Le remords exprime une nostalgie. (Andreï)

Le remord exprime une nostalgie.

C'était quand même vraiment étrange de se retrouver dans cette maison, cette grande maison, toute seule. Lexie ne savait pas encore exactement ce qu'elle allait faire, pour le moment elle n'avait pas encore eu l'occasion de se pencher sur tous ces détails. Ça ne faisait que quelque jours que ses parents étaient morts, qu'elle les avait tué, elle avait quand même le temps de voir ça. Et en même temps, elle se disait qu’elle n'allait pas pouvoir continuer à vivre ici. Ce n'était pas tant parce que ses parents n'étaient plus là, mais parce que c'était elle qui avait fait tout ça. Quand elle se retrouvait dans la salle à manger, elle pensait à cette conversation, cette dispute même, qui les avait mené à cette fin. Elle ne devrait sans doute pas le faire, parce que ses parents avaient quand même eu l'intention de lui faire suivre un traitement pour la rendre normale, que maintenant elle n'avait plus besoin d’envisager d'épouser Orion Black et donc qu’elle était libre. Mais elle ne pouvait pas s'empêcher de culpabiliser. En un sens, c'était donc une bonne chose qu'ils ne soient plus là, mais elle s'en voulait de les avoir tué, d'avoir leur sang sur les mains. Au final, elle se sentait vraiment perdue. Elle ne savait plus quoi réellement penser.

Et elle n'avait clairement pas le courage de s'attaquer au rangement des affaires de ses parents, même si ça serait quand même une bonne chose. Non pas que ça soit indispensable non plus et clairement la jeune femme avait du temps devant elle. Sauf qu'en même temps, elle en avait assez d'avoir constamment les images de ses parents dès qu'elle était chez elle. Le pire c'était la vision du corps de son père avec les cris de sa mère.

Elle avait besoin de sortir, de quitter un peu cette maison et elle n'avait pas spécialement envie de voir quelqu'un. Enfin si, elle avait envie de passer du temps avec Melody mais ce n'était pas possible. Elle voulait surtout éviter la compagnie d'une quelconque personne voulant lui présenter ses hommages sans forcément le penser, comme c'était le cas depuis la mort de des parents. Elle n'en pouvait plus de recevoir des visites à longueur de temps. Elle se disait donc qu'en sortant, elle allait pouvoir changer un peu d'air et ça n'allait pas du tout lui faire de mal, bien au contraire. Lexie transplana donc à Pre-au-Lard, décidant de de rendre aux Trois Balais. Avec un peu de chance, il n'y aurait pas grand monde à cette période de l'année. L'école était terminée et même si c'était l’été, la jeune femme se disait que les gens profitaient d'autres horizons. L’ancienne verte et argent ne savait pas si c'était vraiment le cas, mais dans tous les cas il n'y avait pas grand monde dans le pub. Alors elle commanda une bieraubeurre et s'installa dans un coin du pub, une table bien au fond et tranquille.

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A

ndreï n'avait pas la moindre idée de ce qu'il allait faire de sa vie. De manière générale, c'était un fait, il était complètement paumé, et sur tous les plans. Et il s'en rendait bien compte à présent qu'il avait quitté Poudlard une bonne fois pour toutes, il s'était réfugié dans les études pour fuir au possible ces préoccupations. Seulement voilà, sa septième année était terminée, il entrée dans sa vie "d'adulte"... Et il n'avait pas la moindre idée de ce qu'il devait faire à présent. Il n'avait pas réfléchi à la moindre orientation professionnelle, pour commencer. A l'heure où on leur recommandait chaudement de réfléchir à leurs plans d'orientation, Andreï n'avait fait que mine d'y penser, mais sans y adresser d'attention particulière. Il n'avait aucune idée de ce que devrait être sa voie... Et s'il n'y avait que ça... Au pire pourrait-il se contenter de vivre sur le mirobolesque héritage que lui avait légué sa mère (qu'elle-même devait à ses multiples maris, ce qu'il savait très bien et ne l'encourageait pas spécialement à dépenser cet argent à tout va), et décider de le faire fructifier... Mais il y avait le reste aussi. June, bien sûr, qui était toujours en prison et que personne ne l'autorisait à voir. Les mangemorts, auprès desquels il se sentait pieds et poings liés, de plus en plus horrifié par ce qu'il subissait et devait faire subir en leurs noms... Et la Résistance, menée par Pomona, en qui il n'avait absolument pas confiance... Comment savoir quelle voie emprunter... Quel que soit l'aspect de sa vie qu'il considérait, c'était chaotique et insensé...

Sans grande conviction, il s'était rendu à Pré-au-Lard (plus par habitude que pour aucune autre raison spécifique), avait acheté un exemplaire de la Gazette du Sorcier, et avait décidé de se poser aux Trois-Balais pour éplucher les éventuelles offres d'emploi qui y seraient disponibles. En toute honnêteté, il ne pensait pas que ça le mènerait où que ce soit, et il n'était pas sûr d'avoir la motivation nécessaire pour vraiment travailler... Mais ça aurait au moins le mérite de l'occuper et de lui donner le sentiment de faire quelque chose d'utile pour lui-même.

Alors qu'il cherchait une place à s'installer dans l'auberge sorcière, son regard tomba sur Lexie, assise seule à une table. Andreï hésita un instant. Même s'ils étaient supposés bien s'entendre en théorie, Andreï ne l'appréciait pas outre mesure, trop impliquée qu'elle était dans la cause des mangemorts. Sauf que quelque chose avait changé. Il avait été troublé par la nouvelle, quand il avait appris que les parents de Lexie avaient été assassinés, par des mangemorts, qui plus est. Forcément, ça changeait la donne...
Finalement, après encore un moment d'hésitation, et sans être sûr que ce soit une bonne chose, il se rapprocha d'elle.

-Salut, je peux m'installer avec toi ?

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Ce n’était pas vraiment le genre de Lexie d’avoir besoin de se retrouver seule, pace qu’elle était quand même sociable. Même si par instant, elle aimait avoir son intimité – notamment avec Melody, bien évidemment –, elle était quand même plutôt sociable alors ce n’était pas vraiment son truc de rester dans un coin d’un pub à siroter une simple boisson en solitaire. Et pourtant, c’était ce qu’elle le faisait donc… elle était dans son coin, toute seule, et elle n’avait pas spécialement envie de compagnie. Sauf qu’on va la retrouver. Quand Andreï s’approcha d’elle, Lexie leva son regard vers lui et fut un peu étonné de le croiser. Ils ne s’étaient évidemment pas vus depuis la fin des cours, c’était normal. Et si en soit ils s’entendaient bien – du moins, c’était ce que Lexie avait envie de croire –, Lexie ne s’était pas vraiment attendue à ce qu’ils se croisent de nouveau.

« Salut. » Répondit-elle dans un fin sourire, qu’elle força légèrement, ce dont elle avait l’habitude de toute façon, puisqu’elle devait souvent jouer la comédie. « Vas-y, installe-toi. »

Elle n’avait pas spécialement de raison de l’empêcher de s’installer dans tous les cas, elle appréciait sa compagnie en plus. Elle ne savait pas vraiment ce que ça allait donner pour autant, mais elle n’avait vraiment aucune raison de refuser à Andreï de s’installer donc.

« Comment tu vas ? » Demanda-t-elle, parce qu’elle avait clairement envie de se concentrer sur la vie du jeune homme plutôt que sur la sienne, puisqu’elle se doutait quand même qu’il y avait de forte chance qu’ils mentionnent le fait que ses parents étaient morts et au final, la jeune femme n’avait en aucun cas envie d’en parler. Elle n’avait aucune envie de parler de ses parents non, vraiment pas. Même si c’était quand même un sujet récurant ces derniers temps, ce qui était normal puisque la mort de ses parents avaient fait des vagues. Entre autre chose, bien sûr. Et au vu de la position de Andreï dans leur monde, le jeune homme n’avait aucune raison d’ignorer la situation. Il en était parfaitement au courant et donc, Lexie avait envie d’éviter un peu le sujet. « Quoi de beau ? »

Elle avait vraiment envie d’éviter le sujet délicat, donc autant se concentrer vraiment beaucoup sur la vie de Andreï. Avec un peu de chance, il allait avoir des choses à raconter, même si l’école n’avait pas été terminée il y avait si longtemps que ça. Mais ça ne voulait pas dire qu’il n’était rien arrivé dans la vie de Andreï, après tout il arrivait quand même pas mal de chose pour Lexie. Dans tous les cas, la jeune femme espérait vraiment qu’il se passait beaucoup de chose dans la vie d’Andreï, pour compenser la sienne.

