L'espoir fait vivre ! (Bradley <3)

L'espoir fait vivre !

Esther n’était pas du genre à lire ce genre de journal. Les rumeurs à scandale, ce n’était pas réellement son truc, mais en même temps quand l’apparence était une part importante de sa vie, on se devait quand même de se tenir au courant. La jeune femme n’avait pas lu l’article par hasard. Elle était sortie de chez elle pendant la journée, pour rejoindre des amies – enfin… des amies, mais disons plutôt des connaissances, que Esther se devait de garder proche d’elle – et elle avait bien senti quelques regards différents. Elle avait même entendu des murmures. Autant dire que c’était clairement quelque chose que la sorcière redoutait bien souvent, parce que quand on faisait tout dans le but de garder son apparence intacte, c’était le genre de situation qui mettait à mal tous ces efforts. Au final, c’était une femme un peu plus proche d’elle et plus honnête aussi qui fini par lui glisser qu’il faudrait qu’elle lise tel article, dans tel journal.

Alors c’était ce qu’elle avait fait et elle était tout simplement… choqué. Dans cet article, la personne affirmait que Pomona avait été aperçu dans l’allée des Embrumes. Mais ce n’était pas possible, sa fille se trouvait actuellement dans la prison d’Azkaban, sans âme. Elle ne pouvait pas être en vie. Sur le moment, la sorcière sentit son cœur se briser un peu plus en voyant l’image de sa fille bafouée un peu plus, comme si elle avait eu besoin de cela. Parce que forcément, si les personnes croyaient ce torchon, ils allaient s’imaginer que Pomona – l’une des personnes qui avait assassiné le ministre de la magie l’année précédente jour pour jour – s’en était sortie. Ils allaient cracher sur son souvenir…

Mais petit à petit, Esther ne put s’empêcher de sentir un espoir s’emparer d’elle. Elle avait conscience qu’elle ne devrait sans doute pas y croire, mais si… mais si Pomona avait trouvé une solution de s’en sortir ? Elle aurait bien aimé se dire que sa fille serait venue la prévenir qu’elle était en vie, mais au vu de leur relation avant sa disparition c’était évident qu’elle ne serait jamais venue, même si elle était vivante. Alors, peut-être qu’elle l’était ? La sorcière ne devrait pas, mais elle ne pouvait pas s’empêcher d’avoir envie d’y croire. Au fond d’elle, elle sentait bien qu’il y avait cette petite lumière qui la poussait à espérer du plus profond de son être que cet article dise la vérité et que sa fille avait bien été aperçu, qu’elle était bel et bien vivante. Même si ça n’allait pas pour autant résoudre ses problèmes non plus. Et plus elle attendait que Bradley rentre du ministère, plus elle sentait cet espoir grandir un peu plus. Finalement quand son époux passa la porte de leur maison, Esther ne mit pas longtemps avant de le trouver.

« Tu as vu cet article ? » Lui demanda-t-elle donc directement, aillant beaucoup trop besoin de lui en parler pour prendre la peine de le saluer. Est-ce qu’il l’avait lu ? Est-ce qu’ils pouvaient y croire ?

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I

l avait régné dans les couloirs du ministère une ambiance tout à fait particulière. Il n'avait pas tout de suite compris de quoi il était question, supposait simplement que l'ambiance était un rien tendue, à l'approche des un an d'investiture de la ministre de la magie... Mais il devait comprendre plus tard que ce n'était pas un sentiment illégitime de paranoïa qui lui avait donné le sentiment que l'on murmurait sur son passage. Personne ne le lui avait dit en face, évidemment (et il ne le reprochait à personne, il était le premier à parler sous cape et à ne pas s'adresser directement aux personnes concernées quand il avait quelque chose à dire.

Pas qu'il n'en ait pas le courage, mais les apparences primaient toujours sur tout le reste)... Il avait fallu qu'il prenne sa très rapide pause déjeuner pour s'en rendre compte. Cela lui arrivait souvent. Il se contentait de prendre un repas très rapide à son bureau en lisant le journal avant de revenir d'office à son travail, n'ayant pas de temps à perdre, et surtout le besoin de toujours donner le meilleur de lui-même à son travail. Il feuilletait donc le journal, tranqullement, sans attendre d'autres nouvelles que celles auxquelles ils étaient tous habitués dernièrement, et qui n'étaient pas forcément reluisantes. Et alors, il la vit. Sa photo, bien en évidence.

Le témoignage d'une personne qui affirmait que sa fille était en vie. Immédiatement, Bradley sentit son coeur se serrer. Être confronté si brutalement à l'image de sa fille était terriblement douloureux. Et ces présomptions d'autant plus. Il comprenait mieux les regards en coin, les murmures sur son passage. Il était tout bonnement horrifié. Pomona en vie ? Non... C'était impossible, il y avait eu un procès, bien encadré, les concernés avaient été conduits en prison, tout ça avait été planifié, encadré... Qui que soit la personne qui prétendait avoir aperçu Pomona, elle avait évidemment menti. Il ne devait pas y croire, il ne fallait pas y croire... et pourtant, une part de lui en éprouvait la dangereuse envie. Le besoin, même, à vrai dire.

Il était rentré chez lui plus tôt que prévu. Le besoin d'en parler. Et il ne pouvait évidemment en parler qu'à Esther. Cette nouvelle le perturbait au plus haut point. Il ne fallait en tirer aucune conclusion, et pourtant... il avait besoin... juste d'en parler. Il n'eut guère le temps de faire un pas à l'intérieur qu'Esther acourait déjà à sa rencontre. Pas besoin de se demander pourquoi, mais elle n'oublia pas de se montrer plus explicite, en laissant aucune place au doute. Il hocha la tête quand Esther lui demanda s'il avait vu l'article en question.

-Rien qu'un petit malin qui essaie de se faire remarquer..., décréta Bradley qui, par la même occasion, essayait de s'en convaincre lui-même.

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Bradley avait vu l’article, ce qui arrangeait quand même grandement Esther. La sorcière se sentait soulagée d’apprendre qu’il était au courant, parce qu’elle préférait largement ne pas avoir besoin de lui montrer ce journal, de ne pas avoir à lui apprendre la vérité. Enfin vérité, ce n’était pas forcément le mot, mais elle n’avait pas eu envie de devoir lui apprendre ce qu’on disait de leur fille, qu’il ait eu le temps de l’apprendre, de le digérer. Parce que clairement, Esther avait besoin du soutien de son époux. On ne pouvait pas vraiment dire qu’ils aient été sur la même longueur d’onde à longueur de temps depuis la disparition de Pomona, mais Esther espérait bien avoir le soutien de son époux maintenant. Elle en avait besoin, cet article faisait resurgir de nombreuses douleurs, qui n’avaient même pas eu le temps de s’apaiser encore.

