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ne question aussi simple, techniquement, que "tu vas bien ?" ne l'était plus tant quand on se retrouvait dans la situation qui était celle des voyageurs. Elle n'avait jamais été très enviable il est vrai, mais les récents événements n'avaient absolument rien arrangé, c'est certain. Alors Luna se doutait bien que la question de Harry n'était pas innocente et qu'il se posait réellement la question. En même temps, c'était normal, même si Luna avait le droit d'aller et venir ici comme elle le voulait, il était évident qu'elle ne pouvait pas se le permettre constamment non plus... Ce serait trop dangereux, pour elle autant que pour eux, alors elle devait peut-être avoir de bonnes raisons d'être là. Ce qui au fond était vrai, puisque les raisons de sa présence n'étaient pas totalement innocentes. Certes, ses amis lui avaient manqué et elle était avant tout heureuse de pouvoir être avec eux, de pouvoir leur parler et de savourer le fait qu'ils étaient bel et bien vivants (même si elle le savait depuis un moment maintenant, elle restait marquée par le sentiment de vide qu'elle avait ressenti en croyant les avoir perdus pour toujours). Mais en l'occurrence, elle avait une idée précise à l'esprit.

-Je vais bien, répondit-elle avec franchise. Et en effet, elle se portait très bien. Elle avait été mieux déjà, sans doute, mais en même temps, elle n'avait vraiment aucune raison de s'en plaindre. C'est gentil de t'inquiéter.

C'était dit sans amertume ni ironie, comme d'autres ne seraient sans doute capables de prononcer cette phrase que de cette manière. C'était dit avec toute la sincérité du monde, parce que c'était ce qu'elle pensait, tout simplement. Oui, elle appréciait que Harry s'inquiète sincèrement pour elle, pas parce qu'elle aimait le voir se faire du mouron, non, mais parce que ça prouvait bien qu'il tenait à elle, et elle accordait une immense valeur à tous les témoignages d'amitié qu'on pouvait bien lui adresser. Ils lui étaient tous précieux. Elle enchaîna ensuite, parce qu'elle se doutait que le jeune homme s'interrogeait sur les raisons de sa présence.

-J'avais envie de venir vous voir. Ce qui était la pure vérité. Elle devait quand même bien admettre qu'elle éprouvait une certaine frustration, qui ne disparaissait pas franchement, à l'idée d'être loin d'eux tous quand ils continuaient leur combat de leur côté. Bien sûr, personne n'avait l'intention de la tenir à l'écart, et elle le savait parfaitement, mais tout de même. Comme c'est bientôt la fin de l'année...

Elle ne pensait pas avoir besoin de se montrer plus explicite. Il comprendrait forcément ce que ça signifiait. de son côté. La fin de l'année, scolaire du moins, signifiait qu'ils disposaient d'une nouvelle occasion de rentrer chez eux. Et même s'il semblait évident qu'ils n'avaient pas l'intention de la saisir...

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una esquissa un léger sourire quand son interlocuteur lui fit remarquer qu'ils feraient mieux d'avoir une conversation sur l'approche de la fin de l'année scolaire et ce qu'elle impliquait pour eux en présence de tous les autres. Bien sûr, elle était du même avis, et elle ne pouvait certainement pas contredire Harry. Elle avait été de l'autre côté de la barrière, l'année précédente, de ceux qui ne savaient pas qu'ils auraient pu rentrer, à qui on avait imposé un choix... Et elle n'avait pas la moindre envie de revivre ça, de même qu'elle se doutait du fait que tous les autres voyageurs ne le voulaient pas davantage. La jeune femme devinaitque Harry ne voulait pas réitérer la même erreur... peut-être en partie parce qu'il ne voulait pas prendre le risque de perdre Ginny à nouveau.

