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oujours pas de nouvelles d'Hyppolite... Queenie y éprouvait des scrupules, mais elle finissait par l'admettre... Il fallait que la vie continue. Elle ne voulait pas que sa soeur et son beau-frère renoncent à retrouver leur fils, certainement pas, mais elle voulait qu'au lieu de s'appesantir, ils s'autorisent à vivre malgré tout. Plus facile à dire qu'à faire ceci dit, et elle le savait, car à sa propre échelle, elle culpabilisait. Mais il n'était plus possible de mettre ses projets en suspens jusqu'au retour de plus en plus hypothétique d'Hyppolite. Jacob et elle payaient mensuellement un local qu'ils n'investissaient pas, et ils ne pouvaient pas renoncer à leurs projets. Alors il fallait s'y réinvestir. Et d'ailleurs, ça ne leur ferait pas de mal de se focaliser là-dessus, pour ne pas se laisser dominer par la seule angoisse qu'une telle latence ne pouvait que provoquer. Alors oui, sa matinée, elle l'avait passée avec Jacob, à travailler à la mise en place de la boulangerie. Et en effet, sur le moment, ça lui avait fait du bien. Travailler à ce projet commun, ne penser à rien d'autre, lui avait laissé entrevoir un futur plus heureux que ce que les circonstances laissaient penser.

Mais elle retrouva une bonne vieille angoisse quand elle revint chez elle. Pourtant, elle avait hâte. Car elle n'allait pas retrouver un appartement vide comme c'était régulièrement le cas, Adrian allait être là, et ça lui ferait du bien de passer du temps avec lui. Les tensions entre la mère et le fils s'étaient apaisées, récemment. Ce n'était pas encore idéale, les révélations qui lui avaient été faites récemment restaient difficiles à digérer... mais elle arrivait à croire qu'à force de temps et de persévérance, il accepterait, et peut-être même qu'il parviendrait à former une vraie famille, tous les trois, avec Jacob ? Elle y croyait, oui, mais gardait un minimum de réserve tout de même... et elle savait au passage que tout pouvait exploser à nouveau sitôt qu'elle aurait évoqué ses projets communs avec Jacob. Sa demande en mariage... l'ouverture de la boulangerie, justement... beaucoup de changements en perspective.

Queenie pénétra l'appartement et sentit une agréable odeur affleurer ses narines. Adrian n'avait pas outre mesure besoin de le spécifier, elle le sentait, son fils était aux fourneaux. Il n'avait pas à se donner tant de mal, mais Queenie appréciait vraiment qu'il fasse cet effort. C'était bien la preuve qu'il tenait lui aussi à ce que la situation s'améliore entre eux, et ce genre d'attentions lui faisaient vraiment du bien. Surtout que voir Adrian aux fourneaux lui faisait irrésistiblement penser à Jacob. Il ne voudrait certainement pas l'entendre, mais il tenait vraiment de son père.

-Ca sent sacrément bon, constata Queenie avant de se rapprocher pour prendre furtivement son fils dans ses bras. Qu'est-ce que tu nous prépares de bon ?

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écidément, Adrian s'était donné beaucoup de mal, et Queenie ne pouvait nier le fait qu'elle appréciait vraiment qu'il fasse preuve de tant d'attention envers elle. Elle savait que les circonstances l'y invitaient, c'est sûr, et elle culpabilisait un peu de le laisser prendre à ce point soin d'elle alors que ça devrait être l'inverse, mais en même temps, elle en avait besoin, et elle ne se voyait certainement pas bouder les efforts de son fils. En plus, elle lui avait préparé deux plats qu'elle adorait : pain de viande et tarte aux pommes ? Que demander de mieux ? Il était évident qu'Adrian avait hérité de ses parents. Il avait définitivement un don pour la cuisine et elle n'avait pas besoin d'y goûter pour savoir qu'elle allait se régaler. Eh oui, ce serait dans tous les cas beaucoup plus savoureux que n'importe quelle tambouille anglaise forcément insipide.

-Je crois que même les Anglais ont du mal avec leur propre nourriture, plaisanta Queenie, qui appréciait vraiment la tournure que prenait leur discussion pour le moment : pas de drame, pas de mots prononcés de travers, pas de remarques passives-agressives... ils retrouvaient leur complicité de toujours, et ça lui faisait un bien incroyable.