Sans que Esther ne soit surprise, Bradley affirma que ce n’était qu’une personne qui cherchait à se faire remarquer. La sorcière n’était pas surprise d’entendre son époux dire une telle chose, parce que c’était évidemment ce qu’ils devaient se dire. C’était ce que Esther avait pensé directement, que quelqu’un s’amusait d’une manière malsaine de la mort de leur fille. Ça ne pouvait pas être autre chose en réalité, parce que Pomona était morte. Enfin, qu’elle se trouvait en prison sans âme, mais ça revenait à la même chose. Elle avait eu un procès, elle avait été condamnée, même si Esther continuait de croire que ce n’était pas possible que leur fille ait fait une telle chose. Alors, ça ne pouvait pas être autrement. Et en même temps…

« Mais si… si c’était plus que ça ? »

Esther avait bien conscience qu’elle ne devrait pas dire ça, qu’elle ne devrait pas exprimer le fin espoir qui avait commencé à naître en elle depuis qu’elle avait lu cet article. Elle savait qu’elle ne devait pas s’imaginer que sa fille était bel et bien vivante et elle cherchait à se convaincre elle-même, mais en même temps ce n’était pas comme si elle pouvait taire cette lueur. Et c’était même pour cela qu’elle avait besoin de Bradley, elle avait besoin qu’il la remette sur les rails et qu’il ne la laisse pas espérer inutilement. Parce que toute seule, elle savait bien qu’elle serait incapable d’y arriver et elle avait conscience que ça n’avait rien de bon.

Parce qu’elle ne parvenait pas à s’en remettre, ça faisait très longtemps maintenant qu’elle avait perdu sa fille, parce qu’elle avait décidé de quitter leur maison. Et quand elle l’avait perdu quelque mois plus tôt, définitivement, elle avait juste sombré, incapable de remonter. La sorcière ne savait pas comment elle allait pouvoir s’en sortir, et cet article n’était là que dans le but de lui faire plus de mal encore. Parce qu’elle avait envie d’y croire en réalité, qu’elle avait envie de retrouver sa fille, mais que c’était impossible.

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B

radley avait appréhendé ce cas de figure... Il avait besoin d'en parler avec Esther, il ne se serait pas vu garder cette information pour lui, même si son épouse avait dû ne pas être au courant, mais il avait deviné ce que risquait d'être la réaction de sa femme. C'était compréhensible... Une émotion pouvait bel et bien les envahir en cet instant, s'ils n'y prenaient pas garde, et c'était l'espoir. Bradley pensait pouvoir réussir à gérer cette émotion, à l'étouffer comme il avait étouffé toutes les autres jusqu'alors, mais il savait qu'il ne devait pas en attendre autant de la part d'Esther.

Elle était forte, c'est un fait. Mais la perte de Pomona l'avait terriblement fragilisée... Il avait le sentiment qu'elle commençait à peine à remonter la pente... dans la mesure où cela leur était possible, et ce stupide article rédigé sans doute par un sombre crétin qui cherchait simplement à attirer l'attention avait de bonnes chances de la faire sombrer à nouveau. Déjà, lui-même devait s'agripper à des certitudes branlantes pour ne juste pas entamer une chute sans fin... il ne savait pas s'il aurait la force de remonter Esther à la surface. Mais il le fallait. Ce n'était pas en caressant l'espoir absurde que Pomona puisse être encore en vie qu'ils allaient rendre cela réel. Les faits étaient les faits, ils étaient incontestables... et ils ne devaient pas s'amuser à déformer la réalité à leur guise de la sorte. Le résultat pourrait en être catastrophique. Il fallait, même si c'était douloureux, qu'ils réussissent à aller de l'avant, et pour cela, la seule chose à faire, c'était d'admettre que Pomona n'était plus là, que Pomona ne serait plus jamais là.

Quoi qu'ils disent, quoi qu'ils fassent. Leur fille était partie. Et elle ne reviendrait jamais. Bradley fit donc doucement non de la tête. Il avait appris à se montrer moins froid, moins catégorique quand il était question de leur fille. En présence d'Esther, du moins. Les non-dits leur avaient fait trop de mal, alors il prenait sur lui pour s'ouvrir davantage. Et il le faisait. Mais dans ces circonstances, il devait tout de même respecter une certaine rigueur.

Ce qui manquait considérablement à cet article qui se contentait de la parole forcément contestable d'un type qui n'avait sans doute jamais ne serait-ce que croisé Pomona de sa vie, même avant son incarcération.

-Elle est partie, ajouta-t-il, la voix légèrement brisée. Il faut qu'on l'accepte, c'est tout.

Et de garder pour lui ce quelque chose qui ressemblait tout à fait à ce qu'Esther devait avoir à l'esprit. C'était impossible et pourtant, lui aussi se posait la question. Est-ce que ça l'était vraiment ?

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Esther avait parfaitement conscience qu’elle ne pouvait pas se permettre de trop espérer. Que ce n’était pas bon. Il n’y avait aucune raison pour que Pomona soit encore en vie, le ministère l’avait condamnée, elle avait été emprisonner, on lui avait pris son âme. Il n’y avait aucune raison logique pour qu’elle soit encore en vie et qu’elle se promène dans la rue, ça n’avait pas de sens. Le ministère ne pouvait pas faire une erreur aussi grande. Esther le savait et c’était ce qu’elle se répétait en boucle depuis qu’elle avait lu l’article, parce qu’elle ne pouvait pas s’empêcher de voir naître en elle ce fin espoir. Parce qu’elle aimerait bien revoir sa fille, elle avait envie de pouvoir se trouver devant elle et lui dire tout ce qu’elle n’avait pas eu l’occasion de lui dire de son vivant. Elle rêvait souvent qu’elle était encore en vie, qu’elle pouvait la prendre dans ses bras… forcément, lire un tel article, ça ne pouvait que raviver un peu trop l’espoir qu’elle ne devait pas se permettre d’avoir.

Et elle avait besoin qu’on lui confirme qu’elle ne devait pas y croire. Elle pouvait compter sur Bradley pour cela, ce n’était pas pour rien qu’elle avait pris la peine de lui parler de ses doutes, de mentionner le fait que peut-être… peut-être que ça pouvait être vrai. L’homme commença par faire non de la tête, Esther savait bien qu’elle ne devait pas y croire, mais ça n’était pas pour autant facile. Et quand il prit la parole, pour affirmer que leur fille était partie, qu’ils devaient tout simplement l’accepter. C’était tout en effet. Et Esther tentait de l’accepter depuis le temps. Ça faisait des mois qu’elle tentait d’accepter le fait que sa fille avait disparue pour de bon et qu’elle n’allait plus jamais la voir, même si elle avait quitté leur demeure depuis bien avant.

« Oui, tu as raison. » Dit-elle, la voix brisée, mais affichant à ce qui ressemblait le plus à une sorte de sourire triste.

Il avait raison, et c’était des mots qu’elle avait besoin d’entendre. Histoire d’éteindre ce fin espoir qui naissait en elle, et qui risquait de lui faire plus de mal encore. Oh, Esther avait clairement mal en cet instant précis, elle avait le sentiment qu’on lui prenait de nouveau sa fille. Ce n’était pas juste, elle ne comprenait pas comment on pouvait être à ce point cruel et jouer ainsi avec la vie des autres. Bon… d’accord, en d’autres circonstances elle n’aurait rien eu à dire à ce sujet, mais puisqu’elle était concernée, elle déplorait cette attitude. Esther ne devait pas se laisser aborder par ce sentiment, elle savait qu’elle ne risquerait que de tomber encore plus de haut. Même si elle avait quand même le sentiment de retomber présentement.

