Un rendez-vous romantique ... ou pas [PV Melody]

Linus avait, depuis le 1er février, essayé de parler avec sa petite amie, Melody. Mais cette dernière semblait l'éviter et être en colère contre lui, sans qu'il en connaisse la raison. Cela l’inquiétait beaucoup, il n'avait pas osé en parler avec Lysandre. Et du coup, il était resté devant la porte des Serdaigle sans pouvoir savoir ce qui se passait, et avait suivit les cours comme une âme en peine. Avait récolté trois T, et D... Autant dire que ce n’était pas la forme et même loin de l'être....
Il avait tout de même envoyé un mot à Melody avec son hibou pour l'inviter à le rejoindre chez Mme Pieddodu, pour cet St Valentin, il avait acheté un énorme chocolat en forme de cœur, et avait écrit une belle carte, c'est qu'il aime sa Melody. Il soupira, il était assis tout seul à sa table, buvant un thé dans un café où des couples étaient rassemblés pour fêter cette fête des amoureux ensemble. Et lui, il était tout seul, inquiet que sa petite amie ne vienne pas. Pourtant c'était l'occasion de pouvoir parler, de pouvoir dire ce qui n'allait pas.
Le jeune homme ne savait pas du tout ce qu'il avait pu faire pour qu'elle l'évite comme ça. Peut-être avait-elle découvert son secret. Non, ça pouvait être ça, comme aurait-elle pu le savoir. C'est vrai le seul avec qui il en avait parlé, c'était Morgan, et il connaissait assez bien le jeune homme pour savoir qu'il ne serait sans doute pas aller lui rapporter ses paroles. Peut-être avait-elle vu les regards qu'ils jetaient de temps en temps à Lysandre. Ou bien est-ce la cadeau de Noël qui passait pas? Il soupira une seconde fois en regardant par la fenêtre pour voir si Melody montrait le bout de son nez. La porte de la boutique s'ouvrit, faisant tinter une douce clochette, il regarda qui venait d'entrer, espérant que ce serait la jeune fille, mais ce n'était que troisième couple qui entrait, le troisième depuis qu'il était arrivé... Elle ne viendrait plus maintenant! soupira-t-il une troisième fois!

Melody avait lu à plusieurs reprises la lettre que lui avait envoyé son petit ami. Ou du moins son ex petit ami. Une lettre simple, pleine de tendresse et d’innocence. Pauvre crétin… comment osait-il seulement lui écrire? Et célébrer un amour qu’il ne ressentait absolument pas? Melody l’imaginait, écrire sournoisement les mots qu’il lui destinait en pensant les adresser à Lysandre pour trouver son inspiration. Bien sûr, elle en rajoutait, Linus n’était pas comme ça. Même s’il aimait sa jumelle, il n’était pas comme ça. N’empêche qu’il l’avait invité pour la St-Valentin alors qu’il en aimait une autre, et ça, elle ne pouvait ni le tolérer, ni le supporter. Depuis ce fameux jour du premier février, elle avait fait de son mieux pour éviter et Linus, et Lysandre, elle savait bien que l’instant de la confrontation devait bien arriver un jour, mais Melody avait préféré se laisser le temps de réfléchir, de faire le point sur ces deux relations auxquelles elle avait accordé une importance majeure. C’était la première fois, depuis que sa relation avec Linus avait débuté, qu’elle passait autant de temps toute seule… Au final, elle était en train de se dire qu’elle aurait dû le faire depuis longtemps, elle aurait sans doute compris certaines choses beaucoup plus tôt. Elle avait accordé bien trop de son temps à ces deux là, alors qu’ils n’en méritaient pas le millième. Oui, cette prise de distance lui faisait du bien. Certes, même si elle ne l’avouerait sans doute pas, même sous la torture, ils lui manquaient, tous les deux, et elle les aimerait toujours, mais elle se rendait compte que, contrairement à ce qu’elle avait toujours pensé, elle était tout à fait capable de se passer d’eux. Ça faisait mal, mais elle osait penser que c’était un mal pour un bien, cette expérience lui faisait perdre ses illusions de petite fille, et la faisait grandir, en quelque sorte…

Mais pour grandir pour de bon, il lui fallait faire le deuil de ses deux relations, ou au moins de sa relation avec Linus (Lysandre était sa sœur, jumelle qui plus est, rompre complètement le lien qui les unissaient tenait de l’impossible). Cette invitation pour la Saint Valentin serait l’occasion de marquer pour de bon sa rupture. Car si pour Melody, Linus et elle n’étaient définitivement plus ensemble, le principal concerné n’était pas encore au courant de ce détail. Melody ne répondit pas à la lettre de Linus, même si elle en avait eu l’intention. Chaque fois qu’elle avait tenté de répondre quelque chose, sa colère avait pris le dessus, et elle se montrait ou trop agressive, ou trop pathétique. Finalement, elle avait pris le parti de ne rien répondre du tout. Mieux valait une confrontation directe qu’une confrontation par lettre, et elle était certaine que Linus viendra. C’était une chose qu’elle connaissait encore de lui.

