moments) à rallonge duquel elle ne savait pas se réveiller.

-Une moldue, répondit Will à la place de Carlotta tout en leur servant le thé à tous. Suite à quoi elle s'installa simplement à table comme si elle ne pouvait qu'être naturellement conviée à cette conversation. Ça veut dire que j'ai pas de pouvoirs magiques. Comme toi, expliqua-t-elle.

Elle se souvenait qu'elle-même, dans un premier temps, n'avait pas cessé de buter sur les paroles de son nouvel entourage. Encore maintenant, il lui arrivait de passer à côté du sens de certains mots. Elle était passée maîtresse dans l'art de faire semblant de comprendre, pour tout dire. Heureusement, au moindre doute, à la moindre interrogation, elle avait directement pu compter sur Carlotta pour l'aiguiller et apporter des réponses pertinentes à ses questions.

-C'est qui que tu dois rencontrer ? C'est à quoi que tu dois participer ? demanda presque aussitôt Will, incapable de taire sa curiosité.

C'est que le jeune homme faisait vraiment beaucoup de mystères, mais clairement, Will ne se voyait pas se contenter de ces très vagues informations. Elle voulait comprendre de quoi il retournait plus précisément. De toute façon, si elles voulaient l'aider (oui, elle s'incluait directement dans le lot), il fallait bien que le jeune homme se montre ne serait-ce qu'un peu plus... précis. Et au-delà de ça, Will était de toute façon beaucoup trop curieuse.

code by Mandy

J'écoute avec attention le récit de mon interlocuteur. Je suis heureuse d'apprendre que la manière dont il a été exposé à la magie pour la toute première fois n'a pas été quelque chose d'aussi traumatique que ce qu'a vécu Will (sachant que ce jeune homme a de toute évidence fait la guerre, je pense qu'il en a assez vu comme ça pour qu'il ne soit pas nécessaire d'en rajouter non plus). Il a découvert la magie à peu près comme je voudrais que d'autres l'appréhendent.

Certes, être témoin d'un combat, ce n'est pas l'idéal non plus, mais être témoin seulement, c'est ce que je veux pour les moldus, qu'ils prennent la pleine conscience de ce qui les entoure, qu'on cesse de les abreuver au mensonge depuis leur plus tendre enfance. Alors j'avoue, lors de la soirée d'Halloween, j'ai un peu dépassé la borne, ils n'étaient pas juste témoins, ceux que j'ai transformés, mais c'était malgré tout quelque chose de tout à fait innocent, en tout cas c'est comme ça que je le vois. Bref, on ne parle pas d'eux, ni de moi, mais de notre hôte, qui visiblement a bien fait ses recherches après avoir découvert le monde de la magie, puisqu'il a fini sur mon palier.

Il a besoin de se familiariser avec le monde des sorciers pour... pour ? Difficile à dire, je ne comprends pas exactement de quoi il parle. Qui sont les personnes qu'il doit rencontrer ? J'espère qu'il n'en fera pas un secret. Si j'accepte de l'aider, je veux qu'il se montre honnête et transparent à mon égard.

Je m'apprête à lui répondre quand il me demande ce qu'est un moldu. Je n'ai pas été maline sur ce coup là, de partir du principe que ce mot lui parlerait. Même si je passe presque plus de temps avec des moldus qu'avec des sorciers, à force, je commets encore parfois certaines maladresses, je m'en rends bien compte. Will répond avant moi, tout en nous servant le thé, et elle pose dans la foulée les questions que je voulais poser moi-même.

-Pour t'aider du mieux possible, je vais avoir besoin que tu te montres complètement honnête sur tes intentions, je précise alors, si ce n'était pas déjà évident.

-Une… moldue. Je suis un moldu, répète le jeune homme comme pour s’imprégner du mot. Ça marche.

L’armée est experte en jargon. Il finira bien par réussir à maîtriser celui-là aussi.

La deuxième jeune femme, Will, lui sert une tasse de thé avant de s’installer. Warwick la remercie, et attend un instant de voir si elle part. Manifestement, elle n’en a nullement l’intention, mais le jeune homme n’en prend pas ombrage -il s’apprête à se dévoiler à Carlotta la sorcière, il n’est pas à une Moldue près.

Le sergent se renfrogne en écoutant la suite. Forcément, ses hôtes exigent de lui qu’il soit transparent avec elle, et il est difficile de leur en vouloir. Si lui-même devaient rendre service à autrui en confiant à cette personne des secrets et presque littéralement les clés d’un nouveau monde, il chercherait également à s’assurer des intentions de la personne en question. Il allait falloir être honnête et prier très fort pour qu’elles ne le transforment pas en crapaud dès qu’il aurait fini de parler. Par où pouvait-il commencer ?...

-Bon, je prends des gros risques en vous disant tout ça, mais j’imagine que j’ai difficilement le choix. J’ai entendu dire qu’il y avait dans votre monde des groupes qui ont recours à la violence au nom de la pureté du sang. Je ne peux que m’opposer à ça, pour le bien de mon pays et de mes compatriotes. Vous y compris, puisque vous êtes des Britanniques avant toute autre chose, après tout. J’ai aussi appris que certaines personnes luttaient contre ces groupes. Je veux mettre ma force de travail et mes compétences à contribution dans cette œuvre, et pour ça je dois intégrer votre monde, me faire accepter, et rencontrer les responsables de cette lutte nouvelle contre le fascisme. Une fois que je les aurai rencontrés, je pourrai négocier et me joindre à eux.

Warwick gigote un instant sur son siège, changeant de position avant de conclure, légèrement intimidé par sa propre audace.

-C’est pour ça que j’ai besoin de vous. Pour en apprendre plus sur votre monde. Son fonctionnement, ses règles. N’importe quoi qui pourrait me servir. Je suis motivé et fiable.

