Depuis deux mois Gidéon s'était remis au sport. Lui, l'épicurien qui préférait profiter des joies de la vie, avait décidé de se trouver un sport plaisant. Ce n'était certainement pas le balai, souvent trop petit pour lui, et lui trop pataud pour le conduire. Non, il s'était mis à courir. il faisait aussi des exercices de musculation chez lui et d'adonnait à l'escalade lorsqu'il le pouvait. Sa raison? se prendre en main car, loin d'être gros, il était plus proche du petit ventre à bière que du mannequin fitness bodybuildé. Il ne voulait pas être grand et gros, et ne pouvait intervenir que su l'un de ces deux aspects. Mais surtout, bien qu'il essayait de ne pas trop y penser, si il avait la moindre chance de séduire cette jeune femme, il fallait qu'il la saisisse.
Et finalement, au bout de deux mois, Gidéon commençait à prendre un réel plaisir à se défouler. Tout s'était accéléré au travail et il avait senti une baisse notable d'énergie avec les heures supplémentaires qu'il avait dû prendre. C'était d'ailleurs également l'une des causes à sa remise en forme. La seconde bonne nouvelle qui en découlait était que Gidéon avait eu trois jours de congés afin de rééquilibrer ses heures de travail.

Il venait donc d'entamer le premier jour en faisant des étirements, puis alla courir. Il mangea ensuite un morceau et se prépara enfin pour son départ.
Elsa était souffrante à ce que sa sœur lui avait dit. Rien de grave mais elle manquerait quelque jours de travail pour se rétablir. Lui n'aimait pas ça, la savoir malade sans avoir plus d'informations et ne pas pouvoir la contacter au risque de paraître pour le gros lourd, pilier de bar collant. Il ne voulait pas qu'elle ait cette image de lui, et...finalement il ne savait pas vraiment ce qu'elle pensait de lui. Et puis après tout, il était trop vieux pour elle et devait la chasser de son esprit!.

A cette pensé, il secoua la tête et continua de se préparer, remplissant sa valise avec minutie...ou presque. Il jeta des vêtements de manière aléatoire dans sa valise, y ajouta une trousse de toilette et hop, le tour était joué.

C'était le moment parfait pour aller voir d'anciens camarades de Poudlard et des amis vivant vers pré-au-lard. Mais surtout, il ferai un premier crochet vers la nouvelle boulangerie Kowalski.

C'est d'ailleurs ce qu'il fit. A peine arrivé dans sa chambre d'hôtel, il posa sa valise, se rafraîchit un coup et sortit rendre visite à une précieuse amie.

Arrivé devant la boulangerie, Gidéon ressentit une vague de fierté et de joie pour Queenie de Jacob. Il resta un court instant, admirant la devanture, avant de céder aux douces odeurs de pains et autres viennoiseries du maître de la pâtisserie.

Gidéon entra donc dans l'établissement, finement décoré, présentant un espace salon de thé à ce qu'il crut voir, et un étalage de brioches, viennoiseries, sucreries et autres appétissantes choses aux formes d'animaux, de créatures et de...machins inventés. C'était original, c'était beau, et surtout, c'était appétissant.
Le jeune homme salua Jacob, et le félicita de ce magnifique projet qu'il avait réalisé avec sa compagne. Et tandis que celui-ci alla chercher Queenie dans l'arrière boutique pour lui signaler la présence d'un très grand jeune homme, Gidéon réfléchissait à ce qu'il pourrait bien acheter.
Il se pencha bas, très bas pour un homme de près de deux mètres, si bien que pour voir les produits les plus bas, il dû s'accroupir. Mais il le fit sans demander on reste, tant il était impressionné par l'esprit créatif du boulanger.

Alors que Qeenie sortait de l'arrière boutique, Gidéon se redressa vivement, lui sourit chaleureusement, s'approchant d'elle.

"Ah Queenie, comment vas tu? c'est une magnifique boulangerie que vous avez là. Toutes mes félicitations à vous deux."

Gidéon salua Queenie avec toute la bienveillance possible. Cette femme était encore plus rayonnante de bonheur que d'habitude. Il était impossible d'être malheureux en sa présence, se dit-il.

