Tony était convoqué dans le bureau de son chef de service, et ami. Ce qui n'était pas toujours une combinaison facile, ni pour l'un, ni pour l'autre. Le sorcier se doutait de la raison de cette convocation, aprés la discussion houleuse avec Geoffrey, ce dernier s'était sans doute plein auprès de Chris. A moins que ça soit Seth, même si il savait trés bien se défendre vu le coup de point qu'il avait reçu sur le visage. Tony doutait que Seth soit allé se plaindre de leurs discussion. D'ailleurs, Tony ne manquerait pas de dire à Chris ce qu'il pense du jeune homme. Le sorcier poussa la porte du bureau de son chef.
"Tu as demandé à me voir" fit-il d'un ton neutre, parce que ce n'était pas Chris qui demandait à voir son ami, mais plutôt le chef des aurors, qui demandait à voir son auror. Il attendait que Chris l'invite à s'asseoir, bien qu'il n'était pas sûr de vouloir prendre en place en face de lui.  

Tony prenait son boulot trés à cœur, et cette histoire de registre l'avait mis hors de lui. Mais cela ne voulait pas dire qu'il avait oublié ce que son ami lui avait demandé, trouver le traitre au Ministère. Il n'y a rien de plus efficace que de mettre un coup de pied dans une fourmilière pour trouver la reine. Maintenant, cela li servait à mieux cerner les gens, à mieux comprendre leurs motivations. Et il avait encore un peu de mal à comprendre ce qui se cachait derrière ce registre. Il soupira et croisa le regard de son ami, en se demandant si il allait se faire remonter les bretelles, et surtout comment il pourrait réussir à plaider sa cause.

C'est dans les moments difficiles que l'on découvre qui sont ses vrais amis. Ce n'est qu'un proverbe, et c'est le genre de proverbe auquel j'accorde un crédit très limité, car je n'ai jamais vu aucune vérité générale franchir la barrière des exceptions. Non, je ne vais pas prétendre que ma situation me fait porter un nouveau regard sur mes amis, d'autant plus qu'ils ne m'ont pas réellement déçu au sens du soutien qu'ils m'apportent. Henry est, par exemple, un exemple de présence et de considération pour moi. Et Anthony, malgré la situation présente, n'a rien fait spécifiquement contre moi. J'aimerais seulement... qu'on me simplifie la tâche. C'est peut-être trop demander, mais c'est comme ça, je me sens complètement au bout du rouleau, en ce moment.

Il y a de quoi, certainement. Les jours passent mais la douleur reste intacte : Purdey me manque, cruellement. Et maintenant qu'elle est partie pour de bon, je n'arrive pas à m'empêcher de penser à tout ce que j'aurais dû dire, à tout ce que j'aurais voulu qu'elle sache... Elle me manque oui. Ajoutez à cela la situation actuelle avec Pomona, le fait que mon fils ne me donne toujours pas de nouvelles, la trahison de Seth, et maintenant ça... Je me sens épuisé. Je veux bien soutenir, mais à présent, j'ai envie qu'on me soutienne. Ce n'est pas l'excès de zèle d'Anthony que j'ai envie de gérer ces derniers temps. Dans tous les cas, j'espère qu'il entendra mes arguments et respectera sa hierarchie, même si nous sommes avant tout des amis. J'ai besoin, justement, de cette amitié, pas de devoir lui remonter les bretelles.

-Oui, assieds-toi, s'il te plaît. J'attends qu'il s'exécute avant de reprendre la parole. Quand j'ai accepté que tu reviennes dans ce bureau, tu sais que ce n'était pas pour rien, n'est-ce pas ? Je sais que tu en as peut-être perdu l'habitude, mais ici, tu n'es pas tout seul, tu travailles pour le ministère, pour moi. Alors quand j'apprends que tu mènes dans ton coin des enquêtes pour lesquelles je n'ai absolument pas donné mon aval, crois-moi, ça me déçoit. On vit une situation de crise, là. J'ai besoin que tu te ressaisisses.