On pouvait le dire, Warwick était alors loin d’imaginer que son statut de Moldu puisse lui poser le moindre souci, en dehors des conséquences directes de son incapacité à utiliser la magie. Mais il compte sur sa formation, son expérience et la technologie pour compenser ce désavantage.

Soldat connu et sorcière inconnue

W
ill s'empara de sa tasse de thé et ne lâcha plus Warwick des yeux tandis qu'elle écoutait avec attention toutes les explications qu'il pourrait leur donner sur les raisons de sa présence et sur ses motivations. Il les prévint qu'il prenait de très grands risques en se confiant à eux. Will avait envie de répliquer qu'il n'était pas à un risque près. Le simple fait d'être venu trouver Carlotta pourrait aisément le mettre dans une situation délicate, mais le moldu pouvait leur faire confiance. Will n'avait aucune intention de trahir sa parole ou de répéter son récit à quiconque. Et connaissant sa colocataire, elle savait pertinemment que cette dernière serait exactement du même avis que lui.

Le regard de Will s'assombrit au moment d'entendre le jeune homme parler du groupe de sorciers qui recouraient à la violence au nom de la pureté du sang. La jeune femme ne pouvait que se sentir concernée par ce qu'elle entendait. Elle-même en avait été la victime, et à ce jour, sa soif de vengeance demeurait indemne. Elle n'avait pas eu besoin de cela pour se sentir concernée par le discours de Warwick, mais elle était plus concernée que jamais. Il voulait donc rejoindre un groupe de résistants capables de faire face à cette nouvelle menace. Mais Will ne savait même pas si ces résistants existaient vraiment. Il y avait les Aurors du ministère, bien sûr, mais au-delà de ça. Il y avait des rumeurs, rien de suffisamment tangible pour que Will ait pu prendre part à ce même combat. Dans tous les cas, la jeune femme était plutôt du genre à jouer les cavaliers solitaires. Pas dit que cette situation aurait été susceptible de lui plaire.

-On va faire ce qu'on peut, pas vrai ? dit-elle en tournant son regard vers Carlotta après que Warwick eut fini de donner ses explications. Des explications légitimes. Je sais pas si on pourra t'aider à trouver les personnes que tu recherches, mais pour s'intégrer parmi les sorciers, y a pas mieux que Carlotta, j'en sais quelque chose.

Même si Carlotta ne serait peut-être plus là pour aiguiller Warwick, bientôt. Mais s'il le fallait, Will mettrait un point d'honneur à prendre sa relève, voilà tout. Et Will devait bien reconnaître que si Warwick devait vraiment réussir à trouver ces personnes capables de faire la différence, elle aurait bien du mal à ne pas vouloir en être.

-Déjà, va falloir refaire ta garde-robe, c'est la base, observa Will qui en était passé par là, elle aussi. Et te trouver une baguette factice. Pour le reste, c'est beaucoup de vocabulaire à intégrer, d'habitudes à gérer... On apprend plus facilement en se mélangeant aux sorciers, au jour le jour.

Will osait se prendre pour une experte de l'infiltration, oui. Certes, tout le monde n'était pas dupe, et plusieurs sorciers avaient conscience de son vrai statut. Mais malgré tout, elle était parvenue à s'intégrer... presque trop bien par rapport à ses plans initiaux, d'ailleurs.

code by Mandy

Il prend des risques en nous parlant. Ce qu'il a à dire m'intrigue de plus en plus... dans tous les cas, que Warwick se rassure. Ici, les risques, c'est notre quotidien. Enfin, je sais pas si c'est forcément rassurant pour lui, mais en tout cas c'est le cas. Quoi qu'il ait à dire, il peut être sûr que ni moi ni Will n'iront le répéter à qui que ce soit. Et en attendant, nous chercherons à lui apporter la solution la plus appropriée.

Il a appris l'existence des mangemorts, et maintenant, il veut contribuer à lutter contre eux. Instinctivement, je me tourne vers ma colocataire. Si quelqu'un est capable de comprendre le combat dans lequel il veut s'engager, et l'importance de ce combat, c'est bien elle. J'avoue que je suis admirative de cette aspiration à combattre. Je crois que Warwick et moi ne sommes pas bien différents de ce point de vue, même si nous avons décidé de mener des combats différents. En tout cas, je compte le soutenir, même si j'aurais du mal à le guider vers ceux qu'ils veut rencontrer. Il se murmure qu'un groupe résistant indépendant agit en dehors du cadre restreint et surveillé du ministère, soit. Mais comment savoir qui en faire partie et qui contacter ? De ce point de vue, je crains fort de ne rien avoir à lui apprendre.

Mais je peux lui apprendre le reste. Le vocabulaire, les habitudes, ces petits riens qui cumulés étaient beaucoup et qui l'aideraient à se fondre dans la masse. Je suis rodée grâce à Will, et je sens que cette dernière se sent d'office investie d'une mission concernant Warwick. Ce qui au fond me rassure vraiment. Car je crains fort de ne pas pouvoir l'aider aussi longtemps que nécessaire. Mais si Will doit prendre la relève, alors...

-Will t'aidera sans doute bien plus que moi, je réponds avec un fin sourire. J'ai peur de ne pas pouvoir t'assister aussi longtemps que je le voudrais... je dis sans expliciter que cela implique un nouveau passage par la case Azkaban. Ces personnes auxquelles tu veux te joindre... tu as des noms ?

J'ignore combien il est renseigné sur la résistance, mais au moins plus que nous, et qui sait si je ne peux pas le rapprocher d'au moins l'un de ses membres ?