Oh bien-sur, il ne l'avait pas vue très souvent puisque cette charmante femme n'était pas restée très longtemps au chaudron baveur, et ils ne s'étaient vus que rarement depuis. Mais elle avait le don de mettre les gens en confiance et la conversation facile.
Gidéon sourit intérieurement sa souvenant de leurs soirées au bar, où il parlait avec elle alors qu'elle faisait le service, quand Elsa n'était pas là, ou même quelque fois parlant aux deux femmes en même temps. Elles étaient plutôt proches de ce qu'il avait constaté. Mais il avait une théorie selon laquelle il était impossible pour quiconque de ne pas apprécier Madame Qeenie... Kowalski.

C'est vrai qu'elle venait de changer de nom puisque son mariage était passé. Le grand homme avait hâte qu'elle lui raconte tout ça, le mariage, la lune de miel, sans y mettre tous les détails non plus, et la boulangerie aussi. Il ne connaissait que très peu Jacob mais sa manière de regarder Qeenie et son talent indéniable pour la boulangerie étaient pour lui des signes que cet homme était manifestement quelqu'un de bien. Il lui en fallait peu, certes, mais c'était surtout le sourire comblé de sa nouvelle amie, qui lui donnait cette petite puce à l'oreille.

"Oh oui, je suis même venu juste pour déguster vos magnifiques créations avec une tasse de thé.

Il sourit avec malice

"Que me conseille tu? Si je m'écoutais je dégusterai tout, mais je dois faire attention à ma ligne, malheureusement. Mais ne t'en fais pas, je reste ici trois jours et je compte bien prendre mes petits déjeuners ici. Je ferai juste un peu plus de sport pour compenser. T'as un peu de temps pour une pause, pour pouvoir papoter, ou tu voudrai que je repasse plus tard peut être?"

Il était vrai qu'en deux mois de sport, Gidéon avait déjà bien affiné sa taille. Il n'avait à la base qu'un petit bidou, rien d'alarmant mais tenait tout de même à être en forme. Mais pour rien au monde il ne refuserait une pâtisserie de la boulangerie de son amie.

Il avait surtout hâte de s'installer avec Qeenie devant une tasse de thé et d'écouter toutes ses péripéties qui lui était arrivées jusqu'à ce jour.

Gidéon pinça légèrement ses lèvres avant de sourire. Il se sentait flâté par la réponse de son Queenie. Il faut dire que son corps lui convenait aussi, mais avec ce qu'il avait en tête, il fallait tout de même faire un effort. Et pour quelle raison d'ailleurs? Pris dans sa dualité intérieure qu'il essayait de faire taire, il avait pris cette décision pour... hé bien pour son bien être, et pour plusieurs raisons qu'il s'était trouvé afin d'éviter la seule vérité acceptable.

"Oh Queenie, tu me flâtes!" Lui répondit-il avec un sourire complice. le jeune homme n'avait jamais réellement eu de souci de poids, jamais trop gros ni trop mince et avec la chance d'avoir un corps relativement bien dessiné naturellement. Et bien qu'il ait un petit ventre, ce n'était en rien une catastrophe. Il l'avait d'ailleurs presque combattu. Mais Gidéon ne serait tout de même jamais un homme trop musclé et focalisé sur son corps. il aimait trop faire des grasses matinées, manger et surtout boire. Le seul souci qu'il avait vraiment eu était sa taille. Très jeune il avait souffert de sa taille. Il était parfois maltraité par des jeunes de son âge, mais plutôt rarement puisqu'ils avaient peur de se battre avec un garçon aussi rand et aussi parce que finalement ce grand garçon était sympa. Ce qui l'avait le plus dérangé était qu'en grandissant aussi vite, il devenait pataud dans ses mouvements et se cognait partout. Encore à son âge, il avait des difficultés à faire certains mouvements. Il était donc très grand mais aussi très maladroit. Cependant il avait depuis longtemps fait la paix avec cette part de lui même, et s'était accepté tel qu'il était.
Ainsi Gidéon n'était pas vraiment mal dans sa peau, mais n'avait pas no plus conscience de tout son potentiel. il était comme il était et rien de particulièrement incroyable, juste lui. Et ça lui convenait généralement.

Le choix était cornélien, mais il se laissa tenter par le pączki, dont il écorcha lamentablement le nom. Il avait haussé les sourcils et sourit en signe d'excuse à sa mauvaise prononciation. Il se doutait que Queenie lui aurait conseillé une superbe découverte visuelle et culinaire. Allant se choisir une place près de la magnifique vitrine décorée, Gidéon se promit d'aller féliciter l'artiste boulanger, créateur de ces gourmandises. Il s'installa donc à une place stratégique, pouvant ainsi laisser dépasses ses longues échasses sur le côté sans risquer de déranger un client au passage. Il avait pris cette habitude lorsque les tables étaient un peu basses pour lui, c'est à dire très souvent.