Bien sûr, ce n'est pas ce qui allait résoudre tous les problèmes, ça n'empêcherait pas Adrian d'avoir des difficultés à accepter son père et tous les mensonges associés à son retour. Ca n'empêchait pas Hyppolite d'être toujours introuvable. Ca n'empêchait pas Tina et Norbert d'être malheureux comme les pierres non plus, mais il y avait au moins un espace de bonheur et de sérénité quelque part. Ici, avec son fils, et cette bonne vieille complicité qu'elle craignait qu'ils aient perdue pour de bon.

-Hum... Quand ce sera le cas, tu n'auras définitivement plus besoin de moi, plaisanta Queenie en adressant un sourire entendu à son fils quand ce dernier parla de son impatience quant au fait de pouvoir enfin utiliser la magie en dehors de Poudlard. Ce qui arriverait vite. Dans peu de temps, Adrian serait un adulte. Il fallait bien que ça arrive, mais il avait grandi si vite... Pour Queenie, il restait son petit bébé, et elle n'était pas impatiente de quitter le nid, même si c'était elle qui, en premier lieu, l'avait contraint à quitter le nid en l'envoyant en Angleterre.

Elle s'occupa de mettre la table et bien vite ils purent s'y installer et savourer les bons petits plats d'Adrian. Pas d'erreur sur la marchandise, c'était vraiment excellent.

-Mon fils est un véritable cordon bleu, sourit Queenie en savourant une première bouchée de pain de viande.

... Comme son père. Elle devrait lui en parler. De la boulangerie, du mariage. Mais elle n'osait pas, pas encore. Elle aurait le sentiment de gâcher quelque chose, et pour le moment, tout était si parfait...

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ueenie accueillit la réponse d'Adrian avec le sourire. Forcément, il était toujours agréable pour une mère d'entendre que son fils aurait toujours besoin d'elle. Certes, elle devait espérer qu'il devienne autonome et qu'il sache très bien se débrouiller sans elle puisque, un jour ou l'autre, elle ne serait plus là. Mais elle n'était pas encore prête à songer à cela. Son fils était ce qu'elle avait de plus important au monde, alors pour le moment, elle avait besoin qu'il ait besoin d'elle, et elle avait besoin de constater que c'était réciproque. Elle se contenta d'un sourire en réponse et n'embraya pas. Elle était convaincue de la sincérité d'Adrian, et cette sincérité lui faisait le plus grand bien. Elle aimerait être capable, elle aussi, d'être constamment honnête avec lui, malheureusement, ce n'était pas toujours le cas... Certes, il n'y avait plus de grand secret de famille à dévoiler, mais encore quelques vérités à lui apprendre, qu'elle gardait pour elle à l'heure actuelle, avant tout parce qu'elle ne voulait pas gâcher le moment de pure complicité qu'ils partageaient tous les deux.

Une fois installés à table et le pain de viande d'Adrian savouré, ce dernier ne manqua pas de vanter ses talents de cuisinière à elle. Oh, elle savait qu'elle cuisinait bien, l'avantage d'être legilimens, c'est qu'elle savait quand ses petits plats étaient appréciés ou non, et le plus souvent, ils l'étaient. Adrian avait de qui tenir, c'est vrai, mais il se défendait quand même très bien. Tout était parfait. Parfait. Et là, Adrian lui apprenait qu'il avait quelque chose à lui dire. Queenie considéra son fils avec inquiétude. Forcément, elle appréhendait le pire. Ce repas... c'était parce qu'il avait quelque chose à se faire pardonner ? Ou pas, finalement, la nouvelle était une bonne nouvelle, même si déconcertante, quand même. Adrian avait une petite amie. Queenie était surprise. Bon, d'accord, il avait seize ans, c'était de son âge, mais quand même, elle ne l'aurait pas cru... et ça faisait bizarre. Se dire que son petit bébé, qui n'en était définitivement plus un et était bien davantage un grand garçon, c'était forcément un choc, mais en même temps, elle était heureuse qu'Adrian ait suffisamment confiance en elle pour vouloir partager ça avec elle, et elle ne voulait pas qu'il se ravise parce qu'elle n'aurait pas la réaction appropriée.

-Oh... Elle regrettait presque de ne pas l'avoir senti. Les mamans ne sont-elles pas sensées avoir un sixième sens pour ça ? Elle était passée à côté, il faut croire. Enfin, pour sa défense, ses trop nombreuses préoccupations n'avaient pas aidé. Si tu m'en parles, alors j'imagine que tu dois être très amoureux. Elle s'appelle comment ?

Elle avait plein d'autres questions en tête mais il lui semblait préférable de procéder par étapes, histoire de ne pas jouer les interrogatoires.