Warwick écouta les explications de Will, puis celle de Carlotta, avant de prendre à nouveau un instant pour digérer toutes ces informations. Oui, il avait remarqué que ses vêtements n’étaient pas franchement à la mode… Il détailla les deux jeunes femmes, se rendant compte un peu tard que cela pouvait apparaître très déplacé. Il se reprit :

-Je… regardais vos vêtements. Tout le monde est tout le temps en robe ? Comment je pourrais m’en procurer une ?

Porter une robe ? Le jeune sergent n’était pas très emballé à l’idée de se vêtir comme une femme, mais si le succès de son infiltration en dépendait… Après tout, il n’était pas censé rencontrer de gens le connaissant.

-Et la baguette ? Ça ressemble à quoi, une baguette, déjà ?

Il n’était pas trop sûr de savoir s’il devait imaginer un vulgaire morceau de bois ou un outil finement ouvragé en forme de croissant de lune, mais il espérait qu’il existait un commerce de baguettes factices car il ne voyait pas où il pourrait se procurer un tel objet dans le monde normal -enfin, le monde « moldu ».

L’excitation commençait à monter dans le corps de Warwick. Les choses se concrétisaient enfin, il avait un pied dans la porte -plus que cela, d’ailleurs, puisqu’il avait été invité à prendre le thé. Il lança un regard suspicieux à sa tasse, mais il avait compris que ces sorciers ne s’apparentaient pas à ceux des contes moyenâgeux -une plutôt bonne chose, puisque le jeune homme n’avait aucune envie de boire de la chauve-souris en poudre.

Les dernières phrases de Carlotta intrigue Warwick. La sorcière a-t-elle prévu de voyager ? Cette perspective ne semble pas la réjouir, et le jeune soldat se prend à espérer qu’elle n’ait pas d’ennuis. Il a besoin d’elle, et il ne veut pas souhaiter d’ennui à quelqu’un si prompt à aider son prochain. Warwick est bien placé pour savoir combien il est plus facile de détester que de tendre la main, lorsque l’on est face à un inconnu. C’est tout le principe de la guerre. Warwick s’enfonce un peu plus dans son siège avant de révéler sa carte maîtresse, son information la plus précieuse, la plus précise… qui tient en deux mots. Il lâche en détachant chaque syllabe, savourant chaque sonorité de ce nom qu’il retourne dans sa tête depuis plusieurs jours comme pour en percer les mystères :

-Henry Fitz. On m’a rapporté une rumeur disant qu’il avait quelque chose à voir avec la résistance. Ce nom vous dit-il quelque chose ? J’aurais besoin d’entrer en contact avec lui. Si vous avez une idée d’où je peux le trouver…

Soldat connu et sorcière inconnue

L

e coeur de Will se serra un peu quand Carlotta observa qu'elle ne pourrait malheureusement pas aider Warwick autant qu'elle le voudrait... Forcément, il y avait une échéance, une échéance qu'elle n'aimait pas évoquer mais qu'elles ne pouvaient pas ignorer. Bien sûr, Will accepterait sans mal d'aider Warwick même en l'absence de Carlotta, mais elle n'avait pas envie de penser à cette période où elle serait livrée à elle-même et se ferait forcément un sang d'encre pour son amie. Enfin, autant ne pas y pense tout de suite. Elle remplirait la mission qui lui était confiée. Elle était suffisamment rodée à présent... Elle pensait sincèrement être capable d'aider Warwick. Elle n'avait juste pas envie d'en arriver au moment où elle aurait besoin de le faire seule.

-La robe, c'est le plus simple, répondit Will avec un sourire. Je peux t'emmener faire du shopping dès demain, ajouta-t-elle en prenant un malin plaisir à l'idée de l'emmener chez Gaichiffon dès le lendemain afin de le sorciériser comme il se devait. Malheureusement, elles n'auraient pas de tenue à lui prêter en attendant. Certes, le ridicule ne tuait manifestement pas chez les sorciers, mais il y avait tout de même des limites à ne pas franchir. Et les sorciers n'échappaient pas aux stéréotypes de genre. Et la baguette... attends !

Elle s'éclipsa le temps de trouver sa baguette factice, celle qu'elle avait acheté à un vendeur à la sauvette et qui faisait illusion. Un expert en baguettes ne s'y serait sans doute pas laissé prendre, ces gens là avaient l'oeil apparemment, c'était même terrifiant, mais pour un sorcier lambda, ça faisait l'affaire. Elle tendit sa baguette à Warwick pour qu'il puisse la détailler.

-Les sorciers peuvent faire de la magie sans baguette, mais c'est relativement rare et ça demande beaucoup de discipline, donc en règle générale, un sorcier digne de ce nom ne se déplace jamais sans sa baguette, précisa-t-elle.

Une fois ceci dit et précisé, Warwick leur donna le nom du contact concerné. Henry Fitz. Will se creusa les méninges. elle ne savait dire exactement pourquoi, mais elle avait vraiment le sentiment d'avoir déjà entendu ce nom quelque part. Et pour cause, Carlotta avait quelques-uns de ses livres dans sa bibliothèque. Même si Will lisait le maximum d'ouvrages sorciers pour s'imprégner de leur culture, elle n'avait pas encore eu l'occasion de s'intéresser à ceux-là, en revanche, le nom, lui, lui était resté.

-Henry Fitz... ça me parle. Elle tourna un regard intrigué vers Carlotta, qui serait sans doute bien plus à même qu'elle de le renseigner sur les raisons de ce sentiment de familiarité. Pourquoi est-ce que ça me parle ?

