▬ April & Carlotta ▬
Un dernier pour la route ?

Sortir, voir des gens, avoir une vie sociale active, c'est pas vraiment dans mes cordes. Obtenir mes diplomes et quitter Poudlard, c'est surement le mieux qui me soit arrivé. Plus d'élèves courant partout, plus de profs carrément trop flippants, plus de brouhaha, et SURTOUT plus de chambre commune. En retrouvant le calme de ma chambre, j'ai réalisé à quel point la solitude m'avait manqué. C'est pas que je n'aime pas les gens, mais plutôt que j'adore par dessus tout être seule. Les autres me font peur. J'ai toujours l'impression d'être en position de faiblesse auprès d'autres personnes. Autant dire que du coup l'invitation de Carlotta ne m'a pas tentée immédiatement. Carlotta, c'est ma meilleure amie. Oui je sais, il est curieux de penser qu'une misanthrope comme moi puisse se faire des amis, mais il faut croire que celle-ci n'avait vraiment pas envie de lâcher l'affaire. Il a fallu des mois voire des années pour que Carlotta franchisse ma barrière anti-gens. Au final, je crois que je suis heureuse d'être tombée sur une fille aussi têtue. Sans elle, bon sang je serais vraiment un cas perdu d'avance. Avec elle à mes côtés, il reste un petit espoir de guérir de ma phobie maladive des inconnus. Un espoir de fou.

J'ai d'abord décidé d'y aller parce que j'avais une envie folle de la voir. Puis je me suis dégonflée en me disant que Les Trois Balais allaient être blindés de monde. Puis je me suis forcée à dire à Carlotta que j'y serai parce que je ne voulais pas la laisser tomber. Et puis ensuite j'ai passé tous les jours me séparant de ce rendez-vous dans une espèce d'angoisse maladive, cherchant malgré moi des excuses pour annuler à la dernière minute. Faute de bonne solution, je me suis retrouvée à l'endroit du rendez-vous, quelques minutes en avance. A force d'appréhender la situation, je l'ai anticipée sans le vouloir. Bonne nouvelle : ça me laisse le temps de trouver une table dans un coin, très très loin des gens bruyants. Mauvaise nouvelles : je suis seule à une table, entourée d'inconnus inquiétants, pour de looooongues minutes. Quand Carlotta arrive, je suis une boule de nerfs prête à partir en courant.

« Salut ! Tu ne m'attends pas depuis trop longtemps, j'espère ? » Me salue-t-elle joyeusement.

Que répondre à cela ? Que j'ai envie de vomir sur la table tellement j'ai eu la trouille ? Non. Je ne crois pas que ce soit la bonne solution. Carlotta me trouve probablement déjà trop névrosée au quotidien, pas la peine d'en rajouter une couche. Je tente un sourire. Un sourire...qui ressemble davantage à un rictus, clairement.

« Non non, c'est ma faute, j'étais en avance... » Je répond avec un ton enjoué et légèrement trop aigu pour faire vrai.

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▬ April & Carlotta ▬
Un dernier pour la route ?

Quand Carlotta s'excuse quand même d'être arrivée en retard à notre rendez-vous, alors que je viens de dire que j'étais en avance, je me répète pour la millième fois que je suis une incroyable chanceuse de l'avoir comme amie. N'importe qui m'aurait vue comme une handicapée sociale et un boulet, mais pas elle. Elle lit en moi comme un livre ouvert et tolère toutes mes petites (pas si petites que ça) névroses. Carlotta, c'est mon ange à moi. Un mince vrai sourire remplace mon rictus coincé. Maintenant qu'elle est là, je peux me concentrer uniquement sur elle et oublier tous ces gens autour de nous qui me faisaient si peur y a quelques minutes. Ils n'existent plus. Je suis avec mon amie et elle ne laisserait jamais personne m'embêter. Je souris davantage en apprenant ce qui l'a retenue.

« Je comprends mieux. J'admire que tu fasses ce genre de chose. Moi j'aurais fait un malaise dans une telle masse de gens. » Et c'est peu de le dire.

