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tre dans le colimateur de Christopher McDowell devenait sérieusement pesant. Si, manifestement, il n'avait toujours pas su rassembler la moindre preuve concrète à son encontre qui ait à lui faire craindre quoi que ce soit, sentir peser son regard sur lui constamment, et comprendre de quelle manière il cherchait insidieusement à rassembler des informations sur lui devenait franchement agaçant. Si Borodine (ou Jedusor, puisque Gwendall lui-même ne savait plus trop à qui il prêtait allégeance, au fond) lui avait demandé de tuer le chef du département de criminologie, Gwendall se serait exécuté avec un immense plaisir, mais ce n'était dans les plans de personne pour l'heure, et en plus d'avoir à supporter son attitude inquisitrice, il devait accepter que l'homme ait pris en charge la mort de Nemesis. Coïncidence ? Oh non, l'Auror ne le pensait pas... Bref, l'homme avait beau aimer son travail, il devait reconnaître qu'il n'aurait pas trouvé de refus que de revenir en arrière, à cette fin de semaine incroyable, où lui et Sasha avait profité de leur mariage tout neuf, coupés du monde et des autres, simplement heureux.. C'était bien loin déjà, et le retour à la réalité était brutal...

... Et ça n'allait pas forcément s'arranger, alors qu'on venait de lui apprendre qu'il allait devoir agir en équipe pour se charger de sa prochaine enquête. Ça aussi, c'était une nouveauté, et déplaisante s'il en est. McDowell le poussait dans ses retranchements, il ne lui confiait plus que des missions liées de près ou de loin aux neo-grindelwaldiens. Et on lui mettait tout le temps un co-équipier dans les pattes... Ça devenait vraiment agaçant. Oui, la victime sur le meurtre de laquelle il devait enquêter, l'Auror la connaissait, c'était bien l'un des leurs qui l'avait tué... À force de protéger les siens et de ne se voir confier que des missions qui leur étaient liés, il allait vraiment finir par perdre en crédibilité. Il allait falloir qu'il trouve un pigeon à plumer pour le faire passer pour criminel, s'il voulait s'éviter des problèmes en supplément de ceux qu'il accumulait déjà. Mais pour cela, bien sûr, il allait falloir que le collègue avec qui il devrait travailler se montrer un peu... conciliant. Il le saurait bien assez vite, puisque cette personne ne tarda pas à faire irruption dans son bureau. Quand il le reconnut, un léger sourire s'étira sur les lèvres de l'Auror.

-J'aurais dû me douter que c'était toi que McDowell allait me mettre dans les pattes, ça devient une habitude.

Mais pas une mauvaise, en vérité, et d'ailleurs, son ton tenait plus de l'amusement que du reproche. La personne qu'il avait en face de lui était Seth Beresford, tenu en grande estime par les supérieurs quand Gwendall était pour sa part contraint de faire profil bas. Mais l'homme ne lui en voulait pas. Parce qu'il voyait chez Seth quelque chose qui échappait visiblement à McDowell, et qui pourrait bien jouer un jour en la faveur de Gwendall. Il invita d'un geste son collègue à s'asseoir et tendit le dossier dans sa direction afin qu'il ait tout le loisir de l'examiner.

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tre amusé n'était peut-être pas la réaction la plus appropriée à la situation, et d'ailleurs, il n'y avait pas que de l'amusement dans tout cela, non, plus une exaspération déguisée, parce que c'était plus simple de rire que de pleurer, à ce stade. Tant que McDowell officierait au sein du bureau des Aurors, il était manifeste qu'il n'aurait jamais la paix, et qu'il faudrait donc qu'il serre les dents. Cette surveillance constants, ces soupçons infernaux faisaient désormais partie de son quotidien. Il se les épargnerait bien, mais c'était ainsi. Sa seule satisfaction, dans tout cela, c'était que son supérieur avait beau fouiller dans son passer et dans son entourage, il n'avait jamais rien su trouver qui l'incrimine. Oh, il n'abandonnerait pas, Gwendall l'avait bien compris, mais jusque là, il pouvait agir comme un accusé à tort qui subissait l'acharnement de son patron... et ses lubies diverses, comme celles de lui accoler sans arrêt un coéquipier, quand il préférait très largement officier en solo.