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A

ndreï s'installa donc en compagnie de Lexie, et commença à le regretter presque aussitôt. Certes, il se sentait concerné par le sort de Lexie, parce qu'il y trouvait de réelles affinités avec le sien, mais il ne devait pas oublier que Lexie restait Lexie quoi qu'il en soit, qu'elle était l'ennemie, et que sa situation, au fond, elle l'avait peut-être méritée. Dans tous les cas, il était trop tard pour faire marche arrière. C'était lui qui avait abordé son ancienne camarade de classe, ce n'était pas comme s'il pouvait se permettre maintenant de faire comme si de rien n'était, et de juste faire marche arrière. En attendant, il ne savait vraiment pas si ça servirait à quelque chose pour autant... parce que la jeune femme, loin de s'exprimer sur sa situation, choisissait plutôt de détourner le sujet. En même temps, c'était logique, ce n'est pas comme s'ils pouvaient vraiment en parler d'office. La jeune femme n'allait sans doute pas s'exprimer d'emblée sur la situation qu'elle vivait. Dans tous les cas, il n'avait pas l'intention de s'épancher sur des sujets futiles. S'il prenait la peine de lui parler, ce n'était pas sans raison, et qu'elle le veuille ou non, il ne lâcherait tout simplement pas le morceau.

-Oh bah tu sais, toujours la même routine..., se contenta-t-il de dire pour dévier le sujet.

Et pour cause, il n'estimait pas que parler de lui puisse être important. Dans tous les cas, même s'il y aurait sans doute pas mal de choses à dire sur sa propre situation, ce n'était pas réellement comme si il pouvait lui parler de ce qui le taraudait. Il n'allait certainement pas parler de June, ni de la résistance, ni de ses frictions avec Pomona. Alors l'un dans l'autre, c'était toujours plus ou moins la même routine. Et ce n'était définitivement pas ce qui l'intéressait à l'heure actuelle, loin s'en faut, même.

-Et toi ? Je veux dire... J'ai appris que ce qui est arrivé... à tes parents.

D'accord, il ne tournait pas autour du pot. Peut-être qu'il aurait dû attendre un peu pour aborder le sujet, peut-être qu'il aurait dû se montrer plus subtilement, mais en même temps, il n'avait pas envie, vraiment pas envie de s'égarer dans une conversation comme celle qui se serait amorcé s'il ne prenait pas le toreau par les cornes. Va savoir comment les choses allaient se passer, ce qui était certain en revanche, c'est qu'il avait besoin d'éclaircissement sur la situation, et peut-être même, oui, qu'Andreï saurait se montrer agréable et compréhensif pour peu qu'il découvre chez son interlocutrice une douleur, une épreuve similaire à la sienne tout simplement.

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Lexie avait bien envie d'espérer que Andreï ait beaucoup de chose à dire au sujet de sa vie, de ce qu'il devenait. Au final, ils n'avaient pas spécialement eu l'occasion de se voir depuis le début des vacances. Ce qui en soit n'était pas un réel souci. Lexie n'avait rien contre son ancien camarade, bien au contraire. Elle l'appréciait même, sans se rendre compte qu'ils n'appartenaient pas du tout au même camp. Que même s'ils portaient tous les deux la marque des ténèbres sur leurs avants bras, ils n'étaient pas pour autant du même côté. Elle espérait donc vraiment qu'il allait bien, mais surtout qu'il avait des choses à raconter, afin d'éviter le sujet qu'elle voyait arriver un peu trop.

Mais non, le jeune homme se contenta simplement de lui dire qu'il n'avait rien de neuf, juste la routine. D'accord. Ce n’était pas comme ça qu’ils allaient aller bien loin. S’il venait d’installer avec elle, autant qu’il ait un peu de conversation quand même, même si la jeune femme ne pouvait pas entièrement le lui reprocher non plus. Il lui retourna la question, pour savoir comment elle allait. Mais cette question n’avait rien d’anodine, puisqu’il ne manqua pas de mentionner le sujet qu’elle avait justement eu envie d’éviter. Parce que tout le monde lui en parlait, parce que ça lui revenait constamment à l’esprit… c’était vraiment difficile. Surtout qu’elle devait assumer d’être à quelque chose près la seule responsable de cette situation. À quelque chose près oui, parce que tout cela ne serait pas arrivé non plus si jamais ses parents n’avaient pas eu l’intention de l’emmener à Saint Mangouste pour la soigner d’une soi-disant maladie qui n’avait rien de telle.

« Il n’y a pas grand monde qui n’est pas au courant de ce qui s’est passé… » Dit-elle alors, baissant son regard. Elle n’avait même pas besoin de jouer la comédie pour se montrer triste de la situation, elle l’était vraiment. Elle savait qu’elle avait fait ça pour une bonne raison et il y avait fort à parier qu’elle ferait exactement la même chose si la situation devait se représenter (ce qui précisons le ne risquait pas d’arriver donc). Parce qu’elle avait fait ça pour se protéger, pour protéger Melody, qu’elle n’avait clairement pas eu le choix. Mais en même temps, elle aurait aimé pouvoir faire autrement… ne pas perdre son père dans la foulée, qu’il soit capable de la comprendre, de l’aimer malgré sa différence. « La marque des ténèbres au-dessus de ma maison, ça ne risquait pas de passer inaperçu. »

Elle ne savait pas au fond, si elle avait bien fait de maquiller la mort d ses parents de cette façon. Elle avait réagi sur l’instant de toute façon, cherchant une solution la plus rapide possible pouvant l’aider un minimum. Mais forcément, les personnes comme Andreï savaient parfaitement qu’elle était une mangemort et qu’elle était dévouée à Voldemort. Elle savait bien que ça pouvait soulever des questions et elle n’avait pas spécialement envie d’y répondre en réalité.

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B

on, d'accord, il s'y était pris de façon singulièrement maladroite, il lui fallait bien le reconnaître. Il n'y pouvait rien,; il n'était clairement pas doué pour ce genre de choses. En temps normal, il restait seul dans son coin, et plus le temps passait, plus il se disait que c'était une bonne chose étant donné le bordel que ça devenait chaque fois qu'il cherchait à s'impliquer auprès d'autrui. C'était bête d'avoir abordé le sujet de la sorte (pas que Lexie le lui reproche forcément... en fait, il n'en savait rien, il n'arrivait pas à décrypter ses propos pour l'heure, il ne savait pas si elle lui faisait comprendre qu'il ferait mieux d'aller voir ailleurs ou s'il se contentait d'exprimer un constat en même temps que sa tristesse). Mais maintenant, ce qui était fait était fait. Et puis, en vérité, vu le sujet en question, il fallait bien se rendre à l'évidence : il n'y avait peut-être tout simplement pas de bonne manière de présenter les choses. D'une façon ou d'une autre, ce serait douloureux et déplaisant. Au moins, le sujet était abordé, même si... au final, elle n'exprimait rien de la façon dont elle allait.

D'un autre côté, ça aussi c'était une question bête. Comment voulait-il qu'elle aille, au fond ? Evidemment qu'elle allait mal, ses parents étaient morts ! Même s'il la connaissait cruelle et insensible, il savait très bien qu'elle n'était pas sans coeur, et ça se voyait que cette situation l'affectait bel et bien... Normal, donc. Même lui, qui avait pourtant été à l'origine de la mort de sa mère, l'avait excessivement mal vécu pour sa part. Et il pouvait d'autant mieux comprendre la réponse de Lexie que le comportement d'autrui à son adresse après le décès d'Anya Armyanski l'avait emmerdé plus qu'autre chose. Il ne devrait peut-être pas insister. Mais trop tard, il était lancé, et puis, il faut le dire aussi, il avait envie de comprendre. Quand elle évoquait la marque des ténèbres au-dessus de sa maison, forcément, ça lui donnait d'autant plus envie de poser les questions qu'il n'avait pas encore formulé.