Surtout que Carlotta n'est pas le genre de fille à se fondre dans la masse. Vu sa tenue, je me doute qu'elle n'y était pas pour se recueillir. Je ne vais pas poser de questions pour le moment, je pense qu'elle m'en parlera quand elle en aura l'envie ou le besoin. Je me contente de la laisser commander nos boissons. Une bieraubeurre...excellent choix. Même si j'aurais probablement demandé quelque chose de plus fort si je m'étais écoutée. Mieux vaut s'en tenir à un degré d'alcool raisonnable pour l'instant. La question de Carlotta m'empêche d'y songer davantage, ce qui est une bonne chose.

« Ah tu n'es pas au courant ? Je suis SORTIE de chez moi. Un exploit. C'est cette fille que je connais bien, elle a tendance à me faire faire des trucs fous. J'peux te dire un secret ? Heureusement que je l'adore, sinon elle me ferait avoir une crise cardiaque. » Je lui fait un clin d'oeil de connivence.

Je me racle la gorge et poursuis.

« Non plus sérieusement, pas grand chose. La semaine a été calme. Et toi ? Tu veux parler de cette fameuse marche ? »

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Un dernier pour la route ?

Je sens que ma réponse, qui était censée avoir une tournure ironique et amusante, a provoqué en mon amie un petit malaise que je regrette immédiatement. Je ne lui en ai jamais voulu de vouloir me faire sortir de ma tanière. Et puis elle n'est pas la première à le faire. Difficile en effet pour moi d'oublier cette crapule de Clyde Hornby qui n'a eu de cette de me bousculer psychologiquement à Poudlard. Je ne lui en tient pas rigueur cela dit, il voulait juste m'aider. Tout comme je n'en veux pas à Carlotta de m'inviter au pub de temps en temps pour me confronter au monde extérieur. Il faut le faire. J'ai beau le savoir, ce n'est jamais aisé. Sans elle, je ne crois pas que j'en serais capable aussi paisiblement. Oui oui, parce que je suis paisible là. C'est vous dire ce que ça donne le reste du temps ! Concentrée, j'écoute ce que me raconte ma meilleure amie.

« Je suis désolée d'apprendre que ça ne s'est pas passé comme tu l'espérais... Mais je te connais, la prochaine marche sera la bonne. » Je réponds en souriant.

Cela dit, je perds un peu de mon sourire lorsqu'elle m'annonce après une courte pause qu'elle souhaite prendre une colocataire. Pourquoi ? Comment ? Et surtout...qui ça ? Quelque part je ne comprends pas ce besoin de partager son espace privé avec une autre personne, mais ce n'est pas ce qui me perturbe le plus. En vérité, je suis un peu jalouse je crois.

« Oh...oui c'est une idée. » Je dis sans grande conviction.

Soudain ma chope de bièraubeurre me semble passionnante et je n'ose plus trop lever mon regard de la mousse qui crépite doucement en libérant les arômes sucrés de vanille et de cannelle. Je ne suis pas du genre à m'engager dans une colocation, alors pourquoi cela m'ennuie-t-il que Carlotta le fasse ? Peut-être parce que dans le fond ça signifie qu'elle a trouvé une personne qui sera plus proche d'elle que moi. Qui lui ressemble davantage. Qui ne craindra pas de partager sa vie quotidienne avec elle. Je mordille légèrement ma lèvre en me sentant stupide. Je réagis comme une enfant qui fait un caprice. Je dois me reprendre.

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Un dernier pour la route ?

Progressivement, je me renfrogne face aux paroles de ma meilleure amie qui n'a pas l'air de comprendre ce qui m'arrive. Je ne vois pas comment lui en vouloir puisque je suis moi-même surprise par mon attitude. Je n'ai même pas envie d'être à la place de cette Will, mais quelque part ça m'ennuie de savoir que Carlotta va être si proche d'elle. Elles vont se voir tous les jours, partager tant de bons moments, parce qu'elles n'ont pas mon handicap social... Et je sais que même si Carlotta est certaine que ça ne changera rien, les choses seront forcément différentes après ça. Je mordille légèrement ma lèvre quand mon amie insiste maladroitement sur le fait que cette idée est " excellente ". Oui, pour elle, c'est probablement le cas.

