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i beaucoup considéraient la Saint Valentin comme une fête parfaitement désuète, totalement kitsch,  voire profondément indigeste, Luna était d'un naturel plutôt bienveillant vis à vis de cette fête bien trop souvent dénigrée, alors même que la valeur qu'elle prônait était l'obsession du plus grand nombre. La bleu et bronze appréciait cette fête au nom des valeurs et des bons sentiments qu'elle prônait. Quel mal y avait-il à prôner l'un des plus nobles sentiments qui puisse exister en ce monde ? Quel mal y avait-il à un peu de mièvrerie quand celle-ci était correctement dosée et réchauffait les coeurs, après tout ? Aucun mal, bien au contraire. Et pourtant, n'allez pas croire que Luna était la plus grande romantique que vous rencontrerez au cours de votre vie (s'il vous est donné l'opportunité de la rencontrer), elle n'attendait pas après l'amour fou, et, à vrai dire, ne songeait pas même à l'éventualité de se mettre un couple un jour. Elle supposait que, un jour, elle aurait un époux, fonderait une famille... mais c'était bien à mille lieux de ses considérations, pour l'heure. Elle n'était jamais sorti avec personne, et n'en éprouvait ni tristesse, ni honte, elle pouvait bien passer encore plusieurs années seules, elle n'y verrait pas de mal. Ce qu'elle appréciait, aussi, à la Saint Valentin, c'était tout ce qui accompagnait cette journée, au dîner, à la grande table, on avait toujours le droit à quelques fantaisies gustatives, comme ces sucettes roses bonbons servies au dessert, ou encore ces coeurs en chocolat qui avaient l'air sacrément appétissant. Il y avait aussi toutes ces soirées un peu clandestines organisées dans le château. Bon, dans le cas de Luna, ce n'est pas comme si elle s'y rendait (notamment parce que personne ne songeait à l'y convier), mais elle appréciait l'atmosphère que faisait naître la perspective de ce genre de soirées chez certaines personnes. Pour sa part, elle comptait profiter de sa soirée pour s'installer tranquillement quelque part et lire le dernier livre qu'elle avait emprunté à la bibliothèque, le récit de voyage d'un explorateur qui aurait découvert des espèces rares et inédites au cours de sa traversée de la forêt amazonienne. Après avoir quitté la table des serdaigles, et avoir embarqué dans ses poches une poignée de chocolats en forme de coeur qui agrémenteraient sa lecture, pensait-elle, elle avait donc abandonné la grande salle pour se mettre en quête d'un lieu isolé où se poser tranquillement.

Elle grignotait tranquillement un premier chocolat, le pas sautillant, quand son regard tomba sur le jeune rouge et or, Rhian, qui ne portait certainement pas pour rien le nom de Potter. Tout à coup, les battements de son coeur s'accélérèrent, ses mains devinrent moites, et elle se sentit le besoin immédiat de parler au garçon, même si c'était pour ne rien lui dire.

-Salut. Hum... Tu veux un chocolat ? Lui demanda-t-elle en lui tendant une poignée des friandises en forme de coeur qui avaient déjà eu le temps de commencer à fondre au creux de sa poche.

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À

la simple idée qu'il accepte quelque chose qu'elle lui offrait, Luna sentait son coeur s'emballer. Pourtant, ce n'était vraiment trois fois rien. Juste quelqu'un à qui elle tendait un chocolat, et qui l'acceptait. Mais comme ce quelqu'un prenait tout à coup, et avec une aisance à peine explicable, tant d'importance pour elle, tout ce qui venait d'elle prenait une valeur incroyable. La moindre de ses paroles, le moindre de ses gestes, elle y était suspendue. Pour lui, elle aurait construit une échelle gigantesque dont elle aurait gravi chaque marche jusqu'à atteindre la lune... de là, elle lui apporterait une colonie de grenouilles lunaires qui lui chanteraient une superbe mélodie romantique. Elle en était là, oui, alors que ses yeux globuleux ne savaient plus se détacher du rouge et or auquel elle reconnaissait tout à coup une beauté toute particulière. Il était très jeune, oui, mais il se dégageait de sa personne une grande maturité. Elle l'observa sans mot dire, considérant chaque mâchouillement de sa part, alors qu'il mangeait son chocolat comme autant d'action quasi-divines. Puis finalement, il prit la parole. Luna sentit ses joues rosirent légèrement. Sa voix. Elle n'était pas certaine d'y avoir prêté garde jusque là, mais Merlin, qu'elle était douce ! Même quand il bégayait deux mots, il s'en échappait comme une mélodie singulière. "Je... tu..." Il aurait pu lui lister tous les pronoms personnels. Elle aurait adoré. Elle aimait ressentir cette timidité, ce léger malaise, elle voulait en cerner l'origine. Et si elle devait prendre les rennes de la conversation, ça ne la dérangeait pas le moins du monde.

