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es vacances venaient à peine de commencer qu'elles étaient déjà un véritable calvaire pour Melody. En même temps, elle s'y était attendue. Des vacances à donner l'air de rien devant ses parents alors qu'elle ne supportait plus de passer la moindre seconde en compagnie de sa soeur, elle en avait connu plus d'une tant leur animosité s'éternisait (et ça ne risquait pas de s'arranger), mais là, c'était encore pire, parce que leur dernière conversation avait définitivement réduit à néant toute chance de réconciliation entre elles. Dorénavant, elles n'étaient plus des soeurs, elles étaient des ennemies, et passer ne serait-ce que deux semaines à prétendre que tout allait bien dans le meilleur des mondes alors que la présence de Lysandre lui était plus que jamais insupportable, c'était au-dessus de ses forces. Mais ce n'était pas le pire, malgré tout, et s'il n'y avait eu que ça, elle aurait sans doute pu faire avec, serrer les dents et attendre que ça passe, même si ça aurait été des plus difficile. Au-delà de difficile, même... mais il y avait autre chose.

Lexie et Melody s'étaient promises d'être plus prudentes, et c'était une décision qui ne manquait pas de bon sens, c'est certain... ce qui n'empêchait pas Melody malgré tout de la déplorer chaque jour. Elle avait constamment besoin de la présence de sa petite amie, et devoir attendre, devoir limiter leurs interactions, c'était une horreur. OK, OK, c'était pour leur bien, ça ne faisait aucun doute... mais en attendant, ça ne lui faisait pas de bien du tout. Elles se voyaient déjà moins à Poudlard, mais là, il était question de passer deux semaines loin l'une de l'autre, et ça, c'était une catastrophe, c'était tout simplement impossible, impensable. Pourtant, c'était ce à quoi elles s'étaient résolues. Aux dernières nouvelles... Mais ce fut pour la bleue et bronze un intense soulagement que de constater que sa petite amie avait envie de faire une entorse aux règles qu'elles s'étaient fixé toutes les deux... Elle lui avait écrit, elle lui demandait à quel moment elle pourrait venir la voir sans que ses parents ou sa soeur ne soient dans leurs pattes. Melody se fit un plaisir de lui répondre.

Finalement, ses vacances s'annonçaient meilleures que prévu. En tout cas, c'était ce qu'elle osait penser, sans rien deviner de ce qui l'attendait réellement, en définitive. Elle l'attendait de pied ferme, trépignant d'impatience, quand elle entendit enfin le son caractéristique d'un transplanage. Lexie venait d'arriver. Melody n'attendit même pas qu'elle frappe à la porte, elle se contenta de se précipiter dans ses bras. C'était si agréable de pouvoir la serrer contre elle ! Non, vraiment, elle détestait devoir se cacher.

-Je suis trop contente que tu sois là, assura-t-elle, enthousiaste. J'aurais jamais tenu deux semaines.

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e bel enthousiasme de Melody s'évapora bien vite quand elle découvrit que Lexie était moins ravie qu'elle, de son côté, pas à l'idée de la voir, mais parce qu'elle venait la voir pour une raison spécifique, qui n'avait pas de rapport direct avec l'envie de simplement la voir. Melody le comprit très vite. Pour cause, elle connaissait sa petite amie, à force, elle avait même envie de croire que personne ne la connaissait mieux qu'elle même, alors elle savait déterminer les moments où elle allait bien de ceux où elle se sentait mal, c'était en tout cas ce qu'elle avait la prétention de croire. Et présentement, quelque chose la travaillait, elle n'était pas juste venue bavarder avec elle, passer du bon temps, savourer leur complicité, refaire le monde avec elle comme à chaque fois qu'elles se retrouvaient seules tous les deux, il s'était passé quelque chose de grave, et la bleue et bronze gageait que c'était quelque chose de grave. La manière dont elle avait prononcé son prénom, son attitude, le ton employé, son regard.... tout, tout était de mauvais augure... et encore, Melody ne s'était pas attendue une seule seconde à la bombe qui éclata alors. Une révélation qui lui explosa en plein visage, sans ménagement, avec une violence pour le moins inouïe. Elle aurait pu s'attendre à beaucoup de choses, mais pas à ça, du moins pas comme ça, pas si tôt...

-Quoi ? Mais comment c'est possible...