En ce 14 février, jour de la Saint Valentin, donc, Melody s’était mise sur son 31, elle voulait être belle, la plus belle possible, non pas pour le simple plaisir de Linus mais pour satisfaire sa vengeance, être belle pour lui faire regretter ce qu’il était sur le point de perdre. Quand l’heure de se présenter au rendez-vous arriva, Melody dû déguiser son anxiété pour se montrer la plus ferme et la plus volontaire possible. Rompre avec son petit ami est loin d’être une chose facile, même lorsque vous avez toutes les raisons de le faire. Elle arriva avec un peu de retard, non pas parce que quelque chose l’avait ralenti, mais parce que Linus méritait bien qu’elle le fasse attendre. Le garçon l’avait invité au café de Mme Pieddodu, un lieu très couru pour les couples aimant roucouler. C’est là qu’avait eu lieu leur premier rencard, c’est sûrement pour cela que Linus l’y avait invité. Si elle n’avait pas été aussi en colère, elle aurait trouvé l’intention touchante. Le tintement de cloche de la porte d’entrée annonça sa venue. Sur le palier de la porte, la rouquine, le visage fermé, cherchait le poufsouffle du regard. Se tenant droite, elle tentait de paraître le plus assuré possible. Elle l’aperçut, et se dirigea vers lui, déterminée. Au passage, son regard zyeuta l’hideuse décoration du salon de thé. Du rose, des angelots, du rose, des confettis, du rose. Tout ce rose, c’était… horrible. Et pourtant, elle se souvenait clairement avoir poussé des exclamations ravies la première fois qu’elle avait mis les pieds dans ce lieu. On changeait. Son regard se posa ensuite sur Linus. Ce qu’il avait l’air triste. Il faut dire qu’elle le fuyait sans raisons depuis plusieurs jours, sans lui avoir donné de raisons. Il devait penser qu’elle ne viendrait pas, et ça le rendait triste. Pour un peu, Melody aurait eu envie de le consoler… mais se remettre avec lui n’aurait été bon ni pour elle, ni pour lui (même si le bien-être de Linus ne faisait plus dorénavant partie de ses priorités).

Oui, alors qu’elle s’avançait vers Linus, sa tristesse la radoucissait, comme par enchantement. Mais cet enchantement ne dura guère longtemps, car une fois arrivée à la table où son futur ex était installé, son regard tomba sur le gigantesque cœur en chocolat qu’il souhaitait certainement lui offrir en cadeau. Un cœur en chocolat, non mais sérieusement?

« Magnifique, dans la famille des cadeaux de Saint Valentin bateaux et sans inspiration je demande le chocolat en forme de cœur! » fit-elle en guise de bonjour.

Cette fois, sa phase d’empathie était définitivement passée, remplacée par de la pure et simple colère. Alors comme ça elle ne valait pas mieux qu’une bête boîte de chocolat? En d’autres circonstances, ça lui aurait fait plaisir, mais là, elle ne voyait qu’une chose dans ce cadeau : c’était franchement commun, et sans imagination. D’accord, l’imaginative, dans leur couple, ça avait toujours été elle, mais ce cadeau ne témoignait quand même pas d’un effort flagrant.

« Et à Lysandre, tu lui as offert quoi? Des cascades de diamant? »

Autant aborder le sujet tout de suite puisqu’ils y viendraient, de toute manière. Et puis, les disputes, c’était toujours l’occasion de ressortir des vieux dossiers, et Melody avait toujours le fameux cadeau que Linus avait offert à Lysandre en travers de la gorge.

Le son de la cloche retentit et Linus leva les yeux pour voir sa petite amie entrait dans la pièce. Elle était vraiment trés belle cet après-midi. Il lui sourit naturellement, elle était magnifique, et il l'aimait vraiment. Il avait de la chance d'avoir une telle fiche à ses côtés. Mais au fut et à mesure qu'elle avançait vers lui, il pouvait sentir sa colère vibrait dans toute la pièce. De plus, elle l'évitait depuis plusieurs jours, c'était mauvais signe. Mais qu'avait-il donc fait pour mériter un tel traitement de faveur?
« Magnifique, dans la famille des cadeaux de Saint Valentin bateaux et sans inspiration je demande le chocolat en forme de cœur! » fit-elle en s'asseyant en face de lui. Linus en restant tout patoit, et tout penaud. Il avait vraiment fait une boulette, mais quand, et où. Impossible pour le jeune homme de se souvenir de la journée du 1er février. Tout le monde savait qu'il s'était passé quelque chose, mais personne ne se souvenait de rien, il avait donc conclu, tous d'oublier cette journée. Mais Melody semblait savoir quelque chose qu'il ignore.
« Et à Lysandre, tu lui as offert quoi? Des cascades de diamant? » fit-elle d'un ton assez acide. Linus fronça les sourcils, donc elle savait pour les sentiments qu'il éprouvait pour Lysandre. Il soupira, et ne savait pas vraiment comment se débattrait de cette situation.
"Pourquoi veux-tu que j'offre des cadeaux à Lysandre, surtout pour la St Valentin?" fit-il, essayant de se rattraper, il ne voulait pas perdre sa petite amie. Elle comptait vraiment pour lui. Elle était sa petite chanson, sa petite lumière, celle qui lui avait donné la force d'aller plus loin, d'être plus courageux, d'avoir plus confiance en lui. Qu'allait-il devenir sans elle? Il l'aimerait vraiment beaucoup...
"Je sais que tu aimes le chocolat" fit-il en poussant doucement le cadeau vers elle. Ce n'est peut-être pas le cadeau le plus cher, ou le plus beau. Il était sans doute banal, comme elle avait dit, mais c'était son cadeau. Le sien à lui pour elle. Si elle ne l'appréciait pas, c'est que c'était sans doute fini, et il ne voulait pas s'y résoudre, du moins pas encore ... Mais avait-il une chance de reconquérir sa belle, quand cette dernière sait qu'une autre fille fait aussi battre son cœur...

