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lus que trois semaines, trois semaines et son contrat avec le Chaudron baveur serait définitivement résilié. Si elle devait revenir ici par la suite, ce ne serait jamais que pour saluer ses anciens collègues ou pour commander l'un de leurs délicieux verres d'hydromel vieillis en fût. Elle n'avait pas complètement détesté son emploi ici, même si elle y avait postulé par défaut, dans l'urgence de se trouver une place en Angleterre qui lui permette d'assumer financièrement son fils. Bien sûr, elle avait eu souvent affaire à des clients ingrats ou irrespectueux, et connaître leurs pensées dans le moindre détail dans ces cas-là n'avait pas été une chose agréable. Mais il y avait aussi eu de bonnes choses dans ce travail. Certains des piliers de bar de l'enseigne étaient devenus ni plus ni moins que des amis et elle s'entendait parfaitement bien avec les autres serveurs du pub. En pensant au fait que tout ça allait toucher à sa fin, elle ne pouvait par conséquent s'empêcher d'éprouver une certaine nostalgie, comme un vague à l'âme, de ceux qui accompagnent sans doute n'importe quel changement.

Mais Queenie n'avait qu'à penser à ce qui l'attendait, aux raisons qui faisaient qu'il ne lui était plus nécessaire dorénavant de venir travailler ici, et aussitôt, sa mélancolie s'apaisait un peu. Pour une fois dans sa vie, elle allait vraiment faire un travail stimulant, se donner à un job qui n'était pas purement alimentaire, et qu'elle allait aimer, presque autant - mais pas autant malgré tout, car la seule chose que Queenie puisse aimer plus que Jacob, c'était évidemment Adrian - que celui qui partageait cette folle aventure avec elle. L'ouverture de la boulangerie n'était plus qu'une question de jours, à présent, et à cette perspective, elle bouillonnait d'impatience, alors non, il n'y avait rien à regretter. Même si certains habitués des lieux allaient forcément lui manquer. Comme Christian, par exemple, un homme avec qui elle avait largement sympathisé, au point de devenir une confidente pour lui. Rien ne les empêcherait de se revoir malgré tout, mais ils ne se croiseraient plus de la même manière, comme c'était le cas aujourd'hui, alors que Christian venait de passer les portes du pub et de se diriger vers le comptoir.

-Christian ! Comment vas-tu ? Qu'est-ce que je te sers aujourd'hui ?

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