Heureux de savoir qu'en effet, Queenie allait se joindre à lui pour une pause thé, l'attendit patiemment. Et elle ne tarda pas à arriver avec deux tasses de thé.

Il la remercia, mais avant qu'il n'eut le temps de lui demander comment tout s'était passé pour elle depuis leur dernière rencontre, elle lui posa la même question à son égard.
Un petit peu pris au dépourvu et surpris, il haussa légèrement les sourcils, pinça à nouveau ses lèvres et se remit à sourire.

"Hé bien, pas grand chose pour ma part, on a de nouvelles restrictions au travail suite à diverses tentatives de vol, du coup pas mal d'heures supplémentaires et de paperasses en plus, mais rien d'important. Le chaudron baveur est moins rayonnant sans toi, et les habitués te transmettent le bonjour... Ah et ma petite sœur va bientôt rentrer à Poudlard. "

Il avait finalement beaucoup plus de choses à raconter qu'il ne l'aurait cru. il pencha la tête sur le côté, amusé par ses propos, puis enchaîna.
" Mais et toi alors, raconte! C'était pas trop dur ton départ de Londres? et ton mariage, ta lune de miel, et comment va ton fils?"

Il était sincèrement très curieux d'apprendre à quel point Queenie nageait dans le bonheur. C'était tout ce qu'il pouvait bien lui souhaiter.

Manifestement Quuenie nageait dans le bonheur, ce qui enchanta ce grand gaillard. Il avait l'impression de prendre des nouvelles auprès d'une tante jeune et joyeuse. Le type de tante avec qui on pourrait faire les quatre cent coups, la tata confidente en somme.

Le seul point noir à cette magnifique histoire semblait être Adrian qui vivait une année compliquée. Gidéon qui avait jusqu'ici le visage ouvert, clairement heureux pour son amie, fronça légèrement les sourcils et atténua son sourire. Il ne manquerait pas de demander ce qu'avait vécu Adrian, espérant apprendre qu'il allait mieux. Mais il n'oublierait pas non plus de demander à sa sœur d'essayer de veiller sur lui si il sentait qu'elle pourrait l'aider. Mais tout dépendrait des soucis de ce pauvre garçon.

Il pensait donc à poser sa question suite à l'annonce de Queenie sur son fils, mais elle avait déjà changé de sujet. Manifestement elle ne manquait vraiment pas d'énergie, et ce n'était pas femme à se plaindre, enfin à ce qu'il connaissait d'elle. C'est vrai qu'il la considérait aisément comme une amie malgré leurs rares conversations depuis leur rencontre mais Queenie avait ce don de permettre aux gens de se dévoiler sans filtre, sans chichi, d'être eux même face à une femme qui se montrait à l'écoute, réactive et maternante. Peut être que l'alcool avait un petit peu aidé à délier les langues, qui sait. Mais il se sentait réellement en confiance avec elle.

Elle parla donc de ses anciens collègues et enchaîna sur Elsa. Le visage alors plein de compassion du jeune sorcier se changea. Il allait reprendre le sourire, pensant au personnel du chaudron baveur, mais sa question ciblée principalement sur Elsa lui coupa le sifflet. Tel un jeune adolescent, il haussa instinctivement, réprimant un léger sourire, fuyant le regard de Queenie un dixième de seconde. Il était manifestement intimidé. Mais il se reprit presque immédiatement, se disant qu'elles avaient probablement plus sympathisé toutes les deux qu'elle ne l'aurait fait avec les autres. Il reprit une attitude naturelle, inclinant la tête sur le côté, pinçant rapidement la mâchoire, signe qu'il mettait ses pensées en ordre, puis lui répondit calmement.

-"Tout se passe bien. les vacances d'été ont commencé alors il y a pas mal de travail et tout le monde court partout. Il y a des nouveaux saisonniers qui sont venus aider mais personne d'aussi bien que toi. " il lui fit un sourire complice " Madison a beaucoup de travail en haut et elle doit former deux personnes, c'est très compliqué pour elle, mais tu sais comme elle est, elle s'en sort à merveille."

Puis vint la question de Elsa. Il but une gorgée de son thé avant de répondre

"et...oh ce thé est une pure merveille!! tu y as mis quoi dedans?' Et il reprit naturellement ' Ah et Elsa était pas mal occupée, comme les autres, elle formait aussi de son côté. Madison dit qu'elle est malade mais que c'est rien de grave. Je pense qu'elle a accumulé trop d'heures et qu'elle est à bout de forces. Mais j'espère que ça va aller et que Madison dit vrai."

