Dire qu'on était déjà en février...L'année à Poudlard s'était déroulée à une folle vitesse. Robin était arrivé sur la pointe des pieds. Il se souvenait comme si c'était hier de son entretien début septembre dans le bureau du directeur adjoint, Albus Dumbledore. Son admission à Poudlard n'était pas encore acquise. En raison de l'inquiétude liée à une sombre affaire de Chambre des secrets, l'acceptation préliminaire de son dossier pour la 5e année avait été facile, tant Poudlard souhaitait combler les vides laissés par les départs d'élèves inquiets. Mais l'implication de Robin dans un groupe responsable d'intimidations contre d'autres élèves apparaissait dans son dossier scolaire et il n'avait pu échapper à une convocation de sélection, destinée visiblement à s'assurer que Robin ne commettrait plus de tels actes.

Il était crispé en entrant dans le bureau de Dumbledore, mais aussi excité et curieux car il allait rencontrer une véritable célébrité en Europe, LE sorcier qui avait vaincu le mage noir Grindelmachin. Robin fut vite décontenancé par le style original du directeur adjoint. Lequel, sans chercher à lui faire la leçon, lui avait posé plusieurs questions pour mieux comprendre cette étrange groupe et l'implication de Robin dedans.
« Ainsi, cette Confrérie de Défense Mutuelle que tu as créée cherchait à la base à protéger tes jeunes camarades des méchancetés et de la violence d'autres élèves. Mais ça ne s'est pas déroulé comme prévu. Au final, conclut Dumbledore, qu'as-tu retiré de cette expérience ?
Eh bien...commença Robin d'un ton hésitant, je me suis rendu compte qu'il...il est difficile de combattre des gens qu'on désapprouve si on utilise les mêmes méthodes brutales. Que...quelque part, c'est comme si on les légitimait.
Bien, tu as donc compris qu'aucune méthode de ce type ne sera tolérée.
Je...je n'avais pas vraiment réfléchi, indiqua Robin. On n'aurait pas du répondre aux méchancetés de ces élèves en commettant à notre tour des humiliations ou de l'intimidation. Mais je voulais tellement que mes camarades cessent d'être pris pour des souffre-douleurs...
Si c'était à refaire, comment agirais-tu face à cette violence scolaire ?
Je pense, finit par dire Robin après un instant de réflexion, que...euh...je ne m'abaisserais pas à leur niveau. Je...je tenterais de rendre cette violence intolérable pour tout le monde dans l'école. »

Albus Dumbledore ne répondit pas immédiatement. Il fixait Robin d'un regard pénétrant, vif qui donnait l'impression à Robin que son interlocuteur lisait en lui.
« Monsieur, reprit le jeune canadien d'un ton hésitant, je jure que je ne recommencerai pas cela. Allez-vous quand même m'accepter ?
La méchanceté n'est pas dans ta nature et au nom de l'école, je te ferai confiance. Mais j'ai le sentiment, sourit Dumbledore, que tu n'as toujours pas accepté ce type de méchancetés et que tu continueras à les combattre. Je valide ton inscription en espérant que tu le feras d'une façon constructive. »
Il s'était exprimé d'un ton léger mais ses paroles semblaient lourdes de sens. Robin se demanda si Dumbledore ne lisait pas réellement en lui. Mais le soulagement d'être accepté le distraya bien vite de cette idée pas forcément irréaliste. Puis le directeur adjoint lui expliqua brièvement qu'il allait effectuer sa rentrée le lendemain en même temps que tous les autres élèves. Il devrait apparemment passer en public pour être réparti dans l'une des quatre maisons (mais comment serait-il réparti ? Dumbledore ne voulut lui gâcher la surprise).

Le lendemain, il découvrit avec incrédulité le Choixpeau magique. Au pays des britanniques, il n'allait visiblement pas s'ennuyer. Il passa en tout dernier, après les premières années, après un bref mot du directeur Armando Dippet souhaitant la bienvenue à un élève entrant exceptionnellement en 5e année. Le Choixpeau mit un court instant à se décider.
« Pas facile de trancher mon garçon. Un certain courage, de l'impulsivité parfois, un grand sens de la justice et de la solidarité qui pourraient justifier Gryffondor...mais ton sens de l'observation et du travail conviendront à merveille à....POUFSOUFFLE ! »

___ ___ ___ ___ ___

Les premiers furent à la fois longs, tant il découvrait de nouvelles choses chaque jour : les innombrables pièces du château, les traditions de l'école, des matières parfois originales (des cours de métamorphose ? Original. Des cours de divination ? Cela lui semblait juste bon pour les moldus ignares...). En même temps, il devait s'adapter à un nouveau pays. Malgré la distance géographique, ce ne fut pas aussi difficile qu'il le redoutait : après tout, le Canada était aussi sous l'autorité de la royauté anglaise ; même l'accent était semblable. Mais ce collège-ci était isolé de toute ville, contrairement au collège McGill, en plein cœur de Montréal, et il dut s'adapter à une vie restreinte au domaine de Poudlard. Et puis, grande perte, il n'y avait ici aucun canadien français (alias, comme on dit aujourd'hui, des québécois) à chambrer. La mixité culturelle montréalaise lui manquait parfois.

Mais par ailleurs, le château était magnifique et fascinant par ses mystères. Contrairement à ce que laissait penser l'affaire de la Chambre des secrets, il n'avait lui-même pas été victime d'incidents et n'avait jamais été inquiété.

Et puis, à présent qu'il entrait en 5e année, il ressentait moins la violence scolaire. C'était peut-être une illusion du fait de son entrée récente, mais il sentait refluer autour de lui cette violence entre élèves qu'il avait toujours perçu à l'école. Et globalement, il aimait bien les poudlardiens. Certains l'intriguaient, comme ce fameux Tom Jedusor (alias voldemachin) et ses courtisans. Un 7e année qui dégageait un charisme froid mais fort. Robin avait eu l'occasion de le rencontrer lors d'un épisode où sa bande d' « amis » l'avait surpris à écouter à la porte d'une classe où elle était réunie. La férocité qu'il lisait dans les yeux des Avery et autres Malefoy était effrayante. C'est alors que Tom Jedusor était arrivé, et d'un ton théâtralement raisonnable, leur avait intimé de laisser partir ce nouvel élève perdu qui n'était ici visiblement que par le hasard et la curiosité.

En soi, ce n'était pas effrayant ; ce Voldemort savait se faire apprécier et se montrer courtois auprès de tous, mais la façon dont, suite à cette parole, ses « amis » l'avaient tout à coup relâché presque en s'excusant, était elle inquiétante.. L'ascendant moral que Tom Jedusor exerçait sur ses serviteurs suggéraient un rare talent de manipulateur. Or les manipulateurs ne servent pas les autres ; ils se servent des autres.