« Oui oui, je me souviens d'elle... » Je réponds sur un ton un peu désabusé.

Comment l'oublier ? Fascinée par sa rencontre avec une moldue, Carlotta m'avait parlé d'elle en long, en large et en travers. A l'époque, ça m'avait fait sourire et j'avais été heureuse pour elle. Aujourd'hui, je peine à retrouver ce même engouement. Je grimace d'ailleurs un peu quand elle me dit qu'il faudrait absolument que je rencontre cette fameuse Will. Déjà que rencontrer des inconnus ce n'est pas ma tasse de thé, mais une rivale en plus ? Je ne suis pas sûre de pouvoir le supporter sans piquer une crise.

J'ai pourtant honte de mon comportement actuel. Je réagis comme une adolescente qui ne veut pas partager. C'est ridicule, mais j'ai mis tellement de temps à m'ouvrir et à faire confiance à Carlotta qu'à présent je n'imagine pas ma vie sans elle. Et si Will devenait sa nouvelle meilleure amie ? C'est inévitable, elles vont passer plein de bons moments ensemble dont je serai exclue.

« Oui...on verra. » Je réponds en buvant une gorgée de ma boisson.

J'ai vraiment envie de boire quelque chose de plus fort, mais je sais que mon amie déplore ma consommation d'alcool. Je suis pourtant difficile à enivrer, mais je préfère ne pas aggraver la situation en faisant quelque chose qu'elle désapprouve. Contrairement à ce que mon attitude montre, je n'ai aucune envie de me disputer avec Carlotta.

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Un dernier pour la route ?

Je n'ai jamais été très douée pour cacher mes émotions et mes sentiments, probablement à cause de ma phobie sociale, mais avec Carlotta c'est encore plus dur. Elle peut lire en moi comme dans un livre ouvert. Mon malaise doit être palpable et écrit sur mon front en lettres capitales.Je me sens stupide et honteuse pour mon comportement, mais il est un peu tard pour reculer à présent. Quand ma meilleure amie se contente de répondre " ok " je sais que je l'ai déçue. Et je m'en veux d'avoir ruiné sa bonne nouvelle avec mes humeurs de petite fille gâtée. Je soupire quand elle me demande si elle a dit quelque chose qu'il ne fallait pas. Comment peut-elle en déduire que le mal vient d'elle, alors que c'est moi qui fait à nouveau tout de travers ?

« Oui. Enfin non. C'est... » Je soupire encore, le temps de mettre les mots dans le bon ordre dans ma tête. « Vous allez être très proches toutes les deux. »

C'est ça qui m'ennuie. Ce n'est jamais facile d'être un trio. Il y a toujours une personne qui se sent laissée sur la touche, et je sais très bien que le vilain petit canard sera moi. Je suis trop loin d'elles, trop étrange, pas assez sociable. Je bois une gorgée de ma boisson avant de poursuivre sur un ton un peu penaud.

« Je suis sûre que cette Will est géniale. Bien meilleure que moi d'ailleurs... »

Il y a en effet des chances pour que cette fille convienne mieux à Carlotta que moi. Elles doivent être assez similaires de caractère et elles vont passer de très bons moments dans leur petit appartement, pendant que moi je nourrirai ma phobie, seule sous ma couette. Ce n'est même pas contre mon amie que je suis fâchée mais contre moi-même. Tout serait plus simple si je n'avais pas autant de mal avec les gens. Mais c'est comme ça. Carlotta est la seule qui ai su gagner ma confiance et je sens que si je la perd, je n'aurai plus rien au monde. C'est triste de penser cela, mais malheureusement ce n'est pas si loin de la vérité me concernant. Je l'aime vraiment beaucoup. Et cette Will...me la vole. C'est ce que je ressens. C'est idiot, je sais. Mais je ne peux pas étouffer cette impression.

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▬ April & Carlotta ▬
Un dernier pour la route ?

