Quel calme il y a dans ce couloir ! Malheureusement, je ne suis pas seule. Les préfets doivent opérer ensemble et quel déplaisir de se trouver avec Jedusor. Je me souviens encore du jour, où j’ai reçu mon insigne, mon père était heureux. Pour moi cet insigne signifiait que je devais être prisonnière du règlement. J’aurai beaucoup moins de temps pour étudier, pour m’entraîner. Mais, il y avait quand même une chose de positif, c’était qu’on me verrait comme étant une personne rangeait et surtout je serai bien vu par les autres.
Quand je suis arrivée en cinquième année, dans mon compartiment réservait aux préfets, je n’étais pas du tout étonné de découvrir que mon homologue masculin serait Tom Jedusor. En même temps, Dippet ne pouvait pas choisir un autre. Jedusor était le chouchou des professeurs et Slug a sûrement du appuyer le choix de Jedusor. Mais le fait que je sois aussi préfète n’a pas du enchanté Mr Jedusor, cela renforça notre rivalité.
C’est depuis la première année que cette rivalité est apparue. Je suis excellente élève, lui aussi. Mais ce qui la renforça, c’est le fait que tout deux nous cachions des secrets. J’ai vu rapidement qu’il jouait un jeu tout comme il découvrît ce qui se cachait en dessous de mon masque. Nous sommes semblables, j’ai déjà tué et je peux être sûr que ses mains sont tâchées de sang. Nous aurions pu nous allier, mais je travaille seule et je crois que jamais je ne pourrais lui faire confiance. J’ai déjà parlé à père de Jedusor, d’après lui je n’ai aucune inquiétude à me faire, il a peut-être raison, mais il m’a fallut préparer une sortie de secours, au cas où. Tout d’abord, mon père m’a enseigné l’Occlumencie, il fallait que je protège mon esprit à tout prix, celui-ci était trop dangereux et je gardais trop de secret au fond de moi-même. Ensuite, j’ai renforcé ma couverture de gentille fille, j’ai redoublé de gentillesse et de générosité. Heureusement mon plan marcha.

En ce moment, avec Jedusor, nous marchions côté à côté dans le plus grand silence et franchement je n’avais aucune envie d’ouvrir la bouche pour lui adresser la parole, je pense que de son côté ça devait être la même chose. De toute façon pourquoi parler ? Le silence était bien plus approprié. Au détour d’un couloir, nous découvrîmes, un Serdaigle qui était hors de son dortoir et qui voulait se rendre aux cuisines. Froid comme la glaça, Jedusor le renvoya.
Nous parcourûmes les étages en croisant quelques professeurs, dont Slughorn. C’est avec un grand agacement que je reçue une invitation pour son club. Je détestais Slug, mais il pouvait être utile, surtout qu’il connaissait de très grand nom, dans notre monde et il pourrait m’amener à ce que je veux. Chaque personne est utile dans cette école, même Jedusor, si je dois me trahir pour avoir ce que je veux, je le ferais.
Slug nous lâcha au bout d’une dizaine de minute après un blablatage incessant sur nos qualités et sur l’une des dernières soirées qu’il a faite. Durant cette soirée, j’ai fais la connaissance d’un ancien élève de Poudlard et qui maintenant travaille à un poste important au Ministère de la Magie. Le jeune homme a passé la soirée à me parler de ses derniers rapports, j’ai joué la comédie et j’ai souris, il a du être satisfait je pense…

