C'

était donc ça, les insomnies ! Bon ben, maintenant qu'elle avait découvert ce que ça faisait de ne pas réussir à dormir la nuit malgré tous ses efforts, et après s'être tournée et retournée dans son lit pendant des heures, elle n'avait pas spécialement envie de poursuivre l'expérience, et ne demandait qu'à pouvoir trouver les bras de Morphée... Malheureusement, Morphée était facétieux, visiblement, et avait décidé de demeurer aux abonnés absents. Alors, plutôt que de fixer le plafond et d'en constater les moindres détails, de compter les moutons même si cela était d'une inutilité manifeste, elle avait décidé de quitter le dortoir et de laisser dormir tranquillement ses camarades pendant qu'elle-même attendrait que ses paupières daignent enfin se fermer, assise sur son fauteuil face à la cheminée dans la salle commune des jaune et noir. Il devait dans les deux heures du matin, tous les camarades de sa maison dormaient apparemment à poing fermé (les chanceux), il n'y avait en tous cas personne d'autre qu'elle dans cette pièce... Tant mieux, sans doute. Elle n'était pas certaine d'être une excellente compagnie pour quiconque la croiserait cette nuit, cette lutte perdue contre l'éveil l'avait rendue franchement irritable.

Les jambes en tailleur, assise sur le canapé, elle attendait donc que le temps passe, ne sachant trop quoi faire d'autre, ne se sentant pas vraiment d'humeur à jouer au solitaire ou à lire un bouquin (la lecture, c'était pas son truc, de toute manière). Au fond, elle savait très bien pourquoi elle n'arrivait pas à dormir, c'était l'évidence même. Trop de questions la travaillaient, et quelles questions ! Le genre que l'on ne devraient jamais avoir à se poser à son âge. Entre sa mère, dont elle craignait toujours qu'elle retourne au front en dépit de ses promesses, et les informations perturbantes que Rhian lui avait apprise, au sujet de ce petit fils venu du futur... il y avait de quoi ne pas parvenir à roupiller en bonne et due forme. Épuisant... D'autant que, comme elle ne faisait rien, elle laissait les pensées se bousculer dans son esprit encore et encore... Ce n'était pas le meilleur moyen de se soigner mais tant pis, elle n'y pouvait rien, et même si elle avait cherché à s'occuper autrement, elle était certaine que ça ne l'aurait pas empêché de ruminer donc bon... La seule chose qui lui permettait de mettre de côté ses problèmes, c'était le quidditch, ou au moins voler sur un balai... Mais elle s'imaginait mal chercher son vieux brossdur et investir le terrain de Quidditch à cette heure-ci... Autant attendre que le jour se lève. Elle passerait sans doute une sale journée le lendemain, mais l'épuisement lui ferait peut-être du bien et assommerait ses pensées négatives. L'air amorphe mais parfaitement éveillée, elle regardait donc les dernières flammes, faibles, qui luisaient encore dans la cheminée face à elle, disparaître petit à petit, bientôt la salle commune serait plongée dans l'obscurité. C'est alors qu'elle entendit des bruits de pas, quelqu'un descendait apparemment du dortoir des garçons. S'était-elle trouvée un camarade insomniaque ? On dirait bien.

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l s'agissait d'Oliver, un poufsouffle de septième année à qui Cenlyn n'avait jamais vraiment adressé la parole (il faut dire que leur différence d'âge n'y invitait pas forcément, sans compter que le caractère un rien "sauvage" de la première année faisait qu'elle ne cherchait pas forcément à faire la connaissance à tous prix de qui elle ne connaissait pas, elle n'était pas asociale, non. Mais elle ne se sentait pas obligée de connaître et d'être connu de tout le monde). Il lui demanda s'il pouvait s'installer auprès d'elle. Peut-être était-ce sa fatigue sans sommeil qui la rendait amorphe, mais au final, ell ne dit rien ni ne fit rien, elle se contenta de le fixer une fraction de seconde, s'interrogeant sur ce qui pouvait l'inviter, si tard dans la nuit, à venir dans la salle commune des jaune et noir plutôt que de profiter du confort de son lit. Lui aussi, devait avoir des nuits agitées. L'insomnie est une véritable plaie, heureux ceux qui n'en subissaient pas les affres. Le regard de Cenlyn se tourna alors à nouveau vers la cheminée, et vers les flammes bien minces qui y luisaient encore, et qui auraient bientôt de disparaître.

