Tout était décidé. Anya reprenait lentement le contrôle de tout ce qui lui arrivait. C'était long, et ce n'était pas fini. Mais elle finirait par totalement se remettre de tout cela et alors elle reviendrait dans la course. Tout n'était pas noir cependant, loin de là. Cette transformation involontaire avait de nombreux mauvais côtés, mais également quelque avantages certains. Une fois retournée sur le terrain, ses capacités seraient probablement plus grandes. Avec l'aide de Declan, elle arriverait peut-être à se faire un peu plus remarquer, qu'elle compenserait son absence, qu'elle serait plus forte encore. Car oui, elle allait s'absenter, c'était officiel. Elle était bel et bien enceinte. Et elle devrait laisser de côté ses activités pour la fin de cette grossesse. Anya ne voulait prendre aucun risque pour le moment. Elle avait déjà perdu un enfant. Aujourd'hui, elle n'avait plus le même âge. Tant qu'elle le pourrait, elle ferait attention à être la plus raisonnable possible. Pour le moment, elle était restée tranquille, chez elle, sans faire de folies, juste pour s’habituer à certaines choses.

Ce jour-là, elle n'attendait personne en particulier. Elle ne pensait pas sortir pour autant. Trop tôt encore. C'était la raison pour laquelle la belle avait décidé de ne rien faire de sa journée. Et donc, elle laissait volontairement son elfe de maison faire tout ce qu'il y avait à faire. En temps normal elle faisait le minimum, histoire de se donner bonne conscience et peut-être d'être bien vue si elle avait de la visite. Mais aujourd'hui, cette créature se débrouillerait. Anya avait terminé un livre et avait eut envie d'autre chose. Pour changer un peu. C'était le week-end alors Irina était avec sa mère. Autrement Anya passerait presque toute sa journée à prendre soin d'elle et à jouer avec elle. Avant, il lui arrivait de se laisser tenter et d'aller jouer dans le jardin avec le chien d'Andreï. L'animal aimait bien en général. Et il faut admettre que c'était presque amusant. Mais maintenant elle avait du mal à supporter son odeur lorsqu'elle était près de lui. Pourtant, elle avait déjà fait laver ce chien plusieurs fois. Mais c'était une odeur particulière, assez forte. Bref, pas de sortie avec Fluffy aujourd'hui non plus. Alors elle était monté à l'étage et s'était remise devant son piano dans le grand salon.

Quand elles étaient petites, les sœurs Armyanski avaient reçut un certain nombre de cours de musique. Le piano avait été la base. Anna avait ensuite été vers le violon et Anya vers le chant. Mais le piano, c'était toujours resté entre elles. Quand l'une jouait dans sa spécialité, l'autre pouvait l'accompagner au piano. Et les rôles s'inversaient comme ça. En général, leur mère était derrière elles et surveillait, dirigeait les répétitions. Plus tard elles avaient joué ensemble, juste pour jouer, sans personne pour leur dire de s'arrêter et de reprendre à la ligne précédente. Aujourd'hui encore cela leur arrivait.

Anya était au milieu d'une morceau lent, expressif, quand elle entendit la porte s'ouvrir. Elle n'avait pas entendu qu'il y avait quelqu'un à la porte puis les pas dans les escaliers. Elle avait été trop prise par son morceau. Et la surprise fut plutôt intense, même si elle se débrouilla pour ne pas le montrer. Armando Dippet était venu la voir. La belle demanda à l'elfe de sortir, en ukrainien. Elle lui parlait toujours en ukrainien. Elle se tourna ensuite vers le directeur, toujours surprise de le voir ici, mais souriante tout de même.

-Armando je... je ne m'attendais pas à vous voir aujourd'hui.

Maintenant qu'elle y pensait, c'était presque logique. Si jamais Anna lui avait parlé, elle lui avait certainement dit que sa pauvre grande sœur n'était pas en forme. Et puisqu'ils étaient passé à autre chose tout les deux, il s'était peut-être senti l'âme d'un chevalier face à sa princesse. Cependant cette visite pouvait peut-être lui servir...

