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e moins que l'on puisse dire, c'est que Tom était loin de faire le travail le plus prestigieux et le plus gratifiant que l'on puisse imaginer. Quiconque le connaissait un tant soit peu ne pouvait que s'étonner de ce choix de carrière aux antipodes de ce que son entourage avait imaginé pour lui, défiant toutes les prévisions le concernant. L'héritier de Serpentard n'avait que faire des déceptions qu'il suscitait peut-être, cela n'ôtait rien à la hauteur de ses ambitions, bien au contraire, même, puisque tout ceci faisait partie intégrante de son projet, appartenait à un plus grand dessein qui dépasserait bientôt tous ceux qui attendaient après lui, autant que ceux qui n'en attendaient rien.

Les tâches étaient ingrates, la boutique était dans un état proche de l'insalubrité, et son patron mériterait qu'on lui enseigne le b.a.-ba du métier de vendeur, mais Tom ne s'en plaignait jamais. Il voyait plus loin que ce qui était ici et maintenant, et pour ce qui était d'ici et de maintenant, ce poste inattendu avait le mérite de susciter quelques découvertes et rencontres qui ne manquaient pas toujours d'intérêt.

Il avait ouvert la boutique il y a quelques minutes seulement, et il était seul aux rennes pour le moment. Depuis près de deux ans qu'il travaillait ici, on lui confiait une charge de plus en plus importante de travail (pour un salaire toujours aussi médiocre, mais ce n'était définitivement pas ce qui l'intéressait), et il avait bien conscience du fait que, au-delà de lui adresser davantage de responsabilités, il était surtout question de lui refiler la basse besogne. Il n'y rechignait pas, il aimait être maître des lieux et de la situation, quels que puissent être les lieux et la situation en question. Il en profitait pour faire l'inventaire de la boutique en attendant la venue des premiers clients. Il y avait quelques articles qui ne manqueraient sans doute pas au vieux Barjow s'ils disparaissaient comme de pas hasard des lieux. De l'avantage de gérer l'inventaire de la boutique : certains articles pourraient bien disparaître ad vitam, personne ne le remarquerait. Y compris les principaux concernés.

-Bonjour, dit-il par automatisme quand la porte de la boutique s'ouvrit. Avant de poser son regard sur la nouvelle arrivante, et de réaliser qu'il la connaissait. Mademoiselle Reeves. C'est le dernier endroit où je m'attendais à vous revoir.

Et pour cause, il l'avait crue, pour des raisons évidentes, moldue. De toute évidence, il s'était trompé. Et ce n'était pas le seul point sur lequel il se méprenait totalement concernant son interlocutrice. Et pour certains, il
 

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om se contenta d'afficher un sourire modeste, partie intégrante de son numéro parfaitement rodé, quand Nagini observa qu'elle ne s'était pas davantage attendue à le trouver ici. C'était le genre de discours qu'il était habitué à entendre. Personne n'avait compris son choix de carrière, personne n'aurait présumé de ce à quoi il déciderait d'occuper ses premières années post-Poudlard, et ça lui était bien égal, cela ne remettait pas en cause ses compétences (d'ailleurs, personne n'osait jamais les remettre en cause), cela témoignait juste de l'incapacité globale de ceux qui l'entouraient ou l'avaient entouré à comprendre ce qu'il recherchait vraiment.

Car ce n'était certainement pas l'absence d'ambition qui l'avait propulsé entre les murs de Barjow et Burke, mais une ambition bien plus dévorante que ce que tout un chacun avait bien pu soupçonner. On l'avait imaginé gravir les échelons pour devenir ministre de la Magie, mais lui voulait bien davantage. Le monde à ses pieds, un monde façonné selon ses exigeances, c'est cela qu'il ambitionnait. Et la politique, en ce sens, l'intéressait fort peu, même s'il admettait le rôle primordiale qu'elle allait devoir jouer dans son ascension.

Dans tous les cas, l'ancienne employée de l'orphelinat Wool ne faisait jamais que détourner le sujet. Tom n'estimait pas qu'elle mérite qu'il lui serve le discours qu'il accordait à bien d'autres qui se posaient les mêmes questions qu'elle. Il était las de les entendre et de répéter le même discours. Sarah Reeves était à ses yeux une femme bien trop inoffensive pour qu'elle mérite vraiment qu'il se donne ce genre de mal. Quand bien même, de toute évidence, il ne connaissait pas cette femme aussi bien qu'il l'avait cru. Mystère qu'il avait bien l'intention de lever, ici et maintenant.