Elle ne s'était pas spécialement rendue compte qu'elle n'avait pas répondu au jeune homme. En même temps, si elle lui avait répondu, elle aurait su quoi. Ce qui n'était pas le cas. Était-elle dérangée par le fait qu'il s'installe juste à côté d'elle. C'est vrai, elle n'était pas très bien, les pensées tournaient en boucle dans sa tête, et elle n'était pas franchement certaine d'être de bonne compagnie... Mais en même temps, c'est peut-être ce dont elle avait besoin pour apaiser son esprit, être de bonne compagnie. Même si elle ne connaissait pas suffisamment Oliver pour savoir si sa compagnie allait lui faire du bien ou lui taper sur le système. Dans l'idéal, elle aurait préféré bavarder avec son frère, elle l'aurait même réveillé au beau milieu de la nuit pour profiter de sa compagnie. Mais elle n'avait pas le courage de s'aventurer dans la salle commune des rouge et or (sans compter qu'elle n'en connaissait le mot de passe, bien sûr). Alors tant pis, elle se contenterait de cette compagnie qui s'imposait à elle. Elle tourna à son tour son regard en direction du septième année. S'ils devaient gérer leur absence de sommeil ensemble, autant se tenir mutuellement compagnie, et faire un brin de conversation. Qui sait, cela aurait peut-être le don de lui changer les idées de la meilleure manière possible.

-T'arrives pas à dormir ? demanda-t-elle finalement, rompant à son tour le silence.

La question, ne résidait pas vraiment là, bien sûr. S'il parvenait à trouver le sommeil, il ne serait pas là... La qustion était plutôt de savoir pourquoi il avait finalement décidé de migrer dans la salle commune des poufsouffle. La demoiselle était curieuse de nature. Pas au point de le harceler de question si Oliver refusait de lui répondre, bien sûr, mais suffisamment, bien sûr, pour savoir ce qui le troublait... S'il était bel et bien troublé par quelque chose, si cela se trouvait, ses raisons à lui étaient bien plus prosaïques que les siennes à elle.

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A

u fond, les raisons pour lesquelles le jeune homme était incapable de trouver le sommeil ne regardaient en rien la jaune et noire. C'était son affaire, et il se pouvait bien que ce soit une affaire personnelle, trop personnelle pour qu'il accepte d'en parler. Et elle pouvait le comprendre, puisqu'elle-même n'était pas franchement à même de parler de ce qui troublait ses nuits et justifiait que, plutôt que d'être lovée dans ses draps, dormant à poings fermés, elle était là, dans cette salle commune, à attendre que les minutes défilent et que le feu disparaisse de l'âtre de la cheminée. En même temps, quand bien même elle donnerait ses explications, qu'irait-il penser d'elle. Qu'elle s'angoisse à l'idée que sa mère abandonne sa carrière de professeur et cesse d'être une auror repentie pour redevenir l'Auror de prestige qu'elle était autrefois dans l'espoir de débarrasser le monde sorcier des néo-grindelwaldiens, ce n'était pas un grand secret, elle pourrait du moins l'évoquer même à une oreile inconnue sans trop passer pour une cinglée. Pour la partie qui concernait le petit fils de son frère jumeau venu du futur, par contre, elle comprenait bien qu'elle devrait davantage s'abstenir...