Depuis plusieurs Anya restait la plus seule possible. Elle savait qu'il faudrait bien s'y remettre, qu'elle ne pourrait pas rester comme ça encore longtemps. Pour plusieurs raisons évidentes. Elle avait déjà des obligations envers les Néo-grindelwaldiens. Il lui faudrait sortir et côtoyer les autres membres du groupe. Elle avait également envie de conserver ce secret qu'elle trouvait assez honteux pour le moment. Si elle ne sortait pas et refusait les visites, il était certain que ses proches finiraient par trouver cela très étrange. Anna avait déjà commencé. Et pas qu'un peu. Elle avait écouté sa sœur et n'avait pas trop traîné, mais elle ne s'était pas privé de lui accorder son petit regard inquiet et ses questions attentionnées. Anya adorait sa sœur et était rassurée de voir qu'elle l'aimait toujours assez pour s'inquiéter pour elle. Elle était adorable. Tout comme l'aînée était rassurée qu'on lui laisse toujours le plaisir de s'occuper de la petite Irina. C'était encore son petit plaisir.

Seulement voilà. Visiblement, Anna n'était pas la seule à s'inquiéter pour sa sœur. Parce que ce jour-là, Armando Dippet avait décidé de venir la voir également. Sur le coup, elle s'était vraiment demandé pourquoi il était là. Elle ne l'avait pas vraiment revu depuis leur petite soirée. Alors soit il était très observateur et avait réussit à voir des choses dans les lettres de la belle (oui, parce qu'elle avait fait l'effort de lui écrire...), soit il avait croisé Anna et lui avait parlé. La seconde solution était plus probable. Anya ne savait pas encore ce que sa sœur pensait de cette relation, parce qu'elles n'en avaient pas parlé mais qu'elle savait qu'elle était au courant. En général, Anna était très compréhensive et elle n'avait pas montré le moindre signe qui pouvait indiquer qu'elle n'était pas en accord avec ce qui se passait. Ce qui convenait à Anya pour le moment. Mais quoi qu'il en soit, Armando était venu la voir. Dans un premier temps, elle avait été déçue de ne pas pouvoir être seule au moins une journée, surtout quand il s'agissait de lui. Mais en fait, c'était peut-être utile comme visite. C'est pourquoi elle avait tout de même laissé faire dans un sourire.

-Désolé, j'aurais dû vous avertir de ma visite.

Il était certain que pour bien faire il aurait été mieux qu'il prévienne la belle de sa visite. Mais en même temps elle aurait certainement refusé de le voir, prétextant être vraiment trop mal pour voir qui que ce soit. Mais en y réfléchissant bien elle pouvait se servir de cette situation pour passer une nouvelle étape entre eux. Il faut admettre que dans une telle situation était assez propice pour ce qu'elle voulait faire de lui.

-Cela ne fait rien, je suis contente de vous voir.

Armando s'approcha d'elle, l'embrassa sur la joue et s'assit près d'elle... tout cela se serait bien passé en temps normal... sauf que la situation avait bien changé depuis la dernière fois... et l'odeur de son parfum qu'elle trouvait déjà assez forte les autres fois lui agressa les voies respiratoires. De manière si violente qu'elle se mit à tousser. Quand elle faisait abstraction de certaines choses, Armando était un homme plutôt gentil, voire même attachant. Et son geste était vraiment touchant. La belle devait bien admettre qu'elle n'était pas à l'aise d'avoir eut une telle réaction. Elle fit de son mieux pour s'arrêter, les yeux un peu humides... en évitant de le regarder directement, pour une question de fierté...

-Comment allez vous ?

Anya se doutait bien qu'il voulait parler de quelque chose de bien particulier. Il était venu la voir parce qu'il la sentait malade ou qu'il avait entendu qu'elle n'était pas en forme, ou les deux en fait... elle pouvait donc directement axer vers ce qu'elle voulait puisque c'était aussi une des causes de ses problèmes de santé du moment. Enfin, si on considérait que c'était un vrai problème. Anya qui respirait plus lentement pris un air un peu gêné. Comme une enfant qui aurait fait une bêtise et qui n'osait pas le dire. Et pour le rôle, c'était un peu ce qui se passait.

