On ne peut bien gouverner sa famille qu'en donnant l'exemple [pv Esther <3333]

On ne peut bien gouverner sa famille qu'en donnant l'exemple

B

radley avait beau cherché, avoir fouillé la chambre de Pomona en l'absence d'Esther, réfléchir à la moindre piste, le moindre indice, rien ne lui venait... aucun indice qui puisse encourager Thésée Dragonneau à rouvrir l'enquête du manoir des téméraires. Il piétinait... il espérait que l'Auror émérite obtiendrait plus de résultat de son côté... Mais il était bien impossible de le savoir. Bref... il était d'humeur maussade, et la rumeur qui était parvenu à ses oreilles ne devait rien arranger : Esther serait venue rendre visite à Henry.

Cette seule pensée lui paraissait terriblement absurde, plus qu'absurde même... Esther connaissait l'animosité que Bradley ressentait à l'adresse de Henry... Et jusqu'ici, elle l'avait toujours suivi, encouragé, elle comprenait les raisons qui faisaient que Henry ne devait qu'être considéré en ennemi... Sauf que Pomona était morte. Et depuis que c'était le cas, ils ne communiquaient plus, ils ne se comprenaient plus... et voilà qu'elle préférait aller parler à son frère plutot qu'à lui. Pour lui, cela relevait de la plus pure humiliation... C'était même au-delà d'humiliant. Il avait l'impression de tout devoir remettre en question... Et il s'en rendait bien compte, il fallait qu'ils aient une conversation... même si la conversation, c'était très clairement ce qui leur faisait défaut ces derniers temps... Et il n'était pas sûre que cette conversation serait différente de toutes les autres...

Mais même s'ils ne pouvaient pas tout se dire, ou du moins si Bradley refusait de tout dire à sa femme alors que ça aurait été tout naturel pour lui autrefois... A son retour à la maison, il alla donc la trouver et vint lui parler directement. Il préférerait la serrer dans ses bras, l'embrasser, lui dire qu'il l'aimait, mais il devait lui demander des comptes, et tant que ce ne serait pas fait, rien d'autre ne serait possible. Qu'ils le veuillent ou non, la situation ne reviendrait pas à la normale, ou du moins pas tout de suite.... et ils allaient devoir réparer beaucoup de choses.

-J'ai entendu dire que tu étais allée voir mon frère, dit-il en guise de salutations, conscient que ne pas la saluer pour commencer allait certainement agraver la situation, mais peu importe. Ce n'est pas vrai, n'est-ce pas ? Tu n'aurais quand même pas fait ça, si ?

En fait, il était convaincu qu'on ne lui avait pas menti, que c'était bel et bien la vérité... Sans quoi il n'engagerait même pas cette conversation, en réalité, il n'en verrait pas l'intérêt. Il n'accordait de crédit aux rumeurs que quand il les savait avérées. Et celle-ci, il en avait bien peur puisqu'il avait recueilli l'information de source sûre, ne pouvait tout bonnement pas échapper à son attention. Et exigeait ce moment spécifique.

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Esther avait conscience qu’au final, elle ne pouvait pas faire grand chose concernant ce qu’elle ressentait depuis la mort de sa fille. Elle ne pouvait pas revenir en arrière, elle ne pouvait pas réécrire l’histoire et changer l’issue. Sa fille était morte – du moins, c’était ce qu’elle pensait sans se douter une seule seconde que ce n’était pas le cas –, Pomona avait coupé les ponts avec eux avant qu’elle ne disparaisse pour de bon, ils ne pouvaient rien y faire à par vivre avec cette douleur horrible. Mais la sorcière ne parvenait pas juste à tourner la page, juste à faire avec cette douleur. Elle avait le sentiment que la mort de sa fille lui faisait plus mal de jour en jour, sans forcément de raison. Elle continuait de regretter ses décisions, elle reprochait à Bradley son manque de peine, elle se retrouvait à chercher du soutien avec des personnes sans qu’elle ne l’aurait cru un jour... Mais que pouvait-elle faire d’autre ? Rien, et pourtant, elle avait le sentiment de sombrer de jour en jour. Elle n’avait définitivement plus goût à rien et c’était tellement difficile de faire semblant. Plus difficile encore que Bradley semblait parvenir à vivre avec tout ça à merveille, sans que Esther n’arrive à lire en lui comme c’était le cas autrefois.

Ils ne se comprenaient plus, plus du tout, alors qu’ils avaient tant et tant été sur la même longueur d’onde toutes ces années. Esther se rendait bien compte qu’elle n’avait plus autant de plaisir que cela de passer du temps en compagnie de son époux, qu’elle devait prendre sur elle, qu’elle craignait ses retours à la maison. Comme aujourd’hui, quand elle entendit la porte, elle ne sautait pas de joie à l’idée de voir son époux, sans se douter qu’elle allait avoir moins de raison encore d’apprécier son retour. Puisque l’homme ne manqua pas de l’accuser et lui demander des comptes immédiatement, sans même prendre la peine de la saluer. Esther tenta de garder contenance en l’entendant parler de son frère, il avait découvert qu’ils s’étaient vus. Cela ne venait pas de Henry, la sorcière ne saurait dire pourquoi, mais elle lui faisait confiance sur son silence. Comment alors ? Malheureusement, dans le monde sorcier de nombreux secrets ne parviennent pas à rester secret.

« Bonsoir Bradley. » Répondit-elle sèchement, pour souligner le manque de courtoisie de son époux. Elle se tenait droite, son regard ne se baissa pas. Esther n’allait pas bien ces derniers temps et son mari était celui qui la voyait le plus faiblement, mais ce n’était pas pour autant qu’elle n’était pas capable de prendre sur elle et d’être la femme droite qu’elle avait toujours été. « C’est vrai. » Elle n’avait aucune raison de nier. Elle se doutait que Bradley y croyait, qu’il ne la croirait pas si elle mentait ou si elle niait. Donc, autant qu’elle dise la vérité. « Je me suis rendue chez ton frère, pour le voir. »

Elle n’avait pas vu Henry parce qu’ils s’étaient croisés, parce que l’homme était venu à elle. Non, elle même avait fait le chemin vers son beau-frère.

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B

radley fit mine de rien quand sa femme le salua pour bien lui faire comprendre qu'il avait manqué aux préceptes les plus basiques de politesse. C'était certain, et il était bien plus tatillon en temps normal, mais peu importe. Il n'était vraiment pas d'humeur à faire semblant. Moins que d'habitude, du moins, parce qu'il avait été blessé dans sa fierté, et parce que cette situation lui faisait du mal. Bradley donc ne contentait pas s'excuser de l'avoir salué... même si, en réalité, ça lui faisait du mal de la voir se montrer si froide avec lui. S'il l'aimait encore profondément, de toutes les fibres de son être, il ne pouvait s'empêcher de se dire que ce sentiment avait cessé d'être réciproque dès l'instant où l'âme de leur fille avait été aspirée. Sentir ne plus être aimée par le seul être qui comptait à ses yeux, c'était une épreuve douloureuse. Pourtant, il n'allait rien faire pour se montrer plus juste ou agréable envers elle, loin de là. Il ne pouvait pas. Il n'y arrivait pas. Et ce qui avait été brisé ne serait peut-être jamais réparé. Jamais.

La réponse de son interlocutrice ne devait pas arranger les choses en tout cas. Déjà, l'idée que son épouse ait parlé avec son frère lui faisait bien évidemment beaucoup de mal, mais ensuite et surtout, elle lui apprenait que c'était elle qui était venue vers lui, et ça.... ça, à ses yeux, c'était tout simplement insupportable. Bradley avait supposé que ça puisse être le cas, parce que Esther femme cherchait à se rapprocher de Pomona, de rattraper ce temps perdu qui ne pouvait réellement se récupérer. Et celui qui à leur connaissance avait été le plus proche de leur fille dans ses derniers instants... c'était Henry... Ce qui rendait la situation encore plus douloureuse pour Bradley. Esther était allée trouver Henry, en sachant pertinemment à quel point ça le ferait souffrir.... Et le fossé se creusait encore davantage.

-Henry est un manipulateur et tu le sais très bien. si tu dois te tourner vers quelqu'un, c'est le pire choix possible. Sauf qu'il ne lui laissait peut-être pas le choix, puisqu'il refusait le dialogue quand il était question de leur fille disparue, mais ça, il ne voulait pas réellement l'admettre. Qu'est-ce que vous vous êtes dits ?

Il avait envie de connaître le moindre détail de cette conversation. Il ne supporterait pas d'être tenu à l'écart de cela. Il était question des trois personnes les plus importantes dans sa vie. Même s'il n'avouerait jamais qu'il avait aimé Pomona, qu'il aimait Henry, et que c'était surtout cela qui rendait la situation si compliquée. S'il n'était question que de haine et de mépris entre eux, la situation serait bien plus plus simple.