Bref, elle n'attendait pas forcément de lui une réponse complète, structurée et honnête, seulement, puisqu'ils étaient tous les deux là, qu'il n'y avait personne d'autre, et qu'il avait décidé de venir s'installer à côté de lui, autant faire la conversation... Et évidemment, c'était la seule chose qui lui était venue à l'esprit, comme sujet de conversation. Oliver accepta de lui répondre, mais il s'abstint d'entrer dans les détails... Il lui apprit juste avoir fait un cauchemar. Cenlyn ne trouvait pas cela honteux, il lui arrivait d'en faire aussi, des cauchemars, et même s'il était plus âgé qu'elle, elle ne pensait pas qu'il y ait un âge déterminé au cours duquel on avait plus le droit d'être perturbé par ses mauvais rêves. Les mauvais rêves, les mauvaises pensées... Au final, ils souffraient de maux similaires, tous les deux. Même s'ils ne pouvaient pas en donner le détail... La jaune et noir devait reconnaître être assez curieuse de savoir la nature de son cauchemar, mais elle garda pour elle sa curiosité. C'était malvenu. Surtout que c'était la première fois qu'ils se parlaient tous les deux, ils n'allaient pas y aller à coeur ouvert non plus, surtout qu'il devait la considérer comme une simple gamine... qu'elle était effectivement. Il lui retourna la question. Elle ne pouvait pas spécialement lui apporter une réponse plus précise, alors elle haussa les épaules avant de simplifier.

-La même chose que toi.

En fait, c'était faux. Pour elle, il n'y avait pas de cauchemars, mais c'était toujours plus simple que d'expliquer qu'elle était préoccupée. En plus, à son âge, ça devait sembler peu crédible.
Bon.. et maintenant ? Elle ne lui avait jamais parlé, elle ne savait pas trop quoi lui dire. Elle décida de commencer par les basiques, du coup.

-J'm'appelle Cenlyn, au fait.

Il le savait peut-être déjà, en définitive. Mais si jamais, c'était une première étape que de se présenter, non ?

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E

n vérité, Cenlyn connaissait déjà le nom de son camarade jaune et noir. Certes, elle ne savait rien de plus que son nom pour ne jamais l'avoir que croisé très rapidement dans les couloirs de l'école, et serait bien incapable de dire quoi que ce soit de plus à son sujet que la façon dont on le prénommait, mais elle le savait tout de même, comme on finit, à force de côtoyer sa maison, à connaître à peu près le nom de tous ceux qui la fréquentent, juste parce qu'on les voit régulièrement, et qu'on aime mettre des noms sur des visages. Enfin, comme ça, au moins, les présentations étaient faites en bonne et due forme, et si un quelconque lien devait se tisser entre eux du fait de leur nuit d'insomnie partagée, ils pourraient se désigner l'un l'autre sans avoir le sentiment de s'être rendus coupables d'une quelconque infraction dans la vie de l'autre. Bref, il lui apprit donc de façon plus officiel s'appeler Oliver avant de lui demander en quelle année elle était. En fait, il ne lui demandait pas tant l'information que sa confirmation, encore des basiques dont ils étaient au courant dès le départ, mais qu'ils se confirmaient l'un à l'autre.

-Ouais, en première année, c'est ça. approuva-t-elle. Et toi en septième, c'est bien ça ? Une fois de plus, ce n'était pas vraiment une question qui demandait confirmation. Cenlyn avait rapidement repéré les élèves de septième année, et pour une raison bien simple : ils lui semblaient si grands, presque des adultes ! Et elle avait du mal à se dire que dans six ans, elle serait comme eux, il était le référent d'un futur lointain qui, en définitive, aurait tôt fait d'arriver, pourtant. C'est l'approche des ASPIC qui t'empêche de dormir, comme ça ?

