Anya avait fait des progrès. D'assez gros progrès. D'après elle bien entendu. Tout le monde ne serait pas d'accord. C'était comme pour tout. Mais pour elle, les progrès étaient quand même importants. Maintenant, elle pouvait à peu près se faire à ses nouvelles capacités. Ou au moins être assez discrète pour ne pas montrer de réactions trop étranges. Ce qui était déjà un avantage certain. Elle pouvait un peu sortir de chez elle, avait repris les missions pour les neo-grindelwaldiens, acceptait certaines visites. Elle pouvait également garder sa nièce plus sereinement. Et c'était toujours un plaisir. Ce qui rendait les choses plus faciles. Anya faisait donc des essais. Les missions, c'était peut-être ce qui était le plus compliqué maintenant. Pour plusieurs raisons. Déjà, elle n'était plus certaine de savoir ce que l'on pensait d'elle dans le groupe. Même si jusque-là, les choses semblaient aller. Et puis, il y avait ces envies toutes nouvelles qu'elle avait lorsqu'elle se retrouvait face au sang. Cette envie qu'elle avait de le répondre, de jouer avec sa victime. Parfois même, chose qui l'effrayait assez fortement, elle se retrouvait à se demander si elle ne mordrait pas dedans. Elle ne savait pas franchement pourquoi, mais labelle en avait juste envie. Elle n'avait jamais essayé, mais elle savait que cette envie traînait près d'elle. Effrayant, vraiment. Et répugnant surtout. Enfin, elle faisait toujours ce qu'on lui demandait.

Quoi qu'il en soit, la vie continuait, avec ses habitudes et ses surprises. Ses petites affaires avançaient, toutes. D'abord, il y avait cette grossesse qui avait été confirmée. Autant dire que Dimitri avait été ravi... mais pessimiste! Anya faisait très attention pour le moment et comptait s'y tenir. Elle avait toujours techniquement son accord. Il lui suffisait de ne pas le perdre. Par contre il y avait cette envie récurrente de solyanka qui lui faisait toujours aussi drôle. Ce n'était pas une soupe qu'elle appréciait particulièrement mais en ce moment si. Et ici, on en trouvait pas à tout les coins de rue. Alors il fallait la faire elle-même. Ou alors parfois Anna acceptait de le faire pour lui faire plaisir. Et elles partageaient une soupe ensemble en fin de semaine. Et en ce moment, ce n'était pas si mal une petite soupe. C'était un plat qu'elles mangeaient déjà petites, à base de viande fumée, de rognons, de concombre au vinaigre, de pomme de terre, de carotte, d'oignon, de tomate, et d'olives. Pas forcément au goût de tout le monde tout ça. Mais elles, ça l'était totalement. Et en fait c'était plutôt une bonne chose. Comme cela elles pouvaient parler tranquillement toute les deux. Ce qui ne leur faisait pas de mal.

Ce jour-là était un jour particulier. En effet, c'était la Saint Valentin. Anya était un peu sorti, et elle n'avait pas eut d'autre choix que de le remarquer. Les restaurants complets, les roses et autres petits cœurs partout, les couples enlacés... En clair, la Saint Valentin dans tout sa splendeur. Et pas pour le meilleur. Il y avait des choses que l'on préférait ne pas voir... finalement elle avait préféré rentrer chez elle. Armando lui avait dit qu'il viendrait la voir. Et puisqu'elle était déjà fatiguée, elle préféra rentrer un peu avant. La belle s'allongea quelques instants. Elle avait oublié à quel point il était fatigant d'être enceinte. Enfin, de toute façon, elle s'y était engagé et ne changerait pas d'avis. C'était hors de question. Alors elle s'y ferait. Comme la première fois. Avec quelques désagréments en plus... à cause de l'âge. Et oui, même elle s'en rendait compte. Cela ne lui plaisait pas mais elle devait bien le reconnaître. Alors Anya s'était allongé et puis... et puis elle s'était endormi. Au final, elle n'avait pas voulut faire autre chose que s'allonger quelques instants. Mais raté. Elle ne l'avait pas vu venir et s'était endormi. N'entendant pas au passage que son nouveau fiancé était derrière la porte...