Comme coéquipier, il aurait pu tomber sur pire néanmoins, certes, l'enthousiasme de Seth Beresford n'était pas flagrant, mais ça, ça faisait partie de son attitude quotidienne, et l'Auror pouvait sans mal passer outre ses réflexions, qui n'étaient pas toujours des plus plaisantes, puisqu'il voyait chez lui un potentiel qui l'invitait à davantage d'indulgence. De toutes les manières, il n'en était pas au stade où il pouvait se permettre le moindre esclandre avec ses collègues, quand bien même on lui aurait accolé le partenaire le plus déplaisant possible, il aurait fallu faire bonne figure. Il n'avait pas besoin d'autres prétextes à se trahir quand certains projecteurs étaient braqués sur lui, et ses faits et gestes épiés dans l'espoir qu'il fasse une erreur... Et parce qu'on attendait cela de lui, il comptait bien tous les décevoir. Il aimait son travail, et il considérait qu'il le faisait bien, et très consciencieusement... Ce n'était pas de sa faute, tout de même, si les deux causes auxquelles il était dévoué entraient en contradiction, et de plus en plus dernièrement, puisque McDowell s'amusait à forcer le destin.

-Je doute fort que ma réussite fasse partie de ses priorités. répondit-il tout simplement, mais non sans ironie, car il était plus que manifeste que l'homme essayait de le faire tomber, ni plus ni moins que de le faire tomber. Il marqua une pause. À ta place, je m'interrogerais plutôt sur ses intentions vis à vis de toi. Ce n'était pas une remarque contre lui, plutôt adressée à celui qui mettait un point d'honneur à le voir un jour derrière les barreaux. Des deux enquêtes qui portent mon nom et qu'il t'a confiées, je préfèrerais que tu puisses te concentrer sur l'officielle plutôt que l'officieuse.

L'officielle était bien sûr l'enquête qui, oui, portait son nom, mais concernait bien sûr sa soeur... Une enquête qui ne semblait pas aboutir... normal, s'ils restaient cantonnés à ces stupides histoires d'adultère. Gwendall était convaincu que cela n'avait aucun rapport. L'officieuse le concernait lui, évidemment, et celle-là n'était pas prête d'être cloturée, visiblement.

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ui, évidemment, Gwendall faisait référence aux soupçons qui pesaient sur lui, et qu'il n'était pas sans ignorer, comme la plupart des Aurors qui travaillaient avec lui. Il était d'ailleurs passablement désagréable de se sentir cerné par chacun de ses collègues, même ceux qu'il avait pu compter parmi ses "amis" (même si le mot était un peu fort) et qui désormais ne pouvaient s'empêcher de se montrer défiant. Difficile de ne pas céder à la paranoïa, dans ce genre de contexte, et nul doute que c'était exactement ce qu'attendait Christopher, guettant la moindre occasion de lui mettre des bâtons dans les roues, notamment en lui envoyant son petit chouchou, qui lui précisa n'avoir que faire de ses agissements qu'ils soient réels ou fictifs. Certes, cela arrangeait Gwendall, mais il pouvait difficilement y croire. Quand bien même Seth serait sincère, le jeune homme était convaincu que McDowell ne manquerait pas d'interroger Seth sur tout ce qu'il aurait pu faire ou dire de suspect... Et il n'avait plus le droit au moindre faux pas. Encore moins à présent qu'autrefois, maintenant qu'il était marié à Sasha, qu'il avait conduit en prison il n'y a pas si longtemps, information certes confidentielle, mais qu'un enquêteur chevronné pouvait parfaitement dégotter. Gwendall pouvait tolérer qu'il lui arrive quelque chose, mais certainement pas que cela retombe ensuite sur sa femme. Il allait falloir la jouer fine. Seth n'était pas le seul à vouloir se débarrasser de cette affaire, même si cela signifiait mettre en difficulté l'un de ses "amis" néo-grindelwaldiens.