-En tout cas, je suis vraiment désolé. Je sais, c'est facile à dire, comme phrase, mais je sais ce que ça fait de vivre... ça. Pas exactement de la même manière, certes, mais il avait perdu sa mère récemment, elle avait été assassinée, il pouvait se mettre à sa place, dans une moindre mesure. Il marqua une légère pause avant d'oser enfin reprendre. Est-ce que tu sais... pourquoi ?

Il s'attendait à se faire envoyer sur les roses mais il tentait tout de même. Il avait besoin de comprendre, c'était comme ça... Au pire, elle ne lui répondrait pas, mais au moins, il aurait essayé.

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Lexie n’était pas spécialement étonnée que le sujet de la mort de ses parents viennent sur la table. Surtout au vu de la situation. Ses parents étaient morts en grand fracas et la jeune femme ne pouvait que se le reprocher. Andreï lui affirma qu’il était vraiment désolé, une phrase qu’elle entendait quand même vraiment souvent ces derniers temps alors que personne n’avait besoin d’être désolé pour elle normalement. Si elle se trouvait dans cette situation c’était à cause de son comportement à elle, parce qu’elle avait décidé de tuer ses parents. Enfin... techniquement, c’était à cause de leur comportement à eux, mais dans tous les cas les personnes n’avaient pas besoin d’être désolé pour elle. Mais Andreï ne manqua pas d’ajouter qu’il avait conscience que c’était facile à dire comme phrase, mais qu’il savait ce que ça faisait...

Forcément, Lexie n’ignorait pas qu’il avait perdu sa mère aussi. S’il y avait une personne ici qui pouvait la comprendre, c’était lui et encore Lexie ne se doutait pas à quel point ils avaient encore plus de point commun, puisque Andreï était également celui qui avait prit la vie de sa mère. Comme lui ne se doutait pas qu’elle avait fait comme lui, qu’elle avait pris la vie de ses parents. Même s’il ne manquait pas d’être curieux. Lexie ne pouvait pas réellement le lui reprocher, à sa place elle aurait été curieuse aussi, mais ça ne l’arrangeait pas qu’il lui pose ainsi des questions. Parce qu’elle ne savait jamais quoi répondre. Officiellement, elle partait du principe qu’elle ne savait pas pourquoi on s’en était pris à ses parents, mais en même temps elle se trouvait en face d’Andreï et donc il était bien placé pour savoir que la marque des ténèbres au dessus de sa maison n’avait rien d’anodin, qu’ils la portaient tous les deux à leur avant-bras. Comme Andreï savait que Lexie était dévouée à son maître. Elle ne pouvait pas juste se contenter de dire qu’elle ne savait pas, même si c’était une façon comme une autre de se débarrasser de cette question.

« Je crois... » Commença-t-elle en cherchant ses mots. Elle ne savait vraiment pas ce qu’elle pouvait dire en cet instant précis, comment elle pouvait présenter les choses. Elle pouvait/devait mentir, c’était évident, mais elle ne savait pas si elle allait tenir longtemps avec ce mensonge. Mais elle ne pouvait pas prendre de risque, pour expliquer qu’elle avait tué ses parents, elle devrait revenir sur son orientation sexuelle et elle n’avait pas assez confiance en Andreï pour ça. « Je crois qu’ils ont simplement attiré les foudres de la mauvaises personnes. »

Ce qui en soit était la strict vérité, parce qu’ils n’avaient sans doute pas prédit que Lexie puisse réagir aussi violemment à leurs directives.

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A

ndreï savait qu'il se montrait brusque dans ses questions, et il était possible que son interlocutrice n'ait pas la moindre envie d'y répondre. Après tout, ils étaient supposés s'entendre, sur le papier, mais ils n'étaient pas amis non plus. Seulement, dans ces circonstances, c'était juste impossible pour lui de lui présenter ses condoléances et de ne pas poser de questions comme toutes ces personnes qui ne savaient pas qu'elle portait la marque des ténèbres à son avant-bras. Il y avait forcément quelque chose, quelque chose de plus. Mr et Mrs Hepburn avaient dû commettre une grave erreur, et si ce n'était pas eux, alors c'était Lexie, et on avait cherché à la punir par cet intermédiaire (encore que si c'était elle que l'on cherchait à punir, connaissant les méthode de Tom Jedusor, il aurait demandé à la jeune femme de tuer ses parents en personne)... Dans tous les cas, c'était... perturbant.

Après que les mangemorts aient tué ses propres parents, Lexie serait-elle capable de toujours servir la cause du seigneur des ténèbres comme si de rien n'était ? Et pour quelles raisons on s'en serait pris à eux. Ils savaient tous les deux que quand les mangemorts cherchaient à faire passer un message, ils ne faisaient pas montre de la plus grande subtilité, ils savaient se faire comprendre et faire en sorte que le message soit très clair. Pourtant, Lexie avait l'air totalement pris au dépourvu. Aux yeux d'Andreï, quelque chose ne collait pas, et il n'arrivait pas à faire la lumière sur ce qui clochait. Il croyait au fait que Lexie n'était pas coupable, il croyait au fait que les mangemorts étaient responsables... mais ça ne collait pas.

Andreï s'abstint d'adresser à Lexie un "sans blague" qui aurait été vraiment malvenu vu les circonstances. Mais tout de même, ce n'était pas comme si c'était vraiment une réponse, qu'elle lui donnait. Ses parents étaient assassinés, la marque des ténèvres avait trôné au-dessus de leur maison, évidemment qu'ils avaient attiré les foudres des mauvaises personnes, c'est le cas pour tout assassinat. Mais ça n'expliquait rien, et Andrei n'arrivait pas à se contenter de ça. Oui, une fois encore , il se mêlait de ce qui ne lel regardait pas, mais il n'arrivait pas à faire autrement. Il pouvait peut-être l'aider. Elle lui avait semblé irrécupérable, mais peut-être que cet épisode changerait ses perspectives, peut-être qu'elle prendrait la décision de changer de camp. Et dans tous les cas, il avait besoin du maximum d'informations puisqu'elles étaient typiquement le genre qu'il devait remettre à la résistance.

-Je suis désolé, mais je ne comprends pas. Je ne comprends pas que tu n'aies été au courant de rien.

C'était brutal mais peu importe, il avait besoin de comprendre, alors il demandait, un point c'est tout.

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Lexie le savait depuis le jour où elle avait tué ses parents et qu’elle avait mis la marque des ténèbres sur son avant-bras, ça allait forcément attirer des questions. Et ça ne ratait pas avec Andreï. Forcément, il était des leurs, il savait bien qu’elle portait la marque des ténèbres sur son avant-bras. Il n’y avait donc normalement aucune raison que ses parents meurent comme ça. Pour n’importe qui, ils avaient subi le même sort que de nombreux autres sorciers, voir moldus, mais ce n’était pas le cas pour ceux comme Andreï. Lexie avait envie de le convaincre avec sa petite explication, mais en même temps elle savait bien que ce n’était pas aussi évident que ça. Parce que la jeune femme restait vraiment vague.

Et trop vague sans doute, puisque Andreï ne manqua pas de la relancer. Et clairement, on ne pouvait pas dire que le jeune homme la ménageait. Elle comprenait, sans doute qu’à sa place elle réagirait sans doute exactement comme lui. Après tout, elle était une mangemort, ses parents n’avaient pas de raison de mourir. Et si ça avait été le cas, il était évident qu’elle aurait été au courant. Elle aurait dû le savoir, même si ça avait été pour la punir elle, ou pour les punir eux, il était évident qu’elle aurait été au courant normalement.