Elle enfonçait peut-être une porte ouverte, elle devait bien reconnaître, mais elle était définitivement trop curieuse. Elle savait que ce n'était clairement pas faire preuve de tact que de relancer la question comme ça, mais en même temps, ils avaient six ans d'écart, tous les deux, ce qui les réunissait au final, c'était leur incapacité à dormir et leurs nuits agités, s'ils ne les prenait pas comme sujets de conversation, auraient-ils vraiment beaucoup de choses à se dire. Pas sûr. Encore fallait-il qu'il ne se braque pas après une telle question. Elle aurait tout à fait compris qu'il le fasse. Parce que si c'était ses exams qui l'angoissaient, il n'avait pas forcément envie de revenir dessus maintenant, mais plutôt d penser à autre chose (même si la jaune et noire avait du mal à comprendre qu'on puisse se mettre aussi mal pour de simples exams, même s'ils devaient définir les études supérieures). Et s'il s'agissait d'autre chose, il n'avait peut-être toujours pas envie de se confier. Après tout, elle, ne le voulait pas. Mais il fallait bien tenter quelque chose, s'ils ne voulait pas en venir à discuter du temps qu'il fait.

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liver avait bien dû comprendre la curiosité dont avait fait preuve son interlocutrice, que poser sa question n'était pas seulement un moyen pour elle de mener une conversation obligée (obligée en effet, puisque, après tout, ils étaient dans le même bateau, si l'on peut dire, et n'avaient rien de mieux à faire que d'occuper leurs moments d'insomnie côte à côte. Elle se montrait sûrement trop intrusive, quand bien même sa curiosité était assez légitime et naturelle, en fait, mais son aîné jaune et noir ne parut pas lui en tenir rigueur. Il se contenta de lui réaffirmer qu'il avait bel et bien fait un cauchemar, qui devait par conséquent être d'un tout autre ordre que ceux que l'on fait lorsqu'on se sent malade, effrayé ou stressé. En gros, ce devait être de ces cauchemars qui vous demandent des années de contrôle de vous-même pour en réchapper et de psychanalyse pour parvenir à sonder et décrypter tout ça. En bref, ça n'avait rien à voir avec ses futurs examens. En même temps, si ça avait été le cas contraire, elle l'aurait sans aucun doute qualifié de petite nature. C'était vraiment pas la peine de se mettre dans tous ses états pour ce genre de choses. Bon, c'était déterminant pour l'avenir, bien sûr. Mais au pire, ces exams, il suffisait de les repasser jusqu'à réussir. Il y avait donc autre chose derrière tout cela. Un cauchemar, certes, mais d'un tout autre ordre. "Pas intéressant" et "pathétique", selon ses propres dires. Cenlyn ne parvenait pas à le croire une seule seconde. Si, vraiment, le jeune homme souffrait seulement d'un mal sans intérêt et risible, il parviendrait à se raisonner, là, il paraissait réellement perturbé, au point de ne plus être capable de fermer l'oeil. Ça ne pouvait pas être sans aucune raison. Et cette raison en question, la demoiselle avait pour de bon envie de la connaître, même si ça ne la regardait pas et que son voisin lui affirmait ne pas vouloir s'étendre sur le sujet. Mais quand il lui disait ne pas vouloir épiloguer là-dessus, elle avait le sentiment que, bien au contraire, il avait envie de lui en apprendre davantage, parce que parler, se confier, même à quelqu'un à qui l'on a jamais vraiment parlé, surtout à quelqu'un à qui l'on a jamais vraiment parlé, peut faire un bien fou. Ou bien Cenlyn surinterprétait tout parce que sa curiosité n'était toujours pas prête de la lâcher... Bon allez, autant se lancer, elle verrait bien si le jeune homme  acceptait ou non de se confier. Au pire, il l'enverrait balader et l'affaire serait pour de bon réglée, après tout.

-Si t'as envie de m'en parler, en tous cas, tu peux, je sais être d'une oreille attentive, quand il faut. Et puis, je le répèterai à personne.

À qui, franchement, irait-elle le répéter, de toute manière. Elle avait quelques amis, triés sur le volet, mais pas des masses non plus malgré tout. Et elle n'était pas certaine qu'aucun d'entre eu connaisse vraiment Oliver, ni même ne soit avide de ce genre de ragots. Elle-même n'en était pas spécialement friande. Même si pour tout dire, elle était incapable de taire son envie d'en savoir plus pour le moment.