Il reprit assez vite "Et Adrian, comment va-t il maintenant?" Il espérait passer à un sujet plus simple pour lui que la pente glissante sur laquelle il était, et pensait aussi sincèrement au bien-être de ce jeune sorcier.

Gidéon but une seconde gorgée de ce thé si parfaitement aromatisé, tout en écoutant Queenie lui répondre. Il inclina la tête, acquiesçant, montrant don approbation pour les saveurs de ce doux breuvage. Puis il se figea n court instant, considérant la boulangère. Elle était si rapidement passé de sa réponse sur Elsa à la description de son thé, qu'il n'avait pas tout de suite compris ce qu'elle venait de lui dire auparavant.

Oh oui, il avait remarqué à quel point, à ses yeux, Elsa était exceptionnelle. Il fit un léger mouvement de tête sur le côté, comme pour approuver ses propres pensées, puis il reprit son air dubitatif.  Queenie avait elle bien dit "tu as dû le remarquer" ? aurait-elle compris ses sentiments? Mais en même temps quels étaient réellement ses sentiments? De toute façon il était trop vieux pour elle et ne voulait pas avoir l'air d'un gros lourd. Non, indubitablement il avait dû se tromper et voir un signe qui n'en était pas un.

Il reprit son attention sur la suite des propos de la sorcière et sur l'état d'Adrian. Manifestement ce jeune homme avait été chamboulé cette année. Gidéon n'avait pas conscience de tout cela, pas autant. Il était sincèrement peiné pour ce garçon mais aussi enjoué d'apprendre qu'il allait mieux. Il se jura alors de demander à sa sœur Mary de veiller sur Adrian, à la rentrée. Il ne lui expliquerait pas la situation, mais comptait simplement à ce qu'elle fasse un petit peu plus attention à lui si besoin. Il savait qu'elle serait surtout occupée à veiller sur Suzan, et toute la famille l'espérait. Mary et Suzan étaient les deux petits joyaux des Leminy et il n'en serait probablement jamais autrement.

Il soupira, goûtant engin à sa pâtisserie et avant même de répondre à Queenie sur la situation de Adrian, il se sentit submergé par une sensation de douceur. Cette pâtisserie lui rappelait une enfance joyeuse alors même qu'il n'avait jamais connu cette saveur. Les arômes étaient douces et sucrées. Une vrai merveille. Son visage jusqu'alors compatissant et sérieux s'illumina.

"-Oh Queenie, Jacob est un véritable artiste!" S'exclama-t-il.  Puis reprenant un peu de son sérieux il ajouta  "Je demanderai à Mary de garder un œil sur lui à Poudlard si tu veux, juste pour qu'il ait une alliée en plus. Je sais qu'ils s'entendent bien."

En effet, Mary, bien que plus jeune qu'Adrian, était dans la même maison que lui et très mure pour son âge. Elle avait grandit avec un frère de onze ans son aîné et avait dû protéger sa petite sœur à l'école, car la jeune fille avait très vite compris l'importance de la famille. De ce fait, même si Adrian et elle n'étaient pas amis, elle ne le détestait pas et pensait qu'il en était de même pour lui.

Gidéon fut quelque peu soulagé d'apprendre que les choses s'arrangeaient en douceur pour la famille de Queenie, et surtout pour Adrian. Il avait vécu une année particulièrement difficile, mais il s'en relèverait. Et baigné par tout l'amour de sa mère, une femme constituée intégralement de bienveillance, et par Jacob, un homme que Gidéon connaissait peu mais qui semblait être un homme remarquable, il serait dans les meilleurs dispositions pour aller mieux.

Queenie semblait touchée par la proposition de Gidéon, de demander à Mary de veiller sur Adrian, même s'il n'en avait pas forcément besoin. Comme il l'avait dit, ça lui ferait un allié de plus. Et Mary était une jeune fille de confiance. Elle avait été élevée dans l'amour, avec des valeurs d'unité, de tolérance, de partage et de protection. C'était le petit joyau si longtemps attendu, et lorsque Suzan était arrivée, elle apprit également à protéger à son tour. C'était une jeune femme pleine d'amour, vive, mais un petit peu surprotégée, qui profitait de Poudlard pour faire ses propres choix, ses propres erreurs et bêtises, mais qui était foncièrement gentille. Gidéon veillait toujours sur elle, même à distance, et il en était fière. Il aimait inconditionnellement sa famille, et savait que sa sœur serait heureuse d'avoir comme mission de se faire un ami.