La Saint Valentin, au fond, c'était une fête un peu stupide. La fête de amoureux. La fête pour ceux qui connaissaient l'amour et le couple. Un jour de déprime pour ceux qui ne le connaissaient pas. Un jour comme les autres pour ceux qui ne se sentent pas concernés. Anya pensait entre autres à sa sœur qui n'était jamais en grande forme pour la Saint Valentin. Ce n'était pas un jour pour aller la voir la pauvre, elle n'aimait pas ça. Raison pour laquelle Anya n'était pas allé passer du temps avec elle. Pour la belle, cette fête ne représentait pas grand chose en fait. Lorsqu'elle était mariée, en général, elle recevait un petit cadeau. Ce qui était agréable. Mais cela ne voulait pas dire qu'elle attendait cette fête avec grande impatience. Surtout qu'elle n'avait pas toujours été mariée. Et cela faisait même un an qu'elle ne l'était plus. Mais en fait, cette année, c'était différent. Cette année, logiquement, elle avait son valentin. Plus de première fraîcheur, c'était un fait. Mais assez romantique pour vouloir marquer le coup. Alors il y avait des chance pour qu'il se passe quelque chose. Elle avait donc fait un petit effort. Mais c'était pour plus tard.

Pour le moment, elle s'était endormi sans le vouloir sur son canapé. Sa grossesse la rendait heureuse, parce qu'elle savait ce qui se passerait après. Mais il y avait aussi quelques inconvénients. Pour le moment cela se limitait à quelques symptômes tout à fait supportable. Légères nausées, fatigue, douleurs, rien d'encore très méchant. Seulement le reste allait venir. Sans compter la prise de poids qui était sans doute ce qu'elle aimait le moins dans l'histoire. Et oui, elle s'était très bien remise de sa première grossesse, mais maintenant elle aurait plus de mal à perdre les kilos pris... tant pis, elle serait tellement heureuse. Sauf qu'en attendant, elle était fatiguée et du coup elle s'était endormi. Et du coup elle n'avait pas entendu son fiancé arriver. Dommage... Non, vraiment, dommage. Parce que si elle l'avait vu arriver, elle se serait épargné la vue qu'il lui avait offerte à son réveil. Anya rêvé agréablement d'une belle journée avec son fils, elle avait senti ce baiser sur son front, s'était réveillé, et bim! Un vioque! Ah ça faisait drôle. Elle s'était pourtant forcé à sourire, comme si cela lui faisait plaisir de le voir. Ce qui était déjà plus compliqué... Alors elle se redressa et remarqua les fleurs. Il faut avouer que ce bouquet était de très bon goût.

-Armando, elles sont sublimes.

Anya les pris, se leva et alla les mettre dans un vase avant qu'elles ne se flétrissent. Cela serait bien dommage. Elles étaient vraiment belles. Puis, avec un regard malicieux, elle demanda à Armando de ne pas bouger. La belle avait fait un effort. Parce que c'était lui et qu'il avait besoin qu'on lui redise sans cesse la même chose. En ce qui la concernait, elle devait lui répéter qu'elle l'aimait. Elle lui avait donc acheté un petit quelque chose pour la Saint Valentin. Elle revint vers lui avec un petit coffret qu'elle lui tendit, visiblement excité et pressée de voir sa réaction.

-Joyeuse Saint Valentin...

Elle le laissa ouvrir le coffret et découvrir une montre à gousset en or de l'un des meilleurs horlogers qu'elle avait trouvé. Sur le dessus elle avait fait graver assez artistiquement les initiales de son nouveau propriétaire. Elle avait fait un effort quoi. Et elle ne le referait pas tout les ans...