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l savait, vraiment ? Au nom de quoi ? Cenlyn n'avait jamais autant parlé à Oliver que maintenant, il ne savait finalement rien d'elle, et pourtant il avait l'air si sûr de lui quand il lui disait avoir confiance ! Il pouvait l'avoir bel et bien, bien sûr, elle n'avait aucune envie de trahir son secret ou de parler à tous de ses cauchemars, elle était effectivement quelqu'un de fiable, c'était dans sa nature. Mais il n'aurait pas pu en être certain. Ou alors il disposait d'un très bon instinct. Dans tous les cas, il pouvait bien se confier sans mal et sans craindre quoi que ce soit. Elle saurait faire prendre d'une parfaite discrétion, et serait digne de ce qu'il pourrait lui apprendre. Il semblait finalement qu'il ne prenait pas mal son excès de curiosité et ne lui en tienne pas rigueur. Finalement, elle avait sûrement bien interprété la situation et ce qu'implicitait le propos de son interlocuteur, il avait donné l'impression de ne pas vouloir en parler alors que, en fait, il brûlait tout simplement de se confier. C'est l'impression qu'il donna, en tous cas, car il ne se fit pas prier d'avantage, ensuite, pour lui en apprendre plus sur ce qui lui empêchait de fermer l'oeil, la nature exact de ce cauchemar qui justifiait sa présence ici.

Son rêve, elle devait bien le reconnaître, était perturbant, et aurait de quoi éloigner n'importe qui des bras de Morphée. Des cauchemars où l'on est suivis, poursuivis par une force obscur, où l'on est en danger, la jaune et noire supposait que tout le monde en faisait, elle la première, mais la situation de son interlocuteur était différente, la situation était inversée. C'était lui que les individus fuyaient et craignaient. C'était lui qui répandaient ce mal qu'il ne paraissait pas comprendre malgré tout. Il était le mage noir, celui qui initiait le mal, celui qui propageait la souffrance et la douleur. Tu m'étonnes qu'il n'avait pas envie de refermer les yeux, si c'était pour prendre le risque d'endosser ce rôle de nouveau... Non, elle ne trouvait pas cela pathétique. Pour en avoir vécu plus d'un, elle savait bien que certains cauchemars semblaient plus vrais que nature, et vous donnaient l'impression de les vivre... toutes les sensations avaient l'air si réelles... De ces sensations-là, on ne se remettait pas si facilement, vraiment pas.

-C'est pas pathétique du tout. Et elle le pensait. La demoiselle était toujours très sincère. L'hypocrisie, c'était bien loin d'être son truc. Alors elle ne disait jamais quelque chose si elle ne le pensait pas. Si Oliver était vraiment pathétique à ses yeux, et sans se foutre de sa gueule, elle aurait essayé de le raisonner un minimum. Et ça t'arrives souvent, de faire ce genre de cauchemars ?

Car si ce n'était jamais qu'une fois de temps en temps, ce n'était après tout pas bien grave. Si cela arrivait plus régulièrement... Il y avait davantage de quoi s'inquiéter. Et dans ce cas, même si Cenlyn ne savait pas trop quoi lui conseiller, elle était d'avis qu'il serait sûrement plus qu'approprié de creuser plus profondément... Même si ce ne serait pas forcément un exercice plaisant pour Oliver.