-Tu quoi ? demanda-t-elle, souriant jusqu'aux oreilles.

Instinctivement, elle se rapprocha de lui et, sans véritablement de gêne, elle glissa doucement sa main dans la sienne. À quoi bon ne pas céder à son envie du moment. Et pourquoi ne pas apprécier la perfection de ce moment alors que, à ses yeux, et à bien des égards, il n'y avait rien de mieux, rien de plus parfait, rien de plus exceptionnel que ce qu'ils partageaient, ou même ne partageaient pas.

-Tu sais qu'il existe une sous-espèce de ronflaks inséparables ? Il doivent constamment être ensemble, tous les deux. S'ils sont séparés, ils entrent dans une profonde dépression.

Tout un article de chicaneur avait été consacré au sujet, et la bleue et bronze l'avait lu avec attention, à l'époque. Cela étant, ce n'était pas tant pour évoquer un sujet fascinant, même si c'était toujours une bonne chose que parce que c'était sa façon à elle de faire une déclaration. Et Rhian allait forcément comprendre. Comment ne pourrait-il pas comprendre. Elle le connaissait si peu, mais il était évident qu'il s'agissait d'un garçon très intelligent. De toute façon, pouvait-il avoir le moindre défaut ? Pas qu'elle sache. Il était parfait. À quoi le devinait-elle ? Eh bien, elle n'en savait rien... c'était un sentiment instinctif, et tellement fort ! Comment est-ce que cela pourrait être faux ? Son intuition était forcément réel.

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una afficha le plus franc et extatique des sourires, ses yeux globuleux brillant de mille étincelles, quand Rhian lui fit comprendre, et grâce aux ronflaks (si ce n'était pas merveilleux) que ces sentiments qu'elle éprouvait si intensément pour lui depuis ces quelques minutes étaient partagées. Il lui faisait les deux plus beaux cadeaux que l'on puisse imaginer : il croyait en ce qu'elle disait, sans remettre en cause un seul instant ses convictions les plus profondes, et il venait de lui avouer, à sa manière, qu'il l'aimait lui aussi. C'était très certainement le plus beau jour de toute sa vie. Serrant sa main dans la sienne, elle déposa un léger baiser sur ses lèvres, peut-être son premier, en fait, mais c'était si logique et naturel qu'elle ne prenait pas la peine de se laisser aller à d'aussi plates et absurdes considérations. Puis elle approuva d'un enthousiaste signe de la tête quand il lui proposa d'aller faire un tour dehors tous les deux. Rien que lui et elle sous le ciel étoilé ?  Comment pourrait-elle refuser ! C'était la meilleure idée au monde ! Y'avait-il, de toute façon, une seule idée proposée par Rhian qu'elle puisse véritablement refuser ou trouver inintéressant ? Rien d'insensé ou d'inacceptable ne pouvait s'échapper de ces lèvres si douce.

D'un mouvement, elle traîna donc Rhian dehors, sa main toujours dans la sienne, le pas joyeux et sautillant. L'air était frais en ce mois de février, mais Luna s'en moquait totalement, la blondinette voulait bien choper tous les rhumes du monde pour un moment comme celui là. Alternativement, elle observait la voûte stellaire et Rhian. Le ciel était exceptionnellement dégagé. Il n'y avait pas un nuage dans le ciel, et on pouvait contempler à loisir les constellations qui luisaient au-dessus de leurs deux têtes. Après avoir fait plusieurs pas jusqu'à un coin reculé et tranquille du parc, le tout dans un silence qui n'avait rien eu de gênant ou d'embarrassant (quand on aime, les mots sont de trop, non ? ), elle s'allongea dans l'herbe, sans le moindre soucis de tâcher sa tenue, de salir ses cheveux, ou que l'herbe puisse être humide. Elle contempla le ciel dans toute sa splendeur avec un grand sourire.