Tony avait vu juste, c'est bien sur cette histoire de registre qu'il allait se faire remonter les bretelles. Il ne savait pas trop quoi dire, le sorcier avait bien conscience d'être aller un peu loin, mais cela le mettait un peu hors de lui. Quelle idée de mettre des gens dans des cases, c'est ce qui engendre le fait que certains se croient supérieur aux autres, et ça ce n'était pas tolérable pour lui.
"Je vois... Tu m'as demandé de trouver les traitres dans les rangs, et bien quel meilleur moyen que de ... mettre un coup de pied dans la fourmilière, crois moi, ça fait remonter des choses." expliqua Tony, même si ce n'était pas une justification.

"Je n'ai pas oublié ta demande, et je crois que tu as déjà repéré Seth, ce n'était pas difficile à voir, au fond. Et j'ai des doutes sur ... un autre si tu veux tout savoir, mais ... il cache mieux son jeu. continua Tony. Aprés avoir annoncer tout ça, il se dit qu'il devait quand présenter des excuses sur sa conduite, il aurait effectivement peut-être dû en parler à Chris, avant de se lancer, mais il savait bien qu'il aurait refuser de les laisser enquêter sur le sujet, et ce registre... le mettait hors de lui, au point qu'il avait oublié qu'il n'était pas tout seul dans l'histoire.
"Je te présente mes excuses pour avoir outre passé mes directives" fit Tony, il s'excusait plus auprès de son ami, à qui il aurait dû parler de tout ça, et encore il ne disait pas tout, et pas trop à son chef. Et ce n'était pas ce qui arrêterait le sorcier sur son enquête, il le ferait en dehors de ses horaires de travail, et sans embêter les ... membres du Ministère, qui font tous un travail si formidable. Entre la moitié des membres qui travaillent pour Grindelwald où ce qui reste de son mouvement, entre l'autre moitié qui travaille pour ce mage noir, d'autres qui perdent du temps sur des travaux indignants, et ceux qui ne font rien, ou ceux qui se voilent la face. Et bien elle est bien belle l'équipe du Ministère. Les rares qui font bien leur travail se compte sur les doigts d'une main.

Non seulement Anthony a outrepassé ses responsabilités, donc, mais maintenant, il ose prétendre que c'était pour les bienfaits de la mission que je lui avais confiée... de mieux en mieux. Je ne suis pas forcément contre la méthode du coup de pied dans la fourmilière. J'en admets les bienfaits, même, et je l'ai employée à certaines reprises. Mais là, présentement, je vois bien qu'il me pense suffisamment crédule pour avaler son excuse et l'estimer valable. L'enquête qu'il a décidé de mener tout seul de son côté n'a absolument aucun rapport avec la mission que je lui ai confiée, et il ne me fera pas croire le contraire.

Il a dépassé les bornes, la moindres des choses serait qu'il l'admette, mais de toute évidence, je ne mérite même pas un sincère repentir de la part de mon ami. Plus ça va, plus j'ai le sentiment de ne pouvoir compter sur personne, et c'est éprouvant. La dernière chose qui puisse me rassurer au moment où, justement, j'ai plus que jamais besoin du soutien de mes proches.

Il précise qu'il n'a pas oublié ma demande. Ben tiens... en attendant, débarquer juste après la tempête, c'est un peu facile... et ce qu'il ajoute après n'est pas là pour m'inviter à l'indulgence. "Ce n'était pas difficile à voir, dans le fond" ? Non mais il se fout de ma gueule, là ! Si c'était si simple à voir, pourquoi est-ce qu'il n'est pas directement venu me voir pour me parler de Seth, pourquoi ce n'est pas lui qui m'a permis de le confronter ? Cette sentence est-elle juste là pour me rappeler combien je suis stupide parce que moi, justement, je n'avais rien vu ? Je me sens bouillonner intérieurement, je prends sur moi pour ne pas exploser. Je ne veux même pas savoir ce qu'il a à dire sur ses autres soupçons, je suis beaucoup trop en colère pour ça. Et le fait qu'il présente ses excuses maintenant n'y change rien.