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était vraiment étrange d'entendre son fils lui appendre qu'il était amoureux. Etrange, certes, mais pas dans le mauvais sens du terme. Elle était heureuse qu'Adrian connaisse ses premiers émois sentimentaux, et qu'il le partage avec elle. Elle était heureuse parce que lui-même était visiblement heureux, et vu ce qu'elle lui faisait endurer autrement, il méritait bien ce genre de bonheur simple mais total. La demoiselle s'appelait donc Aulne. Queenie ne se souvenait pas avoir déjà entendu parler d'elle (mais en même temps, Adrian avait le droit d'avoir son petit jardin secret), en tout cas, elle ne savait rien de cette jeune fille, mais n'avait pas besoin d'en savoir plus que ce qu'Adrian pourait bien lui apprendre pour être conquise. Tant qu'elle rendait son fils heureux, c'était tout ce qui comptait, ou en tout cas, c'était de cette manière que Queenie osait voir les choses, en partie peut-être parce qu'il y avait au sujet de cette demoiselle des informations primordiales desquelles elle ne savait rien (contrairement à sa soeur) et qui changeraient forcément la donne dès lors qu'elle en apprendrait davantage. Mais cela changerait la donne pour Adrian également, ceci dit. En attendant, loin, très loin de ces considérations, elle se contentait de partager sincèrement la joie de son fils, ravie de savoir leur complicité au beau fixe. Suffisamment pour qu'il parle de tout ça avec elle en tout cas.

-J'en suis sûre, approuva Queenie, souriante quand Adrian lui assura que Aulne était une fille super. En même temps, il était assez évident qu'il n'allait pas dire autre chose de sa petite amie, surtout pas si leur relation était au beau fixe comme ce semblait être le cas. J'ai hâte de la rencontrer, en tout cas, affirma-t-elle avec sincérité.

Elle ne voulait pas qu'Adrian se sente obligé de lui présenter sa petite amie, mais c'était plus ou moins lui qui avait initié cette possibilité, alors elle se permettait de s'engouffrer dans la brèche, en espérant qu'il ne lui en tiendrait pas rigueur. Elle ne demandait qu'à s'enthousiasmer de cette relation et à faire comprendre qu'il pouvait en parler à sa maman en toute décontraction. Et puis, c'était la pure vérité, au passage : Adrian avait une petite amie, évidemment que Queenie voulait absolument la rencontrer, comment pourrait-il en être autrement ?

-Elle est la bienvenue chez nous quand elle veut.

Comme n'importe lequel des amis d'Adrian, d'ailleurs, cela allait sans dire. Queenie voulait impérativement que son fils se sente bien, qu'il soit heureux, et elle savait que cela devait forcément passer par ses camarades de classe, qui pour le moment étaient presque toute sa vie. Cela ne durerait peut-être pas, il aurait le loisir de s'en rendre compte quand il aurait quitté Poudlard, tout comme le premier amour d'Adrian avait de bonnes chances de ne pas être le dernier. Mais ce n'était pas pour autant que tout ça devait être négligé.

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ueenie afficha un grand sourire quand son fils suggéra l'idée d'inviter sa petite amie à la maison. Cette pensée lui plaisait vraiment beaucoup. Non seulement elle était impatiente de rencontrer la demoiselle qui faisait ainsi chavirer le coeur de son fils chéri, mais en plus, elle aimait l'idée qu'il lui fasse suffisamment confiance pour passer cette étape importante auprès d'elle. L'information n'était pas entrée dans l'oreille d'un sourd, loin de là, et elle ne comptait pas la passer à la trappe. Au plus tôt l'invitation serait lancée, au mieux elle se porterait. Surtout qu'elle avait confiance dans les goûts de son fils. Il était convaincu qu'il s'était trouvé une petite amie parfaitement charmante, qui saurait tout de suite lui plaire et la convaincre. Bon, elle ne se doutait pas que l'affaire allait s'avérer bien plus délicate que ce qu'elle imaginait, et que le dîner qu'ils planifiaient doucement allait virer au cauchemar... Il faut dire que pour l'heure, il n'y avait aucun signe avant-coureur. Rien d'autre, en vérité, que des signes plus que positifs. Parce que non seulement Adrian avait une petite amie et voulait la lui présenter... mais il voulait aussi la présenter à Jacob... Jacob qu'il venait d'appeler "papa", pour la toute première fois. Et en entendant ce mot, Queenie sentit une vague d'émotion l'envahir, c'était la plus belle chose qu'il pouvait lui dire. Oh, elle se disait qu'il voulait peut-être aussi l'amadouer en agissant ainsi, mais elle ressentait bien qu'il n'y avait pas que ça, qu'il se sentait prêt, un pas après l'autre, à aller vers ce père qui n'était finalement plus tant un étranger à ses yeux mais bel et bien un père en devenir. De sang et de coeur.