-C'est magnifique. admira-t-elle dans un souffle, de cette voix cristalline qui lui était si familière. Et de nouveau, plusieurs longues secondes, elle ne prononça pas le moindre mot. Juste le contact de la main du rouge et or contre la sienne, et le reflet des étoiles dans ses yeux, ça lui suffisait à être parfaitement heureuse. C'est quoi ta constellation préférée ?

Une question tout à fait singulière, d'autant que personne n'avait véritablement de constellation préférée en définitive. Personne sauf Luna, à vrai dire, puisque la demoiselle collectionnait les lubies les plus étranges et les plus incompréhensibles.

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una ne reprochait en rien à Rhian de ne pas connaître toutes les constellations visibles dans le ciel, ou même de n'en connaître aucune. Après tout, personne en ce monde n'avait la science infuse, et cela n'empêchait pas un seul instant le rouge et or d'être absolument parfait à ses yeux. Même plus que parfait. En définitive, elle était même plutôt heureuse que Rhian ne sache pas tout cela. Ça permettrait à Luna de lui en apprendre plus, de lui raconter toutes ces belles histoires qu'enseignaient les étoiles depuis la nuit des temps. S'il y avait bien quelqu'un avec qui elle voulait partager cela, c'était bien lui. Elle était tellement bien, avec lui, qu'ils auraient pu parler ensemble d'absolument tout, elle se serait à chaque fois sentie également extatique. Quelle douceur, quel bonheur que de savourer ainsi sa présence ! Tout prenait un sens différent, quand elle l'avait à ses côtés, et elle était intimement convaincue que même les étoiles se teintaient d'une lueur différentes. Elles semblaient plus brillantes, plus belles, et c'est parce qu'il était là. Luna leva doucement la main du jeune garçon, qu'elle tenait toujours, en direction de la voûte stellaire.

-Tu vois cette étoile-là, celle qui brille le plus, c'est l'étoile polaire. Avec les étoiles, autour, qui donnent l'impression de former une casserole, ça s'appelle la grande ourse. C'est marrant, non ? Ça ne ressemble pas à un ours du tout. Elle rit légèrement. À chacun son humour, bien sûr. Le sien était, comme tout le reste de sa personne, assez énorme. Mon père m'a dit que, à l'époque, ces étoiles avaient vraiment la forme d'un ours, mais certaines étoiles se sont déplacées, et d'autres se sont éteintes, c'est triste, non ? Sur le sujet, la bleue et bronze paraissait tout bonnement intarissable. Et elle l'était, effectivement. Elle continuait, elle continuait, elle pourrait bien parler toute la nuit, sans songer qu'elle pourrait ennuyer Rhian. De toute façon, ils étaient sur la même longueur d'ondes, non ? Et tu vois la mini casserole, là ? C'est sa petite soeur, la petite ourse. Elle adressa un sourire au garçon. Et moi, ma constellation préférée, c'est celle du dragon, juste à côté de la petite ourse. D'un geste, elle guida la main de Rhian pour qu'elle suive le tracé de la constellation. Je trouve qu'on devine encore le dragon, et c'est comme s'il nous protégeait, tu vois ?

C'était, cela étant, et chocolats mis à part, le genre de discours qu'elle aurait parfaitement pu tenir, quand bien même elle n'aurait pas été sous l'influence de la moindre potion. Disons seulement que le breuvage qu'elle avait absorbé renforçait son envie d'en apprendre plus à son interlocuteur, et la certitude que ce dernier serait dans tous les cas fascinée par ce qu'elle avait à lui dire et ne se moquerait pas d'elle ou de son caractère fantasque. Eux deux, elle les sentait sur la même longueur d'onde, il n'y avait rien qu'il puisse dire ou faire qui soit susceptible de la décevoir, et inversement, bien sûr. Ils pouvaient être sûrs d'eux, l'amour rendait sûr de soi.

