Lorsque quelqu'un est dans le coma, il y a toujours au moins une personne pour poser cette question : Tu crois qu'il/elle rêve ? A cette question Purdey avait la réponse. Tu ne rêves pas quand tu es dans le coma. Il n'y a rien derrière ces yeux fermés, ni magnifiques champs de blés illuminés par un soleil ardent ni souvenirs repassés en boucle. Juste un noir total et un silence oppressant. Ses sens ne marchaient plus et même le temps était devenu une notion sans réelle valeur. Une minute semblait une heure et une heure devenait une éternité. La galloise dérivait, aveugle et sourde dans un océan noir. Et puis soudain un son déchira le silence, tel un coup de gong dans un monastère. Le son  se répercuta partout, chaotique d'abord, assourdissant avant de devenir clair l'espace d'une seconde « Maman ». Le petit doigt de Purdey bougea sans qu'elle ne s'en rende compte. D'autres sons brisèrent la prison mentale de la galloise, un brouhaha dont seul des mots éparses résonnait avec clarté en elle.Ses doigts bougèrent les uns après les autres, sous les paupières fermés les yeux commencèrent à bouger. La prison noir se fissura, les souvenirs commencèrent à revenir. Tout se remit en place tel une machine abandonné soudainement réactivé. La tête bougea, il semblait à Purdey qu'elle pesait une tonne.

Elle ouvrit les yeux et la lumière l'aveugla. Ce fut douloureux, elle les referma de suite. Autour d'elle des voix suraiguë lui martelait le crâne, des petites mains s'accrochaient à la sienne, lui caressait le visage. Quatre essais plus tard, elle commença à distinguer deux formes flous au-dessus d'elle. Peu à peu les traits s'affinèrent, les voix se firent claires et précises. Le flou devint une petite fille et un petit garçon...Cenlyn et Rhian, ses enfants à elle. Un immense sourire illumina son visage. Après la nuit, c'était sûrement la plus belle vision du monde...d'ailleurs en parlant de nuit...Les nuages dans l'esprit de la galloise s'estompaient peu à peu et c'est seulement maintenant qu'elle remarqua la tenue d'hôpital...et le lit d'hôpital....et la chambre aussi. Elle se frotta les yeux, sa mémoire n'arrivant pas à combler les trous. Purdey replongea son regard dans celui de ses enfants, elle avait l'impression de les redécouvrir pour la première fois. La professeure caressa le visage de sa fille puis de son fils et les serra dans ses bras de toutes ses forces. Une porte s'ouvrit, un bruit de verre brisé et un cri de surprise lui fit relever la tête, c'était Caelan qui venait de lâcher un vase de fleurs en voyant Purdey réveiller. La galloise sourit à son amie, elle était réveillée, elle était en vie...et la première chose qu'elle dit fut :

- Partons d'ici...

Son regard était déterminé, son ton était une affirmation. Elle ne savait pas pourquoi elle était ici mais elle ne voulait rester une minute de plus dans cet endroit qu'elle détestait plus que tout au monde.