« Je vais préparer du thé. » Décréta-t-elle, se dirigeant vers la cuisine. C’était juste pour faire quelque chose de ses mains parce qu’elle se sentait sombrer et qu’elle n’avait aucune envie de le faire.

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B

radley avait-il vraiment raison ? Il n'en savait rien. La seule chose qu'il savait, c'était que tergiverser ne les mènerait absolument nulle part, ce n'était pas en tentant de distinguer le vrai du faux qu'ils parviendraient au moindre résultat. Ils n'avaient pas achevé de faire le deuil, il n'y aurait rien de pire que de rouvrir une plaie pas encore cicatrisée, pas vrai ? Oui, sans doute. Mais c'était, de toute évidence, plus fort qu'eux, et ils avaient toutes les difficultés du monde à faire comme si de rien n'était. Bradley devrait se sentir soulagé d'avoir réussi à apaiser l'esprit de son épouse, mais outre le fait qu'il n'était vraiment pas sûr que ce soit le cas.

Ils avaient réussi à rétablir la communication, c'est un fait, mais ce n'est pas pour autant, que leur couple n'était plus fragile du tout. Non, il n'en était clairement rien... Ils devaient veiller plus que jamais l'un sur l'autre... Et Bradley avait le sentiment de faire très mal son travail. Vraiment très mal. Il avait échoué en tant que père, il ne voulait surtout pas échouer en tant qu'époux... pas une fois encore. Il avait fait défaut à Esther une fois, il refusait que cela se produise une fois de plus.

Quand elle suggéra de préparer du thé, Bradley ne se leurrait pas, il voyait exactement ce qu'elle était en train de faire. Il la connaissait par coeur. Il savait très précisément comment elle fonctionnait. En l'occurrence, il se doutait qu'elle n'éprouvait pas l'envie toute particulière de boire du thé, ici et maintenant, elle avait juste besoin de s'occuper les mains. Bradley hésita. Est-ce qu'il fallait s'arrêter là et considérer que le sujet était clos, c'est tout ? Oui, il le faudrait peut-être. Mais Bradley avait un désagréable pressentiment. Ce sentiment de conversation inachevée qui allait peser sur eux jusqu'à leur exploser en pleine figure. Il choisit de l'accompagner dans la cuisine, juste pour ne pas la laisser seule, sans trop savoir quoi dire ou faire. Quand les mots s'échappèrent de ses lèvres, il sut à peine d'où ils lui venaient, il n'avait absolument rien contrôlé.

-Peut-être... qu'on devrait parler directement au journaliste qui a écrit cet article, au prétendu témoin... Juste pour être sûrs.

Il avait peur que ce soit une mauvaise idée, mais en même temps... il serait incapable de ne pas le faire, il s'en rendait bien compte, d'une façon ou d'une autre, il allait vouloir le faire, autant qu'Esther soit dans la confidence. Comme ça, une fois qu'ils auraient l'assurance que tout ceci était un coup monté, ils pourrraient peut-être mieux tourner la page. C'était une option dangereuse, mais ça valait sûrement mieux qu'un silence pesant.

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Esther n’avait aucune envie de boire du thé en réalité et au fond, elle serait bien incapable d’avaler quoi que ce soit. Mais elle avait besoin de s’occuper les mains, de faire comme si tout était normal, comme si ce n’était pas si… grave. Elle avait besoin de s’occuper l’esprit. Ça ne servait à rien d’en rajouter, cet article était idiot, il n’y avait aucun espoir à avoir, Esther devait juste taire ce fin espoir qui avait commencé à naître en elle. Elle devrait se contenter de se confier à son époux, mais elle ne pouvait pas vraiment se le permettre, ou en tout cas la sorcière n’avait pas vraiment l’habitude de le faire. Elle l’avait déjà fait et elle savait que Bradley prenait sur lui, qu’il faisait énormément d’effort. Mais ce n’était pas pour autant naturel pour elle de juste dire ce qu’elle avait sur le cœur, de parler de ses sentiments, parce qu’elle se devait de se montrer forte. D’autant plus que Bradley faisait justement des efforts en therme de communication.

Elle s’était dit que son époux allait simplement s’occuper comme à son habitude, pendant qu’elle préparerait le thé, mais Bradley l’accompagna dans la cuisine. Elle ne savait pas vraiment si elle avait envie de continuer de lui en parler, si elle avait envie de continuer de mentionner Pomona, mais en même temps… elle savait que s’ils ne continuaient pas ça allait simplement la bouffer. Comme c’était le cas depuis la disparition de sa fille, ce qui leur avait fait beaucoup de mal quand même… ce qui avait eu le don de les séparer. Alors qu’elle était en train de faire chauffer de l’eau donc, ils étaient là dans la cuisine et Bradley reprit la parole, d’une manière que Esther ne s’attendait pas.

Elle hocha de la tête en entendant son époux affirmer qu’ils pourraient aller voir ce journaliste, afin de lui parler de l’article qu’il avait écrit, ainsi que de parler à ce témoin, juste pour être sûr. Esther avait conscience qu’ils ne pouvaient pas se permettre de nourrir un espoir qui n’avait sûrement pas lieu d’être, parce qu’ils risquaient de tomber de haut. Mais en même temps, elle sentait qu’elle aurait besoin de parler à ces hommes et le faire avec Bradley, ça serait juste… ce dont elle avait besoin.

« Juste pour être sûr oui. » Ça c’était surtout pour confirmer à son mari qu’elle avait conscience qu’ils ne pouvaient pas juste se rattacher à cet espoir, qu’elle avait conscience que ça ne mènerait sans doute nulle part, mais en même temps ça pouvait quand même leur faire du bien. « Et il faudra leur expliquer que ce genre d’attitude n’est vraiment pas… acceptable. »

Elle ne pouvait pas affirmer qu’ils allaient apprendre tout d’un coup que Pomona était vivante – même si cette petite lueur au fond d’elle s’attachait beaucoup trop à cette possibilité –, et si cet article ne racontait que des mensonges (ce qui était le cas sans doute…), ils auraient des comptes à rendre avec ces personnes.

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E

n constatant la réaction de son épouse, Bradley songea qu'il prenait la bonne décision. Oui, forcément, en décidant d'aller trouver ce journaliste et son présumé témoin, ils se raccrochaient à un vain espoir qui pourrait bien être malsain au bout du compte. Mais en réalité, il ne fallait pas se leurrer : cet espoir, qu'ils décident ou non de croire dans le discours de ce bout de papier, resterait là, prégnant. C'était déjà le cas avant, d'ailleurs. Parce qu'ils n'avaient pas été prévenus. Ils n'avaient pas eu l'occasion de faire leurs adieux à leur fille, ils n'avaient pas pu assister à son procès...