-En fait je vais bien, ce n'est pas vraiment grave, mais...

Maintenant, il fallait jouer dans le tragique. Il fallait qu'il n'ait plus d'autre envie que de l'aider et de la protéger de tout ce qui pouvait lui faire du mal. Il fallait qu'il ne voit plus qu'une pauvre femme totalement désespérée et qui ne cherchait qu'un allié pour continuer. Tout cela était faux bien entendu. Mais elle pouvait facilement lui faire croire. Du moins elle l'espérait. Mais puisqu'il était déjà sous le charme, c'était quelque chose à tenter. Et puis elle était sûre qu'elle y arriverait.

-Je suis contente que vous soyez là Armando, j'aimerais vous parler de quelque chose... c'est un peu délicat et j'aimerais que vous le gardiez pour vous si vous le voulez bien. Même Anna n'est pas au courant, je ne voulais pas qu'elle s'inquiète.

Anya y allait assez doucement, pour plusieurs raisons simple. Déjà parce qu'elle voulait faire comprendre à Armando que ce n'était pas quelque chose qu'elle disait à tout le monde et qu'il devait y faire attention. Pour le rôle quoi. Mais aussi parce que pendant ce temps il pouvait s'imaginer des choses plus ou moins graves qui pouvaient arriver à cette pauvre femme. Ce qui pouvait le rendre plus réceptif encore. Elle verrait bien, mais elle pensait avoir assez peu de chances de rater sur ce coup.

-Cela faisait quelques jours que je ne me sentais pas bien. J'ai fait appel à un médecin et... et je suis enceinte. Je ne sais pas encore ce que je dois faire. Dans ma situation il faudrait que je m'en débarrasse... mais c'est horrible, je ne peux pas me décider à le faire...

Anya laissa quelques larmes rouler sur ses joues. Si elle s'était réellement retrouvé face à ce choix, elle l'aurait vraiment très mal vécu. C'était ce qui s'était passé la première fois qui aurait compliqué les choses. Heureusement pour elle, le choix ne se présentait plus. Elle garderait cet enfant quoi que lui réponde le directeur. Et elle en serait ravie.

-Je ne sais pas ce que je vais faire et je suis encore un peu perdue. Je sais ce que je devrais faire, mais j'ai encore besoin de temps, c'est trop radical... Mais je crois que j'avais besoin d'en parler...

Et maintenant, restait à voir ce que le directeur allait penser de tout cela...

En début de journée, si on avait dit à Anya qu'elle aurait cette conversation avec Armando, elle ne l'aurait pas cru et aurait fermé sa porte à clé pour au moins une semaine. Si lui était sur un petit nuage depuis leur petite soirée, ce n'était pas son cas à elle. Chaque contact, chaque caresse pourtant encore innocentes ou chaque baiser plus que chastes également, c'était toujours difficile. Il restait un homme âgé et la belle n'en était pas arrivé à devoir chercher dans cette catégorie normalement. Si elle faisait tout ça c'était uniquement parce qu'il pouvait la mener directement dans les fréquentations de Dumbledore. Et ça, c'était plus que souhaitable comme idée. Alors elle continuait à laisser passer tout cela et laissait le directeur faire un peu ce qu'il voulait. Elle le laissait entrer chez elle en souriant pour l'accueillir. Elle le laissait venir près d'elle et déposer ce baiser sur sa joue. Elle le laissait vraiment faire beaucoup de choses. Mais même si il pouvait se permettre beaucoup, c'était toujours elle qui menait le jeu. Et ça, il ne le savait pas encore, bien sûr.