Au fond, elle estimait qu'ils étaient tous du même avis, et qu'ils seraient tous d'accord avec le fait qu'il était trop tard pour s'en aller, mais il était très important qu'ils en discutent. En effet, ils devaient bel et bien le faire tous ensemble... Mais elle avait au moins envie de s'assurer que Harry avait dans l'intention de rester... ça la rassurerait. Car quoi qu'il advienne, l'opinion de Harry avait une immense influence sur tous les autres. Et elle, alors qu'ils entamaient à peine cette discussion, réalisait à quel point elle tenait à rester... même si tout cela ne pouvait bien évidement mener nulle part quoi qu'il en soit.

-Je sais, dit-elle doucement, mais avec tout de même l'intention d'insister. Mais toi... qu'est-ce que tu en penses ?

Elle ne voulait pas paraître trop pressante, mais elle était bien incapable de ne pas l'interroger davantage sur ses intentions, sur le fond de sa pensée... Elle n'avait jamais eu d'incertitudes... Elle avait la certitude que certaines choses étaient incertaines, oui, et elle savait remettre ce qui se devait de l'être en question, mais elle pensait au moins être au clair avec ses pensées et avec ses convictions. Plus maintenant. Parce qu'elle ne savait pas ce qu'elle pensait ni de quoi elle était convaincue précisément... si ce n'est que perdre Adrian, retourner à son époque... ça lui arracherait le coeur, et cette perspective lui paraissait finalement plus douloureuse que celle de ne plus jamais revoir son père.

Elle avait besoin de se confier, elle avait besoin de se rassurer... Et en même temps, elle savait que Harry n'y comprendrait rien, et que ça ne servirait à rien dans tous les cas. Le simple fait de parler, dans tous les cas, lui faisait du bien. Le simple fait de pouvoir profiter de la compagnie de Harry lui faisait du bien. Certaines choses devaient être dites au groupe, mais elle appréciait tout de même de pouvoir parler avec chacun individuellement.

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una ne pouvait pas forcer Harry à lui donner une réponse directe et immédiate, elle comprenait sa prudence au vu de ce qui s'était passé l'année d'avant, mais elle ne lui demandait pas de prendre une décision, en l'occurrence, juste de lui donner son opinion. Et finalement, Harry accepta de délivrer son impression sur la situation. Et sa réponse n'avait en réalité rien d'inattendue. Les mots qu'il prononçait, elle s'était attendue à les entendre de sa part, elle avait simplement espéré qu'il les prononcerait. Savoir cela, ça ne changeait pas grand-chose, mais le léger soulagement qu'elle éprouvait en disait tout de même long sur ce qu'elle ressentait précisément concernant la situation.

Il ressentait comme un goût d'inachevé. Luna le comprenait sans mal, elle pensait la même chose. L'année supplémentaire que Hermione et Harry avaient décidé de leur accorder dans leur coin ne les avait amenés nulle part. Un goût d'inachevé, oui, et l'impression d'avoir stagné. Est-ce que c'était complètement le cas ? Non, peut-être pas, mais il est vrai que leur situation actuelle ne leur offrait pas spécialement de penser d'une autre manière. C'est certain, s'ils laissaient uniquement dépendre leur retour dans leur époque de leur succès face à Jedusor, il était assez évident qu'ils ne pouvaient pas partir tout de suite. Et elle était convaincue qu'ils penseraient tous de la même manière, y compris les plus retors, y compris Ginny. Y compris elle.

Est-ce que c'était cruel envers son père que d'éprouver un si grand soulagement à l'idée de ne pas avoir tout de suite à repartir, à le retrouver, alors même qu'ils ne s'étaient pas vus depuis très longtemps ? Oui, c'était cruel, sans doute, mais au moins, elle savait d'autant mieux comment elle se situait dans sa relation avec Adrian. Et elle savait de plus en plus à quel point elle tenait à lui en fin de compte. Même si ça ne mènerait malgré tout nulle part... Et ce constat se verrait sévèrement imposé à elle plus tôt qu'elle ne saurait le dire. Elle hocha donc la tête, tout en affichant un doux sourire qui se voulait entièrement encourageant à l'adresse de son interlocuteur.

-Je suis d'accord.

