D

e manière généralisée, Tom Jedusor considérait qu'aucune fête ne pouvait trouver grâce à ses yeux. Noël était une fête absurde et consuméristes où le "partage" était mis à l'honneur quand bien même les gens n'offraient jamais que pour mieux recevoir. Nouvel An (date qui coïncidait avec son anniversaire, pour rien arranger) n'était que la célébration absurde d'une année établie en tant que tel qu'au nom d'un calendrier absurde et arbitraire. Halloween... Cessons de plaisanter, quel valeur pouvait bien avoir Halloween quand on était un sorcier digne de ce nom ? Restait donc la Saint Valentin. Et de toutes les fêtes existantes, celle-ci était très clairement la plus exécrable. Et pour cause, comment voulez-vous vanter les mérites d'une fêtes prônant la plus grande faiblesse de l'humanité, et la mettant sur un piédestal. L'amour était une plaie, elle faisait reculer le potentiel du genre humain jusqu'à un terrible point de non-retour. Oh, si Tom avait tout compris, si Lord Voldemort irait loin, lui, c'est parce qu'il l'avait particulièrement compris, ce qui échappait à tous les autres. Il tenait cette vérité, et ça le rendait supérieur. Ça, et le fait que jamais, au grand jamais, il ne tomberait amoureux. De qui que ce soit.

Et c'était fort de cette conviction qu'il avait fait chemin jusqu'à Pré-au-lard, dans l'espoir d'échapper à cette fébrilité mielleuse qui avait l'air d'agiter tout Poudlard depuis la veille, déjà. Malheureusement, à Pré-au-lard, l'ambiance n'était pas plus décente. Des décorations chargées en coeurs et en chérubins rappelait au commun des mortels qu'il fallait célébrer ce sentiment absure, apanage des faibles. Comme se fit-il qu'il mangea ce chocolat que lui tendit une vendeuse ambulante quelconque à un coin de rue, c'était avant tout pour qu'elle lui fiche la paix une bonne fois pour toute. C'était bien, elle le fit. Le chocolat était beaucoup trop sucré, désagréable au palais, mais soit. Il tentait d'en oublier le goût, alors qu'il marchait au hasard, quand ses yeux se posèrent sur elle.

C'est la première fois qu'il daignait le constater, mais force lui était de constater qu'elle était belle. En fait, c'était la première fois qu'il voulait bien regarder une femme et admettre "oui, elle est belle". Et pas seulement. Jamais il n'avait ressenti cela, et c'était tout à fait singulier. Les battements de son coeur s'accéléraient, il avait les mains moites... Et quand elle daigna poser les yeux sur lui et le saleur, il se sentit tout à fait léger. C'est instinctivement, et sans la moindre hésitation qu'il s'assit à côté d'elle. Et tout à coup, sa présence à côté de la sienne semblait comptait bien plus que n'importe quoi d'autre, comme pouvoir l'observer dans les moindres détails. Oh, elle aurait pu lui dire à l'instant les mots les plus insignifiants, il les aurait écouté avec un intérêt sincère.

-Comment vas-tu ?

Et contrairement à toutes ces nombreuses fois où il avait pu prononcer ces mots en se moquant royalement de la réponse de son interlocuteur, il s'intéressait, il voulait savoir. Et si un part de lui réalisait encore à quel point son attitude étai irrationnelle, et par conséquent indigne de lui, cet instinct puissant prenait le dessus sur tout le reste.

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À

mesure que ce produit singulier contenu dans ce chocolat qu'il aurait pour de bon mieux fait de ne pas manger se propageait dans ses veines, il lui était pour de bon impossible de comprendre ce qu'il lui arrivait, et de rationaliser son attitude. Bien sûr, on pourrait tout à fait lui arguer que l'amour, justement, n'avait rien de rationnel. Mais comment pourrait-il même imaginer que ce qui était en train de l'animer en ce moment-même était ce sentiment, certes artificiel mais aux allures bien réelles pour l'heure, qu'il honnissait plus que tout, puisqu'il était l'exacte faiblesse, l'écueil qu'il fallait éviter, et qu'il pensait pouvoir éviter avec aisance. Ceux qui disaient que l'amour ne se commande pas étaient forcément de pauvres idiots qui, pour leur part, attendaient désespérément que cette émotion absurde leur tombe dessus, quitte à forcer le destin, quitte à mentir à la nature humaine pour un instant absurde d'égoïsme changé en altruisme. Pourtant, il n'aurait certainement pas commandé de lui-même ce qu'un coeur qu'il pensait de pierre lui dictait en présence d'Ines. Quand il lui demandait comment elle allait, il était bel et bien soucieux de savoir, et quand elle lui affirma qu'elle allait bien, il s'en sentait très sincèrement ravi et concerné, puisqu'il avait tout à coup la vive impression qu'il ne supporterait pas que la jeune femme aille mal. Une fois assis à côté d'elle, profitant de leur nouvelle proximité, ce fut à son tour de répondre à la question qu'elle lui retournait.

-Je vais... très bien.

Trop bien, même, très clairement, étant donné la situation. Une situation qui aurait autrement dû l'agacer et l'ennuyer profondément, puisqu'il devrait en toute logique avoir mieux à faire que d'entamer une conversation, de quelque sorte que ce soit, avec la vert et argent. Il avait forcément mieux à faire, il avait toujours mieux à faire... Et pourtant, là, rien ne lui venait, pas d'endroit où il préfèrerait être ou d'affaire qu'il aimerait davantage traiter. À n'y rien comprendre... Il se sentait à sa place, et bien. Si bien que lorsqu'Inès lui demanda ce qu'il était venu faire à Pré-au-lard, lui qui n'était pas tant que cela coutumiers ou adepte des sorties de ce genre, il ne sut quoi répondre. Il n'avait plus la moindre idée de pourquoi il était ici, comment il était arrivé là. Et cela lui semblait bien accessoire, au final. La seule certitude à s'imposer à son esprit, c'est que c'était une aubaine qu'il ait quitté Poudlard pour se joindre à la foule des élèves dans le village sorcier. Le reste, qu'il aurait placé quelques minutes avant au-dessus de tout, n'avait plus grande importance à ses yeux.

-Je suppose que je voulais prendre l'air, oui. Et il supposait plus qu'il n'affirmait, en l'occurrence, puisqu'Ines, qu'il n'avait jamais remarqué alors que pour la reléguer au rang de potentielle particulièrement lassante, semblait tout à coup et par sa seule présence balayer toutes ses certitudes et la moindre de ses convictions. De toute évidence, j'ai bien fait, ajouta-t-il en ancrant son regard dans le sien.

Ça lui avait complètement échappé jusqu'alors, en fait, il s'en était tout simplement profondément moqué, mais Ines Stinwick avait des yeux magnifiques.

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