[HJ : Je crois qu'on peut pas faire plus pathétique, le pauvre Linus... Tu es Méchante Melody, regarde comme il est mignon..., comme un gentil petit nounours...]

Linus essayait de se défendre comme il le pouvait, déclarant qu’il n’avait absolument aucune raison d’offrir de cadeaux à Lysandre, mais Melody ne pouvait pas être dupe. Elle savait, et plus Linus insisterait et s’acharnerait à mentir, plus la colère de Melody s’intensifierait. Et comme en l’occurrence, il ne lui fallait pas grand-chose pour exploser définitivement… Linus voulait sûrement calmer le jeu, d’autant plus qu’il ne devait absolument pas comprendre ce qui se passait (si ce n’est qu’il devait tout de même se douter que Melody avait appris quelque chose pour ses sentiments pour Lysandre), mais c’était loin de se fonctionner, plus il s’évertuait à faire comme s’il ne comprenait pas, plus elle se sentait le haïr, lui qu’elle avait un peu trop aimé, et qu’elle aimait toujours un peu, bien sûr.

« Tu as raison, pourquoi est-ce que tu devrais offrir un cadeau à Lysandre pour la saint Valentin? C’est comme si tu lui offrais un magnifique cadeau de Noël d’au moins la valeur du mien. C’est absurde, pas vrai? »

La colère la faisait monter dans les aigus, et elle faisait au mieux pour réprimer les larmes qui menaçaient de poindre au creux de ses yeux, il fallait qu’elle soit forte, qu’elle ne montre aucun signe de faiblesse.

« Lysandre aussi aime le chocolat, tu sais, comme les neuf dixièmes des crétins qui peuplent cette putain de planète. Tu es vraiment… »

Enervée, elle entendait les mots s’échapper de sa bouche en un flot de paroles qu’elle n’arrivait pas à contrôler. Elle aurait certainement étouffé Linus sous cette avalanche de reproches si la serveuse du café n’avait pas choisi ce moment précis pour faire son apparition. C’était une femme replète, d’une cinquantaine d’années, aux cheveux grisâtre et au sourire jovial.
« Je vous sers quelque chose, mes tourtereaux? »
Apparemment, la serveuse n’avait pas remarqué l’ambiance électrique qui régnait au sein du couple. Coupée dans son élan, Melody mit un certain temps avant de passer commande, l’intervention inopinée de cette femme était la bienvenue, il fallait qu’elle se calme, si elle voulait pouvoir exprimer ses griefs en s’en sentant le droit, il fallait que Linus soit clairement passé aux aveu, et pour cela, elle devait se contrôler davantage.

« Je prendrais un cappuccino, s’il vous plaît. » demanda-t-elle, parvenant même à esquisser un sourire.

Tandis que Linus, à son tour, choisissait ce qu’il voulait boire, Melody prit une grande inspiration, elle devait ne plus se laisser submerger par ses émotions, être froide, sans compromission, elle devait mettre Linus devant le fait accompli, ne pas lui donner l’occasion de fuir ou d’esquiver, elle devait rester forte et assurée, pour ressortir au moins victorieuse de cette rupture, maigre compensation pour la honte que représentait pour elle le fait d’avoir été ainsi menée en bateau par les deux personnes qui avaient toujours compté le plus à ses yeux.
Quand la serveuse se fut éloignée, Melody planta son regard dans celui du garçon. Elle était prête, presque détendue, quoi qu’un peu tremblante. Prête à lui poser une question, une seule, la question.

« J’ai une question pour toi. Et je t’interdis de mentir ou te défiler, parce que si tu le fais, crois-moi, je le saurais. » Elle marqua une pause. « Est-ce que tu es amoureux de Lysandre? »

Oh, la réponse à cette question, elle la connaissait déjà, mais elle devait l’entendre de la bouche de Linus. Elle le devait… même si, au fond, cela la rendait anxieuse, entendre les mots qu’elle s’attendait à entendre de la part du poufsouffle serait sûrement une expérience très désagréable. Tout aurait l’air beaucoup plus concret, alors. Mais c’était une chose qu’il fallait qu’elle fasse… Elle devrait faire de même avec sa jumelle, et elle savait dors et déjà que l’entendre répondre… la réponse, serait l’une des pires expériences qu’elle vivrait dans toute son existence, plus que le fait d’entendre celle de Linus. Lysandre était sa jumelle, quoi que la vie leur réserve, elles seraient toujours liées. Pour le meilleur comme pour le pire. Et en l’occurrence, le pire semblait être ce moment précis. Sans jamais quitter son ancien petit ami du regard, Melody croisa les bras, prête à entendre sa réponse, espérant qu’il aurait au moins l’honnêteté d’avouer.