"Je suis ravi de l'apprendre. Auprès de vous, il ne pourra qu'aller de mieux en mieux. Je parlerai à Mary d'Adrian. "

Il but une nouvelle gorgée, regardant sa pâtisserie à moitié dévorée avec envie, comme un petit garçon qui voyait le plus gros gâteau du monde et se retenait difficilement de ne pas se jeter dessus. Mais il préférait manger doucement pour en profiter longtemps.

"Je vous prendrai bien un assortiment demain, pour les apporter au chaudron baveur, pour en faire profiter à toute l'équipe, je suis sur qu'ils seraient ravis de goûter aux pâtisseries de Jacob."

Il pensa alors à la gourmande Madison, qui travaillait d'arrache pied, et avait envie de la voir sourire un peu. Il pensait aussi à Elsa qui était malade et serait touchée d'avoir des nouvelles de Queenie tout en mangeant une sublime création de Jacob, pour la remettre sur pied. Et finalement, il pensait globalement à tous ceux qui avaient croisé le chemin de la belle Queenie, une femme qu'on n'oublie pas.

Qu'il était bon d'apprendre de bonnes nouvelles et de pouvoir en être témoin! Gidéon ne bouda pas son plaisir de voir Queenie dans ce magnifique cadre qu'était sa nouvelle vie. Elle semblait épanouie. Elle qui s'était montrée enthousiaste, gentille, souriante et même joyeuse lorsqu'il l'avait rencontrée au Chaudron Baveur, la redécouvrait en ce jour. Elle était manifestement comblée, et son bonheur, comme toujours, était communicatif. Queenie avait ce don de mettre entre parenthèse le malheur de quiconque la croisait afin de créer à chacun une bulle de plénitude.

Gidéon, lui, était un homme gentil et attentionné, mais n'arrivait pas à la cheville de son amie. Il lui souhaitait simplement le meilleur et se contentait d'être sincère dans ses compliments. Ainsi il ne put s’empêcher de sourire à pleines dents lorsque Queenie réagit vivement à sa proposition d'apporter des pâtisseries et des nouvelles en leur nom, au Chaudron Baveur. Elle ressemblait à une petite fille prête pour Noël.

Gidéon allait lui répondre mais son amie conclut par une demande qui l'interpella. Lorsque la sorcière lui parla d'une proposition au sujet de Elsa, il ne sentit pas son sourire se fermer légèrement et ses yeux se plisser. De quelle proposition s'agissait-il? Et en même temps, ça ne le regardait pas. C'était surement rien... A moins que...Le jeune homme se sentit plus curieux qu'il ne le devrait. Après tout, il s'agissait d'Elsa, celle qui faisait naître en lui des émotions qu'il n'arrivait pas encore à distinguer, celle qu'il essayait d'oublier mais à laquelle il ne pouvait s’empêcher de penser en souriant. Et cette Elsa à qui il tenait surement plus qu'il n'oserait l'admettre pourrait accepter une proposition.

N'ayant aucune raison de penser qu'il puisse s'agir d'une chose négative puisque cette idée provenait de Queenie, le jeune homme espérait simplement que ce projet puisse rendre un peu plus de bonheur à la jeune femme. Mais sa curiosité était tout  de même grande. Il tenta de la dissimuler, pensant la cacher parfaitement, et repris son sourire, les yeux toujours un petit peu plissés.

- Avec grand plaisir! Je pense qu'ils ont de nombreuses questions sur ta nouvelle vie. Tu sais, tu as marqué pas mal d'esprits!...Et je penserai à passer ce message à Elsa quand je la verrai...

Mais il ne put s’empêcher d'ajouter:

- C'est formidable que vous ayez des projets en commun, je sais que tu lui manques beaucoup, plus encore qu'aux autres. Elle serait heureuse de te revoir.

Queenie mit fin à ses interrogations avant même qu'il ne les ait formulées. Mais de toute évidence, il ne s'attendait pas à cela. C'était pourtant logique en y repensant. Mais sur le moment, il ne savait que penser. La surprise se lit d'abord sur son visage, puis la joie de savoir Elsa auprès de son amie, exercer un métier qui lui plairait surement d'avantage. Mais très vite il sentit une forme de tristesse mêlée à un soupçon de jalousie.

