Les vacances scolaires approchaient à grand pas, et Lysandre ne pouvait certainement pas nier qu'elle les attendait avec la plus vive impatience. Elle se sentait... oppressée, à Poudlard, en proie à une paranoïa grandissante qui l'épuisait grandement.

Depuis que les pires rumeurs couraient sur elle et sur Adrian, elle n'avait pas la moindre seconde de répit, sans arrêt, elle avait le sentiment que les regards convergeaient dans sa direction, et surtout, qu'elle subissait le jugement de tous. Ce n'était jamais qu'une vue de l'esprit, évidemment, les gens avaient sûrement mieux à faire que de se focaliser sur elle, encore et encore, mais elle avait u mal à se raisonner à ce sujet.

Oui, les couloirs de Poudlard lui étaient devenus désagréables et inhospitaliers, et même si arriver aux grandes vacances devait vouloir dire supporter la tension familiale et l'omniprésence de Melody, au moins aurait-elle une chambre à elle seule où elle pourrait se réfugier et pourrait-elle parcourir l'île de Müll afin de s'isoler un peu... et puis, elle devait rencontrer la famille de Linus, aussi (et réciproquement, ce qui la terrifiait vu les circonstances), et même si elle appréhendait, elle avait hate quand même.

En tout cas, elle savait vraiment qu'elle avait de la chance d'avoir Linus à ses côtés. Il avait fait la sourde oreille à ces bruits de couloir absurdes, il l'avait soutenue, il lui avait promis que leur relation survivrait à la distance quand, l'année prochaine, elle serait encore à Poudlard, contrairement à lui. Linus était sa force, son pilier, et elle était heureuse de l'avoir à ses côtés.

Même si, aujourd'hui, il avait décidé de rester à Poudlard (les ASPIC approchant, ça se comprenait) et que Lysandre était allée à Pré-au-Lard seule. Ce n'était pas bien grave, elle avait de toute façon besoin de s'aérer l'esprit. Elle allait aussi en profiter pour faire quelques emplettes.

Elle n'avait rien de spécial à faire chez Zonko, mais elle décida quand même d'y faire un tour, puisqu'elle flânait et avait de toute façon du temps devant elle.

Quand elle entra dans la boutique, elle ne prit conscience de la présence de Clio que trop tard, quand elle eut le temps de la percuter sans le vouloir, sans doute trop distraite.

"Oh, mince... excuse-moi...", dit-elle, confuse. "Je t'ai pas fait mal, au moins ?"

- Oui oui ne t’en fais pas, je vais bien. Je suis désoler je ne faisais pas attention….

Bon, l'essentiel, c'est que tout le monde allait bien et que visiblement, son interlocutrice ne lui en voulait pas pour ce que Lysandre avait estimé être son inattention à elle.

Elle en subissait assez avec les personnes qui, naturellement, lui en voulaient pour un oui ou pour un non, parce que c'était devenu une sorte de mode de lui en mettre plein la tronche.

D'ailleurs, elle s'était dit que Clio suivrait sans doute le mouvement. Sans raison particulière, elle était juste, elle aussi, victime de ses préjugés. Après tout, Clio était une grande amie de Melody, alors elle n'aurait pas été surprise que sa meilleure amie cherche à ternir son image auprès de son interlocutrice, mais elle n'avait pas l'impression que c'était le cas, tout comme Clio n'avait pas l'air de la considérer comme la catin de base... en même temps, il est vrai que la jaune et noir souffrait elle aussi d'une réputation tout sauf reluisante, et qui n'était peut-être pas fondée au bout du compte. Alors l'un dans l'autre, c'était sans doute normal.

"On est deux, alors. En ce moment, j'ai la tête ailleurs...", répondit Lysandre d'un ton qu'elle essayait de faire décontracté, un léger sourire aux lèvres, jamais à l'aise quand elle devait s'adresser à ceux à qui elle n'avait pas l'habitude de parler. "Tu... venais acheter quelque chose en particulier ?"

Elle n'était jamais très douée pour faire la conversation, mais elle n'avait pas envie de tracer son chemin en faisant comme si son interlocutrice l'importunait, alors qu'en soi, ce n'était pas le cas, et on ne pouvait pas franchement dire que la situation prêtait à agir différemment non plus.

