I

l avait eu vent de l'information, de son nom, de ses activités, et de son efficacité comme l'on finit par tout savoir de ce qu'il y a de moins licite quand son réseau se fait important, conséquent, et structuré. Tom osait penser qu'il en était à présent à ce stade. Tant que ses activités ne se limitaient qu'à l'école de magie, son champ d'action demeurait des plus limités, mais à présent que plusieurs de ses sbires évoluaient hors du milieu scolaire, et investissaient des pans du monde magique variés et utiles, il sentait déjà s'accroître son influence. De fait, agrandir ce même réseau, en misant sur des éléments plus "matures", dont la fiabilité n'était pas à prouver. Des éléments tels que la personne qu'il s'apprêtait à rencontrer, en somme. Il n'avait jamais eu lui-même l'occasion de croiser son chemin, donc, il ne connaissait d'elle que cette réputation qu'elle savait avoir, en milieu clos néanmoins. Elle était connue de cette minorité bien informée pour rendre tous les services dont on pourrait avoir besoin, sans craindre de se salir les mains, du moment que l'on y mettait le prix. Discrète, scrupuleuse, ne laissant jamais de traces, fidèle à ses engagements quels que puissent en être les tenants et aboutissants, le tout étant que le prix à payer devait toujours être à la mesure du service rendu... C'était apparemment le point d'honneur qu'elle mettait à toutes choses, là où se trouverait aussi bien la difficulté que sa faille à elle, en définitive, mais ce n'était pas quelque chose qui l'inquiétait outre mesure. Après tout, le marché restait très honnête.

Il lui avait donné rendez-vous aux Trois Balais. En pleine période de sortie scolaire ? Oui. Ce pouvait sembler être un choix peu judicieux mais l'Héritier estimait que c'était, en fait, tout le contraire. À l'heure où l'endroit était à ce point bondé, leur conversation à eux se perdrait dans le brouhaha ambiant, et quand bien même quelques uns percevraient peut-être des bribes de la discussion, ça ne changerait rien. Le préfet des verts et argent avait depuis longtemps appris à manier l'art du double sens, des mots qui, sortis de leur contexte, semblaient parfaitement innocents, mais valaient leur pesant d'or pour les principaux concernés. Il lui avait indiqué l'emplacement précis de la table où il était assis à présent, sirotant modérément le café qu'il venait de commander, il guettait son arrivée. Elle ne tarda finalement pas à paraître, parfaitement conforme à la description qui lui en avait été faite. Distinguée, élégante, et affublée de cette sorte de magnétisme qui devait en séduire plus d'un, bien qu'elle laissait Tom plutôt froid, et pour cause, ce genre de chose le laissaient toujours de marbre. Il l'accueillit donc juste avec un sourire de circonstance et lui serra la main pour accompagner ses salutations.

-Susann Collins ? Tom Jedusor, enchanté de vous rencontrer enfin. J'ai beaucoup entendu parler de vous.