-Pourquoi est-ce que tu m'as demandé à intégrer le bureau des Aurors, tu peux me le dire ? Pour saper mon autorité ou pour cracher sur mon travail ? Si tu n'es pas satisfait des directives du ministère et puisque manifestement tu détiens la science infuse, peut-être que tu n'as rien à faire ici.

Je me sens trahi. Par mon employé, bien sûr, mais aussi par mon ami. Surtout par mon ami, et cela, je ne l'admets pas.

Tony ne savait pas si ces derniers temps, il faisait tout de travers, ou bien si il voyait les choses bizarrement. Mais il avait l'art de rendre les gens nerveux et sur la défensive. De leur faire sortir les épines du dos, ou même des les voir mordre. Il n'avait pas voulu faire ça avec son ami, Chris, mais c'était le cas. Il en éprouvait de la peine. Mais il ne pouvait pas accepter ce genre de registre discriminatoire, pas aprés que sa mère se soit retrouver sur l'un d'eux. Bon ce n'était pas un registre sur les loups-garous, mais c'était pareil. Et cette liste soi-disant confidentielle, c'était retrouver en première pas d'un journal japonais. Tout ça pour nuire à la carrière de son père, à l'époque Ministre de la Magie Japonaise. Mais tout ça, il n'avait pas envie de l'expliquer à son ami, il n'avait pas besoin de connaître les raisons profondes de son désaccord, même si cela lui aurait peut-être permit de mieux comprendre son ami.

Tony croisa les bras, et se sentait lui aussi vexer par son ami, il le réprimandait comme un enfant, non même pire parce qu'un enfant on aurait peut-être pris le temps de lui demander pourquoi il agit comme ça. Mais bon peu importe, peut-être qu'au fond Chris avait raison, Tony n'avait pas sa place au sein des aurors. Il avait su que ce serait difficile de s'intégrer à une équipe, de respecter une hiérarchie, cela faisait des années que Tony travaillait tout seul, il  n'avait pas l'habitude, plus l’habitude, depuis que les Wardens avait été dissout.  Et il n'avait clairement pas été mis à l'aise par les autres aurors, ni même par Chris, mais il n'allait pas le lui reprocher. Lui aussi aurait pu parler de ce mal-être.
"Que veux-tu que je te dise?" fit Tony, tout de même déçu de ne pas avoir été à la hauteur, déçu de lui même, sans doute d’avoir aussi déçu son ami.

J'espérais, au fond, qu'Anthony chercherait à se défendre, ou à s'excuser autrement qu'en prononçant des excuses qui paraissaient définitivement formulées à contrecoeur (encore que c'est moi, peut-être, qui extrapole... je ne suis pas vraiment en situation de supporter une telle situation, à vrai dire). Mais non, il se contente de croiser les bras, tel un gamin pris en faute, avant de m'adresser une réplique qui en dit long, je crois. Accorde-t-il si peu d'importance à ce métier auquel j'ai moi-même voué ma vie tout entière. Quand je lui ai offert son poste ici, je pensais sincèrement qu'il s'y investirait corps et âme, qu'il ne lâcherait rien, parce qu'il était bien placé pour avoir conscience des enjeux, parce qu'il ne pouvait pas vouloir que nous soyions replongés dans une période aussi sombre que celle qui nous avait confrontés à Grindelwald, et au cours de laquelle nous avons perdu tant des nôtres : amis, famille...

Je veux croire qu'Anthony possède de vraies motivations. Bonnes, je n'en sais rien, mais sincères, du moins. Malheureusement, si celles-ci existent, je suppose qu'elles doivent être d'ordre personnel... et nous ne sommes pas, à l'heure actuelle en droit de nous focaliser sur ce qui nous concerne personnellement. Les enjeux sont trop importants. Nous ne pouvons pas, simplement, se focaliser sur nos considérations spécifiques. Et j'en sais quelque chose. Parce qu'en ce moment, ces problèmes personnels ne demandent qu'à me submerger.