-La patience est l'une des qualités propres à notre métier. répondit-il posément, même s'il n'avait pas envie de s'éterniser non plus, il n'avait pas outre mesure envie d'en donner l'impression de vouloir éjecter l'affaire, d'autant que si elle avait concerné n'importe qui d'autres, et en compagnie de n'importe qui d'autres, il aurait certainement réagi de la sorte. L'enquête en était encore à son début, il allait falloir en passer par de multiples interrogatoires et autres enquêtes, ce n'était sans doute pas aujourd'hui qu'ils clôtureraient l'affaire, même s'ils auraient aujourd'hui affaire à celui qui n'était pas seulement le suspect numéro un de l'affaire, mais bel et bien le criminel à arrêter, même si Gwendall était bien le seul à pouvoir le savoir. Nous avons plusieurs suspects à interroger. Le premier d'entre eux ne devrait pas tarder, d'ailleurs.

Et histoire de bien commencer les choses, c'était justement le coupable qui serait entendu en premier... Gwendall avait hésité quant à la marche à suivre. Il tentait de protéger au mieux ses alliés neo-grindelwaldiens, c'était aussi à cela que servait sa place dans ce bureau, et pourquoi il savait qu'il ne devait pas trop craindre de sabordage ou de trahisons le concernant... Mais par moments, il fallait bien faire quelques sacrifices, pour conserver sa couverture... Ce neo n'avait pas été bien malin dans sa manière de procéder, tous les indices jouaient contre lui... Il devrait payer, tant pis. Pour les autres. Pour son anonymat à lui. Restait que la présence de Seth risquait de compliquer les choses... des fois que son futur ex partenaire de crime décide de se montrer un peu trop bavard dans le but de sauver sa peau. Pour le moment, Gwendall préférait ne pas trop y penser, et se donner plutôt cette apparence calme et impassible qui devraient lui sauver la mise. Et d'ailleurs, on frappa à la porte du bureau, ce devait être lui.

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wendall soutint le regard de leur suspect numéro 1 quand ce dernier était entré dans la pièce et, le reconnaissant, avait forcément regardé dans sa direction avec plus d'insistance. Restait à espérer, tout de même, qu'il se contente d'un regard légèrement équivoque (bien qu'il pouvait déjà suffire à éveiller les soupçons de Seth, puisque le neo-grindelwaldien pourrait totalement ruiner sa couverture) et de rien de plus. Gwendall, lui, se contenta de le considérer avec la distance adéquate, pas avec autant de froideur de son collègue, mais comme il le ferait avec n'importe quel autre suspect qu'il ne connaîtrait ni d'Ève, ni d'Adam. Il crut voir une lueur soulagé dans le regard du présumé coupable. Il devait se dire que, si l'Auror qui jouait un double-jeu prenait part à cette affaire, il allait forcément le sortir de là. Après tout, certains autres s'en étaient sortis grâce à lui. Mais sur ce coup-là, il ne prendrait pas ce genre de risque, pas avec McDowell qui avait sans cesse les yeux braqués sur lui et qui, en plus, lui avait envoyé Beresford. Mais si l'autre pensait qu'il allait le tirer de là, c'était tant mieux, il se montrerait peut-être plus conciliant en pensant être sauvé à la fin, et lui, il parviendrait à se tirer de cette situation délicate sans risque d'être inquiété... Enfin, il fallait y croire. Même si c'était bien loin d'être certain.

L'homme s'assit, attendant de voir comment les choses allaient se passer, son regard s'était à présent tourné vers Seth, peut-être se demandait-il qui était cet homme, et s'il était dans la confidence. S'il était un peu intelligent, il ne partirait pas de ce postulat. Intelligent ou non, il eut au moins la décence de ne pas prendre la parole avant qu'on l'y invite, et d'attendre sagement qu'on lui pose des questions. C'est bien, qu'il reste à ce point docile de bout en bout, et tout se passerait bien. Enfin, pour Gwendall, en tous cas, pas pour son collègue de l'ombre qu'il ne pouvait pas présenter tel quel à la lumière, surtout pas. Il commença par la question d'usage, il lui demanda si le présumé coupable devinait pourquoi il était ici, ce dernier nia inutilement en bloc, alors même que toutes les preuves étaient contre lui, mais Gwendall n'avait pas l'intention de le placer directement face à ses contradictions. En temps normal, il ne le faisait pas non plus, il n'avait pas l'intention de dévier de son protocole habituel, absolument pas. Ce serait le meilleur moyen de se faire griller. Il se contenta donc de lui présenter une photographie de la victime, et d'attendre de savoir ce que son assassin avait à dire sur le sujet.