Ils n'avaient tout simplement pas eu à leur disposition les éléments nécessaires pour faire leur deuil. Il fallait absolument qu'ils changent leurs méthodes, c'était ainsi. Bradley avait longtemps fait l'autruche, et cru qu'il lui suffirait de garder la face pour que sa situation s'apaise, pour qu'il oublie Pomona, pour que sa vie reprenne comme avant. Mais en faisant cela, il avait bien failli tout perdre, ou du moins perdre ce qu'il lui restait : en somme, perdre Esther. Il n'envisageait définitivement pas que cela se reproduise encore. Perdre Esther maintenant, il en mourrait. Alors oui, il fallait prendre cette décision à bras le corps. Tout comme il avait décidé de faire réenquêter un Auror émérite sur l'épisode du manoir des Téméraires afin d'avoir une meilleure idée de la situation, il allait également faire la lumière sur ce présumé témoignage. Il fallait qu'ils cessent de se poser des questions et, à la place, se concentrent sur les réponses qu'ils pouvaient éventuellement y apporter. Ce n'était pas chose simple, c'était une entreprise éprouvante et douloureuse, mais de toute évidence, ils en avaient besoin.

-Ce sera fait, je te le promets, répondit doucement Bradley quand après avoir approuvé son idée, elle ajouta que des remontrances ne seraient pas de trop, car jouer avec leurs coeurs fragiles ne pouvait évidemment qu'être un comportement entièrement condamnable.

Esther comptait sur lui, il n'allait pas la décevoir. Il envisagea un instant de lui proposer de l'accompagner, mais il se ravisa bien vite. Il ne pouvait pas considérer que ce soit une bonne idée. Sans vouloir la tenir à l'écart de tout cela, il avait bien compris que ce n'était pas possible, il tenait à la ménager malgré tout. C'était déjà bien trop dur pour elle. Hors de question d'en rajouter une couche et de l'éprouver davantage. Ce serait positivement cruel. Il l'avait déjà été avec elle, par le passé, sans vraiment le vouloir, mais il avait appris de ses erreurs, et maintenant, il pensait être capable de faire les choses d'une meilleure façon. Peut-être pas la meilleure entre toutes. Mais il apprenait.

-J'irai parler aux responsables demain à la première heure.

Le plus tôt serait le mieux. Il aurait même envisagé de le faire maintenant s'il n'éprouvait pas le plus grand besoin de rester au ôté de sa femme.

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Esther hocha de la tête quand son époux affirma que ça sera fait, qu’il prendra la peine de bien faire comprendre à ces personnes que leur attitude était déplorable. Au fond, la femme ne pouvait pas s’empêcher d’espérer, même si elle savait que ça risquait de lui faire plus de mal qu’autre chose. Cela dit, il ne pouvait que s’agir d’un mensonge, il n’y avait aucune raison logique pour que Pomona soit capable de sortir dans la rue. Elle aimerait bien qu’on lui affirme qu’elle avait survécu, qu’elle n’avait jamais été envoyé en prison, mais elle avait conscience aussi que c’était bien trop d’espérer quoi que ce soit. L’attitude de ce journaliste, de ce témoin était déplorable, il allait falloir le leur rappeler. Ça ne se faisait pas de jouer avec ce genre d’affaire, de retourner le couteau dans la plaie.

Esther comptait sur Bradley pour rappeler à l’ordre ces personnes donc, elle savait qu’elle pouvait lui faire confiance. S’ils n’avaient pas eu la possibilité d’être vraiment sur la même longueur d’onde tous les deux après le décès de leur fille, ils parvenaient quand même à se retrouver à présent et à être plus soudés maintenant. Esther savait qu’elle pouvait compter sur son époux et elle se reposait sur lui donc. Elle ne fut pas réellement surprise quand il affirma qu’il allait parler aux responsables dès le lendemain matin. Elle avait conscience qu’il ne fallait pas perdre de temps et sans doute qu’il allait faire en sorte de régler tout cela rapidement.

« J’aimerais… » Esther hésita après avoir commencé à parler. Elle n’avait pas réellement réfléchi avant de prendre la parole, maintenant qu’elle l’avait fait, elle avait conscience qu’elle allait peut-être vraiment dire une bêtise. Elle devrait se contenter simplement de rester à sa place et en même temps, elle ne pouvait pas taire ce qu’elle avait sur le cœur. « J’aimerais venir avec toi. »

Elle savait bien que sa requête était sans aucun doute idiote, Bradley n’avait pas besoin d’elle, il allait pouvoir se débrouiller parfaitement seul. Mais en même temps, la sorcière était aussi concernée par la situation, tout cela la regardait autant que ça regardait son époux. Elle n’allait peut-être pas apporter grand-chose, mais au moins elle allait faire quelque chose. Elle avait besoin de faire quelque chose, de se rendre un peu utile. Parce qu’en vérité, la sorcière se contentait surtout d’être chez elle, de mener une petite vie « normale », en tentant par moment de sauver les apparences – exercice plus difficile qu’il ne parait –, elle ne faisait rien, elle n’agissait en rien. Elle avait donc envie de faire quelque chose, d’enfin agir. Même si elle n’allait peut-être pas être très utile et qu’elle ne saurait sans doute pas quoi dire, elle espérait que Bradley allait accepter qu’elle l’accompagne. Au moins, ils feraient front ensemble, tous les deux. Même si ça risquait d’être éprouvant, qu’elle risquait d’être retournée. Mais en même temps, elle avait peut-être besoin de ça pour remonter la pente.

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C'

était plus fort que lui, Bradley avait besoin d'être celui qui prenait les décisions, celui qui prenait les choses en main, c'était sa manière de garder le contrôle sur la situation, autant qu'il le pouvait du moins, et en ce qui concernait Esther, c'était par la même sa manière de la protéger de ce qui était susceptible de la faire souffrir. Pourtant, il faudrait qu'il se rende à l'évidence, à force de vouloir la préserver, il créait entre eux un fossé qui ne pouvait que grandir s'il n'acceptait pas qu'ils jouent tous leurs deux leur rôle. Il en avait pris conscience, et la situation s'était un peu apaisée entre eux, mais ses anciens travers n'étaient jamais très loin, et forcément, Bradley gardait en lui cette envie non pas de la mettre de côté, mais de la couver autant que possible. Pour son bien, oui, mais en même temps, en souhaitant cela, il ne pouvait que souhaiter l'impossible.

Il ne pouvait pas protéger Esther d'une situation qui était bien réelle, et qu'il était impossible de fuir. Il ne pouvait pas la protéger de la mort de sa fille, il ne pouvait pas la préserver du deuil, il fallait qu'il apprenne à l'accompagner dans ce processus de deuil... et il faisait des efforts, il pensait vraiment avoir appris de ses erreurs. Mais chassez le naturel, il revient au grand galop.

Quand il parlait de s'adresser aux personnes concernées et de leur faire savoir le fond de sa pensée, force lui était d'admettre qu'il ne s'était pas imaginé le faire en compagnie d'Esther, pas parce qu'il n'imaginait pas sa place à ses côtés, mais parce qu'une fois encore il ressentait le besoin sans doute déplacé de la protéger, un besoin sincère, mais un rôle qu'il n'avait pas à se donner, ce qu'Esther lui rappela en lui faisant comprendre qu'elle voulait venir avec lui.

