A l’arrière de la boutique des Ollivander, il y avait une petite cour intérieur dont peu de gens connaissaient l’existence. C’était un petit espace de quelques mètres carrés encombré de quelques caisses pleines de matériaux et où on pouvait prendre une petite pause : une table et deux chaises étaient posées dans un coin. Archie était d’ailleurs présentement assis sur l’une d’entre elle, à moitié avachi, la tête en arrière sur le dossier. Sa nuque le tirait, son dos aussi et il avait mal aux doigts. Il avait encore passé la matinée à rédiger ses réflexions et diverses petites recherches sur des tonnes et des tonnes de parchemins. Maintenant, il avait besoin d’un peu d’air avant de reprendre le travail.
Après tout, Archibald devait encore former la nouvelle employée, à savoir cette chère Elizabeth. Pour l’instant, il s’était surtout contenté de lui fournir une grande quantité de lecture pour parfaire son niveau, mais il allait être grand temps de passer à des choses plus pratiques, plus concrètes. Même si elle se contentait d’être à la caisse, il fallait qu’elle connaisse les essentiels. Et pour ça, il fallait qu’elle pratique, même si cette simple idée rendait Archie nerveux. Il avait du mal à se faire à l’idée que d’autres mains que les siennes allaient manipuler le bois, les outils, et les baguettes même. Cette fille allait devoir apprendre certaines choses et c’était à Archie de la mettre au pas.
Epuisé d’avance, le jeune homme soupira, s’affala davantage sur sa chaise. Bon, à dire vrai, Elizabeth n’était pas insupportable. Elle était même assez sympathique… En réalité, elle était même vraiment gentille. Et assez mignonne, ce qui ne gâchait rien.
- Oui, bon, elle est peut-être jolie, mais elle n’en reste pas moins inexpérimentée, maugréa Archie.
…. Mais elle était quand même très jolie. Elle était au goût d’Archie, en tout cas.
Bon, bon, ce n’était pas le moment de penser à ça. Pour l’instant, il fallait l’éduquer, cette gamine. Archibald se leva donc de sa chaise et rentra dans l’atelier. Il était temps de se mettre au travail. Comme la boutique n’était pas bien grande, il trouva rapidement la jeune femme. Il l’observa un instant sans rien dire, appréciant sa beauté simple, puis il se fit remarquer.
- Elizabeth ? Tout se passe bien ?
Il se pencha par-dessus l’épaule de la jeune femme, observant ce qu’elle faisait. Il lui adressa un léger sourire pour faire bien, puis il entra dans le vif du sujet.
- J’ai à vous parler. Je vous ai donné beaucoup à apprendre et il serait temps de mettre en pratique, il me semble. Pas que vous aillez nécessairement besoin de savoir fabriquer une baguette, mais vous devez connaître les rudiments si vous voulez faire du bon travail. J’aimerais vous tester sur les mélanges, ajouta-t-il en croisant les bras, réfléchissant intensément.
Il détailla Ellie des pieds à la tête.
- Vous avez bien lu les livres que je vous ai donné, n’est-ce pas ? Si vous avez des questions, n’hésitez pas à m’en poser. Je ne voudrais pas que vous fassiez de bêtises sur un malentendu.
Est-ce qu’Archie se rendait compte qu’il en demandait beaucoup trop à cette jeune femme ? Absolument pas. Pour lui, ce n’était que des tâches quotidiennes. Apprendre, comprendre, utiliser. En plus de ça, il n’avait pas le temps d’être patient dans son apprentissage. Il devait gérer la relation avec Gringotts, approfondir ses recherches et, plus que ça, il devait s’atteler à… une toute nouvelle branche d’étude. Et ça lui prenait du temps, il avait donc moins de disponibilité pour la boutique. Finalement, le rôle d’Elizabeth allait devenir crucial.
Soudain, alors qu’Archie allait continuer à noyer Liz sous tout un tas de demandes et de conseils, la clochette de l’entrée teinta. Le jeune homme se tourna, prêt à accueillir le client, et son sourire s’illumina soudain d’un sourire sincère.
- Eh ben, eh ben ! Regardez qui nous fait l’honneur d’une petite visite ! Charlie Williams…
Archie s’approcha de la jeune femme et la prit dans ses bras. Il n’avait pas l’habitude d’être démonstratif, mais avec Charlie, c’était pas pareil, ils se connaissaient depuis tellement longtemps.