Elle ne voulait pas donner le sentiment d'être trop enthousiaste, mais il lui fallait bel et bien constater que c'était ce qu'elle était malgré tout, et ça en disait forcément très long, sur elle-même et sur la situation.

-Et tout le monde sera d'accord.

Elle sentait que Harry devait avoir le sentiment de marcher sur des oeufs... Mais il ne devrait pas être si inquiet, il faisait les choses de la bonne manière, voilà tout. Et c'était tout ce qu'on lui reprochait la dernière fois, pas d'avoir décidé de rester, mais de l'avoir fait sans les consulter.

-On est aussi concernés que toi, tu sais. Fais-nous confiance.

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una afficha un fin sourire quand Harry lui assura qu'il lui faisait confiance, qu'il leur faisait confiance à tous. En cet instant, elle était tout bonnement convaincue de sa sincérité... même si tout ça n'avait pas été évident une seule seconde. Oui, ça aurait dû l'être depuis le début, mais ça n'avait pas été le cas. A présent, ils s'étaient prouvé qu'ils pouvaient compter les uns sur les autres, qu'ils étaient dans le même bateau. Et donc, il était important qu'ils s'en souviennent, et ne l'oublient surtout pas. C'était en se rappelant qu'ils étaient unis qu'ils iraient loin et qu'ils accompliraient leur objectif.

Ainsi et pas autrement, sans l'ombre d'un doute. Alors oui, s'il fallait un an de plus, ils attendraient un an de plus... et pour la peine, Luna le vivait plutôt sereinement. Un peu trop sereinement, à la réalité. La jeune femme voulut répondre quelque chose, mais Harry la prit de court quand il lui demanda s'il n'était pas trop douloureux à ses yeux de devoir attendre avant que de revoir son père.

-Il me manque... énormément, admit Luna en baissant les yeux.

Et c'était le cas. Evidemment que la situation allait être difficile pour elle, évidemment qu'elle avait envie de retrouver son père, évidemment qu'il lui manquait terriblement... mais en même temps, elle avait autant envie de le revoir qu'elle appréhendait le moment où ce cas de figure se produirait bel et bien. La jeune femme se sentait, à vrai dire, perdue vis-à-vis de cette situation. Et pour elle, cette année de répit était quelque part une échappatoire, une respiration.

Douze mois au cours desquels elle n'aurait aucun besoin de s'interroger sur ce qu'elle devait faire, sur la suite. Où elle pourrait encore profiter du fait d'être aux côtés du garçon qu'elle aimait, sans pour autant perdre de vue leur objectif définitif. Ne lui en déplaise, la priorité n'était pas de retrouver son père ou de filer le parfait amour avec Adrian : la priorité était de débarrasser le monde de la menace que représentait Lord Voldemort. Le reste avait une moindre importance, le reste pouvait bien attendre.

-Mais... je sais qu'il y a plus important... Et puis... enfin, ce n'est pas si mal, ici...

Elle ne savait pas si elle avait vraiment raison d'articuler cette réflexion précise, en réalité. Elle songeait que c'était sans doute un tort de sa part. Parce qu'il n'y avait techniquement rien dans cette situation dont l'on puisse se réjouir. Mais sans être capable d'admettre la vérité, elle était aussi incapable de la dissimuler complètement. C'était trop important... Et la jeune femme ne supportait pas d'être ainsi malhonnête. Ce n'était pas ce qu'elle voulait. En aucun cas ce qu'elle voulait. Toute cette situation était trop compliquée. Inextricable.