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Esther savait parfaitement que son mari n’allait pas du tout apprécier d’entendre ce qu’elle avait à dire, mais en même temps elle ne disait pas ça pour rien. Elle savait que Bradley n’allait pas apprécier le fait qu’elle soit allée voir son frère, alors oui… elle notifiait ce détail dans le but peut-être de lui faire de la peine. Non pas qu’elle cherchait réellement à lui faire du mal, elle l’aimait trop pour le voir souffrir mais… elle avait tant le sentiment de ne pas être soutenu par Bradley (alors qu’en contrepartie, elle avait eu le soutien de son beau-frère), qu’elle avait besoin de le lui faire comprendre. Son époux ne manqua pas de réagir donc, en affirmant que son frère était un manipulateur et qu’elle le savait… donc que si elle devait se tourner vers quelqu’un, il était le pire choix possible. Il n’y avait pas si longtemps que cela, la sorcière aurait été simplement de l’avis de son mari, elle se serait rangée sur son opinion sans se poser de question. Elle n’avait jamais cherché à connaître Henry, parce qu’elle s’était toujours fiée à ce que son époux pensait. Sauf que maintenant, elle ne parvenait pas à faire autrement que de remettre en question les propos de Bradley. Ce n’était pas concrètement contre lui, elle savait bien que son mari avait été en grande partie déçu par son frère. Elle n’avait pas envie de se détourner complètement de la pensé de Bradley, mais à la manière dont il agissait, elle ne pouvait pas s’empêcher de faire plusieurs pas en arrière.

Comme avec la manière dont il lui demanda ce qu’ils s’étaient dis avec Henry. Esther extrapolait sans doute énormément, parce que depuis la mort de Pomona elle était clairement à fleur de peau et il ne fallait pas grand-chose pour qu’elle se braque, mais elle n’apprécia pas du tout la façon dont son mari lui demandait des comptes. Alors qu’en temps normal, ils se disaient tout, ils partageaient tout. Bradley n’avait pas besoin de lui demander quoi que ce soit, elle le lui dirait tout simplement. Mais pas aujourd’hui.

« Ça ne te regarde pas. » Répondit-elle sèchement, se doutant parfaitement qu’elle allait faire du mal à son mari. Enfin, s’il était encore capable de ressentir quelque chose, ce qu’elle ne pouvait pas s’empêcher de douter tant il ne semblait rien ressentir concernant Pomona. Au final, elle se disait que ça ne lui ferait peut-être ni chaud ni froid, parce qu’il ne serait pas plus capable de ressentir quelque chose envers elle. « J’avais simplement besoin de parler de ma fille à quelqu’un qui la connaissait et qui l’estimait. »

C’était des reproches qu’elle faisait directement à Bradley, en parfaite mauvaise foi. Parce qu’elle ne parvenait pas à s’empêcher de tenir son époux pour responsable, alors qu’au final elle ne valait pas mieux que lui. Elle n’avait rien fait pour retenir sa fille, elle avait prétendu ne pas être touchée par son départ. Tout comme l’avait fait son époux, comme il le faisait toujours.

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Q

uelques mots de la part d'Esther avaient le don de lui faire plus de mal que si on lui avait planté directement un couteau en plein coeur. Des mots comme "ça ne te regarde pas", ça lui donnait tout simplement envie de tout arrêter, tout de suite. Parce que c'était nouveau, et que ça en disait plus long que ce qu'ils pouvaient bien se dire. Ce qui le dérangeait, ce n'était pas seulement qu'elle ne veuille pas se confier sur ce que elle et son frère s'étaient dit, c'était le fait qu'elle ne voulait plus lui parler, qu'elle lui bloquait l'accès à une partie de ses pensées, eux qui, pourtant, à une époque, se disaient absolument tout. Bon, c'était tout de même vrai que c'était certainement lui qui avait commencé en refusant d'avouer à sa femme qu'il souffrait atrocement depuis la "mort" de leur fille. Mais lui s'était tu pour son bien.

Elle, il en avait du moins la sensation, se taisait pour lui faire du
mal. Voilà, ils en étaient là. Il avait craint que cela arrive, et maintenant, il en avait la terrible certitude : elle le haïssait. Lui, il l'aimait toujours, de tout son être, il l'adorerait jusqu'à son dernier souffle, mais elle, elle avait cessé de l'aimer... et il la laissait faire... parce que son silence était à ses yeux une invitation à la rémission. Peut-être ne l'aimerait-elle plus jamais... mais en revanche, en contrepartie;, elle se sentirait peut-être mieux. Et c'était tout ce qu'il voulait pour elle : qu'elle dépasse l'épreuve, qu'elle l'affronte avec force et dignité.

Elle avait eu besoin de parler de sa fille à quelqu'un qui la connaissait, qui l'estimait... Il pouvait le comprendre. Lui aussi, aimerait réussir à comprendre Pomona, et il pouvait bien admettre qu'il avait cessé de la comprendre il y a bien longtemps. Lui aussi aimerait dire qu'il l'avait estimée dans les derniers instants, mais ça n'avait pas été le cas... Esther essayait de se sentir plus proche de Pomona, et même si c'était une entreprise dangereuse, c'était compréhensible. Mais passer par Henry pour ce faire, quand bien même il l'avait hébergé, c'était... une trahison de plus. Toute sa famille s'était retournée contre lui. Et il n'admettrait toujours pas qu'il était à blâmer.

-Henry a fait d'elle ce qu'elle est devenue. Il n'a pas cherché à savoir qui elle était, et il ne l'a pas estimée, il s'est contenté de la formater à son image... Sans lui, elle ne serait pas... Il prit une profonde inspiration. Je n'en reviens pas que tu sois allé le voir...

Mais qu'il en revienne ou pas, de toute évidence, il allait devoir faire avec. Tous ceux qu'il aimait lui échappaient, inéluctablement.

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Esther s’en voulait, en un sens, mais en même temps elle agissait elle-même de cette façon. Elle disait certaine chose, elle prononçait des mots… dans le but de faire du mal à son époux. Rien n’enlevait ses sentiments pour Bradley, il était toujours son mari, l’homme qu’elle aimait, son âme sœur. Et malgré tout, elle ne pouvait pas s’empêcher de lui faire du mal quand même, pour la simple et bonne raison qu’elle avait besoin de partager sa souffrance. Elle souffrait tellement de la mort de sa fille, et qu’elle avait le sentiment que son mari ne souffrait de rien du tout. Alors… elle cherchait à le faire payer, sans ménagement sans doute. Elle s’en voulait, vraiment, mais elle le faisait parce qu’elle ne parvenait pas à faire autrement. La jeune femme avait conscience que son mari n’allait pas du tout apprécier d’entendre que ce qu’elle avait pu dire à Henry ne le regardait pas, ou encore de l’entendre lui dire que son frère estimait réellement leur fille. Esther devait bien le reconnaître qu’elle avait quand même changé un peu d’avis concernant son beau-frère. Elle avait considéré Henry de la même manière que Bradley depuis toujours, se référençant à ce que pensait Bradley.

Mais la conversation qu’elle avait eu avec Henry lui faisait changer quelque peu son avis à son sujet. Esther ne savait pas exactement si cela arrivait simplement parce que Pomona était morte et qu’elle avait besoin de s’en approcher, ou si c’était parce qu’elle avait pris la peine de le connaître un peu plus, de discuter avec lui. Mais en tout cas, elle devait bien avouer qu’elle ne pensait plus que Henry était exactement l’homme que décrivait Bradley. Bradley lui affirma, justement, que son frère avait fait d’elle ce qu’elle était, qu’il s’était contenté de la formater à son image. Esther, il y a peu de temps, aurait sans doute pensé comme son mari, elle se serait dit que Henry avait changé sa fille. Mais il fallait bien le reconnaître, quand elle avait quitté leur demeure, elle était déjà celle qu’elle était.

« Et pourtant c’est le cas. » Répliqua-t-elle quand son mari précisa qu’il n’en revenait pas qu’elle soit allée le trouver. Esther savait bien que cette information choquait clairement son interlocuteur, elle l’avait su quand elle était rendue chez son beau-frère que ça n’allait pas plaire une seule seconde à Bradley. Ce n’était pas pour rien qu’ils avaient convenu de ne pas en parler… mais il avait quand même fini par le savoir. Et elle n’avait aucune envie de le nier. « Tu sais bien que tu te trompes Bradley. » Répondit-il dans un soupire à son tour. « Elle était déjà telle quelle quand elle a quitté notre maison. Si elle est morte, ce n’est pas de la faute de ton frère. » Au contraire, il était peut-être celui qui l’avait le plus aimé avant sa mort. « Tu es bien plus responsable que Henry. »

Et elle se doutait parfaitement que ses mots n’allaient pas lui plaire encore une fois.

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B

radley espérait que, au moins, son épouse s'excuserait d'être allé voir son frère dans son dos, il avait espéré qu'elle reconnaîtrait son erreur et admettrait que si quelqu'un agissait dans son intérêt, c'était lui. Mais non, ce n'était vraiment pas là le comportement qu'adoptait Esther. Bien au contraire, elle semblait certaine d'avoir fait le bon choix. Bradley n'avait pas la moindre idée de ce qu'avaient pu être les idées que Henry lui mettait dans la tête, mais ce qui était sûr, en tout cas, c'est qu'elle avait suffisamment été convaincue par les arguments de Henry pour en revenir avec la fierté de l'avoir écouté et l'assurance suffisante pour lui tenir tête sans l'ombre d'un scrupule. Si cette situation n'était pas suffisamment douloureuse pour Bradley, voilà qui en rajoutait encore une couche... Il avait vraiment le sentiment de tout perdre. Tout filait entre ses doigts. Peut-être qu'il l'avait cherché, mais son incapacité à le résoudre lui faisait un mal de chien.

