Âge : 18 ans Surnom : Miy, Mimi... Origine : Anglo-japonaise Dâte de naissance : 21 décembre 1928 Statut : sang pur officiellement Travail: En recherche...
Miyria Alliane
"Everything's changed. Men fall from the sky, the gods hurl thunderbolts, innocents die. That's how it starts, sir. The fever, the rage, the feeling of powerlessness that turns good men... cruel."
Histoire
Quelqu'un a dit un jour, un enfant n'est qu'un monstre que les adultes fabriquent avec leurs regrets... Non, ce n'est pas bon. Reprenons depuis le début.
Septembre 1945
- Et que comptes-tu faire, fuir à la nage? Il y a quand même une bonne distance...
S'exclama Sei de son habituelle voix traînante, comme si elle prenait plaisir à s’arrêter sur chaque syllabe qu'elle prononçait, les appréciant une à une. Probablement était-ce le cas: les occasions de laisser entendre son anglais parfait devaient être rare au Japon. Assise contre le tronc du cerisier de la demeure des Shirakawa, vous profitiez des dernières chaleurs de septembre... Du moins était-ce là la seule excuse plausible que vous aviez trouvée pour pouvoir parler sans qu'une oreille indiscrète ne vous épie, jouissant ainsi d'une intimité toute relative. Un sort de silence aurait été la bienvenue selon toi, mais Sei disait toujours que la meilleure des discrétions était encore le naturel... Bien que tu n'étais pas certaine de paraître bien naturelle, toute occupée que tu étais à faire les cent pas.
- Pourquoi pas. Tout est mieux que de rester ici à ne rien faire. C'était là ta seule certitude, ta seule résolution. Fuir. Voilà presque un mois que je pourris dans cette maison, je n'en peux plus. Je pourrais fuir avec Poyo et... - Sois sérieuse un instant Shirakawa, te coupe-t-elle, à peine auras-tu fuis que déjà ils t'auront retrouvé. Il y a beaucoup trop en jeu pour que quoique ce soit vienne gâcher ce mariage. Tout ce que tu y gagneras c'est de faire tuer ton elfe de maison, à qui ils se feront une joie de faire porter le chapeau.
Shirakawa, ce nom te fait grincer des dents. Depuis que ton père t'a mis en "pension" ici, chez ta grand-mère, c'était ainsi qu'on te nommait. Shirakawa, le nom de famille de ta mère, qui ici a plus de poids que celui de ton père, et pour preuve : c'est sous ce nom qu'ils voulaient te marier.
- Cela n'aurait pas de sens. Qui irait accuser un elfe? - Personne n'a parlé ici de logique. -Bon, soit, et tu veux quoi, que j'accepte? Tu tiens tant que cela à ce que l'ont soit sœur? La pointe d'ironie dans ta voix ne peut pas lui échapper, mais Sei sembla la balayer d'un révère de la main, semblant toujours passablement ennuyé par ta grandiloquence. - Je veux que tu patientes, un an tout au plus... - Un an?! Et puis quoi encore? Fais-tu avec une colère à peine dissimulée. Attendre? Attendre quoi? Le couperet? Personne n'a jamais réussi à trouver de solution en attendant! Un balai ne va pas merveilleusement tomber du ciel pour récompenser ma patience. Il fallait agir, il fallait se battre. L'attente, pour toi, était pire que l'abandon. A ce niveau, autant partir tout de suite pour l'abattoir. Quitte à mourir, autant que ce soit debout!
Levant les yeux au ciel, Sei ne cacha rien de son agacement. Il était plus que visible que l'entente n'était pas réellement au beau fixe entre vous, mais puisque personne d'autre dans la famille Owata ne parlait anglais, il t'avait bien fallu t’accommoder de son caractère, au risque de n'avoir personne avec qui parler, ton japonais étant aussi hésitant que celui d'une enfant.
- Roh arrête, personne ne va mourir. Hormis peut-être l'elfe, mais ça... Attrapant sa tasse de saké, elle la sirote un instant, reprenant après quelques instants. Tu sais c'est quoi ton problème? On t'as trop longtemps laissé croire que tu étais au dessus des problèmes des femmes. Tu veux jouer comme un homme, oubliant quand tu n'en es pas un.
Ses mots te blessent, mais tu ne laisses rien paraître, levant même un peu le menton dans un mélange d’orgueil et de défis. Qu'importe, elle n'a que faire de tes états d'âme et ne mâchera pas ses mots.
- Ce n'est pas toi qui es importante, c'est ta famille. Pour eux, tout ce que tu représentes, c'est une potentielle alliance. On s'en fiche de tes connaissances, on s'en fiche de tes envies guerroyeuses, tu dois te marier, et bien sûr enfanter. - Je refuse! - A la bonheur...Ajoute-t-elle en levant sa coupe en levant les yeux au ciel, se moquant sans vergogne de ta bêtise.
Elle est violente, volontairement bien sûr. Probablement pense-t-elle que tu l'écouteras mieux si ses mots effritent ta confiance, abîmant au passage ta superbe arrogance. Elle a raison, cela marche, mais à quel prix...
- Fuis, allez, fais-le mais sois certaine de ne pas te louper. Tes droits, tu les oublies. Tu n'as aucune sœur qui pourrait conclure cette alliance pour toi, pas même une cousine, et mon beau-frère à trop besoin de ce mariage pour s'assurer sa place de chef de famille, mariage qu'aucune autre ancienne famille ne veut lui offrir, au passage. Tu es seule, tu es fille unique, et tu es coincée, plus vite tu te feras à l'idée, mieux nous avancerons.
Tu l'acceptes. À contre cœur, de mauvaises grâces, mais tu l'acceptes. Tu ne pourras pas fuir, tu ne pourras pas raisonner, tu ne pourras pas gagner. Pas cette fois. Il n'y a pas de solution, et on ne te donne aucune occasion d'en trouver une. Porter plainte? Comment? C'est à peine si tu peux mettre un pied hors de leur demeure. Et où? Vu le poste de ton père, personne ne prendra la peine de se mêler de cette histoire, craignant trop d'incidence diplomatique avec la grande Bretagne. Transplaner? Sans baguette, impossible de maîtriser ta magie. Chercher de l'aide? Faudrait-il encore que tu puisses te faire comprendre. Ils t'ont tout pris, certains qu'ainsi tu ne pourrais rien faire. Et toi qui jusqu'à maintenant pensais sincèrement que chacun était libre de ses choix. Quand pensais-tu enfin te réveiller?
- Admettons, je présume que tu as la solution, n'est-ce pas?
Une évidence. Pourquoi prendrait-elle sinon la peine de venir ainsi te narguer, presque toutes les semaines, en plein cœur de ta cage dorée? Le petit sourire en coin qui vient fleurir sur ses lèvres carmine te laisse présager que tu ne t'es pas trompée. Sei n'est pas aussi prévisible que tu aimerais le croire, mais elle a les dents longues, de cela tu ne doutes pas un seul instant...
- Cela se pourrait... Nous voulons toutes les deux quelque chose ici, mais en ce bas monde on a rien sans rien, tu le devines bien.
Évidemment. Qu'importe ce qu'elle te demandera, tu seras toujours la perdante de l'histoire. Tu as besoin d'elle, mais l'inverse n'est pas vrai, ce qui te mets dans une position de faiblesse peu envisageable quelques négociations que ce soit. Voilà qui commence mal... Cependant, appelons cela de l’orgueil mal placé, de la vanité, ou même de l'idiotie, mais tu refuses de lui offrir cette victoire. Tu n'aimes pas cette femme. Pourquoi? Comme s'il t'avait déjà fallu avoir des raisons pour te méfier de quelqu'un. S'il y a bien un point sur lequel tu ne remettras jamais en doute ton instinct, c'était sa capacité à s'éloigner de tout mégalomane en puissance. Qu'importe si sa voix est de miel, tu sais reconnaître la gueule d'un loup...
- Inutile de m'en dire plus, nous n'avons rien à nous dire à ce sujet. Fais-tu pour clore le débat avant même qu'il ne puisse commencer. Détournant la tête, tu fixes résolument l'horizon. Je ne veux pas de ton aide, ni quoi que ce soit d'autre de ta part...
Voilà qui ferme probablement ta seule porte de sortie. Cassante et froide, comme toujours, tu es bien trop heureuse de pouvoir dire non, d'avoir le pouvoir de le faire. Intérieurement tu ne peux pas t’empêcher de jubiler, même en sachant parfaitement que cette victoire est probablement de courte durée. Ce n'est rien du tout, tu ne contraries probablement que trop peu ses ambitions, mais le simple fait de savoir que cela l'agace te suffit. Ce n'est pas elle que tu aimerais agacer, au fond, mais elle paie pour les autres. Ce genre de petite victoire est le dernier luxe que tu peux te permettre, désormais...
Sei ne semble pas surprise, en revanche. Lassée, oui, mais dépourvue de toute surprise, même quand elle se lève, prenant avec elle la petite bouteille de saké, semblant elle aussi décider qu'il est inutile de continuer cette conversation. Il semblerait que tu ne sois pas la seule ici disposant de quelques facilités à cerner les autres. Prends garde à ses crocs, Miyria...
- Bien dommage, commence-t-elle sans la moindre trace de regret dans la voix. Je n'insisterai pas, quand tu auras fais le tour de la question, tu sauras où présenter tes excuses. Elle peut toujours rêver... Ceci dit, laisse moi te donner un dernier conseil, pour te montrer ma bonne foi. Baisse la tête et joues l'enfant soumise à l'autorité patriarcale, qu'ils se pensent victorieux. Plus tu sembleras résolue, plus ils prendront le temps des négociations, et plus ta captivité deviendra... "Confortable". Personne n'aime perdre du temps à jouer les gardiens. Fuis, et tu es marié dans l'heure. Agis comme bon te semble désormais, mais sache que ma porte te sera toujours ouverte.
Elle te sourit - plissant ses lèvres plus qu'autre chose - avant de disparaître, transplantant comme tu rêverais de le faire. Elle te nargue, mais c'est de bonne guerre, non? Un point partout.
J'ai rencontré pour la première fois ma mère dans le grenier du manoir. Je ne sais plus ce que je faisais là, probablement étais-je à la recherche d'une quelconque babiole qui aurait pu m'en apprendre plus sur lui, sur sa vie, et c'est là que je l'ai vu. D'abord, j'ai été heureuse, puis triste, puis un étrange mélange des deux, doux et amer à la fois. J'en savourais chaque instant, espérant ne jamais l'oublier. Elle souriait, d'un sourire léger, timide, semblant presque s'excuser d'être là. Ses yeux noirs, parfaitement amandés, me fixaient avec une bienveillance qui n'aurait pu être mensongère. Les mains jointes, reposant doucement sur sa robe de sorcière, elle semblait aussi sage que sereine, tandis que ses longs cheveux, d'un noir de jais, glissaient en natte le long de son cou pour tomber le long de sa poitrine, s’arrêtant à sa taille.