Et voilà, les deux pieds dans le plat. A force de ne jamais passer de temps avec des gens, j'en oublie rapidement comment me conduire convenablement avec eux et j'ai encore fait une gaffe sans le vouloir. J'aimerais pouvoir me gifler pour avoir froissé Carlotta. Qu'est-ce-qui cloche chez moi ? Pourquoi je ne peux pas être comme les autres ? Tout serait beaucoup plus simple, assurément. Je sens bien que j'ai énervé mon amie, et je ne lui en veut pas de réagir de la sorte. J'ai encore gagné le gros lot en faisant ma jalouse possessive. Après tout, si Carlotta passe plus de temps avec cette Will et se met à la préférer, il faudra bien que je m'y fasse car c'est son droit. Cela ne voudra pas dire qu'elle ne m'aime plus. Et puis...dans le fond...est-ce-que je ne devrais pas l'encourager à avoir des relations plus saines ? Avec des gens plus sains ? Probablement que si. Aussi douloureuse que soit la vérité, je dois l'accepter.

« Non, bien sûr que non... Tu sais bien que je ne souhaiterais ce genre de chose à personne. »

Et je le pense sincèrement. Je ne voudrais en aucun cas que quelqu'un d'autre vive ce que je vis au quotidien. C'est handicapant, pesant et humiliant. Si j'en venais à souhaiter ça pour ma meilleure amie, je serais vraiment bonne à enfermer. Je dois rattraper le coup. Peut-être qu'en expliquant ce que je ressens à Carlotta, elle comprendra et ne m'en voudra plus ? Ca vaut le coup. Après tout, je ne m'ouvre jamais à personne à part elle. C'est l'occasion de le prouver.

« Excuse moi, je ne voulais pas gâcher ta joie. C'est juste que...moi je n'ai que toi. Et j'ai peur que tu passes plus de temps avec elle et te rende compte que je suis moins intéressante... Tu sais, à cause de ma phobie. » J'explique, penaude.

Mon regard s'est vissé sur mon verre avec embarras. Je suis ridicule et stupide d'avoir pensé une chose pareille. Carlotta n'est pas comme ça, jamais elle ne me laisserais sur le banc de touche pour aller s'éclater avec sa nouvelle amie. Elle a fait bien trop d'efforts pour entrer dans mon cœur. Je ne la voit pas en sortir sur un coup de tête. C'est juste moi qui ai toutes ces failles. Je ne manque même pas de confiance en elle. C'est en moi que je n'ai pas confiance. En mes capacités à être agréable à côtoyer. Dans mon esprit, il est logique que quelqu'un veuille me fuir et c'est ce genre de pensée que je dois apprendre à éliminer.

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▬ April & Carlotta ▬
Un dernier pour la route ?

La réaction de mon amie est plus que légitime. Elle a le droit d'être déçue par mon attitude et mon manque de confiance. Je m'en veux d'être ce genre de personne qui a tout le temps besoin d'être rassurée. J'adorerais être pleine de confiance, n'en avoir rien à faire de ce que pensent les autres, me suffire à moi-même. Ce n'est évidemment pas un changement qui s'opère en une journée, mais je devrais essayer d'y travailler un peu régulièrement. De toute évidence, notre moment de détente entre amies a mal débuté et il ne tient qu'à moi d'arranger les choses avant que tout ne soit officiellement ruiné. Je ne veux pas rentrer chez moi le cœur lourd avec le sentiment d'avoir fait de la peine à Carlotta.

« Bien sûr que je le sais...excuse moi. Je ne devrais pas douter, c'est stupide. Ce qu'il y a entre nous est spécial et je sais que tu n'es pas du genre à me laisser tomber. Tout comme tu sais que je serai toujours là pour toi. » Je réponds, penaude.

Je soupire, vraiment mal à l'aise. Pourquoi je suis si jalouse ? Pourquoi je ne peux pas être heureuse pour elle ? Elle va vivre avec une fille cool, qui la respectera et qui la fera sourire. Je devrais me réjouir. Et d'ailleurs, c'est ce que je vais faire ! Étouffant la pointe d’amertume dans mon cœur, je fais un petit sourire.