Elle n'avait pas envie de fuir comme une voleuse, et c'était peut-être une manière comme une autre d'occuper son ton, même si elle ne savait pas du tout sur quel pied danser avec Clio. Le fait qu'elle soit proche de Melody n'aidait pas non plus, elle avait un peu peur d'être prise pour une idiote, ce n'est pas la première fois que ça arriverait (et ce serait encore pire si elle devait découvrir les sentiments que Clio nourrissait pour Linus).

- On perd le fils du temps quand on à la tête ailleurs... Et nous je ne viens pas chercher quelques choses en particulier et toi ?

En effet, on perdait le temps quand on avait la tête ailleurs. Lysandre était bien placée pour en savoir quelque chose, même si elle n'oubliait pas d'être terre à terre quand la situation l'exigeait, elle avait quand même très souvent la tête dans les nuages, et à force de rêver, elle avait déjà rencontré des problèmes dans le passé.

Là, ce n'était jamais qu'un problème minime, ceci dit, d'autant plus que Clio se montrait très compréhensive et absolument pas agressive. Ce qui rassurait Lysandre, d'ailleurs. Souvent, les amis de Melody, qui avaient pris parti pour elle, ne la ménageaient pas. Clio se contentait de lui parler comme elle aurait sans doute parlé à n'importe qui normalement, ce qui lui allait parfaitement bien, c'est certain.

Clio n'était donc pas là pour chercher quelque chose en particulier, elle flânait juste dans les boutiques de Pré-au-Lard, comme c'était le cas de beaucoup d'autres, et elle était tombée sur elle. Une histoire banale, pour une conversation qui finirait peut-être par ne pas l'être tant, même si Lysandre était loin de se douter de ce qui traversait l'esprit de la jaune et noir, et des sentiments qu'elle pouvait avoir pour Linus.

"Rien de vraiment particulier non plus", répondit Lysandre avant de se rattraper tout de même un peu. "Enfin si, je me suis dit que je trouverais peut-être un miroir à double sens. Mais je ne sais pas trop où chercher... Et je doute un peu que ce soit dans mon budget...", précisa-t-elle dans un petit sourire timide.

Lysandre s'était dit que ce serait un achat pratique, et qui par ailleurs ferait certainement plaisir à Linus, un moyen de communiquer facilement quand il ne serait plus à Poudlard, et qui leur servirait sûrement d'autant plus si le jeune homme devait être décidé à poursuivre son rêve et de faire son tour du monde.

Est-ce que cette relation à distance avait vraiment des chances de marcher ? Elle ne pouvait malheureusement pas en être sûre, mais dans tous les cas... Elle avait envie d'essayer, elle avait besoin d'essayer, même. Linus et elle étaient enfin ensemble, ce n'était pas pour le perdre si vite.

- C’est une bonne idée ce genre d’achat quand on ne veut pas s’en faire pour une personne et être rassurer juste en la voyant de l’autre côté du miroir.

Oui, c'était exactement l'idée, une façon de palier au silence et à l'absence, de supporter la distance. Elle savait très bien que la situation serait difficile, une fois que Linus aurait quitté Poudlard, et plus difficile encore quand il entreprendrait son tour du monde pour étudier et recenser les plantes magiques comme il en avait l'intention.

Ce ne serait pas suffisant, bien sûr, ils se verraient le plus possible et s'écriraient régulièrement quand ils n'auraient pas d'autre choix. Mais rien que l'idée de pouvoir le voir, de recueillir de sa part ne serait-ce qu'un sourire, un coup d'oeil rassurant.

Clio avait l'air de comprendre cela. Peut-être y avait-il des personnes dans son entourage qui se trouvaient loin, aussi, et qu'elle aimerait voir plus souvent.

Mais je pense que ce simple objet doit valoir beaucoup de morille et je ne sais pas où on peut trouver ça.

Oui, c'était bien son souci. Si elle connaissait l'existence de ce genre d'objet, elle n'avait aucune idée de la meilleure manière de s'en procurer. Et elle se doutait que ça coûtait très cher... mais ça, ce n'était pas un problème. Si ses économies pouvaient y suffire, ça ne la dérangerait pas de toutes les dépenser. Il fallait ce qu'il fallait.

Mais visiblement, ce n'était pas Clio qui allait l'aider à trouver une réponse. D'autant plus que ce qu'elle ajouta lui semblait très étrange.