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una se mordilla légèrement la lèvre inférieure quand son interlocuteur observa qu’il ne s’était pas attendu à l’entendre prononcer les mots qu’elle venait de lui adresser. Elle s’en voulait, pas seulement de dissimuler une vérité qui était beaucoup trop lourde pour elle, mais parce qu’elle ne voulait pas donner le sentiment de ne pas prendre toute cette situation au sérieux. Elle savait pertinemment que son caractère pouvait prêter à confusion, donner le sentiment qu’elle était toujours dans les nuages et ne se souciait d’absolument rien. Ce n’était pas le cas. Il y avait des choses qui comptaient réellement pour elle, qui étaient même d’une importance primordiale à ses yeux, et elle se sentait investie dans le combat contre Voldemort, sincèrement. Mais c’était vrai, oui, qu’elle avait mis du temps à se sentir à sa place dans cette époque qui n’était pas la sienne. Pas seulement parce qu’elle se retrouvait loin de son père, mais parce qu’elle avait du mal à assumer l’identité qu’elle avait dû emprunter pour se fondre dans la masse des élèves de Poudlard (dans la mesure où elle était réellement capable de se fondre effectivement dans la masse des élèves de l’école ou dans n’importe quelle masse d’individus).

Maintenant, ce n’était plus pareil, maintenant, même si une partie d’elle continuait de vouloir être Luna, la Luna qui vivait à Loutry-Sainte-Chaspoule, qui se faisait surnommer Loufoca, dont le père était directeur du Chicaneur, et qui avait perdu sa mère trop jeune, une part plus grande encore avait envie de pouvoir être Aulne, de pouvoir l’être pour de vrai, cette fille qui appartenait véritablement à cette période de l’histoire, cette fille qui aurait réellement la possibilité d’y vivre, cette fille qui était autorisée à sortir avec Adrian Goldstein. Mais se bercer d’illusions ne les mènerait nulle part, ça elle en avait malheureusement aussi conscience. Alors oui, c’était normal que Harry ne se soit pas attendu à l’entendre parler ainsi, et quand il lui demanda s’il y avait eu du changement, elle se sentit particulièrement mal à l’aise… Oui, il y avait eu du changement, en effet, un immense changement, un changement qui venait du cœur et contre lequel elle n’avait pas pu lutter en dépit de tous ses efforts (qui peut-être n’avaient pas été si grands que ça) : elle était tombée amoureuse.

-C’est juste…, dit-elle, mal à l’aise. Je me suis attachée à certaines personnes, ici…

Et le verbe « attacher » était trop faible pour réellement exprimer ce qu’elle ressentait, mais mettre un mot plus précis sur ses émotions, ce serait foncer tout droit dans la gueule du loup. Une part d’elle le cherchait sans doute, elle était fatiguée de garder ça pour elle. Luna n’était pas une menteuse, non, elle avait même plutôt la tendance (fâcheuse) à être diablement honnête. Et elle se trouvait en présence d’une des seules personnes en compagnie de laquelle elle pouvait normalement être sincère à cent pour cent. Pourtant, elle ne l’était pas. Elle ne pouvait que s’en prendre à elle-même pour ça.

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una retint un léger soupir en entendant la réponse de son interlocuteur. Il ne comprenait pas, et c'était normal. Comment le pourrait-il alors qu'elle ne lui servait que des semi-vérités. C'était loin de lui ressembler, pourtant, en temps normal, elle était d'une franchise plus que désarmante, et n'hésitait jamais à dévoiler le fond de sa pensée, même si le fond de cette pensée pouvait être singulièrement étonnant voire incompréhensible.

Elle se devait d'être plus honnête, sans doute, Harry le méritait bien, après tout, mais elle n'était pas vraiment fier des aveux qu'elle avait à faire, même si, dans le fond, elle savait qu'elle serait soulagée d'en parler. Ce n'était pas agréable pour elle de faire des cachoteries. Elle avait déjà trop souvent menti dans le but de satisfaire aux attentes et aux circonstances, elle en avait souffert, il était préférable qu'elle change la donne, quitte à ne plus se trouver. Elle hésita tout de même un moment. Oui, elle savait que Harry s'était attaché à certaines personnes de cette époque, tout comme tous les autres voyageurs temporels. Elle s'était fait aussi quelques amis, des personnes qu'elle regretterait de perdre, mais ça n'avait absolument rien à voir. Perdre ces personnes auxquelles elle s'était attachée lui aurait fait un pincement au coeur au moment de partir - si elle pouvait vraiment partir -, mais elle se serait résignée... Là... elle savait qu'il lui faudrait partir dans tous les cas, mais dire adieu à cette époque, c'était dire adieu à son premier amour, que dans tout ce qu'elle possédait d'innocence et de jeunesse, elle estimait également être l'unique, quoi qu'il arrive.