« C’est… compliqué. » Répondit-elle, en ne sachant pas réellement quoi répondre d’autre. Lexie avait l’habitude d’avoir confiance en elle, d’être sûre d’elle, mais clairement ce n’était pas le cas ces derniers temps. Parce qu’elle avait tué ses parents, qu’il ne devait rien lui arriver, qu’il ne fallait pas que ça ait des conséquences (ni sur elle, ni sur sa petite amie). Et qu’également, elle se sentait mal de les avoir tués, elle aurait aimé ne pas se retrouver à devoir faire ce genre de chose. Mais elle n’avait pas eu le choix non plus… « J’étais au courant de rien, je ne m’attendais pas du tout à ce qu’ils meurent. » Et c’était la vérité. En soit, Lexie pouvait – et devrait même – mentir à Andreï, pour se protéger dans le but d’éviter la prison évidemment. Mais en même temps, elle n’avait rien contre Andreï, ils s’entendaient bien même. D’ailleurs, Lexie le considérait vraiment comme un ami, même si ce n’était pas le genre d’ami à qui elle pouvait tout confier. En même temps, ces amis n’étaient clairement pas nombreux. Surtout concernant son orientation sexuelle. « Mais s’ils sont morts, c’est sans doute qu’ils l’ont mérité. » Ajouta-t-elle.

Elle espérait que Andreï n’allait pas insister d’avantage, quand bien même elle se doutait aussi qu’il y avait peu de chance que ses réponses lui suffisent. Mais elle ne pouvait pas vraiment dire qu’elle pouvait dire autre chose. Elle ne pouvait pas entrer dans les détails, elle ne pouvait pas dire la vérité à Andreï. Ce n’était même pas qu’elle ne voulait pas, elle ne pouvait vraiment pas le faire, parce qu’elle ne lui faisait pas assez confiance en effet. Ce n’était pas contre lui, mais ils ne parlaient pas d’un léger détail.

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D

e toute évidence, Lexie n'avait pas envie de parler de la mort de ses parents, ou plus exactement de la raison pour laquelle ils étaient morts. Et au fond, objectivement, c'était normal, après tout. Ils n'étaient pas si proches que cela, on ne pouvait même pas dire qu'ils étaient amis, tous les deux, même si elle avait forcément une place singulière dans sa vie puisque sans elle, il n'aurait sans doute pas pu si facilement intégrer les mangemorts. Ne pas vouloir parler de la mort de ses parents, c'était logique, Andreï n'était pas du genre non plus à parler des heures et des heures de la mort de sa mère... et encore moins à quelqu'un de qui l'on n'était pas proche... Mais si elle n'avait pas envie de lui parler, il préfèrerait qu'elle le dise directement, parce que là, le fait d'être venu pour une fois vers elle de façon bien intentionnée et se faire raconter des salades, ça ne lui plaisait pas.

Car oui, pour lui, c'étaient des salades. Il n'y pouvait rien, il avait beau retourner la question dans tous les sens. Enfin, en partie, il la pensait honnête, parce qu'il se doutait que la situation devait être compliquée. Et elle était sûrement honnête aussi quand elle affirmait qu'elle ne s'était pas attendue à ce que ses parents meurent. Il était probable que ça ait fait partie des plans de Jedusor et des personnes qu'il avait débauchées pour assassiner les Hepburn : qu'elle ne découvre rien pour avoir l'air plus sincèrement peinée, peut-être... ou simplement parce que ça faisait partie de sa punition. Car définitivement, pour Andreï, cette affaire ressemblait à une punition... parce qu'il ne voyait vraiment pas ce que les parents de Lexie venaient autrement foutre là-dedans, et pourquoi tout à coup ces deux respectables sangs purs deviendraient les ennemis à abattre du mage noir le plus puissant du moment. En tout cas, il la trouvait quand même violente dans ses propos.

Même Andreï, qui un milliard de fois estimait que sa mère avait mérité de mourir, ne l'avait clairement pas exprimé en ces termes au tout-venant, encore moins pour justifier les raisons de son décès... Même s'il l'avait peut-être un tantinet sous-entendu en quelques occasions, ceci dit. Il s'était passé quelque chose, c'était sûr et certain. Si Lexie ne voulait pas lui en parler, ce serait compréhensible, mais comme elle lui avait répondu jusqu'ici, il ne fallait pas s'attendre à ce qu'Andreï cesse de s'interroger, et donc de l'interroger, elle. Cette histoire était beaucoup trop familière pour lui, et s'il était déjà de base terrifié par ce dont Voldemort était capable, ça n'allait définitivement pas en s'arrangeant.

-Qu'est-ce qu'ils ont fait ?

Si elle suggérait qu'ils l'avaient mérité, c'est qu'ils avaient forcément fait quelque chose, il ne voyait pas les choses autrement.

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Lexie aimerait bien pouvoir simplement balayer cette conversation du revers de sa main, afin qu’ils ne parlent plus de tout cela avec Andreï. Après tout, ils pourraient très bien parler tous les deux de quelque chose d’autre que ses parents, même s’ils avaient ce point commun en plus tous les deux, ils n’avaient plus leurs parents. Lexie ne se doutait pas qu’en prime, ils avaient tous les deux fait un parricide. Lexie en tuant ses deux parents, Andreï en tuant sa mère. Mais c’était des choses qu’ils ne pouvaient pas forcément partager. En tout cas, Lexie ne pouvait pas se permettre d’affirmer haut et fort à son interlocuteur qu’elle avait pris la vie de ses parents, même s’il portait la marque des ténèbres. Lexie aimerait bien se contenter de dire la vérité en un sens, mais elle n’était pas suffisamment proche de son interlocuteur et elle ne pouvait pas prendre ce risque tout de même. Même s’il était un mangemort et qu’il l’était grâce à elle.

Mais forcément, elle ne fut pas spécialement étonnée quand son interlocuteur lui demanda ce que ses parents avaient fait. Ça pouvait être simple de répondre, ils avaient simplement agi comme les pires parents du monde, à vouloir la changer. Et elle, elle avait agi comme la pire des filles possible… mais elle n’avait pas eu le choix de toute façon, parce que ça avait été eux ou elle.

« Ils… » Lexie hésita avant de continuer. Elle ne savait pas vraiment quoi dire, elle aurait pu se contenter simplement d’affirmer à Andreï qu’elle n’avait pas envie d’en parler. Mais en réalité, elle devait bien avouer qu’elle était juste complètement perdue. Elle ne parvenait pas entièrement à rester apte de ses pensées, de ses paroles. Elle avait conscience qu’elle ne pouvait pas en dire trop non plus, mais elle manquait quand même un peu de bon sens, parce qu’elle ne savait juste plus trop où elle en était. Finalement, elle continua. « Ils… ils me voulaient du mal. » Lexie se doutait qu’elle prenait quand même des risques en cet instant précis, en disant cela, mais c’était un peu comme si elle avait besoin de s’exprimer. « Ils me pensaient mauvaise, ils voulaient me soigner. »

Elle en disait beaucoup trop, la jeune femme en avait bien conscience. Mais c’était comme ça, elle se contredisait beaucoup, elle n’était vraiment pas clair. Elle devrait simplement se contenter de dire à Andreï qu’elle n’avait aucune envie de parler, sauf que de toute façon, c’était déjà trop tard maintenant. Elle ne pouvait pas revenir en arrière sur ce qu’elle venait de dire. Ses parents ne méritaient pas vraiment d’être pleuré, même si elle devait le faire… même si elle ne pouvait pas s’empêcher de le faire quand même, parce que même si elle avait pris la vie de ses parents, toute cette histoire était juste trop compliquée, beaucoup trop difficile à supporter, à endosser.

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A

ndreï se doutait que sa question était beaucoup trop indiscrète, et il s'attendait à tout moment à ce que son interlocutrice le rembarre. Ce serait son droit, après tout. La curiosité d'Andreï était certaine et sincère, ça n'empêchait pas qu'elle restait déplacée. Il pouvait se mettre à sa place (sans s'imaginer pour autant que leurs histoires puissent être à ce point similaires), si on l'avait harcelé de questions sur sa mère alors qu'elle venait à peine d'être enterrée, il ne l'aurait pas franchement bien vécu. Mais contre toute attente, Lexie eut l'air de baisser la garde.