Sans doute dans l’allée des embrumes, enfin c’est là que j’irai voir ou j’enverrai quelques voir pour moi.

"L'allée des embrumes ?" répéta Lysandre, dubitative. "Ce n'est pas comme si c'était un article de magie noire..."

Oui, ça lui paraissait étrange qu'on ne puisse pas trouver ce miroir par les voies légales. Peut-être qu'il y avait un moyen de l'utiliser à mauvais escient, mais elle en doutait. Ce n'était pas comme si on pouvait s'en servir pour espionner ou quoi que ce soit, puisqu'on voyait forcément l'autre personne de l'autre côté du miroir.

Et puis, elle connaissait des personnes très bien qui s'en étaient procurés. Elle savait, par exemple, que Cassiopée en avait offert un à Adrian pour son anniversaire.

Elle devrait sûrement commencer par là en fait, demander à Cassie où elle l'avait trouvé.

- Je ne pense pas que ce soit un article de magie noir, mais j’ai entendu dire que l’on pouvait trouver pas mal de chose la bas.

Oui, Lysandre avait entendu cela, aussi, mais elle avait surtout entendu que ce que l'on trouvait là-bas, en règle générale, c'étaient des articles de magie noire peu recommandables.

Peut-être qu'il était possible de se procurer un miroir à double sens par ce biais là, d'autant plus que certaines personnes devaient se servir de ces articles à mauvais escient. Pour des cambriolages ou des choses du genre, va savoir.

En tout cas, même si c'était possible, c'était évident que Lysandre n'en viendrait pas à cette possibilité. La simple évocation de l'allée des embrumes lui donnait des frissons. Elle n'y avait jamais mis les pieds mais elle avait entendu suffisamment d'histoires sur ces lieux pour s'en inquiéter...

... Ce qui faisait sans doute d'elle une trouillarde pur jus, pas le top quand on ambitionnait de devenir Auror. Mais si elle avait l'intention de vaincre le mal, elle n'avait pas envie d'aller au devant du danger dans des situations où ce n'était pas hautement nécessaire.

Après ce n’est qu’une hypothèse, après il doit avoir des endroits ou le trouver, il faut juste avoir quelques contact qui on pu s’en procurer.

Oui, en somme, ce n'était donc pas Clio qui allait l'aider à y voir plus clair de ce côté. Il faudrait qu'elle en parle à Adrian ou à Cassiopée. Elles devraient l'aider à y voir plus clair.

En tout cas, il faudrait qu'elle s'active, parce qu'elle n'avait pas beaucoup de temps devant elle avant la fin de l'année scolaire. Et elle tenait vraiment à offrir ce cadeau à Linus, en espérant qu'il lui ferait plaisir.

"Je verrais bien", dit-elle avec un sourire. Elle n'allait pas reprocher, après tout, à son interlocutrice de ne pas en savoir davantage sur la question. Elle marqua une légère pause, puis reprit, sans vraiment de transition. "T'es pas trop angoissée par la fin d'année, toi ?"

Clio, tout comme Linus, allait bientôt quitter Poudlard, et Lysandre se triturait un peu trop l'esprit avec tout ça... Forcément, ce sujet de discussion se trouvait toujours dans un coin de sa tête.

- Non je ne suis pas vraiment angoissée, je dois simplement m’organisé pour la suite au vu des événements qui viennent de se passée dans ma vie.

Lysandre arqua un sourcil. Elle n'était peut-être pas la personne la plus curieuse qui puisse être (ou en tout cas, d'autres la devançaient de très loin dans ce domaine, elle pensait notamment à Pomona, qui était un peu experte dans ce domaine), mais quand on prononçait des phrases de ce genre en sa présence, elle ne pouvait pas s'empêcher de se poser des questions.

Au fond, et même si elles parvenaient à discuter rapidement de façon agréable et cordiale, Lysandre devait bien reconnaître qu'elle ne savait absolument rien de la vie de Clio Brunett. Tout ce qu'elle savait, c'est qu'elle avait sa petite réputation à Poudlard (mais Lysandre n'en tenait pas compte, elle-même ne se coltinait pas la meilleure des réputations, sans réel fondement, alors elle n'allait clairement pas fonder sa réflexion sur des préjugés ou des a priori.