Je ne saurais pas dire combien de temps je suis restée là, à la regarder, à l'admirer, mais j'ai su que je ne devais pas en dire mot. Personne ne devrait savoir que je l'avais trouvé. Personne ne devrait savoir qu'on me l'avait caché. Alors je l'ai plié, et mise dans ma poche, ne la ressortant qu'une fois à Poudlard, où je l'ai caché pour qu'on ne puisse jamais me la reprendre. Mon premier secret, le premier d'une longue liste.
Tous mes souvenirs d'elle, c'est à travers cette photo que je les ai faits. Je l'ai vite imaginé douce, gentille, et je retournais me cacher au grenier pour imaginer à quel point elle m'aimait. Parfois, je trouvais des affaires à elle, des babioles sans intérêt pour lui, des trésors pour moi. Je m’étonnais parfois qu'il n'ait pas tout jeté, au lieu d'entasser cela et de les laisser prendre la poussière dans le grenier, mais peut-être au fond était-ce révélateur de la relation qui les avait lié. Ses sentiments pour elle n'avait même pas été assez fort pour qu'il la haïsse, il n'avait même pas pris la peine de jeter ses affaires, se contentant de les oublier, purement et simplement, dans cette maison où il n'était jamais.
Un jour, j'ai trouvé un livre, un livre de Poudlard. En bas de la première page, d'une écriture maladroite et timide, on pouvait lire « ce livre appartient à Jun Shirakawa», suivit de la même phrase en japonais, probablement pour le plaisir de pouvoir écrire dans sa langue maternelle quelque part. Il n'y avait que des livres de septième année, malgré tout, je les ai lu. Je n'y comprenais rien, mais le simple fait de savoir qu'en un autre temps, elle les avait lus aussi, me donnait l'impression d'être plus proche d'elle. Très vite, je n'ai eu qu'une envie: aller à Poudlard. Je ne sais pas réellement ce que j'espérais. La connaître? Rencontrer quelqu'un qui pourrait me parler d'elle? Je n'avais pas idée, à cet instant, à quel point le monde était cruel avec les rêves, les malmenant jusqu'à ce qu'ils se brisent, disparaissant en mille éclats. Ce fut ma première déception à Poudlard. La première d'une longue liste.
Aujourd'hui je me rends compte que j'ai quitté l’Angleterre à l'âge même où elle-même quitta le Japon. Qu'est l'histoire, sinon un perpétuel recommencement?
Décembre 1945
- Encore toi...
Oui, encore elle. A vrai dire, tu n'es pas si surprise de la voir, mais tu ne rates jamais une occasion de signaler ton mécontentement, surtout en pleine fête de fin d'année. Il n'y a rien de mieux que les fêtes familiales pour te mettre en rogne, probablement parce que tu as passé ta jeunesse à les fêter seule dans cette demeure que tu haïssais, mais pour laquelle tu donnerais tout pour revoir, aujourd'hui...
- Il faudra bien t'y faire, ta famille a à cœur de s'entendre avec la notre. Bienvenue chez ton futur chez toi, au fait, j'espère que les locaux te plaisent. Fait-elle narquoisement avec une caricature de courbette à laquelle tu ne prends même pas la peine de répondre. Femme détestable...
Sei te fait signe de venir t’asseoir à coté d'elle, ce que tu fais, préférant encore cela à devoir aller te placer au coté de l’aîné de la famille... Il y a plusieurs familles présentes ici, et à vrai dire tu n'en connais aucune. Tu n'as même pas voulu étudier les noms des grandes familles Japonaise. On te l'a proposé, comme on jette un os à un chien, te donnant même un livre en anglais pour ce faire, mais tu ne l'as même pas ouvert, te contentant de le jeter au feu en signe de rébellion. En un autre temps, à une autre époque, tu te serais tué pour cela, mais il faut croire que la colère change bien plus profondément les Hommes que tu ne l'aurais cru, jusqu'à maintenant...
- Tu connaissais ma mère?
La question semble sortir de nulle part, mais Sei reste toujours à peine stoïque, ne semblant pas se dépêtre de cet ennui perpétuel, comme si tout ce qui se passait autour d'elle était hautement prévisible, rendant son quotidien morne et ennuyeux. Étais-tu aussi prévisible que tout le reste pour elle? Probablement pas, d’où son intérêt. L'idée qu'elle te prenne pour une sorte d'animal de compagnie trompant son ennui te dérange, mais malgré tout tu gardes l’information, ignorant encore ce que tu en feras.
- Vaguement. Je sais qu'elle a fui son mariage en Angleterre pour revenir au Japon, ce qui a fait tomber le déshonneur sur sa famille, raison pour laquelle ils veulent tant le retrouver avec toi. Tu connais l'adage, « les erreurs du père », bla bla bla... Il faut croire que ça concerne aussi les mères.
Fuir l'Angleterre? Ce n'était pas l'histoire que tu connaissais. Même s'il n'en parlait jamais, Lezius était formel, sa femme était retournée au Japon pour sa santé, et ne pouvant s'occuper d'une enfant, avait confié sa fille à son père, avant de mourir l'année suivante. Sei, lisant à travers le froncement de tes sourcils, laisse l'un de siens se lever, légèrement surprise, oui, mais amusée, aussi. Quelle brave bête tu fais d'ainsi distraire ses soirées...
- Oh, tu l'ignorais? Elle jubile, tu en es sûre. C'est pourtant très connue ici. C'est même devenue un bon exemple de mauvais mariage. Seuls les Owata sont assez désespérés pour encore copiner avec vous... - On ne m'a jamais réellement parlé d'elle. Faible terme pour évoquer le plus grand tabou de ta famille. A peine as-tu un jour par inadvertance laissé le sujet tomber sur la table du petit déjeuner, que déjà il s'était retrouvé interdit et puni... - Je vois. On ne parle pas vraiment d'elle ici, sauf pour la railler, comme je te le disais, insiste-t-elle, appuyant encore un peu sur la plaie, espérant une réaction, probablement. Un gloussement lui échappe, avant qu'elle ne reprenne d'une voix dangereusement mielleuse. Bien sûr, mais je pourrais chercher à savoir ce qu'elle est devenu, si tu veux... Elle n'en démord pas. Toi non plus, remarque. - Au risque de me répéter, je ne veux rien de toi.
Elle soupire, et cette fois, tu devines l'agacement pointer derrière sa mollesse habituelle. Probablement n'aimerait-elle pas, elle aussi les fêtes de fin d'année, car elle te semble beaucoup plus héritable qu'à son habitude...
- Quel mur. Tu me déprimes. Pour la peine je vais chercher compagnie ailleurs. Reste avec ta solitude, cela ne te changera guère.
Crache-t-elle avec juste ce qu'il faut de poison pour te toucher. Habituellement cela ne te touchait pas, mais ici, perdue à des pays de chez toi, il faut l'avouer, ta solitude te pèse. Bien sûr, tu n'en montres rien, la laissant partir sans un mot. Si tu ne pouvais enquêter toi-même, tu connaissais une petite elfe de maison qui serait ravie de le faire pour toi...
Je me souviens de ses yeux dorés. Je me suis souvent rêvé à avoir les mêmes, c'est ce qui me poussa à apprendre la métamorphose, je savais qu'il existait des sorts pour les cheveux, pour les yeux. Je voulais lui ressembler, peut-être avec l'espoir enfantin qu'il serait plus fier de moi si c'était le cas, qu'il serait moins... Indifférent. Des yeux d'ambre et des cheveux d'or, donc. Sa froideur? Je n'eus aucunement besoin de la mimer, elle s’immisça en moi au fil des années, tandis que mes espoirs et mes rêves de petites filles volaient en éclats. On ne naît pas cynique, on le devient au fil de nos désillusions.
Lezius n'est pas devenu père, il s'est imposé en tant que tel. Tout est dans cette nuance. Nous étions dans l’immense hall d'entrée du manoir quand il l'annonça, sa voix trouvant même un léger échos entre les murs de cette maison aussi glacée et sinistre que son propriétaire. Sitôt dit, cette vérité s'est imposé à moi comme absolue. Il était mon père. Pourquoi en douter? Je n'avais même pas de valise à défaire, quant à la chambre, je n'eus que l'embarra de choix, elles étaient toutes vides et sans vie, même la sienne.
C'est donc à l'age de petite fille que j'eus un père. N'ayant souvenir d'aucun parent avant lui, ni même d'aucune vie, à vrai dire, j'ai accepté cela sans jamais le remettre en question, sans jamais relever toute l'étrangeté de cette scène, et de l'absence d'argument pour la contrer. Une page blanche, c'est ainsi que je me sentais, et j'ai accepté de voir en les floues de ma mémoire les souvenirs hasardeux d'une enfance brumeuse.
Quelle idiote je suis...
Avril 1946
- Si j'ai tout suivis, tu étais Japon, plus jeune?
La floraison des cerisiers. Un bien beau spectacle, suffisamment beau pour que Sei t'invite à venir l'apprécier avec elle dans les jardins privés de sa famille. Au jeu des apparences, elle était décidément reine...
- Il me semble oui. Réponds-tu vaguement, essayant en vain d'éplucher une prune pour la manger. Sans baguette, c'est indéniablement plus compliqué... Mais je n'en ai aucun souvenir. Je devais être jeune quand je suis partie.
Te regardant batailler pendant quelques instants, Sei finit par avoir suffisamment pitié de toi pour sortir la sienne, transformant soudainement ton calvaire en demi-sphère qu'un pique te permet de tenir sans te salir les mains. Et pas un merci, bien sûr.
- Jeune à quel point?
Tu hausses des épaules, n'ayant pas de réponse à lui donner. Comment le saurais-tu? A ton arrivé tu ne parlais pas réellement anglais, et tu n'eus pas réellement à cœur de compter les jours, contre toute attente...
- Je ne sais pas. Jeune, j'ai fait ma première année à Poudlard, si telle est la question... Tu n'arrivais pas à voir où elle voulait en venir. - Nous suivons l'enseignement sorcier très tôt ici. Si es japonaise, tu dois te souvenir de Mahoutokoro, a moins que tu ne sois partie avant tes sept ans...
Cela tu l'ignorais... Comme tout le reste quand il s'agissait du Japon, à vrai dire. Même si ta grand-mère semblait plus conciliante quand il s'agissait de t'en apprendre plus sur le Japon sorcier, c'est toi, pour le coup, qui ne voulait rien en entendre, et pour cause...
- Votre école.... Ma grand-mère refuse de m'y inscrire. Et je ne parle même pas de mon père.
Tout ce qu'ils voulaient, c'est que tu restes sagement en place jusqu'au mariage, et c'était à peu près tout... Levant une énième fois les yeux au ciel, Sei semble agacée que tu ne sois même pas capable de voir ce qui lui sautait aux yeux. Manifestement, il te manquait certaines pièces du Puzzle...
