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ne lenteur qui tenait presque de l'amorphisme si l'on y regardait pas de plus près. Voilà à quelle vitesse semblaient aller, dernièrement, les plans de l'Héritier de Serpentard, si bien qu'il commençait à percevoir, en deçà de la ferveur et de la dévotion une impatience qu'il calmait pour le moment au mieux. Ne savaient-il donc pas qu'aux plus violentes des tempêtes précédaient toujours un calme de mort. C'est vrai, tout semblait au stade le plus fixe imaginable. Chacun menait sa mission à bien, mais sans résultats qui ait de quoi impressionner, sans rien qui change à tout jamais la donne en leur faveur, sans que quoi que ce soit ne leur laisse espérer une avancée réelle. Il faut dire qu'après tous les bouleversements de cet été, nombreux étaient ceux qui s'étaient imaginés que tout irait en s'accélérant. Les masques étaient tombés, les identités dévoilés, la guerre ne se jouait plus réellement dans l'ombre, la lumière faite sur certains conflits. Et pourtant, au final, rien n'avait changé. Parce qu'ils savaient, d'un côté comme de l'autre, que ce n'était pas par l'intermédiaire d'une attaque frontale que victoire pouvait s'obtenir. Il fallait ruser, se montrer plus malin, plus rapide... plus fourbe aussi, cela ne faisait aucun doute. Le fait est que, dans le cas de Tom, de manifestes progrès étaient en train de voir le jour, mais imperceptibles encore, il devait en appeler à la patience de ses sbires pour qu'ils ne découvrent rien du stratagème. Les pions étaient avancés, la partie se finiraient peut-être plus tôt qu'on ne le pensait, c'était du moins à ces réflexions que le menait son esprit mégalomane, et il osait croire que la victoire lui appartiendrait, quoique puisse en dire un avenir qu'il se contenterait de croire falsifié tant qu'il n'aurait pas de preuve concrète de ce qui était avancé.

Cependant, tout jeu à ses contraintes, des règles à respecter, des imprévus auxquels il faut palier. Ce voyage temporel le prouvait sans qu'il puisse le savoir. Les choses évoluaient. Et elles évoluaient rapidement. Changeaient. Un battement d'aile de papillon peut tout changer... Une rencontre fortuite, une conversation inattendue et non planifiée tout autant, et c'était ce qui était en train de se produire à l'instant alors que, quittant la salle commune de la maison serpentard pour se rendre jusqu'à la bibliothèque (non pas pour alimenter quelques sombres dessein, contrairement à ce que certains voudront peut-être croire, mais par simple soucis d'étudier, puisqu'il fallait bien qu'il le fasse également), son chemin croisait celui de son nemesis, son regard le fixant, son pas s'arrêtant. Ils étaient l'ennemi à abattre, mais le cas de Harry Potter (puisqu'il savait à présent que tel était son nom) était distinct des autres, particulier. Sans avoir pleinement conscience de ce qui les liait encore plus sûrement que ses présomptions, il ne se faisait pas d'illusions. Voilà son pire ennemi. Il l'avait sous les yeux.

-Potter.

Rien d'autre que ce simple nom, pour la satisfaction de le connaître, d'avoir su percer, au moins sur ce point, son ennemi à jour. Un nom seul pour amorce, mais qui présageait d'une conversation particulièrement animée.

