C'

était pure folie, et Luna ne pouvait pas vraiment prétendre le contraire. Il n'était pas rare qu'on la qualifie de "folle", et sans donner raison à ces mêmes personnes si fières de lui avoir trouvé le surnom de Loufoca, elle ne leur donnait pas tort non plus. Elle estimait, pour sa part, être complètement saine d'esprit, c'était seulement que les autres avaient du mal à la comprendre. Mais là, dans la situation actuelle, elle n'avait en revanche aucune excuse, elle était bel et bien folle, et tout ceci allait définitivement trop loin. Quand Adrian, enthousiaste, avait proposé de présenter sa petite amie à ses parents, cette dernière aurait dû lui opposer un refus catégorique, quitte à le blesser sur le moment. Parce qu'elle allait le blesser de toute manière, non ? Oui, et c'était bien ça, le problème. Dans tous les cas elle allait le faire souffrir, d'une façon ou d'une autre, et souffrir elle aussi dans la foulée. C'était une chose que de vouloir le ménager, c'en était une autre que de lui faire espérer monts et merveilles quand il était pourtant évident que leur relation était vouée à l'échec. Elle pouvait bien se répéter autant qu'elle le voulait qu'elle aimait Adrian, que son existence serait vide sans lui, ça ne changeait rien au fait que sa présence dans la vie du bleu et bronze relevait de l'anomalie pure et simple. Mais elle insistait, encore et encore. Elle creusait sa propre tombe et elle entraînait Adrian avec elle. Elle n'y pouvait rien, c'était plus fort qu'elle.

Elle se trouvait maintenant dans l'entrée de l'appartement des Goldstein, et serrait si fort la main d'Adrian qu'on pourrait croire qu'elle cherchait à la broyer. En vérité, elle cherchait surtout à se donner du courage. Même si elle avait déjà rencontré Jacob, même si Queenie semblait être une femme adorable, elle avait peur du regard qu'ils poseraient sur elle, elle avait peur de ne pas être à sa place... parce qu'elle savait, au fond, justement, qu'elle ne l'était bel et bien pas, à sa place. Mais il était vraiment trop tard pour faire marche arrière, dans tous les cas. A peine eurent-ils mis un pied à l'intérieur qu'une femme, très belle, blonde et au sourire lumineux vint les accueillir.

-Enfin vous êtes là ! Queenie posa sur Luna un regard attentif qui serra un peu plus l'estomac de la jeune fille. Tu n'as pas à t'inquiéter, ma chérie, ajouta-t-elle en lui adressant un clin d'oeil, ayant apparemment cerné son stress. J'avais hâte de faire ta connaissance. Elle adressa ensuite un grand sourire à Adrian qu'elle gratifia d'une bise sur la joue. J'espère que vous avez faim, on a préparé à manger pour un régiment.

Luna se contenta de hocher la tête avec un fin sourire. Ce serait sûrement mieux si elle disait quelque chose, mais elle n'y arrivait pas.

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h bien, au premier abord, elle semblait tout à fait adorable, cette jeune fille, en tout cas, la première impression, pour Queenie, était très bonne, ce qui ne pouvait qu'être bien sûr une excellente chose, car même si elle ne serait sans doute pas rentrée directement dans le lard de la potentielle "belle-fille" qui lui aurait déplu, elle avait bien l'intention de ne pas laisser une fille mal intentionnée briser le coeur de son fils. Elle tenait à Adrian comme à la prunelle de ses yeux. Ce qu'elle désirait, plus que tout au monde, c'était son bonheur, et elle n'allait pas laisser une peine de coeur le gâcher, elle ne savait que trop combien cela pouvait être douloureux au bout du compte. Bon, bien sûr, elle ne pourrait pas constamment surveiller ses arière, et parfois, c'est à soi-même que l'on brise le coeur dans les relations sentimentales, mais vous pensez bien que ce n'est pas pour autant qu'elle n'allait pas veiller au grain, bien au contraire, même. Elle réserva le meilleur des accueils à Aulne et constata tout de même que la demoiselle ne semblait pas très à l'aise. Elle ne le prit pas mal pour autant. Son comportement était entièrement compréhensible, après tout, vu les circonstances. On était forcément nerveux au moment de faire la connaissance de sa "belle-famille", d'ailleurs, Adrian semblait l'être un peu lui aussi. Cela tenait à eux, aux adultes, d'inverser la tendance, et de faire en sorte que tout le monde se sente à l'aise.