« Tu as raison, pourquoi est-ce que tu devrais offrir un cadeau à Lysandre pour la saint Valentin? C’est comme si tu lui offrais un magnifique cadeau de Noël d’au moins la valeur du mien. C’est absurde, pas vrai? » fit la jeune Melody. Linus avait su que c'était une mauvaise idée d'offrir un cadeau à Lysandre, mais il n'avait pas pu s'en empêcher. Enfin faire plaisir aux filles dont on est amoureux, n'est-ce-pas? Mais bon si il lui disait que son accessoire de couture avait couté deux Gallions de plus que le jeu d’échec de Lysandre, ça passerait sans doute mal, alors il se tut.
« Lysandre aussi aime le chocolat, tu sais, comme les neuf dixièmes des crétins qui peuplent cette putain de planète. Tu es vraiment… » continua Melody, mais sa phrase resta en suspens. Il savait que les choses s'annonçaient mal. Pourtant, que ce soit Melody, ou Lysandre, elle n'était pas des crétines. Lui à la rigueur, il voulait bien le croire. il faut bien être crétin pour tomber amoureux de la sœur de sa petite amie. Mais ce n'est pas des choses que l'on choisit. Enfin, cette pensée était surtout pour ne pas prendre de responsabilité face aux sentiments qu'il pouvait éprouver pour les deux sœurs. Ce n'était sans doute pas normal tout ça!

La propriétaire des lieux, une femme d'une cinquantaine d'années, au sourire jovial, mais les cheveux grisonnant, s'approcha des deux "amoureux".
« Je vous sers quelque chose, mes tourtereaux? » demanda-t-elle. Linus porta son regard sur elle, plus ou moins content d'échapper à celui de Melody, et laissa sa petite amie commander en premier. Elle se prit un cappuccino, et le jeune homme commanda la même chose. Il avait de nombreuses choses à réfléchir plutôt que ce qui il allait boire en cette merveilleuse st Valentin.
« J’ai une question pour toi. Et je t’interdis de mentir ou te défiler, parce que si tu le fais, crois-moi, je le saurais. Est-ce que tu es amoureux de Lysandre? » demanda Melody en plantant son regard dans le sien. Elle connaissait déjà la réponse, mais il se demandait comment elle avait pu être au courant. Il n'avait jamais voulu la faire souffrir. Mais au fond de lui, il savait, depuis le jour où il comprit ses sentiments pour Lysandre, qu'il ferait souffrir Melody. Mais il n'avait pas voulu le voir, et avait préféré se voiler la face, et espérait que ça passerait. Peut-être une des raisons de sa crainte de se retrouver seul avec Lysandre, tout en espérant que cela arrive...
"Je... Melody, il y a une chose que tu dois bien comprendre, c'est que je t'aime vraiment, et que je n'ai pas choisi de tomber amoureux de Lysandre. Car oui, j'ai aussi des sentiments pour elle..." répondit-il. Voilà c'était dit, et c'était sans doute la fin d'une relation qui aurait bientôt eu un an. En effet, ils avaient commencés à sortir ensemble, peu aprés la St Valentin. Mais cela n'aurait même pas durer un an. Pourtant il aimait Melody. Pourquoi les choses en étaient-elles arrivées ainsi? Pourquoi?

Et voilà, Melody! Tu voulais la vérité, eh bien voilà, tu te la prends en pleine face! Ce n’est pas franchement agréable, hein? En un sens, Melody aurait préféré que Linus fasse l’effort de lui mentir, ça l’aurait fait sortir de ses gonds (encore plus), et elle l’aurait engueulé, l’accusant de ne pas être franc avec elle, mais au moins aurait-elle eu l’impression que le garçon avait envie de ménager ses sentiments. À la place, il les broyait, les piétinait, les écrasait… elle se sentait si idiote. Comment peut-on espérer autant d’une personne qui vous déclare ainsi ce genre de choses? D’accord, il lui disait, dans un même temps, qu’il l’aimait quand même un peu, et elle le croyait, la soirée du premier février le lui avait prouvé (en plus de lui prouver plein d’autres choses déplaisantes), et c’était déjà ça, parce qu’elle avait eu tendance à croire qu’il n’était sorti avec elle que pour se rapprocher de Lysandre, mais ce n’était pas suffisant. Qui, après tout, peut accepter de s’entendre dire de telles choses sans riposter?

« Putain mais c’est quoi ton problème, Linus? On se ressemble comme deux gouttes d’eau, je te signale. »

Il est vrai que là, elle faisait preuve d’une certaine mauvaise foi. S'il était certain que physiquement, elles étaient identiques, moralement… elle la première voulait bien admettre que toutes deux avaient des caractères très différents. Mais cela dit, elle trouvait cela un peu malsain, que quelqu’un tombe amoureux de deux sœurs, de sœurs jumelles qui plus est. Bien sûr, on ne le dira jamais assez, les sentiments, ça ne se contrôle pas, mais tout de même. Linus n’aurais pas pu lui faire plus de mal en tombant sous le charme de sa sœur plutôt que sous celui de n’importe qui d’autre.