Pour le jeune homme, c'était vraiment étrange que de voir sa camarade ainsi. A vrai dire, il ne l'avait jamais vue ainsi. Tout à coup, Lexie lui paraissait... vulnérable, et il ne s'y était pas attendu de sa part. Quand on la connaissait, du moins dans le contexte où Andreï l'avait connue, elle passait pour une force de la nature, imperturbable, toujours convaincue de ses convictions, impossible à contredire, une vraie force de caractère, qui ne se laissait pas marcher sur les pieds. Et pourtant, en cet instant, Lexie lui faisait penser ni plus ni moins qu'à une brindille, qui pourrait bien s'envoler au moindre coup de vent. Il ne devrait pas la prendre en pitié, pas plus qu'il ne devrait ressentir la moindre once de compassion pour elle. Après tout, même si le pire devait lui arriver, est-ce qu'elle ne l'avait pas mérité ? Si, sans doute. Après tout, elle était un membre actif des mangemorts, elle croyait dans des idéaux abominables, elle pouvait regarder la mort en face et sans ciller... elle méritait sûrement d'être malheureuse, peu importe ce qui était arrivé à ses parents et pourquoi ils étaient morts... Et pourtant, pourtant, il continuait de vouloir l'aider et la soutenir.

Donc Lexie lui en dit plus, et Andreï se sentait totalement... destabilisé par ses explications. Ses parents avaient voulu s'en prendre à elle, c'est ce qu'elle comprenait. Est-ce que ça signifiait que Lexie était responsable de la mort de ses parents ? Il allait peut-être trop vite en besogne en le pensant. Il était possible après tout qu'il fasse un transfert de sa propre situation sur celle de la jeune femme. Malgré tout, il demeurait d'incompréhensibles zones d'ombre.

-Comment ça, te soigner ?

Est-ce qu'ils avaient découvert qu'elle était un mangemort et avaient voulu soigner son état mental ? Dans ce cas, il avait envie de dire qu'ils n'avaient rien fait de mal. Quiconque était capable de faire souffrir autrui sans ressentir une once de remords méritait certainement un suivi psychologique. Et c'était un constat qui s'appliquait à lui-même. Certes, des remords, il en avait, il ne cesserait jamais d'en avoir, mais en même temps, si ça devait être à refaire, il savait qu'il referait exactement la même chose.

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Le remord exprime une nostalgie.

Lexie avait conscience qu’elle en disait beaucoup trop et elle le regrettait en un sens. Mais en même temps, elle ne pouvait pas revenir sur le fait qu’elle avait peut-être besoin de parler un peu, qu’elle avait besoin de signifier que ses parents n’étaient pas réellement de bonnes personnes et qu’elle ne les pleurait pas tant que cela. Elle les pleurait bien sûr, parce que ça n’enlevait pas le fait qu’elle était attristée par leur disparition, parce qu’elle était attristée par le fait qu’elle avait pris leur vie. Elle aurait aimé qu’ils n’en arrivent pas là. Donc, non, elle ne sautait pas de joie concernant la mort de ses parents, mais ça ne voulait pas dire qu’elle ne les pleurait pas.

Mais en même temps, elle savait aussi qu’elle n’avait pas eu beaucoup de choix, qu’elle n’aurait pas pu les laisser s’en prendre à elle comme ils avaient l’intention de faire. Ils lui auraient fait du mal, si elle n’avait pas agi. Alors, elle n’avait pas eu le choix tout simplement, même si ça ne voulait pas dire que c’était facile pour autant. Elle en avait juste marre de constamment les pleurer, parler de leurs forces, du fait qu’ils étaient des gens bien parce que tout le monde les prenait pour des gens bien. En même temps, vis-à-vis de leur communauté, ils étaient des gens qui entraient dans la catégorie des « bonnes » personnes. Le fait qu’ils n’aient pas accepté son orientation sexuelle ne voulait pas dire qu’ils étaient mauvais malheureusement, personne d’autre ne les jugerait de cette façon. Parce que personne n’accepterait ce qu’elle était non plus.

Et c’était bien pour cette raison qu’elle ne pouvait pas prendre la peine de préciser à Andreï sous ses yeux la raison pour laquelle ses parents avaient l’intention de la soigner. Au fond, elle aimerait bien pouvoir se confier un peu plus, mais elle ne pouvait pas se permettre de le faire non plus. Même si elle n’avait rien contre Andreï, qu’elle l’appréciait même – sans se douter une seule seconde qu’elle se trouvait en face d’un jeune homme qui décidait de trahir son maître –, elle ne pouvait pas se permettre d’en dire trop.

« Ils ne me trouvaient pas à leur image, tout simplement. » Répondit-elle, peut-être un peu plus froidement. Elle n’avait vraiment aucune de rentrer dans les détails et de lui dire pour quelle raison ses parents avaient l’intention de la soigner. « Il n’y a pas à en savoir plus, de toute façon la question ne se pose plus. »

Elle avait montré sa faiblesse, mais la jeune femme n’avait aucune envie que ça continue. Elle se devait d’être forte, d’autant plus forte qu’elle se trouvait quand même dans une horrible situation. Parce qu’elle devait assumer la mort de ses parents, s’en sortir sans finir en prison.

« Au moins, je suis libre maintenant. » Même si on ne pouvait pas dire qu’elle avait eu une vie misérable non plus, elle se sentait bien plus libre maintenant.

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D

e toute évidence, ce que Lexie décidait de considérer comme simple n'était pas du tout simple, bien au contraire. Son aptitude à totalement minimiser la situation était quelque part assez bluffante, mais Andreï se doutait que ce devait avant tout être une parade. Lexie était comme lui sur ce point, elle portait une carapace, elles n'étaient pas faites de la même matière mais avaient le mérite de vous protéger des autres, de leur suspicion et de leur curiosité. Quand Lexie se contentait d'un "tout simplement", Andreï comprenait bien que les choses étaient, bien au contraire, difficiles. Mais il comprenait également, par la même occasion, que la jeune femme ne daignerait pas lui en dire plus. C'était frustrant pour lui, car il n'y comprenait toujours rien (en fait, il était encore plus perdu qu'au début de leur conversation), mais il avait saisi le message : plus il insisterait, plus elle se contenterait de répliques évasives qui renforceraient sa frustration.

On ne décidait pas de "faire soigner" quelqu'un (et encore, qu'est-ce qu'elle entendait par "faire soigner", ça aussi, c'était terriblement vague au point d'en être terriblement frustrant) parce qu'on ne le trouvait pas à son image. A la limite, cela aurait pu se justifier si les parents de Lexie avaient été des amoureux des moldus convaincus de l'égalité des sorciers et non-sorciers, sauf que non, Andreï savait de source sûre que ce n'était pas le cas. Ils avaient voulu marier leur fille à Black pour préserver leur sang pur, ce n'était pas exactement un comportement tolérant...

Bref, la question ne se posait plus, selon elle. Andreï avait bien du mal à être d'accord. Pour lui, bien au contraire, un milliard de questions se posaient. Pourquoi étaient-ils morts ? Est-ce qu'elle n'avait vraiment pas été au courant ? Est-ce que Voldemort lui-même était au courant de ce qui se passait ou Lexie avait-elle tout orchestré ? Plus Andreï entendait parler Lexie, qui ajoutait par la même occasion qu'elle était libre, maintenant, plus il avait le sentiment qu'elle était entièrement impliquée dans ce qui s'était passé. Ce n'était pas juste un concours de circonstances qui l'arrangeait... Quoique.. peut-être qu'il se projetait juste trop ? Difficile à dire, mais difficile aussi, pour Andreï, de ne pas se mettre à la place de Lexie alors qu'il se reconnaissait instinctivement dans sa situation. Lui aussi s'était senti libre... parce qu'il s'était libéré, en tuant sa mère. Est-ce que Lexie aurait été capable de faire pareil avec ses parents, qui visiblement lui souhaitaient le pire. D'accord, il se pouvait que Voldemort ait décidé de protéger une de ses sbires de l'influence néfaste de ses paents, mais Andreï se disait que Jedusor avait techniquement mieux à faire de son temps.

-C'est toi qui les as tués, pas vrai ? dit-il, prenant le parti d'exprimer honnêtement le fond de sa pensée.

Elle allait peut-être lui rire au nez, mais tant pis, voilà qui était dit.

