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ill se sentait d'humeur... morose, depuis l'arrestation de Carlotta. Elle y avait été préparée du mieux possible, elles faisaient face à cette éventualité depuis plusieurs mois, et Carlotta l'avait prévenue dès leur rencontre de ses activités qui justifiaient qu'elle fasse régulièrement face  àla justice, mais ce n'est pas pour autant qu'elle se sentait mieux ou rassurée. Bien au contraire, même. Elle en avait appris beaucoup au sujet de la prison d'Azkaban et des détraqueurs, et elle était terriblement inquiète pour son amie. Elle n'avait pas la moindre idée de ce qu'elle vivait, ici et maintenant, de l'état dans lequel elle reviendrait. Et elle culpabilisait bien souvent de dormir dans un lit confortable, de continuer à vivre normalement quand elle-même se retrouvait derrière les barreaux. Carlotta ne lui reprocherait rien, non, elle serait même heureuse de la voir garder la tête haute, mais...

Bref, son amie lui manquait atrocement, c'était aussi simple que ça. Et vivre dans sa maison, sans elle, c'était ressentir un vide épouvantable. Certes, il y avait Warwick, qu'elle avait consenti à héberger le temps que lui-même mène à bien ses propres projets, mais ce n'était pas la même chose. Rien n'égalait - en amitié du moins -, la complicité qu'elles avaient construites... Elle avait besoin de certitudes, de repères...

Et elle comptait beaucoup sur Terrence pour lui en offrir. Sans être pour autant certaine de vraiment pouvoir lui accorder ne serait-ce qu'un millième de sa confiance. Oh, elle l'aimait, et elle était convaincue d'être aimée en retour, mais s'il n'y avait que ça. En attendant, Terrence était toujours officiellement fiancé à une autre, et Will redoutait terriblement de le perdre pour de bon lui aussi.

Cela dit, il est vrai qu'il se mettait en quatre, vraiment, pour la rassurer à ce sujet. Ils passaient le plus clair de leur temps ensemble, et chaque seconde passée avec lui, elle se sentait un peu plus heureuse... avec tout de même cette ombre au tableau qui lui serrait le coeur. Cette nuit, il s'était surpassé. Des feux d'artifices magiques, une soirée exclusivement destinée aux sorciers. Un risque de pris de la part de Terrence, donc, et qui la touchait beaucoup. Le moment était doux et romantique, et le temps de quelques feux dans le ciel, elle avait oublié ses craintes et ses soucis.

-C'était magnifique, répondit sincèrement Will avec un large sourire aux lèvres, collée à son petit ami. Dis, tout ça, c'est pas juste une tentative pour me convaincre de rester dans ton monde, pas vrai ? ajouta-t-elle d'un ton malicieux.

Elle ne le pensait pas. Ceci dit, elle voulait bien reconnaître ça à Terrence : il avait tapé juste. La magie avait des choses merveilleuses à offrir, c'était un fait. Mais elle restait obstinément décidée à rester dans son monde.

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ill n'était pas sûre que Terrence était vraiment sincère, que ce soit envers elle ou bien lui-même quand il affirmait qu'il n'y avait pas dans cette petite soirée ne serait-ce qu'un semblant de désir de la voir céder et rester dans le monde magique avec lui. Et elle pouvait comprendre. Plus elle passait de temps dans le monde magique, plus elle-même se laissait séduire, en dépit de toutes ses réticences initiales. Elle se disait, parfois, qu'elle ne serait pas si mal parmi les sorciers, sans oublier qu'elle s'était, l'air de rien, fait des amis précieux de ce côté de la barrière. Mais elle ne se voyait pas trahir sa résolution pour autant. Car si elle trahissait cette promesse-là, c'étaient ses parents qu'elle trahissait pour de bon, et elle ne le tolérerait pas. Alors non, elle ne changerait pas d'avis, mais elle ne s'offusquait pas de voir Terrence essayer, ou lui donner le sentiment d'essayer. C'était sa vie, c'était ce qu'il avait toujours connu, c'était son identité, c'était normal.

Elle savait que ça n'ôtait rien au fait qu'il avait avant tout et surtout eu envie de lui faire passer une bonne soirée. Et ça avait marché à la perfection. Will avait eu des étoiles plein les yeux, et elle se sentait sincèrement heureuse de passer ce moment privilégié avec Terrence. Il multipliait les occasions de lui prouver qu'il l'aimait, qu'il tenait à elle. Et ça fonctionnait à la perfection. Elle s'en rendait bien compte. Terrence se démenait pour elle, il lui dévoilait une part de lui qu'il n'avait sans doute jamais montré à personne, et ça lui plaisait. Oui, il réussissait à lui faire passer une bonne soirée, il réussissait à lui faire oublier l'absence de Carlotta et le souci qu'elle se faisait pour elle. Elle parvenait même à oublier, de temps à autre, ses parents, son désir de revanche. Oh, ça ne se dissipait jamais longtemps, mais qu'il ait ce pouvoir-là sur elle en disait définitivement long.