-J'en sais rien, Anthony, je soupire. Tu devrais le savoir, non ? Tu pourrais admettre que tu t'es égaré, que tu as outrepassé tes fonctions, que tu vas laisser tomber cette affaire et te concentrer sur ce qui importe vraiment, admettre que nous avons une vraie priorité, et qui ne peut pas attendre, présenter des excuses à qui de droit et te cantonner à mes directives.

J'essaie de garder un ton professionnel, mais je n'y arrive pas. Ce n'est pas face à un employé que je suis, mais face à un ami. Et les deux m'ont déçu. J'ignore si c'est égoïste de ma part, mais j'avais besoin de son soutien.

-Mais je te connais... tu es borné. En temps normal, ça me ferait sourire, pas aujourd'hui. Tu ne m'estimes pas assez pour respecter mon autorité, tu t'estimes plus intelligent que nous tous, alors... Tu seras sans doute mieux à faire cavalier seul. Je marque une pause. Si notre combat ne t'intéresse plus, si tu veux mener ta vendetta personnelle, c'est comme tu veux, mais ce ne sera plus sous mes ordres...

Tony ne savait pas ce qui le mettait le plus en colère, de se faire remonter les bretelles de cette façon, et il devait bien l'admettre, c'était amplement mérité, mais pas forcément facile à attendre, ou que son ami ne cherche pas en connaître les raisons de son obsession face à ce registre complétement stupide. Il soupira, il n'avait pas l'intention de faire cavalier seul, ce n'était pas son but, il était tout à fait conscience qu'il n'arriverait à rien tout seul, et qu'il aurait pue de chance de survie, si il n'avait quelqu'un pour surveiller ses arrières
"Je suis borné, mais je sais aussi reconnaître mes erreurs. " commença Tony, il n'avait pas envie de perdre un ami pour cette raison, il avait déjà perdu sa mère à cause d'un registre, il n'allait pas perdre un ami à cause de ça non plus.

Tony se tut, il ne savait pas trés bien comment relancer la conversation, il n'avait aucun envie, et aucun désir de faire des excuses aux autres, seulement à Chris, mais il n'était pas sûr que cela suffise. Et il aurait du mal à ne rien faire devant l'établissement de ce registre. C'était un vrai cul de sac, cette histoire.
"Je te présente sincèrement mes excuses, et jamais je n'ai méprisé ton travail." fit Tony, et d'ailleurs la seule fois où il avait dû défendre le travail des aurors, cela lui avait valu un poing dans la figure de la part de Seth.

"Ce n'était pas une vendetta personnelle, juste un ... Bah, ce n'est pas important. " fit Tony, même si c'était au contraire, sans doute une des choses les plus importantes au monde, et peut-être même ce qui avait motivé son désir de se dresser face à l'injustice, et au mal.
"Écoute, tout ce que je peux dire, c'est que je ne poserais plus de questions sur ce registre. Et je ferais ce que tu veux. Mais la décision te revient." fit Tony parce que c'était lui le chef du département, c'était lui qui devait décider si Tony avait encore sa place parmi eux, ou pas.

Je ne dis rien quand Anthony me fait remarquer que s'il est borné, il sait aussi reconnaître ses erreurs. En fait, je n'en sais rien, car avant ce jour, je n'avais jamais rien eu à lui reprocher, je ne l'avais jamais vu faire d'erreurs, donc en aucun cas avait-il besoin de le reconnaître. J'avais une confiance aveugle en lui... Ce qui ne rend la situation que plus douloureuse à mes yeux à présent. Mais si c'est le cas, eh bien, je préfère, parce que j'ai besoin de lui. En ce moment plus que jamais, alors que je perds petit à petit tous ceux qui avaient gagné mon estime : un fils disparu du radar, une femme que j'avais aimée plus que je n'avais jamais su le lui avouer, un employé que je considérais à vrai dire presque comme un fils. Perdre un ami proche par-dessus le marché serait vraiment difficile... mais l'affaire est loin d'être réglée encore.