Et qu'il était piètre menteur, cet enfoiré ! Si Gwendall avait pris le parti de le défendre, il ne serait arrivé à rien tant il se débrouillait mal, le mot "coupable" se lisait sur son front, dans la moindre de ses attitudes, dans le moindre de ses propos. Il ne l'avait pas vu, disait-il, il ne savait pas du tout qui il était... Restait à savoir ce qu'il avait à dire concernant les témoins qui pouvaient certifier l'avoir vu quitter les lieux du crime, à savoir l'appartement de la victime... Mais ce n'était pas à lui de passer à l'offensive, cette fois, il laissait cela à son collègue. Puisqu'il était là...

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es preuves étaient des plus accablantes. Leur suspect (que l'on pouvait même qualifier de coupable, à ce stade, vraiment... et Gwendall le pouvait d'autant plus qu'il savait bel et bien que ce crime orchestré par les neo-grindelwaldiens avait été attribué à l'homme en face d'eux) n'avait vraiment pas fait dans la dentelle, avec la personne qu'il avait assassiné de sang froid, et avait négligé tous les indices à ne pas laisser derrière soi et les règles de précaution les plus élémentaires. Il était fait. Tout dans son propos et dans son attitude le trahissait. Gwendall pouvait bien se montrer grand chevalier pour la bonne cause, et compromettre son statut d'Auror en falsifiant des preuves afin d'innocenter quelques neo-grindelwaldiens qui méritaient véritablement leur place au sein de ce groupuscule, mais pour ce pauvre type incapable de se défendre convenablement, Gwendall n'avait vraiment rien envie de faire, et encore moins l'envie de fournir le moindre effort, il n'en valait pas la peine. Comme le prouvait les regards insistants qu'il lui adressait à présent, comme s'il espérait qu'il allait s'abaisser à trouver une réponse à sa place. Le simple fait que cette attitude suspecte puisse lui retomber dessus n'invitait pas Gwendall à la moindre considération ni à la moindre clémence. Et d'ailleurs, son visage fermé et pour le moins indifférent en faisait la preuve. Il n'avait pas vraiment eu l'intention, et ce dès le départ, de sauver la mise à cet homme, il était dorénavant plus que certain qu'il le conduirait à sa perte. Borodine (ou plutôt Jedusor, à ce stade, mais cette perspective était bien loin de plaire à l'Auror) n'avait nul besoin de s'embarrasser d'un élément si récalcitrant, qui en plus pourrait bien balancer le nom de certains des leurs au prix de trois chatouilles sur sa voute plantaire. Il était embarrassant. Autant s'en débarrasser tout de suite, puisqu'il en avait l'occasion. Et en plus, l'occasion de le faire dans la plus entière des légalités. Il ne prononça aucun mot, donc, se contentant d'adresser au suspect un très sévère :

-Répondez, je vous prie.

L'homme trembla et baissa les yeux. Il n'avait rien à dire pour sa défense, puisque rien ne pourrait le défendre, il était plus coupable qu'aucun autre ne pourrait jamais l'être. Il tremblait de tous ses membres, et cette attitude de gamin pris en faute révulsait Gwendall au plus haut point. Il n'avait en rien à feinter le mépris qu'il affichait à présent, et que lui inspirait plus que largement ce pauvre imbécile. Il finit par avouer. Sombre crétin. Il n'évoqua pas les neo-grindelwaldiens, néanmoins, se contentant d'évoquer un quelconque drame passionnel qui ne tenait pas franchement la route.

-Vous n'êtes pas surpris, j'imagine, si je vous apprends que vous êtes en état d'arrestation ? demanda-t-il très posément tout en adressant un regard entendu à Seth, afin qu'il l'aide à maîtriser l'homme, des fois qu'il chercherait à s'enfuir, avant que ne lui soient passées les menottes.
Mais l'homme n'esquissait pas le moindre mouvement, pour l'heure, ses yeux humides fixaient Gwendall, avant qu'il ne prononce d'un ton suppliant un seul mot qui pourrait bien décorer ses poignets à lui aussi.
-Gwendall !

