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uand on venait frapper à la porte de l'appartement de Septimus (que Cedrella avait encore quelques difficultés à considérer comme le sien, même si elle était convaincu que son fiancé ne demandait qu'à ce qu'elle considère les choses ainsi), ce n'était jamais agréable pour la jeune femme que d'ouvrir la porte, car elle savait que la personne qui lui payait visite n'était jamais là pour elle, même s'ils ne rechignaient jamais à lui parler et à l'intégrer dans ce nouvel univers dont elle n'était pas encore familière. Ce n'était pas un mal, bien sûr, que l'on rompe avec sa solitude, qui par moments était véritablement trop présente, mais ce n'était pas toujours simple à assumer, elle n'arrivait pas à s'ôter de la tête le sentiment qu'elle était une intruse, une intruse qui avait toujours méprisé ceux qui à présent lui tendaient la main. Elle se sentait un peu hypocrite vis à vis d'eux, même si elle ne l'était plus, en réalité. Et aussi, elle aimerait que l'on vienne frapper à cette porte pour elle, pas pour Septimus. Dans la situation actuelle, elle avait perdu tous ses amis, des personnes qui avaient compté pour elle (même si elles se comptaient sur les doigts d'une seule main) et qui lui avaient tourné le dos aussitôt qu'ils avaient apprit la nouvelle, sans se soucier d'elle ou de ses propres considérations. Comme si elle avait perdu toute personnalité, tout intérêt à partir du moment où elle avait cessé d'incarner les valeurs des Black. En même temps, elle-même avait un peu ce sentiment, par moments, comme si elle avait véritablement dû attendre plus d'un quart de siècle pour réellement prendre conscience de qui elle était exactement. Quand on toqua à la porte, elle fut donc convaincue que ce n'était pas elle que l'on venait voir, et elle n'en fut donc que plus surprise de découvrir qui se trouvait de l'autre côté.

- Lexie ? Que viens-tu faire ici ? demanda-t-elle, sur la réserve, du ton froid qui la caractérisait si bien.

Cedrella connaissait les Hepburn et la jeune Lexie par la force des choses, parce que l'ensemble des familles de sang purs et qui se sentaient dignes de ce sang représentaient un cercle très fermé, où tout le monde se connaissait plus ou moins. Si Cedrella avait coupé les ponts avec sa famille, elle avait su avant cette rupture que l'on prévoyait de fiancer Orion, un... cousin éloigné de sa famille, dira-t-on, avec la jeune Hepburn, les fiançailles devaient être annoncées durant l'été. Cela justifiait-il la présence de la jeune femme ici ? Cedrella n'en savait rien, elle ne s'était pas un seul instant attendue à ce qu'elle vienne la trouver ici. Elles ne s'étaient jamais que peu parlées, toutes les deux. Sans doute une ou deux fois, lors de l'une de ces soirées guindées où cette assemblée consanguine avait pour habitude de se réunir... Ou lors d'un de ces mariages, si fréquents dans ces familles ou ces unions avaient force de priorité.

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exie Hepburn était l'inverse d'aimable et de sympathique, mais Cedrella ne songeait même pas à l'en blâmer, après tout, elle-même n'était pas un parangon de gentillesse, de douceur et de générosité. Lexie, sur bien des aspects, pouvait faire penser à Cedrella quand elle-même avait son âge, et leurs situations au même âge, en définitive - quoique la jeune femme n'en sache rien encore - étaient assez similaires aussi. La conviction que l'on fera tout pour sa famille et pour faire honneur à son sang s'étiole vite quand d'autres arguments, d'ordre affectifs, cette fois, pour ne pas dire passionnels, font pencher la balance. Sans grande politesse et sans y avoir était invitée (même si Cedrella n'aurait pas mis Lexie à la porte de toute façon, trop curieuse de connaître les raisons de sa venue), elle pénétra à l'intérieur de l'appartement et ne manqua pas de faire une remarque dont Cedrella n'eut pas de mal à saisir toute l'ironie. D'accord, elle-même l'admettait, cet appartement était loin d'être un palace, et le luxe et le confort du manoir Black lui manquaient, bien souvent. Mais elle préférait encore vivre dans le plus infâme des cagibis (et ce n'était pas ce qu'était cet appartement) avec l'homme qu'elle aimait que dans un magnifique domaine sans Septimus.