-Alors tu as réussi, sur toute la ligne, répondit-elle en lui adressant ce grand sourire qu'il méritait bien qu'elle lui offre, et qu'elle n'avait aucun besoin de forcer tant il lui vint naturellement.

Mais ce sourire devait très vite disparaître de son visage pourtant. Will ne comprit pas tout de suite pourquoi Terrence lui avait si brusquement lâché la main, mais tout devint plus clair quand les parents du jeune homme approchèrent pour la traiter, elle, de tous les noms possibles et imaginables. Rien ne lui était épargné. En un instant, ça y est, elle se rappelait de tout ce qu'elle haïssait tant dans ce monde, dans ces gens... Et Terrence restait là, sa main loin de la sienne, et il ne disait rien. Will fut tentée de répliquer, cinglante, mais elle préféra prendre la fuite, tout simplement. Elle n'avait pas à souffrir ça, c'était hors de question. Elle tourna les talons, sans un regard pour Terrence ou pour ses parents.

Comment pouvait-elle encore faire la même erreur ? Elle s'était trompée sur toute la ligne.

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ill n'avait pas la moindre idée d'où aller ni de quoi faire. Perdue au milieu de la foule, elle n'avait aucune idée de comment quitter cet endroit. C'était Terrence qui l'avait conduite ici en transplanant, mais elle, par ses propres moyens, se retrouvait coincée. Elle n'avait qui plus est pas réellement l'esprit suffisamment clair pour réfléchir posément à une solution valable. Son regard était brouillé de larmes, sa respiration empêchée par des sanglots inarrêtables, elle se sentait oppressée par cette foule sorcière, ce monde auquel elle n'appartenait pas et qu'elle devrait anéantir plutôt que de lui accorder des concessions stupides.

Non mais... à quoi est-ce qu'elle s'attendait, exactement ? Elle se sentait particulièrement stupide. Ce n'était pas comme si elle n'avait pas pu voir le coup venir, et de très loin. Elle avait vu dans quelle sorte de monde évoluait Terrence, elle savait que malgré ses promesses, il restait attaché à son monde, à ses valeurs, à ses familles. Elle s'était surprise à croire à un bête conte de fées. Comme si il suffisait qu'elle fasse son entrée fracassante dans la vie de Terrence pour qu'il lui abandonne tout. Non, bien sûr que les choses ne se passaient pas comme ça dans la vie des gens normaux. La vie de Terrence serait ainsi qu'elle avait été décidée, sans doute avant même sa naissance. Il deviendrait le parfait petit aristocrate inconséquent qu'il était voué à être, marié à une demoiselle convenable, au sang aussi "pur" que le sien, et ensemble, ils auraient une flopée de marmots.

De l'air, elle avait besoin d'air... Elle ne savait pas ce qu'elle allait faire, ce qu'elle allait devenir... mais la réponse était pourtant simple. Elle devait retourner à Londres, reprendre le cours de sa vie moldue, oublier autant que faire se pouvait le monde de la magie. Carlotta n'était plus là, Terrence avait trop peur pour tenir ses engagements envers elle, alors c'était fini. Elle devait admettre ce qui était : elle s'était attaquée à un trop gros morceau pour elle... Tant pis si son coeur en était à jamais brisé, tant pis si elle avait le sentiment qu'elle ne serait plus jamais capable de se sentir heureuse à nouveau. Ainsi en avait décidé le sort. Mais alors que son esprit et elle-même divaguaient sans perspective, elle entendit la voix de Terrence dans son dos. Elle serra les poings et se retourna vers lui. Elle ne devait pas se faire avoir, pas cette fois.

-Tu n'as pas le droit de continuer à me faire ça, Terrence, dit-elle en le toisant d'un regard embrumé de larmes. Retourne avec eux, ajouta-t-elle. Tu n'as plus à t'en faire, je vais disparaître de ta vie. C'est tes parents qui ont raison, je n'ai pas ma place ici. Il est grand temps que je rentre chez moi.

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ill crut que son coeur s'était arrêté de battre un instant au moment d'entendre Terrence lui affirmait qu'elle avait raison. Est-ce qu'il était en train de lui dire qu'il voulait tout arrêter lui aussi ? Est-ce qu'il allait renoncer à la poursuivre cette fois ? Elle avait beau se dire que c'était la seule solution, elle était terrifiée à l'idée qu'il lui dise que c'était fini. Quand c'était elle qui articulait ces mots, elle était capable de les assumer, elle parvenait à passer outre la douleur que cette perspective faisait naître au creux de ses entrailles... Mais quand c'était lui, la blessure était autrement plus profonde, surtout quand il l'articulait en ces termes : elle n'avait pas sa place ici, vraiment ? Certes, le temps passant, il fallait bien qu'elle se fasse une raison à ce sujet, mais les mots n'étaient pas moins éprouvants à entendre. Elle voulait se croire forte, mais elle n'avait définitivement pas les épaules assez solides pour endurer ça. Bien au contraire, elle avait le sentiment qu'elle pourrait s'effondrer au moindre petit coup de vent, et là, c'était d'une bourrasque monumentale, d'une véritable tempête qu'il était question.

