Les habitudes restent les mêmes, peu importe le temps, l'époque et le contexte. C'est une chose que Neville ne se serait vraiment pas imaginé, pas même une seule seconde, s'il ne s'était pas retrouvé propulsé dans ce contexte très particulier qui le poussait à tout remettre en perspective.

Il se retrouvait avec ses amis, certes, mais dans un autres temps, aux moeurs familières et différentes, avec à l'esprit la peur de ne jamais pouvoir retourner dans son époque, avec dans le coeur l'intention de vaincre un ennemi qui autrefois - ou dans le futur - lui avait tout pris. Avec aussi l'intuition, l'espoir fou de revenir chez lui dans une dimension où il pourrait vivre heureux auprès de ses parents, qui auraient toutes leurs capacité mentale.

Ce n'était pas rien, et ça devrait tout changer. Pourtant, à certains moments, des moments comme celui-ci, Neville réussissait aisément à oublier son rôle, sa place, les attentes qu'il avait, et celles qu'ils s'imposaient. Attablé à la salle commune des rouge et or, cherchant péniblement à déchiffrer son dernier cours de métamorphose, il pourrait tout autant être dans les années 1990 que dans les années quarante. Rien ne semblait différer, et en tout cas pas la salle commune des Gryffondor, qui restait très exactement la même qu'à l'époque où il y avait mis les pieds pour la première fois. Mêmes tapisseries, même décoration, même fauteuils confortables, même cheminée...

Concentrée sur son travail, qu'il avait bien du mal à intégrer (c'était là aussi une chose qui ne changeait pas vraiment, même si Neville le voudrait bien, évidemment), Neville ne remarqua pas tout de suite la présence à proximité. Ce ne fut qu'en tournant le regard, à la recherche de l'inspiration, qu'il la reconnut.

Enfin... la reconnaître était un bien grand mot, car Augusta Londubat telle qu'il la voyait en cet instant ne ressemblait en rien à la grand-mère sévère et acariâtre qui l'avait élevé quasiment toute sa vie. Mais il la devinait tout de même immédiatement. Il ne pensait pas se tromper, il devait s'agir d'elle. Il se sentait partagé. Le plus simple était évidemment de rester concentré sur son devoir et de faire comme si de rien n'était. Mais en même temps... Eh bien... il avait envie de lui parler, de retrouver ce repère familier... Alors il choisit une parade vieille comme le monde.

"Salut...", dit-il une fois rapproché de la table où elle était assise. "Tu aurais une plume à me prêter ? La mienne est cassée."

"Attends, je vais regarder..."

C'était vraiment bizarre. Cette jeune adolescente n'avait pas grand-chose à voir avec la grand-mère sévère et exigeante qui l'avait élevé et éduqué quasiment toute sa vie, pourtant, il n'avait aucun doute quant au fait que c'était elle. Quelque chose dans son regard, dans l'intonation de sa voix... Au fond, on ne change jamais complètement.

Il ne savait pas si c'était rassurant ou pas, mais lui, ça réussissait à le rassurer un peu. Il y avait au milieu de cet inconnu une silhouette familière, et c'était beaucoup, pour lui. Il aimerait être capable de le faire comprendre à Augusta, mais c'était impossible, bien sûr.

Elle fouillait dans sa trousse, et Neville s'amusa intérieurement de constater que celle-ci était en bordel. A la voir fouiller comme elle le faisait, il ne s'était jamais à ce point reconnu en elle, loin de l'Augusta stricte, digne et tirée à quatre épingles qui l'aurait sans doute réprimandé, lui, pour moins que ça. Il voudrait pouvoir placer sa grand-mère face à une image d'elle-même en tant qu'étudiante à Poudlard, juste pour voir sa réaction. Quoique, ne nous leurrons pas, il n'oserait jamais.

"Elle s'appelle reviens. Et moi je m'appelle Augusta. Toi c'est Auban, c'est bien ça ?"