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hian semblait aussi sincèrement fasciné qu'elle pouvait l'être par les étoiles, et la manière singulière dont elles formaient toutes des constellations, des dessins faits d'étoiles où pouvaient se lire autant d'histoires merveilleuses que de destins tragiques. Étrangement, Luna n'avait jamais vraiment été une adepte de l'astronome ou des cours d'astronomie, même si elle n'était pas mauvaise dans cette matière (par la force des choses, elle connaissait le nom des étoiles et leur emplacement), elle leur trouvait des airs trop... techniques, l'imaginaire n'y avait plus sa place, or l'imaginaire était part intégrante du caractère de la bleue et bronze. À l'inverse de ces créatures pour beaucoup étranges à l'existence desquelles elle croyait dur comme fer, Luna savait bien que ses présomptions stellaires n'avaient pas d'autres fondements que ceux de son esprit, mais ça lui était complètement égal, en définitive. Parce qu'il était beau de croire, parfois, en ce que l'on choisissait de croire, et reniant ces pourcentages de chances pour que le tout soit faux, pour que le tout soit erreur et billevesées. Elle aimait croire que ce dragon fait d'étoiles, là haut, dans le ciel, les protégeait. Elle ne savait pas si cela était réellement possible, mais pourquoi pas, après tout. Il était plus agréable de croire en quelque chose au-dessus de soi, et au-dessus de toute compréhension humaine que de ne croire en rien du tout. L'espoir fait vivre au sens le plus propre du terme. N'est-ce pas, d'ailleurs, le principe de toute religion ? Luna voulait avoir foi en ces histoires parce que cette foi la portait et la faisait avancer, et elle aimait l'idée que le rouge et or puisse penser comme elle. N'était-ce pas profondément agréable que de pouvoir laisser, même un instant, son destin à la merci des étoiles, sans plus rien craindre, et sans se poser la moindre question.

D'ailleurs, Rhian avait sa propre interprétation de la voûte stellaire et de ses mystères, et celle-ci n'était pas pour déplaire à Luna. De toute façon, sous l'influence de ce philtre d'amour, tout ce que disait ou pensait Rhian devenait sa propre parole et sa propre pensée. Elle avait l'impression d'avoir enfin trouvé cette personne capable de l'aimer et de la comprendre, avec lui, c'était si simple... Il aurait pu absolument tout dire, à cette seconde, elle y aurait cru... Et il n'y avait guère à la forcer, là, à cet instant. Parce que l'idée que depuis en haut, ces proches décédés puissent veiller sur leurs âmes lui plaisait beaucoup.

-J'aime l'idée qu'elle me regarde là, maintenant... ma mère.

C'était chronologiquement impossible. À l'époque où elle se trouvait, sa mère n'était pas même née, mais ce n'était pas là des observation dont Luna tolérait pour l'heure le pragmatisme. Elle ne veillait pas vraiment à ce qu'elle disait, de toute façon. En la présence de Rhian, et sous l'effet de ces chocolats, sa parole se libérait, et il lui faisaient oublier le peu qu'elle avait pu avoir de prudence. Aulne Quibber, c'est ce qu'elle avait dit à tout le monde, avait encore ses deux parents. Une chance, l'information n'était peut-être pas parvenue aux oreilles du rouge et or.

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una aimait beaucoup cette idée, l'idée que sa mère et le père de Rhian puisse les observer depuis les cieux. La bleue et bronze n'avait plus aucun souvenir de sa mère, elle l'imaginait comme sur les quelques photos qu'il y avait d'elle dans le domicile des Lovegood, elle et une copie conforme de Rhian en plus âgé, en train de les observer en souriant, ravis de voir leurs deux enfants, deux âmes soeurs (oui, Luna s'imaginait, à ce stade, être l'âme soeur du rouge et or... que cela pourrait-il être d'autre alors que leurs deux êtres semblaient fondamentalement connectées) s'être trouvés, et être si heureux et ravis l'un et l'autre ensemble. Mais bien sûr, c'était impossible... Même s'ils partaient du principe que leurs parents décédés veillaient sur eux, dans cette structure temporelle, la mère de Luna n'était même pas née... Donc aucune de ces étoiles ne pouvait représenter son regard. Dommage, elle aurait tellement aimé sentir sa présence ! Elle aurait tellement aimé qu'elle constate sa présence ! Il avait fallu qu'elle traverse l'espace et le temps pour découvrir enfin ce qu'amour voulait dire, mais quel sentiment grisant ! Songer à sa mère aurait pu l'attrister, mais elle avait Rhian, alors malgré tout, elle se sentait apaisée.

-Ne sois pas désolé. dit-elle tranquillement en tournant la tête de son côté, tout en lui caressant doucement la joue du bout de ses doigts fin et pâle. Ce n'est rien.