Esther lui argua qu'il se trompait, puisque Pomona était déjà... l'électron libre qu'elle était avant même de quitter le foyer familial, ce qui avait d'ailleurs causé tant de frictions entre eux. Mais Bradley n'était pas d'accord avec cet argument. Ce n'était pas comme si Henry était entré dans la vie de Pomona après qu'elle ait quitté la maison, ça datait d'avant, sans quoi elle ne se serait pas d'office réfugiée chez lui. C'était lui et ses idées absurdes, que ce soit en personne ou à travers ses romans stupides, qui l'avaient poussée à partir, et c'était lui qui en avait encore rajouté une couche au point de la conduire à prendre des décisions qu'il ne pouvait en rien cautionner et qui avaient finalement conduit à sa perte. Il allait répliquer quelque chose de cet acabit, tenter de faire entendre raison à Esther, quand cette dernière affirma que si quelqu'un était responsable de ce qui était arrivé à son frère, ce n'était pas Henry... c'était, bien davantage, lui...

Ce fut la chose la plus douloureuse qu'elle lui ait jamais dite, ça lui trancha le coeur aussi sûrement qu'un poignard, d'un coup sec. Il n'eut aucun contrôle sur ce qui se passa ensuite. Ou si, sans doute, mais jamais il n'admettrait que c'était le cas. Lever la main sur Esther ? C'était tout bonnement inconcevable, à ses yeux. Pourtant, c'était bel et bien ce qu'il venait de faire... sa main avait atterri sur sa joue, et à peine eut-il eu ce geste spontané qu'il se flagella mentalement pour cet accès de violence. Quel genre d'homme était-il en train de devenir ?

-Je... je suis vraiment désolé, je n'aurais pas dû faire ça, pardon.

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Esther avait parfaitement conscience que ses propos allaient forcément faire du mal à son époux, ce n’était pas pour rien d’ailleurs qu’elle les disait. Oh, elle n’avait pas forcément plaisir à faire du mal à son époux non plus, elle ne mentait pas dans le but de lui faire de la peine, mais elle avait conscience que ses propos allaient le toucher et c’était un peu le but recherché. La jeune femme avait envie de le faire réagir, qu’il lui montre quelque chose. Qu’elle puisse avoir un peu le sentiment qu’il était concerné par tout cela, qu’il souffrait par tout cela aussi, comme elle. Et pas seulement parce qu’elle avait décidé de rendre visite à son frère, ce qu’il ne supportait pas. Et elle avait besoin de lui dire ce qu’elle ressentait réellement. Oui, elle s’en voulait, mais en même temps elle en voulait à Bradley. Elle ne pouvait pas s’empêcher de se dire que si sa fille était morte, c’était en grande partie à cause de lui. À cause d’elle aussi, bien sûr, mais à cause de lui surtout. Il aurait dû faire quelque chose, mais il n’avait rien fait du tout. Comme maintenant, il ne faisait rien du tout. Elle voulait qu’il fasse quelque chose donc, qu’il réagisse.

Et comme réaction, elle ne pouvait pas nier qu’elle ne fut pas servie en cet instant précis. Elle ne réalisa pas la gifle de son époux avant que celle-ci ne s’abatte contre sa joue, son cœur s’arrêta net en cet instant précis alors qu’elle réalisait ce qu’il venait de faire. Est-ce qu’elle pouvait réellement lui en vouloir ? Elle n’aurait jamais cru que son mari puisse faire une telle chose, mais en même temps elle ne s’en serait pas cru capable non plus et elle l’avait fait également. Presque immédiatement, Bradley reprit la parole, s’excusant, affirmant qu’il n’aurait pas dû faire une telle chose.

« Tu es désolé ? » Lui demanda-t-elle vivement, les larmes au bord des yeux, d’une voix tremblante. Elle devrait peut-être se rendre compte que justement, Bradley réagissait de la manière habituelle, qu’il ne pouvait pas forcément faire autrement. Qu’elle-même avait réagi de cette manière. Qu’au fond, ils étaient dans la même galère, mais elle ne parvenait pas à s’en rendre compte. « Je n’y crois pas ! » Lança-t-elle encore plus vivement, ne pouvant pas se retenir de crier maintenant. « Parce que tu ne ressens rien, tu ne ressens jamais rien. Ni pour ta fille, ni pour moi ! Je suis toute seule à souffrir là et tu n’en as rien à faire. Je n'aurais pas besoin d'aller voir d'autres personnes, si tu étais capable de ressentir quelque chose. »

Et sans nul doute qu’il devait l’agacer prodigieusement avec son comportement d’ailleurs. Du moins, c’était ce qu’elle se disait depuis le début. Que Bradley n’avait aucun souci à se remettre de la disparition de Pomona et qu’il devait en avoir marre qu’elle soit incapable d’en faire de même, mais elle ne pouvait pas l’inventer, elle n’y arrivait pas.

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O

ui, Bradley était désolé, sincèrement désolé. Il pouvait être accusé de tout un tas de défauts, c'était incontestable : il était bien trop insensible, intransigeant, perfectionniste, borné... mais il n'avait jamais considéré être quelqu'un de violent. Pourtant, il avait frappé Esther. Si brutalement, si vivement, que ce ne pouvait être considéré autrement que comme quelque chose de naturel et d'instinctif. Il se le reprocherait éternellement, c'est une certitude. Tout comme l'intégralité de cette conversation, à vrai dire. Esther, la femme de sa vie, celle qu'il aimait, était là, juste en face de lui, et pourtant, c'était comme si il se retrouvait face à une étrangère. Lointaine, si lointaine... Il l'aimait toujours, bien sûr, il l'aimerait toute sa vie, c'était quelque chose qui faisait partie intégrante de son identité, mais le point de non-retour qu'il avait craint d'avoir déjà atteint, il savait qu'il l'avait dorénavant dépassé... Il l'avait perdue... En essayant de la protéger, de l'épargner, il s'était privé de ses sentiments... C'était sans doute le prix à payer. ESther avait besoin d'un coupable, d'une personne à laquelle reprocher ses souffrances, et Bradley était la cible idéale...

Non, Bradley n'était pas insensible... peut-être plus que la moyenne, certes, mais il avait des sentiments, il en avait vraiment. Et il pensait qu'Esther ne l'oublierait jamais. Parce qu'elle savait qu'il y avait toujours eu plus que ce qu'il pouvait bien montrer. C'était toujours le cas. Il voulait être fort pour eux deux... Il n'avait pas jaugé les conséquences, mais c'était trop tard. Elle le haïssait... Elle avait tort, bien sûr qu'elle avait tort, s'il avait des sentiments, c'était bien pour sa femme, qu'il aimait à la folie... et pour sa fille... qu'il aimait aussi... Oui, il l'admettait, du moins il se l'avouait à lui-même... Mais il ne pouvait pas le dire. A quoi bon ? Elle ne reviendrait pas. ET ils ne pouvaient pas être deux à se morfondre, l'un des deux devaient mener la barque. Si Mr Dragonneau acceptait de mener la contre-enquête que Bradley lui avait demandé, et si cette enquête menait à des conclusions satisfaisantes, peut-être qu'il admettrait les faits... mais pour le moment, ce n'était pas possible.

-Et je devrais faire quoi exactement ? Passer mon temps à me plaindre et à rejeter la responsabilité sur les autres plutôt que de voir la réalité en face ?

Il poussa un soupir. En vérité, il ne lui reprochait rien, elle souffrait, et il savait à quel point ça faisait mal...alors comment le lui reprocher ? Mais il était las d'être considéré comme le monstre de l'histoire. Ce n'était pas lui qui avait engagé Pomona sur une voie dangereuse, et ce n'était certainement pas lui qui l'avait tuée. Pourtant, on dirait que c'était tout comme.

-Pomona est morte, morte, elle ne reviendra pas sous prétexte que tu auras été parfaite mère éplorée. Il marqua une légère pause. Je vais de l'avant, c'est tout. Fais de même.

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Est-ce qu’il devait passer son temps à se plaindre, en rejeter la responsabilité sur les autres, plutôt que de voir la réalité en face ? Est-ce que c’était ainsi que Bradley la voyait à présent, comme une personne passant son temps à se plaindre ? Sans doute oui, parce que Esther devait bien se rendre à l’évidence, elle ne parvenait pas à faire face, à aller de l’avant et à simplement accepter la réalité. D’ordinaire ils réagissaient toujours de la même manière, ils avaient les mêmes pensées, ils étaient sur la même longueur d’onde, et ce n’était pas le cas maintenant. Ce n’était peut-être même pas de la faute de Bradley au final, c’était elle qui était faible, juste faible. Et il ne la voyait que comme une personne faible à présent. Elle n’osait même pas savoir ce qu’il pensait réellement d’elle maintenant. Esther ne pouvait pas s’empêcher de se dire que son époux devait avoir tellement honte qu’elle soit sa femme.

