Sharon n'était pas franchement du genre romantique. Alors quand il s'agissait de la Saint Valentin, autant dire que cela ne changeait pas grand chose pour elle. En plus elle n'était pas en couple alors franchement, elle s'en moquait pour le moment. Si elle avait été avec quelqu'un, elle aurait fait un effort, pour le principe... mais bon, là, comme ça, elle ne se sentait pas concernée. Alors même si elle n'avait pas particulièrement d'affinité avec cette fête aujourd'hui, elle reconnaissait que c'était sympa comme journée. Principalement parce que le chocolat se répandait partout dans le chteau et ses alentours. Et ça c'était bien. Sharon adorait le chocolat. Mais qui n'aimait pas le chocolat en même temps. C'était tellement bon le chocolat. Pour peu qu'on y trouve quelque chose dedans, c'était parfait. Les chocolats fourrés étaient les meilleurs pour elle. Et cette année ne ferait pas exception, elle irait acheter des chocolats.

Alors une fois tranquille, la majorité des devoirs faits et autres, Sharon était allé en ville. Elle commença par fureter un peu dans les rues, gentiment. Juste pour voir, pour faire un tour quoi, rien de méchant. Elle faisait le tour des vitrines, regardait les nouveautés, avait pris de quoi faire plaisir à Milord aussi. Et puis elle s'était dirigé vers une boutique où elle pourrait se faire plaisir à elle. Tout le monde allait chez Honeydukes pour ça. Sharon ne faisait pas exception. Elle se doutait bien qu'il y aurait du monde. Et bien elle ne croyait pas si bien dire. En même temps, la Saint Valentin, c'était l'occasion pour tout le monde d'aller acheter une de ces boîtes de chocolat en forme de cœur. Elle ne pensait offrir une de ces boîtes à personne d'autre qu'elle-même mais elle comptait bien en prendre une tout de même. Autrement elle ferait la tête. Alors Sharon avait fait la queue, s'était montré patiente, alors elle avait fini par pouvoir récupérer sa boîte. Elle était contente. Ses préférés. Heureusement qu'il en restait. Sharon était donc rentré au château souriante. Elle avait hâte d'y goûter.

Seulement après réflexion, c'était une grosse boîte. Elle était gourmande mais quand même. Il ne fallait pas abuser non plus. Alors elle allait peut-être partager un peu. Oui, c'était une bonne idée. La première personne qu'elle croiserait, elle lui proposerait. En marchant dans les couloirs, elle avait finit par croiser une autre jeune fille. Une Serdaigle. C'était Louisa, la fille de l'infirmière. Sharon ne la connaissait pas vraiment. En fait, sa connaissance se limitait à ces quelques détails. Détails que presque tout le monde connaissait au final. Mais ça allait, avec elle Sharon voulait bien partager. C'était mieux que si elle était tombé sur quelqu'un qu'elle ne pouvait pas supporter. La jeune fille approcha donc sa proie dans un sourire.

-Salut! Dis, j'ai été acheter des chocolats, mais ça fait un peu beaucoup pour moi. Alors je me suis dit que la première personne que je croiserais pourrait m'aider un peu, et c'est toi. Intéressée?

Sharon tendait déjà la boîte vers la jeune blonde. Elle lui laissait le choix mais elle ne devait pas réfléchir trop longtemps non plus...

-Prenez une chambre, c'est pas vrai ! gronda Louisa à l'adresse de ce couple qui se bécotait contre un mur comme si le reste du monde n'existait plus.