-Pourquoi ne pas m'avoir dit que vous étiez une sorcière ?

Puisqu'elle-même savait forcément que lui était un sorcier, elle devait forcément savoir que c'était à Poudlard qu'il passait les nombreux mois durant lesquels il désertait l'orphelinat... Et pourtant, elle avait choisi de se taire. Certes, cette femme semblait parfaitement discrète de nature, mais la question demeurait. Et exigeait dorénavant une réponse que Tom n'avai pas la moindre envie de laisser passer.
 

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ette situation agaçait Tom en plus de le surprendre. Ce n'était pas tant son interlocutrice qui importunait le mage noir, en réalité, c'était plutôt le constat déplaisant qu'engendrait tout naturellement la discussion présente. Elle était une sorcière, elle avait été là, sous son nez, tous les étés, depuis que lui-même avait découvert qu'il en était un, et il n'avait rien su, il n'avait rien remarqué. Il n'aimait pas découvrir si tardivement une information qui pouvait bien être cruciale. C'était comme s'il s'était laissé trahir par sa propre intelligence. Il avait ressenti un sentiment similaire quand il avait découvert que, contrairement à ce qu'il s'était imaginé, son père était le moldu, sa mère la sorcière, alors qu'il avait semblé impossible à l'Héritier de Serpentard que cette dernière, si faible, si lâche et inutile, ait pu avoir l'ombre du moindre sang magique dans les veines.

De nombreuses questions s'imposaient dans l'esprit du jeune homme, inévitables. Il trouvait la coïncidence trop troublante pour simplement la considérer comme telle. Il sentait bien qu'une information lui échappait, là encore, et c'était un sentiment qu'il détestait au plus haut point, bien sûr (sans surprise). Est-ce qu'elle ne s'était pas retrouvée à l'orphelinat Wool parce que lui-même y était ? Et dans ce cas, qu'est-ce que cela pouvait signifier exactement ? Une chose était certaine, il avait bien l'intention de s'informer plus longuement sur cette femme qu'il avait cataloguée bien rapidement comme inutile et insipide. De toute évidence, certaines informations lui avaient échappé.

Ses quelques propos n'avaient pas le mérite d'arranger ni sa défiance, ni sa curiosité, par ailleurs. Elle n'était pas certaine de pouvoir lui faire confiance ? Pourtant, il n'était qu'un enfant, un adolescent, alors. Craignait-elle qu'il trahisse sa confiance ? Ou bien sa crainte, ses appréhensions étaient-elles d'un ordre totalement différent, en fin de compte ?

-Et maintenant, c'est le cas ? Pourtant, si elle s'était renseignée, et en fonction de ses fréquentations, peut-être qu'elle savait qui elle était et ce qu'il faisait exactement. Et moi, pourquoi devrais-je vous faire confiance ?

Il ne le pouvait pas ni ne le voulait d'ailleurs. Il avait bien compris que cette situation prenait une tournure particulière, et qu'il ne devait plus observer cette femme sous le même jour. Maintenant, restait à comprendre ce qu'elle pouvait bien lui vouloir exactement.
 

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om ne saurait vraiment dire si c'était la naïveté ou la confiance qui dictaient ainsi les paroles et les gestes de son interlocutrice. Ce qui était certain, c'est que dans un cas comme dans l'autre, elle s'engageait sur un terrain particulièrement glissant, au risque au passage d'y perdre peut-être quelques plumes (en l'occurrence quelques écailles). Tandis qu'elle lui répondait, il la toisait du regard sans ciller, tentant de pénétrer son esprit afin de déterminer au mieux les intentions qui se dissimulaient derrière ses propos. Elle semblait sincère.