Oh, comme toujours, elle avait tendance à extrapoler les choses, à interpréter d’une mauvaise manière les propos de Bradley. Elle ne pouvait pas s’empêcher d’entendre des reproches de la part de son époux, tout comme elle de son côté ne se retenait pas de tout lui reprocher. De trop lui reprocher. Mais elle avait simplement besoin d’une chose en cet instant précis, de son mari, qu’il la prenne dans ses bras, qu’il lui dise qu’il souffrait autant qu’elle de la mort de leur fille, parce qu’elle ne parvenait pas à se dire qu’elle allait pouvoir continuer comme ça. Elle avait le sentiment d’avoir déjà trop supporter pour pouvoir en supporter davantage. Et quand Bradley précisa que Pomona était porte, ce qu’elle ne savait effectivement que trop bien, elle sentit son cœur se serrer un peu plus. Elle ne pouvait peut-être pas entièrement lui donner tort, elle se voilait sans doute la face sur beaucoup de chose. Elle savait bien que sa fille ne reviendrait pas, et que ce n’était pas parce qu’elle la pleurait qu’elle reviendrait. Mais justement, elle ne pleurait pas seulement parce qu’elle avait disparu pour toujours, mais bien pour tous les regrets qu’elle avait de ne pas avoir été plus proche de sa fille avant qu’elle ne disparaisse pour de bon.

Esther poussa un soupire quand son époux lui demanda d’aller de l’avant, comme il le faisait. Il avait raison, sans aucun doute, elle devait aller réellement de l’avant et sans doute arrêter de se voiler la face. Il y avait quelque chose qui s’était brisé quand Pomona avait disparu si brutalement de leur vie et ils ne pouvaient sûrement pas revenir en arrière.

« Tu as raison… » Dit-elle dans un souffle. Elle devait bien le reconnaître, il était peut-être temps qu’elle aille de l’avant, qu’elle arrête de se plaindre, de se morfondre. Mais quand elle observait son mari, elle ne pouvait pas le faire, elle ne faisait que penser à Pomona, à tout ce qu’il lui avait dit. Oh, elle l’aimait toujours et rien ne pourra changer ça, mais il était évident que quelque chose s’était brisé entre eux. Sans qu’elle ne sache si c’était réparable. « Je vais chercher des affaires, je ne reste pas une minute de plus ici. »

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B

radley devrait admettre que sa façon de faire n'était pas la bonne, qu'il faisait plus de mal que de bien. C'était l'évidence même, alors pourquoi s'obstinait-il sur cette voie ? Eh bien... parce qu'il ne connaissait que ça, en vérité... Il avait toujours fait ainsi... Quand il se retrouvait face à un problème, il n'admettait pas qu'il puisse être au-dessus de ses forces de l'affronter, il restait de marbre, jusqu'à ce que passe la tempête. Sauf que là, la tempête était en train de tout emporter sur son passage. Y compris son mariage, qu'il avait estimé pourtant solide au point de résister à toutes les intempéries.

Oui, c'était le moment, il devrait baisser la tête, s'excuser, reconnaître ses torts, et tout lui dire, lui expliquer combien il avait mal, à quel point il s'en voulait... Il devrait lui dire que la perte de leur fille lui avait fait l'effet d'un saut dans le vide, et il s'enfonçait de plus en plus dans des abysses desquelles il semblait impossible qu'il revienne. La chute était trop intense, trop brutale. Oui, il devrait lui dire tout ça... il n'y arrivait pas. Il ne le pouvait pas. Lui dire la vérité et puis quoi ? Ils iraient tous les deux se morfondre ? Ca ne leur rendrait pas Pomona, ça rajouterait juste de la souffrance à la souffrance. Non, ce n'était pas concevable.

Quand Esther rétorqua qu'il avait raison, Bradley avait envie de croire, bien sûr, qu'elle disait cela dans le but d'apaiser les tensions et de reconnaître qu'il agissait dans leur intérêt à tous les deux, mais non, il savait pertinemment que ce "Tu as raison" était annonciateur de pire, bien pire...

Il sentit son coeur s'arrêter de battre un instant quand elle lui apprit qu'elle voulait prendre ses affaires et s'en aller. Elle ne prononçait pas le mot maudit, elle ne parler pas de rompre ou de divorcer, mais ce que sous-entendait sa décision était par trop évident, au bout du compte. Elle avait l'intention de s'en aller... et qui sait si elle reviendrait. Si elle s'en allait, alors il aurait échoué sur toute la ligne. Elle le mettait au pied du mur, et il ne savait plus quoi faire... C'était peut-être le moment de tout lui dire, de lui céder du terrain... Mais au-delà de son comportement à lui, il n'oubliait pas ce qu'elle lui avait dit : qu'il était responsable de la mort de leur fille, qu'il ne l'avait jamais aimée... Si elle était capable de penser cela de lui, alors à quoi bon ?

-Et où est-ce que tu comptes aller, exactement ? demanda-t-il, songeant que le pire qu'elle puisse lui répondre en cet instant serait qu'elle décide de se réfugier chez Henry, justement.

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Avait-elle réellement envie de partir ? Non, pas vraiment, l’idée même de quitter cette maison qui était sa maison depuis ce qui lui semblait toujours, de ne pas passer du temps avec son mari, de ne même pas dormir auprès de Bradley, elle avait le cœur qui se serrait. Mais en même temps, elle avait conscience qu’elle ne pouvait pas juste rester là et faire comme si de rien n’était. C’était ce qu’ils faisaient depuis toujours, faisant bloc ensemble, ils faisaient comme si tout allait bien. Au départ de Pomona, ils n’avaient même pas pris la peine de montrer à quel point ils étaient tristes du départ de leur fille, au contraire. Mais maintenant, Esther était incapable de faire semblant plus longtemps. Elle voyait bien qu’il y avait quelque chose de brisé entre elle et son époux et ça… ça lui arrachait clairement le cœur. Avait-elle envie de divorcer pour autant ? Non, l’idée ne lui traversait pas l’esprit. Mais en même temps, elle ne pouvait pas affirmer que son mariage avec Bradley marchait parfaitement. En ce moment, ils n’étaient plus sur la même longueur d’onde, c’était évident. Alors que pendant toutes ces années où ils avaient été ensemble, ils avaient juste fait bloc ensemble, ils avaient toujours été sur la même longueur d’onde. Dès le début, ils s’étaient toujours compris, mais maintenant… ce n’était plus le cas.

Et Esther ne savait pas quoi faire. À part prendre une décision si radicale. Est-ce que ça signifiait la fin ? Peut-être pas, mais il était quand même évident qu’ils traversaient une sacrée tempête, comme celle qu’ils n’avaient jamais vécu encore. Et Esther ne savait pas réellement s’ils allaient s’en remettre. Cela dit, elle ne savait pas vraiment où elle pouvait bien aller. C’était bien beau de dire qu’elle allait partir, mais pour aller où ? Elle ne pouvait pas forcément prendre une telle décision sur un coup de tête. Mais la question de Bradley ne risquait pas de lui faire changer d’avis. Elle hésita ne seconde avant de répondre. Instinctivement, elle se disait qu’elle pouvait demander à Wilhelmina de l’aider, de l’héberger pendant un petit temps si c’était possible. Mais en réfléchissant à quoi répondre à son époux, la jeune femme ne pouvait pas s’empêcher d’avoir envie de répondre tout autre chose. Dans le but de blesser son mari encore une fois ? Oui… elle se sentait ignoble d’agir de la sorte. Elle s’en voulait, elle culpabilisait, mais ça ne la poussait pas pour autant à revenir en arrière.

« Je ne sais pas. » Elle marqua ne pause, hésitant encore un instant avant de reprendre sur un ton de défi. « Je pourrais peut-être demander à Henry de m’héberger. »

Elle n’y songeait pas, elle ne connaissait pas assez son beau-frère pour ça et au fond, elle n’avait pas envie de faire ça à Bradley quoi qu’elle soit en train de dire en cet instant précis. Si elle devait aller quelque part, elle se tournerait vers quelqu’un d’autre, mais il n’avait pas forcément besoin de le savoir. Et c’était dans un tel moment que Esther se rendait compte à quel point ils avaient des problèmes.

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B

radley espérait encore qu'un revirement de situation quelconque adviendrait, qu'Esther s'excuserait, lui assurerait qu'il ne s'agissait finalement que de paroles en l'air, qu'elle voulait le faire réagir, c'est tout, mais qu'en réalité, elle n'avait aucune intention de partir, et encore moins de le quitter. Malheureusement, ce discours n'allait clairement pas dans cette direction... Il avait déjà le sentiment qu'elle lui avait planté un couteau en plein coeur, mais là, c'était pire encore...

Elle tournait et retournait le couteau dans la plaie. Si le but était de la faire souffrir, eh bien c'était réussi. Bradley avait vraiment mal, terriblement mal... Sans doute pas autant que quand il avait appris que sa fille allait subir le baiser du détraqueur, mais quelque chose de similaire, tout de même. Il était en train de tout perdre, absolument tout. Perdre Pomona avait déjà été une épreuve atrocement douloureuse... mais perdre Esther, comme il ne craignait que trop que cela se produise... Cette idée lui était tout bonnement insupportable, insurmontable. Et pourtant, elle s'entêtait. Elle lui parlait d'aller vivre chez Henry. Bien sûr, au fond, il savait très bien qu'il faisait ça avant tout pour l'attaquer, et rien d'autre... Mais ça ne marchait clairement que trop bien, beaucoup trop bien, même.

-Tu n'as donc vraiment plus le moindre respect pour moi..., observa-t-il, totalement dépité... ni aucun amour.