-Installe-toi, je t'en prie. proposa Cedrella en désignant l'un des fauteuils du salon d'un signe de la main, rappelant à Lexie une bienséance dont elle semblait n'avoir que faire, et pour cause, elle avait d'autres préoccupations à l'esprit, mais Cedrella, malgré tout ce à quoi elle avait renoncé, malgré ses décisions, restait très à cheval sur l'étiquette. Elle n'alla tout de même pas pousser la bienséance jusqu'à proposer à boire à son hôtesse, elle était venue pour parler... Et pour parler de son fiancé, donc. Si Orion avait le même nom de famille qu'elle, ils appartenaient tous les deux à des branches très éloignées de leurs arbres généalogiques, si bien qu'ils se fréquentaient surtout au cours de ces soirées mondaines auxquelles Cedrella n'assistait désormais plus. Je ne dois pas vraiment connaître Orion mieux que toi. répondit-elle après qu'elle se fut assise à son tour. Elle marqua une légère pause. Les fiançailles ont été prononcées, c'est ça ? demanda-t-elle sans véritablement avoir besoin de confirmation.

Pour elle, il était certain qu'il devait s'agir de cela, et elle avait le sentiment que Lexie était la dernière au courant de ce bruit qui s'était murmuré dans les hautes sphères depuis un moment déjà, alors même qu'elle était la principale concernée. Ça n'expliquait pas encore exactement la présence de Lexie ici, mais Cedrella commençait à s'en faire une bonne idée. Ou en tous cas une certaine idée, car après tout, pour venir la voir après des fiançailles imposées, il fallait sans doute ne pas les approuver complètement, et elle qui avait fui les siennes devenait forcément un exemple dans ce domaine.

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edrella se contenta de hocher doucement la tête - même si cela n'était pas vraiment nécessaire - quand la jeune femme constata que même la pestiférée parmi les Black était au courant de ses fiançailles. Oui, les nouvelles allaient bon train, et le mariage futur d'Orion avec la jeune Hepburn avait été abordé avant même que Cedrella n'envoie balader sa famille pour aller vivre avec Septimus. Visiblement, la nouvelle agaçait Lexie, cela se comprenait. Quand on avait présenté Cedrella au fiancé qu'elle avait sublimement envoyé paître, les trois-quart de sa famille étaient déjà au courant (de ses fiancés, pas qu'elle allait l'envoyer paître). C'était forcément frustrant que de réaliser que l'on traçait complètement votre destin à votre place, sans que vous ne puissiez y faire quoi que ce soit. Vraiment très frustrant... On n'avait plus les clés de notre propre vie. Mais, après tout, Lexie avait pu s'y attendre. Quand on grandissait dans leur milieu, on savait que les noces forcées étaient inévitables, et longtemps, Cedrella avait été convaincue que ça ne la dérangerait pas, comme elle aurait pensé que son interlocutrice ne serait pas vraiment agacée par cette formalité. Visiblement, elle l'avait mal jugée. Lexie ne manqua pas d'entrer rapidement dans le vif du sujet, et Cedrella ne fut pas vraiment surprise de sa question, en définitive. Au nom de quel autre motif aurait-elle pu décider de venir la voir. Aussi absurde cela pouvait-il sembler de prime abord, Lexie venait effectivement lui demander conseil. Ainsi, la jeune femme cherchait à tous prix à échapper à ses fiançailles. Soudaine prise de conscience ? Ou bien l'amour avait frappé à sa porte ? Une autre elle aurait pu lui reprocher de s'abandonner si légèrement à des amours adolescentes, sauf que Cedrella avait succombé à la même faiblesse... et au fil des ans, elle n'avait pu qu'être confortée dans sa première certitude (même si elle ne l'avait frappée immédiatement) : Septimus Weasley était l'homme de sa vie.