-C'est une excellente idée, répondit-elle, rayonnante... Il pourrait difficilement la rendre plus heureuse, à vrai dire. Et elle sentait qu'il était prêt, prêt à entendre les révélations qu'il pouvait avoir à lui faire. Elle est la bienvenue quand elle veut, ajouta-t-elle afin de bien lui faire comprendre qu'il ne devait pas garder cette idée pour lui et qu'elle serait absolument ravie qu'il la mette en application.

Elle marqua une légère pause. Même si elle sentait que le terrain était préparé... Même si elle se doutait qu'il était prêt à entendre ce qu'elle avait à dire, cela ne l'empêchait bien de se sentir nerveuse. En même temps, elle ne pouvait clairement pas reculer davantage. D'autant plus qu'ele sentait bien qu'il n'y aurait pas de moment plus adéquat que celui-là. Si elle voulait en parler avec lui, c'était le moment. Et même si cela lui demandait du courage, elle s'en sentait capable.

-A propos de ton père... Moi aussi j'ai quelque chose à t'annoncer. Elle hésita. Il fallait qu'elle y aille, c'était réglé. Il m'a demandé en mariage.

Voilà, c'était dit.

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ueenie n'avait aucun besoin de lire dans les pensées de son fils pour deviner et comprendre sa surprise, qu'il exprima en un seul mot, une onomatopée, plutôt, et qui en disait clairement très long. C'était compréhensible. Queenie se doutait qu'Adrian ne devait pas s'attendre à une telle nouvelle de sitôt... ou s'y attendre tout court, d'ailleurs, car elle avait dépassé depuis longtemps l'âge que l'on prêterait à une "jeune" mariée. Et puis, tout bien considéré, cela ne faisait pas bien longtemps que Jacob et elle étaient à nouveau ensemble... même si pour elle, les années qui les avaient séparés s'étaient estompées à l'instant où elle avait pu poser de nouveau les yeux sur l'homme de sa vie. Pour elle, le mariage était une certitude, une évidence... mais forcément, Adrian, lui, n'avait pas pu l'appréhender de la même manière.

Oui, sa surprise était parfaitement logique, en effet, mais tout de même, Queenie espérait que la surprise en question ne serait pas trop mauvaise pour lui. Il ne tarda pas à la rassurer sur ce point. Certes, il ne montrait pas un enthousiasme débordant, mais sa réaction était clairement plus agréable que celle qu'elle avait appréhendé. Il ne lui tournait pas le dos, il ne refusait pas tout net de voir sa mère se faire passer la bague au doigt par son père. Non... clairement, il prenait sur lui, parce que la situation était certainement compliquée pour lui, mais elle avait envie de penser qu'il saurait être véritablement heureux pour lui. Elle afficha un sourire. Elle ne voulait pas aller trop vite en besogne, mais elle avait le sentiment que son fils ne faisait pas que prétendre être content de la situation, il l'était bel et bien.

-Je lui ai dit que j'attendrais de savoir ce que tu en penses d'abord, répondit-elle alors.

Ce qui était vrai. Bon, elle avait clairement dit oui, mais c'était tout de même vrai que Queenie n'aurait jamais fait une chose que son fils désapprouverait. Elle ne supporterait pas de rendre Adrian malheureux. Elle savait déjà qu'en lui imposant Jacob, elle avait rendu sa vie compliquée, elle ne voulait pas prendre une décision aussi importante, qui allait bouleverser le cours de leurs vies à tous les deux, sans le consulter. Alors oui, s'il avait dû dire non, elle aurait certainement... dit non aussi. Mais son propos sous-entendait tout de même très clairement ce que serait sa réponse si elle recevait la bénédiction de son fils : elle deviendrait madame Kowalski, puisque c'était qui elle avait toujours voulu être, puisqu'elle l'aurait été il y a bien longtemps si les circonstances avaient été différentes. Elle avait envie de penser que c'était dans l'ordre naturel des choses. Même si, en réalité, l'ordre naturel des choses avait tardé à être respecté, pendant beaucoup trop longtemps.

