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hèdre était une personne loyale, et en certaines occasions, elle regrettait très franchement de l'être... Rendre des services aux personnes qu'elle aimait passait encore, elle pouvait accepter de se faire dévisager par amour pour Aaron afin que son secret ne soit pas dévoilé. Consentir à se faire rembarrer constamment par pure amitié, soit, avec Seth, elle était servie (même si, plus le temps passait, plus il se montrait conciliant avec elle, ce qui l'arrangeait tout de même). Accepter d'honorer une dette d'honneur envers une amie, en soi, c'était vraiment normal et naturel pour elle... Mais là, puisque ça résidait dans le fait de faire du baby-sitting pour dépanner Leta... elle ne pouvait pas prétendre que ça l'enchantait. Elle aimerait bien rembarrer Leta et l'envoyer paître, mais ce n'était pas son genre... elle avait promis, et elle devait tenir cette promesse, même si elle craignait quand même largement les retombées que cela pourrait bien avoir sur elle.

Dans tous les cas, elle avait promis à Leta de garder Hyppolite Dragonneau alors oui, effectivement, elle le faisait... et ce gosse n'était pas forcément un cadeau. Bon, il était mignon, quelque part... mais il restait... un gamin quoi qu'il en soit, et Phèdre et les gamins, ce n'était vraiment pas son truc. Certes, Phèdre avait de plus en plus le sentiment qu'elle serait capable de devenir mère un de ces quatre, mais pour autant, il ne fallait pas s'imaginer qu'elle puisse avoir la fibre maternelle avec les gamins des autres. Leta n'abusait pas trop de sa promesse, certes, mais Phèdre avait quand même déjà trop souvent le sentiment d'accorder un temps bien trop considérable au fils Dragonneau quand elle pourrait être plutôt avec Aaron, ou en train de s'assurer que Seth ne faisait pas une grosse connerie... enfin... elle avait pris de la lecture, et elle comptait bien lire un peu pendant que le garçon s'occuperait de son côté. Qu'il apprenne l'autonomie, va... N'empêche, vivement que Leta se décide à rendre le gamin à ses parents, elle n'en pouvait vraiment plus de tout ça. Cette mascarade n'avait vraiment ni queue ni tête... Leta elle-même ne semblait pas vraiment savoir ce qu'elle foutait avec son kidnapping à la noix, alors elles n'étaient pas sortie de l'auberge.

-Salut, répondit Phèdre en pénétrant dans l'appartement de Leta une fois que le gamin l'ait saluée. Elle rejoignit le salon, déposa sa veste et son sac au hasard et s'assit sur le fauteuil le plus proche, poussa un soupir. Bon, tu vas bien, j'imagine.

Non pas qu'elle s'en soucie forcément, mais si en plus le gamin devait être malade ou Merlin sait quoi, ils ne seraient pas sortis de l'auberge.

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ais quel ronchon, celui-là ! Jamais content... En même temps, ce n'était pas comme si elle était vraiment surprise, à force de le baby-sitter, elle commençait à bien le connaître et à cerner sans difficulté son caractère de petite teigne... Bon, il avait sûrement de bonnes raisons de se sentir mal, parce qu'il n'avait pas vu ses parents depuis longtemps (ceci dit, pour sa part, ça ne l'aurait pas dérangée du tout), parce qu'il était aux prises avec une femme dont il ne savait absolument rien. Mais déjà que Phèdre prenait la peine de surveiller le mioche, il était assez évident qu'elle ne tenait pas à l'entendre geinde par-dessus le marché. S'il pouvait se contenter de lui dire qu'il allait bien, même sans le penser, ça l'arrangerait. Mais non, il fallait évidemment qu'il se plaigne. Comme si ça allait changer quelque chose pour elle. Qu'il aille bien ou non ne faisait pas une grande différence à ses yeux. Elle faisait acte de présence et le laissait vivre sa vie. Pour elle, c'était le deal, et elle apprécierait qu'il le respecte. Mais il ne fallait visiblement pas trop lui en demande, sale gamin. Et voilà qu'il lui demandait quand il pourrait partir. Non mais sérieusement. Il lui posait constamment la question et elle lui répondait constamment la même chose. Honnêtement, c'était singulièrement lassant.

-Qu'est-ce que j'en sais, moi ? répondit la journaliste dans un soupir las, qui n'avait pas envie de faire l'ombre d'un effort vis-à-vis de son jeune interlocuteur. Déjà, quand on y réfléchissait, elle faisait un effort surhumain en se déplaçant jusqu'ici et en consacrant à Hyppolite un temps qu'elle pourrait adresser à d'autres. Aaron notamment. Ou Seth. Ecoute, t'es peut-être coincé ici pour très très longtemps, alors si j'étais toi, je rongerais mon frein et je me contenterais de ce que j'ai. Je pense que y a pas mal de gamins kidnappés qui rêveraient d'être à ta place, tu sais.

