À

présent que leurs fiançailles étaient officialisées, les journées de Cedrella lui paraissaient beaucoup moins moroses. La présence relativement fréquente de Meredith aidait également. Bon, il n'était pas rare que la jeune femme s'agace de voir la que la rouquine continuait de les squatter allègrement depuis tout ce temps, restreignant singulièrement les moments d'intimité qu'elle pouvait grapiller avec son fiancé, mais elle avait tenu ses engagements, elle se montrait relativement discrète et s'absentait de temps à autre afin de les laisser un peu tranquilles. Bref, ils parvenaient toujours à y trouver un tant soit peu leurs comptes, et Cedrella était un peu moins incommodée qu'au départ par la présence de l'adolescente (même si elle espérait quand même qu'elle allait finir par filer, il ne s'agirait pas d'abuser non plus). Elle avait un objectif, elle s'ennuyait moins, ce devait améliorer son humeur et l'empêcher de se montrer trop désagréable avec Ginny qui, par bien des aspects, lui faisait à vrai dire penser à Septimus, dans son caractère et dans son apparence. En bref, son temps était totalement consacré à la préparation de noces qu'elle avait envie de voir arriver le plus tôt possible. Sa famille lui manquait toujours, mais leurs jugements et le fait que personne, pas même ses soeurs, n'ait fait le moindre pas vers elle après qu'elle ait été reniée comme une moins que rien aidait fortement accentuaient le fait qu'elle ne tienne plus à porter le nom de "Black", surtout pas.

Alors elle allait de rendez-vous en rendez vous, se partageait entre fleuriste, traiteurs, gérants de salles de réception, bref, tout ce joyeux bordel. En se faisant violence pour demeurer raisonnable quant à ses exigences et quant au montant de chaque prestation. Elle savait que Septimus économisait et ne comptait pas ses heures entre autres pour lui offrir le mariage de ses rêves, mais elle n'attendait pas réellement cela de lui, en fin de compte, elle tenait bien davantage à sa présence qu'à tout le faste qui entourerait leur cérémonie. Même s'il est vrai qu'elle avait quand même envie d'une fête un peu mémorable, et que certains réflexes de l'époque où les gallions tombaient quasiment du ciel pour elle restaient quand même bien ancrés. Ce soir-là, Cedrella feuilletait le catalogue d'une boutique spécialisée dans les robes de mariées, quand Septimus rentra du travail... Son attitude et son propos ne tardèrent pas à faire comprendre à Cedrella qu'il s'était passé quelque chose, et quelque chose d'important.

-Qu'est-ce qu'il y a ? Qu'est-ce qu'elle a fait ?

D'accord, c'était une interprétation très précipitée de faits dont elle ignorait encore la nature, mais quand Septimus lui assurait devoir lui parler de Meredith, Cedrella ne pouvait s'empêcher de se faire sa propre interprétation des faits, et elle supposait que Meredith avait fait quelque chose en effet, et quelque chose de grave, qui plus est, manifestement.

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L

a réponse de Septimus n'eut rien pour rassurer Cedrella, en réalité. Si Meredith avait bel et bien fait quelque chose, même une immense connerie, elle aurait un minimum de contrôle sur la situation. Mais Meredith n'avait apparemment rien fait... Non, ce n'était pas ça, elle n'avait rien fait dans le sens qu'elle entendait... ce qui, soyons bien d'accord, était pire encore... Car si ce n'était pas dans le sens qu'elle entendait, alors dans quel sens était-ce, exactement ? Elle craignait de le découvrir, et n'était vraiment pas certaine de le vouloir, au demeurant. Non, ça ne lui disait vraiment rien qui vaille, et ce n'était clairement pas ce qu'allait ajouter son fiancé ensuite qui allait lui faire changer d'avis. Voilà qu'il lui demandait à présent de croire en l'invraisemblable. Cedrella voyait bien que Septimus était sérieux, aussi sérieux qu'on peut l'être, mais elle ne pouvait s'empêcher d'appréhender le pire... qui était bien évidemment encore trop loin de la vérité. Oui, Cedrella voulait bien croire son homme sur parole, parce qu'elle ne s'imaginait pas faire autrement, tout simplement, quand il lui parlait de la sorte, mais tout de même, elle si terre à terre avait ses limites.