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liver avait-il été sincère quand il lui disait qu'il avait fait ce cauchemar pour la toute première fois. Pour qu'il l'ait marqué et perturbé autant, elle se serait imaginé qu'il était récurrent (quoi que si tel était le cas, il aurait peut-être eu le temps de s'y faire). Mais en fait, elle était certainement trop influencée par sa propre expérience, elle qui avait tendance, quand elle faisait un cauchemar, à le voir se répéter encore et encore... Enfin, quoi qu'il en soit, s'il se contentait d'une telle réponse, ce devait vouloir dire qu'il avait tout simplement envie de ne plus s'attarder sur le sujet, mensonge ou vérité. Alors elle n'allait pas insister. Sans trop savoir pourquoi, elle avait envie de l'aider et de le soutenir, même si elle le connaissait à peine. Mais elle ne pouvait pas se métamorphoser du jour au lendemain au psychologue de bas étage, et le jaune et noir ne voulait sans doute pas cela. Non, elle n'insisterait pas. Le sujet était clos. Mais s'il devait avoir l'envie de s'attarder plus longuement sur le sujet, elle serait là pour l'écouter.

Et en définitive, elle aurait préféré qu'il veuille s'étendre sur le sujet. Parce que le sujet de conversation allait dévier, très clairement, et sur sa personne. Déjà d'ordinaire, Cenlyn n'aimait pas spécialement attirer l'attention sur elle. Ça ne voulait pas dire qu'elle voulait être invisible aux yeux du monde, non, mais elle n'aimait pas spécialement qu'une conversation s'oriente sur sa personne. Surtout si c'était pour revenir sur sa personne. La jaune et noir  n'avait parlé de ses ennuis avec personne, avec personne sinon son frère, qui était directement concerné par la situation. En même temps, à qui parler de tout cela ? Elle pouvait évoquer une partie du problème, à la limite. Mais l'autre était un véritable secret. De toute façon, si elle commençait à parler à Oliver, à qui elle s'adressait pour la toute première fois, de son grand-père venu du futur, il allait la prendre pour une illuminée et la fuir à toute vitesse. En même temps, il s'était confié à elle... Peut-être pourrait-elle évoquer avec lui au moins une partie du problème.

-C'est à cause de ma mère. Elle poussa un léger soupir. En contrepartie de l'honnêteté de son camarade, elle se montrait aussi honnête qu'elle le pouvait, même si elle ne pouvait pas tout dire. Et rien que d'en parler, elle sentait déjà son estomac se nouer. Et en même temps, elle était certaine que sa compagnie lui ferait du bien. Elle était Auror, avant. Elle a tout arrêté après la mort de mon père... Sauf que je crois qu'elle va repartir au front. Elle prit une grande inspiration. Le but n'était pas de fondre en larmes, tout de même. Elle valait mieux que ça.

Elle n'était pas loin, pourtant, de sangloter, elle le sentait bien, la fatigue cumulée à tout ce poids qu'elle sentait peser sur ses épaules récemment, est-ce que ça lui avait fait du bien de parler ? Elle n'en savait trop rien... Cela dépendrait peut-être de la réaction de son interlocuteur.

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C

enlyn n'était pas une pleurnicharde... Ou en tous cas, elle refusait d'être considérée comme telle. La jaune et noire n'aimait pas se plaindre, ses problèmes, elle les gardait pour elle, elle ne les partageait qu'avec une seule personne, son frère, et uniquement parce qu'il était aussi concerné qu'elle par la situation... Les autres personnes qui avaient été mises dans la confidence jusqu'ici, avaient été des proches de Purdey, susceptibles de l'inciter à ne pas repartir au front... Oliver, lui, était étranger à ses problèmes, ne la connaissait pas, ne lui avait jamais parlé, mais avait tout de même le droit à ses confidences. Elle devait vraiment avoir besoin de vider son sac une bonne fois pour toute, et si elle avait choisi quelqu'un de complètement extérieur à la situation, parce qu'il n'aurait ni raison d'intervenir, ni raisons de la juger... Il lui permettait de s'épancher, mais demain, il aurait droit d'oublier la situation et de reprendre le cours de sa vie, comme si cette rencontre n'était jamais qu'une intermède dans leurs vies, qu'ils pourraient oublier...