D'instinct, il avait envie de répondre non, pas pour lui déplaire ou parce qu'il estimait qu'elle n'avait pas sa place, juste, une fois encore, parce qu'il ne pouvait pas s'empêcher de se dire que la tenir à l'écart était la meilleure façon de la préserver.

-Tu es sûre ? Il n'attendit pas sa réponse, bien sûr qu'elle était sûre. Dans le cas contraire, elle ne lui aurait rien suggéré du tout. Elle avait besoin d'être là, il fallait qu'il apprenne à être à l'écoute de ses besoin. D'accord, bien sûr, si tu veux venir avec moi, viens avec moi. Il marqua une pause, et le doute s'empara de lui un instant. Voulait-il être présente parce qu'elle ressentait le besoin de participer... ou parce qu'elle craignait qu'il ne lui mente ? Elle aurait raison de se défier. Il ne lui avait pas donné les meilleures raisons de lui faire confiance. Tu me fais confiance, n'est-ce pas ?

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La réaction de Bradley ne surprit pas tant que cela Esther, alors que son époux lui demander si elle était sûre d’avoir envie de venir. L’homme semblait étonné, parce qu’au fond, jamais avant elle n’avait vraiment pris la peine de lui demander de l’accompagner dans des événements comme celui-ci. En même temps, ils ne se trouvaient pas vraiment dans cette position souvent. Cela dit, quand il était question d’aller parler à quelqu’un d’influent, d’aller régler une affaire pour la famille, c’était effectivement son époux qui avait l’habitude de s’en charger. Esther de son côté avait ses propres tâches, des tâches plus féminines tout simplement. Et ce n’était en soit pas quelque chose qui l’avait dérangé jusque-là, mais présentement, Esther ne se sentait pas capable de simplement rester chez eux en attendant le retour de son mari qui allait lui apporter ces nouvelles.

Il était question de Pomona, de leur fille, et de cet espoir horrible qui avait décidé de s’infiltrer dans son cœur. Est-ce qu’elle était vraiment en vie ? Évidemment que non, ce n’était pas possible, mais en même temps Esther avait presque envie qu’on vienne la frapper pour lui signifier que si, sa fille était en vie. Mais si elle continuait de se dire que ce n’était pas possible, il était évident que ceux qui osaient dire le contraire devaient entendre leurs reproches. Elle se sentait concerné forcément, elle avait envie de participer. Elle n’avait aucune envie que son époux la protège, la mette de côté parce qu’il pouvait gérer tout ça tout seul.

Elle afficha un sourire quand Bradley affirma que si elle voulait venir, elle pouvait venir avec elle. Elle était heureuse, parce qu’elle n’avait pas été sûre et certaine qu’il accepte. Ces derniers temps, elle avait bien vu les efforts de son époux à se montrer plus ouvert, moins fermé sur ce qu’il ressentait, mais en même temps elle savait que les mauvaises habitudes pouvaient très bien revenir au galop. Elle lui aurait reproché de refuser sans doute, mais elle n’avait pas besoin de le faire. Cela dit, maintenant elle se reprochait d’avoir poser la question. Parce qu’avant qu’elle ne réponde quoi que ce soit, Bradley lui demanda si elle lui faisait confiance. Esther senti son cœur se tordre à l’idée qu’il puisse en douter, comprenant que c’était parce qu’elle avait envie de venir, qu’il devait se dire qu’elle n’avait peut-être pas confiance en lui.

« Bien sûr que j’ai confiance en toi. » Répondit-elle vivement, d’un ton qui ne laissait rien à l’équivoque. C’était le cas, la sorcière avait bel et bien confiance en Bradley. Elle ne pouvait pas nier que par moment c’était un peu difficile entre eux, qu’ils avaient clairement traversé une grande tempête. Mais sa confiance n’était pas en doute maintenant. Esther se rapprocha de son mari, prenant ses mains dans les siennes. « Je veux juste… j’aimerais juste participer, ne pas me contenter de rester ici à t’attendre. Je veux être là parce que ça nous concerne tous les deux et je veux être là pour toi aussi. »

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B

radley ne devrait peut-être pas remettre en question la confiance que son épouse plaçait en lui, mais il était difficile pour lui de ne pas douter dans les circonstances actuelles. Même si la situation s'était quelque peu apaisée entre eux depuis que Bradley avait daigné ouvrir son coeur à sa femme et lui dire ce qu'il ressentait réellement concernant la mort de leur fille, il n'oubliait pas non plus combien ces derniers mois avaient été compliqués, et il craignait de voir quelques rancoeurs pas encore complètement éteintes refaire surface.

Même si elle avait réussi à le rassurer, il continuait de craindre qu'elle le perçoive comme un monstre d'insensibilité, qui chercherait à la maintenir à l'écart à tout prix. Il ne pouvait prétendre que ce n'était pas arrivé à certaines occasions, oui... même beaucoup trop après le procès de leur fille, mais il avait fait des efforts, il avait changé, et face à cette situation, il voulait qu'ils fassent bloc... avec tout de même cette fichue manie de vouloir la protéger à tout prix... et qu'elle avait sans doute d'excellentes raisons de prendre mal. La communication était décidément une chose sur laquelle il fallait qu'ils travaillent. Ce n'était pas nouveau, mais c'était vraiment devenu manifeste dernièrement. Esther lui faisait confiance, elle avait simplement besoin, elle aussi, d'avoir une prise sur la situation présente, et c'était une chose qu'il était complètement capable de comprendre. Alors il hocha la tête. Il n'allait pas faire la sourde oreille à ses propos.

-D'accord, répondit-il alors avec douceur avant de venir déposer un tendre baiser sur le front de son épouse.

Oui, il était d'accord. Il devait prendre sur lui, c'est un fait, parce qu'il restait tenté de prendre les décisions à la place de sa femme. Mais c'est une certitude, il n'y gagnerait rien à agir de la sorte. Ils devaient plus que jamais se serrer les coudes. Apprendre de leurs erreurs et faire front ensemble. Certes, remuer le passé en s'appuyant sur une rumeur forcément fausse n'était de toute évidence pas une manière de faire irréprochable, mais... Enfin, ils en avaient besoin pour exorciser leurs démons communs, en vérité.

-J'aurais besoin de toi à mes côtés, reconnut-il.

Et de sa part, c'était beaucoup d'efforts que de le reconnaître. Pas qu'il voulait laisser croire à sa femme qu'elle n'avait aucune forme d'importance, mais il s'était toujours appliqué à prendre les décisions dans leurs intérêts à tous les deux, en se convainquant qu'ainsi, son épouse serait heureuse et n'aurait à se soucier de rien. Mais les choses étaient à double sens. Bradley avait toujours eu besoin d'Esther à ses côtés, mais là plus que jamais. S'il ne l'avait pas, s'ils n'étaient pas là pour se soutenir mutuellement, il partirait certainement à la dérive. Et c'était un aveu qu'il apprenait à faire à présent.

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L'espoir fait vivre !