- Et cela ne te surprend pas? Cela aurait pu être pourtant une bonne solution pour te placer quelque part en attendant que ces fiançailles ce finissent. Ils t'auraient donné ce que tu voulais non? Des études, une fausse liberté, et une occupation. Quoi de mieux pour mettre quelqu'un dans de meilleures dispositions que d'aller dans son sens?
Songeuse, tu finis ta prune pensivement, prenant à ton tour le temps d'analyser la situation. Il est vrai que vu comme cela, il aurait été plus simple, moins contraignant de t'inscrire. Tu aurais probablement été insupportable dans un premier temps, mais tu aurais fait ton année avec la certitude qu'à la fin de cette dernière, libre, tu pourrais retourner en Angleterre. Non, au lieu de cela, ils avaient volontairement aggravé la situation, t'enlevant même cela. Pourquoi? Il était plus qu'évident que la réponse ne s’arrêtait pas à ''parce que''.
Pourtant, aussi loin que tu cherchais, aucun souvenir d'une autre école magique ne te venait à l'esprit. Rien, et pour preuve : tu avais acheté ta baguette à Olivander, comme tous les autres enfants de ton âge... Néanmoins, Sei avait posé le doigt sur quelque chose, et désormais, il te fallait des réponses...
- Il faut que j'entre à Mahoutokoro. S'il y a quoi que ce soit... N'importe quoi... Peut-être rien. Peut-être tout. Il n'y avait qu'un seul moyen de le savoir, et tu le savais... - Et tu auras besoin de mon aide pour cela. Si tu n'as même plus le droit d'avoir une baguette, je doute que tu puisses seule les convaincre de t'envoyer dans une école...
Elle avait raison, probablement aurais-tu dû l'écouter, cesser d'être dans la confrontation pour jouer la conciliation, mais la rage et la colère étaient trop forte en toi pour cela. Comment accepter de faussement capituler quand on sait que pendant ce temps, nos amis se battent à l'autre bout du monde contre le plus grand mage noir de tous les temps?
- Admettons... Que comptes-tu faire?
- Négocier, voyons. Contrairement à toi, je suis une belle-fille remarquable et admirable. Un chuchotement dans la bonne oreille et soudainement, il deviendra nécessaire au bon fonctionnement de ce mariage que t'es études soient achevés dans les meilleures conditions possibles.
- Ils n'accepteront jamais, même avec toute la diplomatie du monde, je reste une bête noire sur leur tableau. Tu l'as dit toi-même, je n'ai même plus de baguette, ni même un hibou...
Bon, sur ce point, tu ne te plaignais pas, ayant toujours été terrifiée par ces bestioles, mais après des mois de silence, tu te sentirais prête à braver même une volière complète de ces horribles bestioles, si cela pouvait te permettre de donner de tes nouvelles...
- Je t'avais pourtant dit de jouer les consentantes. Conclut-elle avec agacement. Tu ne me facilites pas la tache. Elle semble réfléchir un instant, puis hoche de la tête. Bien, je m'occupe de remonter la piste. En attendant, toi, essaies d'y mettre du tien. C'est ton passé qui est en jeu, pas le mien.
Dit-elle en te faisant signe de partir, ce que tu fais, en ayant assez de cette conversation et l'arrière-goût urticant allant avec. Il n'y avait rien de plaisant à parler avec Sei, mais c'était un de ces maux que tu jugeais nécessaire, principalement pour ne pas te sentir complètement seule, et oubliée. Il y a quelques mois encore, tu aurais juré qu'il valait mieux être seul que mal accompagné, t’agrémentant très bien de la solitude... Désormais, n'importe quelle compagnie était préférable à celle de l'impuissance et de la rage.
Je ne me suis jamais réellement posé de question sur mon futur. Au fond, je savais que viendrait le mariage, que viendrait le jeu des alliances mais... J'étais dans le déni. C'est ainsi pour tout. Dans notre for intérieur, bien que nous sachions tous qu'un jour nous mourrons, nous nous imaginons immortels. Je présume que c'est là la seule façon que nous avons trouvé de nous protéger de l'inacceptable. Je n'ai jamais eu peur de la mort, en revanche, le mariage, l’asservissement à une autorité autre que la mienne m'a toujours terrifié. Alors j'ai nié toute ma vie que cela pourrait arriver, et même quand cela fut le cas, j'ai continué à me mentir. Nous sommes aveugles à nos propres faiblesses, c'est bien connu... Je présume que c'est la seule façon que j'avais trouvé de me protéger de l'inacceptable.
Pour autant, je n'ai jamais espéré un mariage d'amour. Pour cela, encore aurait-il fallu que cela se produise, mais non, je n'ai jamais été attiré par les autres de cette manière. Que ce soit affectivement ou charnellement, l'humain dans son ensemble m'a toujours indifféré, c'est un fait. En revanche, j'ai toujours aimé la connaissance, et ceux qui la possède. Je suis une amoureuse du savoir, une amoureuse de la sagesse sous toutes ses formes, même les moins reluisantes, même les plus honteuses. J’éprouve une fascination proche de l'obsession pour tout ce que je ne sais pas, et un besoin de partager tout ce que je sais, peut-être avec plus de dureté qu'il le faudrait, mais sans malfaisance aucune. Cela qui m'a toujours conforté dans l'idée que j'étais faite pour apprendre et faire apprendre, pour comprendre et faire comprendre, et que c'était là une passion suffisamment honorable pour qu'on me pardonne avec indulgence de ne jamais souhaiter être l'épouse, ni la mère, de qui que ce soit...
Quelle arrogance.
juillet 1946
Cela n'avait pas de sens. Peu importe comment l'on retournait la question, peu importe comment l'on regardait les faits, cela n'avait au final absolument aucun sens, sûrement parce que tu ne voulais pas lui en donner un. Incapable d'accepter une vérité que tu savais au fond inacceptable, tu préféras en perdre tout ton aplomb, toute ta verve, restant silencieuse, hébétée, à la porte de cette petite chambre d’hôpital.
Silencieuse, presque trop sage, elle te fixait, l'air passablement peinée. Après quelques instants, elle essaya presque timidement de sourire, semblant plus mal à l'aise qu'autre chose, essayant tout de même d'afficher un léger sourire dont la familiarité te brisa le cœur. C'était elle.
- Bonjour, mère. Lâches-tu, comme pour accepter toi-même les fait. « Mère ». Ce mot à un son étrange à tes oreilles, sonnant particulièrement, lorsque tu le prononçais...
Que la piste avait été hasardeuse. Que les obstacles avaient été nombreux jusqu'à ce petit endroit qu'on avait tout fait pour te cacher, jusqu'à cette minuscule chambre d’hôpital moldu qu'on avait essayé d’effacer. Une annotation en bas d'un vieux livre à Mahoutokoro, une silhouette sur la photo d'une dernière année, et tout s'était embrayé, te révélant des brides de ton passée dont tu n'avais aucun souvenir. Tu avais été élève au Japon, quelques mois seulement, mais cela suffisait à faire dérailler la mascarade. De là, il n'avait plus fallut longtemps pour que Poyo te mène jusqu'à cette petite chambre. « Je l'ai trouvé » avait-elle simplement dit, plus comme un aveu qu'une réelle découverte. À se demander qui avait réellement trouvé l'autre, ici...
- Bonjour Miyria. Bien que fatiguée, sa voix restait douce, et s'il n'y avait plus que quelques mèches éparses sur sa tête, son visage n'en restait pas moins tout aussi doux. Viens, assis toi. Propose-t-elle en désignant la chaise à ses côtés, cherchant un instant quelque chose d'autre à te proposer. Veux-tu une pomme? Je sais que tu adores cela.
Tout en fixant les quartiers de ladite pomme coupés et disposés sur sa table de chevet, tu n'y touche pas, venant simplement t’asseoir à ses cotés. Tu es froide, impassible, semblable au calme qui promet les tempêtes...
- Tu es morte. Réponds-tu abrupte, ne cachant aucunement la violence qui te guette. Cependant, Jun grimace un sourire, essayant de faire fit de ta rancune... - Bientôt, oui, mais il me reste encore un peu de temps...
Très peu, du moins si Sei a vu juste. Jun avait passé sa vie sans toi à Nagasaki, jusqu'à ce que cette dernière soit détruire par la bombe des moldus. Aussi étrange que cela puisse paraître, c'était en grande partie grâce à cela que la piste s'était révélée plus simple à suivre. Si la bombe moldu avait tout détruit, elle avait fait grand bruit chez les sorciers, les victimes, se comptant parfois par dizaine, ayant fait la une des journaux, à l'époque...
- Pourquoi? Demandes-tu enfin, certaine qu'il n'y aura pas de bonne réponse à cette question. Jun hésite, regardant ses mains, ce qui a le don de t'agacer encore un peu plus. Elle empeste la culpabilité, tu le sais, tu la reconnais dans ses yeux fuyant, dans son sourire maladroit. Elle va parler, c'est sûr, tout comme il est certain que rien de ce qu'elle dira ne te plaira...
- Il y aurait temps à dire, tant à t'avouer, je ne sais même pas par où commencer... - Par ton absence. La surprise étant passée, tu attaques, répondant du tac au tac, véhémente. Elle encaisse, pour le moment. - Je n'ai jamais voulu que cela se passe ainsi, mais... Lezius... Il n'entendait rien. Il voulait que nous rentrions et ne voulait pas divorcer, alors... Nous avons trouvé une... Solution.
Un frisson te parcourt l'échine, comme si tu n'en revenais pas toi-même, comme si tu ne pouvais l'accepter. Tu comprenais bien chacun des mots qu'elle prononçait, pourtant, les phrases, elles, te demandaient chacune une longue réflexion pour que tu puisses en extraire le sens. Tu aurais aimé ne pas y croire, mais tout concordait...
- Alors c'est ça. Moi, contre ton confort. - Confort?
Jun panique, sa respiration s'accélérant. Ton cœur aussi d'ailleurs semble avoir changé de rythme, battant à tout rompt, s’indignant d'une rage malheureuse qui t'étouffe de douleur. Tu as l'impression d'imploser. Peut-être que si tu hurles, cela ira mieux? Il te faut de l'air...
- Tu n'as pas idée de ce que j'ai vécu. Lezius, cet homme... J'aurais pu supporter qu'il ne m'aime pas, qu'il m'ignore, même... Mais ça. Tu n'as pas idée... Il n'éprouve rien, ne ressent rien. J'avais épousé le vide. J'ai passé en Angleterre les pires années de ma vie, je dépérissais, j'en venais même à souhaiter d'en finir...
Il n'en faut pas plus pour que tu sombres, te levant d'un bon de ta chaise pour faire les cent pas dans cette petite chambre d’hôpital, que tu arpentes comme un lion en cage. Comment respire-t-on, déjà?