« T’es vraiment un malade. » conclut-elle toujours en toute mauvaise foi.

Oui, à cet instant précis, elle ressentait le besoin irrépressible de faire du mal à Linus, pour extérioriser cette souffrance qu’elle avait gardé pour elle deux semaines durant, elle avait besoin de cracher tout ce qu’elle avait sur le cœur, que ses arguments soient fondés ou non, et certains le seraient clairement plus que d’autres. Dans un flot de reproche, elle l’insulta en ces termes, sans s’arrêter, sans même prendre la peine de reprendre sa respiration.

« Et tu pensais me le dire quand, hein? Oh, mais tu n’avais rien l’intention de dire du tout, n’est-ce pas? Tu sais ce que tu es, Linus? Tu n’es rien d’autre qu’un putain de lâche! C’est tellement plus simple de ne rien faire et d’attendre tranquillement que je le découvre. Et si je ne m’en étais pas rendue compte, hein? Combien de temps on serait restés ensemble, encore? Un an, deux ans? Dix ans? »

Elle marqua une pause. Elle parlait si rapidement qu’elle n’était pas certaine que tout ce flot de parole soit vraiment cohérent.

« Ne crois pas que je vais te plaindre une seule seconde. T’es un salaud, c’est tout ce que tu es. T’es même pas fichu d’être honnête avec toi-même. J’en ai rien à foutre que tu m’aimes bien, tu savais bien que cette histoire foutrait la merde entre Lysandre et moi, mais ça tu t’en tapais royalement, hein! T’as été égoïste, et va pas me dire le contraire! T’as cru que tu pourrais profiter de nous deux. C’est tellement plus simple que de faire un choix, hein? » Elle se tut l‘espace d‘une seconde, prenant ainsi l‘occasion d‘utiliser un ton plus posé. « Eh bien tu va être content, je vais te simplifier la tâche. Lysandre est toute à toi, faites ce que vous voulez. » Elle croisa les bras, ça lui faisait mal, de dire ça, et ce n‘était rien en comparaison de ce qu‘elle s‘apprêtait à dire. « Je veux juste que vous sortiez de ma vie. »

C’est ce moment ci (le plus mauvais, bien sûr) que choisit la serveuse pour rejoindre leur table et y déposer leurs commandes respectives.

-Désolée de vous déranger, mes mignons, mais la table voisine s’est plainte… parlez moins fort, s’il vous plaît, d’accord? Demanda-t-elle, visiblement gênée, les pommettes un peu rouges. Tremblante, elle agitait sans le vouloir le plateau qu’elle tenait entre ses mains, très nerveusement.

« La table voisine, je l’em… » commença Melody, toujours énervée. Elle se retint d’achever sa phrase. Elle n’avait pas particulièrement envie d’être virée du café, pas tant qu’ils n'auraient pas mis un point final à leur conversation. « c’est d’accord, présentez leur nos excuses. » se rattrapa-t-elle donc.

Dès lors, son regard se posa à nouveau sur Linus, jusqu’à ce qu’elle constate que la serveuse n’avait pas bougé d’un pouce.

« Quoi encore? »

-Vous serait-il possible de payer tout de suite? Demanda la serveuse d’un ton qui n’avait plus rien d’amical ou de jovial.
De toute évidence, elle devait les prendre pour des délinquants en herbe.

« Oh mais bien sûr. » répondit Melody avec une politesse soudainement appuyée. « C’est monsieur qui régale ».

Il lui devait bien ça.

Il écoutait sa petite amie, patiemment, et sans sourire. de toute façon, il n'y avait pas à sourire, ni même à espérer quelque chose, il se doutait maintenant, que leur relation était sans doute terminée. Qu'ils ne pourraient sans doute plus en revenir en arrière. Il se demandait quand même comment elle avait tout découvert. Mais il ne pouvait pas lui demander à elle, peut-être à Lysandre. Quoique ça ne serait sans doute pas mieux de lui demander à elle, non plus. Melody s'énervait, et il comprenait sa colère, sa tristesse aussi, son amertume. Si il avait un frère jumeau, et que sa petite amie tombait amoureuse de lui, nul doute que ce serait pas de trés bonne augure. Mais il avait peur de détériorer, la relation fusionnelle, entre les deux sœurs, il n'avait pas vraiment voulu, ça. Ni même le préméditer.
-Désolée de vous déranger, mes mignons, mais la table voisine s’est plainte… parlez moins fort, s’il vous plaît, d’accord? fit la propriétaire de la boutique, alors qu'elle amenait les deux cappuccinos qu'ils avaient commandés quelques minutes plus tôt. Linus essaya de lui faire un petit sourire d’excuse, mais cela ressemblait sans doute plus à un rictus qu'a autre chose, de plus amical.