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Lexie préférait largement ne pas se retrouver à devoir parler de ses parents. Elle jouait facilement la fille orpheline qui voyait sa vie bouleversée par la mort de ses parents, parce que c’était précisément ce qu’elle était. Elle n’avait pas besoin de forcer la tristesse qu’elle ressentait, parce que c’était bel et bien ce qu’elle ressentait. Elle savait qu’elle n’avait pas eu le choix et au fond, la jeune femme était bel et bien soulagée d’être libre, elle avait conscience qu’elle avait enfin sa vie en main et que c’était mieux ainsi. Mais cela n’enlevait pas le fait qu’elle avait le sang de ses propres parents sur les mains. C’était facile de suivre Voldemort, de se dire qu’on allait tuer des moldus, de se dire qu’on allait répandre la magie sur ce monde et prendre la place qui nous revenait. C’était quand même tout autre chose que de tuer ses parents, ses propres parents. Parce que même si elle n’avait jamais eu de vraie relation avec sa mère, que celle-ci avait du la détester depuis sa naissance, elle restait quand même sa mère. Et son père…

Mais le pire au final, c’était de se dire qu’elle les avait tués et que quand elle l’avait fait, ses parents la détestaient tout bonnement pour ce qu’elle était. Ils ne l’aimaient plus et ils auraient fait sans doute la même chose si c’était la seule solution pour préserver leur famille. Au final cette famille n’était rien, ils n’étaient rien et ils n’avaient été encore moins que rien quand ils avaient découvert qu’elle aimait les filles. Tout ça parce qu’elle… aimait les filles. C’était tellement ridicule. Ils n’auraient peut-être même pas réagit si vivement en apprenant qu’elle aimait un moldu, ils l’auraient forcé à épouser Orion bien sûr, mais ils n’auraient pas eu envie… de lui faire du mal pour la changer. La peine qu’elle ressentait était donc bel et bien réelle, elle n’avait pas besoin de la jouer et Lexie préférait quand elle pouvait juste… laisser un voile sur toute cette histoire pour ne pas trop y penser. Mais là, tout de suite, avec Andreï c’était difficile de ne pas y penser et de ne pas dire plus que ce qu’elle disait déjà. Elle ne devait pas dire plus, mais c’était difficile de ne rien dire.

Alors quand il reprit la parole, quand il lui demanda franco si c’était elle qui les avait tués… ce fut un peu la goutte d’eau qui fit déborder le vase. La jeune femme sentit les larmes remplir son regard et couler le long de ses joues. Elle ne pleurait pas, normalement, elle ne se rabaisserait pas à ce genre de comportement. Elle était forte, elle était dure, elle était une mangemort, elle était une sang pur… mais là elle était incapable de les retenir. Devant Andreï en plus, qu’elle connaissait peut-être, mais on ne pouvait pas dire qu’ils étaient proches non plus. Elle l’avait fait entrer chez les mangemorts, mais ils n’étaient pas amis.

« J’avais… j’avais pas le choix. » Elle cherchait à se justifier. Elle ne devrait pas avouer, mais elle osait croire que Andreï ne dirait rien aux Aurors et par chance, un mangemort s’occupait de l’affaire. Pour ce qui était de Voldemort, il était déjà au courant de toute façon, il ne pouvait pas l’ignorer. « Il me le fera payé de mettre servi de sa marque comme excuse, mais j’avais pas le choix. Ils m’auraient… c’était eux ou moi. » Elle ne savait même pas pourquoi elle disait tout ça au fond, elle avait peut-être juste besoin de se confier réellement, entièrement.

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L

exie, à ce stade, ne pouvait tout simplement pas lui mentir. Enfin si, évidemment, elle pouvait totalement décider de lui mentir, d'autant plus qu'elle n'avait pas forcément de bonnes raisons de prendre le risque de lui apprendre toute la vérité, mais si elle s'était obstinée dans le mensonge, Andreï n'aurait pas été dupe. Il avait parfaitement compris ce que la jeune femme avait fait. Est-ce qu'il la jugeait ? Pour plein d'autres choses, oui, mais étonnamment pas pour cela. Il le ressentait, vraiment, Lexie n'avait pas eu le choix. Peut-être qu'elle était une excellente comédienne et qu'il se laissait prendre à son jeu, mais elle ne le pensait pas. Il était convaincu par son discours. Cela avait été un crève-coeur pour elle de mettre fin aux jours de ses parents, mais elle n'avait tout simplement pas eu le choix. C'était elle ou eux. A ce titre, elle avait plus de mérite que lui-même, étant donné qu'Anya Armyanski n'aurait jamais fait de mal à son fils... ou du moins volontairement. Car indirectement, en revanche, elle l'avait blessé plus que ce qui pouvait bien être concevable.

En revanche, il est vrai qu'elle s'était mise dans une situation particulièrement délicate. En exploitant la marque du seigneur des ténèbres sans son aval, elle s'exposait à ses foudres... A ce titre, Andreï aurait presque de la peine pour elle, il devait l'avouer. Est-ce que, pour autant, il allait se risquer à faire ou dire quoi que ce soit pour la défendre et la protéger ? Non, bien évidemment que non. Le jeune homme se trouvait déjà assez suicidaire d'avoir rejoint les mangemorts pour les espionner au nom de la Résistance, il n'allait clairement pas en rajouter une couche encore, de quelque manière que ce soit. Le jeune homme tenait à sa couverture, et en retour, il ne tenait pas suffisamment à Lexie, qui restait une ennemie.

Seulement, en cet instant, l'ennemie en question lui paraissait plus humaine qu'elle ne l'avait jamais été jusqu'alors à ses yeux. Et pour la peine, il ne savait faire autrement que de vouloir la soutenir, même si c'était une très mauvaise idée. Elle n'était même pas son amie ou quoi que ce soit qui s'en rapproche, il ne savait pas exactement à quel jeu il jouait en cet instant, mais en échange de ses confidences, il accepta de lui confier cette chose dont très peu de personnes avaient conscience...

-Ma mère était un véritable monstre. Pas avec moi, c'est vrai, mais... enfin, ce n'est pas pour rien si j'ai eu autant de pères différents au cours de sa vie, expliqua-t-il sans estimer avoir besoin de se montrer plus clair. Anya Armyanski avait été une veuve noire, on faisait difficilement plus limpide. Alors... J'ai fait ce qu'il fallait pour que ça n'arrive pas.

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Lexie se sentait complètement piégé au pied du mur, elle ne pouvait pas continuer à mentir, mais en même temps dire la vérité à Andreï ce n’était pas forcément une bonne chose. Ce n’était pas contre lui, en soit, Lexie n’avait rien contre le jeune homme qu’elle arrivait quand même suffisamment à apprécier, mais ils étaient loin d’être amis et donc loin d’être proche. Il était évident, par exemple, que la jeune femme ne pourrait jamais envisager de lui confier son plus grand secret, même si elle était quand même en train de lui avouer qu’elle avait bel et bien tué ses parents. Mais parler de son crime était une chose, l’expliquer en était une autre. Il était évident que la jeune femme ne pouvait pas avouer qu’elle aimait les femmes, elle ne savait que trop bien que cette société ne l’accepterait pas. Et même si Andreï pouvait donner le sentiment d’être sympa, elle ne pouvait pas prendre ce risque.

Alors, ils n’étaient pas assez proches pour qu’elle parle de cela, mais elle se retrouvait quand même à avouer qu’elle avait bel et bien tué ses parents. Il avait deviné cependant, ça l’aidait quand même grandement dans le fait de ne pas continuer de mentir. Mais elle aurait pu ne pas se préoccuper de ce qu’il pensait, de ce qu’il s’imaginait et l’envoyer tout simplement bouler. Ce qu’elle n’avait pas fait et au fond, elle dut bien reconnaître que ça lui fit du bien. Elle savait bien que ça n’allait pas arranger sa situation, mais pouvoir simplement dire qu’elle avait tué ses parents, ça lui faisait du bien.