-Eh bien... hésita Cedrella, qui sentait déjà se profiler les reproches de la famille dont elle avait été déchue quand elle saurait qu'elle avait encouragé Lexie à s'émanciper (d'un autre côté, puisqu'elle était déjà persona non grata, un peu plus un peu moins, cela ne pouvait pas vraiment changer grand chose). Tout dépend de ce à quoi tu te sens capable de renoncer pour cela.

Parce que, évidemment, le seul conseil que la jeune femme pouvait donner à son interlocutrice, c'était de fuir et de vivre sa vie ainsi qu'elle l'entendait. Ce ne serait pas toujours simple et, par instants, les regrets viendraient frapper à la porte (elle en savait quelque chose), mais si elle possédait vraiment les bonnes motivations, alors le jeu en valait très largement la chandelle. Ceci dit, Cedrella ne voulait pas trop s'avancer. Elle ne voulait pas se faire reprocher un conseil donné à quelqu'un dont elle n'était pas particulièrement proche.

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edrella, au fond, se reconnaissait beaucoup en Lexie, comme si elle se revoyait à son âge, ou peu s'en faut, luttant contre des sentiments plus forts qu'elle, tentant de se convaincre que ses privilèges valaient malgré tout mieux que ces puissants sentiments. Elle n'avait jamais réussi à se convaincre complètement, mais elle avait poursuivi son chemin, s'était convaincue qu'elle pourrait supporter un mariage arrangé pour peu qu'elle puisse vivre dans un imposant manoir et bénéficier d'une fortune confortable. Mais ce que la vie pouvait vous offrir de plus satisfaisant n'avait rien de matériel. Oui, Cedrella comprenait le dilemme qui se posait à Lexie, puisqu'elle avait pour sa part vécu le même. Bien sûr, elle ne savait pas exactement ce que vivait sa jeune interlocutrice, mais elle était prête à parier qu'elle avait, elle aussi, commis l'erreur de laisser son cœur battre pour la mauvaise personne. Bien sûr, cela pouvait tout à fait finir par passer, elle était jeune, les sentiments que l'on croit si grand sont rapidement oubliés, à cet âge... mais pas toujours. Et une fois encore, Cedrella en était la preuve.

Oui, le conseil de la paria parmi les Black était bel et bien celui qu'imaginait la jeune vert et argent. Il n'y avait pas d'alternative. On ne pouvait espérer avoir le beurre, l'argent du beurre, et la crémière. À un moment ou à un autre, il faudrait qu'elle prenne une décision tranchée, sans quoi elle perdrait sur absolument tous les tableaux. Oui, il faudrait qu'elle abandonne tout, qu'elle conçoive que ce sacrifice en valait la peine, qu'elle comprenne que les regret et la nostalgie, s'il serait hypocrite d'affirmer qu'ils ne seront pas ressentis, seront d'infimes sentiments en comparaison de ce pourquoi elle aura tout abandonné. Encore fallait-il qu'elle soit vraiment complètement sûre d'elle. Abandonner un mariage arrangé, devenir la honte de sa famille, le tout pour une amourette peut-être enflammée à ses débuts, mais qui aurait tôt fait de s'étioler, cela n'avait absolument rien d'idyllique. Et elle ne voulait pas se le voir reprocher ensuite. La décision appartiendrait à Lexie, et à personne d'autre.

-Je suppose. répondit-elle, prudente. Si tu es vraiment sûre de toi, si la perspective de ce mariage t'est vraiment insupportable... s'il en vaut la peine... alors abandonner ton confort sera un moindre fardeau.