Bon, franchement, elle n'arrivait pas à comprendre que certaines personnes puissent véritablement trouver ça mignon, elle, elle trouvait juste ça dégueulasse. Quel plaisir pouvait-on vraiment trouver à échanger sa salive et ses microbes avec quelqu'un d'autre ? Qu'on soit amoureux ou pas, c'était crade. Et pour ce qui était de voir des gens se bécoter, aujourd'hui, y avait de quoi faire ! Elle allait sérieusement croire qu'ils s'étaient tous passé le mot avant de se rappeler quel jour on était. Ah bah oui, c'est vrai ! Le 14 février ! Non mais la Saint Valentin, quelle connerie, n'empêche. Si l'amour devait attendre une date précise pour s'exprimer et se célébrer, alors ça valait vraiment pas grand chose. Si l'amour devait s'exprimer comme l'exprimaient ces deux ados répugnants aux hormones en feu, n'en parlons même pas. Beurk. Définitivement beurk. Tout Poudlard puait singulièrement l'amour et les bons sentiments. Ou qu'elle aille, il ne semblait y avoir aucune échapatoire.

Et entre ceux qui avaient décidé de décorer certains couloirs avec le goût de l'inventeur du kitsch, les poèmes d'amour glissés sous la table à l'heure des cours, et toutes ces autres horreurs, la bleue et bronze n'était pas au bout de ses peines. Le monde était devenu une sorte de guimauve géante dans laquelle tout le monde s'engluait avec bonheur. Non mais sans déconner ! "Tu comprendras quand tu auras quelqu'un ou que tu tombera amoureuse", lui avait rétorqué quelqu'un qui s'était agacé de la voir si peu réceptive à la fête de Monsieur Valentin, elle l'avait envoyé royalement chier. Et au passage, elle savait ce que ça faisait d'avoir des sentiments pour quelqu'un, ça l'avait pas transformé en barbe à papa rose et pleine de sucre, qu'elle sache ! Ou alors, si c'était le cas, qu'on lui lance un Avada Kedavra direct.

-Salut! Dis, j'ai été acheter des chocolats, mais ça fait un peu beaucoup pour moi. Alors je me suis dit que la première personne que je croiserais pourrait m'aider un peu, et c'est toi. Intéressée?

Hein, quoi ? Louisa regarda alternativement Sharon, la serpentard qui venait de lui causer, et la boîte de chocolat. Ne pas accepter de chocolat d'inconnus... En même temps, ça avait l'air sacrément bon.

-Pourquoi pas, répliqua-t-elle dans un haussement d'épaules avant de piocher un chocolat et de le manger.

Elle pensait partir direct après, mais quelque chose l'arrêta. Le regard de Sharon, tout à coup, il la subjuguait, et elle était incapable de bouger ou d'arrêter de la regarder.

Sharon n'était pas vraiment une fille comme les autres. Pour plusieurs raisons en fait. Pour commencer, elle était un peu dérangée, c'est vrai. Elle n'aimait pas les mêmes choses que les autres filles de son âge. Elle n'était pas intéressée par les mêmes choses. Et cela nous amenait à la seconde raison. Sharon ne s'intéressait que très modérément aux garçons de son âge. De son âges ou d'un autre âge visiblement. En revanche, croiser une belle fille la faisait frémir. Elle n'y pouvait rien, c'était comme ça. Forcément, avec ses parents, elle avait un peu résisté, mais au final, elle ne trouvait pas cela si désastreux. En fait, tant qu'elle savait rester discrète, tout allait bien. Ou du moins tout irait bien. Elle se demandait bien ce que cela donnerait une fois mariée. Ça aussi ça serait drôle à voir...

Aujourd'hui, c'était la Saint Valentin. Un jour comme les autres pour Sharon. Même si on voyait des couples un peu n'importe où dans les couloirs ou même dans la rue. C'était assez pathétique. Étaler ainsi sa vie privée, c'était un peu abusé là même. Beurk. Ce n'était pas le geste en lui-même qui choquait ainsi Sharon. Mais plutôt qu'il se fasse comme ça, à tout les détours de couloirs. Un peu de discrétion enfin! Heureusement qu'on ne croisait pas que ça dans les couloirs. Et c'était justement ce qu'avait cherché Sharon. Une personne seule pas en train de se bécoter avec son copain ou sa copine contre un mur. Elle voulait partager sa boîte de chocolat alors avec une personne ça va, mais pas avec deux quand même, elle en voulait au moins un peu.

-Pourquoi pas.