Il affirme n'avoir jamais méprisé mon travail, pourtant, c'est bien ce qu'il a fait quelques minutes plus tôt, ou comme cela que je l'ai ressenti du moins, quand il m'a balancé en pleine figure que le fait que Seth soit le traître que nous cherchions était l'évidence même alors que justement, il faisait partie des employés en qui j'avais le plus confiance. Mais inutile de revenir là-dessus, ce n'est pas le centre du débat. Je ne venais d'ailleurs pas reprocher à Anthony de ne pas avoir dénoncé Seth, seulement lui parler du registre et de son comportement déplacé.

Anthony ajouta que tout ceci n'avait rien d'une vendetta personnelle, sans pour autant se justifier... Au fond, je veux savoir ce qui l'a motivé, mais en même temps, je ne pense pas que quoi que ce soit puisse justifier son comportement. Car dès l'instant où il a agi en solitaire, dans le dos de tout le monde, y compris le mien, oui, il a fait de tout ceci une affaire personnelle, de laquelle il a exclu tout le monde, moi compris. Si c'était si important pour lui, pourquoi ne pas m'en avoir parlé, exactement ?

-Le problème, c'est que je ne sais pas si je peux encore te croire, Anthony, je soupire. Tu as agi dans mon dos, sans me parler, tu as parlé au nom de notre département alors que tu agisssais de façon officieuse... Je te faisais confiance, tu comprends ? J'avais besoin de te faire confiance...

Voilà, c'est en train de devenir personnel, tout ce qu'il ne faut pas.

Tony s'en voulait d'avoir abuser de la confiance de Chris, mais qu'est-ce qu'il pouvait y faire, c'était fait. Il s'était excusé, et le reste était entre les mains de son ami. Ce dernier parla de confiance au passé, et bien si il en était ainsi, alors Tony n'avait véritablement plus sa place au Ministère, au service des aurors. Cela aurait été court, mais assez instructif dans le sens, où la situation était pire que ce qu'il imaginait. Il y avait des brèches partout, des opportunités que le mage noir pouvait se saisir pour infiltrer du monde, pour agir contre le Ministère de l'intérieur. Seth n'était pas le seul traitre dans les rangs du Ministère, et cela ne s'arrête pas uniquement aux aurors mais à tous les services. Tony devait sans doute le dire à son ami, même si il n'avait pas encore compris tout ça, c'est que lui non plus n'avait pas sa place parmi les aurors. En même temps, aveugler par sa confiance, il n'avait pas vu la traitrise de Seth.

"Si tu en parles de confiance au passé. Je vois pas trop ce que je fais encore ici. Mais avant de partir, il y a tout de même quelque chose que tu dois savoir... " fit Tony en soupirant, il était un peu triste de devoir quitter cet endroit. Il n'aimait pas les gens qui y travaillent, hormis Chris, parce qu'aucun d'eux n'était véritablement ce qui semble être. Le panier avait bien trop de fruits pourri pour ne pas avoir déjà contaminer les autres.
"Les adeptes du mage noir que tu cherches partout... Ils sont déjà ici. Et Seth n'est que le sommet de l'iceberg. Si tu as pu le repérer, c'est qu'ils ont bien voulu que tu le vois. Il y a trop de fruits pourris dans le panier, pour en faire le tri termina le sorcier. Il était peut-être aussi un peu en colère, parce qu'en posant trop de questions, on l'évince, comme si il s'était un peu trop approché de la vérité. Et le pire dans tout ça, c'est que son ami sans le vouloir, enfin il l'espérait, jouer le jeu du mage noir.

Oui, je parle de confiance au passé, et je n'aime pas ça... mais comment faire autrement ? Il a agi seul, sans m'avertir de rien, depuis les débuts de cette conversation, j'ai l'infini sentiment qu'il me considère comme le dernier des idiots alors que je pensais que notre relation se fondait sur un sincère respect mutuel... Oui, je n'arrive plus à lui faire confaince, et au lieu de l'entendre se fonder sur ce constat pour admettre le fait qu'il doive partir, j'aurais voulu qu'il essaye sincèrement de regagner cette confiance, il ne le fait pas. Au fond, je pense qu'il se fiche totalement de moi, qu'il n'a d'estime que pour lui-même et que notre amitié a toujours été à sens unique. J'extrapole peut-être, mais c'est compliqué d'interpréter les choses différemment. J'ai les nerfs à fleur de peau, et la réponse d'Anthony n'arrange rien du tout.