Il ne devrait pas faire cette affirmation à voix haute, c'était déjà un aveu de faiblesse. Mais il n'y pouvait rien, c'était comme ça. Il n'était pas prêt, ni capable de se dévoiler, mais il était incapable de se laisser briser le coeur sans faire le constat douloureux de cette situation, et de tout ce que ça impliquait pour lui. C'était comme ça qu'il le voyait, ainsi qu'il le ressentait, et rien ne serait capable de lui faire changer d'avis : elle ne l'aimait plus. Lui, il l'aimerait jusqu'à la fin de ses jours, c'était une véritable certitude. Mais elle... Il était convaincu qu'elle ne l'aimait plus, et ça depuis très longtemps, beaucoup, beaucoup trop longtemps.

-Ne t'embête pas, tu n'as pas besoin d'aller où que ce soit... je vais dormir à l'hôtel.

Certes, ce n'était pas le genre de choses auxquelles il devrait penser... mais il était difficile de faire autrement, en fin de compte. Si Esther se rendait vraiment une fois de plus chez Henry, et pour y dormir qui plus est, il ne supportait pas les conclusions que les uns et les atures en tireraient. Dans tous les cas, il préférait s'en aller, pour que son épouse puisse profiter du confort de leur maison. Bradley n'avait pas envie d'en arriver là, mais si ça devait advenir, eh bien... c'était à lui de partir, tout simplement.

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Esther avait conscience qu’elle y allait sans doute un peu trop fort, mais en même temps elle cherchait réellement à faire réagir. En réalité, la sorcière n’avait aucune intention de se rendre chez son beau-frère. Même si elle devait décider de quitter cette maison – ce qu’elle ne tenait pas plus que cela en réalité, malgré ce que ses propos semblaient signifier –, ce n’était clairement pas chez Henry qu’elle chercherait à se rendre. Esther revoyait clairement son jugement vis-à-vis du frère de son mari, mais elle ne pouvait pas non plus affirmer qu’ils étaient proches. Bien au contraire, ils ne l’étaient pas du tout, au final ils ne s’étaient parlés qu’une seule vraie fois. Alors, si elle devait se rendre chez quelqu’un, ça ne serait pas chez cet homme, contrairement à ce qu’elle disait.

Quand Bradley reprit la parole, affirmant qu’elle n’avait plus aucun respect, ni aucun amour à son égard, Esther sentit son cœur se serrer. Cette conversation était clairement la pire qu’ils n’avaient jamais eu. En même temps, avant la mort de Pomona, ils n’avaient jamais eu ce genre de conversations, ils n’avaient jamais été si peu sur la même longueur d’onde en même temps. Elle ne répondit rien pour autant, parce qu’il n’y avait pas grand-chose qu’elle pouvait rajouter. Elle pouvait le contredire, lui dire que si, elle l’aimait bel et bien malgré le fait qu’elle avait le sentiment que ce n’était pas son cas à lui. Mais elle le lui avait déjà fait la réflexion, ça ne servait à rien qu’elle recommence. Elle se doutait qu’il n’entendrait pas forcément. En tout cas, il chercha à la retenir, en affirmant qu’elle n’avait pas besoin de s’en aller, parce qu’il allait se rendre à l’hôtel. En un sens, c’était un pas qu’il faisait qu’elle appréciait, en grande partie parce qu’il faisait ce sacrifice. Cela dit, elle n’était pas certaine que ça soit une bonne idée. Pas seulement parce que forcément, dans l’idéal il faudrait qu’aucun des deux ne s’en aillent, mais aussi parce que leur image comptait énormément. S’il était moins pire de voir Bradley s’installer à l’hôtel, que Esther chez son beau-frère (la sorcière ne voulait pas imaginer les ragots que ça allait engranger).

« Tu n’as pas besoin de t’en aller. » Dit-elle finalement, même si ce n’était pas forcément dans le sens d’une réconciliation. Esther aimerait bien qu’il n’y ait plus aucun souci entre eux, qu’ils ne se prennent plus la tête, qu’ils soient heureux, qu’ils puissent simplement reprendre le cours de leur vie. Sauf que pour cela, il faudrait sans doute que Esther parvienne à reprendre le courant de sa vie, qu’elle parvienne à surmonter la disparition de Pomona, ce qui n’était pas une mince affaire. « Il y a suffisamment de place ici pour nous d’eux. Je vais ranger les affaires de Pomona et m’installer dans sa chambre. »

Ce qui n’était pas forcément bon signe non plus, mais c’était mieux que si l’un des deux quittaient cette maison.

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B

radley aurait voulu que son épouse lui réponde quelque chose, n'importe quoi, qu'elle lui affirme qu'elle le respectait encore, qu'elle l'aimait toujours... mais à la place, elle lui accorda un silence qui à ses yeux tenait lieu de confirmation. Il aurait terriblement souffert de ne perdre que son respect, mais il souffrait bien davantage de perdre son amour. Esther avait toujours été une évidence pour lui. Dès l'instant où leurs regards s'étaient croisés, il n'avait eu aucun doute, il avait su, avec la plus grande certitude : il aimait Esther, cette femme incroyable était faite pour lui, c'était auprès d'elle qu'il voulait vieillir, accomplir chacun de ses projets. Avoir des enfants...

Et tout s'effondrait. Il ne subsistait plus rien de la famille qu'il avait possédé, comme si tout ce qu'il touchait était condamné à se réduire en cendres, jusqu'à ce qu'il n'en subsiste plus rien. S'il perdait Esther, il perdait tout, et tout ce qu'il avait construit, cherché, désiré jusqu'alors n'avait dorénavant plus d'importance. Que sa réputation vole en fumée serait un désastre duquel il se remettrait difficilement, mais bien plus facilement que s'il devait perdre Esther. Son oxygène, son souffle... Sans elle, il se sentait comme asphyxié, et à mesure que le fossé se creusait entre eux, il se sentait comme en apnée continuelle. C'était terrifiant.

Il s'en fichait, d'où il devait dormir. Dans le grenier, à l'hôtel, dans la rue, s'il ne dormait pas dans le même lit qu'elle, alors dans tous les cas, il avait tout perdu... C'était trop tard. Il avait vu tant de couples autour de lui se haïr et se déchirer, il s'était senti si fier d'être une exception de pacotille. Aujourd'hui, il était comme tous les autres. Il avait le coeur arraché. Une seconde fois. Successivement, il avait perdu Henry, puis Pomona, puis Esther. Et maintenant, il se sentait seul au monde, avec sur les épaules un poids trop immense pour être véritablement capable de le supporter.

-Pas la chambre de Pomona. On a une chambre d'amis, j'y dormirai. Mais pas sa chambre...

Comment pourrait-elle guérir de sa douleur si elle s'installait là même où leur fille avait passé le plus clair de son temps. Ce n'était pas pour rien si Bradley avait voulu s'exempter de tous les souvenirs qui lui faisaient trop penser à elle. C'était son exutoire, le seul moyen d'aller de l'avant. Il essayer de tirer un trait, elle passait sa vie à relire les même lignes, encore et encore.

Alors elle allait sans doute faire de la résistance une fois encore mais peu importe, si elle ne l'aimait plus, quelle importance qu'elle le déteste encore plus, ce seuil, elle ne pouvait sans doute plus le dépasser à ce stade.

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Cette situation semblait… désastreuse. Elle l’était sans doute plus qu’elle ne semblait l’être en réalité, pour la simple et bonne raison que le couple était en train de se déchirer. Esther commençait à se dire sérieusement qu’il n’y avait plus aucune solution pour eux, qu’ils étaient voués à ne plus être sur la même longueur d’onde, à ne plus s’aimer. Quand bien même, Esther savait parfaitement qu’elle était incapable de ne plus aimer son mari, c’était impossible. Même si en ce moment, elle avait beaucoup de mal à reconnaître l’homme duquel elle était tombée amoureuse de nombreuses années avant, dès le premier regard. Elle ne le reconnaissait plus non, mais en même temps elle savait bien qu’elle ne l’avait pas spécialement ménagé. Elle s’en voulait de lui avoir dit ce genre de chose concernant Henry, même si elle ne pouvait pas nier qu’elle en pensait une partie. Mais elle n’avait pas envie de se déchirer avec son époux, quand bien même ça semblait inévitable. Comme s’ils n’avaient plus le choix, comme s’ils devenaient comme tous ses couples qui finissaient par se haïr. Au point de divorcer ? L’idée faisait mal à Esther, mais en même temps s’ils n’étaient plus sur la même longueur d’onde, si Bradley ne l’aimait plus avaient-ils encore besoin de faire semblant ?

En attendant, il semblait évident qu’ils ne pouvaient plus juste faire comme si de rien n’était. Cela dit, quand Bradley commença à affirmer qu’il ne voulait pas qu’elle dorme dans la chambre de Pomona, elle crut qu’il était sur le moins de lui demander de rester à ses côtés. Avant d’affirmer qu’il irait dormir dans la chambre d’ami, ce qui finalement ne changeait pas grand-chose à la situation. Ou si. Pas dans la chambre de Pomona. Ça semblait lui tenir à cœur. Esther ne devrait pas analyser tout ce que son époux faisait, mais en même temps elle ne pouvait pas s’en empêcher. Et la sorcière ne put s’empêcher de penser à ce que Wilhelmina lui avait dit, au sujet de ce qu’elle avait fait à la mort de son époux. Parce qu’elle avait eu besoin de ça, pour aller mieux, parce qu’elle souffrait trop.