-Je suis tombée amoureuse, dit-elle à toute vitesse, comme on arrache un pansement. Je sais, c'était pas une bonne idée, ajouta-t-elle, ce qui était évident. Je l'ai pas voulu, mais...

Mais voilà, elle l'aimait, elle aimait Adrian Goldstein, de tout son coeur, et elle ne pouvait pas prétendre ne rien ressentir, elle sentait son coeur battre plus fort quand il était là, elle savait qu'elle pensait et souriait d'une autre façon quand elle l'avait à ses côtés. Oui, bien sûr qu'être tombée amoureuse était une très mauvaise idée, mais quand même, c'était arrivé, et elle ne pouvait pas faire comme si de rien n'était. Elle ne le pouvait pas du tout.

C'était une chose contre laquelle elle ne pouvait pas lutter, une chose qui lui était totalement tombée dessus, et elle se disait que son interlocuteur, même s'il serait sans doute surpris, pouvait le comprendre, non ? Après tout, lui aussi était amoureux. Et au regard de sa relation avec Ginny, il devait savoir précisément de quoi il retournait... ou en tout cas être capable de se mettre à sa place. Sauf que Luna savait aussi que sa situation à elle était la seule à être répréhensible.

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a surprise de Harry était évidente, et Luna ne pouvait pas le blâmer de réagir ainsi. En fait, elle trouvait même qu'il réagissait plutôt bien au vu des circonstances. Elle s'était attendue à, peut-être, essuyer des réprimandes, mais de ce qu'elle voyait, Harry était surtout dans l'incapacité de savoir comment réagir. Ce qui était normal. Il n'y avait pas vraiment de bonne ou de mauvaise manière de réagir à cela. Il n'y avait pas de manière tout court, en réalité. Elle avait simplement voulu que son ami le sache, afin de se montrer entièrement transparente.

C'était une vérité qu'elle ne parvenait pas à garder pour elle-même. Elle ne changerait rien pour personne si ce n'est pour elle-même, mais au moins, elle s'assurait que ses amis soient capables de comprendre par quoi elle passait... Elle ne savait pas si ça ferait une grande différence pour eux, mais elle se sentait soulagée d'en parler. Elle sentait un poids quitter ses épaules... Ce même poids ne désertait pas son coeur pour autant, mais du moins se sentait-elle un peu mieux malgré tout. Elle se posait tropde questions, elle se torturait le cerveau et le coeur, il avait été temps que ça change.

Elle se sentit en revanche un peu vexée quand Harry l'interrogea sur le fait qu'elle réalise bien l'impossibilité de cette relation. Elle ne pouvait pas lui en vouloir, mais elle ne voulait pas passer pour naïve malgré tout. Naïve, elle ne l'était pas le moins du monde, ou en tout cas, elle ne pensait pas l'être... pas sur ce sujet-là. Elle n'avait pas cherché à tomber amoureuse, c'était une chose qu'elle n'avait absolument pas voulue. Elle n'avait rien maîtrisé, rien contrôlé, et elle pensait que Harry aussi pouvait le comprendre, puisque lui-même était également amoureux.

Sa chance avait été de jeter son dévolu sur Ginny. Mais il devait connaître, en conséquence, le caractère immuable et irrépressible de tels sentiments, qui allaient bien au-delà de tout le reste. Et en même temps, ce serait hypocrite de reprocher à Harry de la mettre en garde, car si vraiment, elle faisait les choses de façon plus... raisonnée, elle ne serait pas sortie du tout avec Adrian, alors qu'elle avait décidé de vivre sa relation le temps qu'elle durait, même si c'était absurde et voué à l'échec.

-Oui, je le sais. Je ne dis pas ça pour qu'on me trouve des excuses ou pour qu'on me rassure, je le dis parce que c'est vrai. Je sais qu'il faudra partir et que ça va s'arrêter. Je voulais juste que toi tu le saches.