Esther n'avait aucune envie de voir son époux se braquer parce qu'elle lui expliquait qu'elle avait envie de venir avec lui, elle n'avait pas envie qu'il se mette en tête qu'elle ne lui faisait pas confiance du tout. Ce n'était pas le cas. Même si forcément, la sorcière ne pouvait pas non plus complètement nier qu'elle avait envie que ce dernier fasse ses preuves, qu'il ne se contente pas de se refermer sur lui même comme il avait trop l'habitude de le faire. Mais ce n'était pas le cas et l'homme ne se braqua pas, il se contenta de prononcer un "d'accord" qui rassura Esther et de déposer un baiser sur son front qui lui tira un sourire. Elle aimait les gestes de tendresse de son mari. Ils en avaient depuis toujours, mais forcément ces derniers temps c'était quand même un peu plus compliqué. Esther avait cru perdre complètement son mari, elle avait cru qu'ils allaient définitivement se perdre parce qu'ils avaient perdu leur fille. Mais ils parvenaient à se retrouver, parce qu'ils s'étaient dit les choses à coeur ouvert et parce que Esther avait conscience que Bradley faisait énormément d'effort. Encore maintenant d'ailleurs, la sorcière ne pouvait que se rendre compte de tous les efforts que son époux faisait à son sujet.

Déjà, il acceptait qu'elle vienne à ses côtés, ce qui n'était pas rien. Son époux aurait pu refuser catégoriquement, la laisser de côté dans le but de la protéger. Pas forcément parce qu'il ne voulait pas l'impliquer, mais justement parce qu'il ne voulait pas qu'elle s'enfonce un peu plus. Mais maintenant il le savait, il ne fallait pas complètement la maintenir à l'écart. Et Esther ne pouvait que constater vraiment tout ce qu'il faisait pour elle, elle ne pourrait que l'en remercier énormément d'ailleurs. La sorcière afficha un nouveau léger sourire, quand son époux prit la peine de lui préciser qu'il allait avoir besoin de lui à ses côtés. Encore une fois, Esther ne pouvait que se rendre compte des efforts de son époux, ce dernier ne lui aurait pas dit avant qu'il avait besoin d'elle à ses côtés. Ce n'était pas facile tout cela, ils vivaient quand même un moment particulièrement difficile, ils ne savaient pas comment ils allaient s'en sortir. Mais au moins... ils étaient ensemble.

"Je serais là à tes côtés." Dit-elle en déposant une main sur la joue de son époux, afin de rendre ses propos encore plus forts. Elle ne voulait pas qu'il doute du fait qu'elle soit là à ses côtés, même si ce n'était vraiment pas évident tous ce qu'ils devaient traverser. "Je sais que je ne dois pas penser comme ça..." Reprit-elle, hésitante. Mais elle ne devait rien cacher à son époux, elle ne devait plus rien cacher. "Mais... j'aimerais tellement qu'elle soit encore en vie."

Ce qu'elle ne devait pas penser, parce que c'était impossible. Mais en même temps, elle ne pouvait pas ignorer cet espoir qui était né en elle.

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L'espoir fait vivre !

U

n fin et tendre sourire étira les lèvres de Bradley quand Esther lui assura qu'elle serait là, à ses côtés, comme il en avait tant besoin. C'étaient des mots qui semblaient couler de source, quelque part, et qui pourtant avaient leur importance. Pendant longtemps, Bradley s'était imaginé que la question ne se posait pas : il serait toujours là pour Esther et Esther serait toujours là pour lui, parce que c'était la chose la plus naturelle au monde pour eux, parce qu'ils s'aimaient à la folie, parce qu'ils ne pouvaient pas vivre l'un sans l'autre. Pourtant, leur couple avait été au bord de la rupture, et il s'en était fallu de peu, sans doute, pour qu'ils se séparent pour de bon en dépit de la morale, de leur image si importante, de ce qu'ils éprouvaient l'un pour l'autre. Bradley avait encore beaucoup à faire et à apprendre de ce point de vue, c'est une certitude, mais au moins, il assimilait cette leçon de la plus haute importante.

Ce n'était pas tout que de penser les choses, il fallait se les dire. Les mots avaient une valeur, un impact, un intérêt. Et tout allait mieux, depuis qu'ils se parlaient, depuis qu'ils communiquaient, même si leur situation était loin encore d'être sereine... Parce qu'il restait une fissure, une vraie, qu'il était impossible de colmater convenablement... La seule façon de la réparer serait que leur fille leur revienne. Mais évidemment, rien n'était jamais si simple. Ni ne pourrait jamais l'être.

-Moi aussi...,
admit doucement Bradley quand son épouse lui confia qu'elle voudrait vraiment que sa fille soit encore en vie, qu'elle soit en pleine disposition de ses moyens, son âme intègre et préservée...

En effet, ils ne devraient pas le dire ni le penser. D'une part parce que c'était caresser du bout des doigts un rêve impossible, et qui ne saurait que les rendre malheureux l'un et l'autre. D'autre part parce que Pomona restait une criminelle aux yeux de la loi et de la communauté sorcière, et qu'en toute logique, ils devraient avoir mieux à faire que d'espérer la survie d'un assassin notoire... Il n'y a pas si longtemps, Bradley aurait répondu sèchement à Esther de ne pas raisonner ainsi, que Pomona était morte et qu'il ne servait à rien de vouloir son retour. Mais il n'était pas tant d'être pondérés et rationnels. Ils étaient deux parents malheureux, qui ne réussissaient pas à faire le deuil d'une enfant qu'ils n'avaient pas réussi à aimer convenablement quand il était encore temps. La douleur était égoïste. Bradley regrettait d'avoir perdu sa fille, il regrettait plus encore de n'avoir su adopter le bon comportement avec elle quand il était encore temps.

-J'y pense tout le temps, reconnut-il, toujours plus sincère qu'il n'avait eu tendance à l'être ces derniers temps. A tout ce que je lui dirais si, miraculeusement, elle revenait de nulle part... Il marqua une pause. Mais il faut qu'on reste... lucides.

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L'espoir fait vivre !

Esther prenait un risque en soit de dire aussi directement qu’elle espérait que sa fille soit encore en vie, qu’elle aimerait tellement qu’elle soit encore en pleine possession de son âme et que cet article ne racontait pas à ce point des bobards. Elle prenait un risque et elle avait craint une seconde la réaction de Bradley, parce que ce dernier – même si ce serait surement pour la protéger d’une trop grande souffrance – pourrait tout simplement lui rétorquer qu’elle devait arrêter de penser ainsi, qu’elle devait se résonner. Ce qu’elle tentait de faire, sans y parvenir. Mais non, Bradley ne répondit pas ainsi et Esther ne put que constater encore une fois à quel point son époux avait décidé de lui parler plus profondément. Ils ne se cachaient rien normalement, mais depuis la mort de Pomona, ils avaient eu tendance à ne pas se comprendre. Bradley avait eu envie de la protéger en se montrant parfois trop dur, alors que ce dont Esther avait besoin, c’était qu’il lui dise franchement ce qu’il avait sur le cœur.