Armando était de manière assez étonnante le fiancé et futur mari auquel Anya serait la plus susceptible de s’attacher. Pas de s’attacher dans le sens tomber amoureuse, mais plus comme on s’attache à un animal ou à un objet particulier. Pas non plus au point de changer de plans quant à l’issue de cette affaire. Elle ne renoncerait pour rien au monde à ce plaisir qu’était de mettre fin à une vie sans que la victime n’ait rien vu venir. Même si il serait dangereux qu’elle fasse cela elle-même. Ce qu’elle ne ferait donc pas. Mais quoi qu’il en soit, même si elle continuait à le trouver tout sauf attirant, qu’elle avait du mal à passer du temps avec lui sans sombrer sous tant de guimauve, et qu’elle ne chercherait pas à le coller come beaucoup de fiancées, la belle devait bien admettre qu’il s’en sortait plutôt bien. Il était toujours gentil avec elle, lui laissait un peu tout passer (il avait quand même accepté l’enfant d’un autre parce que c’était elle), cherchait toujours à lui faire plaisir. En gros, il faisait mieux que ces prédécesseurs. Ce n’était pas ce qui lui accorderait son amour, il en fallait beaucoup plus. Mais peut-être serait-elle de meilleure humeur avec lui qu’avec d’autres. Ce qui restait bon à prendre, je vous l’assure.

Anya avait fait l’effort de lui offrir quelque chose pour la Saint Valentin. Ce n’était pas pour rien. Cet homme l’aimait, certes, mais il fallait aussi qu’elle prenne le temps de le caresser dans le sens du poil. Lui offrir quelque chose, surtout de ce genre, c’était lui prouver cet amour pourtant totalement faux. Et de toute façon, pour elle, cet argent n’était pas perdu. Ce qu’elle lui offrait maintenant lui reviendrait à sa mort. C’était en quelques sortes un investissement sur le long terme. Et il avait l’air plutôt content de son cadeau. Tant mieux, il serait de bonne humeur ce soir. Ce qui serait toujours une bonne chose pour tout le monde. Armando regardait cette montre comme si il tenait entre ses mains son propre cœur, organe indispensable à sa vie. Et comme un bête adolescent qui ne pouvait pas lâcher sa copine deux minutes il la gratifia d’un nouveau baiser qu’elle avait accepté sans pour autant l’apprécier.

- Merci, elle est magnifique !

Comment dire… elle l’avait un peu remarquer!! Au prix où elle avait payé cette montre, Anya avait pu se rendre compte qu’elle était belle. Visiblement, lui et la logique, ce n’était pas encore l’amour fou. Et pour cause, il était déjà fou amoureux d’elle. Il ne pouvait pas tout faire. Enfin, normalement il devrait pouvoir, mais la simplicité étant déjà sa meilleure amie, il ne fallait pas trop lui en demander. Anya ne pouvait pas lui en demander autant, elle l’avait bien compris. La bonne volonté ne faisait pas tout…

- Est-ce que tu es prête pour notre sortie au restaurant ?

Euh… cette question voulait-elle dire qu’il la laissait se changer ou plutôt qu’il attendait qu’elle se lève et lui prenne le bras maintenant tout de suite? Dans le doute, Anya allait interpréter. De toute façon elle était presque prête. Etant déjà sortie aujourd’hui, il ne lui restait pas grand-chose à faire pour être prête. Si elle ne s’était pas bêtement endormis tout à l’heure elle aurait sans doute pris une douche avant de tout refaire, mais bon, elle n’irait pas jusque-là…

-Tu me donne deux minutes?

Un petit sourire interrogateur et elle se sauva dans sa chambre avant qu’il ne puisse lui répondre. Elle pensait pouvoir s’y tenir, à ces deux minutes. Elle ne ferait que changer de robe. Parce qu’après tout, sa robe pour sortir en ville n’était pas la même que celle pour sortir le soir. C’était une question de principe, elle ne pouvait pas porter la même chose. Tout simplement parce que l’occasion n’était pas la même. Aujourd’hui elle s’était baladé seule et en plein jour. Là elle devrait aller au restaurant pour une soirée romantique avec son fiancé. Forcément, elle devait se changer. Porter quelque chose de plus soigné, plus attirant peut-être aussi. Elle se dépêcha pour rapidement rejoindre Armando. Elle voulait le tuer mais pas forcément le faire attendre non plus… la belle alla dans ses bras affectueusement avant de poser LA question.

-Je te plais comme ça?

Combien d’hommes avaient entendu exactement la même question aujourd’hui? Presque tous, certainement. Mais Anya, elle, était sûre d’avoir une réponse positive. C’était juste pour elle aussi faire plaisir à son égo.