En tout cas, c'était bon signe pour Warwick, c'est que d'une manière ou d'une autre, elles devraient pouvoir réussir à l'aider.

code by Mandy

Se procurer l’attirail du parfait petit sorcier, c’est effectivement une étape cruciale et essentielle du processus, et de ce point de vue, je sais que je n’ai plus rien à apprendre à Will, qui pourra donc tout apprendre à Warwick. Et de toute évidence, elle a bien l’intention de s’en donner à cœur joie. Ça m’émeut de voir sa réaction, cette émotion du professeur qui devine que l’élève a dépassé le maître… mais plus honnêtement, tout m’émeut en ce moment. Plus l’échéance de mon projet approche, plus je dois prendre sur moi pour ne pas fondre en larmes constamment et bêtement dès que ça touche à Will, à Ignatius, à April…c’est juste devenu presque impossible de ne pas laisser l’émotion me gagner. Pourtant ce n’est pas mon genre.

Bref, je n’interviens pas et je laisse Will lui faire l’article sur les baguettes. Dans l’ensemble, ça me prouve qu’elle sera capable d’aider Warwick comme il se doit, tout comme elle saurai parfaitement gérer la situation par elle-même, et ça reste rassurant. Un peu déprimant tout de même, je le reconnais. Mais rassurant malgré tout. Je ne sors de mon observation silencieuse que lorsque Warwick évoque la personne qu’il cherche à contacter.

Henry Fitz ? Vraiment ? Maintenant qu’il le dit, est-ce que l’imaginer impliqué dans la résistance me surprend ? Pas vraiment. Ses récits ont toujours été teintés de philosophie égalitaire, et il y a toutes ces histoires qui tournent autour de sa nièce… Dans tous les cas, oui, il est normal que Will reconnaisse son nom sans réussir à le situer. Je suis une fan absolue de ses romans, que j’ai lus pour la plupart plus d’une fois, et ils occupent une vaste étagère de ma bibliothèque. J’adresse un sourire au duo et m’éclipse le temps de chercher un des romans de l’écrivain, que je dépose sous le nez de Warwick.

-Je ne le connais pas personnellement, mais c’est un des plus grands auteurs sorciers vivants. Non, je n’extrapole pas, c’est juste mon point de vue de fangirl. Et je serais presque jalouse d’apprendre que Warwick va rencontrer ce grand homme. Mais ça ne doit pas être trop difficile de trouver son adresse, ou d’aller à sa rencontre, je pense. Il a sorti un nouveau livre récemment, il fait pas mal de séances de dédicaces.

Peut-être est-ce plus difficile de le voir en tête à tête, ça je ne dis pas, mais sur la base de ces informations, il devrait s’en sortir assez bien.

Warwick tendit la main avec une légère appréhension pour finalement se saisir de la baguette. Une fois qu’il se fut avéré qu’il pouvait la tenir en main sans qu’elle n’explose, il la fit rouler entre ses doigts pour l’observer : une baguette, c’était donc un morceau de bois finement ouvragé -et sans doute imprégné d’une quelconque forme de sorcellerie, à l’exception de celle-là manifestement. Il trouva l’objet très esthétique, et ressentit soudain une envie diffuse d’en posséder son propre exemplaire, pour le plaisir. D’autant que ce petit objet serait son passeport pour le monde magique.

-Merci pour la proposition, je ne serais pas contre un peu d’aide, je serais ravi que tu puisses être là pour me guider. J’espère que ça ne choquera personne que je me pointe au magasin dans cette tenue. Ça coûte cher, au fait ? Si oui, il faudra que je repasse chez moi, ajouta-t-il en lui rendant la baguette. D’ailleurs, il n’y a aucun risque que quelqu’un se rende compte que la baguette est factice ?

Ok, il posait beaucoup de questions, mais tant de choses demeuraient sans réponse ! Il avait l’impression d’être soudainement redevenu un nouveau-né, ou un de ces petits enfants qui harcèlent leurs parents de questions sans jamais se satisfaire de celles qu’on leur donne. A la différence qu’il n’y avait aucun risque à reconnaître être un enfant dans un monde d’adulte…

Warwick était également surpris et reconnaissant de voir Will aussi disposée à l’aider alors qu’ils venaient tout juste de se rencontrer. Était-ce de la solidarité en vertu de leur origine commune, ou la simple marque d’une grande bonté ? A vrai dire, Carlotta semblait tout aussi impliquée, alors sans doute la réponse était-elle plus à chercher du côté du cœur des deux femmes que du côté de leur sang.

L’idée de sang lui hérissa l’échine. Plus il parlait avec Will et Carlotta, plus il était convaincu qu’il lui fallait entrer en contact avec la résistance. Et manifestement, cet objectif absolument insensé il y a encore quelques heures était sur le point de se concrétiser puisqu’il semblait que Carlotta connaissait Henry Fitz, à défaut du contraire. Sans le savoir, Warwick avait manifestement visé dans le haut du panier : un auteur célèbre ! Quant à l’idée de Carlotta, il la trouvait tout simplement brillante, à condition qu’il ait le temps, d’ici là, de parfaire son déguisement -il y avait fort à parier que les Moldus n’étaient pas les bienvenus dans une librairie de sorciers.

-Une séance de dédicace ? Ça me va. Mais il me faudra une robe et une baguette avant le jour J, j’imagine. Il y a des choses que je dois apprendre pour passer pour un sorcier ? N’ayez pas peur de me fatiguer : je veux apprendre.

Soldat connu et sorcière inconnue

L

e sourire de Will s'agrandit quand Warwick accepta sa proposition de faire du shopping avec elle. Il ne la connaissait pas du tout, et même s'il acceptait de toute évidence de leur faire confiance (et réciproquement), il y avait techniquement de quoi se méfier ou ne pas être spécialement emballé à la perspective de faire les magasins, même si le côté "mission d'infiltration" ajoutait bien évidemment du piment à l'affaire. Il n'avait pas tort en observant que dans sa tenue actuelle, il serait grillé d'avance, mais Will y répondit par un "T'en fais pas, on s'arrangera". Ce ne serait pas la mer à boire que de lui trouver une tenue correcte et passe-partout. Elle pourrait toujours en emprunter une à Terrence la prochaine fois qu'elle le verrait. C'était jouable, même si les deux n'avaient pas exactement le même gabarit. Quant à la baguette.