Il semble décidé à partir, mais non sans m'avoir dit une dernière chose, à savoir qu'il y a d'autres mages noirs parmi nous. Donc il me prend vraiment pour le dernier des débiles, en fait. Je lui ai justement expréssément confié la mission de débusquer ces mages noirs en question parce que j'ai parfaitement conscience du fait que tous mes hommes ne sont pas dignes de confiance. Je garde toujours Gwendall à l'oeil, par exemple, même si je n'ai pas la moindre preuve contre lui. Mais visiblement, comme je n'ai pas démasqué Seth, je resterai un crétin aveugle alors que lui attend que je le mette au pied du mur pour accepter de m'en dire plus sur ce que je lui ai demandé dès la seconde où je lui ai permis de réintégrer le bureau des Aurors.

-Donc si moi j'ai pu le repérer, c'est parce qu'ils l'ont bien voulu, en revanche, toi, dans ta si grande intelligence, tu avais forcément tout vu à l'avance par la seule force de ta déduction exceptionnelle, et tu m'as sûrement jugé trop crétin pour envisager que m'en parler soit une option. D'accord, je l'avoue, je perds patience. J'ai conscience de ce que tu me dis, Anthony. Même si tu me penses trop idiot pour ça. Je pousse un soupir. Je suis désolé, je ne peux plus travailler avec toi. N'oublie pas de mettre ton renvoi sur le dos de mon incapacité, surtout.

Tony sentait que la conversation était entrain de partir dans tous les sens, et que les choses étaient finies. Il ne savait pas trés bien à quel moment, elles avaient aussi mal tournées. Il est vrai qu'il ne l'avait pas prévenu de ce qu'il était entrain d'entreprendre, et il s'en était excusé. Mais si on parlait de confiance, alors Chris aurait dû aussi en avoir envers Tony, et de savoir qu'il pouvait lui faire confiance, et qu'il n'allait pas faire n'importe quoi. Bon enfin bref, maintenant cela semblait vraiment "mort", pour leur collaboration en tant qu'auror, leur amitié en prenait aussi un grand coup... et il n'était pas sûre que les choses puissent ... redevenir normales. En tout cas, rien ne serait plus comme avant. Il aurait un "avant" ceci, et un "aprés".

"Je n'ai jamais prétendu que ... tu étais stupide. Tu déformes mes propos. Mais le coup de point que Seth a donné, en disant long sur son caractère." fit Tony en se massant la mâchoire, comme si il avait encore mal, maintenant, il ne pouvait pas savoir si il avait cogné parce qu'il était arrivé trop proche de la vérité, ou si il avait été simplement affligé de se retrouver au pied du mur, de cette façon. Il avait aprés tout mis en doute son travail, et il avait de quoi, vu ce qu'il venait de tomber sur lui.

Il soupira, parce que lui aussi était colère aprés Chris, de son manque de confiance. Parce que les deux choses étaient réciproques dans le fond. Si il devait venir justifier toutes ses questions, à chaque fois, et bien il serait plus souvent dans le bureau de Chris que sur le terrain à vraiment poser les questions. Il lui demande de trouver les mages noirs, et quand il le fait on le lui reproche, c'est un peu serpent qui se mord la queue cette histoire. Chris lui dit qu'il était désolée de ne plus pouvoir travailler avec lui, et bien est-ce que ce serait pareil avec l'Ysbridion, ce serait bien dommage quand même. Parce que pour Chris, il n'y a rien de pire qu'un mage noir en liberté, et surtout aussi puissant.
"Pas autant que moi" fit simplement Tony, avec beaucoup de tristesse, en se retournant pour quitter la pièce, et allait à son bureau pour la dernière fois, pour rédiger sa lettre de démission.