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ien qu'un mot, un seul,  son nom, son vrai nom. Dans un contexte différent, cette simple injonction aurait semblé insignifiante. Sauf que le contexte était ce qu'il était, et les deux ennemis naturels ne voyaient pas les masques, ils se voyaient eux, leurs secrets, leurs mensonges. Eux dans toute leur complexité, eux dans tout ce qu'ils cherchaient à dissimuler. Et il était temps de ne plus faire semblait. Ça y est, les masques étaient tombés. Il restait quelques zones d'ombre, certes, mais il n'en demeurait pas mois qu'ils se savaient pour ce qu'ils étaient, ce petit jeu qui consistait à faire mine d'ignorer tout de l'autre n'avait pas de raison d'être, du moins pas à cette seconde, alors que les lieux étaient parfaitement désert, alors qu'ils étaient seuls. Il n'y avait personne à tromper, personne à duper. Il était peut-être temps d'avoir enfin cette conversation qu'ils n'avaient pas encore eu l'occasion d'avoir, mais qui n'était pas sans importance. Parce qu'il était des choses qu'il était nécessaire de mettre au clair, des faits qui devait paraître au grand chose. Et ça y est, il lançait le premier les hostilités. Il savait désormais qu'il connaissait son identité. William Black était Harry Potter, ses vaines tentatives pour dissimuler les faits étaient tout sauf convaincantes. Ils allaient mettre carte sur table, que son interlocuteur s'y sente prêt ou pas.

-Je te remercie de te soucier de ma santé, Harry. Oui oui, il connaissait le prénom également. Mais je me porte à merveille. Il marqua une pause. Profites-en, tu dois être las, après tout, de mentir sans cesse, de dissimuler qui tu es à longueur de temps. Et ce point là, ils l'avaient en commun. L'Héritier de Serpentard n'appréciait pas davantage de ne jamais pouvoir se présenter tel qu'il était. Heureusement, l'heure serait bientôt venu de mettre fin à toute sa mascarade. Lui aussi, en avait assez de cette identité qui n'était pas la sienne. Il serait bientôt temps que le nom de Lord Voldemort soit connu de tous, et inspire la crainte chez tous. Je sais qui tu es, tu sais qui je suis. À quoi bon se mentir ?

À quoi bon, oui, si ce n'était à perdre plus de temps... Il y avait des informations qu'il lui fallait obtenir, il y avait des points qui se devaient d'être éclaircis. Pour mieux combattre son ennemi, il fallait qu'il n'ignore rien de lui, et c'est ce à quoi il s'appliquait du mieux possible. Il allait falloir qu'il se dise les choses et, s'il ne daignait pas parler, qu'il lui tire les vers du nez de façon radical. Il le savait... et il le ressentait, quelque part, d'une façon assez étrange au demeurant, mais la personne qu'il avait en face de lui était celle qu'il avait le plus à craindre, celle qu'il devait redouter au-delà de toutes les autres... Même s'il avait pour vanité de ne rien craindre, ni personne, si ce n'était l'inéluctable : sa propre mort.

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om se contenta d’afficher un léger sourire, quand Harry fit le constat que l’Héritier savait pertinemment ce que cela était que de dissimuler à tous son identité. Bien sûr, qu’il en savait quelque chose, et il avait grand hâte de ne plus s’embarrasser de ses déguisements de pacotille... Mais dans tous les cas, il ne laisserait pas son interlocuteur être celui qui dévoilerait le pot aux roses à ceux qui étaient encore crédule. Il ne pensait pas que le jeune homme commettrait une telle erreur, cependant. S’il le connaissait, il savait également de quelles représailles il pouvait être capable, et s’il n’avait rien dit jusqu’alors, ce n’était pas sans raison. La partie était engagée, pour le moment, ils avaient tous les deux le même nombre de cartes en main, autant de chances de gagner l’un que l’autre. La victoire reviendrait à qui saurait tricher, ou à qui saurait abattre ses meilleures cartes au bon moment. L’un comme l’autre disposaient d’horizons d’attente similaires, de secrets équivalents, et de semblables avancées dans leurs plans. L’issue était incertaine, mais Tom ne se voyait pas perdre, à aucun moment, et porté par son auto-suffisance il ne désespérait pas de tirer le meilleur parti de ce qui n’avait pu être qu’une joute verbale. Comme aux échecs, le pion blanc s’avança en premier, Potter fut le premier à s’avancer sur le terrain dangereux où ils devraient se trouver pleinement pour s’affronter pour de bon. Soit. Les jeux de stratégie avaient toujours eu la préférence de l’Héritier de Serpentard. Ce qu’il savait ? Un nombre assez conséquent d’informations, à force de recherches et d’intimidation : il savait le vrai nom des six jeunes sorciers arrivés en cours d’année l’année précédente, il savait l’époque de laquelle il venait, il savait d’où leur venait la crainte qu’ils nourrissaient à son égard. Mais pour le reste, il restait encore plusieurs zones d’ombre, qu’il ne pouvait pas négliger, s’il voulait faire les choses bien. Et c’était indispensable aux vues des circonstances.