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e corps tout entier de Gwendall se raidit quand il entendit son nom être prononcé par leur suspect numéro 1 qui, de surcroit, avait déjà avoué son crime, et s'était par la même affilié au groupe des neo-grindelwaldiens. Sombre crétin, non content de se condamner, par ses aveux, à un séjour à perpétuité à Azkaban (et c'était un sort encore bien trop doux aux yeux de l'Auror), il cherchait à l'entraîner dans sa chute, et ça ne semblait même pas être par haine mais plutôt par bêtise. Et voilà, le moment que Gwendall appréhendait depuis un moment déjà venait d'arriver. Dès lors qu'il avait eu McDowell aux basques, et que ce dernier se soit plus à le mettre sur toutes les affaires concernant les neo-grindelwaldiens, non par estime de son travail d'Auror (qui, aux yeux de Gwendall, méritait pourtant sincèrement d'être estimé) mais pour lui mettre des bâtons dans les roues, il avait deviné que ce moment viendrait, qu'il viendrait forcément. Il avait juste espéré que ce soit en présence de l'un de ses collègues qu'il serait capable d'embobiner, mais il pouvait oublier de suite cette idée, il lui suffisait de lire dans le regard de Beresford pour comprendre qu'il avait parfaitement compris, et qu'il ne s'en sortirait pas avec de quelconques et absurdes pirouettes. Non, il était découvert. Et à présent, il devait combiner avec une situation inédite et profondément désagréable.

Quoique l'attitude de Seth ne laissait pas forcément présager qu'il le dénonce dans la minute. En fait, son attitude n'avait pas grand chose de très protocolaire. Quand il stupéfixia leur suspect, par exemple. Ce dernier n'avait pas vraiment montré de signes d'agressivité ou de menace. Bon, ceci dit, Gwendall était clairement reconnaissant envers son collègue (pour combien de temps, ça...), sans lui, il est évident qu'il aurait dû entendre l'homme désormais à terre l'enfoncer encore et encore, jusqu'à ce que le maximum de preuves se soient accumulées à son encontre. Gwendall observa attentivement Seth. Le fait est qu'il ne savait pas le moins du monde déchiffrer son attitude ? Était-il heureux ? Déçu ? Satisfait ? Indifférent ? Le dernier adjectif semblait étrangement adéquat, pour une situation qui ne l'était pas du tout. Gwendall serra à son tour sa baguette entre ses doigts, c'était le moment d'agir, en effet. Il ne chercha pas à nier, il savait bien que c'était inutile, il tenta moins encore de supplier. Il se contenta de s'avancer vers l'homme à terre.

-En effet, c'est ce que je dois faire, admit-il d'un ton sans timbre avant d'administrer à l'homme un sortilège d'"Oubliettes" qui devrait immédiatement l'éjecter de ses souvenirs. Alors il fit volte-face, et tourna cette fois sa baguette en direction de son interlocuteur, son regard toisant le sien. Et je devrais sans doute te faire taire, toi aussi.

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eth ne se laissa évidemment pas menacer sans mot dire, et ne tarda pas à sortir sa propre baguette pour se défendre. Néanmoins, il ne riposta pas, et ce fut là une attitude qui ne manqua pas d'étonner Gwendall, qui s'était attendu à une confrontation immédiatement musclée... qu'il préférait tout de même éviter s'il en avait la possibilité. Ce qui n'était pas certain. Car ils se trouvaient au beau milieu du bureau des Aurors. S'il fallait encore un prétexte à éveiller les soupçons de McDowell, celui-ci serait tout trouvé, et c'était tout à fait hors de question, il risquait dors et déjà bien assez pour ne pas vouloir en rajouter encore. Il lui sauvait la mise, disait-il. Dans les faits, c'était bel et bien comme cela que l'on pouvait considérer la situation. Après tout, rien n'obligeait Seth à stupéfixier l'ancien "partenaire de crime" de Gwendall tout comme à lui laisser le loisir d'effacer sa mémoire, mais l'Auror avait bien du mal à imaginer que son collègue ait agi seulement par pur altruisme. Quand on connaissait ne serait-ce qu'un peu Seth Beresford, on comprenait rapidement qu'il préférait davantage s'intéresser à lui-même qu'aux autres. Alors qu'elle était le but de tout cela ? Non, définitivement, Gwendall n'adresserait pas la moindre reconnaissance à son interlocuteur tant qu'il n'aurait pas l'assurance que son anonymat serait préservé et qu'il n'encourait aucun risque.