Elle lui laissait accès à des pensées étonnamment pures au vu de la noirceur de ses propres desseins. Elle venait à lui, presque trop sereine, lui apprendre qui elle était (et pourtant il était loin de tout savoir), ce qu'elle était et ce qu'elle savait de lui, et elle ne semblait pas en avoir peur, comme si elle s'engageait simplement sur une voie qui lui semblait être la seule valide. Etait-ce vrai ? Rien n'était moins sûr, mais quoi qu'il en soit, l'intérêt de Tom pour cette femme qui avait si longtemps suscité sa seule indifférence ne faiblissait pas, et c'était, quand on le connaissait, en soi un exploit.

Elle savait ce qu'il ambitionnait, et ça ne l'inquiétait pas. Il éprouvait sa sincérité, et il éprouvait également le fait que ça ne l'inquiétait effectivement pas. C'était ce qu'il attendait de la plupart de ses sbires, une confiance aveugle dans ses projets matinée de fascination. Mais de la part de son interlocutrice, ce qui l'intriguait, c'est qu'il ne parvenait pas à comprendre réellement ce qui justifiait ses ambitions. Elle ne lui donnait pas l'air de vouloir asseoir une suprématie totale sur les moldus. Elle-même s'était faite passer pour une moldue pendant des années à ses yeux. C'était, c'est certain, plus qu'incompréhensible.

-Je décide de ce qui est suffisant ou non, répondit posément Tom, qui ne pouvait s'arrêter à ce seul discours quand il était question de se faire une opinion certaine et définitive de son interlocutrice.

Il voulait demeurer force de décision, en effet, et quoi qu'il avienne. Et il avait encore besoin de faire la lumière sur les zones d'ombres qui obstruaient ce dialogue qui, sans manquer d'intérêt, manquait du moins, et c'était assez certain, de clarté.

-Que sais-tu de mes desseins, précisément ? demanda-t-il à voix plus basse.

Certes, la boutique était particulièrement vide, mais Tom choisissait de rester prudent. C'était en soi la moindre des choses dans sa position.
 

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a réponse de son interlocutrice, ou du moins l'angle dont elle se servit afin de lui répondre eut le don de surprendre Tom plus que de raison... et il n'était pas sûr d'apprécier le regard que cette femme qu'il avait estimé si insignifiante était capable de poser sur la situation... sur sa situation. Il n'était pas habitué à ce qu'on lui parle de son père... et pour cause, il ne voulait accorder aucun crédit à cet homme, pas même celui de sa naissance, il ne voulait pas lui reconnaître le droit d'exister, il ne voulait pas lui reconnaître le droit d'avoir une quelconque influence sur ses hauts plans...

Il ne voulait rien lui reconnaître du tout, en réalité, pourtant, et c'était ce qu'il n'appréciait guère chez son interlocutrice, même si ça avait le mérite il est vrai d'aiguiser son intention, elle avait raison... Sa naissance, et les circonstances de sa naissance avaient joué un rôle majeur dans qui il était à présent, et ce à son corps défendant, ce malgré tous ses efforts afin de tuer le père. Au sens propre comme au figuré.

Pour le reste, il est vrai qu'elle avait fait de ses desseins un résumé que d'autres n'auraient pas fait si brillamment. Oui, il voulait nettoyer le monde, le purifier, créer un ordre où prévaudraient ce qui, par nature, devraient définitivement dominer. C'était en effet son ambition, ambition qu'il refusait de traduire en basse vengeance à l'adresse d'un passé torturé. Cette vengeance sur son passé, il l'avait déjà exécutée, il l'avait exécutée en prenant allant trouver son moldu de père et en l'assassinant sans sommation. C'était un élément constructeur de son parcours, mais ce n'en était pas la construction. Cela, il le réfutait clairement, et refusait qu'on cherche même à le persuader d'autre chose.

Il avait de nombreuses choses à lui dire, et envisager mille manières de la remettre à sa place en même temps que de la remettre en question. Mais elle réussissait l'exploit de l'intriguer... et cela, ce n'était définitivement pas une mince affaire, loin de là.

-Et toi..., dit-il finalement, abandonnant pour de bon le vouvoiement. Elle le tutoyait depuis le début, en souvenir du "bon vieux temps" sans doute. Il lui semblait normal de lui rendre la "politesse", surtout qu'ainsi, il pouvait affirmer sa supériorité. Qu'est-ce que tu en penses ?
 