- Et pourtant, ça ne t'a pas dérangé de m'exposer au même traitement, commences-tu, cachant ton amertume sous des tons doucereux... Dis-moi, que te disais-tu pour te rassurer? Pour mieux dormir la nuit? Qu'il serait plus chaleureux avec moi qu'avec toi? Que l’indifférence t'était réservé?
Jun chancelle, ne pouvant plus supporter cette méchanceté offerte, sa voix se brisant dans un sanglot. Injuste? Bien sûr, mais qui a parlé de justice, ici? Il n'y a aucune justice dans la souffrance. C'est ainsi que tu le compris...
Ta mère essaie vaguement de cacher ses larmes, les essuyant d'un revers de manche discret, en vain, et cela t'arrache un rictus satisfait. Ce n'est pas assez, pas encore, il te faut plus que quelques larmes pour te rassasier. À cet instant, tu es mauvaise. À cet instant, tu es le loup, et peu important que ta gorge se sert si fort que chaque parole est un calvaire, que chaque mot une épreuve. Tu ne voudras jamais le reconnaître, n'est-ce pas? Mais il y a une petite fille, au fond de toi, qui devant cette scène pleure avec sa mère, sous l'indifférence cruelle d'une adulte vindicative.
- Tu es injuste... I-Il m'avait promis qu'il prendrait soin de toi, que tu ne manquerais de rien, et je suis sûre qu'il a tenu parole... - Oh, donc c'était ça, une promesse. Et ensuite quoi, vous vous êtes serré la main pour la sceller? Mais oui, tu as raison je n'ai manqué de rien, j'ai été une enfant privilégié même, si on exclut l'absence d'amour, de liberté et l'abandon d'une mère. Soupirant, tu prends un air détaché, rejoignant la fenêtre pour regarder à l'extérieur. Si tu continues à la fixer, tu as peur de faire une erreur. Mais je comprends, tu as agi comme n'importe quelle lâche l'aurait fait, en jetant ta progéniture aux prédateurs pour mieux fuir...
- Je pensais, je pensais... Sa voix se brise dans un sanglot qu'elle réprime à grande peine. Elle ne joue pas sa souffrance, et malgré tout tu n’éprouves aucune honte à l’accabler. Elle continue dans un murmure, les yeux perdus, cherchant en vain ton regard, ton pardon. Parle-t-elle pour elle-même ou pour toi? À cet instant, tu ne sais plus... Il voulait tellement alors je me suis dit... Tu sais, une descendance... Q-quand il a su qu'il ne pourrait pas, quand il a su que ce n'était pas... Il a cherché. Son nom, il voulait que son nom, alors moi, alors j'ai... Il a cherché une famille qui accepterait de garder son secret... Pour que je lui donne... Pour que je trouve...
Tes yeux se ferment, comme incapable d'accepter ce que tu entends, mais elle continue ses révélations chaotiques, entrecoupées de sanglots déchirants. C'est étrange, de se rendre compte soudainement, en quelques phrases décousues, que toute sa vie n'était au final qu'un vaste mensonge. Tu n'avais pas eu de père, seulement un kidnappeur. Tu n'avais pas eu de mère, seulement une lâche. À cet instant, tu étais orpheline.
Tout devenait plus clair, chaque pièce du puzzle revenant à sa place. Comment la famille Shirakawa avait pu te récupérer pour leur propre alliance, pourquoi ton père n'avait pas été en mesure de protester, au risque de voir son secret connu de tous. Tout avait du s'engrener avec Nagasaki, quand, découvrant Jun toujours vivante, sa famille avait appris ton existence. Ils avaient tous joué, et t'avaient tous perdus.
- Tu as profité de son secret pour t'enfuir, espérant juste qu'il ne te retrouverait jamais... Et quand il l'a fait, tu m'avais pour négocier. Ricanant doucement, désabusée, tu continues. Finalement, tout ton plan s'est déroulé comme prévu, félicitation. Le silence tombe, silence pendant lequel personne ne se regarde. Pourtant, il te faut encore des réponses. Dis-moi juste, est-ce toi ou est-ce lui qui a eu l'idée de l'oubliette? Très ingénieux pour s'assurer une parfaite coopération, je retiens, si un jour l'envie d'enlever ou de vendre un enfant me vient...
À cet instant, tu l'imaginais parfaitement avoir posé le sort, tout à fait capable de se convaincre d'agir pour le mieux. Quoi de plus fourbe qu'une mère pour vous faire baisser votre garde? Pour vous dire de fermer les yeux, pour vous faire croire que tout irait mieux, bientôt. Tout ce qu'il faut pour cela, c'est que vous comptiez ensemble jusqu'à dix. Allez Miyria, compte avec elle, "un, deux"... Ton poing se serre si fort que tes ongles meurtrisse ta peau.
- Ce n'est pas ce que tu crois... - Ah? Celle-là tu l'attendais, un sourire désabusé sur le visage. A cet instant, plus rien ne t'étonne, mais tout te blesse. Et dis moi, qu'est-ce que je dois croire? Que tu n'as jamais essayé de me revoir? Que tu n'as même pas essayé de me faire savoir que tu existais? Vas-y, dis moi, qu'est-ce que je dois croire, au juste? - J-je... Je me suis dit que ce que tu avais perdu ne te manquerait pas. Commence-t-elle d'une voix cassée,tu étais si jeune...
Assez. Tu en as assez entendu, il ne reste plus rien à briser, elle à fait son œuvre. Maintenant, il faut que ça s’arrête. Chaque respiration est un calvaire.
- Bien sûr... Un silence. Le dernier. Je doute que nous ayons plus à nous dire. Je vais prendre congé. - Je t'en prie, sa main se tend fatiguée se tend vers toi, il me reste peu de temps, peut-être pourrions nous essayer... - J'ai déjà porté ton deuil, je ne le ferai pas une seconde fois. Termines-tu en guise de conclusion, coupant ses espoirs avant même qu'ils puissent renaître. Rassure-toi, ton sort fut une réussite: je n'aurai jamais aucun souvenir pour toi.
Tu l'achèves. Sans force, sa main retombe doucement sur le lit, inerte, tandis qu'elle te regarde te diriger vers la porte sans réellement te voir. Vidée, éteinte, elle ne trouve plus quoi répondre face à ta colère, et probablement n'y a-t-il rien dire. Tu sais que tu la condamnes probablement à une éternité cruelle, incapable de trouver le repos, même dans la mort, mais tu es incapable de lui donner ce qu'elle souhaite, incapable d’offrir le pardon. La mâchoire serrée, la démarche lourde, tu ne lui accordes même pas un dernier regard, même pas un adieu. A l'instant où ta main se pose sur la porte d'entrée, sa voix, pareille à un murmure, ose une dernière fois se faire entendre...
- Miyria, il y a quelqu'un que tu dois voir... - Je sais. Mais pas aujourd'hui. Pas maintenant.
Ce fut la dernière fois que tu vis ta mère en vie.
Nous sommes les monstres de regrets des adultes, des êtres difformes, malheureux, fait de rêves brisés et d'espoirs inavoués avec lesquels nous devrons apprendre à nous construire, à exister, tout en cherchant l'amour inaccessible de parents dont nous combleront jamais les attentes. Sais-tu pourquoi? Car ce n'est pas nous qui les décevons, ils se sont déçus bien avant nous...
Comment ne pas céder à la haine et au désespoir, face à cela?
Si je suis un monstre, alors qu'on m’arrache le cœur, car je ne veux plus souffrir de toute cette haine qui m'étouffe, de tout cette colère qui m'étrangle. Si je suis un monstre, alors qu'on m'arrache le cœur, car je ne veux plus pleurer en silence, car je ne veux plus hurler sans bruit. Si je suis un monstre, alors que je ne sois plus qu'une coquille vide, incapable d’éprouver quoi que ce soit. Incapable de vouloir quoi que ce soit. Si je suis un monstre, alors que je ne sois plus qu'un pantin qui se désarticule en se fichant de toute souffrance.
Aujourd'hui je n'ai plus de père. Aujourd'hui je n'ai plus de mère. Quels regrets me construirons, désormais?
Décembre 1946
- Tu as lu le journal, dernièrement?
La voix de Sei est toujours aussi agaçante, voilà au moins une chose qui ne change pas, ici. Assise sur ta chaise avec bien trop de nonchalance pour une invitée, ses yeux parcourent le journal, tandis qu'elle déguste un à un tes chocolats de noël, cadeau inutile d'un soupirant haï. Un instant, tu te surprends à espérer qu'elle s'étouffe avec, mais voilà bien longtemps que tu ne gaspilles plus ton énergie à haïr Sei...
Un grognement pour seule réponse, tu ne prends même pas la peine de sortir ta tête des bras où elle se cache, restant allongée sur ton lit. Ces derniers mois avaient été catastrophiques. Tu avais longuement tenu, des mois entier à vrai dire, ne parlant jamais de tes découvertes, pas même à Sei... Mais il avait fallu que tu finisses par ne plus pouvoir, te sentant obligée de confronter ta famille pour connaître le fin mot de l'histoire. Tu avais commencé par ta grand-mère, qui avait avoué à grande peine qu'en effet, un contrat magique avait été signé, mais qu'il n'avait pas été respecté. Ton p... Lezius, lui, n'avait même pas fait l'effort de paraître gêné... À vrai dire, il avait même été soulagé de ne plus avoir à jouer ce rôle de père qu'il n'avait, au fond, jamais réellement apprécié, incapable de supporter la fille d'un autre, malgré ses efforts...
Après quelques discussions houleuses et multiples menaces des deux cotés, ils n'avaient eu d'autres choix que d'avouer qu'en effet, une bonne partie des faits étaient vrais. Cependant, tout avait échoué à cause de la fuite amoureuse de Jun, et le fait qu'elle n'est donné naissance qu'à un enfant, et non deux, faisant s'entre-déchirer les deux familles pour le récupérer... Sans surprise, cette révélation n'avait pas arrangé tes affaires, chacun craignant que tu n'en viennes à tout faire échouer en avouant la vérité sur ton lignage... Vérité d'ailleurs dont tu ne connaissais pas encore tous les détails, mais tu t'étais bien gardé d'avouer, ne voulant pas perdre ton avantage...
Quoi qu'il en soit, le mariage avait donc été hâté, et tu les imaginais parfaitement capable de tout pour qu'il ait lieu, à tel point que tu en étais devenue parfaitement passive, de peur qu'on t'efface une nouvelle fois la mémoire... L'oublie, désormais, te terrifiait.
- Tu devrais le lire, je suis sûre que cela t’intéresserait. Devant ton manque de réaction et ta volonté à n'être qu'une planche s'enfonçant mollement dans ton lit, elle soupire, essayant autre chose pour t'amadouer. Bon, très bien, je le jette alors? Dommage, ça parle de ton Angleterre chérie et ce n'est pas beau à voir...