Elles n'étaient pas suffisamment proches, quoi qu'il en soit, pour que Lysandre se permette de lui demander ce qui était arrivé dans sa vie, même si, maintenant, elle avait vraiment envie de l'entendre... mais c'était peut-être plus de la curiosité malsaine qu'autre chose. Si Clio voulait lui en dire plus, la bleu et bronze serait prête à l'entendre, dans le cas contraire, elle n'irait pas chercher plus loin.

Et toi tu penses l’être quand ça sera ton tour ?

Lysandre haussa les épaules. Au fond, elle n'en savait trop rien, parce que l'avenir, tout ce qui l'attendait après Poudlard, était de l'ordre de l'inconnu, et donc de l'angoissant. Mais d'un autre côté, le fait que plus rien ni personne ne l'attendrait à Poudlard aiderait peut-être. Si Linus et elle survivaient bel et bien à la distance tous les deux, alors ils pourraient enfin commencer quelque chose de concret ensemble à l'extérieur, ce n'était pas rien.

Mais difficile de savoir tant qu'on n'y était pas... savoir ce qui nous attendait l'année suivante, ça avait quelque chose de familier et de réconfortant, même si Lysandre avait appris depuis un moment et à ses dépens que ce qui est familier et réconfortant ne vous dure jamais bien longtemps.

"Je ne sais pas trop... ça va être bizarre de ne plus revenir ici... Mais en même temps, il y a quand même pas mal de choses qui ne vont pas me manquer, à Poudlard. Et puis..." Ses joues rosirent légèrement. "Je serai plus proche de Linus."

- C’est un peu comme une nouvelle page qui se tourne quand nous quittons Poudlard, mais je pense que le plus important c’est d’avoir de bon souvenir dans ce lieu et oublier le reste, même ça c’est un moment de notre vie.

Lysandre ne pouvait que rejoindre Clio sur ce point. Elle espérait qu'une fois qu'elle aurait quitté Poudlard (mais au bout du compte, c'était encore dans très longtemps pour elle, quand bien même une année pouvait passer vite, elle n'avait pas réellement vu passer la précédente), elle parviendrait à poser sur ses années d'études un regard qui ne serait que nostalgique, sans amertume d'aucune sorte.

Elle ne détestait pas tout à Poudlard, après tout. C'était là qu'elle avait trouvé l'amour, et même si c'était difficile et que ça ne s'était pas fait dans les bones conditions, elle ne pouvait certainement pas regretter cela... Et elle avait aussi construit quelques belles amitiés dans la foulée. Trop peu, peut-être, mais qui avaient su la marquer malgré tout. Et pour certaines, elle espérait bien qu'elles lui dureraient pour très longtemps.

Et l'ambiance au château avait aussi quelque chose d'assez exceptionnel. Non, tout n'était pas à jeter, définitivement pas... Mais il était difficile de mettre de côté tous les mauvais aspects auxquels elle avait été aussi confrontée... et puisqu'elle n'espérait plus renouer avec sa soeur un jour, elle se disait que certaines choses qui s'y étaient déroulées la marqueraient à vue.

Je comprends que tu souhaites plus proche de ton petit ami, toute petite amie le souhaiterait.

Elle esquissa un fin sourire, c'est sûr qu'elle ne pouvait vraiment pas penser différemment. Le fait qu'ils soient ensemble était presque miraculeux tant ils avaient rencontré d'obstacles, mais Lysandre ne se reposait pas sur ses lauriers. Elle devinait que leur relation était malgré tout fragile.

Pas qu'elle remette en question la fidélité ou la sincérité de Linus, seulement, ils n'étaient pas partis sur les bases les plus saines et ils ne pouvaient pas prétendre l'inverse. Alors elle ne savait pas de quoi leur avenir serait fait, si la vie n'allait pas les éloigner... Mais elle ferait ce qu'elle pourrait pour détromper ses angoisses, en tout cas.

"Tu comptes faire quoi, du coup, maintenant ?" l'interrogea-t-elle pour ne plus trop s'épancher sur sa propre situation.

- Je pense que je vais reprendre une vie normale en étant moi-même tout simplement et ne plus jouer la fille que je ne suis pas.

La réponse de Clio eut le don de prendre Lysandre au dépourvu. Elle ne s'était pas du tout attendue à une telle remarque. En posant sa question, elle s'attendait à ce que la jaune et noir évoque ses projets d'avenir, et elle devait forcément en avoir, non ? Ou au moins des rêves, même si certains ne se concrétiseraient peut-être pas. La fin de sa scolarité approchant, elle avait forcément dû penser à la suite.