Elle posait la question, mais en même temps, elle avait une idée assez précise de la réponse, déjà, et elle savait pertinemment que cette réponse, Lexie devait l'avoir à l'esprit aussi. C'était Lysandre. C'était forcément elle. Qui d'autre avait connaissance de leur secret et voulait leur nuire ? Peut-être qu'elle s'était dit qu'en parlant directement à Mr et Mrs Hepburn (parce qu'elle n'aurait pas pu le faire avec leurs parents - quoiqu'elle la pensait capable de tout, maintenant), elle parviendrait à les séparer ? Grossière erreur, Melody n'en aimait que d'autant plus sa petite amie, et était bien décidée à passer cette nouvelle épreuve, même si elle s'annonçait corsée et que Lexie elle-même n'avait pas l'air de franchement y croire. Il faut dire qu'ils tombaient très clairement de haut, là. Les parents de Lexie étaient au courant, c'était l'un des pires scénarios concevables, et Melody avait vraiment peur pour la suite. Elles avaient toujours eu une sorte d'épée de Damoclès au-dessus de la tête, mais là, elle pointait quand même avec sacrément trop d'insistance dans leur direction.

-Qu'est-ce qu'ils t'ont dit ? demanda-t-elle en prenant ses mains dans les siennes dans un geste qu'elle voulait le plus rassurant possible.

Elle osait encore croire qu'il pouvait y avoir un malentendu ou un moyen de régler cette histoire, mais elle ne se faisait pas trop d'illusions non plus.

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elody ressentit un terrible pincement au coeur en entendant les propos de sa petite amie. Ses parents les considéraient comme des monstres... Mr et Mrs Hepburn ne la connaissaient même pas, mais ils pensaient quand même qu'elle était une fille horrible, indigne de leur progéniture. Elle trouvait cela tellement injuste. On lui collait une étiquette, alors qu'elle n'avait rien fait, rien du tout... Et Lexie accusait courageusement toutes les réprimandes pour elles deux. C'était terrible, c'était injuste, et la bleue et bronze s'en voulait, car si Lysandre était fautive (et qui d'autre ça pourrait être, en même temps ?) elle l'était également, tout autant... Elle n'imaginait même pas l'épreuve que Lexie avait dû vivre, et elle n'avait même pas été là pour la soutenir, elle ne pouvait pas savoir, bien sûr, mais quand même, ça lui fendait le coeur. Toute la joie qu'elle avait éprouvée à l'idée de passer du temps avec sa petite amie avait définitivement disparu, remplacée par une sincère inquiétude... qui bientôt, allait se muer en colère, puis en totale incompréhension, réellement.

La colère, elle l'éprouvait à l'égard des parents de la vert et argent. Elle trouvait leur comportement ignoble, et elle refusait de ne serait-ce qu'essayer de le comprendre. C'était même hors de question. Et puis quoi encore. C'était impossible, inconcevable. Leur fille deviendrait une moins que rien sous le prétexte qu'elle prenait le risque d'aimer ? Elle trouvait ça complètement absurde. Et le pire, c'est que non content d'accuser leur progéniture, ils l'avaient vilipendée elle, elle que, une fois encore, ils ne connaissaient pas une seule seconde. Ils voulaient s'attaquer à elle, et il lui suffisait d'observer Lexie pour voir à quel point elle était sincère. S'ils le voulaient, ils pouvaient vraiment la détruire. Sauf qu'elle serait toujours moins détruite s'ils s'en prenaient à elle que si elle devait perdre sa petite amie... Sauf qu'elle avait vraiment le sentiment que c'était ce que Lexie lui suggérait, en affirmant qu'elle devait épouser Orion Black. Ces mots étaient terribles... Ils brisaient le coeur de la jeune femme en mille morceaux.

-Non, répondit-elle vivement, violemment même, parce qu'elle ne pouvait pas accepter une telle remarque. Elles s'étaient promises de ne pas laisser ce mariage se produire. A entendre Lexie se promener ainsi, elle se sentait terriblement trahie, c'était une catastrophe. Tu avais dit que tu te marierai pas, tu me l'avais promis : En prononçant ces mots, les larmes lui montaient inexorablement aux yeux. Elle n'avait vraiment pas envie d'entendre une chose pareille. Encore moins l'entendre confirmer. Je m'en fiche, des menaces de ton père, il peut détruire ma réputation, parler à mes parents, je m'en fous. Je préfère endurer ça que de te voir épouser Black.