...En tous cas, elle ne cherchait vraiment pas à s'attirer la compassion de son interlocuteur, ce n'était pas du tout pour qu'il commence à s'apitoyer sur son sort, elle n'avait pas spécialement voulu se plaindre. Elle ne cherchait pas à recevoir une salve de remarques apaisantes, elle avait juste eu besoin de parler. Est-ce que ça lui avait fait du bien, elle était encore incapable de le dire. Pour le moment, elle se sentait surtout un peu vaseuse, parce qu'exprimer sa pensée faisait qu'elle se sentait désormais environnée par elle. Mais elle devait reconnaître qu'Oliver était une oreille attentive. Il lui apprit être désolé, et pas seulement pour le principe, il avait l'air sincère, profondément sincère, et il lui affirma qu'il voudrait faire quelque chose s'il le pouvait. Il n'y avait malheureusement pas grand chose à faire, mais Cenlyn était touchée de cette offre qu'elle ressentait sincère, elle aussi, alors même qu'il n'avait aucune raison de lui venir en aide, au final.

-C'est gentil... Mais y'a rien à faire, de toute façon.

Enfin si, y'avait des choses à faire, mais ces choses là, elle et Rhian les avait déjà mises en oeuvre, ils s'étaient concertés avec tous les adultes dont l'opinion semblait avoir plus de chances d'avoir un impact sur leur mère, ils en avaient parlé directement à cette dernière, si elle décidait de repartir, ce serait en son âme et conscience, et en trahissant sa promesse... Mais la jaune et noire continuait de croire qu'elle le ferait quand même, parce que la cause qu'elle défendait était noble, et elle était certainement née, c'est vrai, pour la défendre, au fond.

-À part attendre...

Si ça se trouve, Cenlyn anticipait mal la situation et tout ce mélodrame ne servait à rien... Sauf que même si on ôtait ça de la balance, y'avait toujours Harry Potter... et ça, ça pesait quand même sacrément lourd.

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liver n'avait nul besoin de s'excuser, bien au contraire, il en avait déjà fait bien plus que ce que devrait normalement un inconnu à l'adresse de quelqu'un avec qui il partageait sa première vraie conversation. Il était normal qu'Oliver se sente fatigué, au fond. Il était tard, et s'il arrivait à entendre l'appel de Morphée et pouvait espérer trouver le sommeil, ce n'était clairement pas elle qui allait l'en empêcher. Elle était bien placée, ces derniers temps, pour savoir la valeur du sommeil quand il nous était offert d'en profiter. Elle l'enviait, même, parce que pour sa part, si la fatigue était bel et bien présente, elle savait bien que fermer les yeux ne lui aurait guère suffi à s'endormir à l'heure actuelle, trop de pensées se bousculaient dans son esprit, des pensées qu'elle ne pouvait pas toujours partager avec son camarade. Ce dernier n'avait vraiment pas à culpabiliser, il lui avait été d'une grande utilité, déjà. Elle se sentait bien mieux depuis qu'ils avaient parlé. Ça faisait un bien fou d'extérioriser ses pensées. Et elle préssentait que, l'air de rien, et sans que ni l'un ni l'autre n'ait pu le présumer de prime abord, cette conversation était comme le prémisse à ce qui pourrait bien devenir une belle histoire d'amitié. Il lui proposait de poursuivre leur conversation le lendemain, et elle était convaincue qu'il avait l'intention de le faire bel et bien, que ce n'était pas des paroles en l'air. Pour preuve il lui demandait une heure et un lieu, alors elle voulait croire qu'il ne le faisait pas pour rien. Dans tous les cas, elle serait rapidement fixée. Et il était suffisamment gentil et prévenant par ailleurs pour lui proposer de la raccompagner dans son dortoir, mais retrouver les ronfleuses de sa chambre ne la tentait pas, elle préférait se retrouver là, même si elle devait s'y retrouver seule, elle serait plus libre de ses mouvements que si elle se retrouvait avec ses camarades.