Ce fut Adrian qui embraya Aulne, présentant officiellement sa petite amie à ses parents. "Voici ma mère", quoi de plus normal... Elle sentit en revanche une pointe d'émotion l'envahir quand il présenta Jacob comme son père. C'était sans doute le plus beau cadeau qu'il pouvait lui faire. Elle n'avait pu que constater dernièrement, les efforts que faisait son fils pour intégrer Jacob à leur famille, et elle appréciait, et elle avait le sentiment qu'il forçait de moins en moins les choses, qu'il était de plus en plus prêt à accepter son père comme un membre à part de leur famille. Et elle adorait ça. Elle tourna son regard vers Jacob et sentit combien ce dernier était fier lui aussi, combien ces mots devaient lui faire du bien. Il suggéra de passer à table, et c'était évidemment une très bonne idée. Ils s'installèrent donc tous à table, et les assiettes furent remplies.

-Alors, Aulne, reprit Queenie, soucieuse de mettre tout le monde à l'aise, et surtout la nouvelle venue, qui semblait vraiment avoir toutes les difficultés à se détendre. Il paraît que tu viens d'Amérique aussi ?
-Ou... Oui, c'est ça...

Queenie fixa Aulne un moment, un peu trop indiscrètement. Elle l'avait cerné, sans aucun doute possible. Elle n'en avait pas envie, c'était à contrecoeur, mais... Elle mentait.

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entir n'avait jamais été un exercice confortable ou agréable pour Luna. Elle se doutait que ce ne l'était pas pour grand monde, mais en ce qui la concernait, elle avait de plus en plus de difficultés à jouer à ce petit jeu, et elle s'en voulait affreusement d'avoir accepté l'invitation d'Adrian. Elle se mettait d'elle-même en difficulté, elle aurait dû se douter que les choses se passeraient de cette manière. Mais elle avait voulu s'illusionner. Elle s'était inventé des excuses, somme toutes, de type pratiques et confortables, qui lui donnaient le sentiment d'avoir un minimum de prise sur la situation. Elle s'était dit qu'ils discuteraient de tout et de rien, et que dans tous les cas, elle n'aurait pas à mentir sur qui elle était, sur sa personnalité, ce genre de choses. Seulement, dès la première question que la mère de son petit ami lui posa, elle se sentit comme prise au piège. Un piège qu'elle avait mis en place toute seule, au passage. Elle s'en voulait, mais elle rabachait donc des mensonges répétés tant de fois. Sauf que cette fois-ci, elle se détestait plus que toutes les autres. D'autan plus que le regard insistant de Queenie la mettait mal à l'aise. Elle ne saurait l'expliquer, mais elle avait le sentiment d'être scrutée au rayon X, et forcément, ce n'était pas du tout un sentiment agréable. Elle mit malgré tout cette sensation sur le compte d'une paranoïa latente... Elle était tendue, elle s'en voulait d'être ici et dans le même temps, elle avait envie de plaire aux parents d'Adrian, forcément, ça devait se passer comme ça. Heureusement, Jacob lui donna moins le sentiment de la jauger.

Il avait raison, ou du moins il aurait eu raison s'ils venaient tous d'Amérique, la situation serait effectivement amusante et belle à la fois, la preuve que ce monde était en effet petit et que les personnes qui devaient se trouver (ou se retrouver dans le cas de Jacob et Queenie) y parvenaient toujours s'il le fallait. Sauf que dans le cas de Luna, ce n'était en fait pas une question de distance, c'était une question de temps. Et c'était toute la complexité de l'affaire. Luna se contenta de hocher doucement la tête avant de goûter au repas qui avait été concocté pour ces présentations toutes officielles. Elle n'osait pas commenter, si c'était pour mentir davantage.