Quel beau visage il avait ! Elle aurait pu le contempler sans discontinuer. Et sans jamais se lasser. Elle resta plusieurs secondes à ne rien dire. Elle éprouvait à la fois la plénitude de l'avoir à ses côtés, et une certaine culpabilité... Parce qu'avec ce nouveau sujet de conversation, elle prenait la pleine conscience de son mensonge. Constamment, déjà, ça la pesait... mais là... Pouvait-elle véritablement mentir à celui qu'elle aimait ? Une relation digne de ce nom était basée sur la confiance, non ?

-Dis... je peux t'avouer un secret ?

Luna n'était peut-être pas l'individu le plus prudent qui existe au monde, sur de nombreux aspects, mais depuis le début de son voyage temporel (et cela faisait tout de même un an et demi qu'ils en étaient là), elle n'avait pas lâché le moindre mot au sujet de sa fausse identité, elle avait su maintenir le secret du groupe sauf quand il était autorisé de le révéler. Mais là, c'était différent. Ils dissimulaient leur secret pour qu'il ne tombe pas entre de mauvaises mains, mais Rhian était une personne de confiance, Rhian ne la trahirait jamais. La bleue et bronze n'était plus du tout dans son état normal (un état normal qui n'était jamais très normal)
alors elle ne réalisait pas le danger, ni les difficultés qu'elle pourrait faire à Rhian, elle voulait seulement être entièrement honnête avec celui qu'elle aimait.

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ette main qu'il serra plus fermement dans la sienne lui confirma cette infinie certitude qui prenait toute la place dans son esprit et dans son coeur. Elle ne pouvait pas lui mentir, elle se sentait mal à cette seule idée. Elle voulait qu'ils puissent tout se dire, elle voulait qu'ils puissent se faire complètement confiance, et ce ne serait pas le cas, non, si elle poursuivait de ne pas lui dire la vérité. Le simple fait qu'il l'appelle Aulne, qu'il ne la prénomme pas par son vrai nom, l'attristait déjà. À ses yeux, elle voulait être elle-même, et elle voulait qu'il l'aime pour cela. Elle était convaincue que cela était possible, parce que ce qui les liait était à l'épreuve de toutes les révélations. Il fallait qu'il la voit telle qu'elle était vraiment, même si certains aspects de son histoire pourraient peut-être l'effrayer ou le blesser. Il comprendrait, elle en était certaine, son geste et la tendresse de ses mots le lui prouvaient. Il le disait, elle le croyait. Il n'était pas comme les autres. Elle pouvait vraiment tout lui dire.

-Je ne m'appelle pas Aulne. dit-elle en plongeant ses grands yeux bleus globuleux dans les siens. Je m'appelle Luna.

Elle marqua une pause. C'était douloureux, la vérité, parce que même si elle croyait en eux, elle avait toujours peur qu'il lui tienne rigueur pour ce qu'elle lui avait caché. D'accord, ils ne s'étaient jamais véritablement parlé avant cet instant, il aurait été parfaitement absurde qu'elle lui avoue quoi que ce soit avant ce jour, mais elle aurait dû le reconnaître dès le départ, et tout lui dire directement. Si seulement.

-Je n'appartiens pas à cette époque. ajouta-t-elle de sa voix doucereuse. Je viens du futur, Rhian.

C'était une révélation importante. Et elle en mesurait toute l'ampleur, mais il ne lui avait pas été si difficile que cela d'admettre cette vérité. Parce qu'elle avait entièrement confiance dans le rouge et or. Quelle que soit sa réaction, elle était intimement convaincue que jamais il ne la trahirait. Elle avait l'impression de s'être débarrassée d'un poids qui lui pesait sur l'âme. Elle se sentait plus légère. Elle savait que cette révélation allait entraîner un grand nombre de questions, mais elle était prête à répondre à chacune d'entre elles, et elle ferait preuve de toute la sincérité du monde. Elle sentait déjà que cela lui ferait bien. C'était difficile, extrêmement difficile que de garder un secret rien que pour soi, que de ne pouvoir le révéler à personne, que d'en souffrir silencieusement sans jamais pouvoir partager ses doutes, ses espoirs, ses craintes... Il était plus que l'amour de sa vie (eh oui), il était son autre, son confident... Elle le savait, sa vie changerait du tout au tout, puisqu'il saurait. Et elle serait plus heureuse qu'elle ne l'avait jamais été. Elle espérait juste qu'il ne prendrait pas trop mal la nouvelle, qu'il ne lui en voudrait pas. C'est le pire qui pourrait lui arriver.