Et elle était sincère. Elle n'avait pas la moindre envie de renoncer à Lexie. Pas pour ça, pas comme ça.

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u'importe que ce soit ou non une question de réputation, qu'elle finisse à l'asile, en institut psychiatrique ou connaisse un sort pire encore, dans sa fougue adolescente, Melody ne concevait pas qu'aucun de ces sorts puisse être pire que celui qui lui serait réservé si elle devait accepter de voir celle qu'elle aimait épouser quelqu'un d'autre. La torture physique lui paraissait plus douce à envisager que la torture mentale que constituerait un tel événement pour elle. C'était excessif bien sûr, en dehors des réalités sans doute, il n'empêche que c'était bel et bien là sa manière de penser, en l'occurrence. Et même si elle comprenait le désir de Lexie de la protéger à tout prix (elle ferait sans doute la même chose aussi de son côté si les rôles étaient inversés - mais elles n'avaient clairement pas les mêmes familles toutes les deux), elle ne pouvait tout simplement pas tolérer cette situation, peu importe le prétexte invoqué. Dans ce cas là, autant arrêter de vivre tout court, ça n'avait pas de sens pour elle. Elle ne voulait pas que ça ait le moindre sens si elles ne devaient pas pas parvenir à affronter l'adversité et à dépasser tous les obstacles ensemble, tous les deux.

-Comment tu peux dire que ça ne changera rien ? dit-elle d'une voix tremblante, incapable d'accepter les propos de son interlocutrice, incapable d'accepter le compromis le plus sage qu'elles puissent concevoir pourtant, parce qu'il est certain qu'elles ne pouvaient malheureusement pas espérer mieux que ça au vu des circonstances. En même temps, elles auraient dû s'y attendre. Leur relation ne pouvait être acceptée et approuvée par leur entourage. C'était comme ça, c'était ainsi. Dans tous les cas, elle pensait quand même ne pas avoir tort. Forcément, que ça va tout changer. Tu crois vraiment qu'on va pouvoir encore se voir et être ensemble une fois que tu seras mariée à ce pauvre crétin ?

L'insulte était gratuite. Elle n'avait quasiment jamais parlé à Orion Black, mais elle avait décidé, par principe, qu'elle le haïssait cordialement, qu'elle le haïrait toute sa vie. Et puisque Lexie semblait se décider à réellement l'épouser, autant dire qu'il n'arrangeait vraiment pas son cas. Mais non, il ne fallait pas que cela arrive. D'une manière ou d'une autre, elle avait la ferme intention de faire changer à Lexie d'avis. Malheureusement, elle la connaissait, mieux que personne, et elle avait compris ses informations. Alors forcément, elle ne se sentait pas spécialement rassurée.

-Et moi, je ferai quoi, hein, quand tu vivras avec ton mari richissime dans votre super baraque ? J'attendrai sagement que tu aies une occasion sur mille d'échapper au regard de ta nouvelle famille pour m'accorder deux minutes ? Elle n'arrivait pas à contenir ses larmes. Je pourrai pas supporter ça, je pourrai pas... C'est ça qui me rendra folle.

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a réponse de Lexie ne manqua pas de blesser sincèrement Melody, parce qu'elle ne supportait pas qu'elle remette ses sentiments en questions alors que c'était en leur nom qu'elle s'indignait à ce point. Oui, elle avait dit à sa petite amie qu'elle serait capable de tout endurer pour elle, et elle ne demandait qu'à ce que ce soit vrai... Elle le pensait sincèrement, mais ça... ça, c'était le pire qu'elle puisse lui demander. Elle devait donc se résoudre à voir la femme qu'elle aimait porter le nom d'un autre, partager son quotidien avec quelqu'un que chacun reconnaîtrait comme son époux légitime. Et ce serait quoi, l'étape suivante ? Qu'est-ce qui arriverait, quand les Black s'impatienterait de voir Lexie leur pondre une flopée de marmots de sang pur ? Elle n'y était pour rien, bien sûr, elle cherchait à la protéger, évidemment, mais Melody avait le sentiment que, quoi qu'elles fassent, leur histoire n'aurait pas d'issue... Elle s'était imaginé leur vie après Poudlard, elle les avait vues, toutes les deux, dans une bicoque un peu délabrée, peut-être, oui, mais qui serait la leur, tout simplement, où elles vivraient d'amour et d'eau fraîche, tant pis si ça devait sembler niais au possible. Mais ce scénario ne se réaliserait jamais... Melody sentait les larmes lui monter aux yeux, c'était déjà suffisamment terrible d'entendre Lexie lui affirmer qu'elle allait épouser l'héritier Black, mais l'entendre en plus lui expliquer par A plus B pourquoi elle devait le faire, pourquoi elle, elle était égoïste de le refuser, c'était douloureux. douloureux parce que c'était vrai. Elle avait raison... Il n'y avait pas d'autres solutions...