La révélation qu'elle venait de lui faire, il ne devait pas l'avoir vu venir. Et c'était très amusant de s'imaginer tout ce qui pouvait passer dans la tête de ce petit vieux. Ça alors, il devait en penser des choses d'un coup. Et vu son regard, c'était vraiment un beau bordel. Alors pour le moment Anya avait les larmes qui lui coulaient sur les joues, mais intérieurement c'était le rire monumental. Vraiment, là, elle était assez contente du résultat. Ce n'était pas bien méchant non plus, juste un petit coup de stress pour lui. Ou un gros, oui, c'est vrai. Quoi qu'il en soit, il avait visiblement plus d'une pensée qui se pressait dans sa tête. Et c'était très satisfaisant. Anya elle restait sagement dans son rôle de pauvre veuve ayant fauté et dans une impasse. Oui, cela faisait un peu beaucoup, mais c'était le but.

-Qui est le père ?

Ah, cette question, elle s'y était attendu, bien sûr. Mais il ne saurait rien. Non, elle n'avait pas l'intention de lui dire quoi que ce soi à ce sujet. Anna elle-même ne saurait rien.alors vous pensez bien que lui n'en saurait pas plus. Andreï non plus, mais lui, il n'était plus vraiment question de lui parler de quoi que ce soit à ce niveau. La belle pris un air un peu embarrassé, un peu secrète.

-Une personne que vous ne verrez certainement jamais.

En fait il était probable qu'ils se voient un jour. Surtout su Declan devait suivre le cas. Mais cela ne voulait pas dire qu'elle devait lui dire. De toute façon elle ne lui dirait rien à ce niveau. Il resterait dans le flou le plus total. Ce n'était pas ce qui l'intéressait de toute façon. Il fallait qu'il soit honnête. Il ne tenait pas tellement à connaître le père de cet enfant. Tout ce qu'il voulait savoir c'était quand et avec qui Anya l'aurait éventuellement trompé. Et c'était très différent.

-Peut-être pourrait-il prendre ses responsabilités ?

Et deuxième question qui fâche... enfin, qui devrait fâcher. Parce qu'en vrai, Anya s'en moquait. Il était même prévu qu'il ne prenne pas ses responsabilités comme Armando l'entendait. Il n'était certainement pas question qu'Anya devienne la femme de Declan. Ou même qu'ils fassent les choses de manière sérieuse. Non, ils allaient continuer leur relation malsaine et plus que libre. Alors maintenant il fallait donner une réponse au vieil homme. Et une réponse qui devait le dissuader de continuer plus loin... la belle se leva d'un bond et alla un peu plus loin pour lui tourner le dos, visiblement en colère contre quelqu'un ou quelque chose. Mais c'était prévu.

-Non! Je ne veux plus le voir, jamais!

Anya pris quelque instants pour laisser planer un silence gêné. Puis elle se retourna, le visage un peu moins dur, voire même un peu triste. Elle voulait partir sur tout autre chose. Histoire de bien insister sur cette soit disant détresse qui la tenait. Bon, tout cela était un baratin pas possible, bien sûr. Mais ça, il ne le savait pas.

-Je sais ce que vous pensez. Après trois mariage, je ne dois plus avoir de scrupules à me donner à d'autres, à aller voir un homme par soir, peut-être même que vous pensez que ce n'est pas ma première grossesse depuis la mort de mon dernier mari. Ne le niez pas, l'idée vous a au moins effleuré. C'est normal. Et vous serez loin d'être le seul à le penser.

Anya qui était tout dans le théâtral se laissa tomber dans le canapé qui était derrière elle, toujours des larmes plein les yeux. La mise en scène, il fallait la travailler. Mais puisque c'était de l'improvisation, elle faisait de son mieux en espérant que ça passe.

-Vous m'avez fait des promesses bien trop tôt Armando. Et je comprendrais si vous voulez partir et arrêter là...

Vu comme ça, on pouvait voir qu'elle n'avait pas du tout envie de le voir partir et lui dire qu'il laissait tomber leur couple encore tout neuf. Intérieurement elle se foutait bien de savoir ce qu'il pensait. Maintenant, c'était à lui devoir si il allait fuir totalement ou si il décidait tout de même d'aider et de soutenir sa belle.