Et maintenant, c'était dit, c'était chose faite. Elle ne voulait pas épiloguer sur la question, elle avait tout simplement souhaité se vider le coeur, et dorénavant, c'était fait.

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una ne savait pas vraiment comment interpréter ce simple "OK", mais d'un autre côté, qu'y avait-il d'autre à dire ? Sans doute pas grand-chose. Harry ne pouvait sûrement que se contenter de prendre connaissance de la situation sans vraiment y réagir. Luna avait besoin du soutien de ses amis, mais elle ne savait pas vraiment sous quel forme ce soutien devait se présenter ou non... ce n'était pas comme s'il s'agissait du genre de situation auquel il était possible de se préparer. Ce n'était pas le cas du tout. Tout ce qu'ils pouvaient faire, c'était... enterrer cette histoire et se focaliser sur leurs objectifs. Mais ce n'était pas comme si Luna pouvait juste enterrer ses sentiments, un point c'est tout. Si elle en parlait, c'était aussi simplement parce qu'elle avait besoin de se confier, parce que Harry comptait parmi ses meilleurs amis, parce qu'elle tenait à lui, tout simplement, comme à tous les voyageurs. Ils étaient unis par un lien très particulier. Et ce lien méritait un peu d'honnêteté, même si cette honnêteté en question lui coûtait un certain effort. Et n'aboutissait pas réellement à un quelconque résultat.

Harry lui posa la question, indiscrète peut-être, mais qui témoignait du fait qu'il ne prenait pas sa situation par-dessus la jambe. Il s'intéressait réellement à ce qu'elle vivait, à ce qu'elle éprouvait. Il s'intéressait vraiment à ce qu'elle avait vécu. Et donc, sa question, ce n'était pas juste une indiscrétion surgie de nulle part, pas aux yeux de la jeune femme, du moins. C'était davantage la question d'un ami, qui s'intéressait à la vie et aux émotions de son amie, tout simplement, ni plus ni moins. Et c'était agréable, indispensable, de pouvoir compter sur de telles amitiés.

-Adrian...

Elle ne répondit que cela et n'en ajouta pas davantage. Et pour cause, elle ne pensait pas qu'elle avait besoin d'en dire plus pour que son interlocuteur comprenne. Son Adrian n'était pas le seul à porter ce nom dans toute l'Angleterre. Pas dit qu'il soit le seul dans tout Poudlard non plus, mais Harry saurait forcément duquel elle voulait parler, parce qu'il avait été... eh bien, littéralement dans sa peau (en espérant que cette information n'allait pas trop le perturber tout de même).

Il allait évidemment comprendre ce qu'il en était, et observer peut-être aussi sous un autre jour la situation complexe dans laquelle elle s'était trouvée pendant l'épisode du polynectar, quand ils étaient tous les deux allés à la rencontre de Norbert Dragonneau. A présent, il avait un nom. Ce nom ne changerait bien évidemment pas grand-chose, mais il était dit, et la jeune femme avait le sentiment qu'on lui retirait définitivement un poids du coeur, et elle était loin, très très loin, d'être insensible à ce constat.

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una pouvait comprendre l'attitude de Harry, et elle serait mal avisée de la lui reprocher. Elle aurait pu lui donner n'importe quel nom, des noms qui ne lui auraient rien dit du tout ou lui auraient parlé à peine, mais Adrian Goldstein n'était pas n'importe qui, y compris pour lui. Non, c'était impossible. Harry avait été dans sa peau, littéralement dans sa peau. Alors comment pourrait-il réagir de façon neutre à la situation ? Il ne le pouvait pas, et il le lui prouva en quelques mots que la jeune femme ne put en aucun cas lui reprocher. Si Luna faisait une grande différence entre le physique d'une personne et ce qu'elle renfermait et n'avait jamais vraiment eu le sentiment de se retrouver en présence d'Adrian quand Harry avait pris du polynectar pour rencontrer Norbert Dragonneau, elle admettait tout de même voir en quoi cette conversation, cette situation, rétrospectivement, pouvait avoir quelque chose d'inconfortable pour son interlocuteur.