- Qu’est-ce qui t’amène ici ? Un moment qu’on t’a pas vu dans la boutique, Miss Mode, taquina-t-il.
Son regard revint alors sur Elizabeth. Oh. Etait-ce le moment de faire les présentations ?
- Au fait, Charlie, je te présente Elizabeth Hopkins. Elle a été embauchée assez récemment, encore en formation. Elizabeth, je vous présenterais bien Charlie, mais sa grande beauté doit vous dire quelque chose, je suppose… ?
Considérant la situation, Archie se dirigea vers la porte et tourna la pancarte, affichant un « fermé » sur la porte vitrée. Il se tourna ensuite vers les filles.
- Je vous propose qu’on aille dans l’arrière-boutique. Je dois former Elizabeth et, tant que tu es là Charlie, j’aimerais te montrer un nouveau modèle de baguette…
Il entraîna les filles dans son sillage. Le drama se nouait dans son dos, comme s’entremêlaient les fils de leur destin.
C'était un de ses rares après-midi où Charlie pouvait profiter de son temps libre, quand elle n'était pas à courir entre les shooting photos, les dédicaces et les réunions de débriefing. Au fond de la grange et assise sur un tabouret, vêtue d'une robe de soie blanche des plus simples et d'un chignon fait à la va vite, elle observait son père qui s'affairait dans sa tâche, agitant sa baguette à droite à gauche. Bien qu’il soit un artisan polyvalent très apprécié, Roy Williams ne gagnait pour autant pas suffisamment sa vie pour se permettre d’engager des employés pour l’aider, aussi faisait-il tout de lui-même et n’arrêtait-il jamais de travailler. Parfois, lorsqu’elle rentrait bien tard du travail, Charlie voyait encore son père dans son atelier, ayant à peine dîner. Bien entendu, elle ne l’avait pas trouvé ailleurs qu’à cet endroit quand elle était rentré ce jour-là.
Roy était capable de fabriquer toute sorte d’ ustensiles, mobiliers et autres objets magiques ou non. Ce qu’il façonnait aujourd’hui était volumineux et sûrement très lourd, mais la forme ne permettait pas encore à Charlie d’en deviner l’utilité. Délaissant sa baguette, Roy attrapa quelques outils moldus. C’était un de ses secrets, il n’utilisait pas seulement la magie pour ses créations. Sans doute l’une des habitudes qu’il avait dû prendre de sa mère moldue. Toutefois, Charlie devait reconnaître que l’addition des deux méthodes pouvait avoir du bon. Mais soudainement, Roy poussa un petit cri de douleur, retirant vite son doigt de sous un de ces machins moldus, grommelant de son inattention.
▬ Bon, vas-tu me laisser t'aider cette fois ? soupira Charlie devant le doigt bleuâtre de son père. ▬ Je te l’ai déjà dis Char’, tu as un défilé important ce soir, il n’est pas question que tu prennes le risque de te blesser bêtement. Tu sais, la magie sait faire bien des choses, mais il n’y a parfois qu’avec des mains savantes et délicates que l’on peut réaliser de belles choses. Tu dois bien avoir autre chose à faire que de regarder ton vieux père bricoler.
Charlie roula des yeux, mais ne répondit pas, sachant que c’était peine perdue. Elle souffla d’ennui, et reporta son regard sur la fenêtre. Elle aurait sans doute bien à faire effectivement, mais elle avait besoin de se sentir utile. Son père dû remarquer son air perdu, puisqu’il marmonna dans sa barbe avant de reprendre.
▬ D’accord, si tu veux vraiment m’aider, j’ai une livraison à faire. Cela ne devrait pas te prendre trop de temps ni être trop dangereux. Je pense que ça devrait même te faire plaisir. Ces paquets sont pour les Ollivander, du beau bois pour leurs baguettes qu’ils m’avaient commandé, et quelques crins de licorne, les meilleures du marché si tu veux mon avis, ajouta-t-il dans un clin d’oeil.
Charlie se leva avec hâte de son tabouret, embrassa son père et s’empara des paquets. Elle fit un rapide détour par sa chambre pour s’apprêter – elle allait tout de même sur le Chemin de Traverse, et risquait de croiser du monde – et aussitôt prête elle transplana.