-Donc, dans tous les cas, c'est eux qui gagnent, observa Melody d'un ton douloureux, les larmes lui obstruant le regard. Oui, ils avaient gagné, soit ils gagnaient et elles en payaient un prix encore plus terrible, soit ils gagnaient parce qu'elle capituleraient. Et manifestement, c'était ce qui allait effectivement se passer. C'était juste... comme ça, ils étaient trop forts pour elles... Voilà... Elle marqua une légère pause, s'essuya les yeux d'un revers de manche. C'est toi qui as raison. Et je suis désolée, je te jure que je peux tout supporter pour toi... Et elle allait donc supporter ça aussi... C'était ça ou perdre pour de bon Lexie... le choix était vite fait... Même si une part d'elle se disait qu'elle l'avait déjà perdue quoi qu'il en soit, car cette situation serait insupportable, pour l'une comme pour l'autre. Si tu penses que c'est le mieux, je te fais confiance... On fera comme tu voudras.

Elle n'en démordrait pas, et Melody savait très bien pourquoi, si la vie et la sécurité de LExie étaient en danger, elle ferait pareil a contrario... sauf qu'elle était de l'autre côté...

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elody avait imaginé dans son esprit le dessin idéal du futur qui les attendrait et qu'elles partageraient ensemble, tous les deux. Ce n'avait été qu'un rêve parmi tant d'autres pour commencer, bien sûr, mais ça avait fini par devenir beaucoup plus, en fin de compte, c'était devenu un projet, un projet concret et qu'elle avait considéré être parfaitement réalisable. Elles s'isoleraient du monde, rien que toutes les deux, chacune grapillant un peu de ce qu'elles pouvaient de leur fortune familiale. Elles vivraient dans un simple appartement, souvent, la bleue et bronze songeait à une simple mansarde sous les toits, mal isolée et mal éclairée, mais où elles vivraient heureuses, puisqu'elles seraient ensemble. Elles n'auraient plus de contact avec leurs familles, ce ne serait pas tous les jours faciles, mais elles sauraient s'y faire, parce que vivre au quotidien ensemble leur rappellerait pourquoi elles avaient fait tout ça et aussi et surtout que ça en valait totalement la peine. A force de persévérance, Melody percerait dans le domaine de la création de vêtements et de la mode, elle finirait par ouvrir sa propre boutique, tandis que Lexie mènerait d'une main de maître sa carrière de son côté. Le temps passait, elles auraient réuni un pécule suffisamment important pour s'offrir une grande et belle maison dans lequel elles continueraient de filer le parfait amour, rien que toutes les deux, sans personne pour leur faire obstacle. Melody y avait cru, elle y avait cru de toutes ses forces, elle en avait même été persuadée. Mais elle s'était trompée...

Lexie s'excusait, et Melody savait que sa petite amie était complètement sincère, mais ça ne changeait rien, ça ne changeait rien du tout, ses rêves s'étaient évaporés, ils ne se réaliseraient plus jamais, et maintenant, par amour pour Lexie, pour la voir souffrir le moins possible, elle se voyait contrainte à une vie dont elle ne voulait pas du tout. Au final, voilà ce que serait son avenir : elle serait une vieille fille qui refuserait tout net d'accepter la moindre relation amoureuse, elle serait considéré par tous comme la pauvre fille dont aucun homme ne pourrait vouloir, coincée à tout jamais dans la ferme familiale où elle bosserait mécaniquement pour passer le temps. Et de temps en temps, avec un peu de chance, Lexie échapperait au giron d'Orion Black et elles pourraient passer quelques heures ensemble. Ces intermèdes sentimentales seraient belles, mais bien évidemment, elles resteraient insuffisantes. Melody ne vivrait qu'à demi, dans l'attente de ces quelques moments où Lexie lui donnerait une raison d'être. Non, clairement, ça ne ressemblait à aucun de ses rêves d'adolescente trop sentimentale. Mais c'était la vie, c'était le monde réel, il fallait qu'elle l'accepte et qu'elle l'assume, qu'elle le reconnaisse pour ce qu'il était, tout simplement.