Des limites plus que franchement franchies quand il lui apprit toute la vérité. Des sorciers qui voyageraient dans le temps. Même pour Cedrella, qui avait baigné toute sa vie dans le quotidien des sorciers et qui connaissait la magie par coeur, ce récit paraissait dors et déjà alambiqué, mais pourquoi pas... Mais le reste, le reste... Ce groupe venait du futur ? Meredith en faisait partie ? Meredith était leur... QUOI ? Une Weasley... Leur petite-fille ? Oui, là, c'est sûr, Septimus avait raison d'exiger de sa part le plus de tolérance et de compréhension possible, parce que toute cette histoire était trop... absurde pour qu'elle sache réellement ne pas croire en une mauvaise blague. Oui, elle voyait que Septimus croyait en ce qu'il disait, mais est-ce qu'il disait vrai pour autant ? En même temps... ça expliquait des tas de choses, à commencer par ce sentiment de familiarité qu'elle avait eu en découvrant la jeune femme sur le pas de la porte. C'était un fait, Meredith (Ginny ?) avait tout d'une Weasley, mais... Mais non, c'était si...

-C'est elle qui t'a raconté ça ? demanda-t-elle, sur la réserve.

Elle ne baissait pas la garde encore, elle était bien trop sonnée par cette révélation pour savoir l'accueillir avec calme et sérieux. Elle voulait encore croire qu'il s'agissait d'une mauvaise blague (d'une très mauvaise blague, même), que Septimus s'était fait avoir pour une raison ou une autre... Et si c'était vrai, qu'est-ce que ça changerait pour eux ? Tout et rien, peut-être, mais elle ne savait pas si elle était prête à accepter tout ça malgré tout.

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A

u fond, Cedrella aurait bien aimé que ce soit bel et bien Meredith qui ait inventé toute cette histoire pour endormir Septimus, parce qu'elle se serait sentie menacée (elle les squattait depuis bien longtemps, elle devait bien se douter que le seuil de tolérance de la jeune femme était depuis un bon moment dépassé) ou pour n'importe quelle raison tordue. Bien sûr, elle savait que c'était mal présumer de l'intelligence de son futur époux (et elle était bien placée pour savoir qu'il n'était pas le dernier des idiots, même si elle s'était plu à le qualifier ainsi pendant bien longtemps, beaucoup trop longtemps sans doute) que de croire qu'il aurait avalé ces couleuvres comme ça, sans preuves tangibles, et elle comprendrait que son fiancé se sente vexé de son incrédulité... mais la vérité était si... incroyable, si difficile à avaler, qu'il lui était tout bonnement impossible de l'entendre sans éprouver l'envie de la remettre en question. Elle voulait croire en un canular pour ne pas croire en la stricte réalité, sauf qu'elle allait bien devoir voir les choses en fface. Tout ceci n'était pas qu'une sinistre blague inventé de toutes pièces par elle ne savait quel fauteur de trouble, loin s'en faut. C'était une personne du ministère qui l'en avait informé. Là-dessus, elle n'avait rien à redire. Il paraissait effectivement logique que l'on ait mandaté un ou plusieurs membres du ministère de la Magie pour gérer cette situation de crise... Ce n'était pas pour autant qu'elle se sentait complètement sereine vis-à-vis de tout ça ou que toute réticence avait disparu, mais cette fois, elle devait bien reconnaître que si la source était fiable, le propos devait l'être aussi. Ces jeunes avaient perdu une des leurs qui s'étaient évaporée dans la nature, une rouquine du nom de Ginny Weasley. Cedrella, qui par la force des choses en savait long sur les sangs purs, savait bien que la lignée des Weasley en était, et que les probabilités dans ce contexte qu'elle soit autre chose que leur petite-fille tombaient à l'eau... Mais quand même... leur petite-fille, vraiment ?

Septimus réclamait une nouvelle fois qu'elle le croie, elle le lisait dans son regard, il avait même besoin qu'elle se range de son côté. Elle allait devoir se faire une raison... C'était incroyable, d'accord, mais si c'était la vérité... il allait falloir réussir à la gérer, ce qui pour Cedrella n'était pas une mince affaire. Que faire d'une information aussi énorme ? Comment réussir à gérer une telle découverte ? Elle n'en avait vraiment pas la moindre idée. Ce qu'elle savait en revanche, c'est que cette dernière pourrait bien tout changer, venir tout bouleverser au-delà du concevable.