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ette femme était un puits de mystère, insondable. Tenter de pénétrer son esprit ne suffisait pas à tirer ses motivations au clair. Elle lui donnait le sentiment de le comprendre sans avoir la moindre raison de le comprendre. Elle lui donnait l'impression de l'observer sous un jour qu'il ne lui avait jamais donné à voir, puisqu'il ne l'avait donné à voir à personne. Et il n'arrivait toujours pas à comprendre ce que cette femme qu'il avait reléguée à une période oubliée de son passé venait faire dans sa vie, ici et maintenant, avec comme l'intention et l'appréhension de le suivre mêlées.

Incompréhensiblement, il la sentait sincère, mais il ne parvenait pas à jauger ses motivations, si bien que s'il croyait dans l'intention, il ne réussissait pas complètement à croire dans son discours tout en ne parvenant pas un seul instant à discerner ne serait-ce que l'ombre d'un mensonge. Pour la croire, il avait besoin de la comprendre. Qu'elle semble le connaître mieux que lui était un constat déroutant. Et être dérouté, c'était une chose qu'il détestait. Il aimait avoir le plein contrôle de chaque situation, il aimait connaître tous les variables, le moindre détail, afin d'aviser en conséquence. Il lui restait encore beaucoup à découvrir sur cette femme qui s'était longtemps fait passer pour une autre, et qui venait à présent lui assurer une loyauté qu'elle n'avait pas la moindre raison de lui adresser.

-Je n'ai aucune raison de te faire confiance, remarqua posément Tom. Tu m'as menti pendant des années, et tu en sais trop sur moi. Plutôt que de te croire et de te laisser une chance, je ferais sans doute mieux de te réduire au silence.

La menace était claire, explicite. La mettrait-il à exécution ? Il ne le savait pas encore. Pour l'heure, il ne savait dire si son interlocutrice pouvait être un allié ou une menace. Pour savoir que penser d'elle et surtout que faire d'elle, il était nécessaire qu'elle en dise davantage, qu'elle lui donne des preuves de sa bonne foi. Et pendant ce temps, il tenterait de faire le tri dans ses pensées. Pas à lui, mais à elle, puisque les pensées en question manquaient de clarté. Elle ne lui en coupait pas l'accès, certes, mais elles étaient complexes, diffuses, désordonnées, et en elle-même, elles n'étaient définitivement pas là pour lui inspirer la moindre confiance. Pas même un début de commencement de confiance.
 

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ourquoi serait-elle venue lui parler si elle voulait lui causer du tort ? Elle posait la question avec tant d'innocence que cela pourrait presque suffir à le convaincre, mais il en faudrait davantage, bien évidemment. Il pouvait y avoir des dizaines de raisons pour lesquelles elle pourrait avoir décidé de le trouver. Elle pouvait essayer d'endormir sa confiance, c'était le motif le plus évident, même. Essayer de rejoindre ses rangs pour renseigner il ne savait qui de l'extérieur. L'air de rien, c'était tout à fait possible, raison pour laquelle il ne manquait pas d'explorer ses pensées afin de s'assurer qu'elle était honnête. Et elle avait tout l'air de l'être, ce qui rendait plus mystérieuse encore sa volonté tenace de le suivre, alors qu'elle n'avait longtemps été pour lui qu'un fantôme de son passé, qu'il n'aurait aucune difficulté à oublier.

Il était prêt à lui laisser le bénéfice du doute, mais elle allait devoir faire bien davantage pour le convaincre, car pour l'heure, il voyait bien davantage en elle une véritable gêneuse que tout autre chose. Cette femme ne lui serait sans doute d'aucune utilité dans ses rangs. Qu'elle soit favorable à ses idées et veuille les soutenir ne signifiait pas qu'elle serait une mangemort digne de ce nom. Tom avait beau vouloir grossir ses rangs un maximum, il était tout de même nécessaire que ses sbires soient capables de servir sa cause.

Elle pouvait lui promettre sur tout ce qu'elle avait que ça n'arriverait pas, il n'était pas certain que cela puisse servir d'argument. D'autant plus qu'il ne pensait pas que son interlocutrice avait grand-chose dans tous les cas. Il ne la connaissait pas (de toute évidence, et c'était d'ailleurs un constat qui lui déplaisait entièrement), il ne pouvait pas affirmer cela en toute connaissance de cause. Mais il suffisait de la voir ramper à ses pieds (ce qu'elle avait déjà fait au sens le plus strict du terme sans qu'il le réalise) pour comprendre que les choses ne pouvaient pas se passer ainsi.