-Pourquoi me sauverais-tu la mise ?

Oui, vraiment, pourquoi ? Quel intérêt serait-il véritablement capable d'y trouver ? La question était sincère, ses interrogations n'étaient pas feintes. Il peinait bel et bien à comprendre ce qui pourrait véritablement le protéger d'un enfermement à Azkaban, s'il laissait Seth s'en tirer (et tant qu'il n'aurait pas tiré cela au clair, il n'abaisserait pas sa baguette, même si, dans l'idéal, il préfèrerait tout de même ne pas avoir à s'en servir, ou il risquerait gros de toute manière). Seth était le chouchou de Beresford, ce n'était plus à prouver, alors pourquoi n'irait-il pas tout raconter à son supérieur ? Il ne lui était pas redevable de quoi que ce soit, ils n'étaient pas amis. Ils n'avaient pas la moindre raison de prendre sa défense ou de fermer les yeux sur ce qu'il venait de voir et d'entendre. Et en même temps, quel intérêt Seth aurait-il à seulement prétendre lui sauver la mise ? Pour l'heure, Gwendall ne comprenait véritablement pas. Et tant qu'il ne comprendrait pas, la situation demeurerait bloquée.

-Qu'attends-tu de moi ? Comment être sûr que tu ne me trahiras pas ?

Peut-être était-ce de cela, qu'il était question, peut-être qu'il comptait exiger une contrepartie de sa part, tout simplement ? Gwendall, s'il fallait payer un prix, était prit à y consentir, si cela lui éviter un conflit ouvert dans ce bureau, et surtout de finir derrière les barreaux, mais pas n'importe quel prix quand même ?

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e dilemme était certain, et ne pouvait se résoudre en un claquement de doigt, quoique Gwendall aurait préféré, car il n'avait guère besoin de ces problèmes complémentaires, alors que sa situation était dors et déjà suffisamment délicate, entre les soupçons de McDowell et l'affiliation à venir des neo-grindelwaldiens avec l'organisme de celui qui avait tant fait souffrir Sasha. Soit il faisait taire Beresford sur le champ, et supportait alors de devoir affronter le jugement du moindre de ses collègues qui, quand bien même il maquillerait son crime à la perfection, le tiendraient immédiatement pour principal suspect, pour de bon convaincus des suspicions qui pesaient dors et déjà sur sa personne. Soit il abandonnait et prenait le risque que Beresford le dénonce. Les deux options n'avaient pas grand chose de reluisantes, mais son choix avait finalement été fait à l'instant où il avait interrogé Seth sur ses intentions, s'en prendre à lui, c'était peut-être prendre un risque plus grand que de le laisser savoir et de, s'il le fallait, nier en bloc s'il venait à son interlocuteur l'envie de le dénoncer (auquel cas, malheureusement, sa parole ne ferait pas le poids face à celle de son collègue). Quand Seth reposa sa baguette sur son bureau, ce qui était sans doute une façon de témoigner sa bonne foi (qui restait réfutable néanmoins), Gwendall prit pour de bon sa décision, quand bien même il n'était pas sûr de ne pas finir par le regretter. Il avait le sentiment que son interlocuteur, en effet, ne trouvait pas d'intérêt réel à le dénoncer, mais il ne voulait pas s'avancer. De façon générale, Gwendall peinait pour le moins à comprendre son collègue, il n'était pas certain d'y parvenir un jour.

-Qui sait... répondit-il alors pour faire comprendre à Seth qu'il comprenait bien les termes de leur accord tacite.