« La table voisine, je l’em… c’est d’accord, présentez leur nos excuses. » fit Melody, Linus soupira et attrapa sa tasse pour boire une gorgée, histoire d'occuper ses mains, et de prendre un peu de contenance. Se faire larguer, dans un pub, le jour de la St Valentin entouré par des couples amoureux, des petites cœurs et des Cupidons, ce n'était vraiment pas cool.
-Vous serait-il possible de payer tout de suite? fit la propriétaire, qui était sans doute Mme Pieddodu, Melody lui dit que c'était Linus qui régalait, bien sûr qu'il allait le faire. La servante demanda donc les deux Gallions pour les deux Cappuccinos, que la jeune garçon lui tendit, encore dans un autre sourire d'excuse, qui cette fois-ci, y ressemblait un peu mieux... Mme Pieddodu prit les deux pièces et disparut laissant les deux ex-tourtereaux ensemble pour une conversation qui serait loin d'être amical, et encore plus loin d'être amoureuse...

"Melody, je comprend que ça soit difficile à comprendre, les sentiments ne se contrôlent pas vraiment. Et je m'en veux beaucoup de mettre des distances, entre vous deux. Ce n'est pas du tout ce que je voulais.... J'avais fait un choix, Melody, et c'était toi... Mais bien sûr, comme tous les sentiments certains restent un peu... Elle était là, mais tu étais aussi dans mes pensées, et dans mon cœur..." Dit Linus d'un ton, des plus calme qu'il pouvait, mais sachant qu'il n'était pas égoïste, comme le penser la jeune fille. Peut-être n'a-t-il pas vraiment été honnête, c'est vrai. Mais il n'avait jamais voulu profiter de la situation.
"Et je n'ai pas l'intention de sortir avec Lysandre" termina-t-il en regardant sa tasse, non finalement ce cappuccino n'avait pas un super bon gout, à moins que ça soit plutôt sa bouche qui soit pâteuse. Melody, serait toujours entre Lysandre et lui. Et Lysandre serait toujours entre lui et Melody. Ils ne pouvaient plus être tous les trois. Il devait sortir de l'équation, c'était la seule chose à faire pour les deux sœurs, elles auraient peut-être une chance de se réconcilier, si il ne venait pas tout gâcher. Et c'était sans doute la dernière preuve d'amour qu'il pouvait leur donner, à toutes deux...

Ah ils avaient la part belle, les sentiments, dans cette histoire! Melody ne croyait pas dans la théorie qui disait qu’il était possible d’aimer plusieurs personnes. Ceux qui se cachaient derrière ce genre d’excuses étaient des lâches et/ou des idiots. Melody était une grande romantique. Pour elle, l’amour était quelque chose de fort, de fort et d’unique. On ne pouvait pas ressentir un tel sentiment pour plusieurs personnes. Melody n’aurait jamais pu ressentir quelque chose d’aussi fort que ce qu’elle avait ressenti pour Linus avec quelqu’un d’autre, qui que ce soit. Si Linus était véritablement convaincu de les aimer toutes les deux, alors ça voulait dire qu’il n’aimait aucune d’entre elles. Pour Melody, un sentiment aussi fort que l’amour ne se distribuait pas comme un vieillard pouvait distribuer des bonbons au citron, il n’était réservée qu’à une seule personne, qui devait s’avérer chanceuse. Non, Linus ne s’en sortirait pas avec cet argument basique du « les sentiments ne se contrôlent pas », d’ailleurs, elle lui interdisait formellement de se trouver la moindre excuse, quel qu’elle soit. Il n’avait pas le droit de se poser en victime, c’était trop facile! C’était elle la victime, c’était elle qui avait le droit de se plaindre et de se lamenter, à l’heure actuelle, la rouquine n’accordait aucun droit au poufsouffle sinon celui de se taire. Et encore, ce serait encore une autre façon de faire preuve de lâcheté.

« Et je dois comprendre quoi, dans le fait que j’ai été ton choix? Que tu avais des sentiments pour Lysandre avant qu’on sorte ensemble? Dans ce cas, le choix le plus logique, ça aurait été de t‘abstenir de faire un choix et de nous foutre la paix, tu crois pas? »

S’il pensait vraiment que c’était avec ces mots là qu’il allait la consoler, il se foutait le doigt dans l’œil jusqu’à la rotule. À l’entendre, Melody avait l’impression que Linus s’était cru dans un magasin de petites amies, et face à deux articles presque semblables, il avait choisi le moins cher. Parce que oui, si c’était vraiment le cas, si Linus avait toujours eu des sentiments pour Lysandre, alors, il avait dû se tourner vers elle uniquement parce qu’elle était plus abordable, qu’elle était plus ouverte et sociable…Sûrement aussi parce qu’il n’avait pas réalisé que Lysandre était amoureuse de lui, elle aussi. Mais véritablement amoureuse, elle, tandis que lui s’amusait à jouer les girouettes. Dans ce cas, oui, il valait mieux qu’il ne sorte jamais avec sa sœur. Quoique non, en fait.

« Je ne vois pas pourquoi tu ne devrais pas sortir avec elle. » elle laissa s’échapper de ses lèvres un rire qui n’avait rien de joyeux, et qui, plutôt, était parfaitement ironique. « Vous allez vous amuser, tous les deux, boute en train comme vous êtes. »

Melody avait beau faire, elle ne les imaginait pas ensemble. Ce qui faisait la dynamique de leur groupe, ça avait toujours été elle. C’était elle qui décidait de ce qu’ils allaient faire, de ce dont ils allaient parler, pendant que tous les deux restaient là, bêtes et renfermés, à attendre qu’elle aille de ses suggestions. Maintenant qu’elle quittait le navire, ils seraient comme des idiots, perdus en pleine mer, incapable de se débrouiller sans elle. C’était ce qu’elle souhaitait, en tous cas, elle voulait leur manquer tous les jours, et que ça leur fasse le plus de mal possible.