Une fois arrivée sur la rue commerçante, Charlie se transforma. C’était comme si c’était une toute haute personne. Pas d’empressement et le port de tête bien droit. Même si elle ne travaillait pas, elle pouvait croiser bien du monde et se devait de jouer son rôle. Elle avait toquée sa robe toute simplette pour une bien plus sophistiquée, qu’une marque lui avait offerte pour qu’elle en fasse la promotion à telle ou telle soirée mondaine – ce qui était le cas de la plupart de ses vêtements par ailleurs. Charlie était passée maîtresse dans l’art de la coiffure et du maquillage, aussi son chignon à peine fait laissait place à ses belles boucles blondes tombantes et son teint parfait. Charlie savait changer de masque en seulement quelques secondes.
Marchant vers la boutique Ollivander, Charlie sentait bouillonner en elle une joie sans pareille. Cela faisait un certain temps qu’elle n’avait pu rendre visite à son cher ami Archibald, qui était pourtant l’un des rares à la connaître pour ce qu’elle était vraiment. Mais avec tout le travail qu’elle avait, ses amitiés s’en trouvait parfois lésées. Mais pas question de la laisser se faner, Charlie tenait bien trop à son ami pour l’oublier. C’était l’occasion rêvée.
▬ Archie ! Devine... lança-t-elle à peine passé le pas de la porte. Oh, bonjour.
Elle se ressaisie immédiatement, voyant qu’Archibald n’était pas seul dans la boutique. Une jeune femme était aussi présente, mais Charlie n’eut pas le temps de la regarder en détail qu’une silhouette se jeta presque sur elle pour l’enlacer. Prudente, mais pourtant ravie de retrouver Archibald, Charlie l’étreignit avec douceur, avant de se décaler légèrement.
▬ Mon père m’a chargée d’une livraison, du bois et du crin de licorne paraît-il. Il m’a semblé que c’était l’occasion parfaite pour te rendre une petite visite, répondit-elle à la question du jeune homme, d’un ton amical mais légèrement distant.
Tant qu’elle n’avait pas évalué la situation, Charlie préférait ne pas démontrer autant d’affection à son ami. Elle se dit qu’il n’en prendrait pas la mouche, après tout il la connaissait. Elle se tourna vers la jeune femme présente lorsqu’Archibald fit les présentations. Aussitôt, elle la reconnu. Les deux demoiselles n’étaient pas inconnues l’une à l’autre. Elizabeth, bien sûr. En fait, Charlie connaissait surtout la sœur de cette dernière, de l’époque de Poudlard. Mais voilà bien longtemps qu’elles ne s’étaient pas vues.
▬ Oh, Elizabeth, bien sûr ! Ainsi tu travailles ici ? Comment va ta sœur ? Elle fit un grand sourire des plus aimables à la jeune femme, avant de se tourner vers son ami, lui lançant un regard taquin. Archibald, tu ne m’auras pas avec tes compliments, cesse d’être aussi élogieux. Elizabeth ne se souvient peut-être pas de moi. Elle se retourna vers Elizabeth, essayant de se montrer courtoise et amicale. J’espère qu’il ne t’importune pas trop, ce doit être difficile d’apprendre l’art des baguettes, alors avec un professeur aussi balourd ce doit être pire ! ajouta-t-elle avec malice.
Charlie était somme toute modeste. N’ayant jamais eu vocation à devenir mannequin, elle était ici un peu par la force des choses, aussi ne se vantait-elle jamais de son statut, surtout auprès de ses amis. Se tenant bien droite, prenant le moins de place possible, elle observa son ami fermant la boutique. Fronçant des sourcils, elle le suivit du regard. Celui-là, il avait une idée derrière la tête. Aussi Charlie savait-elle que lorsqu’Archibald tramait quelque chose, l’avenir était bien incertain. C’était sans doute ce qui faisait son charme. Haussant les épaules, Charlie suivit les deux autres dans l’arrière-boutique, ne pouvant s’empêcher d’être curieuse. Sur le chemin, elle ne pu s’empêcher d’observer Elizabeth du coin de l’œil. La jeune enfant qu’elle avait connu avait bien changée, et était loin d’être un laideron. Elle devait sans doute faire courir les hommes, et peut-être était-elle déjà fiancée. Mais en quoi cela pouvait bien la regarder ?