Pareille à un petit diable sur un ressort, tu te relèves soudainement, attrapant alors le journal que Sei te tend pour le lire, profitant de ta lecture pour finir la boite de chocolat. Tes yeux parcourent les pages que tu peines à déchiffrer, mais la photo, elle, est sans équivoque. Soudainement, tu te sens nauséeuse, si fébrile que tu te laisses retomber lourdement sur ton lit. Morte. La résistance est morte. Quelque chose siffle à ton oreille, mais tu ne l'entends plus. Quelque chose bat dans ta poitrine, mais tu ne l'entends plus. Voilà ce qu'on gagne à attendre. Voilà ce qu'on gagne à perdre. Respire Miyria, la guerre n'est pas finie...
- Ton offre tient toujours? - Toujours. Elle semble plus sereine que jamais. Autrefois, tu aurais pu négocier, maintenant, elle sait que ce n'est plus le cas. Tu le sais aussi... - Le mariage est pour dans deux mois. - Tu seras partie dans un mois. - Ton prix est le mien. - Des excuses, pour commencer...
Et elle remporte la partie. Je t'avais dit de te méfier de ses crocs, pourtant...
Je crois qu'au fond, ce sont nos rêves et nos espoirs qui nous empoisonnent. Nous passons notre vie à nous mentir, à voler vers un soleil qui nous brûle, pour ensuite en vouloir à la terre qui nous heurte. Pourquoi serait-elle fautive? Ce n'est pas la réalité qui est cruelle, c'est nous qui le sommes avec nous-même. Ce n'est pas la vérité qui est douloureuse, mais nos rêves, ces sublimes mensonges, qui nous leurrent et font espérer, nous, pauvres poissons que nous sommes, que nous pourrons nager dans l’océan des cieux.
La volonté seule n'est rien, mais il nous faut choir de nombreuses fois pour le comprendre... Pour autant, dois-je en vouloir au monde de ne jamais m'avoir donné ce que je voulais, ou dois-je m'en vouloir à moi-même de ne jamais avoir été assez forte pour le prendre? Je ne suis pas certaine, aujourd'hui encore, de vouloir connaître la réponse à cette question. J'ai passé ma vie à rêver d'être un oiseau, aujourd'hui, je sais que je n'en aurai jamais les ailes.
L'abandon est inévitable, il faut l'accepter. L’échec est inévitable, il faut l'accepter. Il est inutile de s'attarder sur ce qu'on ne peut changer, seul compte de se relever, encore et encore, et d'avancer. Cours, marche, rampe s'il le faut, mais vis et agis ou abandonne et meurs. Au final, le choix t'appartient toujours, tu sais?
Il n'y a rien qui ne fasse souffrir, il n'y a rien qui soit doux, et notre plus grand tort fut juste de l'oublier. Au final, nous craignons la solitude, car nous la savons inéluctable: qu'importent nos efforts, qu'importe notre lutte, c'est seul qu'il nous faudra partir. Alors faisons de nos cœurs des pierres capable de le supporter, car rien ne pourra empêcher l'impact de survenir...
Je n'ai plus peur de perdre ceux que j'aime, car je sais aujourd'hui qu'avoir quelque chose, c'est déjà l'avoir perdu. Je n'ai plus peur de voir mourir, car je sais que je ne peux sauver quelqu'un de lui-même. Il est inutile d'avoir peur, il est inutile d'espérer. Cesser de croire, perdre tout espoir, n'est-ce pas au fond là la véritable liberté? Aujourd'hui, je ne veux plus rêver du futur, je ne veux plus espérer un avenir meilleur. Aujourd'hui, je veux me battre pour ce qui est présent, pour ceux qui vivent et qu'importe ce que cela me coûtera, je n'abandonnerai jamais, je n'abandonnerai jamais ce que tu as commencé. Que vienne le déluge, que vienne la tempête, peu m'importe...
Je n'ai plus peur de te perdre, je t'ai déjà perdu, Pomona.
Janvier 1946
Au fond, tu ne savais pas toi-même ce que tu faisais là. Tu n'aurais pas dû venir, tu le savais, mais quelque chose t'y avait poussé. La haine? Un peu oui, mais aussi le fait qu'il n'y aurait probablement pas de d'autres occasions, aucune autre chance d'en avoir le cœur net.
C'était un petit hôpital de campagne moldu tout ce qu'il y avait de plus simple, dont on pouvait encore voir les ravages de la guerre, ici et là. Probablement avait-il été bondé il y a encore quelques mois, mais les étranges effets de la bombe moldu n'avaient laissé que peu de survivants, plus mortelle encore dans le temps que sur le moment. D'ailleurs, probablement était-il mort, lui aussi, depuis le temps. Au fond, tu l'espérais...
Le dortoir commun semblait encore plus grand qu'il ne l'était réellement, ainsi vide de tout malade. Ils sont probablement tous mort, tu le sais, mais tu préfères ne pas y penser, te contentant d'admirer la lumière d'une clarté parfaite qui entrait par les grandes fenêtres rectangles, te rappelant mélancoliquement l'infirmerie de Poudlard. Cependant, à peine as-tu le temps de te laisser aller à ta mélancolie qu'une voix bourrue et rugueuse t'interpelle.
- Sorcière, j'présume?
Surprise l'espace d'un instant, tu t'étonnes d'entendre ce terme dans un lieu moldu, jusqu'à ce que tu ne te souviennes de la raison de ta présence. Au fond de la pièce, au dernier des derniers lits de la ranger faisant face aux fenêtres, un homme te fixe de ses yeux parfaitement noirs. À son regard, tu sais que tu l'as trouvé.
- Oh, bravo. Comment avez-vous deviné? Fais-tu calmement, cachant ta nervosité derrière une nonchalance quelque peu emprunté à sorcière de ton entourage... - Vous avez une façon de regarder les choses, impossible de vous louper. Même une cuillère arriverait à vous étonner, pour peu qu'elle soit moldu... Vexant, mais tu ne relèves pas. Se chicaner d'entrée de jeu n'est pas forcément la meilleure des options diplomatiques disponibles. Tu n'es pas là pour te disputer, pas aujourd'hui du moins... Après un toussotement, il reprend. La robe sinon, c'est plutôt parlant.
Baissant les yeux sur ta tenue typique d'une sorcière qui se respecte, tu remarques, qu'en effet, il ne t'a pas semblé voir beaucoup de moldu en porter. Tu regrettais à l'instant de ne pas avoir pris l'étude des moldus en option, ayant toujours dénigré l’intérêt de savoir comment fonctionnait le monde moldu. Quelle ironie...
- Juste... - Et anglaise en plus? Devant ton air légèrement surprise, il hausse des épaules. L'accent, ça n'trompe pas. - On ne peut rien vous cacher, décidément. Fais-tu pour seule réponse, dans un Anglais bien plus confortable que ton hasardeux Japonais, cachant ton agacement dans un soupir. En fait, je vous cherchais. Reprends-tu avec plus de sérieux, prenant place sur la chaise à ses côtés. - J'sens que ça ne va pas me plaire... - J'en doute, en effet. Jun est morte, toutes mes condoléances.
Silence général. Elle était morte en septembre, les effets de la bombe moldue ayant fini par avoir raison d'elle. Tu le savais, car Poyo t'avait supplié des semaines entières d'aller à son chevet, de lui offrir le pardon, en vain. Peut-être étais-tu juste devenu incapable de pardonner quoi que ce soit, au fond.
Inutile de s'attarder sur le pardon des morts, préférons à cela les excuses des vivants. Accusant la nouvelle, l'homme grogne un peu, passant une de ses mains bandés derrière sa tête pour y gratter la chevelure hirsute qui s'y trouve...
- C'était bien la peine de revenir... Faut croire que j'aurais jamais mes réponses. Silence. Hum... Je présume qu'elle aussi c'est pris la bombe dans le coin de la face? Tu opines. Putain de guerre... Quelle vulgarité... - Vous veniez de revenir? Fais-tu un peu surprise, n'ayant jamais imaginé qu'il est pu quitter la Japon. - Ouais, dix ans après mon départ, tout ça pour me prendre une bombe, la poisse hein? Depuis, j'suis coincé ici, les jambes en miette. Ils veulent probablement me les couper, et j'ai un peu du mal à leur expliquer qu'il existe des potions pour remettre des os en bouillie en état, tout ce qu'ils voient, c'est que j'suis coincé ici, et ça ne leur plaît pas... Nouveau silence. Toussotement de sa part. Ceci dit, cette saloperie de bombe a bien failli réussir, un an pour m'en remettre, et ce n'est pas encore joli à voir. Heureusement que la guerre est terminée, j'suis pas sûr que j'aurais pu survivre à une autre attaque... - Avec un peu de magie, vous seriez comme un galion neuf. Prends-tu quand même le temps de commenter, après une rapide inspection d'amatrice. Si pour les moldus cela semblait sans espoir, un guérisseur pourrait le soigner en moins de deux... - Ouais, j'sais bien, mais pour en faire faut les ingrédients, gamine, et j'suis pas vraiment en état de faire de la cueillette, à l'instant. - En effet, fais-tu pudiquement, forçant tes yeux à ne pas se baisser sur ses jambes inertes... Vous êtes potionistes? - Herboriste botaniste, exactement. T'observant un instant, il reprend après un léger silence. Reste l'option baguette, nan?
Il ne manque pas de panache, mais à ce niveau là non plus tu ne peux rien pour lui, ayant même dû demander l'aide de Poyo pour venir ici. Montrant les poches vides ta robe de sorcière, tu secoues négativement la tête.
- On me l'a prise. Je ne peux rien pour vous... - Sérieux? Ça se prend? Et du coup t'as encore le droit de te faire appeler sorcière?
Bonne question. Pouvait-on encore être considéré comme sorciers, une fois qu'on ne pouvait plus faire de magie? Voilà un débat qui a une autre époque t'aurait beaucoup amusé, mais après presque un an sans pouvoir faire de magie, tu n'avais plus cœur à en rire. La magie te manquait. Ta baguette te manquait. C'était comme t’empêcher d'être en osmose avec une part de toi-même. Si cela t'avait rendu plus humble, l'amertume, elle, avait fini par te rendre rancunière... Haussant des épaules, tu laisses tomber l'idée de donner une réponse constructive. Sorcière ou non, cela n'avait pas une grande importance, pour le moment...
- Je l'ignore... Et je crois que je m'en fiche. - Ah! Il ricane, et cela ressemble presque à un grognement, renfonçant cet air d'ours mal léché qui lui colle à la peau. Encore un peu et tu l'imaginerais couvert de fourrure. T'as bien raison. T'es... T'étais de sa famille? - On peut dire ça... Commences-tu, méfiante, attendant le moment où il comprendra... Mais à vrai dire, rien ne vient. Se contentant d'hocher de la tête devant ta réponse vague, ses yeux se tournent pensivement vers la fenêtre, qu'il regarde sans réellement voir. - Jun est morte alors...