Anya s'en sortait quand même plutôt bien avec cette histoire de mariage. Certes Armando était vieux et peu attirant. Mais à côté de cela, il y avait tout de même certains avantage à devenir Mrs Dippet. Alors pas le nom, je vous l'accorde. C'était même l'un des inconvénients de ce mariage. En revanche, elle devenait la femme du directeur de l'une des meilleures écoles de magie du monde. Déjà, c'était pas mal à dire quand on était en société. Lui n'était pas particulièrement réputé ou même apprécié. Mais son poste restait important. Donc pouvait être exposé avec tout de même un minimum de fierté. Il y avait aussi une certaine petit fortune qui dormait gentiment dans le coffre du directeur. Bah oui, tant qu'à faire, cela pouvait servir aussi. Anya n'avait pas vraiment besoin de ça en plus. Pourtant c'était toujours bon à prendre. Qui cracherait dessus au final? Pas grand monde, c'est certain. Elle ne faisait pas exception. Sans doute même moins que les autres... Mais surtout, ce qu'il y avait de bien avec Armando, c'était qu'il représentait un pont entre elle et Dumbledore. Ce qui concrètement revenait à dire une jolie passerelle entre les Néo-grindelwaldiens et leur cible principale. Bon, c'était aussi assez amusant de l'embêter ce pauvre petit vieux. Et il y avait plus d'une façon de le faire.

Parmi ces façon d'ennuyer volontairement et plus ou moins fort le directeur de poudlard, il y avait celle qu'elle appliquait en ce moment. Aller se changer, c'était aussi et surtout une question de confort. Mais en réalité, Anya aurait survécu sans aller changer de robe. C'était juste que comme ça il l'attendait encore un peu. Elle avait vu qu'il avait hâte d'y aller. Rien qu'organiser cette soirée lui avait fait plaisir. Comme quoi, il lui en fallait peu pour le rendre heureux. Il lui en avait parlé de cette soirée de Saint Valentin. Anya le voyait vraiment tout content de l'emmener au restaurant. Elle ne pensait même pas qu'il avait encore une grosse surprise pour elle. Mais la belle trouvait que c'était déjà pas mal de sa part. Armando, elle n'en attendait pas grand chose. Qu'il l'invite au restaurant et pense à elle avait déjà l'air d'être beaucoup. Enfin.. visiblement il pouvait faire mieux... Quoi qu'il en soit, Anya essaya de ne pas être trop longue non plus. De sa chambre, elle pouvait entendre le directeur siffler. Il faut dire que depuis qu'elle était loup-garou, elle entendait beaucoup de choses. Et pour le coup ça la faisait bien rire. Lui, il devait attendre quelque chose. Ou alors il était sacrément mordu et il n'attendait qu'elle. Mais à ce point, ça serait grave quand même. Enfin bon, il était particulier quand même cet homme. Anya avait fini par être prête et avait donc rejoint son fiancé. Fiancé qui n'avait toujours pas l'air de vouloir lâcher ses lèvres plus de deux minutes.

-Tu es tout simplement sublime.

Bon, il faut le reconnaître, ça faisait toujours plaisir à entendre. Pour une femme vaniteuse comme Anya, c'était un peu de miel qui coulait doucement au fond de sa gorge. Quelque chose de bien particulier qui faisait toujours plaisir. La belle sourit donc à Armando avant de prendre le bras qu'il lui avait tendu.

-Merci mon chéri.

Et bien à défaut de compliments il fallait bien dire quelque chose. Là au moins il serait content quand même. Ou disons que normalement ça devait lui plaire. Il aimait bien toutes ces petites marque d'amour. Pourtant, de l'amour, c'était pas particulièrement ce qu'il inspirait à Anya. Mais c'était facile à dire et ça lui convenait alors tant mieux.

-Allons-y ?