« Quand tu… » Esher hésita une seconde, elle ne savait pas vraiment pourquoi elle s’engageait sur ce terrain et où ça allait les mener, mais elle avait besoin de poser la question. « Quand tu as décidé de vider la chambre de Pomona. » Ce jour où elle l’avait surpris et où ils s’étaient déjà énormément disputés. « Est-ce que c’était… » La femme cherchait ses mots, afin d’exprimer vraiment ce qu’elle cherchait à exprimer, afin d’essayer, elle ne savait pas, de comprendre son époux. « Est-ce que c’était parce que tu en avais besoin, pour aller mieux ? Pour… moins souffrir ? »

Elle n’aurait normalement pas besoin de poser cette question, mais elle le faisait parce qu’elle était incapable de le comprendre elle-même, de le voir par ses propres yeux. Parce qu’elle ne parvenait plus à lire en Bradley comme dans un livre ouvert.

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B

radley s'attendait à ce que son épouse proteste, à ce qu'elle demande à dormir dans la chambre de sa fille, quoi qu'il lui en coûte. Il considérait que ce n'était pas sans raison qu'Esther avait évoqué la chambre de leur fille sans songer à dormir dans la chambre d'amis, c'était sans doute une manière d'essayer d'être plus proche d'elle. C'était une chose qu'il pouvait comprendre, dans une certaine mesure, même s'il adoptait la mesure totalement inverse de son côté : Bradley cherchait à s'éloigner le plus possible d'elle, pour sa part. En bref, ils géraient leur deuil de deux manières antagonistes, rien d'étonnant à ce qu'ils ne se comprennent plus.

Quoique... Alors qu'Esther reprenait la parole, non pour protester mais pour l'interroger, l'homme réalisa qu'elle réussissait peut-être à mieux le cerner qu'il ne l'avait présumer. Elle avait parfaitement compris... ou supposé, du moins. Oui, c'était ça, il avait voulu éloigner tout élément qui lui rappellerait de trop près ou de trop loin sa fille disparue. Et il l'avait fait parce qu'il souffrait, oui. Mais est-ce qu'il serait capable de le confesser ? De simplement hocher la tête et d'avouer la vérité. C'était exposer sa faiblesse au grand jour, et il ne le faisait jamais. Cela dit, ce n'était pas en présence de n'importe qui, qu'il le faisait, mais en compagnie de sa femme. Forcément, ça changeait tout... Et en même temps, il y avait si longtemps qu'il gardait tout pour lui. Il ne voulait pas donner le sentiment de se rabattre sur ce faux prétexte... Et puis, il ne pouvait oublier non plus le fait qu'Esther lui avait fait comprendre, à sa manière, qu'elle ne l'aimait plus du tout. A quoi bone se raccrocher aux branches d'un arbre déjà mort.

Il mit un certain temps à répondre, prit une légère inspiration. Puis accepta de répondre... Ou plutôt de dire quelque chose, car ce n'était pas exactement une réponse.

-Quelle importance, hein ? dit-il d'une voix légèrement tremblante, ce qui ne devait jamais lui arriver, pourtant, d'ordinaire. Tu me prends pour un monstre, et tu me hais, alors ça n'a plus d'importance, maintenant.

Il sentait au fond de lui les larmes lui monter aux yeux mais il les retint du mieux qu'il put. Il ne voulait pas appitoyer son épouse. Il avait voulu être un roc pour elle, maintenant elle le haïssait. Alors, oui, quelle importance ça pouvait bien avoir, dorénavant. Il n'irait pas mieux de toute façon. Que tout souvenir de Pomona soit effacé ou qu'il soit environné par eux, il n'irait pas mieux. C'était trop tard. Il avait tout perdu, il avait atteint le point de non-retour, c'était fini.

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Esther n’avait aucune idée de si elle avait vu juste ou non – enfin, si Wilhelmina avait vu juste ou non, puisque c’était son amie qui lui avait fait remarquer que ses actes signifiaient peut-être qu’il avait simplement besoin de ça pour se soulager –, mais elle osait croire qu’elle ne se trompait pas. Est-ce que ça allait changer quelque chose ? Sérieusement, la sorcière n’en avait aucune idée, elle ne savait plus réellement comment ils pouvaient bien s’en sortir. Depuis la mort de Pomona, elle avait le sentiment qu’il n’y avait plus rien qui coulait de source, comme avant. Tout était si facile autrefois, maintenant c’était juste dur. Esther savait bien que son mari avait toujours été un roc, elle l’aimait pour ça d’ailleurs, mais elle n’en avait pas besoin en cet instant précis. Elle avait... en fait, elle ne savait même plus ce dont elle avait besoin, ce qu’elle voulait non plus.

Bradley mit énormément de temps avant de répondre, enfin avant de prendre la parole parce qu’on ne pouvait pas dire qu’il répondit réellement à sa question. Il lui demanda quel importance cela pouvait bien avoir et Esther eut le sentiment d’entendre sa voix trembler, comme ça n’était jamais arrivé. Esther baissa son regard quand il affirma qu’elle le prenait pour un monstre, qu’elle le haïssait, alors ça n’avait plus d’importance. La sorcière savait bien qu’elle n’avait pas été tendre avec son époux et en un sens, elle ne pouvait pas nier qu’elle avait eu envie de lui faire du mal. Quand il lui avait demandé à mi mot si elle l’aimait toujours, elle n’avait pas répondu. Ils n’avaient jamais été à ce point incapable de se comprendre l’un l’autre.

« Je ne te déteste pas Bradley, j’en serais incapable. » Dit-elle dans un soupire, même si elle ne savait pas si ça allait être utile. Elle craignait dans tous les cas d’entendre de nouveau les reproches de son époux, de l’entendre lui dire qu’elle devait être plus forte, qu’elle devait tourner la page. Mais cette fois-ci, Esther avait envie de se dire que c’était quelque chose que Bradley ne parvenait pas à faire non plus. « J’y arrive pas toute seule, c’est beaucoup trop dur. » Affirma-t-elle, son regard toujours tourné vers le sol, ses yeux ne se retenant pas de s’humidifier. Elle n’avait aucune envie de craquer, surtout pas devant Bradley, mais elle n’arrivait pas à jouer la comédie. « Tu dois me trouver bien pitoyable mais, je peux pas faire semblant, je peux plus... » Alors que jouer la comédie, sourire en toute circonstance, c’était le genre de chose qu’on lui avait appris. « Je n’ai pas besoin d’un roc devant moi. » Reprit-elle en levant les yeux vers son époux. « J’ai juste besoin de toi et que tu t’ouvres à moi, que tu me dises ce que tu ressens vraiment. »

Il ne lui avait pas dit qu’elle se trompait, juste que ça n’avait pas d’importance, alors elle avait simplement besoin de l’entendre lui dire qu’elle n’était pas toute seule à souffrir.

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A

u fond, Bradley se sentait soulagé d'entendre que sa femme ne le détestait pas... ou peut-être pas complètement, qu'elle en était incapable, tout comme lui-même ne serait jamais capable que de l'aimer, quoi qu'elle puisse faire et peu importe ce qu'elle pourrait bien dire dans l'espoir de le blesser. Malgré tout, ces mots n'étaient qu'un vague baume qui effleurait la surface mais ne réparait rien des trop nombreux maux qui s'étaient insinués entre eux. Malgré tout, oui, elle lui donnait au moins l'espoir que tout ne soit pas complètement fini, qu'il n'ait pas tout perdu, et ça, c'était d'une importance primordiale pour lui.

Elle clarifia sa pensée, le fait qu'elle n'y arrivait pas toute seule, et quelque part, cela blessait Bradley, car il n'avait jamais voulu lui donner le sentiment qu'elle était seule. S'il avait refusé de lui montrer quoi que ce soit, ce n'était pas pour l'abandonner à son deuil et à sa détresse, c'était pour qu'elle puisse justement pleinement se consacrer au chagrin tant que celui-ci lui serait nécessaire pendant que lui-même veillerait à leur familleà ce que rien ne leur manque, à ce que tout se passe pour le mieux. Mais cela, visiblement, elle ne l'avait pas du tout compris ainsi.

Il ne dit rien quand elle suggéra qu'il devait la trouver pitoyable. Ce n'était absolument pas le cas, et le fait qu'elle puisse imaginer qu'il ait une telle opinion d'elle lui faisait vraiment du mal. Il était visiblement devenu à ses yeux un homme rustre et insensible, si indifférent qu'à son propre égard, elle n'aurait plus la moindre estime. Il n'aimait pas l'image qu'elle se faisait de lui et qu'elle ne daignait maintenant que reconsidérer. Mais non, il ne pouvait pas le lui reprocher. Ce serait franchement hypocrite. Parce que, quelque part, il l'avait cherché. Elle n'avait pas besoin d'un roc face à elle, disait-elle, mais il pensait qu'elle se trompait. Elle avait besoin d'un point d'attache, auquel se raccrocher pour ne pas sombrer. Il était ce point d'attache. Mais il allait peut-être falloir qu'il daigne s'ouvrir davantage. C'était Esther, après tout, s'il la perdait à son tour, il n'aurait définitivement plus rien. Il prit une grande inspiration.