-C'est délicieux, affirma-t-elle dans un fin sourire. Et elle ne mentait pas, elle trouvait effectivement ça excellent. Mais il est vrai qu'Adrian lui avait déjà vanté les talents de cuisiniers de ses parents. Il n'avait rien exagéré, manifestement.
-N'est-ce pas ? Jacob a passé l'après-midi aux fourneaux, répondit Queenie avec un fin sourire, son regard toujours intensément fixé sur Luna. Elle sembla hésiter un instant, puis finalement reprit la parole. On avait hâte de faire plus ample connaissance avec toi, Aulne, mais je crois que ce sera plus simple si tu acceptais... de ne plus mentir ?

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ueenie avait hésité, envisagé de mentir pour protéger cette jeune fille qu'elle connaissait à peine mais chez qui elle percevait un malaise tel qu'elle était bien incapable de ne pas y compatir. Elle voyait bien que cette jeune fille n'était absolument pas méchante, et surtout, elle ressentait combien elle était attachée à son fils (et elle n'avait pas besoin d'aller lire les pensées d'Adrian pour savoir que c'était ô combien réciproque), alors elle n'avait pas non plus envie de jouer les fauteurs de trouble en venant gâcher ce moment si important pour son fils... Seulement voilà, elle ne pouvait pas mentir. Même si Queenie n'en distinguait pas la nature exacte, elle le savait, elle le sentait, Aulne avait un secret, un secret tel qu'il la rongeait de culpabilité. Et que ce soit pour protéger son fils ou permettre à ce moment de prendre une tournure plus... honnête, elle ne se voyait faire autrement que de placer la petite amie d'Adrian devant le fait accompli.

Ce qui ne l'empêcha pas, ceci dit, d'avoir des scrupule en percevant ô combien distinctement l'angoisse que ressentait la jeune fille à l'idée d'avoir été découverte. Sans compter l'indignation et l'incompréhension totale d'Adrian qui, forcément, n'avait pas pu s'attendre à une telle entrée en matière et avait de bonnes raisons de se sentir outré par le discours de sa mère. C'était normal, et elle aurait aimé leur épargner une scène de ce genre. Elle, tout ce qu'elle voulait, c'était un vrai repas normal, en famille, avec cette famille qu'elle adorait tant... et où elle serait ravie d'accueillir Aulne au passage... si celle-ci abaissait ses barrières et choisissait d'être honnête. Queenie ne savait pas la nature précise de ce que la petite amie d'Adrian dissimulait, mais elle savait que c'était grave, et ça... elle ne pouvait pas faire semblant de ne pas s'en être rendue compte. C'était pour le bien de tout le monde, à ses yeux du moins, même si elle se doutait bien que ça n'allait pas réellement être perçu comme tel par ceux qui l'environnaient.

-Je suis désolée, mon coeur, répondit-elle avec douceur à son fils. Et elle l'était vraiment. Elle n'avait aucune envie de lui faire du mal, c'était même la dernière chose qu'elle puisse vouloir, mais elle n'irait pas prétendre non plus que la situation, une fois explicitée par Aulne, n'allait pas le faire souffrir plus encore. Elle tourna d'ailleurs son regard vers cette dernière. Tu peux parler, l'intima-t-elle avec bienveillance. Personne ne te reprochera quoi que ce soit.

Personne sauf Adrian, peut-être... Luna, de son côté, blanchissait à vue d'oeil.

-Je... je ne me sens pas très bien, dit-elle pour tenter de se dérober.

Ce qui n'était pas vraiment faux, mais pas le fond du problème non plus.

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omment la mère d'Adrian avait-elle pu savoir ? Aux yeux de Luna, les explications n'étaient pas bien nombreuses. Soit elle mentait plus mal que n'importe qui (ce qui n'était pas impossible car elle n'estimait pas être une bonne menteuse, seulement, personne ne l'avait percée à jour si vite jusque-là), soit Queenie Goldstein était une legilimens. Et à l'idée de ce qu'elle avait pu lire dans son esprit, de ce que ça devrait forcément signifier pour elle, elle sentait son sang glacer. La mère de Queenie avait comprit qu'elle mentait, mais dans quelles proportions exactement ? Suffisamment semble-t-il pour la confronter de la sorte en présence de tous. Oh, il n'y avait aucun signe d'animosité dans la voix de la mère d'Adrian, il y avait au contraire plus de bienveillance qu'autre chose. Quand elle affirmait que personne ne lui reprocherait quoi que ce soit si elle décidait de se confier, et quand Jacob lui confirmait qu'elle n'avait rien à redouter, elle voulait croire que c'était vrai. Mais s'ils estimaient qu'il n'y avait aucun reproche à lui faire, c'était sans doute qu'ils n'avaient pas tout compris, tout simplement, ce qu'elle avait vraiment fait, ce qu'elle avait vraiment caché.