Gidéon ne pouvait se le cacher à lui même. Il ne savait même pas si Elsa le considérait simplement comme un client ou plutôt comme un ami...Et il ne pourrait pas la suivre, partir de son siège de bar pour passer ses soirées dans une boulangerie à l'autre bout du pays en la suivant. Quoi de plus angoissant pour Elsa? Non, de toute évidence, il ne la verrait plus, ou très peu. Mais peut être était ce mieux ainsi? Elsa serait plus heureuse dans sa nouvelle vie... Et peut être n'avait-il pas d'avenir possible avec elle? Il n'était pas au stade où il pouvait nommer ses sentiments pour elle comme de l'amour. Certes, elle lui plaisait...Beaucoup même, mais ils ne se connaissaient pas encore assez pour qu'il envisage de la suivre maintenant. Et pourtant il en avait vraiment envie.

Mais il devait s'enlever ses interrogations de la tête. L'important c'était qu'Elsa ait une vie heureuse. Et si elle choisissait la boulangerie Kowalski, il savait qu'elle serait mieux qu'au chaudron baveur où des hommes saouls lui faisaient des avances, avaient des gestes déplacés, devenaient agressifs et ... craquaient pour elle...

Il tenta de cacher ses émotions contradictoires et reprit son sourire, espérant que Queenie ne voit rien ou, dans le cas contraire, voit qu'il n'avait que de bonnes intentions envers Elsa et lui souhaitait le meilleur, avec ou sans sa présence.
Mais le simple fait de penser de la sorte le peinait. Elle lui manquerait, c'était certain.

"C'est une formidable offre que tu lui as faite, Queenie, elle pourra travailler dans un cadre plus sain pour elle, sans ces bagarres de bar et ces verres cassés. Et puis elle mangera les fabuleuses créations de Jacob."

En lui répondant, cette fois il souriait sincèrement. Il l'imaginait très bien travailler ici, il la voyait heureuse. Et cette vision l’emplit de joie pour elle, faisant taire sa nostalgie et ses craintes

"J'imagine qu'elle a peur de laisser sa sœur. C'est surement pour ça qu'elle ne t'a pas encore répondu. Si tu le souhaites, je peux en parler avec elle. Ça leur ferait du bien de prendre leur indépendance l'une de l'autre. Et puis je pourrai veiller sur Madi si besoin. Elle sera en sécurité."

Il appréciait beaucoup Madison, pas de la même manière que Elsa, certes, mais suffisamment pour ne pas la laisser souffrir seule. Si Elsa viendrait à la boulangerie, il tiendrait sa promesse et passerait tous les soirs au chaudron baveur s'assurer que Madison aille bien, au moins le temps qu'elle ait une personne de confiance comme collègue.

Gidéon était un homme de parole et un homme trop gentil pour faire passer ses envies avant celles de ses proches. Ainsi il tiendrait parole. Il était sincèrement heureux pour Elsa bien qu'il ne puisse s’empêcher de ressentir une pointe aigre dans son cœur. Il n'avait pas été vigilent et s'était trop attaché à Elsa sans même s'en rendre compte. Finalement c'était peut être mieux comme cela. Il n'y avait peut être pas d'avenir entre eux. Et puis Elsa était serveuse. Il y avait peu de chance qu'elle le voit autrement que comme un simple client.
Ce qu'il savait, c'était qu'il lui souhaitait sincèrement d'être heureuse. Et chez les kowalski, elle aurait plus de chances d'y arriver. Il tiendrait donc parole et essayerait de convaincre Elsa d'accepter l'offre de queenie. Enfin, la décision lui reviendrait, bien-sur. Mais Gidéon était du même avis que Queenie en ce qui concernait le bonheur de Elsa. Il continuerait également à aller au chaudron baveur dès qu'il le pourra pour veiller sur Madison. Et de temps en temps, il passerait s'offrir une patisserie.

Gidéon était heureux de savoir que Queenie lui faisait confiance pour l'aider dans ce projet. Mais son sourire ne resta pas bien longtemps. La compassion l'envahit alors qu'elle faisait allusion à son éloignement avec sa propre sœur. Queenie ne lui parlait pas très souvent d'elle, ainsi n'avait-il pas tous les détails. Mis il sentait que le souvenir était lourd pour elle. Il se dit qu'elle avait peut être déjà vécu le même genre de complicité avec sa sœur que madi et Elsa, et qu'à priori elles avaient du se séparer. Mais que s'était-il passé? C'était toujours très dur de voir le sourire de Queenie se réduire, ne serait-ce qu'un petit peu.

