Une journée complètement normale pour la jeune Madeleine Watson qui errait dans les ruelles du Chemin de Traverse. Cet après-midi là, elle n'avait pas cours et franchement, tant mieux. Cela faisait maintenant un mois qu'elle occupait le poste de professeure d'enchantements dans l'institut magique de Poudlard. Et elle devait avouer que c'était tout de même extrêmement usant ; bien moins compliqué forcément que son ancien poste au Ministère au service des usages abusifs de la Magie, mais être enseignante, ce n'était pas rien ; c'était même tout un art ! Et oui, c'était vraiment bien plus fatiguant. Certains élèves étaient de vrais têtes de mules, plus insupportables que des gobelins. Pacifiste dans l'âme, Maddie n'avait encore jamais eu envie d'étriper un des élèves, mais elle n'avait qu'une seule envie : les ignorer. Cependant, il y avait de bons éléments. Et puis il y avait aussi les cancres, mais Maddie s'était prise d'affection pour beaucoup d'entre eux. Ceux qui étaient lunaires lui rappelaient sa propre adolescence. Elle avait toujours eu la tête dans les nuages. Bon, en contrepartie, elle avait été une très bonne élève. Un véritable miracle …

Ce jour-là donc, elle n'avait pas cours et avait décidé d'entreprendre quelques emplettes sur le Chemin de Traverse, magnifique lieu pour dégoter tout et n'importe quoi. Elle entrait dans toutes les échoppes, le sourire aux lèvres, radieuse, éblouissante même, mais avec une allure un peu maladroite et lunaire. Toujours souriante. C'était une de ses règles d'or. Grande optimiste, elle ne voyait pas l'utilité de tirer une tête de détraqueur et d'être impoli ou même désagréable avec des inconnus. Elle se devait de respecter le monde qui l'entourait. A ses yeux, c'était important que chaque individu appartenant à ce monde fasse tout son possible pour l'embellir : c'était un sourire permanent en toute situation, un mot gentil, un regard compatissant, une façon d'être et d'agir … Elle voulait embellir son monde. Elle ressemblait à une fée. La fée clochette (en moins hautaine hein, parce que la fée clochette, merci …!) Enfin passons cette parenthèse. Oui Maddie ferait une bonne fée. La fée Maddie à votre service !

Et elle déambulait, elle déambulait, portant des sacs bien remplis ! Elle ne marchait pas droit, et pourtant elle était toujours sobre. Juste, les poids n'étaient pas équilibrés. Elle avait acheté pas mal de choses : de nouvelles robes de sorcier, des plumes et enfin beaucoup de livres (car oui, les livres, rien de mieux pour s'évader en toute légalité). Et maintenant, voilà qu'elle se retrouvait devant chez Eeylops, ce fameux « royaume du hibou ». Et oui, c'est vrai ça, elle n'avait pas de fidèle postier rien qu'à elle ! Oui, certes, elle avait déjà un chat … ce foutu Moustache qui disparaissait continuellement dans les couloirs du château mais … plus on est de fous plus on rit non ? Oui oui, la chambre que Poudlard avait mit à sa disposition n'était pas bien grande, mais … et alors ? Où était le problème ? Moustache était toujours paumé dans les couloirs du château et puis le futur hibou serait très probablement jamais en cage (connaissant Madeleine) et toujours en liberté dans le parc de l'école. Mhh. Quel dilemme. Madeleine avait le cerveau en ébullition, et le cœur découpé en deux. Non, ce n'était pas raisonnable. Non, elle n'aurait pas assez d'argent pour s'entretenir convenablement en plus de deux animaux. Non, elle n'avait pas forcément besoin d'un hibou.

Mais oui, elle aimait les animaux. Oui, Moustache serait ravi d'avoir un compagnon. Quoi que … le problème avec les chats, c'est qu'ils étaient imprévisibles. Cet idiot de Moustache serait bien capable d'être jaloux d'un nouveau venu. Ça y est ! En proie au doute, Madeleine avait commencé à parler toute seule. « Non Made, tu n'as pas besoin d'acheter un hibou pour envoyer les lettres complètement idiotes que tu écris à tes frères et sœurs ... » Elle faisait la grimace. Plissait les sourcils. Se mordant la lèvre inférieure. Lâcha ses sacs pour venir frotter son menton, l'air pensive. On aurait dit une parodie de blonde qui réfléchit. Puis d'un coup brusque, sec, inattendu, elle prit sa décision : « Non, tu n'en as pas besoin chérie ! » (elle savait très bien que dans une semaine, elle aurait changé d'avis). Elle reprit ses sacs en moins d'une seconde, et fit un demi tour assez branché bien que maladroit et vraiment pas très sécurisé car elle rentra de plein fouet dans quelqu'un. Nom d'un chaudron, mais c'est que ça lui arrivait souvent ces derniers temps ! La semaine dernière, elle était atterri dans une élève … Ah, mais la faute à qui : A CE FOUTU MOUSTACHE QUI DISPARAIT TOUT LE TEMPS !

Bref, Madeleine avait, une fois de plus, atterri dans une personne innocente (et ce n'était pas la faute de Moustache pour une fois). Elle leva les yeux, et là, quelle ne fut pas sa surprise de se retrouver devant une figure bien connue qu'elle n'avait pourtant pas vu depuis qu'elle avait été engagée à Poudlard. FLYNN ! Son petit Flynn (bon il était plus grand qu'elle), Flynn son ami, son presque frère, son amour d'enfance ! (rien que de repenser à l'admiration romanesque qu'elle avait eut pour lui étant petite fille, le rouge lui montait aux joues). Elle lui fit un sourire béa qui lui monta alors jusqu'aux oreilles, et sans prévenir, elle se jeta dans ses bras, laissant ses sacs tomber lourdement sur le sol, provoquant les ronchonnements des passants qui durent éviter de justesse une avalanche d'articles en tout genre.
Maddie était désormais dans les bras de son vieil ami. Elle le serrait fort contre elle, ne prêtant aucune importance aux règles qu'il fallait quand même respecter en public. Le menton posé sur son épaule, elle déclara, toujours souriante : « Par Merlin, ce que je suis contente de t'être rentrée dedans Flynn ! » Elle s'éloigna de lui, jugeant que leur étreinte avait été assez longue. Elle le détailla. « Enfin, pardon, j'espère que je t'ai pas blessé, avec ma force légendaire ... » Elle plaisantait bien sûr. Elle était aussi musclée que le professeur Dumbledore. Autrement dit, elle n'avait pas un misérable gramme de muscle traînant dans son organisme. Bon dieu, ce qu'elle était contente d'être "tombée" sur Flynn !