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ueenie afficha un léger sourire en entendant la réponse de son fils. Elle n'allait pas le démentir, c'était en effet une grande responsabilité qu'elle avait laissé reposer sur les épaules d'Adrian. Elle ne voulait pas que le jeune homme éprouve de pression particulière à lui répondre, mais elle n'y pouvait rien, c'était comme ça, l'opinion d'Adrian comptait trop pour elle pour qu'elle fasse abstraction, et ce n'était pas comme si elle pouvait prétendre qu'il n'était pas concerné par cette situation. Alors elle était suspendue à ses lèvres, espérant qu'il ne lui reprocherait pas de lui laisser le choix final, et espérant également que la réponse lui conviendrait tout autant.

Adrian admit tout de même que c'était bizarre... et elle le comprenait sans mal. C'était forcément bizarre pour lui dès l'instant où Jacob avait fait son grand retour dans sa vie. Queenie savait bien que c'était plus simple pour lui que ça ne l'avait été à une époque et qu'il commençait même à apprécier son père, mais là, forcément, ça revenait à faire passer la situation à un niveau supérieur. Ses deux parents allaient s'unir pour la vie, et pour leur famille tout entière, ça allait forcément avoir des conséquences, d'importantes conséquences.

Finalement, il ajouta que quoi qu'elle décide, il approcherait sa décision, qu'il lui donnait sa bénédiction, en somme. Et même si la situation était étrange à ses yeux, elle avait tout de même le sentiment qu'il lui donnait sincèrement son aval, avec le désir sincère qu'elle soit heureuse... et elle l'était, oui, plus le temps passait, plus elle l'était complètement. Elle avait tout ce qu'elle aimait le plus au monde à portée de main : son fils, Jacob, sa soeur, Norbert et Hyppolite. Tout finissait par être véritablement parfait. C'est sûr, ça avait pris du temps, beaucoup de temps... Mais ils avaient réussi. Et elle n'imaginait pas bonheur plus complet que celui qu'elle ressentait alors que tous ses rêves se réalisaient finalement.

-Je suis heureuse si tu l'es, répondit Queenie dans un sourire sincère avant de venir prendre son fils dans ses bras. Elle savait qu'elle avait définitivement une chance folle d'avoir Adrian pour fils, un garçon si intelligent, brillant, réfléchi, qui n'admettrait peut-être pas que toutes ces qualités lui allaient à la perfection alors que c'était la pure et simple vérité. Merci mon coeur, ajouta-t-elle sans le lâcher pour autant.

Ce moment était important pour elle, vraiment très important. Elle savait qu'il leur restait encore de très nombreux pas à franchir avant de réussir à atteindre une totale harmonie au sein de leur famille, mais elle les sentait sur la bonne voie, et ça lui réchauffait le coeur. C'était tout ce qu'elle voulait : le bonheur, pour tout le monde, que les sombres nuages qui obscurcissaient leurs cieux disparaissent pour de bon.

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drian avait beau dire, Queenie considérait que si, elle avait d'excellentes raisons de remercier son fils, parce qu'elle estimait qu'il se montrait... terriblement compréhensif au vu des circonstances. Elle savait qu'elle était incroyablement chanceuse de l'avoir. Ce n'était pas une nouveauté, mais il le lui prouvait plus que jamais en cet instant. Il vivait des moments compliqués, elle en avait bien conscience.

Il rencontrait de nombreux bouleversement, et c'était Queenie qui lui imposait la plupart d'entre eux. Elle n'aurait pas pu lui en vouloir s'il avait affirmé que c'était trop pour lui, qu'il n'était pas capable de le supporter, qu'il n'avait pas envie d'avoir à supporter ce changement supplémentaire, encore. Adrian méritait d'être remercié, oui, parce qu'il faisait preuve d'une douceur et d'une maturité sur laquelle beaucoup de personnes devraient prendre exemple. Et il la rendait clairement fière et heureuse.

Adrian acceptait de mettre de côté ses considérations personnelles pour se concentrer surson ressenti. Et, de toute évidence, il avait compris. Il voyait à quel point Queenie rayonnait au bras de Jacob, et il voulait son bonheur, tout comme le bonheur d'Adrian était ce qui lui importait le plus au monde. C'était pour cela que cette situation aurait pu être délicate.