Elle exagérait à peine, vraiment, car à ses yeux, oui, même si Hyppolite n'était pas satisfait de son sort, il devrait faire avec et cesser de se plaindre inutilement. Il pourrait être maltraité, mutilé, torturé, mal nourri... Ce n'était pas le cas Alors qu'il se taise et qu'il tue juste le temps, comme elle. Dans les circonstance actuelles, c'était le mieux qu'ils avaient à faire.

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hèdre pouvait quand même reconnaitre ça à son jeune interlocuteur (même si le petit Dragonneau n'en était pas moins une sacrée teigne, le genre de gamin qu'elle ne supporterait pas d'avori - en même temps, elle ne supporterait d'avoir aucun gamin), il avait beau être insupportable, il ne manquait au moins pas de cran. Dans une situation telle que celle-ci, il était en droit de lui en vouloir, de lui faire des reproches, d'avoir peur, de râler... Lui, il prenait le parti d'être égoïste et de ne pas se laisser démonter même face à une ses séquestrateurs. Elle ne pensait pas qu'elle aurait réagi, elle, avec autant de culot si leurs rôles avaient ét inversés. Elle pouvait bien reconnaître que ça imposait le respect, l'air de rien... Mais un respect tout relatif quand même. Ce serait vraiment une libération quand Hyppolite serait, enfin... eh bien, justement, libéré de son côté. Elle avait vraiment hâte que ce soit le cas. Bon, cela dit, pour ce qu'il pouvait forcer d'admiration chez elle, elle devait quand même avouer qu'elle s'épargnerait bien ses questionnements. Là, elle voulait juste se poser dans un coin, plonger le nez dans un bouquin, et attendre que le temps passe, tout simplement.

-Tu te mêles vraiment de ce qui te regarde pas, toi, hein ? Pas étonnant que t'attires les emmerdes, répliqua Phèdre avec un fin sourire au coin des lèvres. Mieux valait prendre le parti d'en rire, même s'il apprécierait de s'épargner l'interrogatoire du gamin, pour la peine. T'es encore trop jeune pour comprendre ce genre de choses, mais j'ai une dette envers elle.

Le genre de dette qui ne pouvait que dépasser complètement son jeune interlocuteur. Oui, Phèdre avait une dette envers Leta, une dette de sang et d'honneur, ni plus ni moins, et rien de ce qu'Hyppolite avait pu vivre ne devait être comparable, elle en était même assez certaine. Il savait peut-être ce que c'était que d'être redevable, mais certainement pas ce que c'était, en revanche, d'avoir une véritable dette à remplir, une promesse sur l'honneur qui ne pouvait pas le moins du monde être rompue. Et franchement, elle s'épargnerait bien d'avoir un tel sens de l'honneur à l'heure actuelle. Malheureusement, il n'y avait rien qu'elle puisse concrètement y faire.

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lus elle passait de temps en présence d'Hyppolite, plus Phèdre se demandait si Leta ne s'était pas contenté prétexté devoir régulièrement s'absenter non pas parce qu'elle avait de réelles obligations à l'extérieur, mais parce qu'elle voulait sauter sur n'importe quel prétexte pour ne pas avoir à entendre les jérémiades de ce gamin. Oh, par certains aspects, Phèdre finissait par le trouver attachant, mais quel petit râleur, quand même ! Bon, on peut le dire, il avait quand même de très bonnes raisons de râler et de ne pas être le jeune adolescent le plus amène du monde, mais en certaines circonstances, la journaliste se disait que d'aucuns auraient dû lui apprendre à fermer la bouche de temps à autre. D'un autre côté, elle le trouvait un peu attendrissant, pour une très bonne raison : à son âge, elle était un peu pareille. Insupportable, donc... mais en même temps, un caractère bien trempé est la condition à une vie bien remplie, et elle était convaincue du fait qu'Hyppolite mènerait une vie digne de ce nom, pour peu qu'il parvienne à échapper aux griffes de Leta... est-ce que ça finirait par arriver ? Phèdre le pensait, mais elle ne pouvait bien évidemment pas en être sûre.

-Elle m'a sauvé la vie, répondit Phèdre dans un haussement d'épaules. Elle ne devrait peut-être pas satisfaire à la curiosité de son interlocuteur, mais ça ne lui coûtait rien de répondre en soi, et puis, elle était coincée avec lui, de toute façon, alors le temps passerait peut-être un peu plus vite si elle acceptait de jouer ne serait-ce qu'un minimum à ce petit jeu de questions-réponses. Donc oui, c'est une sacrée dette, on peut le dire. Elle marqua une légère pause, accompagnée d'un fin sourire. Il fallait au moins ça pour que j'accepte de te supporter. On t'a déjà dit que t'étais pas facile à vivre, comme gosse ?

Elle était convaincue qu'elle n'était pas la première, en tout cas, et elle se disait que ce n'était certainement pas ses échanges avec le jeune garçon qui allaient faire naître en elle un instinct maternel qu'elle ne s'estimait pas du tout avoir (cela même si sa relation avec Aaron avait déjà remis pas mal de choses en question sans même que Phèdre ne s'en rende réellement compte dans un premier temps).

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