Dans un haussement d'épaules, Louisa avait pioché dans la boîte. Sharon avait donc sourit, satisfaite, avant d'elle même prendre dans la boîte. Ces chocolats étaient vraiment super bons. Sharon releva les yeux qui se posèrent sur ceux de Louisa. Et là, c'était la révélation. Louisa était une jeune fille tout simplement magnifique. Une beauté de la nature, un cadeau de la nature. Elle était vraiment très belle. Sharon n'avait plus qu'une envie: elle devait la séduire. Elle ne savait pas si Louisa partageait ses goûts particuliers, mais elle s'en moquait pour le moment. Elle était tellement belle, elle ne pouvait pas résister.

-Tu peux en reprendre si tu veux...

Sharon lui souriait un peu malicieusement. Elle espérait vraiment que Louisa accepte de se laisser séduire, même par une fille...

Louisa n'avait jamais porté ce genre de regards que certaines personne adressent à ceux ou celles de leur genre, et sont obligés de cacher à la face du monde. Ça ne devait pas signifier que cela n'arriverait pas un jour (en fait, c'était même sur le point d'arriver dans la seconde), mais outre le fait que l'idée de pouvoir tomber amoureuse d'une fille lui avait l'air absurde,le seul béguin qu'elle ait jamais eu de toute son existence (et qui ne l'empêchait pas de rester dans un genre de phase qu'on peut résumer par un moto type "les mecs, ça craint"), c'était Rhian, et c'était un garçon. Elle avait d'autant plus de mal à comprendre ce qui était en train de lui arriver, du coup. Ce n'est pas qu'elle était intolérante ou quoi, elle était juste comme tout le monde à cette époque, et le fait qu'une fille puisse éprouver autre chose que de l'amitié à l'égard d'une autre fille la dépassait totalement, ne lui venait juste pas à l'esprit. L'ennui, c'est que quand ses yeux se posaient sur Sharon, elle éprouvait tout à coup quelque chose d'extrêmement ambigu, qu'elle n'avait jamais éprouvé autrement que… pour Rhian, toujours, bien sûr. Elle la trouvait belle. Plus que belle, en fait, elle la trouvait magnifique. Elle lui trouvait un charme pas croyable. Pas comme quand vous vous dites objectivement que quelqu'un est beau, mais comme quand vous éprouvez une… inévitable attirance pour l'autre personne. Elle avait l'impression que si elle osait détacher ses yeux d'elle, elle allait souffrir le martyre. Elle avait envie de lui consacrer la moindre de ses secondes, la moindre de ses minutes, de toute façon, il lui apparaissait que même si elle voulait détourner les yeux d'elle ou essayer de penser à autre chose, elle en serait complètement incapable. Ça n'avait aucune raison d'être, ce sentiment soudain, ça sortait carrément de nulle part, mais ça avait l'air tellement évident, sur le moment, que Louisa ne cherchait même pas à voir en quoi c'était complètement dingue ou quoi. Elle n'était plus capable de réfléchir quand elle regardait la vert et argent trop longtemps, de toute manière.

-Tu peux en reprendre si tu veux...

Elle avait presque l'air hypnotisée quand elle hocha la tête à la proposition de Sharon, qui lui suggérait de prendre un nouveau chocolat. C'était rien, rien du tout, même, mais là c'était comme si elle était tout à coup incapable de lui refuser quoi que ce soit. C'était dingue, quand on y réfléchissait (mais ça aussi, réfléchir, elle en était plus trop capable), elles ne s'étaient jamais adressées la parole avant, mais elle avait l'air tellement importante pour elle, soudainement ! Louisa ne réfléchit même pas, elle dégusta fissa une autre friandise.

-C'est trop bon ! dit-elle avec un enthousiasme qu'on lui voyait généralement une fois tous les mille ans. Tu… Tu fais quoi ?

C'était une question complètement général, mais surtout pour lui demander ce qu'elle avait l'intention de faire ensuite, parce que bon, en fait, Louisa avait follement envie d'accompagner Sharon où qu'elle aille !