-Si, forcément, si quelqu'un doit tenir absolument à ce que tu t'en serves, tu seras tout de suite démasqué, mais pour le reste, ça fera illusion. J'ai déjà passé des contrôles de sécurité avec cette baguette sans que personne ne remarque rien. Je pense que seuls les experts en la matière ne se laisseraient pas duper, mais dans tous les cas, c'est préférable de ne pas agiter sa baguette sous le nez de tout le monde, ajouta-t-elle avec un sourire amusé.

Aucun sous-entendu salace là-derrière, bien évidemment. Elle n'ajouta rien de plus sur la question. Durant ce temps, Carlotta s'était éclipsée. Quand elle revint, elle avait un livre entre les mains, qu'elle posa devant Warwick. Will remit enfin ce fameux Henry Fitz. Bien sûr, Carlotta avait tous ses bouquins ! Comment Will avait-elle fait pour ne pas s'en souvenir ? En tout cas, si le jeune homme voulait entrer en contact avec lui, de fait, ce ne serait pas si difficile. Donc oui, cela lui donnait une échéance que de devoir attendre la prochaine dédicace de l'auteur pour le rencontrer. D'un autre côté, ce ne serait pas si long de lui procurer tout ce dont il avait besoin, donc il n'avait pas réellement à s'en faire.

Warwick enchaîna en demandant ce qu'il lui faudrait apprendre pour passer pour un sorcier digne de ce nom. Pas facile de savoir par où commencer. Lui balancer des mots de vocabulaire à tout va n'allait pas l'aider... Il fallait trouver le bon angle à adopter.

-Le plus simple, je pense, dit Will qui décida de prendre le devant, c'est déjà de te créer une histoire qui tienne la route. Forcément, c'est mieux que tu conserves le fait que tes parents sont moldus, les généalogies sorcières sont trop faciles à remonter, même quand on a du sang moldu dans les veines. Après, logiquement, t'auras fait tes classes à Poudlard, c'est l'école de sorcellerie de Grande-Bretagne... à moins que t'aies des notions de langue étrangère ? ça peut être pas mal de te faire venir d'une autre école pour brouiller les pistes, où alors tous ceux de ta génération se poseront des questions...

Elle en savait quelque chose, elle avait été confrontée à ce cas de figure.

code by Mandy

Je laisse Will donner à Warwick la réponse aux questions qu'il se pose, je sais qu'elle a réponse à tout, et qu'elle sera vraiment capable de l'aider et de l'aiguiller le moment venu, et ça me rassure, pour le coup. Je me contente de sourire et de hocher la tête. De même quand Warwick rebondit sur mon idée de séances de dédicaces. Je me renseignerai pour lui afin de connaître le lieu et la date de la prochaine séance.

Je dirai bien que je me ferai un immense plaisir de l'accompagner à cette dédicace, ne serait-ce que pour le plaisir de rencontrer ce grand auteur qu'est Henry Fitz... Si je suis toujours libre d'ici-là, je le ferai. Mais en toute honnêteté, je n'y crois pas vraiment. Non, je n'y crois pas du tout, en réalité. De même que je me renseignerais sur la séance de dédicace à venir, on s'arrangera pour la tenue de sorcier et la baguette factice. Ce ne sera pas vraiment difficile, ce ne sera pas le plus compliqué. Le plus dur, ce sera de réussir à le faire passer pour un sorcier en un temps regard. Et il y a du travail, surtout qu'il est difficile de savoir par quoi commencer, au début.

Will a trouvé le bon angle sous lequel aborder les choses, je pense. Je crois en effet qu'inventer à Warwick une histoire qui tienne la route sera un bon début. Pour le reste, il est difficile de faire autrement que de traiter chaque situation au cas par cas, et de répondre à ses questions au fur et à mesure, mais le temps nous manque.

-Si tu choisis d'avoir étudié à Poudlard, j'aurais de la documentation pour toi. De manière générale, tu vas devoir beaucoup bûcher. On peut répondre à toutes les questions que tu veux mais le champ des possibilités est tellement étendu qu'on risque forcément d'oublier quelque chose, alors lire un maximum ne va pas être du luxe. Notamment les journaux, ça devrait t'aider à mettre un pied dedans et te faire une bonne idée de l'actualité sorcière.

Je ne veux pas l'assommer d'informations et de suggestions d'un coup, mais nous devons palier au plus pressé, et pour ce faire, nous n'avons pas un choix immense, bien loin de là.

-Ça marche. Je n’avais pas prévu de faire quoi que ce soit digne d’attirer l’attention, de toute manière. Je garderai ma baguette bien cachée.