A ce sujet, elle s'en voulait, elle s'en voulait vraiment. Parce que la jeune femme était au plus mal, oui, mais ne tenait pas à ce que sa propre situation ait des répercussions sur le jeune homme, et maintenant, c'était le cas. Il ne pourrait pas oublier les révélations qu'elle venait de lui faire. Et par ailleurs, elle ne voulait pas qu'il les oublie. A ses yeux, c'était important, constitutif de qui elle était quand bien même toute cette histoire était finie. Pas vraiment derrière elle, parce que Luna n'oubliait rien, mais bel et bien terminée.

Elle ne sut que faire sinon admettre d'un fin sourire gêné la bizarrerie de la situation. Devrait-elle s'en excuser ? Peut-être bien, mais elle estimait que sur le moment, ils n'avaient pas vraiment eu le choix. Ils avaient besoin de réponses à des questions précises, et le magizoologiste renommé avait été le plus à même de les leur apporter. ce n'était pas une méthode très saine, certes, mais les alternatives n'étaent pas nombreuses. Luna elle-même n'avait pas franchement été la plus à l'aise avec la tournure qu'avaient pris les événements, mais leur situation, qui impliquait des événements plus grands et importants qu'eux-mêmes, suffisait à admettre, selon elle, qu'ils passent outre ce genre de remarques.

A la place, elle répondit à la question de Harry, tout en sachant que le jeune homme avait de bonnes chances de mal le prendre, et là encore, elle aurait bien du mal à le lui reprocher, en vérité, il aurait de bonnes raisons pour cela.

-On est sortis ensemble, accepta-t-elle d'avouer à mi-mots. Elle n'était pas particulièrement fière, loin s'en faut. Elle était même l'inverse de fière, mais elle n'arrivait pas à regretter. Elle avait profondément aimé Adrian, et elle l'aimait toujours, elle devait vivre ça, il fallait qu'elle vive ça. Mais c'est fini. Elle hésita, puis compléta. Il est au courant...

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una encaissait les remarques de Harry le plus dignement possible. La jeune femme était d'un naturel calme et composé, et par la force des choses et de son expérience, elle était habituée à encaisser les remarques déplaisantes, mais pour le coup, elle devait quand même reconnaître que les mots que prononçait son ami avaient tout de même plus de mal à passer. Et pour cause, il n'était pas question d'une situation toute anodine, et aussi, ce n'était pas n'importe qui remettait ainsi en question ses paroles au point de lui serrer un coeur déjà brisé. Elle avait de l'estime et de la considération pour les propos de son ami, elle détestait par conséquent l'idée de le décevoir.

Elle avait fait une connerie, ça elle le savait très bien, elle ne pouvait pas prétendre le contraire, et elle en avait plus que conscience sans qu'on pointe du doigt ses erreurs, nombreuses. Mais voilà, elle devait rendre des comptes, et elle comprenait que Harry ne serait sans doute ni clément, ni compréhensif avec elle, et à nouveau. Elle pouvait comprendre. Ils ne savaient pas combien de temps ils resteraient dans cette époque, et elle n'avait pas la chance, comme la majorité écrasante de ses meilleurs amis, d'avoir trouvé l'amour au sein de leur groupe restreint, mais ce n'était pas une excuse, pas plus que l'isolement qu'elle avait ressenti quand elle avait cru qu'ils avaient tous reçu le baiser du détraqueur. Elle ne voulait pas se trouver des excuses - même si elle en avait quelques-unes, elle voulait juste ne pas perdre l'estime d'un ami qui lui était cher et qu'elle estimait tant. Elle avait besoin qu'il l'écoute et qu'il la croie quand elle exprimait combien elle était désolée, et à quel point elle aurait voulu faire certaines choses différemment.