-Je suis désolée de t'avoir menti...

Comme si elle aurait pu lui avoir dit la vérité plus tôt. C'était déjà très tôt en réalité. Trop tôt. Elle n'aurait jamais dû en parler. Mais il était trop tard à présent.
Et ils en payeraient tous les deux les conséquences.

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l ne lui en voulait pas pour lui avoir menti, il la croyait alors qu'il venait de révéler son secret, et même, il n'avait pas l'air angoissé par cette révélation. Plus... fascinée, en fait. Il serait impossible de décrire le soulagement que Luna en éprouvait, elle avait voulu croire que leur amour (factice) surmonterait tous les obstacles, y compris cette révélation, mais en avoir pour de bon la confirmation, c'était un véritable bonheur. Elle les sentait prêt à tout affronter, désormais. Elle était convaincue que leurs sentiments résisteraient à toutes les épreuves. Elle pouvait désormais tout lui confier, sans craindre son jugement et avec la conviction qu'ils sauraient faire face tous les deux, dans tous les cas. Ensemble. Elle allait donc répondre à chacune de ses questions avec la plus grande des sincérités, sans rien lui dissimuler.

-C'est arrivé en 1996, dit-elle alors, ses grands yeux globuleux ne lâchant pas ceux de celui qu'elle croyait tout à coup aimer plus que tout. C'est une longue histoire, mais dans le futur, il y a une salle du temps au ministère de la magie, et des sabliers qu'on appelle des remonteurs de temps. Il y en avait un gigantesque, et il nous est tombé dessus. Oui, si elle avait eu n'importe quel autre interlocuteur, on aurait clairement dit qu'elle divaguait une fois de plus, et dans les grandes largeurs. On est six à avoir fait ce voyage. On a pas décidé d'être là, c'était un accident... Le ministère travaille sur un moyen de nous faire repartir, mais je n'ai pas l'impression qu'ils avancent vraiment. Elle serra un peu plus fermement la main du garçon. Mais de toute façon, je ne repartirai pas, même s'ils trouvent une solution. Elle lui sourit doucement. Je préfère rester ici, avec toi.

Elle était plus que convaincue de ce qu'elle disait. Si elle avait aborder le sujet plus tôt, sans le philtre d'amour pour altérer son jugement, elle n'aurait pas eu la même affirmation. elle se situait plutôt dans le camp de ceux qui veulent partir, parce que son père lui manquait atrocement, et qu'elle avait très envie de le revoir. Mais à ce moment précis, entre ne plus jamais revoir Rhian et ne plus jamais revoir son père, son choix était vite fait. Elle ne pourrait vivre loin de l'amour de sa vie. Alors, oui, elle en était sûre, solutions ou non, elle ne repartirait pas. elle resterait là, avec lui, et se moquerait complètement des conséquences néfastes que cette décision pourrait avoir sur le futur. Elle n'avait besoin de rien ou de personne si elle l'avait lui, et elle ne pensait pas, à cet instant précis, pouvoir changer d'avis sur le sujet.

-Ne t'en fais pas, je ne partirai pas d'ici. Elle déposa un rapide baiser sur ses lèvres, et le regarda avec une immense tendresse. Je t'aime.

Des mots qu'elle pensait bel et bien ressentir à cet instant précis. Elle les adressait pour la toute première fois à un garçon, mais elle ne regrettait pas une seule seconde que le choix se soit arrêté sur lui. elle ne pensait pas avoir besoin de le redire à qui que ce soit au cours de sa vie.

