Ignatius savait d’avance qu’il allait regretter de se contenter simplement de suivre sa sœur, qu’il devrait sans doute prendre vraiment la peine de décider par lui-même ce qu’il avait envie de faire. Sauf que décider… ce n’était vraiment pas son truc. De toute façon, s’il avait eu les choses en main, Ignatius serait simplement resté dans son appartement à s’occuper comme il le faisait habituellement – sans doute en travaillant un peu d’ailleurs –, parce qu’il ne voyait pas bien ce qu’il pourrait faire d’autre. Et encore moins maintenant, depuis qu’il avait appris tout ce qu’il avait appris, le jeune homme se sentait de plus en plus perdu. Il ne savait pas ce qu’il avait envie, il ne savait pas ce qu’il pouvait bien faire. Il devait remettre en question toute sa vie et c’était vraiment quelque chose de difficile.

Mais au moins, il pouvait compter sur Agrippine pour le guider et décider à sa place. Même si elle tenait surement à ce qu’il le fasse lui-même, il savait bien qu’elle prenait un grand plaisir à avoir les choses en main, à commander. Donc, il se laissait faire, en ayant conscience qu’elle allait sans doute aller beaucoup trop loin et qu’elle n’allait clairement pas le ménager. Cela dit, c’était peut-être exactement ce dont il avait besoin, qu’on ne le ménage pas trop, qu’on le bouscule. Et pour cela, il était évident que le jeune homme pouvait compter sur Agrippine pour ça. Et s’il n’était pas content, comme elle ne manqua pas de le préciser, il n’avait qu’à prendre les décisions lui-même. Donc, ils allaient sortir, boire et danser et faire tout ce que Agrippine aimait… ça promettait. Boire d’accord, danser c’était déjà quelque chose de beaucoup trop pour Ignatius, mais elle lui laissait quand même une porte de sortie, puisqu’elle précisa que quand il allait en avoir marre, il aura la possibilité de choisir de faire autre chose. Mais pour cela, il faudrait que le jeune homme prenne la décision de faire autre chose, vraiment, qu’il ne se contente pas de laisser sa sœur décider pour tout le monde. En attendant, ce qu’elle attendait de lui donc, c’était qu’il laisse une chance à cet endroit.

« Très bien, je laisse une chance à cet endroit. À toi surtout. » Répondit-il, parce que dans tous les cas, Ignatius avait conscience que s’il n’était pas content, il aurait dû prendre les décisions lui-même. Et au final, il avait vraiment conscience qu’il avait besoin d’être un peu bousculé, qu’il ne pouvait pas juste se contenter de broyer du noir chez lui en ressassant tout ce qu’il avait découvert ces derniers mois. Il allait devoir aller de l’avant, il n’avait pas vraiment d’autre choix et heureusement, il pouvait compter sur sa sœur pour tout ça. « Mais c’est que parce que c’est toi. » Ajouta-t-il simplement.

Parce que c’était vrai, il faisait ce genre d’effort que parce qu’il était question de sa sœur. Mais ils allaient passer une bonne soirée sans doute, ça allait être quelque peu perturbant pour Ignatius de sortir de sa zone de confort, mais il avait besoin de ça. Il avait juste besoin de Agrippine au final.