-Je t'aime aussi, souffla-t-elle doucement. Ce qui était vrai, parce qu'elle devait sacrément l'aimer pour en arriver là. Mais ça ne suffisait pas. J'espère que ça va suffire.

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elody savait que les propos qu’elle tenait n’étaient pas ceux que sa petite amie avait envie d’entendre, mais en même temps, la jeune femme n’avait pas envie de mentir à Lexie. Leur relation s’était toujours fondée sur l’honnêteté (l’une envers l’autre, en tout cas, parce que par contre, leur relation les obligeait à mentir à absolument tout le monde), alors puisqu’elle avait des doutes, puisqu’elle avait peur, puisqu’elle avait peur que leur histoire ne vire au cauchemar, elle le disait. Elle voulait se battre pour Lexie, elle l’adorait, l’aimait plus que tout au monde, elle voulait passer sa vie avec elle, mais toute rêveuse qu’elle était en temps normal, elle restait tout de même un peu lucide. Elle savait bien que la vie ne leur ferait aucun cadeau… Si elles commençaient déjà à faire des concessions si importantes sur ce qu’allait être leur relation, qu’est-ce que ce serait plus tard ? Ce n’était pas engageant, pas rassurant du tout, même. Elle ferait tout son possible que ça marche, elle regrettait de laisser penser le contraire à Lexie, mais c’était plus fort qu’elle. Elle aimait la jeune femme, et elle voyait ses belles illusions réduites à néant. Et elle sentit son cœur se serrer plus encore en l’entendant blâmer violemment Lysandre. D’accord, Melody aussi était en rogne contre elle. Elle comptait bien lui faire payer son attitude, mais elle n’avait pas envie d’en entendre parler, pas maintenant. Lysandre avait été la personne qui comptait le plus pour elle, et elle l’avait perdue… Et maintenant, elle était terrifiée à l’idée de perdre Lexie, horriblement angoissée à la perspective de se retrouver seule, pire que seule, haïe, haïe de personnes qui avaient fait d’elle qui elle était.

-OK, dit-elle simplement. J’en avais l’intention de toute façon, tu sais, répliqua-t-elle, un peu vexée à l’idée que la jeune femme puisse croire qu’elle puisse cautionner ce que sa sœur avait fait. Oui, elle aurait toujours un fond d’affection pour sa jumelle, mais elle ne lui pardonnerait jamais ce qu’elle avait fait. Pour autant, l’accabler de reproches ne changerait sans doute pas grand-chose à leur situation. Elles étaient où elles étaient, et la jeune femme s’était rarement sentie aussi mal de toute sa vie. Désolée, répliqua-t-elle ensuite, bien consciente que sa réaction n’était pas celle que Lexie espérait. Finalement, cette dernière se rendrait peut-être compte que sa relation n’était pas à la hauteur de ce qu’elle désirait réelle, qu’elle ne méritait pas de se battre pour elle, que c’était une bonne chose qu’elle épouse Orion, finalement, parce qu’elle n’était pas… digne de leur relation. Je sais que je suis pas à la hauteur.

Elle avait vraiment le sentiment de décevoir Lexie, et ça la rendait malheureuse. Pour elle, Lexie était l’image même de la perfection. Et elle, elle était certainement l’image exacte, a contrario, de l’imperfection. Elle devrait être plus forte, pour pouvoir assumer cette situation sans s’en plaindre pour autant. Savoir tirer le meilleur parti de tout ça, privilégier leur amour avant le reste, mais elle ne pouvait pas, elle n’y arrivait pas.