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hian soulevait là un point qui était loin de manquer d'importance. Qu'en était-il de sa famille ? Pouvait-elle vraiment l'abandonner au profit de cet amour naissant, mais qu'elle éprouvait comme le plus fort sentiment qu'elle ait jamais ressenti  ?  Eh bien... Elle pensait effectivement que oui. C'est un fait, son père lui manquait un peu plus à chaque jour qui passait. Et elle mourait d'envie de le revoir, l'idée de ne plus jamais lui parler, alors qu'ils avaient été si fusionnels tous les deux lui serrait le coeur, mais elle ne pensait pas devoir hésiter malgré tout. L'amour véritable lui tendait les bras, Xenophilius Lovegood n'aurait pas voulu qu'elle y renonce sous le prétexte de le retrouver, lui. De l'époque qu'elle avait quitté, elle ne voyait personne à véritablement devoir regretter si ce n'est son père, et quand elle posait son regard sur Rhian, elle savait qu'elle ne pouvait pas passer à côté de son âme soeur. La puissance du philtre d'amour réduisait ses capacités de réflexion à néant. Et relativisait même son affection pourtant inconditionnelle à l'égard de son père. Elle se pensait capable de tout pour Rhian Potter, un garçon à qui elle n'avait jamais parlé avant ce jour, mais auquel il lui semblait avoir été liée toujours. Et quand il lui disait qu'elle l'aimait, elle ne demandait qu'à le croire. Elle allait lui jurer qu'elle ne partirait jamais, quand il lui dit qu'il partirait avec elle. Cette réflexion la toucha tout d'abord, jusqu'à la prise de conscience.

-Je... Rhian, ce n'est pas possible... Elle marqua une pause. Si tu pars avec moi, on réduira l'ordre des choses à néant. Si elle le restait, elle aussi foutrait le temps en l'air, mais ce n'était finalement pas cela qui l'alarmait le plus. Si Rhian partait avec elle, c'en était fini de sa descendance. Si Luna restait, elle ne serait plus la même. Cela la frappait soudainement, et avec douleur. Elle ne pouvait pas faire mine de ne pas savoir, par pur égoïsme. Rester auprès de Rhian, c'était la fin de James Potter, la fin de Harry... La bleue et bronze se redressa brusquement, remuée par cette prise de conscience horrible, qui devait la conduire à un nouvel aveu, forcément difficile à entendre pour le rouge et or. Je t'ai dis que nous étions six à avoir fait ce voyage temporel. Sa voix tremblait. Parmi eux, il y a ton petit fils...

Elle trouvait à ces révélations un impact qui évoluerait considérablement dans les prochaines minutes. Pour l'heure, ce qui l'affectait le plus, c'était l'idée de, par devoir, ne pouvoir être avec celui qu'elle était convaincue d'aimer. Par la suite, le problème serait tout autre. Elle venait de révéler à Rhian une information qu'elle n'aurait jamais dû lui apprendre, et qui risquait fort de bouleverser sa vie. Il est évident que la petite farce innocente revêtait pour tous les deux des enjeux au delà de ce qu'ils avaient bien pu se croire capables d'affronter.

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égoïsme dont faisait preuve Rhian aurait pu en offusquer plus d'un, sans doute même aurait-il pu offusquer Luna, quand bien même cette dernière avait la sérieuse tendance à ne pas réagir de la même façon que tout un chacun, mais la bleue et bronze ne jugeait en rien son interlocuteur. Elle se sentait, plutôt, attendrie, le chocolat aidant très clairement. Et elle aimait à savoir que cet amour, qu'elle éprouvait avec tant de certitude, était suffisamment fort à ses yeux également, pour qu'il préfère à l'ordre naturel des choses les bouleversements que leurs sentiments respectifs allaient engranger. Elle sourit à sa réflexion. C'était beau d'entendre quelqu'un prêt à tout sacrifier pour vous, personne ne s'était jamais battu à ce point pour elle, son père mis à part. C'était beau de savoir que leur amour voulait transcender tous les obstacles... Mais son sourire était triste, cependant, car elle ne parvenait pas à se moquer aussi bien des conséquences qu'engendrerait sa décision de rester ou celle de Rhian de partir... Il s'agissait de la vie de Harry, elle ne pouvait pas faire cela, et pas uniquement parce qu'il était son ami, mais parce qu'il était promis à ce destin exceptionnel qu'on ne devait pas lui refuser. L'amour rendait égoïste, parce que quand on aimait, on ne voyait que soi, on ne voyait que l'autre, soi avec l'autre... Mais plus les minutes progressaient, plus la bulle de confort et de tendresse où ils se trouvait avait l'air en bonne voie d'éclater. Peut-être le philtre d'amour était-il en train de perdre son effet ? Luna avait toujours le sentiment que Rhian devait compter plus que n'importe qui d'autre à ses yeux et qu'il était l'homme de sa vie, cependant, elle reconnaissait devoir sacrifier leur histoire au profit de l'Histoire avec un grand H, il est très probable qu'elle ne l'aurait jamais fait quelques instants plus tôt.

