Chaque histoire de famille a sa tragédie. Ironiquement pour Lady Rose Ashford dite Rose Ashford-Selwyn lorsque les gens étaient polis ou simplement Rose Ashford, c’était d’être née sorcière.

Son père, Lawrence Ashford, duc de Hereford descendant d’une petite lignée de Cracmol de la famille Selwyn. Son père, l’ancien duc avait été découvert Cracmol assez tard, dans un élan de bontée et contrairement aux moeurs de l’époque, ses parents avaient décidés de le faire adopter par une famille aisée de moldus qui ne pouvaient pas avoir d’enfants plutôt que de le tuer. Le petit Edwund Selwyn était donc devenu Edwund Ashford, héritier du duché de Hereford. Son fils né en 1895 à l’aube d’un nouveau siècle avait manifesté aussi peu de disposition que lui à la magie. Ayant épousé Lady Alice Montgomery, elle même moldue, il y avait peu de chance que leurs enfants soient doués du moindre pouvoir magique.

Le destin a pourtant une façon bien particulière de se moquer des gens et le premier enfant du couple fut en réalité des fausses jumelles. La première Catherine héritant de la grâce de sa mère et la seconde Rose des pouvoirs perdus dans cette branche de la famille. Deux autres suivirent. Trois ans plus tard, un garçon, héritier du titre de son père que l’on baptisa Richard et deux ans après une petite fille que l’on nomma Georgia dite Georgie par son frère et ses soeurs.

Bien entendu, l’enfant ne releva pas son ascendance immédiatement. Il fallut attendre sept années pour ça. Ce fut au cours d’un pique-nique en famille que les premiers doutes apparurent. Un panier de victuaille que l’on venait de refuser aux jumelles disparut sans que la nourrice et les valets puissent donner d’explication pour se retrouver entre les mains des deux canailles six mètres plus loin. D’autres incidents eurent lieu, des robes qui changent de couleurs, des objets volants, il n’en fallut pas beaucoup pour que le doute ne soit plus permis.

Ce fut l’angoisse au ventre et un peu la mort dans l’âme que Lawrence se décida à contacter sa tante, Margaret Selwyn, la soeur aînée de feu son père. Sorcière célibataire, elle avait perdu son mari suite à une épidémie de dragoncelle et n’avait jamais voulu se remarier. Elle n’avait pas d’enfant et avait continué à prendre des nouvelles de son frère même après son adoption.

Sa tante fut formelle, on ne pouvait pas laisser une enfant avec un tel potentiel magique être éduquée dans le monde moldu. C’était dangereux pour elle et son entourage. Après de houleuses discussions, il fut décidé que Margaret viendrait de tant à autre expliquer les bases du monde magique à l’enfant pour l’introduire en douceur dans le monde qui deviendrait le sien et que l’on surveillerait les autres enfants au cas où l’un d’eux développerait, lui aussi, un potentiel magique.

L’enfant était jeune, mais il fallait préparer son entrée dans le monde sorcier. Lawrence, Alice et Margaret étaient formels, si Rose devait entrer dans le monde sorcier il n’était pas question qu’elle abandonne pour autant les privilèges auquel elle pouvait prétendre. Si elle ne pouvait pas être officiellement reconnue comme une Selwyn légitime, Margaret décida qu’elle pouvait en tout cas prétendre au nom. Il ne fallut pas longtemps pour que la rumeur coure, dans les cercles où ça avait de l’importance, que Margaret Selwyn avait pris sous son aile une jeune fille dont les géniteurs avaient refusés de reconnaître la paternité. On essaya bien entendu de savoir qui était les parents où se trouvait l’enfant, mais la vieille dame fut intraitable et ce ne fut qu’au premier septembre de l’année 1930 sur le quai du Poudlard Express que les curieux eurent l’occasion de voir la jeune demoiselle dont on avait tant parlé quelques années auparavant.
La situation n’avait pas été acceptée de gaieté de coeur auprès des parents de l’enfant. Que leur fille chérie, doivent prétendre être le fruit d’une relation illégitime. Néanmoins, à défaut d’une meilleure solution, ce fut l’histoire que l’on donna d’un côté tandis que de l’autre l’absence de la jumelle était expliquée par des problèmes de santé.

Rose grandit et mûrit à travers Poudlard. Comme chacun, elle apprit la cruauté des enfants, l’indifférence des uns, les travers des autres ainsi que l’amitié d’un plus rare nombre. Ce furent des années heureuses qu’elle passa dans sa maison aux couleurs vert et argent.
Encore maintenant, elle se souvenait avec clarté de son passage sous le choixpeau.

Comme tout enfant de 11 ans débarquant dans ce grand château qu’était Poudlard, elle était à la fois impatiente, excitée, apeurée et émerveillée. Néanmoins, son éducation l’avait préparé à ne pas laisser transparaître ses émotions et c’est presque placidement qu’elle s’était dirigée vers le couvre-chef qu’on lui tendait alors que son coeur battait à la chamade.
Le vieu choipeaux se posa sur sa tête et il s’en suivit un dialogue qu’elle n’avait jamais pu oublier.

Oh ce n’est pas commun tout ça ! Une petite Selwyn, je vois que le mensonge sera ton compagnon tout au long. Un prix pour tout tes dons. Allons donc, où vais-je te placer. De la détermination tu n’en manques pas. Je te vois pragmatique et persévérante. Peut-être un peu opportuniste ? Hmm, Serdaigle pourrait être ton repaire, mais je me demande si tu ne devrais pas plutôt aller chez SERPENTARD

Ce qui n’avait duré que quelques secondes en réalité lui avait semblé long et c’est un peu tremblante qu’elle avait rejoint la table des serpents. Elle y passa sept années qu’elle jugea extraordinaire avec ses hauts et ses bas et réussi ses A.S.P.I.C.S. avec brio. Avant de s’orienter en Botanique, on la présenta à la cour où elle fit officiellement ses “débuts”.

Une question se posait désormais, qu’elle monde choisirait-elle ? Dans la tête de ses parents, il semblait évident que Poudlard n’était qu’un moyen de lui apprendre a contrôler sa magie et qu’elle reviendrait à une vie normale après quelques années loin de sa famille. Pour Rose, rien n’était si évident. Le monde sorcier était bien plus progressiste envers les femmes que ne l’était le monde moldu. Elle avait l’opportunité de continuer des études, de peut-être faire une carrière. Chose impensable pour la fille aînée d’un Duc même en 1937.

Alors sans trop s’engager, elle insinua qu’elle comptait finir ses études en Botanique. Sa tante ravie décida d’en faire l’héritière de sa fortune pour qu’elle ait une certaine indépendance lorsqu’elle mourrait. Même dans le monde sorcier il ne faisait pas bon d’être célibataire et sans argent.

Elle fit ses études en Botanique et alors que la seconde guerre mondiale battait son plein, son père fut blessé au combat et sa tante décéda. Travailleuse acharnée, bien décidée à se faire reconnaître pour qui elle était, elle fut repérée à la fin de son cursus et intégrée aux départements des mystères.

La fin de la guerre et les années qui suivirent furent mouvementée pour la jeune femme qui assista au meurtre du Ministre de la Magie Leonard Spencer Moon ainsi qu’aux attaques de plus en plus virulente des partisans de Jesudor. Neutre pour le moment, elle sait pourtant qu’elle ne pourra pas le rester fort longtemps. La division idéologique est perceptible et désormais l’Hydre est sortie de l’ombre. Au ministère, c’est l’effervescence et Rose se demande bien comme elle va continuer à pouvoir garder la tête hors de l’eau.