-Ne t'en fais pas. répondit-elle, un léger sourire aux lèvres. Inutile qu'il s'inquiète inutilement et que cela l'empêche de trouver un sommeil qui semblait décidé à le gagner enfin. Je vais rester ici encore un peu, mais ça va déjà mieux. C'était vrai... elle n'était pas au meilleur de sa forme, ça non, mais Oliver lui avait plutôt rendue un fier service en l'invitant à se confier. On pourrait se retrouver ici demain après les cours ?

Elle ignorait quand il terminait, mais pour sa part, elle pouvait parfaitement s'adapter à son emploi du temps. Elle avait bien quelques amis, mais ils n'étaient pas légion non plus, elle les choisissait avec parcimonie. Il pourrait bien finir par figurer sur cette liste restreinte. Ça faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas autant apprécié de parler à quelqu'un qui n'était pas Rhian, et pour sa part, elle serait plutôt curieuse d'en découvrir plus sur ce grand de poufsouffle qui avait su se montrer si attentionné à son égard alors même qu'il ne la connaissait pas... quoique sans doute bien plus que beaucoup d'autres, dorénavant.

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U

ne heure concrète et un lieu concret pour leurs retrouvailles du lendemain (ou du jour-même, en vérité, puisque minuit était en vérité passé depuis un bon moment déjà), voilà qui donnait le sentiment à Cenlyn qu'Oliver ne cherchait vraiment pas à la fuir, qu'il avait juste envie de profiter des bras de Morphée tant que ceux-ci offraient de l'enlacer. C'était parfait. Pour sa part, en tous cas, elle avait déjà hâte d'être à leur prochaine rencontre. C'est fou comme certaines conversations, qui auraient pourtant pu être anodines, peuvent revêtir de l'importance sans qu'on l'ait vraiment cherché. La jaune et noir appréciait sincèrement la compagnie de son camarade. Elle arrivait à s'entendre avec les autres, généralement, mais toujours en surface. En dehors de Rhian, il n'y avait personne avec qui elle se sentait capable de parler librement, personne avec qui elle se sente de sincère affinité, qu'elle imagine capable de la comprendre... mais Oliver était différent. Peut-être parce qu'il était plus âgé, et donc plus en même de comprendre ce qu'elle traversait, peut-être simplement parce que les circonstances qui les avaient réunis les avait conduit à se livrer très rapidement, sans superficialité, alors que d'ordinaire, elle observait les gens en surface et ne cherchait pas plus loin... Dans tous les cas, elle était impatiente de savoir où leur prochaine conversation les mènerait, quand il ferait jour, et qu'ils auraient peut-être réussi à rattraper un peu de leur sommeil l'un comme l'autre. Quoique de son côté, Cenlyn n'était vraiment pas convaincue de réussir à fermer l'oeil, à aucun moment. Elle verrait bien. Elle était humaine, son organisme finirait bien par mettre son cerveau en pause au bout d'un moment.

-D'accord, seize heures demain. confirma-t-elle dans un sourire.

Pour sa part, elle n'avait pas cours de toute l'après-midi. Elle avait songé à profiter de cette pause non pour travailler mais pour s'entraîner sur le terrain de Quidditch, toujours aussi déterminée à être acceptée dans l'équipe des jaunes et noir dans l'année à venir, mais elle sentait qu'elle se contenterait surtout d'une bonne sieste afin d'être un peu fraîche et dispo pour leur prochaine discussion. À Oliver, elle adressa un nouveau sourire, surtout pour l'inviter à ne pas s'inquiéter et à rejoindre son dortoir tandis qu'elle resterait là. Et pour conforter son intention, elle ajouta d'ailleurs un :

-Bonne nuit. À demain.

Il n'avait plus qu'à rejoindre son lit, et elle ses songes, espérant qu'ils ne soient pas hantés de pensées trop sinistres, ce qui n'était malheureusement pas gagné. Peu importe. Au moins, elle n'aurait pas passé sa nuit toute entière à ruminer non plus. Et vu comme elle était partie, c'était plutôt une bonne chose, au final.

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