« Tu sais quoi? En fait, j’espère que vous finirez ensemble. Ça te donnera l’occasion de lui briser le cœur à elle aussi. »

Dans l’éventualité tout à fait détestable où Linus et Lysandre finiraient ensemble, Melody espérait effectivement de tout cœur que leur relation virerait au désastre, et elle avait la certitude que ce serait le cas, pour la simple et bonne raison qu’elle serait toujours au cœur de leur relation, même en étant absente. Et elle était on ne peut plus ravie de pouvoir ainsi pourrir leur idylle. En fait, elle était bien décidée à détruire toutes leurs relations à venir, pour le simple plaisir de les voir se morfondre sur leur sort. Si elle avait pu les maudire, si elle avait su comment faire, elle ne se serait pas gênée. Tiens, il faudrait peut-être qu’elle se renseigne sur le sujet…

Il comprenait la colère de la jeune fille, il ne pouvait plus dire sa petite amie, vu la tournure que prenait les événements. Il ne pouvait plus espérer quelque chose de possible entre eux. Mais il ne comprenait pas pourquoi, elle pensait que Lysandre et lui pourraient sortir ensemble, sa sœur jumelle n'avait pas de sentiments pour lui. Non, ce n'était pas possible, de toute façon, même si ça l'était, il ne sortirait pas avec elle, Melody planerait toujours au dessus de leurs têtes, et ils ne pourraient être heureux. Il baissa les yeux sur sa tasse, alors qu'il était entrain de rompre avec sa petite amie, il pensait déjà à une hypothétique relation avec Lysandre. Il devait avoir un problème avec ses relations avec les autres. Peut-être est-ce son manque de confiance en lui qu'il cherchait à bien se faire voir des autres? Ou alors une difficulté à nouer des relations amoureuses? Il releva la tête vers Melody, il n'y avait sans doute plus rien à dire de plus. Leur histoire prenait fin, en cette St Valentin, le 14 février 1945.

"Melody, je .... je n'avais pas l'intention de te briser le cœur, tu sais, et j'en suis vraiment désolé... " fit-il. Briser le cœur de Melody lui faisait beaucoup de peine, qui veut voir la fille qu'il aime malheureuse, qui veut voir un visage si triste sur les traits de sa petite amie. Qui veut voir un telle colère dans son regard? Et pourtant, il l'avait fait. Quelque part, quand il avait compris qu'il était amoureux de Lysandre, il avait su qu'il briserait le cœur de Melody, mais il avait espéré que les choses se tasseraient, que ses sentiments disparaître, ou peut-être que Melody se lasserait de lui avant de le comprendre... Il n'avait pas voulu jouer le mauvais rôle dans cette histoire, mais maintenant que ça arrivait, il l'assumerait et l'endosserait, pour ne pas voir les deux sœurs se faire la guerre. Il repoussa sa tasse, et soupira discrètement, pour ne pas que la jeune fille le remarque. Tout ça était bel et bien fini. Il ne pouvait que souhaiter du bonheur à Melody et partit de son côté, à la recherche du sien, et oublier les deux sœurs..

"Je... J'espère... J'espère que tu trouveras le bonheur, Melody, vraiment. Tu le mérites, tu es une fille formidable, et je regrette vraiment de ne pouvoir être amoureux de toi, à 100%. Et je suis bien trop optimiste, pour espérer qu'on reste amis. Alors, il ne reste plus qu'à te souhaiter d'être heureuse." dit-il dans un maigre sourire, qui n'avait rien de joyeux, et il savait qu'il aurait sans doute les larmes aux yeux, d'ici quelques minutes, et espérait que Melody ne verrait pas ce spectacle... Voilà, c'était dit, c'est lui qui mettait un point final à cette histoire.

Des excuses… évidemment, Melody en avait attendu, elle en aurait sûrement plus encore voulu à Linus s’il était resté sur sa position, et n’avait même pas jugé bon de lui demander pardon. Oui, il agissait comme il le fallait… mais plus il le faisait, plus cela mettait Melody en rogne. Elle le haïssait tant… quand quelqu’un qu’on avait aimé si fort finissait par vous décevoir, ce devait certainement être normal de le haïr aussi violemment qu’on l’avait aimé. Violence. Voilà un terme qui caractérisait parfaitement le sentiment de Melody à cet instant précis, son ressentiment était le plus intense qu’elle ait jamais ressenti, si fort, si puissant, qu’il lui dévorait les entrailles, elle voulait faire aussi mal qu’elle avait mal. Ou alors provoquer cette violence qu’elle ressentait en elle. Linus était seulement abattu, résigné. C’était normal qu’il soit résigné, plus jamais la rouquine ne voudrait sortir avec lui, mais elle aurait voulu qu’il se batte, au moins un peu, elle aurait voulu une réaction égale à la sienne. Plus Linus se résignait à jouer l’innocent, plus Melody était tentée de passer pour la méchante de cette histoire. C’était la meilleure, non? C’était elle qui souffrait, c’était elle qui avait l’impression que des dents aiguisés lui dévoraient progressivement tout l’intérieur, mais au terme de cette histoire et de cette rupture, tout le monde s’exclamerait sûrement « pauvre Linus », et Melody, l’infâme Melody, aurait le mauvais rôle, tout simplement parce que la violence de ses sentiments ne lui permettaient pas d’agir avec calme, comme le faisait Linus. Elle était certaine, à présent, qu’il n’avait rien compris de l’amour. Non, on aime jamais deux personnes, non, il ne l’avait jamais aimé, et elle, naïve et romantique, avait tout donné de sa personne pour une relation qui n’avait aucun sens.