Les couloirs défilent ainsi que les étages. Rare son les personnes qui traînent dans les couloirs à cette heure avançait de la nuit, mais il y a toujours quelques irréductibles, dont j’en fais parfois parti. Et oui, je l’avoue, je sors la nuit, mais seulement pour obtenir des livres dans la bibliothèque ou m’entraîner dans une salle vide. D’ailleurs dans ce cas là mon statut de préfet est un avantage, puisque si je me fais prendre, je n’aurais pas vraiment de problème.
Tout était trop calme et je m’ennuyais. Je ne désirais qu’une seule chose, retourner dans mon dortoir dans lequel Miyria doit m’attendre. D’ailleurs, elle aussi ne peut pas voir Jedusor en peinture, voilà une des raisons pour lesquelles on s’entend bien. Mais il semblerait que mon homologue ait envie de faire tous les étages. Je soupire bruyamment pour faire entendre mon agacement, mais je n’avais pas l’intention de fuir. Nous étions donc maintenant au sixième étage et ce n’est pas ici que nous allons trouver des élèves, à part des classes et quelques couloirs sombres, il n’y a rien ici. Que cherche donc Jedusor, j’ai vraiment l’impression d’être entraîné dans une quelconque histoire. Je sens qu’il veut quelque chose de moi, mais quoi ? Impossible de déchiffrer un masque comme le sien, il est trop parfait, un vrai masque de comédien, pratique pour ne pas se faire prendre.
Mon esprit fonctionne à mille à l’heure, j’essaye de comprendre, j’aurais du faire plus attention. J’aurais du m’en douter, d’habitude, ce sont les Gryffondor et les Serdaigle qui s’occupe des derniers étages. Bon je ne dois pas montrer que j’ai compris. Je continus donc à faire l’idiote et cela passera, s’il croit que je me laisserais avoir, il peut se mettre le doigt dans l’œil.

Tom n'était pas tellement plus motivé que Persephone à l'idée de devoir arpenter les couloirs en compagnie de son homologue féminin, mais ma foi, ça faisait partie de son rôle. Il s'était attendu à être nommé préfet, on pouvait même dire que cette tâche semblait naturellement lui incomber... et il avait tout fait pour que ce soit le cas, mais ce n'était pas pour autant qu'il prenait un grand plaisir à accomplir toutes les tâches qui revenaient aux préfets, et notamment la ronde dans les couloirs. C'était, disons, le sacrifice nécessaire pour une image de lui parfaitement préservée... Un sacrifice parmi un grand nombre d'autres, qui impliquait qu'il devait marcher dans tout le château histoire de renvoyer les couche-tard dans leurs dortoirs... Une activité qui pouvait certainement satisfaire ceux qui avaient une faible estime d'eux-mêmes, qui ne rêverait pas de représenter l'autorité, après tout? mais Tom, qui avait une estime surélevée de lui-même et des ambitions qui dépassaient largement le cadre scolaire, n'en avait pas grand chose à faire, de l'influence qu'il pouvait avoir sur un serdaigle qui avait la moitié de son âge. Ils avançaient silencieusement, c'était une règle d'or qu'ils avaient fixé... sans jamais vraiment se parler, à vrai dire. Aucun d'entre eux n'avait véritablement l'intention d'engager la conversation avec l'autre.

Ce n'était pas tant parce qu'ils se détestaient, mais ils se ressemblaient trop pour pouvoir s'apprécier. La seule compagnie que Tom tolérait était souvent celle de ceux qui étaient prêts à lui lécher tranquillement les pieds pendant qu'il les malmenait avec si peu de discrétion (comme Daniel, Lou, et Lena - et quand bien même, il préférait tout de même la solitude) ou celle de ceux qu'il pouvait malmener psychologiquement (Ines, par exemple). Tous les autres l'indifféraient... Bien qu'en vérité, ce n'était pas vraiment le cas en ce qui concernait Persephone. Sans doute parce qu'elle n'était pas totalement indigne d'intérêt. S'il mettait beaucoup de sa fierté de côté, Tom devait bien admettre qu'elle et lui étaient, à peu de choses près, semblables, tous deux jouaient, avaient des ambitions plus élevées que n'importe qui d'autres, et les capacités d'aller plus loin, tous deux avaient su tromper leur monde... même s'ils n'étaient pas parvenus à se tromper l'un l'autre, sans doute, justement, parce qu'ils se ressemblaient trop... Une idée qui ne plaisait que moyennement (pour ne pas dire qu'elle ne lui plaisait pas du tout) au vert et argent. C'était une idée qu'il avait toujours rejeté, toute sa vie, il avait agit en partie dans le but d'affirmer sa différence, et sa supériorité, bien évidemment. Il ne supportait déjà pas qu'on porte le même nom que lui, alors, le fait que quelqu'un d'autre puisse avoir les mêmes qualités et capacités que lui, ça ne pouvait que l'insupporter. Non, il ne détestait pas Persephone, il reconnaissait les qualités qu'elle pouvait avoir, mais il avait à coeur d'affirmer qu'il était plus fort qu'elle, et de ce fait, ils étaient en constante rivalité. Tom n'avait pas pour autant peur de Persephone, du moment qu'elle n'empiétait pas sur ses plates-bandes, d'autant plus que jusqu'à nouvel ordre, elle n'était pas encore arrivée au niveau de ce qu'il avait su accomplir l'année précédente.