-Crois-tu vraiment que je vais révéler si facilement mes découvertes à votre sujet ? Allons, Harry... répliqua-t-il d’un ton presque familier, comme si cette conversation n’était autre que celle de deux camarades qui se cherchaient un terrain d’entente après avoir supporté un conflit pourtant minime. Dans ce monde on a rien sans rien, tu le sais aussi bien que moi. Et tout avait un prix, absolument tout. Dans sa logique des choses, tout du moins, et il ne comptait pas troquer, par contre, son sens de la logique, contre un autre. Que dirais-tu d’un marché ? Toute information récoltée à mon sujet que tu me communiquera sera récompensée par une information que j’aurais moi-même su glaner vous concernant.

Tom parlant de marché ? Oui, l’on pouvait aisément conclure que ça avait des allures de pacte avec le diable, et il ne s’en cachait même pas. C’était ce que c’était, en effet, mais ce genre de marché, d’un côté comme de l’autre, a toujours ses attraits, et celui-ci pouvait paraître équitable de prime abord.

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om s'attendait à une telle réaction de la part de son interlocuteur. Si, par essence et principe, il était voué à être son ennemi juré, il fallait bien que, en contrepartie, il sache tout de même faire preuve d'un semblant de jugeote et d'un soupçon intelligent. L'Héritier de Serpentard ne trouverait de toute façon pas le moindre intérêt à une animosité si exacerbée si son ennemi ne la méritait pas un tant soit peu. Alors en effet, il voulait bien prendre part au marché, mais il exigeait en contrepartie qu'il commence. Soit, s'il devait abattre ses cartes en premier, lancer les hostilités tout d'abord, il le ferait, sans scrupule et sans vergogne, puisqu'il n'avait après tout pas passé ce marché pour rien, il était convaincu d'y gagner sur tous les tableaux. D'accord, communiquer à Harry des informations qui les concernaient, c'était le mettre un peu trop au courant, et lui donner des armes pour se battre contre lui, mais dans un même temps, c'était bien là un témoignage de sa supériorité et de toutes les manières avec lesquelles il pourrait les écraser tous autant qu'ils étaient s'il lui en venait l'envie. Non, qu'ils sachent qu'il savait (c'était aller loin, je confirme) n'était pas un problème à ses yeux, tout  au contraire. Et bien sûr, il en avait l'envie, il n'allait pas laisser ces parasites, qui en savaient beaucoup trop, prendre le dessus sur lui. Les informations que daignerait lui communiquer son interlocuteur pourraient bien lui être indispensables, l'inverse, par contre... rien n'était moins sûr. Enfin, encore fallait-il qu'il se plie pleinement au jeu et ne fasse aucune entorse à ses règles... Si c'était le cas, Tom comptait bien en avoir le coeur net. Il n'avait, après tout, pas acquis le pouvoir de legilimencie pour ne pas l'utiliser en ce genre d'occasions. C'était, après tout, pour des moments tels que celui-ci qu'il avait voulu acquérir une telle capacité, maîtriser un tel pouvoir.

-Soit. répondit-il, d'un ton toujours courtois, qui ne rendait rien de la gravité de la situation. Je commence donc. Harry, Ron, Hermione, Luna, Neville, Ginny. énumération calme. Vous avez dissimulé vos identités dans l'espoir que personne n'apprenne l'époque de laquelle vous venez.