Si son bonheur avec Jacob avait dû créer le malheur d'Adrian, alors elle y aurait renoncé. Mais Adrian lui épargnait un terrible dilemme moral, et des accès de tristesse dont elle ne voulait surtout pas à une période où elle avait le sentiment qu'elle était la plus heureuse qu'elle connaîtrait jamais dans toute son existence. Elle était bien avec Jacob, elle était bien avec Adrian. Elle était bien avec sa famille. Et elle voulait croire que ce serait le cas pour longtemps. C'était sans doute optimiste au point d'être naïf, mais elle ne voyait définitivement pas ce qui pourrait encore se mettre en travers de son chemin.

-C'est le cas, répondit-elle avec douceur, en adressant un sourire à son fils. Je sais que ça fait beaucoup de changements en peu de temps, pour toi. Je te promets que c'est le dernier, sourit-elle doucement.

Elle ne pouvait pas en être sûre, évidemment, après tout elle n'aurait pas du tout pu soupçonner tous les changements qui étaient arrivés en moins d'un an dans leur vie. Mais elle avait envie de penser qu'après tous ces bouleversements, ils allaient enfin trouver un rythme de croisière. Ils allaient devenir la famille qu'ils auraient toujours dû être, et ils vivraient paisiblement. Leurs vies seraient faites de projets, de joies, de déception, d'instants de complicités, et de moments plus douloureux. Une vie simple, normale, équilibrée, où l'amour aurait toujours sa place quoi qu'il arrive. Et au final, c'était cela qui comptait réellement, plus que le reste. Plus que tout ce qui pourrait bien arriver d'autre.

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drian avait beau la rassurer en lui affirmant que tout allait bien, elle ne se lasserait certainement pas de l'entendre et continuerait de s'en inquiéter. Tout naturellement, elle se soucierait toujours du bien-être de son fils, bien évidemment, mais dans ces circonstances encore davantage. Elle savait qu'elle était responsable de tous les événements qui avaient troublé leurs vies dernièrement et qu'elles n'avaient plus à ce jour grand rapport avec ce qu'elles avaient été autrefois.

Pour elle, il était d'une importance capitale que de s'assurer qu'il le vivait bien, lui qui avait dû accepter tous ces changements qui l'impactaient directement sans avoir spécialement eu son mot à dire. Dans ces moments-là, elle avait envie de rompre avec ses principes et ses habitudes pour lire dans l'esprit de son fils, même une fraction de seconde... pour être sûre qu'il ne lui mentait pas dans le seul but de ménager ses sentiments. Quoi qu'il en soit, elle ne dérogerait pas à une règle qu'elle avait établie il y a bien longtemps... Pas tout de suite, ceci dit.

Quand Adrian était encore tout petit, ses pensées étaient trop pures... des émotions à l'état le plus naturel qui soit, elle ne réussissait pas à contrôler l'empathie qu'elle ressentait à ce moment-là. Mais les choses avaient évolué quand les pensées s'étaient articulées en mot. Elle devait donc croire son fils sur parole. Heureusement, cela lui était facilité par le tempérament foncièrement honnête dont Adrian avait toujours fait preuve. Adrian n'était pas un menteur, loin de là. Il était, bien au contraire, un adolescent d'une sincérité proverbiale, sur laquelle beaucoup d'autres devraient prendre exemple, sans aucun doute possible.

-Moi aussi, répondit-elle dans un sourire. Même si le temps est constamment à la pluie, ajouta-t-elle avec amusement.

Oui, elle aimait l'Angleterre. Ce n'était absolument pas un pays où elle s'était imaginée vivre, et pourtant, ça coulait de source, ça allait de soi. Qu'iraient-ils encore faire à New York ? Là-bas ne l'attendait rien si ce n'est un travail moyennement satisfaisant et quelques vieilles habitudes forgées par des années de routine. Oui, elle aimait la ville où elle était née et avait grandi, mais elle y pensait aujourd'hui avec nostalgie mais sans regret. Car ici, elle était auprès de son fils, ici, elle était aux côtés de sa soeur, ici, elle pouvait épouser Jacob sans craindre d'essuyer les foudres du gouvernement magique et de risquer la prison. Ici, elle avait tout, à New York, elle n'avait plus rien. Et entendre Adrian lui assurer que ça lui convenait très bien la rassurait aussi. C'était une nouvelle vie qui s'offrait à eux, et ils étaient prêts à la vivre pleinement.

-On retournera à New York pour les vacances, ça suffira, ajouta-t-elle ensuite.

Ce qui était aussi une promesse de ne pas négliger ce qui avait été, car la vie qu'ils avaient eue à New York avait compté autant que celle qu'ils avaient maintenant.