-Qu'est-ce qu'on va faire... ? finit-elle par demander, à court d'arguments, comme s'il pouvait y avoir quoi que ce soit à faire, d'ailleurs, en la circonstance.

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E

n vérité, Cedrella ne savait pas exactement quelle réponse elle espérait de la part de son fiancé, elle était bouleversé par cette improbable révélation, elle avait besoin d'être soutenue, elle avait besoin qu'on lui remette les pieds sur terre, d'une manière ou d'une autre, mais elle ne pouvait pas attendre cela de Septimus, parce qu'ils étaient tous les deux dans le même panier. Ils se prenaient tous les deux cette situation de plein fouet, il ne devait pas savoir plus qu'elle de quelle manière réagir et comment s'y prendre, il ne devait pas savoir plus qu'elle ce qui allait se passer à présent. Mais elle voulait quand même avoir son opinion sur la situation, savoir comment il voyait les choses, exactement, de son côté. Quand Septimus lui répondit qu'il ne savait pas, Cedrella ne fut pas surprise, non, c'était normal et logique qu'il n'en sache rien tout comme elle n'en savait pas davantage. Malgré tout, il ajouta quelques mots, et cela eut le mérite de la réconforter un peu. Elle avait besoin d'initiatives dans cet océan d'incertitudes, et c'était très exactement ce que lui apportait son futur mari, à son grand soulagement. Elle hocha doucement la tête quand il affirma qu'elle n'était pas venu les trouver sans raison, c'était évident, et puisqu'ils savaient maintenant que sa présence n'avait pas été le fruit du hasard, ils pouvaient agir en conséquence.

-Tu crois ? demanda-t-elle, hésitante, quand Septimus suggéra de la convaincre de retrouver ses amis. Il le fallait, c'est vrai, parce qu'elle était techniquement recherchée, c'était une chose d'héberger une jeune fille paumée et sans domicile, c'en était une autre d'héberger une jeune fille quelque part fugitive. Sauf que la fille paumée, Meredith, avait été une inconnue. La fugitive, Ginny, était leur petite-fille, et forcément, ça changeait tout. Tu te souviens comment elle était, quand elle a frappé à notre porte, ce qu'elle nous a dit... ? Elle n'avait pas gardé les termes précis à l'esprit, mais elle avait parlé de mensonge, de conflits, de cris, elle était bouleversée... Elle ne les avait pas trouvés sans raison, non, elle avait ressenti le besoin d'être auprès de sa famille, une chose que Cedrella aurait aimé être capable de comprendre directement. Il a dû se passer avec eux, elle avait peut-être de bonnes raisons de partir... Et dans ce cas, peut-être qu'il valait mieux essayer de déterminer quoi avant de la ramener à ses "amis" qui n'étaient peut-être plus fidèles à ce terme. En même temps, même en sachant ce qu'ils savaient, ils ne pouvaient pas juste la cacher chez eux, ça ne pouvait pas être aussi simple... Cette situation n'avait clairement rien de simple. Il faut qu'on lui parle, qu'on comprenne ce qui s'est passé exactement, avant de décider quoi que ce soit.

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C

edrella hocha doucement la tête en réponse aux propos de son interlocuteur quand il affirma qu'il valait mieux savoir ce que Ginny (il allait falloir qu'elle s'habitue à l'appeler ainsi) comptait faire avant de prendre la moindre décision. Elle était bien d'accord. Il fallait qu'ils comprennent exactement ce qui lui était arrivé et quelles avaient été ses intention exactement en frappant à leur porte. Bien sûr, si on la recherchait au sein du ministère de la Magie, ils ne pouvaient pas non plu la cacher et la protéger ad vitam aeternam, mais il était nécessaire qu'ils y voient plus clair. Cedrella appréhendait beaucoup cette conversation, mais elle avait aussi hâte d'avoir cette conversation... pour démêler le vrai du faux, pour assouvir sa curiosité... pour comprendre, tout simplement... Même si certaines réponses devaient demeurer dans l'ombre, elle en avait bien conscience, elle n'aurait pas forcément une grande facilité à l'accepter, mais elle en avait conscience malgré tout. Enfin, il ne fallait pas faire de plans sur la comète. Qui sait ce qui se passerait bel et bien quand ils confronteraient la jeune femme à la vérité. Impossible de le présumer d'avance.

