Warwick naît dans une Angleterre qui se remet à peine du conflit qui est alors le plus meurtrier que l’humanité ait connu. Il grandit dans une famille protestante et connaît une enfance et une adolescence relativement banales avec son frère et sa sœur, bercé par les récits de guerre de son père -probablement exagérés, avec le recul. Lorsque le conflit éclate en 1940 avec l’Axe, Warwick s’engage dans l’armée britannique, mais n’est pas déployé en France. Il participe ensuite à la guerre en Afrique du Nord puis en Italie, jusqu’en Allemagne, dans l’infanterie. Son frère est blessé dans la destruction de son char en 1942, mais Warwick sort du conflit sans séquelles physiques graves. Il en va bien entendu autrement de son esprit. Il n’oublie jamais les images des camps de concentration libérés par les troupes Alliées dans leur avancée vers Berlin.
Warwick rentre en Angleterre marqué par les horreurs de la guerre et tente de retrouver une vie normale, mais le destin s’acharne. Alors qu’il se promène tard dans un endroit isolé, le vétéran assiste à une scène hors du commun. Deux ou trois individus vêtus de capes semblent s’attaquer avec des éclairs de lumières qui déchirent la pénombre et l’un d’eux, confronté aux deux autres, semble en mauvaise posture. Warwick ignore quel type d’arme les mystérieux combattants utilisent, mais la façon dont les projectiles éclatent et crépitent suffisent à la convaincre de la dangerosité de la situation. Il crie aux inconnus de s’arrêter mais au lieu d’obtempérer, l’une des silhouettes l’attaque. Le vétéran se souviendra toujours de la lueur verte aveuglante qui a foncé dans sa direction et a frappé le sol à côté de lui avec fracas. Ce que l’assaillant n’avait sans doute pas prévu en revanche, c’est que Warwick continue d’avancer. Mais lorsqu’on a été sous le feu d’une mitrailleuse ou d’un canon antichar, on ne s’arrête pas au premier éclair de lumière venu. Les deux silhouettes, pensant sans doute avoir affaire à quelqu’un maîtrisant la situation, battent en retraite en… disparaissant tout simplement, et leur adversaire suit le même chemin avant d’avoir pu être interrogé.
Warwick a été fiévreux plusieurs jours après cet événement. Cela était sans doute dû au temps nécessaire à son cerveau pour digérer toutes ces informations nouvelles et absurdes. Une fois rétabli, le jeune homme n’a plus qu’une idée en tête : comprendre qui est à l’origine de ces agissements mystérieux qui, à n’en point douter, cachent quelque chose de néfaste à la sécurité du pays qu’il aime et pour lequel il a déjà bravé la mort.
Lorsque Warwick apprend que des groupes extrémistes agissent violemment au nom d’une prétendue pureté du sang, cela sonne trop familier aux oreilles de celui qui a vécu l’horreur pour vaincre l’Allemagne nazie. L’ancien soldat, qui désespère de parvenir à reprendre le cours d’une vie normale, décide de se renseigner sur cette résistance dans l’espoir de rejoindre ses rangs afin de servir son pays à nouveau. Il rencontre une sorcière qui accepte de l’aider à entrer en contact avec cet univers qui lui est inconnu.
Il faut un peu de temps à Warwick pour accepter l’idée qu’une communauté secrète vit en Grande-Bretagne et partout dans le monde sans que personne -du moins aucun « Moldu »- ne soit au courant. Lorsqu’il réalise à qui et à quoi il a affaire, il prend quelques mesures pour s’adapter. Il ne peut rivaliser avec les pouvoirs surnaturels des gens que sa quête va l’amener à fréquenter, mais les Moldus, privés de magie, sont passés maîtres dans l’art de compenser leurs désavantages héréditaires. Que cela serve d’avertissement à quiconque viendrait à le rencontrer : Warwick Grant est rarement désarmé.
Il lui reste beaucoup de choses à apprendre sur le fonctionnement de cette société parallèle et de la magie, dont il a enfin admis l’existence. Il sait qu’il lui faudra des efforts herculéens pour espérer se faire accepter et respecter par la communauté sorcière. Mais Warwick n’est pas spécialement inquiet et est bien décidé à prouver sa valeur aux sorciers qu’il rencontrera, et notamment à la résistance. L’ancien soldat sait également que, aussi démunis qu’ils soient dans l’art des sortilèges, les Moldus sont allés plus loin dans la violence et la destruction d’autrui que le plus puissant des sorciers de tous les temps.