Une idée commença à se former dans l’esprit du jeune soldat. Il allait se retrouver au milieu de sorciers qui, par l’intermédiaire de leur baguette, portaient en permanence un outil qui leur donnait un avantage indéniable sur lui. Warwick, lui, n’aurait qu’une baguette factice qu’il serait peut-être obligé de montrer en cas de contrôle. Si jamais il était démasqué, il serait exposé au bon vouloir de ses détracteurs. A moins que…

La séance de dédicace ne durerait sans doute pas plus d’une heure ou deux. Qui, en un laps de temps aussi court, aurait le temps de remarquer que le sergent Grant avait quitté la caserne en emportant une arme sans raison apparente ? Il faudrait qu’il creuse cette idée, car il n’était pas franchement enthousiaste à l’idée de s’aventurer au milieu de sorciers armés de leurs baguettes et de leurs pouvoirs étranges sans rien pour se protéger en cas de grabuge. Vu la manière dont Carlotta et Will parlaient de son projet d’infiltration, la présence d’un moldu risquait d’être mal accueillie…

Warwick prit un instant pour réfléchir à la suite des paroles de Will. En effet, s’il n’y avait qu’une seule école pour toute la Grande-Bretagne, il paraîtrait bizarre que quelqu’un soit parvenu à passer totalement inaperçu…

-J’ai bien quelques bases d’italien… Mais vraiment juste quelques phrases, se dépêche-t-il d’ajouter. Rien qui puisse faire illusion devant quelqu’un qui parle vraiment la langue, mais j’imagine que ça ne doit pas être bien courant.

Il écouta ensuite les explications de Carlotta.

-Même si on fait le choix de l’Italie, je veux bien de la documentation. J’imagine que les bases sont les mêmes partout, non ?

Voilà qui allait demander du courage. Warwick n’avait jamais fait d’études supérieures, et il n’avait pas l’habitude de la recherche bibliographique. D’un autre côté, les manuels d’instruction militaire qu’il avait dû bachoter au cours de sa formation initiale, puis pour appuyer sa candidature à la montée en grade auraient eu de quoi en effrayer plus d’un, alors peut-être la situation n’était-elle pas si désespérée.

Ce qui était sûr, c’est que l’excitation du jeune homme était maintenant à son comble.

Soldat connu et sorcière inconnue

C

arlotta la rejoignait sur la nécessité d'inventer une histoire qui tienne la route pour que Warwick puisse parler librement de son histoire. Le faire venir d'un pays étranger avait ceci de pratique et de confortable que cela permettrait plus facilement d'étouffer ses mensonges. Will, elle, n'avait pas été à ce point subtile et elle regrettait quelques fois de ne pas avoir réagi plus longuement à la difficulté que représentait le fait de prétendre venir de Poudlard alors que personne n'aurait le souvenir de l'y avoir croisée ou d'avoir entendu parler d'elle... Elle s'arrangeait toujours d'une certaine manière, par exemple en mentant sur son âge selon son interlocuteur, même si ça ne marchait pas à chaque fois bien évidemment. Il avait des bases d'italien, rien de très solide, mais d'un autre côté, les Italiens pur jus n'étaient clairement pas légion à dans la région, donc ça ne devrait pas spécialement poser problème (du moment qu'il savait prononcer convenablement "arriverci").

-Je pense qu'on devrait pas avoir de mal à te faire passer pour un Italien. Elle tourna son regard vers Carlotta. L'Italie, ça doit être Beauxbâtons, non ?

Oui, Will s'étonnait elle-même d'avoir retenu ce genre d'informations qui au final n'avaient tout de même pas grande importance. D'un autre côté, le fait qu'elle les ait gardées à l'esprit en disait long sur le fait qu'il n'était au final pas si difficile de se faire un nid dans ce monde et de devenir un expert, quand on décidait de s'imprégner de toutes les informations qui passaient à notre portée, on pouvait vraiment réussir à faire illusion.

-Je te trouverais des livres sur le sujet. T'auras pas besoin d'en savoir tant que ça, les grandes lignes, ça suffira à convaincre tout le monde, je pense. Elle nota sur son papier "Beauxbâtons" afin de ne pas oublier de chercher les livres en conséquences. D'ailleurs, j'y pense, il va falloir aussi que tu te procures de l'argent sorcier, et qu'on t'initie à l'économie sorcière... J'espère que t'es bon en maths, c'est un vrai casse-tête, au début. Mais elle n'avait pas vraiment envie de se concentrer là-dessus pour commencer. Non, parce que elle et les chiffres, hein. Donc, mettons que tu viennes d'Italie, pourquoi est-ce que tu serais venu t'installer en Angleterre ? Et surtout, qu'est-ce que tu fais maintenant. On peut te trouver un métier sorcier, mais là aussi, va falloir la jouer fine, par exemple le ministère, c'est hors de question, y a beaucoup trop de gens qui bossent là-bas...

Elle réfléchissait à toute allure, à voix haute. Elle examinait toutes leurs options afin de n'en négliger aucune. C'était plus simple comme ça.

code by Mandy

Je suis presque dépassée par l'assurance avec laquelle Will prend les choses en main vis-à-vis de Warwick, qui jusqu'à il y a quelques minutes n'était jamais qu'un inconnu (et le reste par de nombreux aspects, nous n'avons pas hésité à l'aider, mais au fond, nous ne savons rien de lui - et il ne sait rien de nous). De sa part et connaissant son caractère, ça ne devrait pas m'étonner tant que ça, c'est vrai, mais elle parvient tout de même à me surprendre. C'est moi que Warwick est venu trouver, mais même si je suis la seule sorcière de la pièce, je crois que Will serait parfaitement capable de le guider sans mon aide. Et tant mieux vu les circonstances. Un sorcier italien, voilà son bagage, donc.

Je hoche la tête quand Will, bonne élève, suggère que Beauxbâtons doit être l'école où il aura étudié. Très bien, je n'ai aucun livre sur la question, mais ce ne sera pas quelque chose de difficile à se procurer. Grâce à Will, j'ai déjà une bibliothèque plus fournie sur le monde sorcier, car il a bien fallu l'initier aux subtilités du monde sorcier, il pourra s'en servir en plus du reste.

Will prend les devants, assure qu'elle lui procurera de la documentation. Je vois bien que ça lui tient à coeur d'aider Warwick, et je comprends évidemment pourquoi, elle s'identifie à lui, et il y a de quoi. Au fond, ils poursuivent des objectifs très similaires, tous les deux, en plus d'être dans des situations complètement comparables.