Commence-t-il plus pour lui-même qu'autre chose, comme si le dire lui permettait de goûter la saveur désagréable de cette nouvelle. Pas de larmes, pas de sanglots, juste un profond et lasse soupir, et un silence qui s'installe sans que personne ne fasse rien pour l'en empêcher. Quand il reprend, c'est à toi qu'il parle.
- Désolé de n'pas la pleurer, mais ça fait un moment qu'on c'était séparé, elle et moi, j'pouvais plus la voir. J'ai jamais trop su pourquoi d'ailleurs, au point que je me suis même demandé si je n'étais pas sous filtre d'amour tout ce temps, mais j'pense pas, surtout qu'elle n'avait aucun talent pour la potion. Notre histoire était vraie... Enfin, j'espère.
Tu ne sais pas pourquoi il te dit tout cela, probablement simplement par besoin de parler, par envie de vider son sac après une année de silence. Cependant, devant ses mots, toute ta colère et ta rage accumulées soigneusement pendant des semaines fondent comme neige au soleil, tandis que tu pestes face à ta propre bêtise. Comment avais-tu pu imaginer un seul instant qu'ils laisseraient sa mémoire à un moldu? Cela te semblait si évident, désormais, que tu ne comprenais pas comment tu n'avais pas pu y penser, trop désireuse que tu étais d'en vouloir à tout le monde. Il ne se souvenait pas de toi. Tout comme tu ne te souvenais pas de lui. Il avait probablement subi le même sort, et encore une fois, tu n'avais aucun mal à imaginer la scène. « Ne t'en fais pas, bientôt, nous serons de nouveau heureux... ».Trop lâche pour accepter les conséquences de ses choix, elle s'était contenté de les supprimer... Mais certaines choses ne s’effacent pas. Certaines choses perdurent, et au final, l’inéluctable se produit. Savoir que leur relation avait échoué, savoir qu'il l'avait quitté te laissait un goût étrange sur la langue qui calma cette tempête qui menaçait à chaque instant de t'engloutir. Voilà des mois que tu n'avais plus été aussi calme.
- Je suis désolée... Tu es sincère, cette fois, mais tu ne parles plus de condoléances... - Ouais, moi aussi gamine, moi aussi... Un ange passe, une fois encore, et vous ne faites rien pour l’en empêcher. Se passant une nouvelle fois la main dans les cheveux, il finit néanmoins par reprendre. Et c'est toi qui as été désigné pour me le dire. Pas d'chance. Ça s'est fait comment, à la courte paille?
Face à sa remarque, tu devines sans mal que la famille Shirakawa ne le porte pas dans son cœur, et qu'il est même plutôt bien heureux que personne ne sache qu'il se trouve ici. Tu en viens à remettre en question ses chances de survie, s'il venait à rester coincé au Japon. Entre un oubliette et un Avada, il n'y a qu'un pas. Grand, certes, mais qu'un pas tout de même...
- Vous êtes un moldu? Tu n'en es pas certaine, à vrai dire. Il semble beaucoup trop connaître le monde sorcier pour cela. Comme s'il était un sorcier, mais sans en être un, en soit... - On peut dire ça...
Oui, un cracmol. Voilà qui ressoudait tout le mystère, même celui de leur rencontre. Tu t'étais attendu à te sentir indigné, à te sentir hors de toi face à une telle révélation, mais rien ne vint, hormis une honte héritage qui aujourd'hui volait en éclats face à tant de mensonges. Pas de colère. Pas de haine. Pour la première fois depuis ton arrivée, tu as l'impression de pouvoir respirer. Quelle étrange sensation...
- Je n'ai pas été désigné... Je suis venue de moi-même. Fais-tu, légèrement hésitante, passant alors une main dans tes cheveux pour cacher sa gêne. Je... Tendant l'autre main, timidement, tu oses le premier pas. Je m'appelle Miyria. Miyria Alliane.
Il regarde ta main un instant, une expression indéchiffrable sur le visage, avant de la serrer avec moins de poigne que tu ne l'aurais pensé...
- Lazarus. Lazarus Prince.
[→] Miyria Alliane
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QUI SUIS-JE? Baguette: Bois de Sakaki et crin de Qilin, 25 cm Camp: Bien Avatar: Kiko Mizuhara
Pourquoi toi? Je me pose aussi la question, mais cette lettre sans lecteur, elle est pour toi. Je m'étonne même de penser encore à toi, malgré les semaines, les mois, et pourtant... Oui, pourtant, face à toutes les pensées qui m’assaillent, face à cette absence de tout, toi et toutes les émotions que tu m'inspires, toi et cette mer de haine, vous êtes la seule chose immuable, inchangeable, pareilles à un îlot au cœur d'une mer déchaînée.
Je ne veux pas seulement te nuire. Je veux te détruire. Mon désire de me dresser contre toi reste inchangé, ne s'étant qu’affirmé, dans la haine et la colère, au fils de mes impuissance et de ma rage. Tu as gagnés bien des batailles, mais la guerre, elle, ne fait que commencer. Nous serons légions à se dresser contre toi, car c'est au monde tout entier que tu en veux. Tu m'obsèdes, c'est un fait, et je te hais aussi pour cela.
J'ai accepté le fait que tu m'ignores, que tu me sous-estime. Je n'éprouve plus aucune humiliation face à cette idée, au contraire. Disons que j'ai mûri. Même le reconnaître ne me fait plus rien... Au final, je gravite autour de toi comme tous les autres, et qu'est-ce que cela change? Au fond, je dois peut-être même t'en remercier: si je ne t'avais pas connu, peut-être aurais-je plus facilement acceptée ma vie au Japon et la passivité allant avec. Tu es la cause de beaucoup d'effets, et quand bien même je ne peux t'inculper de tous mes maux, indirectement, tu y es pour beaucoup. Mais je suis calme désormais. Résolue, même.
Je présume que j'aurais pu, si les événements avaient été différent, te suivre, comme Lena, comme Daniel... Ou comme Lou. J'étais orgueilleuse, fière, oui, mais malléable. Je l'aurais fait en me berçant d'illusion, en gardant la tête haute et le port digne, me cachant mon statue de larbin derrière des mots plus complaisant, me servant des mensonges qui m'auraient caché cette vérité que je n'aurais pas voulu voir. Je ne l'ai pas fait, pourtant. Je me suis souvent demandé pourquoi, plus jeune, aujourd'hui je sais. Il n'y a qu'un pas entre eux et moi, et ce pas, c'est ce que nous nommons nos choix.
La détermination reste la même, seuls changent les enjeux. Seuls changent les buts que nous nous fixons. Je veux protéger et me battre pour ceux qui ne peuvent le faire, et je ne veux en retirer aucune gloire personnelle, aucune satisfaction. Je ne le fais pas uniquement pour moi, maintenant, je le sais. Peu m'importe qu'on ne sache jamais que la résistance existait, peu m'importe qu'on sache que j'étais dans le camp des bon, quelle importance? Mais je dois prendre garde, à trop vouloir jouer les justiciers, l'on peut se perdre en un instant. La justice, comme bien des choses en ce monde, n'est qu'une question de point de vue sur ce que nous sommes prêt à faire pour la rendre...
Aujourd'hui encore je ne saurais dire pourquoi je suis à ce point déterminée à te contrecarrer. Un pressentiment, vraiment? J'en doute. C'est souvent, pourtant, l'excuse que j'ai donné, une excuse à l'arrière goût de vérité, mais qui ne saurait se suffire à elle-même. Je sais que tu es dangereux, du plus profond de mon être, depuis la première fois que je t'ai vu, alors que nous étions tous réunis dans ce hall qui nous semblait bien trop grands pour les gamins que nous étions. Ton calme, ton regard. Tu étais magnétique. Tout en toi me dérangea, encore, et encore, jusqu'à ce que je me sente obligé de chercher pourquoi.... J'ai souvent pensé - principalement par orgueil - que si j'étais à ce point capable d'identifier les monstres dans ton genre, c'était parce que, moi aussi, j'avais la même violence parcourant mes veines... Puis j'ai rencontré Perséphone, et j'ai su que je n'avais rien d'un loup. Elle m'avait eu avec lune facilité qui ne s'invente pas, une facilité qui aurait pu être la tienne, si je n'avais pas ressentis cette crainte mêlé d'horreur à ton encontre. Là où tu m'avais dérangé, elle, m'avait charmé. Elle était superbe, parfaite. Son amour du savoir trouvait échos dans le mien, au point que je me lovais dans sa main sans même me débattre, sans même m'en plaindre, trop heureuse d'avoir un esprit aussi brillant pour converser, jour après jour, avec le mien. Je l'aurais suivis jusqu'à l'abattoir, comme j'ai suivi Sei sans me débattre...
Je sais, aujourd'hui, que je ne suis rien de plus qu'une brebis, de celles qui suivent, de celles qui survivent à vos crocs, quand la faim se fait sentir. Je suis de ces brebis que l'amertume et la colère habillent d'un âpre noir, et que la vengeance rendent plus affamées et enragées encore que les loups... Mais voilà : seule, je reste une brebis. Seule, je suis vulnérable, faible, et finalement, totalement négligeable. Seule, je ne suis rien.
Je sais, désormais, que je suis pas quelqu'un de foncièrement bon, pas après avoir si fort voulu serrer mes mains autour de son cou malade, pas après avoir tant souhaité de les voir tous disparaître dans le feu et les flammes. Même si j'aime à croire qu'il y a tout de même quelques traits remarquables en moi, du louable, force est de constater qu'il y aurait plus à jeter qu'à garder si je devais un jour revêtir le costume du brave. Je n'ai rien de brave, à vrai dire, mais je refuse d'être lâche. S'il me faut mourir, alors que ce soit debout, car vivre à genou m'est insupportable.
Je suis aujourd'hui assez consciente de tout ce que je ne suis pas pour ne pas suivre les chemins boueux et les pentes glissantes qui autrefois aurait ternis le peu de pelage blanc que je m’efforce de sauvegarder, malgré la noirceur qui ronge, grouillant sous ma peau comme des vers affamés par la putrescence de mes envies. Le japon m'a changé, ma défiguré, à tel point que c'est à peine si j'arrive à voir l’ampleur des dégâts. J'étouffe, tout le temps. J'étouffe de haine, je m'étrangle de colère, constamment. J'ai envie de hurler, sans cesse. J'ai envie de frapper, trop souvent. J'ai l'impression de bouillir, sans fin, et je ne sais plus que faire face à ces idées trop noirs qui m’empêchent parfois de trouver le sommeil, la nuit. Alors je marche, de long en large, jusqu'à ne plus y penser. Jusqu'à ce que l'air revienne. Le reste du temps, je suis vide. Je me sens apathique, dépourvue de toute émotions. Cette mer ravage tout, et quand elle se retire, il ne reste rien, hormis le vide. Je n'ai jamais faim, et quand j'essaie de manger, le goût vient à manquer. Tout est insipide, et il me faut attendre que la marée revienne pour trouver la force de continuer. La force d'avancer. Seule mon envie de me battre me tient encore debout, au fond...