-J'avais besoin... d'éloigner les traces de sa présence. Parce que je les vois partout, et tu me les rappelles constamment. Il marqua une pause. Tu veux la vérité ? Je me déteste. Je sais que tout est de ma faute, et tu as passé ton temps à me le rappeler... J'arrive pas... à vivre avec cette culpabilité si j'essaie pas au moins de maintenir le cap. Il marqua une légère pause. Elle me manque...

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Esther ne savait pas vraiment si c’était seulement ainsi que les choses allaient pouvoir se régler ou non, mais dans tous les cas la sorcière avait conscience qu’ils devaient de toute façon faire quelque chose. Il était évident qu’ils ne pouvaient pas continuer comme cela, Esther avait besoin que Bradley s’ouvre un peu plus, sans pour autant savoir si c’était ce qu’il allait faire. Bradley pouvait très bien décider de rester dans sa position et de se contenter de se braquer, de ne rien lui dire, de ne pas s’ouvrir, parce qu’il devait sans doute croire que c’était la seule chose à faire. Esther aurait pensé comme cela avant aussi, parce qu’ils avaient toujours pensé de la même manière jusqu’à présent. Mais depuis la mort de Pomona, la sorcière était bien obligé de remettre en question sa façon de faire.

Bradley reprit donc, affirmant qu’il avait besoin d’éloigner des traces de leur fille, parce qu’il les voyait partout, parce qu’elle les lui rappelait constamment. Esther baissa son regard et sentit son cœur se serrer quand il affirma que la vérité, c’était qu’il se détestait parce qu’il savait que tout cela était de sa faute – ce qu’il n’avait pas manqué de lui dire plusieurs fois d’ailleurs… et elle s’en voulait pour ça, même si elle ne pouvait pas nier le fait qu’elle l’avait pensé vraiment –, qu’il n’arrivait pas à vivre avec la culpabilité. Elle ne s’était pas attendue à ce qu’il lui dise tout cela, à ce qu’il ressente tout cela. Ce qui était bien la preuve qu’il y avait définitivement un grand souci entre eux, parce qu’elle n’avait pas imaginé une seule seconde qu’il puisse à ce point souffrir.

Pomona lui manquait. Ce n’était pas grand-chose, mais ça signifiait quand même beaucoup pour Esther en cet instant précis. Sans dire quoi que ce soit, la sorcière s’approcha de son époux afin de le prendre dans ses bras. Elle ne savait pas si c’était de bon ton au final, s’il n’allait pas décider de la rejeter, mais elle prenait le risque. Elle avait besoin de lui témoigner quelque chose, de lui prouver qu’elle était là, même si elle n’avait vraiment pas agis de la bonne manière. Parce qu’elle lui avait mis beaucoup de chose sur le dos, elle en avait conscience et en un sens, elle ne pouvait pas nier qu’elle l’avait fait volontairement. Le voir si vulnérable maintenant, ça ne faisait que lui prouver à quel point il souffrait autant qu’elle, il avait simplement été plus fort, il avait eu bien plus de courage qu’elle.

« Je suis désolée… » Dit-elle dans un souffle parfaitement sincère. Elle l’était pour beaucoup de chose, pour ce qu’elle avait pu lui dire, ce qu’elle avait fait, pour ce qu’elle avait pu laisser son époux penser. Est-ce que le simple fait de s’excuser allait pouvoir arranger tout ça ? Esther n’en savait rien, il ne savait pas vraiment s’ils n’avaient pas dépassé un point de non-retour. « Dès demain… on va faire un peu de rangement. »

Parce qu’ils devaient bien faire quelque chose non ?

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B

radley n'était pas du genre à se dévoiler... En vérité, il ne savait même pas exactement comment faire pour cela. Depuis presque toujours, il avait appris à dissimuler ses émotions, quand il ne les refoulait pas purement et simplement, et à conserver un masque impeccable sur le visage, destiné à protéger les autres, et à se protéger lui-même. Admettre ce qu'il ressentait en son fort intérieur, parler de ce qui le tourmentait, c'était à ses yeux un immense aveu de faiblesse, et l'exercice était complexe, même auprès de son épouse, qui était pourtant celle auprès de qui il parvenait le mieux à s'exprimer sur ce qu'il éprouvait... Même alors qu'il avait enfin prononcé ces mots qu'il avait si longtemps gardés pour lui, même maintenant qu'il venait d'admettre que Pomona lui manquait, il se sentait mitigé. Quelque part, il avait le sentiment qu'on venait de lui retirer un poids qui lui pesait sur le coeur, mais d'un autre côté, il avait le sentiment de ne pas être à la hauteur. Oui, il se sentait coupable, oui, il se détestait, oui, il voudrait que sa fille soit encore en vie... et après ? Rien de tout ceci n'allait la ramener, rien de tout ceci ne suffirait à apaiser le chagrin de son épouse. Cela ne ferait que rajouter un peu de la peine sur plus de peine encore, rien d'autre.

Il sut tout de même qu'il avait sans doute pris la bonne décision, même s'il en appréhendait les conséquences, quand Esther le prit dans ses bras. Il ne saurait même pas dire à quand remontait la dernière et sincère démonstration d'affection qu'ils se soient adressés tous les deux. Bradley resserra cette étreinte aussi fort qu'il le put. Sentir son épouse contre lui, surtout à l'heure où il avait eu si peur de la perdre pour de bon... ça lui faisait un bien fou. Quoi qu'il arrive, malgré tout ce qu'ils avaient pu se dire, il l'aimait plus que tout. Elle était la femme de sa vie, et s'ils devaient en venir à se séparer, il serait incapable de continuer tout seul. Là, il sentait qu'elle lui revenait, qu'elle le soutenait, qu'elle le comprenait. Ce constat lui faisait définitivement un bien immense. C'est ce qu'il lui avait manqué d'accepter et de comprendre, ces derniers temps. Qu'ils pouvaient faire bloc face à cette situation qui était aussi injuste que douloureuse.

-Ce n'est pas la peine, répondit-il doucement quand Esther suggéra qu'ils fassent un peu de rangement dès le lendemain. Il appréciait ce geste de sa part, mais il avait aussi compris à quel point Esther avait besoin de garder les affaires de leur fille telles qu'elles étaient, et il ne voulait surtout pas empêcher cela. Après quelques secondes, il osa déposer ses lèvres sur celles de son épouse avant de reprendre la parole. Je suis allé voir un Auror... pour lui demander de rouvrir l'enquête.

La boîte de Pandore était ouverte, il n'était plus nécessaire de prétendre.

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Ça n’allait pas résoudre tout, c’était évident, Pomona n’allait pas revenir comme par magie – alors qu’ils vivaient justement dans un monde rempli de magie, mais on ne pouvait faire revenir les mots pour autant –, mais Esther se disait qu’ils pouvaient quand même s’en sortir finalement. La sorcière ne pouvait pas nier le fait qu’elle souffrait encore beaucoup trop de la mort de sa fille et quelque chose lui disait qu’elle en souffrirait à jamais. Qu’elle serait bien incapable de faire semblant, qu’elle n’allait pas se contenter de remonter la pente dans un claquement de doigt. Mais en même temps, pour la première fois depuis la mort de Pomona, elle avait enfin le sentiment de retrouver son pilier. Ce n’était pas grand-chose en soit, mais le simple fait qu’ils s’accordent un geste d’affection l’un à l’autre signifiait quand même beaucoup. Esther avait le sentiment de ne pas avoir eu ce genre de moments avec Bradley depuis énormément de temps. En fait, ils n’en avaient sans doute pas eu depuis la mort de Pomona, peut-être même avant. Une réelle sincérité, pas de faux semblant, juste eux, leur peine, leur soutien. Ça n’allait peut-être pas les aider concrètement, mais ça ne faisait que du bien à Esther, vraiment.

Et si ça faisait du bien à Bradley de débarrasser les affaires de Pomona, la sorcière consentait à le faire. Maintenant, elle osait croire qu’elle parvenait un peu plus à le comprendre, parce qu’il avait pris la peine de s’ouvrir un peu plus à lui. Mais son époux lui assura que ce n’était pas nécessaire. Soit, ils verraient bien ce qu’ils allaient faire dans tous les cas. Bradley vint déposer ses lèvres sur les siennes, encore une fois c’était un geste qui manquait cruellement à Esther et elle savait bien qu’elle était en partie responsable de ça. Elle s’était sans aucun doute montrée bien trop dure envers Bradley, ne pouvant pas s’empêcher de le tenir responsable de ce qui arrivait. Alors qu’au final, ils étaient définitivement au même point et Bradley ne manqua pas de le lui prouver un peu plus en affirmant qu’il était allé trouver un Auror du bureau des Aurors afin de lui demander de rouvrir l’enquête. Elle était surprise, et elle s’en voulait un peu d’être surprise, parce qu’elle ne s’était pas attendu une seule seconde à ce qu’il lui affirme cela, à ce qu’il le fasse. Et pourtant… il l’avait fait, sans lui en avoir parlé, sans doute dans le but de la ménager. Elle s’en voulait vraiment… de lui avoir fait tant de reproche, alors qu’il souffrait autant qu’elle, alors qu’il semblait croire à l’innocence de leur fille.