-Et à quoi me servirais-tu, selon toi ?

Le servir, c'était une bonne chose, mais cette femme avait tout intérêt à se montrer bien plus persuasive encore si elle voulait espérer qu'il commence à la considérer, ne serait-ce qu'un peu, et dans tous les sens du terme.

 

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es mots, rien que des mots. Pour l'heure, ils n'avaient aux yeux du mage noir aucune sorte de valeur. Elle était peut-être plus débrouillarde qu'elle n'y paraissait. Peut-être également qu'elle l'était moins. Impossible pour lui de le dire à l'heure actuelle. Force lui était d'admettre qu'il ne savait rien de cette femme. Pas plus concernant qui elle était que ce qui la motivait. La seule certitude qu'il avait, en fouillant son esprit, c'était qu'elle était bel et bien déterminée à le convaincre, qu'elle était bel et bien décidée à le servir.

Et puisqu'il en était ainsi, il lui trouverait une place. Il fallait simplement qu'il détermine laquelle, et cela lui était pour le moment impossible. Il allait falloir qu'il l'étudie, qu'il la comprenne, avant que de lui choisir un rôle. Il ne se contenterait pas, c'est en tout cas une certitude, de la mélanger simplement au reste des mangemorts. C'était dans tous les cas inenvisageable. Elle en savait trop, beaucoup trop sur lui, des informations qui ne devaient être répétées sous aucun prétexte. Et encore, il ignorait qu'elle en savait encore bien davantage que ce qu'il s'était bien imaginé.

Elle lui demandait de la mettre à l'épreuve, et il fallait bien le reconnaître, c'était en effet ce qu'il y avait de mieux à faire. La tester afin de découvrir ses aptitudes, afin de discerner son potentiel. Mais afin de la tster convenablement, il semblait nécessaire de comprendre, déjà, ce qu'il était convenable de lui associer ou non. Ce qu'il fallait qu'il fasse, maintenant, c'était la sonder, analyser ses forces, ses faiblesses, ses failles si elle en possédait. Et en tirer avantage.

-Je peux éventuellement l'envisager, admit-il alors, lui concédant cette petite victoire qui s'accompagnait bien évidemment d'un nombre significatifs de conditions. Mais pour cela, il me faut comprendre à qui j'ai affaire exactement, mademoiselle Reeves. Il l'observa longuement, dans l'attente d'une réaction de sa part. Elle était dans l'attente de son jugement, lui allait saisir cette situation pour la dominer, comme il en prenait le parti à chaque fois, ne tolérant sous aucun prétexte de ne pas avoir le contrôle d'une conversation ou d'une situation, peu importe sa nature. Mais est-ce seulement votre véritable nom ?

 

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edusor avait compris que l'identité sous laquelle son interlocutrice s'était présentée à lui autrefois, et celle sous laquelle elle était reparue aujourd'hui, n'était pas son identité réelle. Il ignorait les raisons qui les avaient placés sur le chemin l'un de l'autre, mais il comprenait que ce n'était pas anodin, tout comme il comprenait également que celle qui aspirait ainsi à le servir lui dissimulait une vérité qu'il était grand temps de percer à jour. Cela ne suffirait pas à gagner la confiance du mage noir, c'est certain, mais cela pourrait, du moins, y contribuer ne serait-ce qu'un peu.

Elle ne lui fit pas l'affront de lui mentir. Tant mieux, cela aurait été une très mauvaise idée de sa part. Il savait qu'elle mentait, il ne savait pas dans quelles proportions. Mais si elle avait fait le choix de nier jusqu'à ses propres nom et prénom (ce qu'il ne pourrait techniquement pas lui reprocher alors que lui-même faisait au mieux pour faire oublier le nom qu'il avait hérité de son moldu de père), alors c'était tout sauf anodin, et il devait avant tout comprendre pourquoi. Du moins, ça avait été son intention à l'origine, mais il fut pris au dépourvu (chose qu'il détestait en temps normal) quand elle lui donna son prénom, son vrai prénom.