Un pas. C'est rien, un pas. Ma fascination pour la connaissance, mon amour du savoir et des secrets est le principal pilier de ma personne. Hélas, à cause de cela, j'ai le défaut de toutes les pandores, voulant ouvrir tout ce qui ne devrait être ouvert, connaître tout ce qu'il vaudrait mieux oublier. En revanche, je n'ai aucun intérêt pour les Hommes, et cela depuis trop longtemps maintenant, je le sais. Je n'offre ma confiance à personne, car l'humain s’effrite, trompe, ment, raison pour laquelle je n'ai jamais aimé partager mon savoir, de peur qu'il se retourne contre-moi. J'ai longtemps cru que je ne saurais me passer de ma passion pour la connaissances, que je ne pourrais vivre sans, et pourtant, après un an de mortification, privée de magie, privée de savoir, j'ai réussi à trouver une certaine humilité, que je m’efforce malgré moi de garder, essayant ainsi de me résonner, de ne pas retomber dans mes vices. Je n'attends de l'aide de personne pour cela, mais je crains, comme souvent, de trébucher, si personne ne me tend la main... Nous créons nos propres démons, c'est bien connu, il est logique dans ces conditions que nous les combattions seuls, et en silence...
Je me suis rapidement rendu compte que mon plus gros point faible restait ma boussole morale. Elle est défaillante. Probablement fonctionnait-elle correctement, il fut un temps, mais le monde sorcier l'a cassé. Aujourd'hui, elle ne sait m'indiquer que les extrêmes, et pour le reste, c'est à moi seule de juger. Et Merlin que je juge mal... Je m’efforce d'être rebutée par ce que je sais être rebutant, je m’efforce d'être dégoûtée parce ce que je sais être dégouttant, mais les mensonges s’effritent si vite qu'il me faut sans cesse les reconstruire, les rénover. Je suis pareille à l'enfant qui essaie de sauver son château de sable, tandis que la marée monte, cruelle et infatigable. Il faut être fou pour vouloir empêcher l'eau de mouiller, je le sais, et je sens ses vagues effleurer ma conscience, je sens son écume mouiller mes convictions, et pourtant je tiens... Pour l'instant. Comme il est difficile de tenir, toujours tenir, mais au fond, tout se résume à cela. Tout n'est qu'une question d'équilibre, un jeu de lumière dont l'échec s’avère fatal. J'aimerais être meilleure, juste un peu. Peut-être qu'ainsi cela serait plus simple, mais l'espérer ne ferait que rendre mon combat plus difficile encore. Accepter ce que je suis pour mieux agir contre, c'est ainsi que les choses fonctionnent. Je sais quelle voie je veux suivre, je sais où je veux aller, tout ce qu'il me reste à faire, c'est d’effacer toutes les autres voies menant ailleurs, ou même à toi, à chaque fois qu'elles se représentent à moi... Plus facile à dire qu'a faire, je sais.
Pourtant. Je suis confiante. Je ne me l'explique pas. Si nos choix seuls dictent ce que nous sommes, alors je m’efforcerai toujours de faire ceux qui m'éloigneront de toi... Mais juste d'un pas, pour qu'ainsi, l'équilibre reste délicat. Pour qu'ainsi, je puisse toujours regarder de l'autre coté de cette rive où je ne me trouve pas, et me féliciter de ne pas y être... Daniel en rirait. Je l'imagine déjà, se moquer de ma bêtise, de ma vision si ''manichéenne'' des choses. Comment lui expliquer que c'est là ma seule façon de différencier ce qui est bien de ce qui ne l'est pas? Il me reprocherait probablement encore quelque chose. Et moi aussi. Et nous regretterions une fois encore d'être ennemis. Nous ne devons plus nous voir, je sais, je sais... Je n'arrive pas à me décider à lui en vouloir, est-ce probablement pour cela que je préfère dire que tu me l'as pris, plutôt que d'imaginer l'avoir perdu. Tu es déjà coupable de tant de mal, je suis sûre qu'un peu plus ne saurait de toute façon t'atteindre...
Je ne veux pas imaginer ce que serait ma vie si ce simple pas n'avait pas été fait, si j’avais été un peu plus comme Daniel, et un peu moins comme Pomona. Probablement m'a-t-elle sauvé de moi-même sans le savoir. J'aime à penser que je l'ai aidé, moi aussi, pour ne pas me sentir trop redevable. La connaissant, elle n'aurait que faire de mes remerciement et pourtant... Je ne veux pas imaginer ce que serait ma vie si je n'avais pas été éblouie par son éclat, au point de la jalouser. Tout semblait si simple à la voir faire, qu'à force de l'imiter, cela l'est devenu...
Et dire qu'elle n'est plus là. Je me sens coupable de n'avoir versée aucune larme pour elle. Mais la haine laisse peu de place pour le reste. C'est une arme à double tranchant, je sais bien. Si elle nous donne la force d'avancer, à chaque pas, j'ai l'impression qu'elle pourrait tout aussi bien me tuer, me consumant en une seconde seulement...
Suis-je à ce point faillible? J'aimerais me croire forte, mais je ne le suis pas. J'ai voulu l'être, et j'ai perdu un an à cause de cela. Je sens aujourd'hui à quel point mes fondements ne sont que de sables et d'argiles. Forte? Oui, indéniablement, mais je tiens plus du chêne que du roseau. Il me faut m’endurcir, constamment, sans cesse, pour ne pas me briser. Pour ne pas m’effondrer... Et pourtant, même en sachant tout cela, même en toute connaissance de cause, j'ose encore m'attacher à autrui. J'ose apprécier la compagnie de mes pairs. Pourquoi nous attachons-nous toujours aux autres au risque de voir ceux que nous aimons devenir les otages de nos consciences? Pourquoi nous exposons nous ainsi à la souffrance, tout en sachant pertinemment à quel point sa morsure sera aussi violente que cruelle, nous rendant un peu plus amer à chaque nouvelle perte? Savoir ne protège en rien. Connaître n’empêche rien. Je sais que j'aurais mal, mais je l'accepte. Il faut croire que malgré tout, je reste profondément humaine, n'en déplaise à misanthropie. J'ai longtemps souhaité être incapable d'aimer, et pourtant aujourd'hui, je donnerais tout pour ressentir une nouvelle fois le bien être d'une affection sincère.
Combien de fois pourrais-je tomber avant de ne plus pouvoir me relever? Parfois, je me surprends à vouloir le savoir...
Physique
- Je ne comprends toujours pas ce que tu y gagnes dans tout cela, toi.
Accoudée à la rambarde du vieux port, tu regardes la lune, pleine, qui observe en silence les marins moldus s'agiter dans tous les sens, préparant votre bateau. Avant l'aube, vous ne serez plus là.
-Es-tu certaine de vouloir le savoir? -Probablement pas. avoues-tu.
Sei fidèle à elle-même, est impériale dans sa magnifique robe de sorcière rouge et or, faisant totalement fit des moldus qui la regarde, légèrement surpris par son accoutrement. Toi, au contraire, tu as tout fait pour te fondre dans la masse, bien que tu n'es pu te résoudre à mettre un pantalon. Manque d'habitude, dirons nous, aussi as-tu opté pour une robe. Une large robe moldu d'un bleu céruléen, qu'une large ceinture vient ceinturer à ta taille, essayant vainement de donner à tes maigres formes une quelconque féminité, en vain. Tu n'as jamais été plantureuse, et tu ne le seras jamais. Autant se faire une raison. S'il y a bien une chose que tu avais parfaitement héritée de ta mère, c'était son allure androgyne, sans longiforme qui, mélangée à ta taille d'occidentale, te donnait des allures de mante religieuse, tant tes bras et tes jambes maigrelets semblaient sans fin. Si Sei t'écrasait largement en présence, tu avais au moins le mérite d’interpeller par la singularité de ta silhouette.
- Alors pourquoi demander? Profite de l'ignorance. - Tu n'es pas le genre de personne qu'il est bon d'ignorer.
Vos regards se croisent enfin, et malgré l'obscurité ambiante, tu n'ignores rien de la flamme qui brûle dans les siens. Là encore, la différence est criante. Si l'amande de vos yeux ne cache rien de vos origines asiatique, ton métissage t'offre un regard plus grand, ayant perdu le bridage de ta mère au profit des lourdes paupières de ton père. Désormais dépourvue de toute magie et de tout sortilège, tes yeux avaient retrouvé leur couleur naturelle, un brun ambré, héritage de ta mère, et tu n'avais plus aucune envie de changer cela. Le temps des artifices était révolu...
- Je te le concède, mais je ne m’intéresse qu'au Japon. Ne remets jamais les pieds ici et disons que nous serons quitte.
C'est une menace. Elle n'a pas besoin de sous-entendu, ni d'un ton particulier, tu la connais, cela te suffit. Attrapant ton chapeau de voyage, tu y engouffres tes cheveux d'un noir de jais, coupé pour l'occasion en carré plongeant, t'offrant plus de discrétion que l'immense natte qui hier encore lézardait ton dos. Comme pour tes yeux, une fois privée de ta baguette, tu n'avais plus pu tenir le sortilège te permettant de les avoir d'un blond parfait, et puisque de toute façon, tu n'avais aujourd'hui plus aucune envie de ressembler à Lezius, leur brun naturel ne te dérangeait plus... Doucement, mais sûrement, tu réapprenais à apprécier ce que tu étais réellement, abandonnant celle que tu avais espéré être pour apprendre à connaître celle que tu étais réellement.
- Je n'ai aucune envie de revenir, soit en certaine. Laissant un petit silence, tu reprends tout de même, hésitante. Et Lezius, que vas-tu faire? - Laisse ta conscience tranquille, épargne-lui ces réponses...
Elle allait probablement le tuer, ou le faire tuer, qu'importe. Peut-être pas demain. Peut-être pas après demain, mais il allait mourir. Il fallait que la famille Alliane disparaisse entièrement pour que sa fortune lui revienne, comme le prévoyait votre accord, et tu le savais. Or, si tu avais renoncé à tout droit sur cet héritage lui laissant même ta clé, ce n'était probablement pas le cas de Lezius. Même sans le demander, tu le savais parfaitement comment tout cela se finirait, et tout ce que tu espérais, c'est qu'une fois l'alliance avec les Owata caduque, il retournerait en Angleterre.
Ne rien dire n'était-il pas une façon de le cautionner, d'accepter le fait que sa vie allait être en danger? Le détestais-tu à ce point? Non, bien sûr que non, mais quelle solution te restait-il? Tu n'étais rien de plus qu'une gamine qui se retrouvait ballotté par des événements qui la dépassait. Tu avais accepté l'offre de Sei, car aucune autre main ne s'était tendue pour t'aider à te relever, et peu t'importait finalement le prix qu'il t'avait fallu payer pour cette aide. Tu avais déjà une bataille qui t'attendait à Londres, aussi n'avais-tu pas réellement le temps d'en mener une ici aussi. Sei était dangereuse, certes, mais elle n'avait pas pour projet de commettre une purge raciale. Faute de choix, tu décidais d'agir par priorité...