« Il a accepté ? » Demanda-t-elle, ne pouvant pas s’empêcher de se montrer curieuse. Elle décida de garder sa surprise pour elle, Bradley n’avait pas besoin de savoir qu’elle ne s’était pas imaginée une seule seconde qu’il soit capable de faire une telle chose. « Tu crois aussi qu’elle est… innocente ? »

S’il avait demandé à ce qu’on ouvre de nouveau l’enquête, ça ne faisait pas réellement de doute. Mais elle avait besoin de l’entendre.

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On ne peut bien gouverner sa famille qu'en donnant l'exemple

B

radley ne sut rien de la surprise qu'éprouva Esther quand il lui apprit qu'il était allé trouver un Auror dans l'espoir que l'enquête concernant les meurtres prétendument commis par Pomona et ses accolytes, mais il aurait compris un tel étonnement, et n'en aurait pas forcément pris ombrage. Car il s'était à vrai dire étonné lui-même en agissant de la sorte. Agir comme il l'avait fait, c'était aller à l'encontre du moindre de ses principes. Il avait toujours clamé son entière confiance dans le ministère et ceux qui y officiaient, de même que dans le travail des Aurors. S'ils estimaient que telle crime avait été proféré par tel individu, il fallait admettre que c'était vrai, point à la ligne. Et dans un premier temps, il avait vraiment cherché à se résigner. Après tout, que savait-il vraiment de sa fille ? Plus rien. Il avait tout ignoré de ses aspirations, de ses fréquentations, de ses opinions politiques, même. Il savait qu'elle vivait chez Henry, il savait qu'elle avait été promu Auror. C'était trop peu pour contester la décision du Magenmagot. Et pourtant, pourtant... une tenace part de lui avait été incapable d'y croire. Ce qu'on appelle l'instinct paternel, sans doute.

Quand il pensait à Pomona, il ne pensait pas à une criminelle endurcie livrée à la merci des détraqueurs, qui errerait à présent à Azkaban, sans âme... Il pensait à la première fois qu'il l'avait prise dans ses bras, à ses premiers pas, et même à toutes les conversations houleuses qu'ils avaient pu avoir, au cours desquelles elle avait su éveiller en lui autant d'agacement que de fierté, car sa fille était un petit génie, une personne redoutablement intelligente... au point d'avoir fomenté un assassinat de masse ? Non... Elle avait toujours défendu des valeurs aux antipodes même de ce dont on l'accusait. Alors oui, c'était plus fort que lui, ça dépassait les faits, les indices et la raison : Bradley n'était pas capable d'admettre vraiment que sa fille était coupable, en dépit de tout ce qu'il avait pu prétendre auprès de son entourage une fois la peine ultime déclarée.

-Je crois que si elle a un rapport avec ce qui s'est passé, elle n'était pas responsable, jamais elle n'aurait... Il marqua une pause. C'était bizarre de s'exprimer si franchement à ce sujet. Il avait tant gardé ces réflexions pour lui-même que les exprimer tout à coup lui semblait presque surréaliste. Il n'a pas refusé mais... sans nouveaux éléments, il ne peut pas faire grand-chose pour nous. Il faudrait... une preuve, quelque chose qui aille à l'encontre de la thèse officielle. Et peut-être que sur ce point, elle pourrait peut-être avoir une idée qu'il n'avait pas eue. Quoique... la vérité, il le savait sans se résigner, c'est que Henry était le plus à même de les aider. Mais il a au moins accepté de réexaminer le rapport d'enquête.

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On ne peut bien gouverner sa famille qu'en donnant l'exemple.

C’était vraiment bizarre d’avoir une telle conversation à présent avec Bradley. Pour la première fois depuis longtemps, la sorcière avait le sentiment de pouvoir avoir une vraie conversation avec son époux, que pour la première fois depuis longtemps ils étaient sur la même longueur d’onde. Bon, rien n’était gagné encore, il ne fallait pas exagérer, mais au moins, Esther avait le sentiment qu’ils se parlaient franchement, qu’ils se disaient vraiment les choses. Et mine de rien… ce n’était pas rien justement. Esther avait besoin d’entendre que son mari pensait leur fille innocente, parce que de son côté, elle était incapable de se dire que Pomona puisse avoir vraiment quelque chose à voir avec cet assassinat. Elle n’avait aucune preuve, bien évidemment, simplement son intuition de mère qui la trompait sans nul doute. Bradley semblait de son avis, ce qui ne manqua pas de rassurer la sorcière donc, quand bien même il affirma que si elle devait avoir un rapport avec tout cela, elle n’en était pas responsable. Oui, elle avait pu être piégée, elle avait pu se retrouver au mauvais endroit au mauvais moment… en fait, il y avait énormément de possibilité. Esther ne connaissait plus rien de sa fille, elle ne savait pas comment elle vivait, comment elle appréhendait sa vie et son travail. Alors, elle était prête à tout s’imaginer.

L’Auror que son époux avait été trouver – à la grande surprise de Esther – n’avait pas refusé de rouvrir l’enquête, mais il ne pouvait rien faire sans de nouveaux éléments. Il faudrait quelque chose, comme une preuve, pour donner la possibilité de se pencher de nouveau sur l’enquête. L’homme n’avait donc pas refusé, il avait même accepté d’examiner de nouveau le rapport, cela dit on ne pouvait pas dire qu’ils étaient plus avancés que cela. Parce qu’il faudrait qu’ils parviennent à trouver une preuve, hors ce n’était pas évident à faire, clairement pas. Esther prit le temps de réfléchir quelques secondes, se demandant si elle ne pouvait pas avoir une idée. Il ne lui semblait pas qu’elle ait laissé quelques choses d’utile dans les affaires qui se trouvaient chez eux, tout ce qui comptait pour elle de toute façon elle l’avait pris avec elle quand elle était partie vivre chez Henry.

« Le carnet dans lequel elle écrivait tout le temps. » Dit-elle finalement, en repensant aux fois où justement ils avaient fait le reproche à leur fille d’avoir le nez bien trop souvent dans ce dit carnet. Ce n’était pas forcément une preuve en soit, mais peut-être qu’il pouvait y avoir un élément. Mais ça, c’était dans l’optique que la justice n’avait pas déjà eu l’occasion de mettre la main dessus. « Tu sais… » Reprit-elle ne sachant pas réellement comment son époux allait prendre les mots qu’elle s’apprêtait à prononcer. « Peut-être que tu devrais aller trouver ton frère. » Elle ne savait que trop bien que ce sujet était sensible. « Si quelqu’un à une preuve, c’est sûrement lui. »

Même s’il n’allait pas aimer entendre ce qu’elle était en train de dire. Surtout que ce qu’ils venaient de vivre, cette dispute qu’ils avaient eu, ça partait de ce frère justement.

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On ne peut bien gouverner sa famille qu'en donnant l'exemple

B

radley savait bien que si son épouse avait eu une preuve concrète à sa disposition, elle l'aurait directement confiée au ministère. Elle était bien plus transparente que lui sur la manière dont elle appréhendait la situation, sur ce qu'elle pensait de tout cela. C'était tout à son honneur... Bradley n'était pas capable de la même chose de son côté, même s'il faisait l'effort ici et maintenant. avec Esther. Après un moment de réflexion, Esther évoqua le carnet. Evidemment... ce fameux carnet dans lequel elle passait son temps à écrire.

Bradley s'était posé beaucoup de questions à ce sujet mais n'en avait en revanche jamais lu le contenu... aujourd'hui, il regrettait. Il ignorait où ce carnet était passé, pour peu que son contenu puisse leur servir, mais c'est sûr qu'elle ne l'aurait jamais laissé chez eux. Quand bien même elle n'aurait dû emporter qu'une seule chose avec elle quand elle avait décidé de quitter le domicile familial, elle aurait choisi cet objet-là, il était convaincu de cela. Donc, il devait être... eh bien, chez Henry. Henry qu'Esther n'oublia pas d'évoquer, pour son plus grand plaisir.

Bien sûr, si Bradley acceptait de ne pas être entièrement de mauvaise foi (ce qui n'était pas facile du tout quand il était question de son frère), il admettrait qu'il était effectivement la personne à trouver, à contacter, parce que c'était lui qui avait pu voir Pomona évoluer ces dernières années (et il lui en voulait d'autant plus de ne pas avoir empêché ce qui s'était passé alors qu'il avait les meilleures cartes en mains pour cela... à ses yeux, c'était de la négligeance).

Mais c'était plus fort que lui, il ne lui voulait rien avoir à faire avec lui, il avait suffisamment donné. Même dans cette situation, ça l'emmerdait profondément de devoir se reposer sur son frère. Pour lui, c'était la preuve de faiblesse ultime, et il détestait absolument cela.

-Si Henry avait une preuve probante tout ce temps et qu'il ne l'a pas confiée au ministère, alors c'est vraiment le dernier des connards, dit-il d'un ton qui ne cachait rien de son animosité. Il était brutal dans ses propos, mais c'était comme ça, il lui en voulait. Et il ne voulait pas voir Henry comme la solution quand à ses yeux, et depuis toujours, il était tout naturellement le problème. Tu n'as qu'à aller lui parler, toi, ajouta-t-il sans vraiment le parler, car en vérité, il n'avait absolument pas envie qu'Esther vienne à nouveau rendre visite à Henry. Une fois (s'il n'y en avait eu qu'une) suffisait vraiment largement. Qu'est-ce que vous vous êtes dit, d'ailleurs ?

Il n'y avait pas de reproche dans sa voix, juste de la curiosité, en réalité.

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