Il hocha la tête. Dans ce moment-là, il était tant mieux qu'elle ne connaisse pas sa véritable identité, mais il voudrait qu'elle l'appelle Neville. Comme ça, pour rien. C'était forcément bête, et il le savait, mais il n'avait aucun contrôle sur ses émotions à l'heure actuelle, alors qu'il parlait pour la première fois depuis une éternité à la personne qui comptait le plus au monde pour lui en dehors de ses parents, avec qui il n'avait malheureusement jamais eu l'occasion d'être à ce point proche.

"Oui, c'est ça", répondit-il en esquissant un sourire et en essayant de reprendre un minimum de contenance.

Dans cette dimension ou une autre, il ne voulait pas décevoir Augusta Londubat, c'était une chose qui n'avait pas changé, et ne changerait probablement jamais.

"Merci pour la plume..." Il hésita. Logiquement, il n'avait plus qu'à retourner à sa place, maintenant, mais il restait là, figé comme un idiot, à essayer de trouver un prétexte afin de poursuivre la conversation, d'une façon ou d'une autre. "Tu... travailles sur quoi ?"

C'était toujours mieux que rien.

"Franchement ? J'en suis pas sûre moi-même. Je crois que c'est supposé être un devoir de potions, mais ça pourrait être des runes anciennes que j'y comprendrais pas moins quelque chose"

Neville sourit franchement. Voir Augusta sous cet angle précis l'amusait beaucoup. Il n'avait jamais tenté de s'imaginer sa grand-mère jeune, mais s'il avait dû le faire, il était assez clair qu'il n'aurait absolument pas vu les choses ainsi.

Elle était dynamique, elle était drôle, elle avait de l'humour et de l'esprit, elle admettait ses failles... Il aimerait que son soi plus âgé soit capable d'une telle chose, il aurait eu peut-être une enfance plus facile. Et en même temps, il se sentait attristé par ce qu'il découvrait, en songeant que cette jeune femme pleine de vie et de projets était devenue une vieille femme aigrie et sévère. C'est que la vie ne l'avait pas ménagé... On avait brisé sa famille, et ça avait été sa manière de se relever.

"Et toi, tu planches sur quoi ?"

Neville eut un moment de blanc. Cela devait paraître complètement idiot, mais l'espace de quelques secondes, il avait totalement oublié sur quoi il travaillait. Cette conversation qui lui avait semblé presque surnaturelle avait eu le don de lui faire oublier ce qu'il était venu faire ici.

"De l'histoire de la magie", dit-il en reprenant ses esprits, tout en ne voulant pas s'épandre sur le sujet, parce que rien n'aurait pu moins l'intéresser que ses cours d'histoire de la magie à l'heure actuelle. Déjà qu'en temps normal, c'était un des derniers sujets de conversation véritablement susceptibles de l'intéresser. "Mais honnêtement, je crois que je vais laisser tomber pour aujourd'hui, je mélange tout."

Et surtout, il préférait passer du temps en compagnie de cette grand-mère qui n'était pas encore sa grand-mère. Il n'avait jamais eu autant envie, ou même besoin en fait, de passer du temps avec Augusta Londubat. Il pouvait prétendre qu'il ne perdrait rien s'il ne retournait jamais dans son époque, mais c'était faux.

Sa grand-mère lui manquait. Elle lui manquait énormément, même. Leurs relations n'étaient pas un long fleuve tranquille, mais en attendant, elle était sa famille. Comme ses parents, qui lui manquaient aussi, même si leurs conversations avaient toujours été très... limitées.

"Tu sais quoi ? C'est vraiment une bonne idée. Je vais laisser tomber aussi"

Neville souriait presque malgré lui, il se disait que son interlocutrice ne serait pas capable de comprendre ce qui l'amusait autant, et pour cause, ce qui suscitait son amusement n'était pas explicable s'il ne voulait pas se trahir. C'est seulement qu'il imaginait Augusta, cinq décennies plus tard, et jamais elle ne lui tiendrait le même discours.