La plus grosse information était donnée, en compensation, Tom espérait bien une compensation à la hauteur. Oui, pour le moment, leur conversation avait un je ne sais quoi de civilisé, le règlement de compte en bonne et due forme, emprunt d'une violence nécessaire, serait pour plus tard. Pour l'heure, il fallait au mieux placer ses pions, c'est ce qui comptait avant toute chose.

-À ton tour...

Son regard s'ancrait dans le sien, il n'y avait pas de place au mensonge, dans leur petit deal. S'il osait, ne serait-ce que partiellement, lui mentir ou se jouer de lui, il comptait bien le découvrir, et dès lors, leur échange aurait toutes les chances de devenir bien moins cordial.

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a première bribe d'informations que le jeune homme lui délivra ne lui était pas étrangère. Il était conscient, effectivement, du fait que les voyageurs le connaissaient mieux sous son pseudonyme que sous ce nom qu'il abhorrait, et se réjouissait de ne plus porter que pour quelques mois (voir un peu plus si la situation l'exigeait vraiment, mais il ne comptait pas vraiment faire durer cela trop longtemps, ce serait aller à l'encontre de tous ses projets). C'était une information que, à vrai dire, il avait prit plaisir à connaître. Après tout, s'ils savaient, s'ils le connaissaient depuis les cinquante années qui les séparaient, cela signifiait bien qu'il était parvenu à cet objectif qu'il caressait du bout des doigts depuis toujours. La seconde bribe d'information, il la connaissait également, mais elle était dors et déjà plus contrariante. Il évoquait la chambre des secrets, et en évoquant le basilic, Tom savait pertinemment qu'il évoquait, non sans malice, le coup qu'ils avaient asséné à cette créature quand eux-même étaient parvenu à pénétrer dans l'antre du monstre, pour ensuite dérober son journal, qu'il n'avait toujours pas récupéré depuis lors, à son grand dam. Oui, ce point là était nettement plus contrariant, car cela le plaçait d'une, face à un échec qu'il ne pouvait ni ne voulait tolérer, de deux, face à un rien d'ignorance : il n'avait toujours pas eu le fin mot de l'histoire concernant la manière dont les voyageurs étaient parvenus à s'y prendre. Cela étant, c'était là deux informations dont il avait parfaitement conscience... et même si le fait qu'ils les détiennent paraissait excessivement dangereux pour lui, il ne s'en inquiétait pas forcément. Insouciance de sa part ? Non, mais s'ils avaient voulu le dénoncer, voilà bien longtemps qu'ils auraient pu le faire. Quelque chose les retenait. Tant mieux.

Au final, ce fut la troisième information, qui parvint à le décontenancer. Les horcruxes... Bien sûr, c'était l'une de ses présomptions... eux au courant, cela justifiait très clairement qu'ils aient ainsi pris le soin de dérober son précieux journal (qui, il voulait le croire, n'avait cependant pas été détruit encore pour le moment - si cela avait été le cas, il voulait croire qu'il l'aurait senti) et de prendre tous les risques qui s'en étaient suivis. Cette perspective n'en était pas moins réjouissante, non, et plutôt alarmante pour lui. D'ailleurs, il eut du mal à dissimuler complètement son trouble. Quand bien même la figure qu'il présentait était impassible. Mais le temps de silence qu'il avait laissé flotter dans l'air avant que de lui répondre, était, au final, une preuve en elle-même, pour peu qu'on soit un tout petit peu observateur. Son ton demeura calme, cependant, quand il daigna briser le silence qu'il avait laissé s'installer.

-Je sais que vous avez dérobé mon journal. Il serait peut-être temps de me le rendre, d'ailleurs. dit-il, l'ombre d'une menace dans la voix.

C'est que les civilités risquaient fort de s'arrêter là.