Will ajoute, à raison, que Warwick devra s'initier à l'économie sorcière, ce qui est vrai, il faudra échanger son argent à Gringotts, s'il en a en réserve, aussi discrètement que possible. Les moldus ont accès au chemin de traverse, mais mieux vaut éviter d'attirer trop l'attention sur lui malgré tout. Puis il est temps de passer au sujet de son métier... C'est le genre de détails qui peuvent faire la différence entre un mensonge crédible et des affabulations observables au premier coup d'oeil.

-Tu peux te prétendre en recherche d'emploi, ça te permettra de régler ton emploi du temps comme tu l'entends, mais je te suggérerais de t'inventer un métier indépendant, ce sera plus difficile de juger ou non ta crédibilité.

Je pourrais en dire plus, mais je ne le fais pas parce qu'il doit déjà beaucoup assimiler d'un coup : Beauxbâtons, argent sorcier, ministère, métier possible, ça fait déjà un sacré paquet de notions à intégrer.

En voyant Will prendre des notes sur un papier, Warwick se prit à regretter de n’avoir pas prévu de quoi garder une trace écrite de cette discussion. Beauxbâtons, hein ? Quel drôle de nom, mais pourquoi pas après tout. Ce devait être le nom d’une célébrité locale. Warwick fut en revanche surpris d’entendre parler d’économie sorcière.

-Vous ne payez pas en livres sterling ? demanda-t-il, tout à coup perdu. Voilà qui allait compliquer les choses. Il y a un bureau de change où je peux me procurer de l’argent sorcier sans éveiller les soupçons ?

Il réfléchit ensuite à son scénario de couverture.

-Si je me fais passer pour un Italien, je risque de devoir me trouver un faux nom. Peut-être que je peux prétendre avoir de la famille anglaise, et m’être rendu en Grande-Bretagne pour rendre visite à un proche malade. Ça expliquerait aussi pourquoi je n’ai pas d’accent.

Maintenant qu’il y pensait, il se faisait la réflexion que la sorcière qu’il était venue voir ne parlait pas beaucoup, par rapport à son amie Moldue. Mais peut-être après tout que c’était en réalité Will qui aidait les gens, tandis que Carlotta leur servait d’intermédiaire initiale, étant la seule en droit de circuler dans le monde sorcier.

-Un métier indépendant ? Quel genre de métier indépendant vous avez, dans votre monde ?

Petit à petit, l’idée, se faisait une place dans l’esprit de Warwick. Il allait se rendre à la séance de dédicace d’Henry Fitz sous un faux nom, avec une fausse histoire. Il se pointerait, achèterait un bouquin, et trouverait un moyen de glisser un mot à l’auteur sur ses véritables ambitions. Peut-être pouvait-il dissimuler un petit message dans le livre qu’il allait donner à l’auteur, à moins qu’il puisse se pencher vers l’auteur et lui chuchoter quelques mots en prétendant vouloir lui exprimer son admiration. Il aurait tout le temps de décider de la marche précise à suivre une fois qu’il verrait comment la séance de dédicace se passait. De toute façon, aucun plan d’action ne résistait au feu ennemi, c’était bien connu.

Soldat connu et sorcière inconnue

F

orcément, Will et Carlotta demandaient à Warwick d'intégrer beaucoup d'informations d'un coup, et elles ne faisaient jamais qu'effleurer la surface, mais Will avait bon espoir qu'elles parviennent à un résultat convenable dans le temps qui leur était imparti. De toute manière, s'il devait éprouver telle ou telle difficulté à saisir une référence et s'il décidait de jouer les Italiens expatriés en Angleterre, il pourrait toujours avancer l'argument de la barrière de la langue en plus de celui de ses origines moldus afin de faire valoir son ignorance au sujet de telle ou telle information. Will ne s'inquiétait pas vraiment pour ça, si elle-même était parvenue à faire illusion sans trop de casse, il n'y avait pas de raison pour que Warwick de son côté n'y arrive pas, d'autant qu'il semblait curieux et avide d'en apprendre toujours davantage.

-Le seul moyen d'échanger de l'argent moldu contre de l'argent sorcier, c'est d'aller à Gringotts, les moldus y sont autorisés, c'est pas un souci. Si tu veux éviter que personne ne te voit en train de faire la transaction, on pourra toujours s'en charger pour toi. Enfin, si tu nous fais assez confiance. Sinon, on pourra toujours modifier assez ton apparence pour que personne ne te remarque, je pense. C'est vrai que ce serait pas mal que ce soit toi qui te déplaces, comme ça tu verras les gobelins de tes propres yeux. Crois-moi, ça vaut le coup d'oeil.

Elle en oublia de parler des galions, des mornilles et des noises, mais pour tout ce qu'elle oubliait de dire, elle savait que Carlotta ne manquerait pas de compléter son discours.

Will se contenta de commenter un "C'est pas bête", quand Warwick envisagea de s'imaginer une famille anglaise, qui justifierait notamment son absence d'accent italien. C'était quelque chose qu'il était capable de faire dans son coin. Will était convaincue qu'il serait capable de parfaitement s'en sortir de son côté.

-On a des métiers indépendants assez proches de ceux des moldus, répondit Will sans réaliser qu'elle s'était, de fait, et à tort, exclu du monde des moldus... qu'elle voulait défendre corps et âme, pourtant. Des métiers artistiques, des métiers manuels... Même si les sorciers ont des baguettes, ils ne peuvent pas non plus s'en servir pour tout.