Cette fois-ci, elle n’était pas dupe. Enfin, pas totalement. Du coin de l’œil, elle avait vu Archibald Ollivander pénétrer de nouveau dans la pièce, et s’arrête non loin d’elle, silencieux. Elle sentait son regard sur elle, alors qu’elle continuait d’ordonner le petit meuble devant laquelle elle était, précautionneusement. Il devait certainement s’assurer qu’elle ne faisait pas de bêtises et était effectivement en train de travailler, et non pas de rêvasser. Mais non, il ne pourrait rien lui reprocher, car elle était efficace et appliquée.
Il se rapprocha et se pencha par-dessus de son épaule… La proximité d’Archibald ne la laissa pas indifférente, il s’agissait de quelque chose de nouveau… Mais son esprit s’égarait, et elle n’aurait en toute honnêteté pas réussi à déterminer ce qu’elle pensait avec clarté. Elle avait envie de se cacher dans sa coquille telle une palourde qui refuserait d’être mangée. Les questions d’Archibald la firent revenir sur terre, lui évitant ainsi de se transformer en mollusque sous l’effet de la honte.
Les mélanges.. Oui, cela lui revenait, il s’agit du chapitre 6 de Combinaisons cœurs-essences : théorie et cas pratiques de… d’un botaniste et potionniste de renom, dont elle avait d’ailleurs oublié le nom. Elle avait pris des dizaines de parchemins de notes, et au moins la moitié de questionnements ou remarques personnelles. Mais là, comme par hasard, rien ne lui venait, alors elle se contenta de hocher la tête et sourire légèrement, l’écoutant à mesure qu’il parlait. De manière aussi inattendue que libératrice, la clochette retentit et tous deux se tournèrent, s’apprêtant à accueillir un client. Elizabeth eut à peine le temps d’ouvrir la bouche pour saluer la nouvelle venue : Archibald semblait la connaître… Plutôt bien, puisqu’il la prit dans ses bras.
Elle s’approcha légèrement, et sourit gentiment à la nouvelle venue, après l’avoir saluée. Elle l’avait plus ou moins reconnue, tant pour les diverses publicités pour lesquelles elle avait vendu son image que parce que Charlie Williams était une amie de sa sœur. Lorsqu’elle lui demanda si Archibald n’était pas trop terrible dans le rôle de professeur, Elizabeth ne put réprimer un rire, à la fois amusé et soulagé. Elle reprit contenance pour répondre à l’amie de sa sœur :
- J’apprends beaucoup de choses, il m’a donné beaucoup de choses à lire.
Le trio entra dans l’arrière-boutique et ils s’arrêtèrent au centre de la pièce. Elizabeth jeta un coup d’œil à Charlie, lui sourit doucement et tourna sa tête vers Archibald.
- Qu’allons-nous faire, maintenant ?
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Archibald Ollivander
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Archibald connaissait Charlie depuis l’enfance, depuis bien avant qu’elle ne devienne une star de la mode. Comme il passait son temps à la boutique et qu’elle y venait souvent pour aider son père, ils avaient rapidement sympathisé et même la carrière de la jeune femme n’avait su mettre un terme à cette amitié. Alors la voir débarquer dans la boutique lui procurait une joie immense : il la voyait moins ces derniers temps, mais Archie conservait toujours autant d’affection pour Charlie. Cela valait même quand elle s’acharnait à établir une certaine distance entre eux, pour coller à son image : Archibald ne le remarquait presque jamais et, quand il le faisait, il n’en tenait pas compte. Le paraître, tout ça, au fond, il s’en fichait bien, c’était beaucoup trop compliqué pour attirer son attention.
- Oh, super ! s’exclama-t-il en récupérant les paquets des bras de son amie. Le bois de ton père fait toujours des baguettes exceptionnellement belles, je vais m’en donner à cœur joie ! Merci Charlie !
Notant un léger malaise, Archibald se rappela de présenter les deux jeunes femmes. Mais, de toute évidence, ce n’était pas foncièrement utile, puisque les deux semblaient se connaitre. Ou, du moins, Charlie semblait connaître la sœur d’Elizabeth… Surpris, le jeune homme regarda les deux filles un instant, un peu perdu. Ce n’était pas prévu au programme… Mais pourquoi pas ?