-Ce n'est pas moi qui lui en ai parlé, répondit Luna, qui se découvrit sur la défensive. En même temps, elle ressentait le besoin de se justifier. C'est sa mère, elle est legilimens, je savais pas qu'elle...

Bon, c'était sans doute la pire excuse du monde, car cela signifiait qu'elle avait en plus du reste rencontré la mère d'Adrian, c'est dire si elle avait pris cette relation au sérieux. Mais il était trop tard.

-Il sait qu'on vient du futur, c'est tout. Enfin... Elle hésita. Sa tante faisait partie des personnes dans la confidence, alors peut-être qu'il en sait plus, maintenant, j'en sais rien. Elle tenta de se défendre. Ce n'est pas comme si notre secret était encore si bien gardé encore.

Ils étaient nombreux à être au courant au-delà de leur cercle restreint et ils le savaient tous les deux. Ceci dit, elle se rendait bien compte qu'elle se montrait encore plus coupable en agissant de la sorte.

-Ecoute, je suis désolée, vraiment, je voulais pas tout ça, je voulais pas...

Elle sentait les larmes lui monter aux yeux.

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una savait que Harry n'était pas toujours le plus doué quand il fallait trouver les gestes ou les mots les plus réconfortants. On soutenait souvent à Luna qu'elle n'était pas mieux dans son genre, même si, pour sa part, elle n'était pas du tout de cet avis. Ceci dit, elle se moquait de la forme, dans le fond, elle se sentait rassurée que Harry la comprenne au moins un peu. Elle avait eu peur qu'il lui en veuille, elle avait vraiment redouté qu'il ne la comprenne pas du tout. Certes, lui aussi était amoureux, il savait ce que cela voulait dire, mais ça ne signifiait pas qu'il le vive mieux pour autant. Oui, Luna avait entièrement conscience de tout cela, mais ça ne l'empêchait pas pour autant de se poser de nombreuses questions et de ne pas être bien fière d'elle.

Elle essuya ses larmes d'un revers de la manche en tentant de se ressaisir. Elle savait bien que se lamenter sur son sort ne servirait à rien, et ce n'était pas du tout ce qu'elle voulait. Malgré tout, ce n'était pas du tout simple pour elle de se faire une raison à ce sujet, loin, très loin de là... Elle savait quelles raisons devaient la pousser à s'éloigner d'Adrian et à ne plus jamais lui adresser la parole, mais cela ne signifiait pas qu'elle n'en souffrait pas, d'une façon ou d'une autre, parce que c'était plus fort qu'elle dans tous les cas. Elle n'avait pas voulu ça, ni souffrir ni faire souffrir, mais c'était trop tard, et elle accusait déjà bien assez douloureusement les conséquences de ses actes. Elle en souffrait très largement, vraiment. Non, elle ne voulait pas tout ça. C'était bien le problème : elle n'avait absolument rien décidé.

-Oui je suis déjà au courant de ça, répondit Luna avec un léger sourire quand Harry résuma les choses très justement, mais d'une manière qui rappelait à Luna à quel point sa situation était dramatique, au fond.

"Il faut que tu passes à autre chose"... Quelle drôle de manière de dire les choses ! Comme si c'était vraiment si simple ! Comme s'il suffisait de le dire pour y parvenir ! Comme si elle avait vraiment le moindre pouvoir sur cette situation ! Mais non, bien au contraire, elle était totalement dépassée par la situation. Elle n'osait pas le confier à Harry, mais elle le savait, elle, que jamais elle ne passerait à autre chose : c'était ainsi, c'était impossible. Elle n'arriverait pas à tourner à la page que représentait Adrian pour elle. Pour d'autres, l'affaire semblerait peut-être simple, mais Luna, elle, se retrouvait dans l'incapacité de ne serait-ce que l'envisager. Non, ce n'était pas possible pour elle, elle n'arrivait pas même à le conceptualiser, à vrai dire.

-Ne t'en fais pas, je ne vous poserai plus de problème, ce n'est pas ce que je veux. Elle sourit comme si c'était Harry qui avait besoin d'être rassuré et non elle. Tout ira bien, Harry.

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