Il devait beaucoup plus qu'évident que le directeur avait un sérieux problème de naïveté. Un problème pour lui surtout. Parce que cette fois, cela arrangeait beaucoup Anya. Vraiment beaucoup. Parce que c'était aussi de cela dont elle avait besoin pour que cela marche. Et c'était avec ce paramètre qui avait conditionné ce plan à la fois personnel et tout à fait réfléchi.un mélange parfait selon elle, et qui avait le mérite de marcher parfaitement pour le moment. Mais elle ne s'inquiétait pas. Et si ce n'était pas cette fois, cela serait la prochaine. Elle finirait par l'avoir, c'était obligé. Il était déjà à ses pieds. Anya finirait par lui faire dire tout ce qu'elle voulait. Déjà parce qu'elle était douée, mais aussi parce qu'il était naïf à souhait.

Anya n'avait pas peur. Même si jamais il devait par miracle lui échapper, cela ne changerait rien. Elle avait décidé d'avoir un nouvel enfant et même si cela devait mettre un coup à sa réputation. De toute façon, elle saurait bien tourner les choses en sa faveur. Cependant, il semblerait que son petit numéro avait marché. Il faut dire qu'elle avait fait attention à le faire de manière convaincante. Les larmes qui continuaient à glisser sur ses joues en étaient une preuve assez bonne. Elle avait même les mains fébriles. Décidément, Anya était une bonne actrice. Une qui avait appris à se perfectionner au fur et à mesure qu'elle mentait et jouait devant les autres. Dippet était une énième victime et certainement pas la dernière. Mais de le voir marcher aussi bien dans son jeu était une satisfaction également.

-Je ne reviendrais sur aucune de mes promesses, Anya.

Anya releva ses yeux embués de larmes vers lui. Cela ne faisait pas tout, mais qu'il dise cela indiquait déjà qu'elle avait gagné. Il lui avait promis de rester près d'elle et de la protéger. Il avait choisit de rester sur cette ligne de conduite. Alors il ne pouvait pas faire autrement que de rester dans le beau chemin bien droit qu'avait tracé Anya pour lui. Et c'était exactement ce qu'il fallait. Amrando lui pris les mains et elle ancra son regard dans le sien. Il n'avait plus intérêt à se défiler maintenant.

-Je vous aime, vous êtes la meilleure chose qui me soit jamais arrivée depuis tant d'années... Je ne  laisserai rien vous arriver. Ni à vous. Ni à l'enfant que vous portez.

C'était mignon tout plein ça. Un vrai chien de garde. Anya lui accorda un très léger sourire encore bien humide. Si elle s'arrêtait de pleurer mainte, il perdrait certainement un peu de son envie de protection. Ou peut-être pas, mais au moins elle était sûre de rester ce petit être fragile qui attirait sa compassion.

-Cet enfant peut devenir le mien. Si toutefois vous le souhaitez autant que moi.

Voilà ce qu'elle voulait entendre. Là c'était tout de suite plus concret. Ce n'était pas encore parfaitement tout ce qu'elle voulait, mais c'était déjà bien. Très bien. Il manquait juste la bague et la demande romantique. Mais vu ce qu'elle lui mettait sous le nez, c'était déjà un superbe effort. Et elle adorait ça. Elle avait gagné, tout simplement. La belle eut l'air surprise, même si c'était ce qu'elle avait attendu. Surprise et touchée.

-Vous accepteriez de faire cela? De prendre ce bébé comme le votre?

Même si elle n'avait pas pris la peine d'essuyer les quelques larmes qui restaient sur son visage, elle lui accorda un grand sourire, comme soulagée. Elle essaya de lui traduire tout l'amour qu'elle supposait devoir ressentir dans une telle situation. Cette vague d'affection qui n'existait pas. En clair, elle essayait d'agir comme si il n'était pas Armando Dippet mais un homme qu'elle tiendrait réellement en estime, qu'elle aimerait vraiment, et qui la sauverait vraiment d'une situation affreuse... ce qui n'était pas tout à fait le cas. Anya se blottit dans ses bras avec toute la fausse affection qu'elle était capable de mettre dans ce geste.