-Oui..., confirma Cedrella quand Septimus reconnut que ça ferait bizarre, à présent... Effectivement, elle ne pourrait plus jamais regarder la jeune rouquine de la même manière. Ce serait impossible. Elle ne serait plus jamais la même à ses yeux. Et c'était, au fond, pour le mieux, sans doute. J'ai tellement de questions... Et je sais qu'il vaut mieux qu'on n'en sache pas trop non plus...

Mais c'était plus fort qu'elle. Forcément, forte de l'existence de Ginny, elle s'interrogeait pour plein de raisons. Combien auraient-ils d'enfants ? A quoi ressemblait leur vie dans le futur d'où elle venait ? Qu'allaient-ils devenir ? Mais savoir qu'ils auraient une petite-fille du nom de Ginny, c'était sans doute déjà beaucoup trop, en fin de compte.

-Mais quelque part... J'aime cette idée. C'était étrange, complètement perturbant, mais elle devait bien reconnaitre, plus elle parvenait à assimiler cette information, plus elle la séduisait, plus elle lui plaisait. Elle se rapprocha de Septimus et serra ses mains dans les siennes, plongea son regard dans le sien. Toi et moi, on va fonder une vraie famille, on passera toute notre vie ensemble, rien ne nous séparera... Elle déposa ses lèvres sur les siennes. Ca me plaît.

Oh oui, ça lui plaisait, parce que c'était tout ce dont elle rêvait, tout ce qu'elle espérait. Oh, elle était déterminée à passer sa vie entière avec lui, c'est l'évidence, mais parfois, elle avait peur que les circonstances ne les séparent, de ne pas être suffisamment bien pour Septimus, de ne pas supporter les assauts répétitifs de sa famille. Leur histoire n'était pas née sous une bonne étoile. Mais elle connaîtrait le plus beau des destins.

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C

ette situation était complexe et particulière, mais au fond, Cedrella savait qu'elle était plus belle que terrible, car elle présageait le meilleur pour le couple qu'elle formait avec Septimus en dépit des nombreuses difficultés qu'ils rencontraient tous les deux... Elle préférait voir le côté positif des choses. Certes, elle n'était pas forcément une grande optimiste de nature, c'était même tout l'inverse, mais ces circonstances, même étranges, prêtaient davantage à lui donner de l'espoir qu'à lui communiquer de l'angoisse... Septimus lui confia que lui aussi était tenté de vouloir en savoir plus. Logique, c'était de leur avenir qu'il était question, donc forcément, ça devait les intriguer. Mais elle ne pouvait pas le détromper quand il affirmait qu'il aimait garder une part de surprise dans tout cela malgré tout. Elle aussi devait bien admettre qu'elle ne serait pas forcément heureuse de tout savoir, mais en même temps, elle se disait qu'avoir des réponses à certaines de ses questions aurait le don de la soulager grandement et à plus d'un titre. Ainsi pourrait-elle savoir ce qu'il adviendrait de sa relation avec sa famille, ainsi pourrait-elle savoir quels remous potentiels leur histoire rencontrerait, ainsi saurait-elle les erreurs qu'elle ne devrait pas reproduire... seulement, connaître une partie, c'était entrevoir le tout, et ce n'était pas préférable. D'autant qu'ils pourraient bien altérer leur avenir, à trop en savoir. Joli casse-tête temporel que voilà... Mais au lieu de se prendre la tête, oui, Cedrella préférait quand même considérer le meilleur de la situation, et le fait que son fiancé le pense aussi et réagisse de la même manière qu'elle l'y encourageait grandement par ailleurs.

-Oui, ensemble, on peut tout dépasser, confirma-t-elle dans un sourire, ravie de pouvoir le dire en étant plus certaine de cela qu'elle ne l'avait jamais été. Elle était folle amoureuse de Septimus, quoi qu'il arrive, elle n'imaginait pas sa vie sans lui, mais la vie leur mettait sans cesse des bâtons dans les roues (et dernièrement, ils ne pouvaient clairement que le constater), alors forcément, ça ne faisait le plus grand bien de remplacer les craintes par les certitudes. Mais tu n'en doutais pas, pas vrai ? ajouta-t-elle dans un fin sourire. Bon, elle prononçait ces mots avec douceur et décontraction, sans blâme ni accusation, mais tout de même, elle se posait un peu la question.