Et la réaction de Andreï, Lexie ne s’y était pas du tout attendu. Il ne la regarda pas comme un monstre, mais en même temps puisqu’ils portaient tous les deux la marque des ténèbres sur leur avant-bras, il était mal placé pour la considérer comme un monstre. Il ne lui parla pas plus de ses parents non plus. À la place, le jeune homme parla de sa mère. Lexie l’écouta parler d’elle, préciser que cette mère était donc un monstre, même si ce n’était pas avec lui, mais qu’elle en était un quand même, mentionnant le fait qu’il avait eu beaucoup de père. Andreï n’avait pas vraiment besoin de se montrer plus explicite en cet instant précis pour que la jeune femme comprenne ce qu’il en était de sa mère, une veuve noire. Mais ce qui la surpris le plus, parce que pour le moment elle ne voyait vraiment pas vraiment pourquoi il lui dit tout ça, ce fut quand il reprit pour dire qu’il avait fait ce qu’il fallait faire, pour que ça n’arrive pas.

Lexie fut tellement surprise qu’elle ne trouva pas tout de suite les mots. Elle savait que Andreï avait l’étoffe pour être un mangemort, de par son sang de prime abord, mais elle avait peut-être eu plus de doute sur ce qu’il serait capable de faire pour eux. Là, elle ne pouvait évidemment pas douter.

« J’imaginais pas… » Dit-elle, en restant encore un peu sans voix. Ça ne voulait pas dire qu’ils pouvaient réellement se comprendre, mais Lexie devait bien avouer qu’elle appréciait quand même de découvrir que son interlocuteur – celui qui avait compris qu’elle avait tué ses parents et sans doute pour cette raison justement – avait commis un crime comme le sien. « Et… comment tu fais pour vivre avec ça ? »

Est-ce que Andreï avait à ce point un cœur froid que ça ne lui faisait rien du tout ? Lexie s’était toujours targuée d’être forte, d’être indépendante, mais elle n’était finalement pas si forte que ça.

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A

ndreï avait bien conscience du fait qu'il prenait de sérieux risques en apprenant à son interlocutrice ce qu'il avait fait. Personne ou presque n'était au courant de ce qu'il avait fait. Même dans son entourage le plus proche. Il n'en parlait pas, il n'en parlait jamais, et pour cause, il redoutait le regard que l'on poserait sur lui. Et pourtant, voilà qu'il se confiait à Lexie, à elle avec qui il n'était pas si proche pourtant, à elle qui était l'ennemie, même, à ses yeux. Mais il savait qu'il pouvait lui parler sans craindre qu'elle le trahisse, elle aurait trop à perdre. Et par ailleurs... eh bien, pouvoir parler si directement de ce qu'il avait fait, eh bien... ça le soulageait d'un poids. Il n'avait pas réalisé jusqu'alors à quel point porter ce fardeau était insoutenable. Pouvoir le partager aidait un peu, même si la seule personne avec qui il l'ait jamais partagé jusqu'alors avait très très mal fini, et c'était entièrement de sa faute.

Lexie observa qu'elle ne s'était pas du tout imaginée une chose pareille. C'était parfaitement normal, comment l'aurait-elle pu ? Ce n'était pas une chose qu'Andreï confiait à tout bout de champ, loin de là. Le jeune homme n'avait pas la carrure d'un assassin, et lui-même, bien que conscient de ce qu'il avait fait, avait souvent du mal à admettre qu'il en était un, capable de tuer sa propre mère de sang froid. Voilà, c'était donc dit, et comme il s'y attendait, Lexie ne jugeait pas, elle ne disait rien. Elle se contentait d'observer, de constater. Que faire de plus, en même temps ? Elle lui posa à la place une question qui était clairement lourde de sens, c'est le moins que l'on puisse dire. Comment est-ce qu'il faisait pour vivre avec ça. Comment survivait-on à un matricide ? A un parricide ? La vraie réponse à cette question, Andreï ne l'avait pas, il avait bien souvent le sentiment de survivre plus qu'il ne vivait. Il s'était trouvé un objectif, la résistance, et c'était ce qui lui maintenait la tête hors de l'eau, mais ce n'est pas pour autant que le jeune homme se sentait particulièrement serein ou en paix avec ce qu'il avait fait. Non, serein, il ne pourrait plus jamais l'être, et au fond, il l'acceptait, il l'acceptait parce qu'il n'avait pas le choix.

-Honnêtement je... Il n'y a pas une minute sans que je pense à ce que j'ai fait. Je regrette pas, je sais que c'était la chose à faire, mais... Je me sens coupable. C'est comme si j'avais un poids sur le coeur. Et je sais que ce poids ne partira jamais.

Et pour cause, sa culpabilité était double. Envers sa mère évidemment, mais plus encore envers June.

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Lexie devait bien avouer qu’elle n’en revenait pas d’avoir une telle conversation avec Andreï. On ne pouvait vraiment pas dire qu’ils étaient proches, même s’ils faisaient parti du même groupe (sans que la jeune femme ne se doute que le jeune homme la voyait par conséquence comme une ennemi), et finalement ils se retrouvaient quand même à parler de quelque chose de très important dans leurs histoires. Lexie n’avait pas spécialement l’intention de parler de ce qu’elle avait fait, surtout qu’elle avait conscience des conséquences que ça pouvait avoir sur elle, que ça soit à cause des Aurors que leur maître. Mais ils avaient ce point commun donc… est-ce que Andreï pourrait éventuellement lui apporter une solution sur comment gérer tout ça, parce qu’il devait le gérer aussi. Leurs histoires n’étaient pas la même, mais au fond ils avaient quand même pris la vie de leurs parents et ce n’était pas rien.

Malheureusement pour Lexie, Andreï lui affirma tout simplement qu’il n’y avait pas une minute où il ne pensait pas à ce qu’il avait fait. Ce n’était évidemment pas la réponse qu’elle avait envie d’entendre, dans l’idée elle aurait aimé que Andreï finisse par lui dire que ça passait un jour, qu’à un moment on n’y pensait plus. Mais non, le jeune homme lui affirmait qu’il y pensait encore, que même s’il ne regrettait pas parce qu’il savait que c’était quelque chose qu’il devait faire, mais ça n’enlevait pas le fait qu’il se sentait coupable. C’était horrible pour la simple et bonne raison que la jeune femme avait le sentiment que les propos de son interlocuteur faisaient écho à ce qu’elle ressentait. Elle savait qu’elle n’avait pas eu le choix, elle avait été obligée de le faire et au fond elle était bien mieux libre maintenant parce qu’elle ne se retrouvait pas à épouser Black, parce qu’elle avait moins besoin de faire semblant… mais elle se sentait quand mal parce qu’elle avait dû prendre la vie de ses parents.

« J’aurais bien aimé t’entendre dire autre chose… » Répondit-elle honnêtement. C’était le cas, elle aurait bien aimé que Andreï dise autre chose, qu’il lui affirme qu’elle allait finir par passer à autre chose. « Mais… ça me rassure en même temps. Je me demandais si c’était normal. » Ça ne l’était pas en soit, parce qu’elle n’aurait pas dû avoir besoin de tuer ses parents, mais en même temps elle n’avait pas le choix tout simplement. « C’est vraiment bizarre, parce que j’ai… l’impression d’être enfin libre de pouvoir faire les choses comme je le veux, de ne plus avoir besoin d’agir comme on attend que je le fasse, mais en même temps je ne sais pas si je le mérite tant que ça. » Elle ne savait même pas pourquoi elle disait tout ça au final, mais c’était la première fois qu’elle avait le sentiment de pouvoir parler de tout ça. Même si Melody était au courant de tout bien sûr, elle ne pouvait pas tout lui dire, parce qu’en partie elle ne pouvait pas comprendre et parce qu’elle ne voulait pas se montrer faible. Elle n’avait pas spécialement envie d’être faible devant Andreï, mais en même temps ça la touchait moins que ça soit le cas.

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A

ndreï ne s'attendait pas le moins du monde à une conversation comme celle-ci, il n'était pas convaincu que ce soit une bonne chose, car il ne voulait pas se sentir plus proche que nécessaire de l'ennemie, autrement que dans l'intérêt de la Résistance, mais ça lui faisait du bien aussi de pouvoir parler de ce qu'il avait enduré et endurait toujours avec quelqu'un qui pouvait le comprendre. Lexie et lui avaient vécu la même chose, une chose horrible, une chose violente, dont ils accusaient la responsabilité, et même si échanger à ce sujet n'allait certainement pas calmer leur culpabilité, cela pouvait leur permettre de mettre des mots sur une situation particulièrement éprouvante, et qu'ils garderaient avec eux éternellement.