- Moi, élogieux ? Je t’en prie Charlie, tu sais bien que c’est pas mon genre, répondit-il avec un petit sourire en coin. Et je ne suis pas balourd, répliqua-t-il ensuite, légèrement boudeur. Bon, c’est vrai que je lui donne pas mal de travail, avoua-t-il quand Elizabeth répondit. Mais il faut bien apprendre les bases !
Des bases qui s’étalaient sur des dizaines et des dizaines de manuels et autres bouquins vieux comme le monde. Archibald les avait tous lu, étalés sur des dizaines d’années, et il ne se rendait vraiment pas compte de la quantité astronomique de travail qu’il faisait peser sur les épaules de son apprentie. Et si on le lui avait fait remarquer, il aurait mis du temps à comprendre à quel point le rythme était difficilement gérable.
Néanmoins, pour l’instant, tout ceci représentait le cadet de ses soucis. Il était de bonne humeur, la présence de Charlie le rendait souriant. Il emmena les deux filles dans l’arrière-boutique, là où se trouvait son atelier et celui de son oncle, ainsi que, désormais, un nouveau petit espace pour Elizabeth, juste devant la fenêtre, avec un bureau, une chaise, et tout le nécessaire.
- Asseyez-vous, faut que je remette la main sur cette baguette, invita-t-il. Elizabeth, si vous voulez boire quelque chose toutes les deux, vous savez où c’est. Oh, tiens, maintenant que j’y pense, que diriez-vous qu’on se tutoie ? Ce serait sûrement plus agréable, et cela permettrait également un rapprochement qui ne déplaisait pas à Archibald...
Un peu frénétiquement, Archie se mit à farfouiller sur son bureau et dans les étagères, remplies de parchemins, de boîtes de baguettes et d’autres matériaux moins identifiables.
- Au fait Charlie, ça se passe bien le travail ? J’ai vu que tu bougeais pas mal en ce moment… Tu tiens le coup ? Ah, la voilà !
Archibald dégagea une pile de parchemin et tira un écrin d’un blanc nacré de dessous. Il avait mis cette baguette au point depuis quelques temps déjà, mais il n’avait pas voulu la proposer à la vente. Il n’était pas sûr de sa stabilité, mais il était certain de pouvoir l’améliorer grandement ; il fallait juste qu’il mette le doigt sur le petit détail qui lui permettrait de faire la différence…
- Regardez, approchez, dit-il en s’installant sur sa chaise de bureau. J’ai fait celle-là avec la dernière livraison de ton père, Charlie, une bois de grande qualité… Elizabeth, tu saurais dire quel bois c’est ?
C’était du bois de rose, mais le traitement d’Archie l’avait rendu légèrement plus foncé. A l’intérieur, c’était un cheveu sirène. Une baguette capricieuse, permettant de créer des sorts de toute beauté. Archibald en était déjà très fier, mais ce qui le rendait encore plus fier ne tenait qu’en un seul détail.
- Je la mettrai pas à la vente tout de suite, elle n’est pas encore stable. Il faut que je la travaille, mais… Regardez.
Sur le côté, des runes étaient inscrites, creusées à même le bois. Et chacune de ces inscriptions étaient remplies à la feuille d’or.
- L’or est un métal durable, qui ne s’oxyde pas, très résistant au temps qui passe. Normalement, si on l’utilise, c’est pour renforcer la poignée, mais là… Si j’arrive à équilibrer cette équation runique, je pourrais créer une baguette qui ne s’altèrera jamais ! Une baguette qui ne faiblira jamais, qui ne perdra jamais de sa puissance !
Il regarda les deux jeunes femmes.
- Vous en pensez quoi ? C’est mon petit projet du moment, j’avoue que j’en suis pas peu fier.
Il déposa prudemment l’écrin ouvert sur le bord de son bureau, y accordant milles et une précaution. Il aurait été bête, voire dangereux, que cette baguette ne tombe…
Charlie avait énormément d’affection pour ce garçon. Elle avait beaucoup d’amis, mais certains n’étaient que des amitiés de façade, et d’autres ne la connaissaient pas pour ce qu’elle était vraiment. Elle les appréciait, passait du bon temps avec eux, mais ce n’était pas fusionnel, intense. Ses meilleurs amis, elle pouvait les compter sur les doigts d’une main – avec un ou deux doigts amputés. Archibald était l’un d’eux, sans aucun doute. L’un des premiers, et il sera sans doute là jusqu’à la fin. Du moins Charlie l’espérait.