Anya hocha la tête. Effectivement il était peut-être temps d'y aller. Il ne lui avait pas dit précisément où ils allaient ce soir-là. Elle eu au moins la bonne surprise d'arriver dans ce restaurant assez connu et plutôt bien réputé. Oui, la belle était plutôt contente. Et puis une fois, ce n'était pas elle qui décidait. Ce soir, elle devait principalement suivre Armando et son programme. Alors elle suivait. Le serveur les accompagna jusqu'à une table un peu à part, juste à côté de la fenêtre. Et la vue que leur offrait cette fenêtre plaisait beaucoup à Anya. Cette vue dégagée, la neige, tout ça la faisait sourire. Ils passèrent leur commande tranquillement. Anya se fit clairement plaisir là, elle ne choisissait véritablement qu'en suivant ses petites envies. Même si Armando s'était peut-être fixé un budget. Bon, elle en doutait quand même. Il devait s'y attendre. Mais si c'était le cas, dommage pour lui. Anya retourna quelques instants sur la vue avant de se sentir... comment dire... observée. Armando ne la quittait pas des yeux. Chose qui la mettait un peu mal à l'aise quand même. Elle ne le montrait pas trop bien entendu. Mais elle n'en pensait pas moins.

-Tu a l'air nerveux, tout tendu, qu'est-ce qui se passe?

Anya trouvait ça plus amusant qu'autre chose, mais cela ne l'empêchait pas de vraiment se poser la question.

Anya n'aimait pas Armando, c'est certain. Elle n'avait aucun sentiments pour lui. Mais elle était bien obligée de reconnaître qu'il savait quand même un peu s'y prendre. Si Anya n'avait pas été Anya, mais une femme parfaitement romantique et du même âge que cet homme, il était fort probable qu'il ait un franc succès. Effectivement l'idée était bonne, et d'un autre Anya aurait apprécié l'attention. Mais justement c'était lui. Alors c'était plus compliqué. En fait, Anya appréciait le moment. Elle appréciait le geste et en profitait sans remords. En plus, par là, elle savait qu'elle faisait aussi plaisir à Armando. Et cela ne la dérangeait pas tellement. Anya aimait beaucoup l'embêter. Elle n'avait aucun scrupule à lui en faire voir. Mais bon, elle ne cherchait pas à la traumatiser non plus. En fait, il allait mourir de toute façon. Alors autant accepter d'être positive de temps en temps. Là elle voulait bien. Qu'il en profite.

En fait la soirée partait bien. Pour une fois elle n'avait pas envie de lui mener la vie dure. Ou au moins pas trop. Parce qu'elle reconnaissait qu'il n'était pas toujours si crétin. Là l'idée était bonne. Et puis, si elle lui en faisait trop voir, peut-être qu'il finirait quand même par se lasser. Ou en tout cas à se poser des questions. La belle reconnaissait qu'il pouvait être mignon. Dans les actes bien sûr, physiquement c'était très loin d'être ça. Anya était plutôt détendue en fait. Le lieu aidait sans doute un peu aussi. C'était très sympa. Le cadre était magnifique, la petite musique en fond c'était charmant et la vue... inutile de revenir dessus elle aimait beaucoup. Pour une fois il la surprenait ce petit vieux. Mais bon, restait encore à voir la suite. Armando était bizarre, tout nerveux, tout tendu. C'était amusant, certes, mais pour leur soirée c'était louche. Pour une fois qu'elle appréciait. Ça serait dommage quand même. Pour une fois qu'il avait une bonne idée, il allait quand même pas tout faire capoter tout seul... là ça serait dommage quand même. Alors elle lui avait demandé, normalement.

-Non, non, ça va bien, ne t'en fais pas. Je veux juste que tout soit parfait.

Bon bah... d'accord. Elle ne savait pas pourquoi mais en tout cas il avait l'air d'y tenir. Bon, tant pis. De toute façon cela ne changeait pas grand chose pour elle. Anya profitait quand même de la vue, de l'ambiance et bientôt des petits plats.

-Alors, comment s'est passée ta journée ?

Ah, la bonne question. En fait c'était une question terriblement basique et à laquelle Anya n'avait pas particulièrement envie de répondre avec franchise. Logique. Elle s'était fait courrire après par un de ses élèves quand elle était sortie se balader. Et puis après elle s'était endormie sur le canapé comme une vieille. Voilà sa journée, super n'est-ce pas? Bon, de toute façon, pas besoin de lui raconter précisément ce qui lui était arrivé aujourd'hui.

-Très bien, je te remercie. Je suis un peu sortie cette après-midi. Et en rentrant... enfin, tu as vu je crois.... Et toi?