Elle se sentait mal. Elle n'exagérait rien quand elle affirmait qu'elle n'allait pas bien. Elle blanchissait à vue d'oeil, son coeur battait à tout rompre et elle avait la nausée. Elle éprouvait d'avance l'angoisse de tout perdre, de décevoir Adrian... Il allait la haïr et ça... ça, c'était pire que tout, mais que faire ? Même si elle décidait de jouer les lâches maintenant et de ne rien avouer... Elle n'y couperait pas plus tard. Elle était coincée, elle n'avait aucune échappatoire. Elle était perdue. Elle baissa les yeux, elle n'avait pas le courage de croiser le regard d'Adrian, qui attendait forcément une réponse.

-Je suis désolée..., parvint-elle à articuler d'une voix tremblante.

Elle s'adressait surtout à Adrian, mais bien sûr, ces paroles étaient pour tout le monde, parce qu'il n'y avait pas qu'à son petit ami qu'elle devait des excuses. Les parents de ce dernier en méritaient tout autant. Elle leur avait fait perdre leur temps, elle leur avait menti... Elle méritait tous les blâmes.

-Je... je ne viens pas des Etats-Unis, en fait, avoua-t-elle pour commencer, les yeux toujours baissés et l'estomac tordu. Ce qu'elle vivait en cet instant, c'était juste une épreuve horrible, et elle n'était pas sûre de savoir s'en remettre. Et je ne m'appelle pas vraiment Aulne...

Voilà, on faisait plus innocents, comme mensonges. Elle avait menti sur ses origines et sur son identité... Et ça, ce n'était encore que le sommet de l'iceberg. Comment leur apprendre tout le reste ? Est-ce qu'ils la croiraient seulement ?

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éprouver ainsi le malaise de la jeune fille, Queenie se demandait si elle avait vraiment eu raison de mettre ainsi Luna devant le fait accompli. Son but n'avait absolument pas été de mettre Aulne mal à l'aise. Elle, elle avait cerné combien Luna détestait mentir, et aussi et surtout, combien elle aimait son fils (ce qui la touchait énormément au passage)... Et elle s'était dit que ce serait leur rendre service à tous que de la libérer de ce mensonge... mais elle ne s'était pas imaginé que ce puisse être si... grave. Et maintenant, elle s'en voulait. Certes, si cette jeune fille mentait à Adrian, Adrian qui était totalement épris d'elle, alors il était important qu'elle lui révèle la vérité à un moment ou à un autre... De toute façon, il était maintenant trop tard pour changer son fusil d'épaule, et la jeune femme voulut bien expliquer sa situation... Pas en substance, ceci dit... Et clairement, des secrets, elle en gardait clairement plus d'un. Elle ne venait pas des Etats-Unis, donc... Qu'elle ait menti sur ses origines était déjà en soi surprenant, mais soit... Mais qu'elle ait menti sur son nom ? C'était pourtant sous ce nom qu'elle se présentait à ses professeurs et à ses camarades de classe, non ? Alors comment était-ce possible ? Comment aurait-elle pu duper l'administration de Poudlard, et pourquoi aurait-elle eu l'obligation de le faire ? Queenie ne lâchait plus Luna des yeux, lisant ouvertement dans son esprit. Elle avait besoin d'en savoir plus, c'était même essentiel... Elle avait besoin de mieux comprendre... en espérant que la vérité ne serait pas trop difficile à entendre pour Adrian... Sur ce point, malheureusement, elle craignait fort d'être dépassée par la situation.