Oui, elle supposait d'emblée qu'il y avait un jeune homme derrière toute cette histoire, et si l'alternative de faire de lui son futur époux n'était pas envisageable, c'est qu'il ne devait pas être d'une lignée très honorable et respectée. Bref, tout ce qu'il fallait pour qu'elle se reconnaisse dans cette histoire. À la différence que la relation de Lexie ne pouvait pas être seulement qualifiée d'indigne, si elle venait à être découverte, on ne manquerait pas de la considérer comme "contre-nature" et de la fustiger pour cela.

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était évident... mais ce n'était pas évident. Voilà qui résumait bien la situation problématique (pour ne pas dire insoluble) dans laquelle se trouvait Lexie. Une situation dans laquelle Cedrella pouvait difficilement ne pas se reconnaître. Elle avait eu cet âge, elle s'était sentie confrontée aux même dilemmes, et la situation la plus évidentes était si complexe qu'il lui avait été difficile de se résigner. Pourtant, il ne lui avait vraiment pas fallu longtemps pour comprendre, être certaine, même, que Septimus Weasley était l'homme de sa vie. Un certain temps au regard de tous ces moments passés à se prendre la tête et à affirmer se détester, mais bien peu de choses au regard de toute une vie. Quand ses lèvres s'étaient posées pour la première fois sur celle du jeune homme, alors qu'ils n'étaient tous les deux pas plus âgés que Lexie, elle avait su. Et pourtant, elle avait eu beau savoir, elle avait fermé les yeux sur la réalité. Elle avait accepté le fiancé choisi par ses parents, avait ordonné à Septimus de ne plus jamais la revoir, et elle avait cru qu'elle serait capable de s'y tenir. Il lui avait fallu l'absence et le manque pour comprendre qu'elle ne pourrait pas mener une vie entière de la sorte. Et finalement, abandonner sa famille et ses privilèges n'était plus un choix, mais une obligation. Faite de compromis douloureux, c'est vrai, mais elle n'échangerait pas cette vie, même contre tout l'or du monde, tout simplement parce que Septimus en faisait partie. Si Lexie vivait une expérience similaire, alors elle finirait forcément par découvrir, à un moment ou à un autre, que le choix est une invention, rien d'autre, et qu'il est fait depuis longtemps. Le simple fait que la jeune femme soit allée la trouver, elle, la paria des Black, en disait déjà très long sur la situation.

Néanmoins, si Cedrella ne pouvait évidemment que comparer leurs situations, par la force des choses, Lexie semblait considérer que leur situation était malgré tout différente, que la sienne était plus complexe. Cedrella peinait à voir en quoi, incapable d'imaginer une seule seconde ce que pouvait vivre Lexie, et l'identité - le genre, disons plutôt - de la personne qui avait ravi son cœur. Elle se demandait si la réflexion de Lexie n'était pas seulement pur orgueil, parce que la jeune femme refusait tout simplement d'admettre pouvoir être comparable à elle, qui ne devait pas être franchement respectable à ses yeux. Cedrella grimaça légèrement mais se retint malgré tout de condamner immédiatement l'orgueil de son interlocutrice. Elle devait quand même admettre qu'elle était plutôt curieuse de savoir en quoi elle considérait sa situation comme bien plus complexe que la sienne. Et aussi de savoir qui pouvait être ce jeune homme. Qui était-il ? Qu'aurait-il bien pu faire qui justifie que la famille de Lexie condamne son attitude et ne puisse envisager l'annulation de son mariage au profit d'un autre (quoi qu'on ne disait pas non aux Black, forcément, cela ne pouvait pas aider - Cedrella était bien placée pour le savoir).

-Si tu ne m'expliques pas en quoi ta situation est différente, je vais difficilement pouvoir te conseiller.