Pleine de joie de le revoir après si longtemps, elle freinait pourtant son enthousiasme en présence d’Elizabeth. Même si elle connaissait la jeune femme, elles n’étaient pas vraiment proches pour autant, et elles ne s’étaient pas croisées depuis bien longtemps. Aussi, Charlie préférait rester sur ses gardes et conserver son calme.
▬ C’est mon père qu’il faut remercier, je ne fais que la livraison. Mais je lui transmettrais le message, répondit-elle avec un sourire.
Charlie savait qu’Archibald était passionné par son métier, qu’il en connaissait un rayon dans le domaine de la baguette, et surtout qu’il était intransigeant quand il s’agissait d’en apprendre plus sur cet art. Charlie plaignait sincèrement Elizabeth, espérant pour elle qu’elle aimait vraiment ce job et qu’elle ne le faisait pas qu’en attendant de trouver mieux. Sinon, il lui faudrait bien du courage.
▬ Fais attention à ne pas trop la surmener quand même ! Elle se tourna vers Elizabeth. N’hésite pas à lui dire s’il t’en donne trop à faire, nous n’avons pas tous sa capacité d’ingurgiter autant d’informations sur les baguettes ! Si tu as besoin, je me porte volontaire pour lui remettre les idées en place ajouta-t-elle avec un petit clin d’œil.
Les trois jeunes gens se retrouvèrent dans l’arrière-boutique, Charlie fermant la marche. Elle trouvait la pièce un peu exiguë et encombrée, mais ça lui donnait du charme. Dégageant un tabouret enseveli sous quelques livres, elle s’assit aussi confortablement et dignement qu’elle le pu, jambes serrées, le buste bien droit et les mains jointes sur les cuisses. C’était les restes du métier, elle se tenait toujours aussi noblement qu’elle le pouvait en présence d’autres personnes – ici, ça valait surtout pour Elizabeth.
▬ Oh ne t’embête pas, je n’ai besoin de rien, dit-elle à l’intention de la jeune femme avant qu’elle ne lui propose quelque chose à boire.
Elle suivit Archibald du regard, qui semblait chercher quelque chose parmi tout ce fatras. Que préparait-il encore ?
▬ Oh en ce moment, je ne m’arrête pas ! J’ai de nombreux contrats, je ne sais plus où donner de la tête. Heureusement que ce n’est pas moi qui me charge de la paperasse, je ne m’y retrouverais pas. Mais bon, ça n’est que de bonne augure, le succès me tend les bras. Son ton était sans émotion particulière, bien qu’elle souriait. Je suppose qu’ici tout va bien, si tu as pu te permettre d’engager Elizabeth. J’espère que le boulot te plaira, ajouta-t-elle à l’intention de cette dernière.
Le jeune homme avait enfin trouvé ce qu’il cherchait : une baguette. Charlie n’aurait pas dû être surprise, après tout il n’y avait que de ça ici. Mais elle s’attendait à quelque chose de plus… original. Elle devait pourtant admettre qu’il s’agissait d’un très bel ouvrage, le propriétaire en serait chanceux. Il fallait reconnaître le talent d’Archibald. Charlie se pencha pour l’observer de plus près, regardant ce que le jeune homme voulait leur montrer. Elle fronça des sourcils devant l’explication de son ami. Cette baguette pourrait être particulièrement puissante… et dangereuse. Mise entre de mauvaises mains, elle provoquerai beaucoup de dégâts. Mais ce n’était certainement pas l’ambition d’Archibald, après tout il faisait ça pour l’amour de la fabrication de baguettes. Charlie tenta de s’adoucir un peu, et d’admirer le travail.
▬ C’est magnifique Archi, tu peux être fier. Elle osa ajouter, d’une voix douce, Elle est sans doute destinée à un grand sorcier, qui fera de grandes choses.
De bonnes choses ajouta-t-elle pour elle même. Mais elle faisait confiance à Archibald, il savait ce qu’il faisait.