Le poids qu'il avait sur le coeur, Lexie l'avait aussi, Andreï n'en était pas surpris le moins du monde, il savait pertinemment que c'était le cas. Il était impossible de vivre et faire une chose pareille sans en souffrir terriblement. Ou bien il faudrait ne pas être humain du tout. Tuer la mère, le père, ou les deux était la condition sine qua non à leur évolution, à leur émancipation... ce n'était pas pour autant qu'ils pouvaient ignorer la nature du crime.

-Personne ne mérite vraiment le bonheur qu'il réussit à se construire, réussit à répondre catégoriquement Andreï.

Il le pensait réellement. Si la situation récente lui avait appris quelque chose, c'était qu'il n'y avait pas de bonnes ou de mauvaises personnes, et personne ne méritait réellement le bonheur. Andreï n'était pas quelqu'un de bien, il était un assassin, qui avait laissé la femme qu'il aimait être accusé à sa place. Et les personnes qu'il portait aux nues n'étaient pas forcément mieux : Pomona l'avait déçue, et les mages noirs avec qui il frayait pour la Résistance n'étaient pas non plus des êtres complètement cruels et sans coeur, en chacun, il était capable de déceler une part d'humanité. C'était bien le problème.

-Mais c'est à nous de décider de ce qu'on décide d'en faire. Il marqua une pause. Je supporte pas cette culpabilité, et en même temps, je voudrais pas vivre sans. Je me dis que tant que je reçois ce poids sur mon coeur, je suis... je sais pas... au moins un peu puni pour ce que j'ai fait.

Une bien maigre punition, cela s'entendait, en comparaison de la sentence dont il aurait pu écoper, celle que June elle-même subissait : terrible, cruelle. La compagnie froide et inévitable des détraqueurs.

-Si on a fait ce qu'on a fait, c'est pour survivre, en quelque sorte, alors faut au moins qu'on réussisse à faire en sorte que ce soit pas pour rien, ajouta-t-il alors, plus sincère avec elle qu'il ne l'était la plupart du temps.

Il articulait définitivement en mots le fond de sa pensée.

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Lexie n’aurait pas cru se retrouver dans cette situation, à parler de ce qu’elle avait fait à Andreï. Et pourtant, elle était bel et bien là, à parler du fait qu’elle avait tué ses parents, pendant que lui-même lui parlait de ce qu’il avait fait à sa mère. Elle ne l’aurait pas cru. Au fond, elle se disait qu’elle pouvait vraiment s’entendre avec Andreï et cette conversation lui donnait encore plus ce sentiment (sans qu’elle ne se doute une seule seconde du fait qu’ils n’étaient pas du tout sur la même longueur d’onde et qu’ils n’étaient absolument pas dans le même camp). Elle ne se doutait de rien, mais en attendant la jeune femme avait le sentiment de pouvoir parler avec une personne qui était capable de la comprendre. Elle avait déjà parlé de ce qu’elle avait fait à d’autres personnes, mais ces personnes ne pouvaient pas comprendre complètement ce qu’elle vivait.

La jeune femme l’écouta attentivement alors que Andreï lui expliquait qu’il ne supportait pas de vivre avec cette culpabilité, mais qu’en même temps il ne se voyait pas vivre sans. Qu’au fond, le fait de ressentir tout cela, ça lui permettait un peu d’être puni pour ce qu’il avait fait… Lexie ne savait pas trop quoi penser de tout cela. En soit, la jeune femme n’avait pas spécialement envie d’être punie pour ce qu’elle avait fait, même si pouvait quand même reconnaître que ça la rendait peut-être humaine. Mais elle n’avait pas envie que ses parents continuent de lui pourrir la vie, alors qu’elle avait fait tout cela dans le but de pouvoir juste vivre encore…

Mais oui, elle avait fait ce qu’elle avait fait dans le but de survivre, alors, il fallait justement qu’elle continue de vivre, sinon ça n’en vaudrait pas la peine.

« Je vois ce que tu veux dire. » C’était assez étrange au final de lui parler de tout cela, mais au moins… Lexie ne pouvait pas s’empêcher de se dire que ça lui faisait vraiment du bien. « Le pire serait sans doute d’avoir du faire quelque chose comme ça et que ça ne mène à rien au final. » Elle avait tué ses parents, elle l’avait fait parce que sur le moment elle avait considéré ne pas avoir le choix du tout. Si elle ne profitait pas du fait qu’elle avait la vie devant elle, qu’elle pouvait vraiment agir comme elle le souhaitait, elle aurait tué ses parents pour rien. « Mais tu ne crois pas que… eh bien, un jour il sera possible que la culpabilité disparaisse ? »

Elle espérait qu’un jour, elle allait pouvoir simplement ne plus penser à tout cela. Qu’un jour, elle arrêterait de repenser aux regards de ses parents quand elle leur avait pris la vie, qu’elle se contenterait juste d’être libre et de ne plus avoir tout ça sur la conscience. Même si au fond, elle se doutait quand même déjà de la réponse. Pourquoi arrêter de culpabiliser si c’était leur punition justement.

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Le remords exprime une nostalgie.

A

ndreï hocha la tête avec gravité. Il n'en revenait pas, pas complètement, d'avoir ce genre de conversation avec Lexie Hepburn, et pourtant, c'était le cas. Et il n'avait pas vraiment besoin de se forcer pour s'adresser à elle comme il le faisait. Non, il se contentait simplement de s'exprimer selon ce qu'il pensait bel et bien. Il se reconnaissait dans sa situation, et elle ne pouvait que se reconnaître dans la sienne. Et ça, temporairement, ça faisait d'eux des alliés.

Certes, Andreï n'oubliait pas qui était Hepburn et tout ce qu'elle représentait, quelle était la cause qui l'animait, mais ici et maintenant, il n'était pas dans le jugement, et ne pouvait d'ailleurs pas franchement se permettre de l'être : qui serait-il pour se permettre de la juger alors que lui-même avait commis des atrocités similaires à elle ? Dans ce contexte, du moins, ils étaient sur un pied d'égalité. Alors il pouvait bien lui partager son expérience. A plus forte raison qu'il ne pourrait pas vraiment se permettre de la partager avec qui que ce soit d'autre, au bout du compte. Rares étaient ceux qui pourraient véritablement comprendre.

Elle résumait très bien ce qui était sa pensée aussi, même si ce n'était jamais qu'une manière de se rassurer ou de justifier ce qu'ils avaient fait : en effet, ce serait très certainement pire d'avoir commis une horreur aussi terrible que celle-ci et qu'au final, cela n'ait abouti à aucun résultat. Le monde était sans doute meilleur sans les personnes qu'ils avaient supprimées. Certes, ça ne justifiait pas tout. En détruisant des monstres, ils en étaient devenus eux-mêmes, et qui les arrêteraient, eux ? C'était sûrement un cycle sans fin, au bout du compte.

-Pour moi, c'est sûr qu'elle ne disparaîtra pas, et je ne veux pas que ce soit le cas. Je ne cherche pas à être apaisé, je ne le mérite pas, ce serait injuste.

Impossible que sa culpabilité disparaisse, d'autant qu'elle ne concernait pas que lui, mais également June, qui avait été envoyée derrière les barreaux par sa faute. Non, en ce qui le concernait, il était plutôt évident que rien ne mettrait jamais fin à la culpabilité qu'il éprouvait, c'était tout à fait impossible. Elle le portait, complètement, faisait partie intégrante de lui. Non, il était impensable qu'elle le déserte tout à coup. Dans le cas de Lexie, il n'en savait rien.

-Dans ton cas, j'en sais rien. Il haussa les épaules. Chacun s'arrange comme il veut avec sa conscience.

Et même s'il ne le formulerait pas de cette façon, il voulait bien croire que la conscience de Lexie Hepburn soit moins développée que la sienne. Ce n'était pas très juste que de le penser, certes, mais il le pensait tout de même, c'est un fait.

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