Ce qu’il faisait. La sorcière appréciait de savoir que son époux espérait aussi au fond que Pomona soit encore en vie et qu’il y pensait tout le temps. Elle se rendait compte à quel point elle avait mal jugé son époux, quand elle n’avait pas pu s’empêcher de se dire qu’il n’était pas du tout affecté par la disparition de leur fille. Ils avaient simplement été incapable de se comprendre. Bradley y pensait tout le temps, comme elle en somme, ce qui n’était pas évident forcément. Comment parvenir à avancer et faire leur deuil dans ces conditions. Ils ne pouvaient tout bonnement pas. Esther baissa son regard quand son époux mentionna tout ce qu’il aurait dit à leur fille si elle revenait de nulle part, tout ce qu’il prendrait la peine de lui exprimer et qu’il n’avait pas pu faire avant qu’elle ne disparaisse. C’était son cas aussi, elle avait tant de chose à lui dire. Ils avaient eu cette déchirure entre eux, qu’elle regrettait amèrement maintenant et elle aimerait pouvoir réparer tout ça. Mais ce n’était pas possible, parce qu’ils devaient rester lucide.

« Oui… » Ce n’était pas parce que Bradley lui confiait plus de chose sur ce qu’il ressentait que les choses allaient changer de la situation. Rien n’enlevait le fait que normalement Pomona était bel et bien en prison, qu’elle avait perdu son âme et qu’ils l’avaient perdu tout simplement. Et surtout, qu’elle restait une criminelle aux yeux de tous. Alors ils devaient rester lucide et ne pas oublier le fait qu’ils avaient perdu leur fille, même s’ils ne pouvaient pas s’empêcher d’espérer le contraire. « J’essaie de le rester. » Décida-t-elle de dire, ne pouvant pas empêcher ses yeux de s’humidifier. Elle n’avait pas besoin de préciser à quel point elle souffrait de l’absence de sa fille, mais elle avait comme envie de le faire. Parce que la communication était rétablie entre elle et son époux et qu’elle se sentait comprise de nouveau. « Parfois… » Elle poussa un soupire. « Quand tu rentres à la maison, je ne peux pas m’empêcher d’espérer que c’est elle qui rentre… »

C’était bête, parce que même si elle était en vie, elle ne rentrerait pas de toute façon.

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L'espoir fait vivre !

R

ester lucide était une nécessité absolue. La mort de Pomona avait eu des conséquences terribles sur la famille Fitz, sur leur relation, sur leur moral, sur leur appréhension de l'avenir, mais ils ne devaient pas rétrograder. Forcément, c'était plutôt tentant que de revenir en arrière, que de se dire qu'il restait un espoir et de s'accrocher à cet espoir en lieu et place d'affronter plus directement la réalité. Bradley ne voulait pas céder à la tentation d'un possible, mais c'était difficile quand on leur mettait sous le nez des preuves, même factices, du fait que leur fille était toujours en vie. Rien que le fait de vouloir faire rouvrir l'enquête qui incriminait Pomona, c'était une invitation à stagner et à ne pas voir la réalité en face et il le savait bien, mais il serait pire encore de se laisser attirer par une quelconque théorie du complot qui voudrait que leur fille soit encore en pleine disposition de ses moyens. Et susceptible de leur revenir, surtout. Non, ce n'était pas le cas, et il fallait qu'ils l'acceptent. Il le fallait, mais ce n'était manifestement pas le cas.

Bradley ne pouvait pas reprocher à Esther de caresser encore le rêve de revoir leur fille, d'avoir parfois l'espoir qu'elle revienne. Il ne le pouvait pas car cela lui arrivait à lui aussi. Dans un premier temps, ça avait été un réflexe, comme un mécanisme de défense, son cerveau, par il ne savait quel tour de passe-passe cognitif, réussissait à lui faire oublier l'espace d'un instant que sa fille était morte et ne lui reviendrait jamais. Le vide qui s'ensuivait était toujours vertigineux... Si cette impression lui était passée, d'autres étaient bien plus tenaces.

-Si Pomona était encore... En vie. En pleine disposition de ses moyens. Pourquoi n'arrivait-il pas à le dire ? En tout cas, il n'y arrivait pas... Et il n'avait pas envie de dire ces mots-là. Ils n'avaient pas besoin de les entendre, ils le savaient. Ou ils croyaient le savoir, en tout cas. Elle ne rentrerait pas ici de toute façon..., soupira Bradley.

Esther le savait, bien sûr, mais c'était aussi ce qui compliquait toute cette situation. Si Pomona était toujours en vie (mais non, il ne fallait pas penser comme ça), elle n'avait de toute évidence pas la moindre envie de les revoir ou d'avoir affaire à eux. Elle avait rayé ses parents de sa vie... et ils étaient les seuls à blâmer pour cela. Il changerait tout dans leurs relations si l'occasion lui en était donné.

-Elle est partie en pensant que je la détestais. En me détestant...

Là encore, c'était un exposé de l'évidence, mais il le disait pour la première fois à voix haute. Et ça lui faisait du mal... encore un mal irréparable, bien sûr.

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Ils ne devaient pas se raccrocher à l’idée que leur fille puisse être encore en vie, ils ne devaient pas laisser ce fin espoir se frayer un chemin dans leurs esprits. Ils ne pouvaient pas non, parce que c’était évident qu’ils tomberaient forcément de haut, de beaucoup trop haut. Pomona était morte et ils devaient rester lucide à ce sujet, même si au fond d’eux, ils ne pouvaient pas complètement nier le fait qu’ils avaient quand même envie qu’elle soit encore en vie.

Mais ce n’était pas parce qu’ils en avaient parfaitement conscience que c’était évident. Il y avait des mécanismes qui faisaient que par moment, même s’ils avaient conscience que Pomona était morte et ne reviendrait pas, ils ne pouvaient pas s’empêcher de la voir dans le visage de quelqu’un, d’espérer qu’elle rentre à la maison par exemple. Il n’y avait pas si longtemps, Esther n’aurait pas envisagé possible de se confier à Bradley sur ce point, mais elle savait qu’il ne servait à rien de cacher ce qu’elle ressentait vraiment. Même si forcément, ce n’était pas une bonne chose et qu’elle devait arrêter d’espérer, d’avoir envie, que sa fille rentre à la maison.

Surtout que ça ne risquerait pas d’arriver. Bradley ne manqua pas de remettre ce détail en perspective en affirmant que même si Pomona était encore en vie – son époux ne termina pas sa phrase, mais Esther savait exactement ce qu’il voulait dire –, elle ne rentrerait pas à la maison. Évidemment, c’était impensable que la jeune femme passe la porte de cette maison l’air de rien, c’était déjà impensable avant qu’elle ne se retrouve enfermé dans la prison. Et cette pensée avait déjà envahi Esther bien avant que sa fille ne meure, quand elle aurait aimé que Pomona repasse le pas de cette porte. Esther poussa un soupire en entendant son époux affirmer que leur fille était partie en pensant qu’il la détestait, en le détestant de son côté. Elle aimerait pouvoir contredire son époux, mais malheureusement ce n’était pas possible.

« Et nous savons tous les deux qu’à aucun moment tu ne l’as détesté. » Lui dit-elle en attrapant sa main dans la sienne.