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edrella avait beau avoir changé au contact de Septimus, au point même de renoncer à tout ce qu'elle ne se serait jamais cru capable d'abandonner juste pour lui, il n'en demeurait pas moins que certains réflexes passés refaisaient parfois surface, comme cet orgueil démesuré qui la poussait, en certaines circonstances, avoir tout vécu à l'inverse des autres. Elle pensait que c'était réelle prétention et caprice adolescent de la part de Lexie d'affirmer que leurs situations ne se ressemblaient pas, et que la Black reniée par sa famille ne pouvait pas s'imaginer que la situation qu'elle vivait était bien plus complexe... Et pourtant... Il allait bien falloir qu'elle reconnaisse avoir eu tort, et dans les grandes largeurs. La jeune femme, en une phrase seulement, allait non seulement la clouer au poteau, mais la cloueur tout court, aussi, car aucune des suppositions que Cedrella aurait éventuellement pu faire concernant l'idylle de la vert et argent ne pouvait ressembler, même de loin, à ce qu'elle était en mesure de concevoir.

L'information mit, il est vrai, un certain temps avant de bien vouloir intégrer le cerveau de la jeune femme. Non pas que Cedrella soit naturellement lente à la détente, mais elle ne s'attendait certainement pas à une chose pareille. Lexie Hepburn était amoureuse d'une fille. Autant dire que cette nouvelle resta en travers de la gorge de la jeune femme. Cedrella n'était pas quelqu'un de fondamentalement ouvert d'esprit, loin s'en faut, même, et cela, on le devait à l'éducation rigoureuse qu'elle avait reçue, et qui lui avait imposé, entre autres, une croyance dans un schéma familial unique et incontestable. Elle savait bien que l'homosexualité existait, mais elle ne savait l'observer autrement que comme une déviance et une perversion, simplement parce qu'on lui avait toujours présenté cela comme tel, une déviance avant tout sexuelle, si bien que Cedrella se montra à vrai dire surprise de l'entendre employé le terme "amoureuse", que les sentiments d'un individu puissent se porter sur quelqu'un du même sexe, cela tenait presque de la pure fiction à ses yeux tant les barrières morales et les œillères qui lui étaient imposées depuis l'enfance faisaient obstacle à son indulgence.

-Tu... Oui, là, elle lui avait coupé la chique, et Cedrella avait bien du mal à savoir quoi répondre à ça. Bien sûr, elle n'irait pas le répéter, elle n'avait pas que ça à faire, mais elle se sentait tout à coup très mal à l'aise face à cette situation pour le moins inédite. Non, ce n'était vraiment pas auprès d'elle qu'elle aurait dû chercher conseil. Et Cedrella n'était vraiment pas certaine de vouloir être mêlée à... ça... Tu es sûre de ça ? Ok, réponse idiote, mais prononcée en toute bonne foi. Tu devrais bien y réfléchir, ce n'est sans doute qu'une passade.

Cedrella le lui espérait, en tous cas.

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edrella tombait complètement des nues. Face aux aveux de sa jeune interlocutrice, elle ne savait définitivement pas comment agir ou réagir. Elle s'était attendue à tout entendre, Lexie aurait pu lui affirmer qu'elle était tombée sous le charme d'un moldu ou d'un homme marié qu'elle aurait pris sur elle pour la soutenir et essayer de la comprendre, mais là... Des années d'une éducation stricte, qui avaient imposé à son esprit un schéma familial très précis, ne l'aidaient vraiment pas à appréhender la situation sous un angle compréhensif ou tolérant. Lexie aimait une autre femme, et pour Cedrella, c'était un amour contre nature. Elle n'avait pu s'empêcher de l'exprimer à mi-mot, en affirmant qu'il ne s'agissait que d'une passade, comme certains adolescents aiment à expérimenter certaines choses et à braver certains interdits avant de rejoindre les rangs, mais Lexie l'envoya vite sur les roses, lui affirmant dans toute sa superbe qu'il n'en était rien, et la confrontant à sa propre situation. Mettre l'égarement de Lexie sur le compte de sa jeunesse, c'était tentant, mais comment Cedrella pourrait-elle bien en juger vraiment alors qu'elle-même avait fréquenté (dans le plus grand secret mais fréquenté tout de même) l'homme de sa vie alors qu'elle était encore élève à Poudlard. Là, vraiment, elle avait toutes les peines du monde à savoir de quelle façon réagir. La dernière réflexion de la jeune femme ne manqua pas de piquer l'orgueil de la Black déchue, ce n'était jamais agréable d'entendre dire que l'on était "comme tout le monde", surtout quand on avait comme elle consenti à tant de sacrifices pour se différencier de la masse et vivre selon des convictions qui pouvaient déplaire. Oui, à la vérité, Lexie et Cedrella n'étaient pas différentes, c'étaient leurs limites qui ne manquaient pas de l'être, surtout.