-On ne peut pas... Je tiens à lui, tu comprends ? Elle savait que ces mots allaient lui faire du mal, mais elle devait le dire. Et c'est grâce à lui, que je suis là... si tu le fais disparaître, je... C'était une boucle sans fin, et Luna avait elle-même tendance à se perdre dans ces histoires de boucle temporelle. Ce qu'elle savait, dans tous les cas, et avec la plus profonde des certitudes, c'est qu'ils n'avaient pas le choix, ils ne pouvaient pas. C'était ainsi... Elle serra fermement sa main dans la sienne. Toi et moi, ce sera peut-être comme les ronflaks, mais... C'est impossible, je suis désolée.

Ses grands yeux bleus étaient humides alors qu'elle prononçait ces mots qui lui faisaient à elle-même du mal. Luna Lovegood n'était pas le genre de personne à qui l'on dit "je t'aime", Luna Lovegood n'était pas le genre de personne que l'on aimait de manière générale. La bleue et bronze avait appris à faire et vivre avec, et même, semblait ne pas être incommodée par cela... Mais alors que, pour une fois dans sa vie, elle découvrait le bonheur de ces sentiments partagés, elle devait y renoncer...

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una savait bien que le coup serait difficile à encaisser pour Rhian, ce n'était pas spécialement simple pour elle non plus. Lorsque leurs regards s'étaient croisés pour la première fois ce soir là, elle avait ressent un changement dans son coeur, et la certitude s'était immédiatement faite dans son esprit : elle avait trouvé son âme soeur. Il y a à peine quelques minutes, elle lui aurait tout sacrifié, jusqu'à sa propre vie. Elle avait le sentiment de ne pas avoir connu l'amour avant de le connaître, elle avait envie de passer chaque seconde de sa vie aux côtés du garçon, elle était certaine que son absence lui serait insoutenable. Mais le devoir était le devoir, et elle avait un devoir moral vis à vis de Harry, elle ne pouvait tout simplement pas faire ça, d'autant que, s'il était supprimé de l'équation, alors elle-même n'accèderait jamais à cette strate temporelle. Dans tous les cas, donc, leur histoire était décidée d'avance, ils étaient condamnés à ne pas être ensemble quand bien même ils le désiraient. Elle l'avait compris, mais elle comprenait que Rhian n'y parvienne pas. Il était si jeune encore... Tiens, c'était la première fois qu'elle faisait attention à leur différence d'âge. Les effets du philtre s'estompaient peu à peu... Forcément, il ne supporta pas son refus, et son coeur se serra. Il n'y avait rien de pire au monde que d'entendre quelqu'un que l'on aime vous dire qu'il vous déteste. Mais c'était peut-être mieux ainsi, qu'il la haïsse pour mieux supporter l'impossible. Cependant, elle ne pu se résigner à le laisser s'éloigner chez elle.

-Attends. Elle l'attrapa par le poignet pour l'empêcher de partir tout de suite, et le serra contre elle, caressant doucement ses doigts dans ses cheveux. Un geste de tendresse qui finissait par ressembler davantage à celui d'une grande soeur tentant de consoler le chagrin d'amour de son petit frère. Elle ressentait encore une profonde affection pour lui, mais ses sentiments devenaient troubles, diffus... raisonnés, quelque part, ils n'avaient plus grand chose à voir avec ce qu'elle avait éprouvé dans les premiers instants. Je suis désolée. Tu finiras par comprendre, j'en suis sûre. Elle déposa un baiser sur son front.

Elle n'allait pas le convaincre davantage de ne pas lui en vouloir, quelque part, elle se disait que c'était mieux qu'il lui en veuille. Il était intelligent, il finirait bien par peser le pour et le contre, et verrait que les contre battaient largement les pour. C'était comme ça, c'était un fait, et ce n'était finalement pas grave en soi... Ils s'étaient emballés, tous les deux, il était temps de remettre les pieds sur terre... Et oui, c'était bel et bien Luna qui se montrait tout à coup si pragmatique... Autant vous dire que cela avait bien peu de chances d'arriver de nouveau, ou pas avant bien longtemps. Mais elle ne pouvait que reconnaître que c'était mieux ainsi, quoi qu'il en soit.

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