S'il devait lui dire qu'il n'avait pas l'intention de travailler à ses devoirs... il se serait fait envoyer sur les roses de mille manières possibles. Déjà qu'en faisant des efforts, il s'en était mangé, des réflexions, au sujet de ses résultats, mais si en plus il avait dû jouer les tir-au-flanc, c'est clair que Neville aurait passé un sale quart d'heure.

Finalement, Augusta n'était pas si différente de lui sur certains points. Bon, d'accord, Augusta gardait un caractère bien trempé, que clairement elle n'était pas prête de perdre, et ça les différenciait, mais c'était plaisant de leur trouver également des traits communs.

"J'ai un jeu de cartes explosives dans ma chambre, ça te branche ?"

Neville hocha la tête en signe d'approbation, si elle lui proposait de prolonger ce moment, il n'allait pas dire non. Même si cette situation était bizarre, elle lui faisait du bien, parce que sa grand-mère lui manquait beaucoup. Et même si c'était étrange... c'était un moment qui lui faisait du bien.

Il ne sut même pas si elle avait vu son hochement de tête. L'instant d'après, elle disparaissait dans sa chambre, pour en ressortir avec le fameux jeu, ne lui laissant pas réellement le choix, en fin de compte. Mais ça tombait bien. Neville ne demandait pas d'avoir le choix, juste que leur conversation continue d'être aussi fluide et agréable. Une fois le jeu mis en place, elle réengagea la conversation.

"Alors Auban, Tu viens d'Amérique, toi, à la base, c'est bien ça, non ?"

Ah oui, les mensonges... Forcément. S'il y avait bien une personne auprès de qui Neville avait envie de se montrer honnête, c'était son interlocutrice, mais de toute évidence, son avis n'était pas requis. Il devait jouer le jeu, et il allait essayer de le faire avec tout le naturel possible... même si ce n'était pas évident.

"Oui, c'est ça... T'y as déjà été, toi ?"

"Non, jamais, mais j'ai quelques amis qui y ont vécu aussi. Adrian et Cassiopée, tu dois les connaître, non ?"

Neville hocha la tête. Oui, il les connaissait, effectivement, et quand il avait découvert qu'ils venaient des Etats-Unis, il s'était dit que c'était bien leur veine. Il les connaissait, mais il les avait évités autant que possible, afin d'éviter qu'ils ne lui posent des colles au sujet de l'école où il était supposé avoir étudié et n'avait jamais mis les pieds. Déjà qu'il avait renoncé à feindre l'accent américain, ce serait définitivement trop.

Il espérait qu'elle ne se mettrait pas, elle aussi, à poser trop de questions. Il s'était un peu renseigné sur le monde magique en Amérique pour ne pas avoir l'air complètement largué, mais il ne pouvait quand même pas prétendre être réellement calé sur le sujet. Si on lui posait des questions trop spécifiques, il allait perdre tous ses moyens. Il se connaissait, alors il le savait d'avance.

"J'adorerais visiter l'Amérique"

Bon, on était apparemment partis pour parler de ses prétendues origines américaines. Elle aurait vraiment préféré que l'Amérique reste un sujet lointain. Mentir à sa grand-mère dans son temps, ce n'était pas une bonne idée, mais mentir à sa grand-mère maintenant, il n'en avait aucune envie, même si ç'était forcément obligé. C'était un sujet qui revenait souvent. Il devrait être rodé, mais en fait non, c'était encore pire que tout.

Neville commençait à se dire que lui aussi il aimerait bien y aller, pour savoir de quoi il parlait exactement. Et dans tous les cas, changer de décor, c'était toujours une bonne chose. Surtout en ce moment, même si c'était ce qu'il avait connu de vraiment familier qui avait tendance à lui manquer le plus, c'est vrai.

"Tu habitais où, toi ?"

Bon, pour l'instant, ce n'était pas trop compliqué pour lui, comme question. Il avait exprès choisi un coin paumé de l'Amérique pour que personne ne puisse vérifier ses dires. Ca aurait été tentant de répondre New York,mais Adrian et Cassiopée en venaient, justement, alors plus casse-gueule, on fait pas.