"Tu veux en parler? Ta sœur semble te manquer"

Gidéon était très attaché à la famille, mais il était déjà grand à la naissance de ses petites sœurs. Pourtant les quitter pour Poudlard avait été un déchirement pour lui. Bien-sur, le temps avait fait son office, et il communiquait toujours beaucoup avec elles. La grande était d'ailleurs particulièrement futée en ce qui concernait les relations sociales. Et vue son âge, il surveillait cela de près, en bon grand frère protecteur.

Il avait en effet eu peur pour Queenie, qu'elle se sente loin de sa sœur et qu'elle lui manque, mais bien vite, son amie reprit son beau sourire et lui assura que ce n'était plus le cas. C'est dire à quel point Queenie connaissait Gidéon, mais qu'il en savait peu sur elle. Il venait tout juste de rencontrer Jacob, qui paraissait être un homme très agréable et gentil, mais n'avait encore jamais eu l'occasion de rencontrer Tina.

Il faut dire que ces deux là étaient devenue amis très vite. Du point de vue de Gidéon, ce n'était probablement que routine pour la sorcière. Mais bien que pour sa part, il nouait rapidement des relations amicales, il n'avait que très rarement atteint un tel niveau de complicité en si peu de temps, pas comme avec elle. Queenie était tellement bienveillante et perspicace qu'il ne pouvait en être autrement d'après lui. C'était son charme, un charme que nul ne voudrait voir s'effacer, c'était même parfois comme si elle pouvait lire dans les pensées.

Gidéon songea un instant à sa réaction probable s'il avait été séparé de sa famille ne serait-ce que quelque mois. Cette simple pensée lui serra le cœur. Comment aurait-il pu vivre loin de ses parents, loin de ses sœurs? Il ne pouvait qu’imaginer la douleur et le manque que son amie avait enduré, ainsi que la joie et le réconfort de retrouver Tina. S'imaginant dans sa situation, le sorcier ne pouvait en effet que comprendre que les deux sœurs soient devenues voisines. Elles avaient des années de complicité à rattraper.

Il songea alors à la force et au courage dont Queenie et Tina avaient dû faire preuve pour supporter cet éloignement si prolongé. Son amie ne lui avait jamais parlé d'autres membre de sa famille que Tina, Adrian et Jacob, et par pudeur pour elle, il n'avait jamais posé de questions à ce sujet. Queenie parlerait du reste de sa famille, si il y en avait une, quand elle en serait prête ou quand elle le souhaiterait.

Ainsi Gidéon était rassuré pour son amie, et puisqu'elle en était à se livrer, ce qui était plutôt rare pour lui, pourquoi ne pas lui proposer de parler un peu plus d'elle et de sa sœur? La plupart du temps ils parlaient de tout et de rien, de leurs projets, du travail lorsqu'elle était serveuse au chaudron baveur, et beaucoup des autres, de lui, de Elsa lorsqu'elle se mêlait à leurs conversations, de Mady...mais ils ne discutaient que rarement et réellement de Queenie autrement qu'en survolant le mystère qui l'entourait.

"Je suis ravi que tout aille mieux alors." dit il avec un sourire.

Il but à nouveau du thé que contenait sa tasse avant d'ajouter :

"Tu ne m'as encore jamais vraiment parlé de Tina et de toi. j'aimerai bien en apprendre d'avantage si tu es d'accord"

Queenie venait d’acquiescer, et s’apprêtait à se lancer dans un récit qui serait sûrement des plus instructifs. Le voile de mystère qui entourait cette sorcière, allait s'affiner. Gidéon avait hâte d'entendre son histoire, ou du moins, une infime partie de ce qui avait composé sa vie. Il imaginait qu'elle et sa sœur avaient surement vécu des histoires incroyables et mémorables. Il imaginait Queenie capable de toutes les surprises du monde.

Mais pour l'heure, le récit allait porter sur elle et sa sœur, ça serait probablement une introduction sobre sur leur vie et leur relation. Gidéon devrait probablement creuser d'avantage pour connaitre tous les quatre cent coups de ces deux sorcières inséparables.
Et lui qui n'avait jamais osé demander quoi que ce soit sur leurs parents, eut ses craintes révélées au grand jour dès la première phrase de son amie. Et c'était pire encore que ce qu'il avait pu imaginer.