Remarquant quelque chose à ta gauche, Sei étouffa un râle de dégoût, levant ses yeux au ciel, avant de simplement disparaître dans un ''pop'' significatif... Pas un adieu, pas même un au revoir, ce qui finalement concluait bien votre relation. En revanche, tu ne connaissais qu'une chose capable de faire fuir aussi vite une sorcière de sang-pur, et pour le coup, cela t'arracha un léger sourire.
- Vous êtes en avance. - Je n'aime pas être en retard. Alors c'est lui?
Regardant le bateau à votre droite, Lazarus siffle un instant, avant de se tourner vers toi, tandis que tu l'examiner. Son pas est lourd, mais hésitant encore. Sa carrure en revanche reste relativement correcte, évitant d'être menue que de justesse, finissant même par te faire demander de qui tu tiens réellement ta morphologie.
- Vous vous sentez comment? - Mourant. Humour noir. Il reprend après un instant, se raclant la gorge face au manque total de réaction de ta part. Tu aurais au moins pu faire l'effort de lever un sourcil. Mais j'pense tenir la traversée. Ta potion était infecte, mais plutôt réussit pour une première. - Grâce à vous. Tu n'aimes pas prendre des mérites qui ne te reviennent pas. Je n'aurais jamais pu m'en sortir sans votre aide, je ne connais rien à la flore japonaise... Espérons qu'on en trouve des toutes faites en Amérique, nous risquons d'avoir un long chemin jusqu'à Londres...
Soufflant dans tes mains aux doigts si longs qu'ils en deviennent dérangeant, tu les frottes pour les réchauffer, essayant en vain d'avoir un brin de chaleur. C'est le principal désavantage de n'avoir que quelques couches de chair entre ta peau et tes os: le froid te transperce, et le moindre frisson te parcourt de long en large. Tu n'as jamais été très emplumée, mais cette année à eue raison de tes réserves, te faisant passer de jeune fille mince à cadavre en devenir. Il te faut manger, mais plus rien n'a de goût, désormais...
- Ça ne va pas être de tout repos. Mais au moins je voyage léger.
Tu baisses les yeux sur sa valise à moitié carbonisé, tandis qu'il t'offre un rictus ironique. Tu réalises à cet instant que vous avez le même, et perds le tient aussi sec, de peur qu'il le remarque. Tu ignores pourquoi, mais tu crains plus que tout qu'il le sache. Probablement par honte... Probablement par peur.
- Ne vous en faites pas, le sort de recurvite fait des miracles... Réponds-tu plus par automatisme qu'autre chose, contente de ta blague pince-sans-rire, jusqu'à ce que tu te souviennes. Plus de baguette, c'est vrai... Venez, inutile de s'attarder sur le quai, allons chercher nos chambres.
D'une démarcher sûre, avec fierté que cette dernière année à cruellement tronçonné, tu avances, perdant cependant rapidement de ton aisance quand vient le moment de parler, ou de présenter les billets de bateau, bien que ton visage reste de marbre, ne laissant rien paraître de ton malaise. Les billets ne sont pas à vos noms, enfin, pas à vos vrais noms, mais aux noms des faux papier qui vous permettrons de rejoindre l'Angleterre par le chemin des moldus sans vous faire remarquer du monde magique. C'était le plus simple, Sei avait raison. Alors qu'ils chercheront férocement en Angleterre, toi, tu seras perdu en pleine mer. Et quand enfin les recherches commencerons à s'essouffler, ton voyage arrivera à son terme, tout ce qu'il te restera à faire, c'est de te faire oublier. Tu ne connaissais pas les détails du plan de Sei, et à vrai dire, encore une fois, tu n'étais pas certaine de pouvoir assumer de le savoir. C'était une chose de savoir que quelqu'un allait mourir, s'en est une autre de condamner ses deux familles...
Pour le monde moldu, tu étais encore mineur, aussi avait-il été décidé que Lazarus jouerait le rôle d'un oncle. Tu n'en voyais pas l'utilité, mais tu avais trouvé inutile de protester. Comment aurait-on pu voir une enfant en toi? Ton visage n'avait plus grand chose d'enfantin, ayant perdu toute rondeur au fil des mois, se creusant et ternissant jusqu'à ce que ta peau tienne plus du gris que l'opale, ta perte d’appétit n'aidant en rien. Même ton regard, autrefois auréolé de l'insolente confiance de l’adolescence avait perdu toute sa superbe, semblant s'enfoncer chaque jour un peu plus dans ton visage, et ne reflétant plus rien, hormis une indéfectible froideur.
Il allait donc jouer le rôle de l'oncle. L'ironie de la situation ne t'échappait en rien, mais puisque cela ne le dérangeait pas, pourquoi protester? À vrai dire, voilà deux semaines que tu côtoyais activement cet homme, quittant en catimini la demeure familiale à la nuit tombé pour venir l'aider à se remettre sur pied, étant pour le coup plus le corps que la tête. Si les prises de bec avaient été inévitables, ta diplomatie étant encore un concept trop balbutiant pour toi, tu avais tout de même noté les nombreux point commun que vous aviez. Même si tu l'avais voulu, tu n'aurais su t'en réjouir, tu n'arrivais tout simplement plus à savoir comment faire. C'est terrible le vide, hein?
Tu as ses cheveux. Si ton visage était clairement hérité de ta mère, tu avais un doute pour la forme de tes yeux, ou le contour de tes lèvres, ne pouvant juger à cause de l'énorme barbe qui le dévorait le visage. Cependant, tu n'avais pas réellement eu le temps de te prêter à ce petit jeu plus de quelques minutes par nuit, de peur qu'il ne remarque quelque chose.
Posant ton unique valise sur ta couchette, tu l'ouvres, vérifiant que tu n'as rien oublié. Avec ta baguette, tu aurais pu prendre toutes tes affaires, mais ne sachant absolument pas ce que Lezius en avait fait, tu avais du te résoudre à prendre le minimum, à savoir les ingrédients pour les soins de ton compagnon de voyage,suffisament de galions pour t'installer en Angleterre, ainsi que l'argent moldu ''gracieusement'' offert par Sei pour le voyage... Tu aurais donné cher pour la voir aller le chercher, peut-être que cela aurait suffit à calmer le dégoût qui te serre la gorge à chaque fois que tu te souviens lui être redevable. Te regardant fixer en silence ta valise, Lazarus finit par tousser de nouveau, cherchant à attirer ton attention. Malgré toi, tu tournes le regard vers lui, lasse.
- Au fait, j'ai quelque chose pour toi. Se tournant vers toi, Lazarus fouille un instant dans ses poches, finissant par en sortir une baguette d'un bois que tu ne saurais pas identifier et qui pourtant te semble péniblement familier. Je me suis dit que ça pourrait t'être utile. Vu le peu d'utilité que j'en fais... - Où l'avez-vous eu? Demandes-tu, stoïque, ne réussissant cependant pas à quitter la baguette magique des yeux... - Je ne sais plus, fait-il en fronçant les sourcils pour signaler sa réflexion - encore un point commun - Toi, tu sais, ou plutôt tu devines d’où elle lui vient, mais tu n'en dis mot, surprise de voir ainsi la dernière pièce de ton puzzle apparaître là où tu ne l'attendais plus... M'enfin, depuis le temps que je me la ballade, elle me rend nostalgique. Il continue à te la tendre, mais tu hésites, laissant même un malaise se faire. Allez, prends-là, qu'on soit quitte.
C'est presque du bout des doigts que tu l'attrapes, que tu la regardes, examinant cette seule preuve d'un passé oublié, témoin d'une existence effacée... Pourtant, tu sais qu'elle est à toi, pas un seul instant tu ne peux en douter, tu le sens. C'est étrange de retrouver une veille amie dont on a aucun souvenir, mais dont on se sent inexplicablement proche...
- Merci...
Murmures-tu, un frémissement, qu'on devine être un sourire, agitant tes lèvres. Il ne saura jamais réellement toute la porté de ce remerciement, et probablement est-ce mieux ainsi. Il l'a gardé tout ce temps, sans même savoir pourquoi, et cela t'apaise légèrement. Juste assez pour que tu puisses respirer, une fois encore. Peut-être reste-t-il quelque chose au fond, une toute petite, une faible et minuscule petite lueur qui brille en toi. C'était plus fort que toi, n'est-ce pas? Au fond, tu as besoin d'y croire, même un peu, même en secret, même face à ce vide qui à chaque instant menace tout ce que tu es.
Tant que tu t'y accrocheras, il restera du bon en toi, Miyria.
Irl
Prénom/pseudo : Miyria, en fait...
Âge : 26 ans (le temps passe!)
Fréquence de connexion : Fréquente, mais temps de réponse aléatoire
Comment avez vous connu le forum ? Je sais plus...
Autres comptes ? : Pas encore, mais bon, hein...
Acteur de votre avatar : Kiko Mizuhara (Ouais, ça change ♥)
Un mot pour la fin ? : Il n'y en aura jamais assez pour exprimer toute ma joie d'être de retour Le code de la fiche était super! Mais faut pas m'en vouloir, j'suis une saloperie, j'change toujours tout, pardonnez-moi D: pardonnez-moi moi aussi, j'ai beau avoir relu, à a mon avis il reste pas mal de fautes et de coquille, mais c'est vraiment compliqué de tout corriger sur un long texte... Et je me rends compte que cette fiche est complètement craquée niveau taille. Toute mes excuse Tomy, j'ai pris beaucoup trop de plaisir à réécrire avec Miyria. Au passage j'insiste sur le fait que même si Miyria à quelque peu changé, aussi bien physiquement que biographiquement, moralement les changements sont minimes, et sont surtout du à son année d’exil, donc c'est toujours la même Disons juste que j'ai voulu rendre l'ensemble plus... Cohérent. Amour sur vous!
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Dernière édition par Miyria Alliane le Dim 3 Déc - 0:07, édité 1 fois
Caspar Croupton
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QUI SUIS-JE? Baguette: Bois de vigne, 25,4 cm, Corne de Serpent cornu Camp: Mal Avatar: Nikolaj Coster-Waldau
MAIS JUSTEMENT C'ETAIT LE MOMENT PARFAIT! PARFAIT TE DIS-JE! Et j'étais tellement en stress de ne pas réussir a finir cette satané fiche pendant cette période xD HIhi ne me lâche plus, je ne pars plus de toute
Pomona Fitz
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QUI SUIS-JE? Baguette: roseau, 23,2 cm et crin de licorne Camp: Bien Avatar: Carey Mulligan