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e courrier que lui avait envoyé Clio avait singulièrement surpris Melody. Elle se demandait pourquoi la jeune femme n'était pas tout simplement venue la trouver en personne dans les couloirs de Poudlard ? Parce qu'elle avait un besoin urgent de lui parler ? Peut-être, il est vrai qu'on pouvait passer des jours dans le château sans croiser deux fois les mêmes personnes, à l'exception de celles de sa classe ou de son dortoir... et puis, même si elles avaient dû se voir dans la grande salle à l'heure du repas, le cadre n'était pas propice aux confidences. Car c'était de ça qu'il s'agissait, non ? De confidences ? La bleue et bronze en avait l'impression en tout cas. Elle avait l'impression que Clio avait quelque chose à lui dire, et cela attisait autant son appréhension que sa curiosité. Elle espérait que ce n'était rien de grave. Ces derniers temps, la situation était telle que Melody frôlait par instants la paranoïa au point d'espérer que ce n'était pas d'elle que la jaune et noir voulait parler. Mais non, il ne fallait pas abuser non plus, elle n'était pas le centre du monde. Et en certaines circonstances, ce n'était pas si mal, d'ailleurs.

Finalement, Melody avait décidé de proposer à Clio de se retrouver à Pré-au-Lard, en dehors des jours de sortie prévus par l'école, cela va sans dire. La bleue et bronze avait bien envie de faire le mur, de prendre un peu l'air, et qui sait, de refaire ses réserves de bonbons chez Honeydukes. Alors ce serait joindre l'utile à l'agréable. Là dans le village sorcier, elles seraient assurées de ne pas être entendues par la moindre oreille indiscrète. La jeune femme ne savait pas trop si ça allait être nécessaire ou non, mais dans tous les cas, ça ne leur ferait pas de mal de se revoir dans un tout autre cadre quoi qu'il advienne. Quand elle arriva à l'endroit où elles s'étaient donné rendez-vous, Clio l'attendait déjà. La jeune femme lui adressa un sourire (elle ne souriait plus assez dernièrement. C'est sûr que ça lui ferait du bien de penser à autre chose qu'à ses tracas habituels), elle tomberait clairement de haut en comprenant de quoi il retournait.

-Salut Clio ! Je vais bien et toi ? Tout va bien ? Qu'est-ce qui se passe ?

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lio, pour commencer, s'empressa de rassurer Melody, en lui affirmant qu'elle allait bien. La bleue et bronze préférait entendre ça. Elle pouvait être une véritable peste avec les personnes qu'elle n'aimait pas, et d'une indifférence totale, mais quand il était question de ses amis, elle sortait les griffes, par contre. Elle n'aimait pas du tout voir les personnes à qui elle tenait de mauvais poil, ou tristes, ou angoissés, ou elle ne savait quoi encore. Si elle pouvait leur rendre un peu de joie de vivre, alors elle s'en faisait un devoir, mais en l'occurrence, elle ne savait pas ce qu'elle pouvait faire exactement pour Clio, elle n'en saurait pas davantage tant que la jaune et noir ne lui aurait pas exactement expliqué ce qui lui arrivait. Car même si elle lui affirmait aller bien (ce qui la rassurait tout de même), elle lui faisait quand même très concrètement comprendre qu'il se passait quelque chose. Elle se posait de très nombreuses questions, elle avait besoin d'elle. Ce qui voulait tout dire, donc. Et rien dire non plus, en même temps. Melody était cash et directe, elle préfèrerait que Clio ne tourne pas autour du pot et lui explique d'emblée ce qui se passait, mais elle ne comptait pas le lui reprocher... ce n'était peut-être pas si simple à dire.

-Allez viens, on va se poser quelque part, proposa-t-elle dans un sourire. Si elles devaient avoir une conversation longue et sérieuse, autant ne pas faire ça dehors. J'ai envie d'un chocolat chaud.

D'un pas décidé, la bleue et bronze conduisit donc son amie jusqu'au café de Mme Piedoddu. Pendant un temps, elle n'avait plus réussi à mettre les pieds dans ce café, tout lui y rappelait le souvenir de sa rupture violente avec Linus, mais maintenant, elle y retournait sans souci. Elle n'avait clairement pas passé l'éponge, par contre, elle avait tourné la page. Et même si la déco était moche, le chocolat chaud était définitivement trop bon. Elles s'installèrent donc dans le café, et ce fut une fois qu'elles eurent passé commande que la bleue et bronze repassa à l'attaque. Elle n'en pouvait plus de tout ce suspense. Elle avait besoin de comprendre ce qui arrivait à son amie, comment l'aider et la conseiller, sinon.

-Bon alors, raconte-moi tout !

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ans un cadre un peu plus convivial, Melody était convaincue que son amie aurait plus de facilités à se confier, et apparemment, elle ne s’y était pas trompée, puisqu’après ce qui lui sembla être un moment d’hésitation, la jeune femme se lança et lui expliqua plus précisément ce qui lui arrivait exactement. La jeune femme ne put s’empêcher de sourire en entendant le récit de Clio. Elle le ferait sans doute bien moins si elle savait précisément de qui la jeune femme parlait, mais puisque ce n’était pas le cas, elle était surtout amusée et enthousiasmée d’entendre son interlocutrice lui parler de ce qui avait tout l’air d’être un sacré béguin. La façon dont elle en parlait ne trompait pas, encore moins quand on connaissait le caractère parfois expansif de la jeune femme, sans rapport avec le comportement qu’elle était en train de décrire : elle rougissait quand elle le voyait, elle était incapable de soutenir son regard, elle avait l’impression de ne pas être elle-même, mais en même temps, eh bien, ça ne la dérangeait pas tant que ça.

Melody pouvait comprendre. Des béguins comme cela, la bleue et bronze en avait connus aussi (notamment pour Linus, d’ailleurs, à l’époque, mais ce temps appartenait à un passé sur lequel elle n’avait plus la moindre envie de revenir), elle avait toujours tendance à s’emballer de la sorte, sentimentalement, avec les réactions que cela pouvait engendrer. Bon… dans sa dernière relation, cette relation si forte que Melody était totalement convaincue du fait que rien ne saurait jamais l’éteindre, que Lexie était la femme de sa vie et que rien ne les séparerait, malgré les difficultés qu’elles pouvaient rencontrer, elle n’avait pas vraiment ressenti ça. Tout avait juste été… naturel, sûr, évident. Pas de gêne, pas de regards à la dérobée, juste l’évidence pure… mais toutes les histoires n’étaient pas les mêmes. Et dans tous les cas, Melody croyait en l’amour plus qu’en n’importe quoi d’autres, alors elle était toujours enthousiaste à l’idée d’encourager les amours naissantes… Ceci dit, elle allait sans doute déchanter pour cette fois, sans encore le deviner.

-Tu as bien fais de contacter le docteur Farnsworth, plaisanta Melody qui préférait porter à cette situation un regard amusé et bienveillant que trop sérieux. Mon diagnostic est sans appel, tu as le béguin. Et c’est une très bonne chose, tu sais. Et maintenant, elle ne demandait plus qu’à passer à l’offensive. Elle lui avait mis l’eau à la bouche avec ses propos, elle voulait connaître le nom de son mystérieux Don Juan, à présent. C’est qui ? Je le connais ?

S’il était à Poudlard – et il devait forcément y être, pas vrai ? –, elle le connaissait forcément, pas vrai ?

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