Cela ne lui plaisait pas le moins du monde, à vrai dire, que de remettre son destin et sa liberté entre des mains incertaines, et d'être redevable envers Seth, il n'avait aucune idée de ce qui allait lui être demandé, mais étant donné le caractère de Seth et étant donné la vérité qui devait être dissimulé, l'Auror ne se faisait pas grande illusion. Viendrait le moment où il faudrait payer le prix fort... mais il était prêt à le payer s'il le fallait, tant que cela lui éviter l'obscurité des cellules d'Azkaban, et tant que Sasha demeurait préservé de cet accord qu'il éviterait de mentionner avec elle, tant que cela lui serait possible, en tous cas. Il n'avait pas la moindre envie de l'inquiéter. Il était frustrant et désagréable d'accepter ce genre d'accord sans en connaître les closes exactes. Il aurait été plus simple pour Gwendall d'accepter la pire des contreparties si celle-ci lui avait été exposée immédiatement et dans le détail. Mais Seth profitait évidemment de son avantage, et il était certain. Il prendrait certainement tout le temps nécessaire pour trouver une contrepartie à la mesure du "service" qu'il lui rendait. Si cela pouvait bel et bien être nommé ainsi.

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wendall se serait sans mal épargné le marché que Seth et lui venaient de passer, mais quel autre choix avait-il ? Il ne pouvait pas faire autrement que de se plier aux règles fixées par son collègue. Il avait entre ses mains des cartes redoutables, qui pourraient bien mener à un chantage sans fin, mais le jeune homme avait peut-être, en vérité, une autre idée à l'esprit. Gwendall ne devinait rien de ce que faisait l'Auror en dehors du travail, et qui le rendait aussi coupable que Gwendall lui-même. N'ayant pas conscience de cet état de fait, qui pouvait égaliser la situation, il imaginait forcément le pire. Pour conserver un anonymat déjà fragile, Gwendall était prêt à tout, absolument tout, même les perspectives les plus désagréables étaient à envisager sérieusement. Et le pire, dans tout cela, c'est qu'il restait dans le flou le plus total, en reportant la nature de ses conditions, Seth adressait certes à Gwendall un délai, mais dont il ne pouvait rien faire, comme un couperet au dessus de la tête, qui pourrait séparer cette dernière de son corps instantanément.

Évidemment, que Gwendall pouvait-il dire d'autre sinon qu'il était d'accord de clôturer l'affaire et de mener son "collègue" neo-grindelwaldien à Azkaban ? À partir de maintenant, Seth avait les clés en main, et Gwendall devait consentir, dans tous les cas. Et en l'occurrence, cela l'arrangeait que de rester seul pour le moment. Les événements s'étaient enchaînés très rapidement, trop rapidement, et il avait besoin de réfléchir à la situation à tête reposée. Déjà que sa vie était plus que mouvementée ces temps derniers, il se serait bien épargné une tuile telle que celle-ci.Gwendall choisissait de faire confiance à Seth, mais il n'était pas vraiment sûr de lui, en vérité. En agissant ainsi, il prenait le risque de voir McDowell fondre sur lui, trop ravi d'avoir enfin une preuve de son allégeance, et le mener tout droit à Azkaban. De préférence, il voulait s'épargner ce genre de déconvenue. Même s'il détestait cela, il remettait sa vie entre les mains d'un destin incertain.

-Vas-y. approuva-t-il, comme s'il pouvait vraiment ajouter quelque chose.

Et détournant les yeux de son collègue, il les posa sur l'homme qu'il condamnait à un sort des plus funestes. Sans vérifier la présence ou l'absence de Seth, il pointa sa baguette sur cet homme. Complètement désarçonné, il se laissa asseoir et menotter à une chaise sans rien dire. Gwendall envoya une note de service ordonnant l'enfermement de cet homme. Il allait devoir rédiger une déposition qui, si Seth décidait de la contester, pourrait lui coûter cher. Mais il n'avait plus guère le choix, dorénavant. Il songea qu'il ne serait peut-être pas exempt d'assister à une autre scène du genre un jour, et que les choses ne se dérouleraient pas forcément de la sorte. Plus les jours passaient, plus il sentait son poste d'Auror, quand bien même il adorait son métier, compromis. Peut-être devrait-il songer à travailler ailleurs ?

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