-Nagini..., répéta-t-il en tentant de conserver une tonalité de ton qui ne convenait plus réellement à ce que dissimulaient ses pensées.

Ce pouvait n'être qu'une coïncidence, si le mage noir n'était capable d'associer ce nom qu'à un seul et unique individu, peut-être ce nom était-il plus répandu qu'il ne l'imaginait. Il ne pouvait pas s'agir d'elle... Et pourtant. Pourtant, cela expliquait tout, et interrogeait cent fois plus dans le même temps. Nagini... Cette ombre immense et longiligne qui était venue le trouver dans le dortoir de son orphelinat, ce jour où il avait compris qu'il était capable de parler aux serpents. Il n'avait pas eu peur, bien au contraire, ce jour-là, il avait été plus que jamais convaincu de sa différence. Nagini avait joué un rôle important pour lui. Mais Nagini était un serpent de plusieurs mètres de long, rien à voir avec son interlocutrice. Serait-elle un animagus ?

-S'il s'agit bien de toi, tu vas devoir me le prouver.

Ces mots, il les avait prononcés dans une langue que seuls les serpents pouvaient comprendre. Ses allées et venues dans la chambre des secrets autrefois l'avaient familiarisé avec le fourchelangue, qu'il savait utiliser assez naturellement, suffisamment pour ne rien laisser paraître. Si elle devait se révéler capable de le comprendre, alors...

 

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l avait ancré son regard dans le sien pour discerner ce que ses pensées dévoileraient peut-être de mensonges, mais il n'avait trouvé dans son esprit qu'une totale sincérité et la volonté réelle de le convaincre. C'était bien elle, il en était presque entièrement convaincue, et quand elle répondit dans cette même langue compréhensible d'eux seulement, il en eut l'entière certitude. Sa voix en fourchelangue n'était pas la même, mais il la reconnaissait, justement, il la reconnaissait, et le doute ne semblait plus permis.

Elle proposa de se transformer afin de confirmer son propos. Ce n'était pas nécessaire. Il la croyait, à présent, sans pour autant savoir encore comment disposer de cette information, comment exploiter son potentiel, quoi faire de cette dévotion totale qu'elle lui promettait et qu'il ne pouvait vouloir, très naturellement exploiter, comme celle de tous ceux qui avant elle avaient juré de se mettre à son service. A cette différence près qu'elle n'était pas comme les autres, plus seulement parce qu'elle avait eu accès un un fragment de lui que peu d'autres lui connaissaient, mais parce qu'elle disposait d'un talent naturel (ou du moins commençait-il à deviner qu'il était naturel), et auquel personne d'autre ne pouvait prétendre, et dont il pourrait facilement tirer avantage.

Elle avait raison, bien sûr, même si personne n'était venu les déranger depuis les débuts de leur conversation, il ne serait pas prudent qu'elle dévoile ses cartes ici et maintenant, et cela était d'autant moins utile qu'elle avait passé le test brillamment, et sans l'ombre d'une difficulté. Barjow & Beurk était une boutique relativement calme la plupart du temps, les articles vendus dans ce magasin nécessitaient des exigences spécifiques qui justifiaient un certain nombre de périodes creuses, mais malgré tout, les murs ont des oreilles et il était nettement préférable de ne pas tenter le diable (si l'on n'admettait pas que le diable se trouvait déjà dans cette pièce) en faisant dans la démonstration abusive et quelque part relativement inutile. Parfois, Tom en abusait, mais en cet instant, il était certain que ce n'était pas nécessaire, et il préférait se l'épargner. Il avait tout intérêt à se montrer prudent... pour le moment.

Elle ajouta qu'elle obéirait tout de même s'il le lui demandait. Elle ajouta même, fait qui l'intrigua davantage et le convainquit du fait qu'elle n'était pas simplement une animagus, qu'elle pourrait garder cette forme pour toujours si c'était ce qu'il ordonnait. Il la considéra un moment sans mot dire. Etonnamment, plus il en découvrait sur elle, plus elle était un puits de mystère pour lui, mais qui n'avait malgré tout, il s'en était convaincu, rien d'insondable.

-Qu'est-ce que tu es, exactement ? lui demanda-t-il sans détour.
 

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