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ueenie se moquait bien, à vrai dire, de la météo londonienne. Il pourrait bien faire gris absolument chaque jour de l'année (ce qui était loin d'être le cas, les Brittaniques se coltinaient à ce sujet une réputation qui certes n'était pas totalement déméritée, mais méritait tout de même d'être un tantinet rectifiée, en réalité), Queenie serait heureuse quoi qu'il en soit. C'était un sérieux cliché que de l'exprimer comme tel (mais qu'importe, elle ne faisait que le pensée, et ses pensées à elle restaient normalement hors d'accès quand la réciproque n'avait rien de vraie), mais elle avait à ses côtés les plus beaux rayons de soleil du monde, elle n'avait vraiment pas besoin de plus. Adrian, Jacob, Tina...

Elle n'aurait jamais pensé finir par les avoir tous à la fois, et ça avait le don de renforcer son optimisme comme rien d'autre n'aurait été capable de le faire. Alors non, ce n'était pas un problème en soi pour Queenie, mais rien que pour entendre de nouveau la réponse d'Adrian, elle était bien prête à le prétendre. Parce qu'en une phrase, une toute petite phrase pas si anodine, il lui faisait comprendre que lui aussi était heureux ici, ou du moins qu'il s'y sentait réellement bien et n'avait pas envie de repartir. Elle ne lui imposait rien en choisissant de rester ici, il le voulait aussi. Ensemble, ils se créaient de nouveaux repères, et ceux-ci suffisaient à les conforter dans l'idée de rester. Bon, Adrian avait pris de l'avance sur elle de ce point de vue, mais tout de même, ça la rassurait. Elle n'oubliait pas qu'elle l'avait envoyé en Angleterre contre son gré pour commencer, et ne lui avait pas réellement laissé le choix quand elle l'avait inscrit à Poudlard. Elle aurait tout à fait pu le lui reprocher, ça aurait été son bon droit. Mais donc, leur nouvelle vie était ici, ce qui ne voulait pas dire qu'ils devaient négliger ou enterrer le passé.

Même si à New York, Queenie avait vécu des moments éprouvants, elle avait également vécu les moments les plus importants de sa vie, et elle ne l'oubliait pas. Cette ville garderait toujours une place toute particulière dans sa vie et dans son coeur, alors clairement, elle ne pourrait pas se passer de se rendre en Amérique régulièrement pour renouer avec ces habitudes qu'elle n'avait pas complètement envie de perdre.

-Il faudra que j'en reparle avec Tina, mais j'aime toujours l'idée de passer le prochain Noël ou Nouvel An tous ensemble là-bas, pas toi ?

Même si au moment de planifier tout cela, on ne pouvait pas franchement dire que l'ambiance était au beau fixe. Mais enfin, tout semblait aller mieux pour leur famille... Bon, il y avait toujours des tensions entre Tina et Norbert, mais d'ici le prochain Noël, elle voulait croire que tout irait mieux et qu'ils seraient plus amoureux que jamais. Oui, plus rien ne semblait pouvoir saper son optimisme.

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uand elle repensait au chemin qu’ils avaient tous parcouru en moins d’un an, Queenie ne pouvait s’empêcher de se sentir émue. Certes, il fallait se rendre à l’évidence, rien, absolument rien, n’était parfait ou idyllique dans la situation qu’ils vivaient. Dans un monde idéal, Adrian aurait connu son père depuis toujours, Hyppolite n’aurait pas été enlevé par une folle furieuse, et sa sœur et son beau-frère ne seraient pas à deux doigts de la rupture. Oui, clairement, ils avaient beaucoup de chemin à faire encore, mais elle voulait les penser sur une meilleure pente. Rien n’était très simple, mais tout était en voie de s’arranger, et si chacun faisait des efforts à titre individuel pour que ça se passe mieux, alors tout s’arrangerait. Et des efforts, Queenie voyait bien que son fils était entièrement prêt à en faire. La preuve, elle sentait qu’il ne se forçait en rien quand il affirmait aimer l’idée de bel et bien passer les vacances de Noël dans la ville où ils avaient si longtemps vécu tous les deux.

Le sourire de Queenie s’agrandit quand Adrian remarqua que ça leur donnerait en plus l’opportunité de montrer aux autres les lieux qu’ils préféraient. Elle devait bien avouer que c’était une pensée qui lui plaisait. Hyppolite n’avait presque jamais mis les pieds à New York, pour lui, ce serait une découverte, et après le traumatisme qu’il avait enduré, ça lui ferait forcément du bien, en tout cas Queenie voulait le penser. Norbert, pour une fois, accepterait peut-être de jouer les touristes, ce qu’il n’avait jamais fait chaque fois qu’il s’était rendu dans la grosse pomme. Tina serait ravie de partager les lieux qui avaient jalonné sa propre vie, Jacob aurait peut-être ses propres endroits de prédilection à montrer aussi… Et tout ça, ils le feraient ensemble.