Est-ce que Septimus aurait tenu le coup ? Est-ce qu'il aurait vraiment supporté la pression constante qu'ils subissaient tous les deux, est-ce qu'il n'avait pas, parfois, l'envie de baisser les armes ? Si ça devait être le cas, la jeune femme ne le lui reprocherait pas. Evidemment, ça l'attristerait, parce qu'elle ne voulait pas que quoi que ce soit puisse les briser, les séparant. Mais en acceptant d'être avec elle, il avait aussi accepté de se coltiner une "belle famille" aux idées arriérées et aux méthodes déplorables. Alors, forcément...

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I

l n'y aurait rien eu d'anormal à ce que le jeune homme ait eu quelques doutes concernant leur avenir commun à tous les deux, pas par remise en cause de leurs sentiments, bien sûr, mais parce que dès le début, tout s'était opposé à leur histoire... Et aujourd'hui encore, de nombreuses personnes continuaient de s'y opposer avec la plus grande ferveur. Mais ils pouvaient tout surmonter, leur amour était plus fort que tout cela. Il avait suffi à Cedrella pour renoncer à ses principes, à sa fortune et à toute sa famille, alors à ce stade, il n'y avait vraiment plus rien qui pourrait détourner Cedrella de Septimus. Des épreuves, s'il devait y en avoir, il y en aurait, très clairement... mais ils feraient front. Et ils seraient heureux, à la tête d'une famille belle et unie. Une famille sur laquelle Cedrella se poser des centaines de questions, à présent, au vu des circonstances. Ceci dit, elle, était rassurée par cette situation. C'est sûr que c'était inattendu et franchement étrange, c'est vrai qu'elle avait un peu de mal à se faire à l'idée, mais elle s'en fichait, quelque part... Elle se sentait bien, satisfaite, heureuse... Parce qu'un horizon d'infinis possibles s'ouvrait à eux à présent, et elle voulait croire à chacun d'entre eux tant que ces derniers lui permettaient de rester près de l'homme qu'elle aimait, qu'elle aimerait jusqu'à la fin de sa vie. Cedrella leva les yeux au ciel quand Septimus évoqua le fait que sa couleur de cheveux allait traverser les générations.

-Je vais devoir me résigner, dit-elle en poussant un faux soupir.

Ils en avaient déjà parlé. Quand ils parlaient de leurs futurs enfants, ils avaient déjà évoqué la probabilité très forte qu'ils soient roux étant donné que les Weasley l'étaient de génération en génération (ceci dit, les Black, eux, se distinguaient bien pour la plupart part une chevelure noire de jais ou à la limite brun foncé... mais bon, ce n'était pas comme si elle était encore considérée comme une Black, pas vrai ?), et si elle faisait mine que ça l'incommodait, ce n'était pas le cas du tout. Elle charriait beaucoup sur les cheveux de Septimus, mais en vérité, elle les adorait. Parce que, c'est bien simple, elle aimait tout chez lui, y compris ce qu'elle avait prétendu détester à une époque. Surtout ce qu'elle avait prétendu détester à une époque.

-Au moins, notre petite-fille a hérité de la beauté de sa grand-mère, ajouta-t-elle l'air de rien pour alimenter ce faux débat.

C'était quand même étrange de se qualifier encore de grand-mère alors qu'elle n'était même pas encore mère, mais après tout, vu l'étrangeté de la situation, c'était quelque part la moindre d'entre elles.

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P

eut-être que dans d’autres circonstances, la jeune femme aurait pu tiquer à l’idée que son fiancé trouve la demoiselle qu’ils avaient hébergée pendant des semaines mignonnes, mais au regard des nouvelles informations qu’ils avaient recueillies (outre le fait que Cedrella avait confiance en Septimus et savait bien qu’il n’avait rien d’un pervers), il était évident qu’elle ne pourrait pas le lui reprocher et devait plutôt considérer cela comme un compliment fait à sa propre personne. D’autant plus que c’était elle qui avait lancé le sujet, après tout, ce qui justifiait d’autant moins d’en faire tout un plat. C’était davantage une manière de considérer cette situation singulière avec une légèreté qu’il n’était pas simple d’adopter en de telles circonstances. C’était aussi une façon de voir le meilleur aspect d’une situation qui n’avait ni queue ni tête et qui avait tout pour angoisser et perturber n’importe qui d’un tant soit peu sensé.