Elle n'avait pas donné de réponse spécifique, mais à vrai dire, elles pouvaient être très nombreuses, et Will n'était pas certaine d'être suffisamment informée pour donner des informations plus précises. Elle, de son côté, n'avait pas vraiment eu à se poser la question. Will était une femme, sur le principe, personne ne s'attendait franchement à ce qu'elle ait un métier, même si le jeune femme considérait de plus en plus qu'il lui en faudrait un, encore plus maintenant. Concernant Warwick, ce serait une autre paire de manches.

code by Mandy

-Effectivement, le plus simple sera de se rendre à Gringotts directement, je confirme, toujours agréablement surprise de tout le savoir accumulé par Will. Je me sens comme une maman oiseau qui regarderait son oisillon s’échapper du nid et faire sa vie. Pile à temps. En gros, dis-je en essayant de résumer un peu laborieusement notre système économique… Je fouille dans ma poche et j’en retire mon porte-feuille. Je dépose un galion, une mornille et une noise sur la table sous le regard de Warwick. Une chance que je les ai eus en poche. Ça, c’est un gallion, c’est la pièce la plus importante. Un gallion vaut environ cinq livre. Il faut dix-sept mornilles pour faire un gallion, et 29 noises pour une mornille, j’ajoute en tapotant les pièces au fur et à mesure de mon explication. Dit comme ça, ça doit avoir l’air assez laborieux, mais on s’y fait vite.

Je n’ajoute rien, pas plus que Will quand Warwick étaye son personnage. Je pense que nous sommes toutes deux d’accord avec lui. Il réussira à faire illusion. A moins d’attirer trop longuement l’attention, et je me doute que ce n’est pas son intention, il y a peu de raisons pour que l’on fouille trop attentivement son histoire. L’essentiel, c’est d’avoir une base solide et de ne pas se mélanger les pinceaux, et là-dessus je compte sur lui. Je pense qu’il réussira à faire illusion.

Il nous interroge sur les métiers indépendants magiques auxquels il peut prétendre… Je n’ai pas d’idée arrêtée sur la question, il faut dire que le sujet est vaste. Les sorciers ont un champ de métier finalement aussi vaste que les moldus, même si nous sommes moins nombreux. Finalement, la réponse de Will est aussi complète que ce que j’aurais pu dire moi-même, et je ne vois pas vraiment quoi ajouter. Plus de précisions ne seraient sans doute pas du luxe, mais le pauvre Warwick est d’ores et déjà assailli d’informations, à mon humble avis.

Ce qui m’amuse beaucoup, c’est qu’elle parle de ces distinctions comme si elle était une sorcière elle-même. Je crois que parfois, elle se prend dans ses propres mensonges. Je devrais éventuellement trouver ça alarmant. En réalité, je trouve ça plutôt attendrissant. Et ça ne fait de mal à personne, après tout. En tous les cas, c’est de Warwick qu’il est question pour l’instant, et j’espère qu’il réussit à suivre le rythme, le pauvre. Parce qu’on ne le ménage vraiment pas. En même temps, c’est lui qui nous a dit de ne pas hésiter.

-J’imagine que c’était trop simple de se contenter d’un gallion et de centièmes de gallions, lâcha Warwick avec un sourire amusé devant sa propre confusion. Oubliez les contrôles de baguettes et les sortilèges : votre monnaie suffit bien à trahir les Moldus qui voudraient s’infiltrer !

Qui c’est qui a déjà réussi à intégrer et réutiliser le vocabulaire ? C’est Wicky ! Notons que personne ne s’aventure jamais à lui attribuer un surnom aussi ridicule. Seul son frère se le permettait, avant ; mais avec une tête de plus que son cadet, l’aîné Grant ne risquait pas grand-chose à l’embêter. Maintenant qu’il avait été blessé à la guerre, le frère de Warwick ne le taquinait plus. Warwick aimait croire que c’était parce qu’il se savait incapable de se défendre, même si le jeune sergent n’aurait jamais levé la main sur son frère handicapé ; mais en réalité, cette absence de blague soudaine était sans doute plutôt à attribuer au moral du blessé, qui n’était jamais vraiment remonté depuis la perte de son char, son bras et deux de ses camarades.

Le temps de son infiltration, Warwick deviendrait donc Lorenzo Rossi. C’était peut-être un poil cliché, comme nom, mais il doutait que l’Anglais moyen s’attarde à de tels détails. Il lui faudrait ensuite se rendre à cette séance de dédicace… Il allait d’ailleurs falloir régler la question du déplacement. Warwick était venu en voiture après avoir suivi un plan qu’il était parvenu à se procurer. Une fois dans les environs, il avait garé la voiture, l’avait dissimulée près d’un bosquet comme il l’avait pu, et avait poursuivi à pieds jusqu’à atteindre Pré-au-Lard. Cependant, le trajet jusque Londres avait été long, et il espérait qu’il n’aurait pas besoin de faire l’aller-retour pour changer de l’argent et se procurer des vêtements, puis une deuxième fois pour se rendre à la séance de dédicaces. Il interrogea donc :

-Au fait, comment on peut se rendre à Londres ? Vous faites de la magie, vous devez bien avoir un moyen de vous déplacer plus vite qu’en voiture, non ? Je ne sais pas, moi, des balais, ou quelque chose…

Le jeune Moldu était loin d’imaginer combien sa blague sur les balais était proche de la vérité.

Contenu sponsorisé

» Wilhelmina Tilley
» Les liens du Soldat Blanc
» Le malheur de l’avoir perdu ne doit pas te faire oublier le bonheur de l’avoir connu [pv Lexie :333]
» Carlotta & Co.
» Carlotta Pinkstone

Soldat connu et sorcière inconnue (Carlotta et Will Tilley)

Soldat connu et sorcière inconnue (Carlotta et Will Tilley)

Sujets similaires

Sujets similaires