Au moins, Charlie semblait convaincue du fait qu’Archibald pouvait être un peu trop exigeant, parfois. Parce que pour être exigeant, il l’était. Elizabeth ne parvenait pas réellement à déterminer si ce qu’il attendait d’elle était raisonnable ou s’il exagérait totalement, mais elle était noyée sous les ouvrages, qu’elle s’efforçait de lire et de comprendre au maximum. Mais elle ne faisait presque que ça de ses journées, et cela en devenait compliqué : c’est comme si son cerveau refusait d’ingérer plus d’informations, le temps que celles qu’il avait déjà reçues soient traitées. C’était peut-être le cas, à vrai dire. Elizabeth répondit au clin d’œil de Charlie, qui prendrait sa défense auprès d’Archibald si nécessaire, par un sourire amusé et reconnaissant.
Archibald suggéra d’aller chercher à boire et, bien que Charlie n’en avait visiblement pas besoin, Elizabeth profita de cette occasion pour s’éclipser. Le fabricant de baguettes venait de proposer le tutoiement, une proximité langagière qui, sans qu’elle puisse dire exactement pourquoi, la mettait à la fois mal à l’aise et l’enthousiasmait. Elle revint avec une cruche remplie d’eau et trois verres, qu’elle déposa sur le rebord de la fenêtre, là où il n’y aurait aucun risque d’accident. Archibald et Charlie parlaient du travail de cette dernière, et Elizabeth ne parvenait que très peu à se figurer à quoi ressemblait le quotidien d’une mannequin. Elle hocha vigoureusement la tête, souriante, quand Charlie mentionna qu’elle espérait que son travail lui plairait.
Après quelques instants à farfouiller les parchemins, le jeune homme trouva un écrin de baguette, et suggéra aux deux jeunes femmes de s’approcher. Il s’agissait d’une baguette magnifique, qui avait dû nécessiter un travail incroyable – et effectivement, le bois utilisé était d’une qualité incroyable, à n’en pas douter. Il lui demanda alors de quel bois était faite cette baguette.
- On dirait de l’acacia, mais la couleur est trop froide par rapport à celle de la baguette d’hier…
Archibald entama ses explications sur la baguette : ainsi, elle n’était pas stable. Et il mit en avant des runes d’or… Les yeux d’Elizabeth se mirent à briller, d’une lueur d’admiration et d’émerveillement, comme une enfant. Le travail était si minutieux et le résultat si éblouissant qu’elle en venait à être surprise, même si elle n’avait jamais douté des qualités d’Archibald. Ce dernier demanda l’avis des deux jeunes femmes sur son travail. Charlie avait répondu avant elle, ce qui lui avait laissé le temps de recouvrer ses esprits. Elle avait tendance à être beaucoup trop contemplative et à s’absorber dans des détails, parfois. Pas plus fort que Charlie, elle ajouta :
- Ton travail sur les runes est… incroyable, dit-elle en jetant de nouveau un coup d’œil vers les runes en question. Comment sera-t-il possible de la stabiliser ?
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Archibald Ollivander
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Archibald était toujours un enfant, au fond. Il agissait avec la spontanéité de ces derniers : il boudait, accueillait tous les événements avec joie ou colère, ne goûtait que peu la tempérance. Il était toujours à fond dans ce qu’il faisait, et cela se voyait notamment dans son travail : il n’hésitait pas à se surmener, parfois même sans s’en rendre compte. C’était la même chose dans ses relations : il aimait ou détestait, il était rarement indifférent aux autres. Cependant, cet aspect social était également soumis à son côté volage : il s’intéressait aux gens et pouvait leur tourner le dos d’un instant à l’autre, sans pour autant penser à mal. Il se lassait, voilà tout.
Mais ce n’était pas le cas avec Charlie. Elle était si belle, autant à l’intérieur qu’à l’extérieur, et si gentille, depuis si longtemps. En sa présence, Archie devenait souriant, joyeux, parfois un peu surexcité, comme un enfant retrouvant un copain pour jouer. Mais il ne pouvait pas s’en empêcher : il appréciait sincèrement Charlie, on pouvait même dire qu’il l’aimait, d’un amour très profond, assez vieux mais pas moins intense.
- Oui, c’est ton père, certes, répondit-il en levant les yeux au ciel, et je l’en remercie. Mais c’est toi qui a fait le déplacement !