Tom savait qui était Persephone, et par conséquent, il était conscient de son utilité. Il avait hésité un moment quant à la manière de procéder. Hors de question de mettre la jeune fille devant le fait accompli. L'avantage de leur ressemblance, c'est que Tom pouvait plus ou moins savoir à l'avance comment la jeune fille risquerait de réagir face à telle ou telle situation, et il savait de ce fait que jamais elle n'accepterait de le rejoindre si cela lui donnait ne serait-ce qu'un minimum le sentiment de ne plus être maîtresse de ses actes, d'agir au service de quelqu'un. Pour Tom, Persephone était donc une sorte de défi. Il lui avait toujours été facile de rassembler les pièces de son jeu d'echec, certaines d'entre elles venaient même s'ajouter à son jeu sans que lui-même n'ait vraiment à demander quoi que ce soit (qu'il s'agisse de Lena ou de Elle, par exemple), mais en ce qui concernait la préfète, c'était autre chose. Il fallait qu'elle rejoigne le jeu d'échec sans être un pion - parce qu'elle ne supporterait pas d'être un pion, et sans qu'il la mette pour autant sur un pied d'égalité (parce que ce serait tout simplement au-dessus de ses forces). Le plus simple était de faire un deal... Si elle pensait à sa manière, elle serait sans doute capable de voir qu'il pourrait lui être utile autant qu'elle pourrait l'être à ses yeux. Nul doute qu'aucun d'entre eux ne se rangerait jamais aux ordres de l'autre, ni qu'ils finiraient un jour par s'apprécier et par collaborer un grand sourire aux lèvres, mais Tom était assez lucide pour savoir qu'il valait mieux ne pas compter Persephone parmi ses ennemis, et la concernée le serait peut-être aussi assez pour constater la même chose.

Leur promenade obligée dans les couloirs lui avait semblé l'occasion idéal afin de mettre les choses à plat, et de clarifier le rôle que chacun pouvait jouer pour l'autre. Peut-être que Persephone refuserait la conversation, tant pis pour elle, Tom (complexe de superiorité, rappelons-le) se passerait de ses services, voilà tout. Ils ne lui étaient pas indispensables, il constatait juste qu'ils pouvaient lui être utiles. Il dût cependant reporter dans un premier temps ses projets, puisqu'ils croisèrent Slughorn, et qu'ils ne purent se détacher de sa compagnie qu'à grands renforts de faux sourires, de courbettes feintes et d'une hypocrisie au sommet de son art. Décidément, ils se ressemblaient vraiment vraiment beaucoup trop. Tom entraîna, mine de rien, Persephone jusqu'aux derniers étages, il savait qu'à cette heure ci, les préfets de serdaigle auraient dors et déjà achevé leurs rondes, les couloirs du sixième étage étaient toujours déserts, la nuit tombée, sans doute parce que le sixième étage était écarté de toute salle commune ou lieu de vie intéressant. Une fois qu'il fut assuré que l'endroit était véritablement désert, et qu'ils ne seraient pas dérangés, il s'arrêta net, le visage toujours indéchiffrable et enfin, il brisa le silence.

"Je peux te poser une question?"

Ou l'habitude d'user de formules de politesse même quand la situation ne l'imposait pas. Il aurait très bien pu enchaîner directement, il se moquait d'avoir ou non l'accord de la serpentard, mais il attendit, en grande partie parce qu'il voulait guetter la réaction de Persephone, bien que conscient que, comme il savait le faire, elle parviendrait parfaitement à la dissimuler.