Esther savait bien qu’elle serait incapable de soulager la peine de son mari, comme elle ne pouvait pas contredire ce qu’il venait de dire. Effectivement, Pomona était morte en pensant que ses parents la détestaient, et en les détestant sans aucun doute d’ailleurs. C’en était horrible à penser, Esther aimerait que Bradley n’y pense pas, mais elle savait que ça n’était pas envisageable. Et en même temps, l’homme se confiait pour la première fois sur ce point avec elle, exprimant pour la première fois ces pensées. Elle avait juste envie de lui prouver que de son côté, elle le soutenait et qu’elle savait parfaitement qu’il aimait leur fille, autant qu’elle l’aimait. Même si elle avait pu… elle avait osé en douter pendant un temps, elle savait que ce n’était pas le cas et elle voulait que son époux en ait bien conscience.

« Malheureusement… ce sont les choses que nous ne serons jamais capables de réparer. C’est pour ça… » Elle poussa un soupire. « C’est pour ça qu’il est difficile d’avancer. »

D’accepter que Pomona soit morte, parce qu’ils auraient tant de chose à lui dire, tant de chose à faire différemment.

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L'espoir fait vivre !

O

ui, ils savaient tous les deux que Bradley n'avait pas détesté sa fille. Ou du moins, ils le savaient maintenant, car Bradley était porté à croire que pendant une période, son épouse avait réellement cru que c'était bel et bien ce qu'il pensait de la chair de leur chair. Non, il ne détestait pas sa fille, mais quelle importance. Ce n'était pas, ce n'était plus Esther qu'il voulait convaincre de cela, pas plus qu'il ne cherchait à en convaincre ceux de son entourage (au contraire, les concernant, Bradley s'arrangeait bien avec la vérité - tant que l'on penserait qu'il avait renié sa fille au plus haut degré, on ne lui demanderait pas de rendre le moindre compte), c'était Pomona qui aurait eu besoin de savoir cela. Est-ce que ça aurait changé quelque chose à leur relation ou à son sort ? Peut-être pas, non, mais il était convaincu que ça aurait changé quelque chose malgré tout, même s'il était incapable de savoir quoi plus exactement. Peu importe, oui, ce qu'il ressentait vraiment, ce qui importait et ne pouvait plus compter, c'était ce qu'il n'avait jamais été capable d'exprimer, et cela représentait tant de choses, en fin de compte ! Il avait été incapable de s'exprimer convenablement, il n'avait pas été capable de dire ce qu'il fallait quand il le fallait. C'était son grand tort, et il n'avait eu de cesse de le répéter, tout en sachant que c'était pourtant la pire chose possible.

C'étaient des choses qu'ils ne seraient pas capables de réparer, non, et il ne fallait pas se raccrocher à l'idée que ça puisse être possible sous le prétexte qu'un bête article de journal était paru que se permettait de disperser une rumeur complètement fausse qui ne devait avoir pour effet que de remuer le couteau dans la plaie, rien de plus, rien de moins. Oui, ils devaient accepter l'idée qu'aucun retour en arrière n'était possible, ils devaient vivre avec leurs nombreux regrets, et avec leurs torts plus nombreux encore.

C'était difficile d'avancer pour cette raison, oui. Non, ce n'était pas seulement difficile. Au fond, c'était certainement impossible. Mais ils n'avaient pas le choix, on ne leur laissait pas le choix. Il fallait qu'ils y parviennent, parce que si Bradley était prêt à vivre avec cette douleur au ventre et ce sentiment de vide, il ne pouvait pas souhaiter la même chose à sa femme. Il voulait qu'ils parviennent à prendre un nouveau départ, pas tant parce qu'ils le méritaient, surtout lui, mais parce qu'il voulait que sa femme soit heureuse, tout simplement.

-Je suppose que c'est le lot de tout le monde ou presque. On ne dit jamais ce qu'on devrait dire tant qu'il est encore tant de le faire. Il se rapprocha de sa femme pour venir la prendre dans ses bras. Je t'aime, n'oublie jamais ça.

C'était une chose qu'il ne lui avait peut-être pas suffisamment dite, et pour la peine, il tenait à se rattraper autant qu'il le pouvait.

-Qu'est-ce que tu dirais de sortir un peu ? Faire un tour dehors ? Je pense que ça nous ferait du bien.

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L'espoir fait vivre !

Est-ce que constater que c’était le lot de tout le monde de ne pas dire ce qu’on devrait dire tant qu’il était encore temps, aidait à aller mieux ? Non, pas du tout. Cela ne changeait rien que d’autres personnes vivent la même chose qu’elle pour Esther, ne pouvait pas changer tout ce qu’elle aurait aimé dire à sa fille avant de la perdre complètement. Tout ce qu’elle aurait dû lui dire au lieu de la laisser partir de cette maison et se préoccuper à ce point de son image, de l’image de sa famille. Comment réussir à accepter sa mort, alors qu’elle avait encore tant de chose sur le cœur ? Esther ne savait pas si elle pourrait continuer à faire bonnes figures bien longtemps, alors que la blessure était encore si ouverte. Il suffisait d’un rien pour lui donner un espoir qui se devait d’être vite étouffé. Un simple article idiot lui donnait cet espoir de la revoir, qu’elle ne devrait pas nourrir, parce qu’elle ne la reverrait jamais. Alors que d’autres vivent la même chose, ça lui faisait une belle jambe.

Mais Esther devait se concentrer sur le soutien de Bradley, qui s’ouvrait beaucoup plus à elle, ce qui lui donnait quand même du baume au cœur. Elle se laissa aller contre lui quand il vint la prendre dans ses bras, avant de lui dire qu’il l’aimait. Esther afficha un sourire, sans réussir à éviter une ombre de tristesse. Elle se promettait de ne plus oublier que Bradley l’aimait, parce qu’elle devait bien avouer que c’était quelque chose qu’elle avait peut-être eu trop tendance à oublier à une époque. Pas forcément parce qu’il ne lui aurait pas suffisamment dit qu’il l’aimait, à une époque ils n’avaient pas forcément besoin de se le dire. Mais aujourd’hui, en effet, ça lui faisait un bien fou.

« C’est gentil de proposer. » Répondit-elle à la demande de Bradley, qui lui proposait de sortir, pensant que ça pourrait leur faire du bien. Mais il y avait évidemment un mais. Esther avait conscience que son époux avait raison, ça serait surement une bonne chose de sortir faire un tour et en soit, ça lui plairait de sortir avec Bradley. Mais en même temps, elle se sentait trop… vide ? Peut-être pas plus que d’habitude depuis que Pomona était morte, mais elle devait bien avouer que cet article avait peut-être causé plus de dommage chez elle qu’elle n’aurait voulu. Esther posa une main sur la joue de son époux, affichant un nouveau sourire triste. « Mais je suis fatiguée, je n’ai pas très envie de sortir. » Fatigué était un mot qui pouvait décrire beaucoup plus de chose que de la fatigue. « Je vais aller me coucher. » Ajouta-t-elle avant de déposer rapidement ses lèvres sur celle de Bradley, comme pour clôturer cette conversation.

Peut-être valait-il mieux qu’elle fasse l’effort de sortir en effet, de prendre l’air et de tenter de penser à autre chose qu’à Pomona. Mais elle n’y parvenait pas, elle n’en avait pas la force.

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