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e jeu des révélations semblait terminé, du moins pour le moment, ils étaient passé à un sujet différent, mais d'une importance tout aussi grande. Oui, ce journal avait un immense intérêt pour lui. Il y avait renfermé une partie de son âme froide et glaciale. Et si le jeune homme savait bel et bien ce qu'était un horcruxe, et avait deviné que ce journal en était un, il devenait urgent qu'il le récupère. En fait, c'était même la chose la plus importante, celle qui comptait bien plus que de tout savoir de ce que les voyageurs temporels connaissaient de son avenir. Pour l'heure, il ne pensait pas qu'ils aient trouvé les moyens de détruire cet artefact. Si cela avait été le cas, il l'aurait ressenti, il l'aurait forcément ressenti (car oui, ce coeur de coeur pouvait tout de même éprouver... du moins, il pouvait éprouver quelque chose quand on le privait de la moité de son âme). Il avait donc encore la possibilité de rétablir le coche, mais pour cela, il fallait qu'il fasse vite. Finies les conversations certes chargées en venin, mais sans menaces directes, quand le rouge et or daigna opposer son regard au sien, quand il le soutint, leurs deux prunelles se toisant, il en profita pour percer à travers ce miroir de l'âme, et pour utiliser son pouvoir de legilimens. Parfois, la meilleure façon d'obtenir ce que l'on voulait, c'était d'employer la manière forte. Des pensées sombres, pas de lieu, rien d'infiniment précis, mais un nom, malgré tout, par-delà les souvenirs. Et cette personne, il en était sûr, possédait son journal.

-Si tu ne veux pas me le dire, peut-être devrais-je interroger Pomona Fitz.

Car oui, c'était bien son nom qu'il avait su puiser dans le marasme de sa conscience, un nom et un prénom qu'il aurait presque oublié, en vérité. Voilà des mois qu'il n'avait plus eu affaire à Fitz, et après les menaces aussi violentes que directes qu'il avait fait subir à la jeune femme, il avait présumé (à tort, manifestement) qu'elle se tiendrait à carreaux. Au temps pour lui, sa curiosité exacerbée devait bel et bien causer sa perte, comme il s'en était douté. Il allait donc devoir régler ce menu soucs. Oui, il interrogerait Pomona Fitz. Et il comptait le faire, en effet, car il devinait bien que la jeune femme, d'une façon ou d'une autre, avait quelque chose à voir avec cela, et possédait sûrement la parcelle d'âme manquante. En parler directement avec Harry était risqué, c'est certain, car, dans l'éventualité où il se sentait menacé par son propos, il aurait tôt fait de prévenir la jeune femme, et rien ne serait acquis. Mais rien ne l'était, de toute façon, et en le déstabilisant, il parviendrait peut-être, par le même procédé, à obtenir des informations plus précises. C'était du moins ce qu'il pensait. Il ne savait pas les quelques notions d'occlumencie que le jeune homme possédait, ni les autres atouts qu'il pouvait bien avoir dans sa manche.

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om n'avait pas besoin de soutenir le regard de Harry, ou de lire dans les expressions de son visage, pour comprendre qu'il avait vu juste, et que le journal était bel et bien en possession de Fitz, ce qu'il avait lu dans son esprit en disait tout aussi long que la façon désespérée et peu crédible avec laquelle il cherchait à rattraper le coup, et à nier des faits que l'Héritier de Serpentard ne qualifierait pas autrement que comme étant parfaitement indéniables. Oui, Fitz était bien mêlée à cette affaire, et oui, le préfet en chef des verts et argent allait donc lui payer une petite visite, qui avait peu de chances d'être bien courtoise. C'est qu'il était certains affronts qu'il ne fallait pas lui faire, et qui représentaient très clairement le franchissement d'une limite terrible, et dans ces moments là, la personne qui s'était avisée de lui causer du tort pouvait véritablement s'attendre au pire du pire. Et Pomona y aurait droit. Toute tentative de la part du rouge et or pour interférer se révélerait inutile.

