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elania regrettait quelque part que l'été soit arrivée trop vite. Cette année scolaire était passée beaucoup trop vite, et les vacances d'été la contraignaient à des considérations qu'elle pouvait davantage négliger entre les murs de Poudlard. Notamment le fait de devoir fréquenter bien plus souvent son mari qu'à l'ordinaire, chose qu'elle avait été plutôt ravie de laisser derrière elle en prétendant que prendre ses appartements au sein de l'école serait plus pratique et plus stratégique pour elle. Elle n'avait pas forcément fait son année scolaire la plus irréprochable. Elle savait que plusieurs parents d'élèves s'étaient plaints de son comportement (elle irait leur parler directement, elle y comptait bien, on verrait s'ils tiendraient encore le même discours en face à face), mais au final, elle n'avait encaissé aucune forme de blâme. Sans doute que l'agression de la petite Joan avait joué en sa faveur. La direction avait à l'évidence mieux à faire que de gérer le tempérament de son professeur de divination. C'était l'apanage de ceux qui enseignaient cette matière que d'être un peu fantasques dans tous les cas, pas vrai ? Selon elle, oui, en tout cas.

Dès que l'occasion lui en était, Melania faisait au mieux pour échapper à un carcan familial qu'il était tout naturel qu'elle épouse, certes, mais qui n'était plus entièrement à sa convenance. L'attitude de son mari à son égard lui déplaisait de plus en plus, et accuser ses réprimandes devenait particulièrement désagréable pour elle. A plus forte raison qu'il lui refusait trop souvent ce qui pouvait justement la prévenir de s'emporter contre lui. Aujourd'hui, donc, elle s'évadait. Elle quittait la maison, et partait faire quelques emplettes.

Nul n'irait reprocher à un professeur consciencieux de faire un tour chez Fleury & Botts, n'est-ce pas ? Il fallait bien cela, après tout, pour préparer ses cours de l'année à venir, et beaucoup argueraient que ce ne serait pas un moindre luxe, en effet, que de mieux les préparer vu le succès qu'ils rencontraient en temps normal. Elle n'en avait que faire, pour sa part. La divination n'avait rien de rhétorique, Melania était bien placée pour savoir que c'était une chose qui se ressentait avant tout, et pas grand-chose d'autre, mais allez en convaincre les plus fermés d'esprit.

Dans tous les cas, son amour de la lecture ne rendait pas vraiment l'épreuve si difficile, et elle prenait un certain plaisir à se rendre dans cette librairie, dont elle parcourait les rayonnages avec l'habitude de celle qui était une cliente régulière quand elle croisa un visage connu... Un peu trop. Lexie, qui aurait dû épouser Orion. Qui heureusement ne l'avait pas épousée. Il n'avait pas fallu longtemps à Melania pour comprendre que la jeune femme serait un nid à problèmes. Et ce qui avait suivi l'avait prouvé.

-Hepburn, c'est donc ici que tu as atterri. Je ne pensais pas que tu te rabaisserais aux fonctions de simple vendeuse, mais ça en dit long sur toi.

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-A

llons bon, dans mon souvenir, tu es déjà bien inutile mais tu n'étais pas complètement sotte, Lexie, rétorqua Melania de but en blanc quand son interlocutrice chercha à se défendre du mieux qu'elle le pouvait des sous-entendus de celle qi avait bien failli être sa belle-mère.

Une chose était certaine, Melania n'en passait pas par quatre chemins, et elle n'avait clairement aucune intention de le faire, c'était même hors de question. Déjà alors que cette dernière prétendait vouloir épouser son fils, et que tout était arrangé dans ce sens (car en vérité, la volonté de Lexie n'y était pas pour grand-chose), elle se montrait particulièrement déplaisante et acerbe envers elle - car elle estimait que c'était une manière de lui forger le caractère, et il en faudrait, du caractère, pour daigner intégrer la très prestigieuse famille Black. Mais à présent qu'elle voyait l'état de déchéance totale dans lequel était plongée son interlocutrice, il lui devenait évident que la rétractation de Lexie avait été un mal pour un bien. Walburga était une bien meilleure prétendante à la main d'Orion que ne saurait jamais l'être cette charmante idiote.

-Je ne saurais pas même par où commencer tant cette situation reflète l'ampleur de ta déchéance, reprit-elle tout en continuant de la jauger de haut en bas, de bas en haut. Elle affichait un mépris souverain et un dédain évident. Pourquoi prendrait-elle des pincettes auprès de celle qui dorénavant n'était plus rien. Quitte à accepter une vie de sous-fifre, de célibataire sans le sou à la carrière de gamine sans ambition, tu devrais au moins afficher l'humilité qui sied aux personnes de ton espèce, reprit-elle du même ton sec.

Ses paroles étaient humiliantes, et pour cause, c'était bel et bien son intention. Elle ne voulait pas seulement se montrer désagréable, elle tenait bel et bien à la lapider sur la place publique. C'était le prix de sa déchéance, et le seul sort qu'elle méritait au vu des circonstances.

-Merlin soit remercié de nous avoir épargné de te voir apparaître sur notre arbre généalogique, reprit-elle en levant haut les yeux au ciel.

Elle en rajoutait des couches, dans le fond, elle n'éprouvait pas tant d'exaspération à l'adresse de son interlocutrice, mais elle estimait que plus elle accentuait le trait, mieux cela valait. Il était des offenses qui ne pouvaient se payer que d'une seule manière, et celle qui avait été faite aux siens, et à son cercle de famille le plus proche qui plus est, ne pouvait que l'être de cette manière et définitivement d'aucune autre. Ce n'était pas tolérable, ni concevable d'une autre manière, et il était grand temps de le reconnaître. Elle ne prendrait pas de gants, elle ne se montrerait pas sympathique ou conciliante, elle irait jusqu'au bout de sa pensée, et Lexie, elle, devrait seulement faire avec.

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