Alors, Lysandre se demandait si Clio avait l'intention de se lancer dans une carrière particulière (elle ne la connaissait pas pour savoir si elle faisait partie de ces femmes-courages qui décidaient de travailler en dépit de l'opinion masculine). Ou peut-être qu'elle avait l'intention de se marier, de faire une ribambelle d'enfants ? Ou peut-être comptait-elle voyager aller savoir où ? Les possibilités étaient infinies... mais l'option de Clio était plus... personnelle que tout ce que la jeune femme aurait bien pu anticiper.

Reprendre une vie normale en étant soi-même, sans plus jouer de rôle. C'était une belle ambition, et une leçon qui serait profitable à tous. Au fond, Lysandre doutait quelque peu de la sincérité de la plupart... ce n'était pas un reproche, encore moins à leurs âges. Forcément, ils étaient en pleine recherche d'eux-mêmes, leur identité se façonnait encore. Mais le premier pas dans le monde des adultes était certainement le meilleur prétexte envisageable à ce genre d'évolution, et elle espérait que son interlocutrice irait au bout de ses ambitions, sans se laisser rattraper par les apparences ou par le jugement d'autrui.

"Et qu'est-ce que ça donne, quand tu es toi-même, alors ?" demanda curieusement Lysandre.

Elle se doutait qu'elle se montrait indiscrète, mais puisque son interlocutrice avait lancé le sujet, elle se disait que son interlocutrice n'irait pas le lui reprocher. Et il est vrai qu'elle se posait la question. Elle ne savait pas grand-chose de Clio, si ce n'est qu'elle était une amie de Melody, ce qui était en soi une information assez neutre (même si beaucoup d'amis de Melody prenait grand plaisir à s'en prendre à elle).

Mais il y avait peut-être davantage à découvrir, en grattant un peu sous la surface.

Avant de répondre quoi que ce soit, Clio lui adressa un léger sourire. Lysandre choisit d'y voir un bon signe. Elle n'avait pas dû la blesser avec sa question indiscrète. Au fond, c'était peut-être une question qu'elle attendait qu'on lui pose depuis longtemps, parce qu'elle avait envie de s'affirmer comme ce qu'elle était vraiment, ce qu'on lui refusait.

Lysandre pouvait aisément comprendre un tel état d'esprit. Elle aussi, bien souvent, elle avait le sentiment qu'une insurmontable distance séparait celle qu'elle estimait être de celle que décrivait sa réputation... et ce même avant que l'on commence à promulguer des rumeurs horribles à son sujet... dont Melody était certainement l'instigatrice, d'ailleurs.

Lysandre afficha un sourire en retour. Même si elle ne savait pas grand chose de Clio, et qu'elles ne deviendraient sans doute pas les meilleures amies du monde, elle appréciait cette conversation, qui lui faisait réaliser que même si elles avaient forcément de nombreux points de divergences, elles se ressemblaient sûrement plus qu'elles n'auraient pu le penser sur certains points.

- Quand je suis moi-même, je ne fais pas de scandale si ma boisson est trop chaude, je ne vais pas faire les yeux doux à l’homme qui se trouve derrière toi. Tout ça est exagérer, mais je ne suis pas celle que tout le monde pense, même s’il y a de grosse rumeur que j’ai moi-même fait circuler à Poudlard….

Tout était dit. Au fond, à leurs âges, on n'avait sans doute que peu d'occasions d'être soi-même. Tout était passé au crible : les émotions, les intentions, la moindre parole, tout, incessamment. C'est sûr que pour Clio, ce serait un agréable changement que de pouvoir quitter Poudlard pour de bon et repartir de zéro, elle ne dépendrait plus du regard et du jugement de ses camarades.

C'était ce que Lysandre espérait pour elle également. Elle avait envie d'échapper à ce carcan, et il n'y avait plus grand chose pour lui donner envie de rester à Poudlard. Oui, elle aimait le château, son ambiance, même certains cours... Mais Linus serait loin d'elle, et ses amis se comptaient sur les doigts d'une seule main, alors.

"Je comprends très bien ça", assura doucement Lysandre. "Je sais à quel point les rumeurs peuvent faire du mal, j'en ai fait les frais aussi."