Et d'ailleurs, c'est bien ce qu'Harry chercha à faire, interférer. Il avait pointé sa baguette sur Tom, et semblait fermement décidé à l'utiliser. Un acte tout à fait noble de sa part, mais auquel le préfet en chef des verts et argent réagit avec l'indifférence la plus totale qu'on puisse concevoir. Non, il ne se sentait pas menacé. Non, il ne craignait pas pour sa vie, ou même pour sa santé. Il avait beau ne pas connaître grand chose des capacités du jeune homme, il avait beau avoir conscience que, quelque part, ce jeune homme était son nemesis, il ne prenait pas la menace au séreux, et il lui semblait pouvoir le contrer d'un geste de la main. Immense présomption de sa part ? C'était fort probable en effet, mais on ne l'empêcherait pas de penser le contraire. Ou en tous cas, pas tant que le rouge et or lui aurait prouvé qu'il y avait effectivement de quoi se méfier.

-Voyons Harry, commença Tom, tout en tirant tout de même sa baguette magique de sa poche (oui, il était infiniment présomptueux, mais il savait quand même prendre un minimum de précautions), qu'est-ce qui te fait croire que je vais m'en prendre à cette pauvre fille. Tout ce que je compte faire, c'est lui parler, il n'y a aucune raison de s'alarmer. Ou toutes les raisons de s'alarmer, bien au contraire. Abaisse ta baguette, je ne pense pas avoir à te rappeler le règlement intérieur sur les duels dans les couloirs. fit-il du ton du préfet en chef soucieux du règlement. Tu parles !

La vérité, c'était qu'il se moquait pertinemment du règlement, et même, qu'il serait plutôt curieux de découvrir de quoi Harry Potter pouvait bien être capable armé d'une baguette. Il était le mieux placé, après tout, pour savoir qu'il ne faut pas se fier aux apparences. Alors qui sait, peut-être que le jeune homme pourrait agréablement le surprendre, et que sa baguette ne lui serait pas inutile.

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om n'avait peut-être pas exactement les mêmes points de vue que son interlocuteur sur bien des choses, et c'était bien normal, pour être son plus parfait nemesis, il se devait sans doute également d'être son strict opposé, et pourtant, l'Héritier de Serpentard reconnaissait déjà qu'il y avait tout de même entre eux plus d'une similitude non négligeable, au-delà des quelques traits physiques qu'ils pouvaient bien partager. Ils avaient choisi de nourrir des ambitions différentes, de croire en des valeurs aux antipodes les unes des autres, mais leur association aurait sûrement été diaboliquement efficaces. Avec ses limites, tout de même. Où Harry Potter considérait que les règlements étaient faits, de nature, pour être violés ou contournés, le préfet en chef de la maison serpentard considérait plutôt qu'ils étaient faits pour être exploités de la manière qui nous arrangeait le mieux. Il était clair que les règles avaient une valeur primordiale à ses yeux. C'est en faisant mine de les respecter qu'il était parvenu à s'attirer les faveurs de la plupart de ses professeurs, et l'estime de bon nombre de ses camarades, c'est en les arrangeant à sa sauce qu'il avait pu poursuivre ses méfaits. Oui, il croyait aux règles, mais davantage en celles qu'il finirait par imposer au monde entier, et celles-ci, croyez-le bien, il ferait tout pour qu'elles ne soient jamais contournées.