Ce n'était pas tellement qu'elle s'intéressait à sa journée, elle trouvait simplement qu'il était plus poli de retourner une telle question. Même avec lui. Elle allait donc attendre sa réponse quand elle senti quelque chose d'étrange. Une chose courante qui lui était déjà arrivé et arriverait certainement encore. Parce que c'était normal dans son état de santé. Et qu'elle était très sensible à ce niveau. Anya porta sa main à son visage, un peu confuse. Un peu de chaleur et elle saignait du nez. C'était quand même agaçant. Elle se leva, s'excusa auprès de son fiancé, par principe, et se dirigea vers les toilettes. Bon, cela passait vite, mais c'était désagréable. Elle s'arrangea un peu avant de revenir vers Armando. Lorsqu'elle revint à table les premiers plats étaient déjà là.

-Je suis désolée, je suis un peu sensible...

Et oui, elle s'excusait. C'était quand même exceptionnel. Qu'il en profite!

Il semblerait que la situation de cet homme ne soit désespérée. Même en faisant des efforts et en étant un peu doué de temps en temps, il y avait toujours quelque chose qui n'allait pas et gâchait le tout. À croire qu'il n'était pas doué, tout simplement. Pourtant même Anya était prête à reconnaître que ce n'était pas un manque de volonté. Il essayait et échouait. Bon, un coup ça pouvait arriver à tout le monde. Mais visiblement lui, c'était encore un autre problème. Enfin, là, pour ce qu'elle avait prévu pour lui, il ne pouvait pas rater grand chose. Elle allait lui tracer une jolie petite route toute droite et balisée jusqu'à sa fin. Là, si il la ratait, c'était certainement qu'il l'aurait contaminé elle.

Anya et son fiancé étaient donc dans un restaurant assez sympa pour la soirée de la Saint Valentin. Pas beaucoup de chance pour que cela se passe mal pour eux. Et pourtant. Même que pour une fois, ce n'était pas Armando qui était en cause. C'était Anya qui faisait de petites surprises. Déjà qu'il l'ait trouvé endormie sur le canapé n'était pas si bien. Et puis voilà qu'elle s'était mise à saigner. Rien de grave non plus, pas la peine de s'alarmer. Même si elle était prête à parier qu'Armando le ferait quand même. En fait c'était même à la limite du normal pour elle. Un petit coup de chaleur et c'était fini. Enfin bon, elle était revenue à table en s'excusant, un peu confuse tout de même. Un minimum tout de même. Ils allaient se marier, si elle n'était pas un peu courtoise il finirait par s'en aller et il aurait raison. De tout façon ce n'était pas dans ses habitudes de ne pas respecter ce genre de petites obligations.

-Ce n'est rien, ne t'en fais pas.

Elle lui sourit en réponse avant de porter le regard sur les assiettes qu'on avait apporté pendant sa brève absence. L'odeur en était sublime. Ce qui était devenu plus qu'important pour elle depuis quelque temps. Puis elle releva les yeux vers son fiancé qui avait levé son verre de champagne. Anya devint blême. Elle savait ce qu'il allait lui demander. Il ne devait probablement pas savoir mais il ne l'arrangeait pas sur ce coup...

-Que dirais-tu de trinquer ? À cette soirée ?

Anya ne savait pas trop où se mettre. Là c'était encore elle qui ferait changer ses plans. Elle aimait bien le champagne, ce n'était pas la question. Mais à part un petit goût très agréable, le champagne c'était tune boisson alcoolisée. Une chose qu'Anya évitait un maximum en ce moment. C'était un risque qu'elle évitait. Tout comme pour ses cigarettes qu'elle avait momentanément et à regret mises de côté. C'est que c'était un peu sa dernière chance là, elle ne voulait pas passer à côté. C'est donc avec un petite voix qu'elle répondit à son fiancé qui allait sans doute être un peu déçu...

-Je suis désolée mais... je ne peux pas, ce n'est pas bon pour... enfin tu sais...

De blanche elle était passée à rouge en quelques secondes. Cela ne se faisait pas d'habitude de refuser un verre comme ça. Surtout de champagne. Mais elle espérait qu'il comprendrait. Pour une fois, si cela ne marchait pas c'était bien de sa faute à elle.

-Pardon Armando, depuis tout à l'heure j'ai l'impression de te couper dans ton élan, je suis vraiment désolée...