-Pourquoi le faire croire à tout le monde, alors ? demanda-t-elle avec le plus de douceur possible. ... Luna ? Elle venait de capter son prénom au vol. Un très joli prénom, au passage. Quel dommage qu'elle ait dû ainsi le dissimuler.

Elle ne voulait pas croire que la jeune femme ait pu ouvertement mentir par pure malice. Elle avait forcément eu d'excellentes raisons d'agir ainsi. Restait à déterminer lesquelles exactement. Et espérer que ces raisons suffisent à ce qu'Adrian comprenne et lui pardonne. Le pauvre... Queenie s'en voulait de plus en plus de lui faire subir ça. Elle aurait dû parler avec Luna seule à seule et l'inciter à tout avouer à Adrian en aparté. A vouloir bien faire les choses, elle les avait sans doute empirées.

-On ne pouvait pas..., tenta-t-elle de se justifier, de plus en plus mal à l'aise. On, parce qu'elle n'était donc pas la seule dans ce cas. Je suis... enfin, je viens de... du...

Luna tentait laborieusement de s'exprimer, mais de toute évidence, c'était peine perdue. Mais ce qu'elle ne parvenait pas à dire, Queenie pouvait l'articuler... malgré tout sidérée par ce qu'elle découvrait.

-Du futur... ?

C'était vraiment possible, ça ?

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u fond, même si Luna aurait voulu que ce ne soit jamais le cas tout en sachant que cette situation se présenterait à un moment ou à un autre (mais clairement pas de cette façon-là), elle se disait que c'était une bonne chose que Queenie, dont elle aurait voulu connaître les talents de legilimens à l'avance, ait tout de suite cerné son problème ait décidé de le mettre à jour. Oh, la jeune femme n'en menait clairement pas large et mourait d'envie d'aller s'enterrer six pieds sous terre pour ne plus se confronter à l'angoissante situation actuelle, mais au moins, le couperet était tombé, la vérité avait éclaté, Adrian savait tout. C'en était fini de ses tourments et dilemmes sans fin, c'en était fini des mensonges qui la rongeaient de l'intérieur, c'en était fini de tout... Y compris de sa relation avec le jeune homme, elle en avait bien conscience. Mais c'était tant mieux. L'idée de ne plus pouvoir être avec Adrian, qu'elle aimait profondément, lui déchirait le coeur, mais elle savait qu'elle ne méritait pas mieux, contrairement à celui qu'elle ne pourrait sans doute plus considérer comme son petit ami, qui lui méritait d'être heureux, de connaître la vérité, de pouvoir vivre et agir en conséquence. Alors oui, c'était dit, c'était fait, c'était... dur, mais au moins ce qu'elle aurait dû faire depuis longtemps était acté : elle venait du futur, oui, et à présent, Luna le savait.

Le regard de la jeune femme ne quittait pas Adrian, elle avait envie de lui dire quelque chose, elle avait envie de se lever, de s'approcher de lui et de le serrer contre elle, elle avait envie de solutionner les maux qu'elle avait elle-même engendrés. Mais comme c'était impossible, elle se trouvait seulement là, figée, à ne pas savoir quoi dire ni quoi faire... A chercher le regard d'Adrian tout en sachant que croiser ce dernier lui transpercerait forcément le coeur. Jamais elle ne se serait cru capable de faire autant de mal à quelqu'un... et c'était le cas. Elle aurait au moins voulu pouvoir se justifier (dans la mesure où la moindre justification était réellement possible, ce qui n'était absolument pas certain), lui expliquer comment elle en était arrivée à se retrouver ici, maintenant, après tout ce qu'elle avait traversé, mais ça ne servait à rien.

Accablé d'informations à ce point troublantes, Adrian ne semblait pas capable d'en encaisser davantage. Au point qu'il se contenta finalement de se lever, ce qui acheva de réduire le coeur de Luna en miettes. Jacob chercha bien à le retenir, mais ce semblait peine perdue. Et la jeune femme, elle, savait bien qu'elle était la dernière personne en cet instant à pouvoir se targuer d'être d'un quelconque secours moral pour le garçon qu'elle aimait.

-Je suis désolée, bredouilla-t-elle. Elle l'était vraiment, pour tout. Je vais y aller...

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