Quoi qu'il en soit, son interlocuteur n'avait donc pas l'intention de s'arrêter en si bon chemin, et il entama ce qui ressemblait bien à un inévitable duel en lançant les hostilités et un premier sortilège en direction du futur seigneur des ténèbres. Tom, qui n'avait cherchait ni à s'en défendre, ni à attaquer en guise de riposte, vit sa baguette choir à quelques mètres de lui sous l'effet du sortilège de désarmement. Il ne la ramassa pas de suite. Rien ne pressait, après tout, et surtout, s'il devait véritablement se lancer dans ce genre de duel avec celui qui, invariablement, devait être son pire ennemi, il voulait décider du contexte et des conditions. Autant dire que le contexte actuel n'avait rien, vraiment rien pour le satisfaire, et il ne l'estimait pas à la hauteur. Ce n'était pas d'une bête querelle d'adolescents à l'esprit échaudé, qu'il s'agissait, il fallait que les choses aient un peu plus de panache.

-J'avoue que tu me déçois, Harry. répliqua Tom qui n'avait toujours pas ramassé sa baguette (il savait pertinemment ce que pourrait lui coûter ce genre de mouvement, mieux valait encore être désarmé et le rester). Si ce que tu souhaites et de m'affronter en duel - et crois bien que cette perspective est loin de me déplaire - ne penses-tu pas qu'il y a mieux à faire que de se lancer des sortilèges à tout hasard au beau milieu d'un couloir où n'importe quel témoin pourrait surgir à toute instant. Il marqua une pause, son calme devait contraster avec l'impulsivité de son interlocuteur. Si tu veux m'affronter dans les règles (même si tu fait peu cas des règlements, je le constate), choisissons le lieu et le moment. Quelle satisfaction pourrais-tu retirer d'une confrontation comme celle-ci ?

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isiblement, Harry le haïssait, le haïssait viscéralement, avec cette sorte de force peu commune qui laissait entendre à l'Héritier de Serpentard que, quoi qu'il ait bien pu faire à l'avenir, cela avait nourri sa haine avec une intensité sans précédents. Il aurait pu s'en inquiéter ou s'en offusquer, il s'en amusait, plutôt. Il appréciait de savoir qu'il puisse avoir une telle influence dans la vie de quelqu'un, soulever une telle animosité, puissante encore à l'instant, alors qu'il lui semblait éprouver une cette haine palpable qui lui témoignait et qui l'invitait encore à le menacer de sa baguette. Pour Harry Potter, pas de combat à la loyale, il n'avait que faire d'un duel dans les règles de l'art. Il voulait sa mort, rien d'autre que sa mort. Pas juste le blesser, bel et bien en découdre. Peu importaient, visiblement, les retombées que cela pourrait avoir sur lui. Cela devrait sans doute l'inquiéter. Mais pour autant, il affichait toujours la même attitude calme et parfaitement posée, qui s'épargnait la moindre trace de colère, ou encore de crainte. Il savait bien quelles réactions invitaient à l'impulsivité, et lesquelles le préserveraient. Ce qui est certain, c'est que Tom Jedusor n'avait pas la moindre intention de mourir au détour de ce couloir. Ni à cet instant ni jamais, d'ailleurs.

-Tu te contentes de bien faibles victoires. remarqua-t-il posément. J'aurais préféré un adversaire à la hauteur.

Un éclair rouge traversa rapidement son regard, effet secondaire fréquent, depuis qu'il avait scindé son âme en deux, et qu'il savait plus ou moins dissiper selon les moments. En l'occurrence, il ne faisait pas le moindre effort. Et oui, s'il pouvait se positionner là, face à lui, et pensait s'en sortir quoi qu'il en soit, c'est qu'un premier pas vers l'immortalité avait déjà été fait, une partie de son âme demeurait ailleurs... dans ce journal qu'il n'avait, fort malheureusement plus en sa possession, mais plus pour longtemps, puisqu'il savait désormais où le retrouver. Alors que son regard ne cessait jamais de soutenir celui de son interlocuteur il daigna finalement ramasser sa baguette (il n'avait tout de même pas la témérité naïve ou idiote). S'il fallait se battre, il le ferait, l'Héritier ne doutait en rien de pouvoir gagner. Il n'avait pas l'intention de se livrer à ce genre de combat néanmoins, pas dans un lieu si exposé.