"Un bled paumé dans le Missouri, tu connaîtras pas."

Il avait peur que sa réponse soit un peu sèche, mais il préférait faire des réponses brèves, dans l'espoir de faire l'impasse rapidement.

"C'est sûr, je risque pas de connaître. Je savais même pas que ça existait, le Missouri, c'est pour te dire."

Neville afficha un léger sourire en réponse. S'il devait être tout à fait honnête, lui non plus n'avait pas du tout su que le Missouri était une région des Etats-Unis avant de faire ses recherches. A partir du moment où ils avaient dû se façonner un alibi, lui et le reste des voyageurs avaient bien été contraints et forcés de s'inventer une histoire et de se renseigner sur le pays dont ils étaient supposés être originaires.

L'avantage c'est que, pour la peine, ils n'étaient pas complètement pris au dépourvu quand on leur posait des questions, mais ce n'était pas plus simple pour autant, évidemment, rien n'était jamais si simple. Il fallait s'inventer une vie, ne pas oublier les mensonges que l'on avait servis aux uns et aux autres, rester cohérent dans ses inventions, rester fidèle à ses paroles, ne pas se mélanger les pinceaux... Neville n'avait jamais aimé mentir, et il n'était pas doué dans cet exercice. Alors autant dire que ça lui demandait un certain effort que de réussir à vraiment accomplir l'exercice sans commettre d'erreurs.

Donc moins son interlocutrice en savait, mieux c'était. Quand bien même Augusta était la dernière personne à qui Neville avait envie de mentir. Surtout compte tenu du fait qu'il avait un souvenir cuisant de ce qui pouvait bien l'attendre, dans son époque, s'il courait le risque de mentir à sa grand-mère. C'est certain, ça ne finissait jamais bien.

"Et c'était comment, ton école. T'étais à Ilvermorny, c'est bien ça ?"

Neville hocha la tête. Sur Ilvermorny également, il avait évidemment fallu qu'il se renseigne au maximum. Le jeune homme ne pensait pas que ça puisse valoir l'expérience. Il n'avait pas lu l'Histoire de Poudlard, mais il se doutait que ceux qui l'avaient dévoré de bout en bout n'étaient pas pour autant conscient de ce que cette école incarnait vraiment. Poudlard, c'était une deuxième maison, il pouvait en parler avec coeur et émotion. Ce qu'il ne pouvait pas faire avec Ilvermorny, même s'il allait essayer.

"Oui, c'est ça", confirma-t-il. "C'était... assez similaire, par certains aspects. On avait des systèmes de maison, comme ici. C'était juste... un peu plus... moderne. Le prends pas mal, mais vous êtes vraiment vieux jeu, à Poudlard."

C'est lui qui serait capable de le prendre mal. Il n'aimait pas qu'on oppose la moindre critique à son école. Mais il fallait ce qu'il fallait.

"Comment oses-tu ?"

C'était étrange de voir son interlocutrice faire preuve d'une telle autodérision. Neville n'aurait jamais osé la charrier comme il le faisait dans... son autre vie, mais il commençait à reconnaître le caractère de sa grand-mère adolescente, et il pensait l'avoir bien cernée, très bien cernée. Et il aimait bien la personnalité qui se dégageait d'elle. Au-delà du lien de sang qui les unissait, il sentait vraiment qu'ils pouvaient s'entendre tous les deux.

Même si c'était quelque chose d'accessoire, qui n'était pas destiné à durer, c'était là, c'était en eux, et ça lui faisait du bien. Si jamais il devait retourner dans son époque, même s'il considérait que c'était de moins en moins probable, il savait qu'il ne regarderait plus jamais sa grand-mère de la même façon. C'était même évident.

"Bon, t'as peut-être pas entièrement tort, mais tu sais ce qu'on dit, c'est dans les vieux chaudrons qu'on fait les meilleures potions. Et si on était si en-dessous, vous n'auriez pas tout copié sur nous, pas vrai ?"