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uand Melody affirmait ne pas être à la hauteur, elle ne le disait pas pour apitoyer sa petite amie, pas du tout même, elle le disait parce qu'elle le pensait, tout simplement, elle s'en voulait, parce qu'elle se retrouvait dans une situation pénible et difficile, et qu'elle n'était pas sûre de le supporter. Elle aimerait être assez forte, elle voudrait avoir les épaules, mais ce n'était pas le cas... Et Lexie, de son côté, était si forte, si sûre d'elle... La bleue et bronze avait le sentiment de ne pas être digne des attentes de celle qu'elle aimait, alors qu'elle-même était toujours forte et digne, sûre et exceptionnelle. Elle avait toujours pensé que Lexie était trop bien pour elle, mais là, c'était évident. Ou en tout cas, ça paraissait évident à Melody, parce qu'elle ressentait de la déception dans l'attitude de la jeune femme, et ça la rendait malheureuse. Elle éprouva néanmoins un réel soulagement quand Lexie lui affirma qu'elle la trouvait à la hauteur. Elle sentait dans sa voix qu'elle le pensait sincèrement, même si c'était sûrement à tort. Dans tous les cas, Melody était soulagée que la jeune femme ne lui en veuille pas davantage. C'était déjà cela de gagné. Mais elle n'apprécia pas ce qu'elle entendit ensuite. Elle n'aima pas entendre la jeune femme s'excuser. Elle n'avait aucune raison de s'excuser. Elles n'étaient responsables de rien, elles étaient victimes des circonstances, et les circonstances en question ne les ménageaient pas, ne les ménageaient pas du tout, même. Et que pouvaient-elles y faire, exactement. Melody passa une main dans les cheveux de Lexie, la plaça derrière son oreille, un fin sourire aux lèvres. Loin d'être heureux, le sourire, mais un peu plus serein.

-C'est pas de ta faute, répondit-elle très sincèrement.

Et elle voulait bien insister là-dessus parce que la situation était bien assez merdique comme ça, elle n'avait pas envie que, en plus du reste, elle éprouve de la culpabilité. Oui, il y avait des responsables, mais ce n'était pas elles. C'était Lysandre, qui n'avait pas manqué de les balancer, c'était les Black et les Hepburn, conditionnés par leurs vieilles traditions idiotes, c'était la société, qui ne toléraient pas des amours tels que les leurs, alors que Melody n'en connaissait vraiment pas de plus purs et de plus forts.

- C'est beaucoup pour moi, avoua-t-elle alors. Mais je veux pas te perdre, s'il faut en passer par là pour que je puisse rester avec toi, alors ça me va.

Elle était touchée par le fait que Lexie puisse reconnaître que c'était trop pour elle. Et alors qu'elle prononçait ces mots, la jeune femme gagnait un véritable et évidente certitude : elle ne pourrait pas vivre sans elle, elle l'aimait beaucoup trop. Alors s'il fallait qu'elle accepte qu'elle se marie, elle l'accepterait.

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exie n'avait pas besoin de le lui dire, en réalité, Melody savait très bien qu'elle n'avait pas plus envie de la perdre que l'inverse. Elles se l'étaient prouvées à un milliard de reprises, et ce de mille et une manières, alors elle ne pouvait clairement pas nourrir le moindre doute à ce sujet. Ce dont elle doutait, ce n'était absolument pas de la force de leurs sentiments, mais bien davantage des épreuves qu'elles allaient devoir affronter et des séquelles que cela leur laisserait. C'était bien beau, de partager des sentiments purs et forts, mais sur le long terme, va savoir si ça allait suffire. Allez savoir même, au-delà de leurs volonté, si des circonstances complémentaires n'allaient pas les éloigner plu encore. Le monde savait rivaliser de cruauté quand il était question de changer le bonheur en malheur. Ce n'était pas la première fois qu'elles l'expérimentaient, c'était seulement la première fois que cela se faisait dans de telles circonstances, et c'était vraiment difficile à vivre, une torture à endurer. Lexie craignait que tout cela les perde, c'était la meilleure manière de qualifier la frayeur dont Melody n'était pas exempte non plus de son côté, loin de là, même. Elles avaient su se faire de l'avenir une vision précise et idyllique. Maintenant, il fallait qu'elles y renoncent, à présent, l'avenir s'obscurcissait, et elles ne savaient plus exactement comment se construirait leur futur. Il semblait bien qu'elles devaient en tout cas dire adieu à leurs beaux projets de prétendue "colocation". Elles ne pourraient même pas se permettre d'être ne serait-ce que de simples amies au regard du monde. C'était véritablement injuste. Mais c'était ainsi.