Cette simple pensée lui gonflait le cœur de joie. Elle adorait vraiment cette perspective. Plus elle y pensait, plus ça faisait sens dans son esprit, et plus elle se sentait impatiente. Et elle avait l’intuition qu’Adrian était honnête quand il lui affirmait avoir hâte de mettre ce projet à exécution. Enfin, il avait dit « presque » hâte, mais Adrian restait un ado, tout de même, il ne fallait sans doute pas attendre de sa part qu’il saute littéralement au plafond. Au moins, il avait l’air honnêtement convaincu du plaisir qu’ils pourraient retirer tous deux de ces vacances. Qu’ils pourraient tous autant qu’il étaient en retirer, et c’était ce qui importait, bien sûr.

-Où est-ce que tu voudras aller en premier, à New York ? demanda-t-elle alors avec le sourire, curieuse.

Elle connaissait plus ou moins les lieux de prédilection de son fils, mais elle était assez curieux de savoir quels endroits il choisirait de montrer au reste de la famille, à quels endroits également il apprécierait de se promener en compagnie de son père. C’est que même s’ils avaient côtoyé la même ville pendant des années, ils n’y avaient aucun souvenir commun. La simple perspective de pouvoir y remédier enfin lui faisait du bien et la réjouissait.

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ueenie n'aimait rien mieux que de se projeter dans ce futur proche, où elle était absolument certaine qu'ils parviendraient tous à trouver un bonheur et un équilibre peut-être temporaire, mais qui leur ferait du bien à tous. Elle avait vraiment, vraiment hâte d'y être. Parce que New York lui manquait, bien sûr (après tout, elle avait vécu presque toute sa vie là-bas), mais surtout parce qu'elle avait le sentiment que ces vacances feraient du bien à absolument tout le monde. Il n'y aurait plus de drame ou de tension, juste le plaisir de se retrouver tous ensemble et d'être la famille unie qu'ils avaient cessé d'être pendant trop longtemps. Bon, c'était peut-être une vision beaucoup trop optimiste des choses, et elle ne tarderait pas à devoir la remettre en question, mais tant qu'elle était là, à en parler avec son fils, elle ne s'interdirait certainement d'observer les choses sous l'angle le plus tendre et le plus positif possible.

Adrian évoqua le restaurant où ils avaient leurs habitudes tous les deux. Queenie sourit à la seule perspective du pauvre restaurateur qui remplirait très certainement sa salle avec leurs seuls effectifs tant le restaurant était petit et ne payait pas de mine. Il n'empêche que la nourriture y était absolument délicieuse et que le menu du jour lui manquait tout de même un peu, elle voulait bien l'avouer. Alors c'était définitivement une excellente idée. Cela aurait d'ailleurs fait partie de ses suggestions si son fils ne s'en était pas chargé avant elle.

-Un pique-nique à Central Park en plein mois de décembre ? répondit Queenie avec un doux sourire en entendant la suggestion d'Adrian. Je savais que tu n'avais pas froid aux yeux.

Ceci dit, elle ne trouvait pas l'idée si absurde et désagréable que cela, d'autant que central park était magnifique en plein hiver. Avec un peu de chance (mais pas beaucoup car la neige était bien souvent au rendez-vous à cette période de l'année), ils auraient de la neige. Ils pourraient peut-être même faire du patin à glace sur la rivière gelée ? Pour le reste, ils étaient des sorciers (bon, sauf Jacob mais ça revenait au même, vu qu'il était avec eux, elle persistait et signait : il était des leurs), alors ils n'auraient aucun mal à lutter contre le froid. Les passants leur adresseraient peut-être des regards étranges, mais quelle importance, après tout.

-C'est une très bonne idée, lui assura-t-elle. J'ai hâte de revoir le feu d'artifices, aussi. Et j'aimerais bien faire un tour du côté de notre ancien appartement, juste pour revoir le quartier, suggéra-t-elle non sans nostalgie.

C'était un morceau de leur passé qu'ils allaient pouvoir réexplorer. Comment ne pas être au-delà d'impatiente à cette idée ? Définitivement, les vacances d'hiver n'arriveraient jamais assez vite.

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