Le voir baisser les bras comme il le faisait, si vite, lui faisait monter le rouge aux joues. De colère, bien sûr. Il ne se serait jamais battu pour elle… et elle avait mené tant de combats pour lui. Combien de fois l’avait-elle défendu contre ceux qui l’avaient malmené! Peut-être était-ce pour cette raison, d’ailleurs, qu’il était resté à ses côtés, pour bénéficier d’une protection, tout simplement. Il lui souhaitait d’être heureuse… Mais il ne comprenait pas. Elle avait toujours été heureuse, s’il avait voulu son bonheur, il aurait dû ne rien gâcher, ne jamais lui mentir, ne jamais l’illusionner. Non, ils ne deviendraient jamais amis, elle s’appliquerait, bien au contraire, à le détester le plus possible.

« Oh non Linus, toi et moi, nous ne deviendrons jamais amis. » elle se redressa, et plaqua violemment les paumes de ses mains contre la table de bois autour de laquelle ils étaient assis. « Désormais, il ne se passera pas un jour sans que je te déteste, pas un jour sans que je te haïsse. »

Elle poussa une grande inspiration, prononcer ces mots à l’adresse de quelqu’un qu’elle n’aurait jamais songé à blesser jusqu’ici lui semblait si naturel que c’en était presque désarmant. Lui et ses airs de chiens battus lui donnaient presque l’impression de faire quelque chose de mal, mais elle était convaincue du contraire. Quel mal y a-t-il à faire exploser sa colère? Si cette histoire leur avait appris quelque chose, c’est qu’enfouir ses sentiments et les garder pour soi ne donnait jamais rien de bon. Décidée à aller jusqu’au bout, cette fois, elle enfila son écharpe et sa veste, et rangea sa chaise.

« Jamais je ne te pardonnerais, Linus. » elle se rapprocha de lui, comme pour lui donner un baiser d’adieu, mais à la place, elle lui murmura à l’oreille. « Je te souhaite tous les malheurs du monde. »

Sur ces mots, elle lança un dernier regard en direction de son ex petit ami, emprunt de haine et de mépris, puis tourna les talons, quittant le café du pas le plus assuré possible. Une fois dehors, elle marcha le plus rapidement possible, de crainte que Linus ne la rattrape. Elle fut à la fois soulagée et déçue qu’il ne le fasse pas. Toute cette tension accumulée retombait tout à coup, et des larmes commençaient à poindre au creux de ses yeux. Il ne restait plus qu’une chose à faire, à présent. Tourner la page.Ou se venger. La deuxième option semblait plus amusante.

Partie, elle était partie... C'était belle et bien finie, plus rien à espérer, plus rien à croire. Il ferma les yeux pour essayer de refouler les larmes qui menaçaient de couler. Et qui même quelques secondes, une larme coula, puis une autre. Il se leva, fit un petit sourire d'excuse à la table voisine et quitta à son tour le café de Mme Pieddodu.
« Désormais, il ne se passera pas un jour sans que je te déteste, pas un jour sans que je te haïsse. » avait- dit la jeune fille, et ses paroles ne cessaient de tourner en boucle dans le cerveau de Linus. Il avait encore tellement de choses à lui dire. En le haïssant de cette façon, c'est elle qui allait se rendre malheureuse, car si la haine rempli son cœur, il n'y aurait pas de place pour un nouvel amour. Et cela fit peur à Linus, mais qu'avait-il fait?

Qu'elle ne puisse pas lui pardonner, il pouvait comprendre, mais elle devait tourner la page, sinon elle serait malheureuse. C'est ce que Linus allait faire, oublier les deux sœurs, même si cela serait impossible, d'une parce qu'elles seraient toujours dans son cœur, et de deux parce qu'il allait les croiser souvent dans les couloirs de Poudlard. Linus marcha dans la même direction que Melody, mais beaucoup moins vite, il l'aperçut à plusieurs reprises, et il voulut crier, mais son prénom restait coincé dans sa gorge. Sa vue se brouilla un moment. C'était fini!
Il avait encore un peu de mal à y croire, Linus et Melody s'étaient pour la vie, et bien finalement, cela n'avait été qu'un morceau de vie. Un morceau de vie, que Linus ne compte pas oublier! On ne dira plus jamais, Linus et Melody, ensemble...
"Adieu Melody" murmura-t-il en voyant la une tête rousse disparaitre à l'horizon...

[RP CLOS]

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