-Tu sais mieux que personne de quoi je suis capable, n'est-ce pas Harry ? répondit-il, sa baguette fraîchement ramassée. Tu ne peux rien contre moi. Tu peux t'en convaincre, bien sûr... Ce ne sera jamais qu'un leurre... Que comptes-tu faire ? M'abattre au beau milieu de ce château ? Y es-tu seulement apte ? Son ton demeurait toujours aussi calme et doucereux. Il s'avança de quelques pas, le regard toujours ancré dans le sien. Au prochain sortilège que tu daignera lancer dans ma direction, ne songe pas tant aux conséquences que ce geste aura sur toi que sur ton entourage.

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om, manifestement, avait su trouver les arguments juste. C'était là l'une de ses qualités premières, il savait plutôt bien cerner les gens, il parvenait à découvrir leurs faiblesses, et il exploitait ces faiblesses pour mieux les retourner contre ses ennemis. En l'occurrence, la faiblesse universelle qu'il aimait exploiter, et pouvait exploiter bien souvent, c'était l'amour, ou tout sentiment assimilé. L'amour rendait les gens faibles, stupides, impressionnables, influençables. En devinant les élans du coeur de l'ennemi, on pouvait obtenir à peu près tout ce qu'on voulait. C'était en ce sens qu'il s'imaginait supérieur. Parce que, lui, n'aimait pas, son coeur ne battait pour personne, et cela lui permettait de garder la tête froide, de ne pouvoir en rien être influencé. Sauf que, en définitive, ce qu'il pensait être sa force était sa faiblesse, celle-là même qui signerait sa défaite, et la force de son nemesis, ce au nom de quoi il survivrait au sortilège le plus mortel et définitif qu'on puisse imaginer. Dans tous les cas, pour le moment, c'était lui qui s'estimait victorieux, car il avait obtenu exactement ce qu'il souhaitait : Harry avait abaissé sa baguette, était visiblement décidé à attendre, et il le faisait dans l'unique but de protéger ses proches. Il aurait pu, qui sait, sceller leurs destins à tous les autres, mais il y avait renoncé pour protéger ceux de son entourage. Voilà qui voulait tout dire.

-Je ne demande qu'à voir cela. affirma-t-il quand Harry lui décréta que, somme toute, il ne perdait rien pour attendre.

En effet. Cette altercation-ci n'était rien. Un jour où l'autre, tous les deux s'affronteraient en combat singulier. ce semblait manifeste, comme écrit. Écrit quelque part, dans une prophétie qui n'avait pas encore été prononcée, mais qui existait bel et bien, et qui les liait l'un à l'autre, jusqu'à ce que l'un ou l'autre finisse par rendre l'âme. Ce ne serait tout simplement pas pour aujourd'hui. Ni le lieu, ni le moment n'étaient appropriées, et en définitive, ils le savaient aussi bien l'un que l'autre. C'était pour cette raison, sans doute, d'ailleurs, que le rouge avait décidé de déclaré forfait. Pour l'instant du moins. Oui, parce que, en effet, s'il pensait s'en tirer dans tous les cas, ils auraient à se revoir, à s'affronter pour de bon. Et effectivement, il ne demandait qu'à voir cela.

-Sur ce, si tu n'as plus rien à me dire, je vais m'en aller.

En vérité, ils avaient encore bien des choses à se dire, mais une fois de plus, les circonstances n'étaient pas les plus appropriées. Tom, qui aimait à tout contrôler, tenait, bien évidemment, à ce que le jour où la véritable confrontation aurait lieu, tout aurait été mis en place, chaque élément, en sa faveur, pour une victoire éclatante et sans équivoque. Ce ne serait, dans tous les cas, pas pour aujourd'hui, et comme il n'y avait rien de plus à ajouter, autant s'en aller. Leurs joutes, verbales ou non verbales, auraient tout le loisir d'être nombreuses, plus tard.

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