-Tu ne peux pas comparer... se défendit-elle sans avoir de réels arguments, si ce n'est que deux femmes ne devraient pas être ensemble, ce qui semblait absurde au regard des sentiments que Lexie paraissait sincèrement éprouver pour la jeune femme à qui elle tentait d'offrir son cœur. Sans se démonter et tentant de négliger son opinion personnelle, Cedrella prit sur elle et décida de se montrer avant tout pragmatique, c'était encore pour elle la meilleure manière d'aborder cette situation, qui ne manquait pas de la dépasser à plus d'un titre. J'ai décidé de m'enfuir avec Septimus et de renoncer à mes noces, ma famille m'a reniée et coupé les vivres, et j'ai décidé de l'accepter. Mais si tu imites mon exemple, ce n'est pas seulement ta famille, qui se détournera de toi, mais la société toute entière. Vous pourriez être dénoncées, traînées en justice...

Pas par elle, Lexie était venue la voir en toute confiance, et quoique Cedrella pense de ses inclinations, elle ne comptait rien y faire.

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edrella était bien contrainte de reconnaître à Lexie qu'elle avait raison, leurs situations ne pouvaient se comparer qu'en substance, mais dans le fond, il n'en était absolument rien. Sa situation était bien plus complexe, délicate. Si son secret était découvert, elle risquait bien plus que de perdre l'estime de ses parents et d'être reniée par sa famille. Mais à cela, Cedrella ne pouvait pas grand chose. Tout ce qu'elle pouvait faire, c'était conserver le secret de son interlocutrice, et elle comptait effectivement le faire, elle n'avait pas la moindre envie de faire des difficultés à son interlocutrice, même si elle considérait son interlocutrice comme déviante, ne pouvant s'empêcher de considérer que ce qu'elle pensait être de l'amour était en vérité une lubie qui finirait bien par lui passer. Qui devrait forcément lui passer. Oui, la situation de Lexie était difficile, et Cedrella se demandait de plus en plus pourquoi la vert et argent s'était tournée vers elle. Elle n'était pas franchement certaine de pouvoir faire grand-chose pour elle, en l'occurrence. Elle n'aurait jamais autant de chance qu'elle si elle poursuivait sur cette voie, c'était une véritable certitude. Cedrella ne s'estimait pas vraiment comme chanceuse. Oui, elle était heureuse avec Septimus, sans le moindre doute, mais ce n'était pas pour autant qu'elle se pensait chanceuse. Ce n'était pas une chance que de perdre tous les membres d'une famille qu'elle adorait, elle ne pourrait jamais considérer que c'en soit une. Alors oui, le verdict de Lexie était sans appel, mais également logique, Cedrella ne pouvait pas empêcher les noces de Lexie, et elle ne pouvait pas non plus l'aider, elle ne pouvait que fermer les yeux sur ses inclinations.

-Même si tu parviens à éviter ce mariage-ci, tes parents te trouveront un autre fiancé, tu en as conscience, n'est-ce pas ?