« Je SUIS contente pour toi, vraiment je t'assure. Tu sais comment je fonctionne, ça m'angoisse au début mais je vais m'y faire. C'est une simple question d'ajustement. »

Je ne sais pas encore comment je vais m'y ajuster, mais il faudra bien que je le fasse. Carlotta a toujours été là pour moi, mes pires travers ne l'ont jamais repoussée, elle m'a soutenue quand personne ne voulait le faire. Aujourd'hui, c'est à moi de lui rendre une partie de toute cette bonté dont elle a fait preuve. Ca commence par là, en acceptant qu'elle puisse apprécier d'autres gens, sans me sentir menacée. Ce que nous avons, personne ne pourra l'égaler ni le remplacer. Je dois en rester convaincue.

« Tu me pardonne ? » Je murmure en me mordillant la lèvre nerveusement.

La connaissant, je doute qu'elle refuse. Mon amie n'est pas spécialement rancunière. Enfin en tout cas, elle ne l'a jamais été avec moi et pourtant je lui en ai fait voir de toutes les couleurs au fil des années.

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▬ April & Carlotta ▬
Un dernier pour la route ?

Un vague de soulagement déferle sur mon cœur quand la main de mon amie attrape la mienne avec douceur et que ses paroles m'assurent qu'il n'y a rien à pardonner dans la manière dont je me suis conduite avec elle. Je sais bien que ce n'est pas vrai, que j'ai abusé ce soir, mais c'est cela aussi la beauté de notre amitié. Pouvoir accepter mutuellement nos défauts, car ils font partie de ce que nous sommes, de ce que nous avons appris à aimer malgré tout l'une chez l'autre. Un mince sourire étire mes lèvres. Je suis sincèrement heureuse de voir que Carlotta est toujours la même, que cette nouvelle relation avec Will n'a rien changé entre nous. Je n'aurais pas supporté de la voir s'éloigner de moi. Ses paroles coulent de source et pourtant je n'avais pas réussi à m'en convaincre avant de dire des bêtises.

« Je sais bien que c'est ce que je devrais toujours faire... Mais je suis tellement émotive parfois que je ne réfléchis pas. J'essayerai de t'en parler la prochaine fois que j'aurai quelque chose sur le cœur. C'est promis. » J'affirme.

Peut-être que je ne devrais pas faire de promesse que je ne suis pas certaine de pouvoir tenir. Ceci dit, j'ai promis d'essayer, pas de réussir. Ça, j'en suis capable. Ce n'est pas la bonne volonté qui me fait défaut, mais tout le reste. Pensive, je termine ma bièraubeurre. Je pense que je vais avoir besoin d'un autre verre pour noyer les résidus de mon angoisse infondée. D'un coup d’œil, j'avise le verre de ma meilleure amie qui est également vide. Un nouveau sourire se dessine sur mon visage.

« Un dernier pour la route ? » Je propose.

Après ce que j'ai fait, après tout, je peux bien faire resservir Carlotta à mon compte. J'ai les finances pour. Il faut dire aussi qu'il est rare que je dépense mes économies autrement qu'en nourriture, boisson ou loyer. C'est pas comme si j'étais le genre de fille à faire du shopping intensif dans des boutiques pleines à craquer ou à financer des voyages aventureux. Du moment que j'ai un appartement confortable et de quoi survivre, je suis bien. Cependant, je dois bien avouer que ma garde-robe commence à se faire vieille, ce qui me fait penser à une idée pour arranger les choses avec Carlotta. Bon, ça va me coûter - dans tous les sens du terme - mais je suis prête à faire un effort pour elle.

« Tu sais...ma garde-robe pourrait être rafraîchie. Et si on faisait une sortie shopping avec cette Will ? Ce serait l'occasion de la rencontrer. »

Je n'arrive pas à croire que je propose ça. J'ai du tomber sur la tête à un moment. Ou alors c'est que j'aime vraiment beaucoup trop Carlotta pour mon propre bien.

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