-Vous feriez de moi la plus heureuse des femmes en restant près de moi, près de nous...

Elle resta contre lui, luttant un peu contre ses poumons qui se remplissaient de cette odeur de parfum qui suivait le directeur. Il faudrait vraiment qu'elle lui fasse changer cette habitude... ou alors qu'elle ne l'approche plus... mais cela irait contre ses plans...

-Je vous aime aussi Armando.

Plus le temps passait, plus Anya aimait jouer avec cet homme. C'était parfois un peu trop facile, c'est vrai, mais toujours divertissant. Elle pouvait le mettre dans tout ses états avec une grande facilité. Ce qui était aussi particulièrement drôle. Il fallait le voir aussi. Elle avait versé quelques larmes, parlé de problèmes qu'elle n'avait pas, et le voilà qui fondait une fois de plus. Il lui promettait un tas de choses, voulait la protéger de choses qui ne l'inquiétaient pas vraiment, la croyait peu importe ce qu'elle disait. Il la croyait toujours finalement. Elle pourrait lui dire avoir été danseuse étoile qu'il la croirait quand même. Alors que ce n'était pas du tout son genre. Elle avait été un peu musicienne, mais c'est tout ce qu'il y avait de plus proche. Le théâtre, ça c'était son truc. Ça l'était toujours. Elle avait remarqué qu'il avait été intéressé par la partie musicale de sa vie. Elle savait donc qu'elle aurait toujours quelque chose pour lui plaire. Mais elle verrait plus tard, ils avaient encor le temps. Pour le moment, elle restait cette femme fragile et triste. Enfin, rassurée maintenant. Puisqu'il avait promis de rester près d'elle. Il lui avait l'aimer et vouloir la protéger, elle et son enfant. Anya restait blotti contre lui, bien sagement. Elle savait qu'il aimait la voir comme cela et la sentir contre lui. C'était encore assez gentil comme contacts.  Un baiser sur la joue, une caresse, une étreinte. En bref, un amour de collégien plus qu'autre chose. Mais cela semblait lui convenir. Elle lui disait l'aimer et cela lui suffisait.

-Moi aussi.

Anya le laissa lui caresser les cheveux tendrement. Il était possible que cet homme soit peut-être le plus attentionné de tout ceux qui avaient déjà partagé sa vie. Les deux premiers avaient déjà été plutôt bons avec elle malgré tout. Mais lui, c'était vraiment différent. Et cela dépendait peut-être du fait qu'elle lui accorde soit disant son amour alors que lui-même ne pouvait plus l'espérer. Mais elle, une jeune femme belle et généreuse, lui accordait son amour.  Forcément, il devait se sentir un peu privilégié. Et c'était bien ce qui plaisait à la belle chez lui. C'était simple de lui faire plaisir. Pendant quelques instants, il ne dirent plus rien. Anya restait contre lui, arrivant maintenant à distinguer d'autres odeurs que celle très prenante de son parfum. Elle avait arrêté de laisser des larmes glisser sur ses joues, ce n'était plus nécessaire. De toute façon il ne voyait plus son visage. Juste un peu de tendresse.

-Vous accepteriez, donc, de faire de moi le plus heureux des époux ?

Voilà ce qu'elle avait attendu. C'était cette demande qu'elle avait voulut entendre en réponse à son annonce. C'était cette demande qui lui permettrait tout le reste. La belle se redressa donc pour plonger on regard dans le sien. Elle avait l'air bien plus heureuse qu'elle ne l'était vraiment, mais c'était de circonstances. Anya devait lui montrer le regard reconnaissant et ravi d'une femme que l'on vient de sauver et à qui l'on fait une demande en mariage. Il devait avoir cette impression d'être son sauveur et celui avec qui elle voulait rester chaque jour. Il devait se sentir l'homme indispensable à la vie de sa belle. Alors un sourire immense s'afficha sur son visage.

-Oui, oui, bien sûr!