L’attention se porta ensuite sur Elizabeth et Archibald leva les yeux au ciel. A les écouter, toutes les deux, il était un tyran ! Bon, certes, il donnait beaucoup de travail à la jeune femme, mais il n’avait pas tellement le choix : entre ses nouvelles obligations avec Gringotts, ses recherches, ses échanges avec Monsieur Dragonneau et… tout le reste, il n’avait que très peu de temps à lui consacrer. Elle devait donc faire son éducation en grande partie toute seule et, pour ça, il lui fallait creuse à fond la théorie. Il se chargerait de la pratique quand il aurait le temps.
- Non mais on dirait que je suis un être sans cœur, râla-t-il faiblement en levant une nouvelle fois les yeux au ciel. Si je donne tant de travail à Elizabeth, c’est parce que je sais qu’elle en est capable, voilà tout. Elle a déjà fait beaucoup de progrès, ajouta-t-il en faisant un sourire entendu à la jeune femme.
Archibald ne faisait pas beaucoup de compliment à sa nouvelle recrue, il en avait bien conscience. Pas assez de temps, il n’y pensait pas assez souvent. Et il était assez peu présent également. Il était un piètre professeur, à vrai dire, mais il faisait ce qu’il pouvait.
Mais passons. Rapidement, Archie embarqua les filles vers l’arrière-boutique, impatient de leur montrer son chef-d’œuvre. Il était incomplet, certes, mais tout de même. Alors qu’il farfouillait dans ses papiers, Elizabeth s’éclipsa pour revenir avec de l’eau pour tout le monde. Archie lui fit un sourire.
- Merci Elizabeth. Et je vois que ton succès te réjouit, ajouta-t-il à l’intention de Charlie, sur un ton moqueur. En même temps, si tu as tant de travail, je comprends, tu dois être fatiguée. Prends soin de toi avant tout Charlie, c’est l’essentiel. Et oui, ici, tout va bien, les affaires sont bonnes. Elles ont même un peu augmenté, c’est pour ça que Garrick voulait embaucher une aide supplémentaire.
Il fit un clin d’œil à Elizabeth. L’entretient d’embauche n’était pas si loin, le souvenir était toujours très présent, mais ils étaient passés à autre chose. Archibald espérait sincèrement qu’elle ne lui en tenait pas rigueur. Ce n’était pas tant qu’il n’avait pas voulu l’embaucher, plutôt qu’il avait eu à cœur les intérêts de la boutique. Aujourd’hui, il devait bien avouer que l’aide d’Elizabeth lui serait précieuse une fois qu’elle serait parfaitement formée. Même maintenant, elle commençait à faire ses preuves, malgré la dureté de sa formation.
D’ailleurs, elle prouva ses connaissances en répondant à la question d’Archibald. Certes, elle s’était trompée, mais ce qu’elle venait de dire témoignait d’une certaine maîtrise, à n’en pas douter.
- En effet, ce n’est pas de l’acacia. C’est du bois de rose, imbibé de larmes de sirènes. Ça permet au bois de se lier avec le cœur, qui est en cheveux de sirènes ; les deux matériaux sont assez capricieux, ce traitement permet de les accorder. Mais bravo pour ton observation, c’était une question piège de toute façon, ajouta-t-il avec un petit sourire malicieux.
Les compliments affluèrent et Archie, fière comme un paon, affichait un sourire étincelant. Il était fier de lui, fier de partager ses découvertes. Certes, elles n’y comprenaient pas grand-chose, mais ça ne l’empêchait pas de partager un peu sa passion.
- Sincèrement ? Je pense plutôt que cette baguette est faite pour une personnalité délicate, je dirais même précieuse, une âme protégée de tout qui veux se libérer d’un carcan, tout comme les deux matériaux sont en rivalité et cherchent à se libérer l’un de l’autre. C’est une baguette magnifique pour une âme troublée.
Parfois, il arrivait qu’Archibald considèrent certaines baguettes comme de véritables personnalités, presque comme des personnes, tant elles étaient complexes et tant il mettait de lui-même en elles.
- Pour la stabiliser, il faudrait… Que je trouve un matériau qui puisse avoir le même effet liant que les larmes de sirène, mais entre l’or, le bois et le cœur. C’est pour ça que c’est complexe. Trois paramètres à combiner, et peu de solutions. C’est pour ça qu’un simple choc ou un changement brutal de température, par exemple, pourrait avoir des conséquences désastreuses.
Archibald se servit un verre d’eau, tout sourire, s’éloignant de sa précieuse baguette. Il faisait confiance aux filles pour ne faire aucune gaffe.