Oui, Cedrella était certaine qu'elle en avait bel et bien conscience. Ce serait un problème sans fin. Si elle voulait vivre sa relation impure, elle allait devoir dire adieu à sa famille, elle ne pouvait rien espérer d'autre, elle ne pouvait rien demander de plus. Elle allait devoir accepter la fatalité... Ou bien revenir sur le droit chemin, un point c'est tout.

-Je ne sais pas ce que tu attendais exactement de ma part, Lexie...

Elle ne voyait pas, non. Ce n'était pas elle, après tout, qui pourrait interférer en sa faveur auprès des Black, elle n'avait plus droit de parole auprès de sa famille. Elle n'était définitivement pas celle vers laquelle la jeune femme aurait dû se tourner, ce devenait plus qu'évident. Oui, elles avaient toutes les deux, à un instant de leur vie, voulu renoncer à leurs fiançailles, mais leurs points communs s'arrêtaient sans doute là. Lexie devrait faire ses propres choix, trouver ses propres situations. C'était la seule solution qui se présentait à elle.

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edrella ne s'expliquait pas, non, les raisons pour lesquelles Lexie était venue la voir alors qu'elle ne pouvait pas faire grand chose pour arranger ses affaires. Elle ne pouvait en rien empêcher ses noces avec Orion Black ni lui donner d'autre conseil que de fuir sa famille pour vivre son idylle (et encore, maintenant qu'elle en connaissait la nature, elle ne le lui conseillerait pas, car ce n'était clairement pas le genre de relation dans lequel elle imaginait que quiconque puisse s'épanouir)... Peut-être Lexie avait-elle tout simplement voulu parler avec quelqu'un qui avait vécu une histoire similaire à la sienne, tout en ayant conscience qu'elle ne serait pas pour autant capable de la comprendre totalement ni même d'accepter ses inclinations, parce que parfois, ça fait du bien de parler à quelqu'un qui a pu vivre la même chose que vous ou peu s'en faut. Cedrella pouvait parfaitement le comprendre. Elle aurait aimé aussi, à son âge, pouvoir discuter avec quelqu'un qui sache non pas la guider, mais au moins savoir ce qu'elle traversait. Cela vous donnait l'illusion d'être moins seul. C'était sans doute ce que Lexie avait voulu, au-delà même d'une solution... être moins seule. Sauf que Cedrella n'avait pu répondre que partiellement à ses attentes. Elle était capable de comprendre sa situation, mais pas les sentiments qu'elle était parvenue à nourrir pour une personne du même sexe qu'elle. Lexie affirma alors qu'elle n'allait pas la déranger davantage. Il valait mieux sans doute qu'elle s'en aille, en effet. Cedrella ne lui était pas d'une grande utilité. Elle n'avait même servi à rien du tout, il faut bien le reconnaître, si ce n'est de prouver que la société n'était définitivement pas prête à accepter l'histoire de la jeune femme.

-Je ne dirai rien à personne, je te le promets, affirma-t-elle.

Et cette promesse était sincère. Quand bien même Cedrella n'approuvait pas les choix de vie de son interlocutrice, elle ne voyait aucun intérêt à en parler autour d'elle. Elle considérait que, dans son propre intérêt, elle devrait abandonner cette lubie... mais si elle ne le faisait pas, c'était ses affaires, après tout. Elle n'avait pas envie de gâcher la vie de Lexie, de quel droit ferait-elle une chose pareille ? Sans compter, de toute manière, que sa parole n'avait désormais pas plus de valeur aux yeux de la plupart des gens que celle d'une pestiférée. En somme, elle n'avait donc rien à craindre. Elle ne révélerait son secret à personne qui puisse bien lui nuire. Elle ne comptait pas même en parler à Septimus, quand bien même elle était convaincue que ce dernier serait tout aussi discret qu'elle, et sans doute plus compréhensif également. Cette affaire la concernait, Lexie était venue la voir en toute confiance, et si elle n'avait pas été l'interlocutrice que la jeune femme avait espéré, elle comptait malgré tout se montrer entièrement digne de cette confiance.

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