-On s'en sortira, assura Melody dont la voix tremblante trahissait néanmoins les incertitudes manifestes.

Comment encore présumer de ce dont elles seraient capables quand le destin, contrariant, n'avait de cesse que de leur mettre des bâtons dans les roues. On n'a pas le choix de toute façon. Parce qu'il fallait bien qu'elles s'en sortent pour que l'autre s'en sorte aussi. Si elles admettaient qu'elles ne pouvaient pas vivre l'une sans l'autre, alors il était plus qu'évident qu'elles n'avaient pas réellement le choix. Il fallait, au moins dans un premier temps, se plier et jouer le jeu. Et ensuite ? Melody n'en savait trop rien pour l'heure, force lui était de le reconnaître, elle apprécierait de pouvoir inverser la situation, d'une façon ou d'une autre, mais elle ne savait pas exactement comment il faudrait qu'elles s'y prennent pour cela, mais elle trouverait bien, après tout.

-On vaut mieux que toutes ces conneries, pas vrai ?

Bien sûr qu'elles valaient mieux que toutes ces conneries, c'est évident, même, et si elles se laissaient dépasser et abattre par ces dernières, alors elles ne vaudraient pas mieux que toutes les personnes qui cherchaient à leur mettre des bâtons dans les roues.

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elody n'aimait pas voir un sourire à ce point triste étirer les lèvres de Lexie, d'autant qu'elle était généralement le témoin de sourires bien plus rayonnants et radieux que cela. Ce n'était pas pour vraiment la surprendre, ceci dit, car quand on y pensait, c'était tout de même très logique qu'elles ne soient pas au sommet de leur forme à l'heure actuelle, mais cela n'ôtait rien au fait que ce sourire qui devrait pourtant la rassurer avait plutôt le don de lui fendre le coeur dans d'immenses proportions. Elles avaient beau tenter d'espérer encore et promettre, toutes deux savaient très bien que l'avenir s'annoncerait difficile pour toutes les deux. Elles pourraient se battre, au nom de ce en quoi elle croyait, au nom de leurs sentiments et de leurs avenirs, elles ne pouvaient définitivement plus ignorer que la vie n'aurait jamais de cesse que de leur mettre des bâtons dans les roues, et ce autant que possible. A son tour, la bleue et bronze parvint à sourire du mieux qu'elle put quand sa petite amie lui affirma que rien ne valait mieux qu'elles deux. C'était sûrement une considération terriblement égoïste, elle ne prendrait pas la peine de le nier, mais ça faisait quand même du bien à entendre, et c'était encourageant par la suite. Elles l'avaient su dès le départ, après tout, que leur histoire ne serait pas simple qu'il allait falloir se battre pour elle, mais c'était toujours plus dur en situation que quand on se contenter d'imaginer les problèmes sans savoir en mesurer très précisément l'ampleur. Là, forcément, ça changeait tout, absolument tout, à un point inimaginable.

Melody resserra leur étreinte aussi fermement que possible quand Lexie vint doucement se blottir dans ses bras. Elle aussi éprouvait cet immense besoin de la sentit tout contre elle, de s'imprégner de sa présence, de s'enivrer de son parfum jusqu'à s'oublier elle-même, faut de pouvoir véritablement oublier cette situation, faire l'impasse sur des incertitudes qui allaient forcément bouleverser leur existence, quelle qu'en soit exactement l'issue. Elle était partagée entre l'envie d'arrêter le temps pour ne vivre plus jamais que cet instant, où elle pouvait prétendre qu'il n'y avait qu'elle et Lexie et que le reste du monde n'existait pas, qu'il ne comptait pour rien, qu'il pouvait bien disparaître dans le néant, et l'envie d'avancer le temps pour taire une bonne fois pour toutes ses incertitudes, pour savoir précisément à quoi s'en tenir et ce qui devait leur arriver dans le futur. Au moins, elles sauraient à quoi s'en tenir et quoi faire précisément pour tout de même se garantir de ne jamais cesser d'être ensemble. Pendant plusieurs longues secondes, qui se changèrent sans doute en minutes, Melody ne dit rien... En fait, elle ne trouvait aucun mot susceptible de convenir à la situation. Alors finalement, en lieu et place du moindre mot, elle se contenta d'approcher ses lèvres des siennes et l'embrassa.

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