Ses deux parents étaient morts lorsqu'elles étaient enfant. Il ne put s'empêcher de songer à sa mère, dont la vie avait été menacée alors qu'elle perdait son bébé à son septième mois de grossesse. Ce souvenir l'affectait encore des années plus tard. Du temps s'était écoulé depuis ses neuf ans, mais il n'aimait toujours pas fêter son anniversaire. C'était toujours un moment de peur pour lui. Il avait longtemps craint que son anniversaire soit maudit et que ça serait pour cela que le bébé était mort la veille de ses neuf ans. Maintenant, il s'était sorti cette triste croyance de l'esprit, mais son anniversaire marquait toujours le souvenir de son petit frère jamais né, et de sa mère qui faillit quitter ce monde.

Cette pensée lui serra silencieusement le cœur. Gidéon songeait à la peine qu avaient du ressentir Queenie et Tina, tout en se disant que jamais il ne la comprendrait. Lui même n'avait eu qu'une mince idée de ce sentiment dévastateur. Il avait pourtant vu ce que cet événement fit de lui; un grand frère très protecteur... même trop s'il devait l'admettre. Alors ce lien qu'avaient du créer ces jeunes filles pour survivre, pour se soutenir, pour rester dans l'amour, la bienveillance et pour devenir au fil des années, des sorcières accomplies... Gidéon ne pouvait, là encore, que l'entrevoir et en être admiratif.

Ainsi Gidéon écouta le court récit de Queenie avec grande émotion. Il faut avouer qu'avec son cœur en guimauve, il était aisé de l'attendrir. Il mit un petit moment pour répondre à son amie, terminant sa tasse de thé, essayant de cacher son sentimentalisme pour ne pas paraître faible. Il put alors se recentrer avant de répondre calmement et avec un nouveau sourire

"Vous avez été bien courageuses! Votre union a fait votre force. Je comprends mieux la joie que tu dois ressentir, à la savoir à nouveau près de toi."

Cette phrase trouvait un écho en lui. Le fait que Quennie puisse avoir autant besoin de la présence de sa sœur l'intriguait pourtant. Était ce un trait d'humour? Après tout, il la connaissait rieuse et pleine de vie. Peut être que la sorcière aimait plaisanter à propos d'elle même. Et pourtant, elle semblait sérieuse. Non, ce n'était probablement pas ça. Elle avait donc souvent besoin de Tina, et beaucoup, à priori. Mais était-ce le cas encore maintenant? Queenie lui semblai si forte, si accomplie et sensible. Et pour lui ce n'était pas du tout chose incompatible, bien au contraire. Il la voyait comme femme qui savait assumer ses sentiments tout en gardant le courage d'y faire face et la force d'évoluer dans un monde pas toujours simple. C'étaient des qualités incroyables qu'il voyait en elle.

Mais Gidéon ne pouvait que comprendre ce que son amie pouvait également insinuer lorsqu'elle parlait du fait qu'elle avait besoin de sa soeur près d'elle. Lui même était très proche de sa famille et bien qu'il se montre prévenant et fort pour protéger ceux qu'il aimait, au fond de lui il savait ce qu'il en était. Il ne pouvait pas vivre sans eux, sans les savoir heureux et en bonne santé, sans serrer ses soeurs dans ses bras. Ces petites princesses qu'il aimait tant. Mary leur avait fait une belle frayeur avant de venir au monde et Susan était un magnifique cadeau inattendu. Lui qui avait été élevé dans une abondance d'amour, ne pouvait pas s'imaginer vivre autrement, trop loin de ceux qu'il aimait. C'était un homme plutôt simple qui avait besoin d'amour autour de lui pour être heureux. C'est peut être ce qui l'avait rapproché de Queenie, une femme généreuse et pleine d'amour à donner. Ou peut être était ce autre chose. Quoi qu'il en soit, il la comprenait sur ce point.
Mais peut être que Tina ressentait également le besoin d'être soutenue par sa sœur, et que finalement Queenie n'en ait pas plus besoin, mais tout autant. Cela, il ne pouvait pas le savoir. Il pouvait seulement se poser vaguement la question.

"Je vois ce que tu veux dire... Enfin je pense. Je crois que je ne pourrai pas vivre sans ma famille. Ils sont trop importants pour moi."

Et une famille, c'est ce qu'il a toujours voulu avoir. Pas seulement ses parents et ses sœurs. Gidéon s'est toujours vu devenir un papa avec une belle tribu d'enfants