Son enthousiasme n'était pas réel, mais il en avait l'air, et c'était ce qui comptait. C'était comme si ce bébé n'était que ce qui accélérait l'arrivée de cette demande. Comme si elle avait vraiment envie d'être la femme d'Armando Dippet. Ce n'était pas le cas non plus théoriquement parlant, mais c'était bien ce qu'elle avait voulut au final. Alors il y avait une part de satisfaction derrière tout cela. Même si ce n'était pas la demande en règles, c'était une demande en mariage, et c'était le plus important. Anya le pris dans ses bras avant de déposer un baiser sur ses lèvres, visiblement ravie.

-Je vous aime Armando, je veux rester près de vous et être celle qui prend soin de vous, qui vous attends et vous accueil quand vous rentrez. Celle qui vous prends dans ses bras quand vous en avez besoin et qui vous écoute quand vous avez besoin de parler. Je veux être votre femme, et peu importe ce que les gens dirons, j'en serai heureuse.

Anya lui souriait tendrement, à peu près certaine que ce petit discours lui plairait. C'était le genre  de choses qui avaient l'air de le toucher. Et elle était capable de le faire alors autant en profiter.

Anya avait tout gagné. Elle était le seul maître à bord du navire de leur relation. Il ne pouvait plus rien faire contre elle, Armando Dippet était définitivement perdu. Et c'était lui qui l'avait décidé. C'était lui qui avait plongé la tête baissée dans ses filets. C'était lui qui avait cherché l'amour auprès d'elle. Et c'était lui qui venait de lui faire sa demande. En clair, Armando s'était laissé piéger et il était pleinement consentant. Anya était ravie. Pas de l'épouser et de prendre son nom. Non, ça, c'était un peu le côté moyen de l'histoire. Mais en passant par lui elle pouvait avoir tellement de choses. Qu'il était bon de se sentir si puissant. Avec lui, c'était quand même facile. Il était tellement stupide... se jeter directement dans la toile de l'araignée. Et il lui apportait des fleurs à l'araignée. Il s'écrivait lui-même "mangez-moi" sur le front. Enfin, ce n'était pas elle qui allait s'en plaindre tout de même.

Ainsi, son petit discours semblait avoir pris. Elle s'y était attendu. Le contraire aurait été étonnant. Elle avait rapidement compris comment il fonctionnait. Il suffisait de lui dire qu'il était le meilleur, qu'elle l'aimait et que sans lui elle ne s'en sortirait pas. Anya savait parfaitement flatter son maigre et insignifiant égo. Elle l'avait vite appris. Alors maintenant, elle n'avait pas à chercher loin pour le toucher. Un peu d'émotion, un brin de guimauve et Armando se couchait à ses pieds. Faible et pitoyable créature. Elle le laissa poser ses lèvres sur les siennes et lui sourire... bêtement. Oui, il faut dire ce qui est. Il avait l'air idiot avec ce sourire. Mais bon, elle n'allait pas le lui dire...

-Je ne pourrais pas être plus heureux.

Bah voyons... tant mieux pour lui ceci dit. Si jamais il lui avait dit qu'elle n'était finalement pas ce qu'il cherchait, qu'il préférait rester seul par respect pour sa défunte épouse, autant dire qu'elle le prendrait mal. Alors comme une gentille future femme soit disant comblée, elle pris ses mains dans les siennes, affichant à peu près le même sourire.

-Je sais que je n'ai pas vraiment fait les choses dans les règles, mais je vous promet de me rattraper.

Pour tout vous dire, elle l'attendait un peu, en effet. Anya restait et resterait malgré tout une femme vaniteuse. Et il lui faudrait tout de même mieux qu'une simple demande à la hâte, simple réponse à de fausses larmes et à de beaux discours. Elle méritait bien mieux. Il avait tout intérêt à taper haut avec sa bague. Elle serait exigeante. Et si elle ne lui plaisait pas, elle trouverait moyen d'en changer. Mais bon, peut-être trouverait-il tout seul ce qu'elle méritait vraiment. Anya porta les mains de son futur mari à ses lèvres pour simplement le rassurer, le calmer.

-Ce n'est pas le plus important. Et puis, nous avons encore le temps...