Le sourire de Cedrella s’élargit quand il lui fit remarquer qu’avant que de faire d’elle une grand-mère, il serait de bon ton qu’ils deviennent déjà parents… Ce qui était non seulement techniquement vrai, mais assez exaltant, par ailleurs. Tout comme Cedrella se sentait parfaitement prête à devenir l’épouse de Septimus (en même temps, elle l’avait été dès l’instant où ils avaient fui ensemble, c’étaient les circonstances qui avaient voulu qu’ils attendent), elle pensait être tout à fait prête à devenir mère. Elle avait toujours su qu’elle voudrait fonder une famille. Elle ne pouvait nier que c’était sans doute lié à son éducation. En attendant, même si elle avait renoncé à beaucoup de préceptes des Black, cette idée-là ne l’avait pas quittée… Elle serait tout à fait capable d’élever un enfant, là, maintenant… mais bon, mieux valait éviter de griller les étapes. Pour commencer, le mariage, ensuite, les enfants… Ils étaient déjà la honte d’une certaine sphère du monde sorcier, il n’était peut-être pas nécessaire d’en rajouter une couche supplémentaire en tombant enceinte hors mariage (même si l’on pouvait se dire d’un autre côté que… un peu plus, un peu moins, ils n’étaient plus à ça près).

-Je pense que c’est une bonne idée, en effet, confirma la jeune femme dans un sourire. Vraiment, cette confirmation de la réussite de leur couple et de leur mariage à venir lui faisait du bien. Tout à coup, elle se sentait invincible, en cet instant. Parce que les obstacles qu’ils rencontreraient, ils les dépasseraient forcément. Et je pense qu’il va falloir s’exercer… intensivement…, ajouta-t-elle d’un ton taquin. Pour augmenter nos chances, tu vois…

D’accord, d’accord, après le mariage, tout ça tout ça, mais quiconque ne comprendrait pas qu’il s’agissait là d’un prétexte ne comprendrait absolument rien à rien. Et pour ce qui était de vivre « dans le péché », le jeune couple s’en donnait à cœur joie depuis un bon moment déjà. On pouvait dire, sans craindre de se tromper, qu’ils n’étaient plus à cela près, loin s’en faut… Et ça ne datait pas d’hier… ça datait même de la première fois, en fait.

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C

edrella avait toujours imaginé sa vie future comme celle d'une femme mariée, mère d'un voire plusieurs enfants. A coup sûr, c'était lié à son éducation, un quelque chose qui lui était resté même après avoir quitté le giron des Black (dont elle avait hâte de ne plus porter le nom, au passage, mais elle avait encore le temps de voir venir), et elle était soulagée de savoir que ce projet ne serait pas juste un projet... mais quelque chose de concret... Quand ? Comment ? Va savoir, mais c'était encourageant... même si, maintenant, tout de suite, c'était trop tôt. Pas parce qu'ils n'étaient pas prêts (à vrai dire, Cedrella se sentait totalement prête à devenir maman, et elle ne pouvait s'empêcher de considérer avec envie Callidora, maman de longue date maintenant... et encore, elle ne savait pas que Charis était enceinte - ce qui en disait vraiment long sur l'état de leurs relations), mais parce que leur relation était vue d'un suffisamment mauvaise oeil comme ça pour que, en plus, ils fassent un enfant hors mariage. Non, ça pouvait bien attendre... mais ça ne voulait certainement pas dire qu'ils ne pouvaient pas... s'exercer un peu en attendant. Ca ne faisait jamais de mal, non ? Cedrella était plutôt portée à croire que ça faisait beaucoup de bien, même. Et là-dessus, ils se connaissaient par coeur, ils savaient pertinemment de quelle manière s'y prendre. C'est après tout comme cela que tout avait commencé entre eux.