Mais, au lieu d'en faire des caisses et de se faire tous les films du monde, Will avait plutôt intérêt à écouter son interlocuteur jusqu'au bout. Heureusement, elle eut le bon ton de ne pas l'interrompre, et c'était tant mieux, car les mots qu'il ajouta déposèrent un baume si efficace sur son coeur que sa colère retomba comme un soufflée. Toujours écouter ce que les gens ont à dire jusqu'au bout, ça devrait être une règle immuable. Car s'il affirmait qu'elle n'avait pas sa place ici, ce qui était vrai, lui non plus, affirmait-il, parce que sa place à lui était avec elle, et c'était tout ce qu'elle avait eu besoin d'entendre.

C'était tout ce qu'elle attendait depuis des mois, que Terrence tienne tête à ses parents, qu'il leur fasse face et décide de ce qu'il voulait pour lui-même. Enfin, il l'avait fait, et Will ne pouvait s'empêcher de se sentir heureuse... un bonheur égoïste, il est vrai, car cette situation avait dû être difficile à vivre pour Terrence. Elle avait beau en avoir conscience, Will avait du mal à ne pas s'en réjouir. C'est que c'était leur avenir qui, soudainement, s'ouvrait devant eux. Avant de dire quoi que ce soit, Will serra Terrence dans ses bras et l'embrassa avec toute la douceur du monde.

-Tu n'imagines pas à quel point ça compte pour moi. Je ne te remercierai jamais assez pour ça. Elle l'embrassa comme elle ne l'avait jamais embrassée, trop heureuse et soulagée de la tournure que prenait la situation. Est-ce que ça va ?

Surtout, est-ce qu'il allait finir par regretter ?

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ill avait peur que Terrence ait des regrets, qu'il considère, rétrospectivement, qu'il n'aurait pas dû faire une chose pareille, qu'il estime que cette situation ne lui convenait pas, ou qu'il était allé trop vite en besogne, mais ces peurs s'estompaient une à une au contact de ses lèvres contre les siennes. C'était bien simple : elle se sentait si bien quand il était à ses côtés ! Elle avait l'impression qu'elle pouvait tout réussir, et ni plus ni moins que soulever des montagnes. Elle avait envie de tout vivre, de tout expérimenter aux côtés de l'homme qui avait changé sa vie du tout au tout, et qui ne cessait jamais de la surprendre de par ses choix et décisions. De toute sa vie, jamais elle ne s'était sentie à ce point aimée, et quand bien même cela la rendait nerveuse, cela la rendait aussi, avant tout et surtout, heureuse.

Quels obstacles pourrait-elle bien être incapable de franchir quand elle avait Terrence, son âme soeur, à ses côtés. C'était bien simple : elle se sentait capable de tout, purement et simplement, et c'était un vrai bonheur que de songer que sa vie, à présent, était ainsi faite. Entendre Terrence lui assurer qu'il allait plus que bien, ressentir qu'il était sincère, et bel et bien prêt à tout pour elle, ça la réconforter. Elle ne pouvait pas douter un seul instant de sa sincérité, en l'occurrence. Elle croyait en lui, comme elle devinait qu'en retour, il croyait en elle. C'était là une sensation infiniment grisante, qui ne pouvait connaître aucune forme de comparaison dans son esprit. Et pour elle aussi, c'était plus que bien.

-Pour moi aussi, c'est un bond dans l'inconnu, tu sais, répondit-elle avec un fin sourire. Un de plus en ce qui la concernait, mais bien différent de tous ceux qu'elle avait connus et expérimentés jusqu'alors. C'était une expérience singulière que de lier si... sérieusement sa vie à celle de quelqu'un d'autre. J'ai envie de faire quelque chose... Elle hésita un instant. Quelque chose qui ne se fait pas, reprit-elle en plongeant son regard dans le sien.

Elle savait bien qu'elle était surtout prise par l'euphorie du moment, mais elle s'en fichait. Son regard était amarré à celui de l'homme pour qui son coeur battait si fort qu'elle se demander s'il n'allait pas finir par s'envoler hors de sa poitrine. Elle l'aimait trop pour ne pas vouloir que ça dure. Elle l'aimait trop pour ne pas vouloir l'inviter aux folies les plus pures. Parce que c'était elle, parce que c'était lui. Parce que c'était eux, et que ça changeait nécessairement tout. Absolument tout.

-Terrence Fern, reprit-elle sans le lâcher des yeux. Est-ce que tu accepterais de m'épouser ?

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