C'est dans les meilleurs chaudrons qu'on fait les meilleures potions. Neville était quasiment certain que c'était une expression qu'Augusta continuait d'utiliser, encore cinquante ans plus tard. Comme quoi, certaines choses ne changeaient pas. Neville se demandait ce que ça ferait pour lui. Si jamais on lui donnait l'occasion de vieillir, il se demandait s'il garderait quelques vieilles expressions de son adolescence.

Il sourit. C'était ce qu'il s'était dit aussi quand il s'était renseigné sur l'histoire d'Ilvermorny. En effet, l'histoire de cette école, ses fondations et son mode de fonctionnement étaient complètement calqués sur la manière de procéder à Poudlard. C'en était presque comique, pour tout dire. Neville était team Poudlard à cent pour cent. Mais pour l'occasion, il reconnaissait que jouer un rôle, ce n'était pas si terrible. Au contraire, c'était même assez évident pour tout dire.

"Essaie de t'en convaincre, va", répondit Neville avec un sourire au coin des lèvres. "Mais ça va, y a pire que Poudlard, malgré tout. Et je me retrouve dans la meilleure des maisons, ça aide."

Toujours aussi fier d'être élève à Gryffondor, ça ça ne changeait pas. Que la rerépartition du choixpeau n'ait rien changé l'avait rassuré, parce que même s'il était fier de porter les couleurs rouge et or, il n'avait pas toujours été sûr d'en être digne.

"Là-dessus, on est bien d'accord"

Neville esquissa un fin sourire. Là-dessus, il n'avait effectivement eu aucun doute. Le jeune homme avait, selon lui, eu trop peu d'occasion de rendre sa grand-mère fière, à croire qu'il y avait toujours quelque chose pour aller de travers. Sa maladresse, ses erreurs, le fait qu'il n'était pas assez fort, pas assez intelligent, pas à la hauteur de ses incroyables parents...

Mais il savait qu'à un moment, il avait rendu Augusta Londubat fière comme un paon, et c'était le jour où il avait appris à sa grand-mère que le choixpeau magique l'avait envoyé à Gryffondor, la maison où elle-même avait fait ses classes, où elle s'était épanouie... la maison de ses parents, également. Forcément que l'attachement d'Augusta aux rouge et or devait être grand. D'autant plus qu'il avait fini par comprendre que cette maison n'était sans doute pas celle que ses parents conservateurs, et qui l'auraient sans doute vue à Serpentard, auraient voulu qu'elle intègre. Par conséquent, lui aussi était fier, maintenant autant qu'à l'époque, de porter fièrement les couleurs des rouge et or.

"T'es dans l'équipe des gagnants, cette année, la coupe des quatre maisons est pour nous, tu verras"

Ah, la coupe des quatre maisons ! L'époque où obtenir cette coupe comptait vraiment pour lui était bien lointaine. Cette fois où le professeur Dumbledore lui avait attribué ces dix points décisifs, lors de sa première année, qui avaient fait passer les Gryffondors devant les serpentards. A cette époque, ça avait l'air plus important que tout le reste. Maintenant...

Maintenant, ses priorités avaient largement changé. C'était agréable de se donner l'illusion d'être un adolescent comme les autres, comme en cet instant, où il avait cette étrange impression de retrouver son époque, même si le visage adolescent de sa grand-mère devait bien lui rappeler combien il avait tort de le penser.

"Concentre-toi sur ton jeu ou je vais te laminer."

Combien de temps s'était-il perdu dans ses pensées ? Il ne saurait trop le dire, mais il eut tout de même le net sentiment d'avoir eu le regard vide et l'air vague pendant plusieurs longues et gênantes secondes. Fort heureusement, Augusta n'avait pas l'air de vouloir lui en tenir rigueur.

"Ça c'est ce que tu crois", plaisanta Neville avec un grand sourire.

Et maintenant, Neville n'avait plus l'intention que de se concentrer sur le jeu, et de profiter de ce moment simple et irréel. Il n'y en aurait pas beaucoup d'autres.