-Très important, confirma Cedrella dans un souffle, voyant que son futur mari rentrait parfaitement dans son jeu (en même temps, qu'attendre d'autre de sa part ? Ils se connaissaient par coeur, elle s'était évidemment doutée que les choses se dérouleraient ainsi).

Elle n'ajouta rien de plus. A ce stade, il était assez évident que les mots n'avaient plus rien de nécessaires. La seule chose qui importait encore, c'était le moment présent, le contact de ses lèvres contre les siennes, la chaleur qui se répandait dans tout son corps. Cette envie de lui appartenir, encore et encore. Elle lui rendit donc son baiser avec toute la passion du monde, se pressant un peu plus contre lui, laissant ses doigts courir à leur aide le long de son corps. La jeune femme avait d'être absorbée par lui de se laisser consumer par leur étreinte, comme à chaque fois, alors qu'il savait susciter en elle un désir sans cesse renouvelé. Ne se décollant presque à aucun moment de ses lèvres, elle s'appliqua à retirer son haut pour venir caresser directement la peau de son torse. Son corps, elle le connaissait par coeur, et pourtant, elle ne se lassait jamais de le parcourir, encore et encore, et savait toujours se laisser surprendre par ces moments d'intimité durant lesquels ils n'avaient jamais de cesse que de repousser (brillamment) les limites du plaisir.

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utrefois, la perspective de devenir épouse et mère n'enchantait pas réellement Cedrella. Elle s'y était résignée, parce qu'elle savait que c'était de cela que son avenir devait être fait, mais elle n'avait jamais éprouvé quelque enthousiasme que ce soit à cette perspective malgré tout. Devenir épouse, devenir mère, cela relevait à ses yeux d'un devoir à accomplir, et rien d'autre. Mais tout avait changé. Septimus avait tout changé. A ces côtés, elle avait envie de vivre tout ce qu'on lui avait promis de vivre un jour, pas par obligation mais parce qu'elle savait qu'elle serait heureuse ainsi, entre les bras d'un homme qu'elle aimait et qu'il aimait, prenant soin d'enfants qu'elle aimerait tout autant. Elle avait avancé à reculons avant de se fiancer à Caspar, puis elle avait pris la fuite, maintenant, elle avait envie de foncer la tête la première dans la vie maritale... et c'était sans doute pour cette raison que ça n'allait pas être si simple (encore que pour l'heure, Cedrella n'avait pas la moindre idée de toutes les difficultés qu'il allait leur falloir affronter avant de pouvoir s'unir). Oui, elle était impatiente de l'épouser, impatiente d'avoir des enfants avec lui...

... Mais elle pouvait reconnaître que la façon qu'ils avaient autrement de mener leur vie n'avait rien de désagréable. L'expression "vivre d'amour et d'eau fraîche" n'aurait clairement pas pu prendre plus de sens. Ils n'avaient pas beaucoup, mais ils parvenaient à se suffire l'un à l'autre, et ils savaient mieux que personne s'exprimer à quel point ils tenaient l'un à l'autre, et combien ils estimaient s'appartenir. Corps et âme. C'était un plaisir sans cesse renouvelé. Leurs corps, qui s'étaient toujours aimantés, se connaissaient par coeur, à présent, et savaient parfaitement se retrouver et s'exprimer. Quand ils ne firent plus qu'un, après nombre de baisers et caresses, la jeune femme se laissa tout simplement envelopper dans l'immensité d'émotions qui la traversaient. Aucun autre homme n'aurait su lui faire éprouver tant de sensations à la fois, elle en était certaine, ils étaient faits l'un pour l'autre, et chacun de ces moments le confirmait. Leurs gestes s'intensifiaient, le plaisir montait crescendo, à lui en faire perdre la tête. Et après qu'il eut atteint son paroxysme, Cedrella laissa reposer doucement sa tête sur l'épaule de son amant, reprenant doucement son souffle, le coeur battant à tout rompre.

Leur vie n'était pas parfaite, c'est vrai, et il leur restait encore de très nombreuses choses à accomplir. Mais parfait, ce moment l'était, comme chaque moment qu'elle pouvait passer entre les bras de cet homme qui l'aimait inconditionnellement, elle et le paquet de casseroles qu'elle traînait avec elle, avec sa famille ô combien... particulière.

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