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Q

uelqu'un d'aussi imbu de sa personne, ayant une si grande estime de lui-même, aurait pu très mal prendre la réflexion de Susann, qui semblait lui faire entendre qu'il n'était pas quelqu'un de notable, puisque personne ne lui avait jamais parlé de lui. Mais il ne s'offusqua pas. Pour deux raisons très simples, au demeurant. D'une part, il veillait très largement à cet anonymat pour le moment, et déployait des trésors de minutie pour que personne mis à part ses fidèles ne connaissent la part d'ombre qu'il pouvait y avoir en lui... viendrait le moment où il pourrait se montrer plus... expansif, et agir à la hauteur de ses ambitions, mais il lui fallait encore patienter quelques mois. D'autre part, ce nom qu'il lui apprenait posséder ne devait pas rester pour la postérité. Il n'aimait rien dans ce nom, qu'il avait hérité de son crétin de père, aussi moldu qu'on puisse l'être. Alors autant que personne ne le retienne. Son autre nom aurait bien plus d'intérêt. Son autre nom, personne ne pourrait l'ignorer, où que ce soit dans le monde entier. Alors il demeura parfaitement stoïque, affichant seulement sur son visage l'un de ces sourires humbles qu'on lui connaissait si souvent, même s'ils le caractérisaient si mal, lui qui n'avait jamais de modeste que l'apparence, et certainement pas les intentions. À peine installée, elle lui demanda immédiatement les raisons pour lesquelles il avait demandé à la voir. Question tout à fait légitime. Même s'il n'avait pour le moment, pas de réponse précise à formuler. Avant de concrètement envisager une quelconque collaboration avec elle, il devait s'assurer qu'elle était quelqu'un de parfaitement fiable, en qui il pourrait avoir une entière confiance, qui ne le lâcherait pas en plein chemin, qui ne le dénoncerait pas en pleine mission, et qui saurait se montrer aussi irréprochable dans son attitude que dans ses performances. Somme toute, oui, il allait sonder le terrain avant toute autre chose.

-Comme je vous l'ai dit, j'ai eu vent de votre réputation et des... menus services que vous acceptez occasionnellement de rendre. Il marqua une légère pause. Je dois bien admettre que les rumeurs qui courent à votre sujet m'ont intrigué. J'aurais, à plusieurs titre, besoin de quelqu'un comme vous, mais avant toute chose... Il ancra son regard dans le sien. Quand il agissait de la sorte, parlant avec toute l'assurance du monde, sans être le moins du monde intimidé par son interlocutrice, utilisant ces mots qui devraient logiquement être très loin de ses considérations, il n'avait pas grand chose à voir avec ce gosse de dix-sept ans pour lequel on pouvait le prendre en premier lieu, et que, d'une certaine manière, il était malgré tout. Malgré ce qu'il voudrait, d'ailleurs. J'aimerais avoir l'assurance, autant de votre discrétion que de vos aptitudes. Jusqu'où vos contrats vous ont-il déjà amené ? Et comment se présentent ces contrats, comment peut-on avoir la certitude qu'ils ne seront rompus ni d'une part, ni de l'autre ? Quelles peuvent-être leur durée ?

Il posait chacune de ces questions sans le moindre empressement, avec un calme manifeste. Ce qu'il voulait avant tout, c'était que tout soit parfaitement clair. Il ne prenait jamais le moindre engagement à la légère.

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T

om écouta son interlocutrice sans chercher à l'interrompre une seule fois, attentif à chaque mot qu'elle prononçait, afin de s'assurer qu'il n'y avait pas la moindre anicroche, qu'il n'encourait pas la moindre déception ou le moindre risque. Les mesures de précautions, même celles qui semblaient les plus excessives, se devaient d'être prises en de telles circonstances, c'était du moins le point de vue de l'Héritier, et il n'en démordrait pas. Alors il voulait avoir l'assurance que tout ce qu'on lui avait avancé était vrai, qu'il n'allait pas découvrir l'anguille sous la roche du jour au lendemain. Pour l'heure, il devait admettre que tout cela semblait parfaitement encadré. Le préfet en chef des verts et argents était bien placé pour savoir qu'on ne brisait pas un contrat magique sans en subir de très lourdes conséquences. Aux vues du nombre de marchés qu'elle avait passé, et de l'état où elle se trouvait, elle en avait toujours respecté sa part, sans oublier les clauses de confidences. Pour le reste, le portrait qu'elle dressait d'elle-même et de ses actions, et qu'il voyait s'esquisser sous ses yeux, était à l'image même de ce qu'on lui avait dit d'elle. Elle était une femme intègre, qui se moquait bien de la mission qu'on pouvait bien lui confier, qu'elle serve ou non des fins honorables, et qui l'accomplissait toujours de la plus scrupuleuse des manières. Bref, elle faisait son travail comme l'élève la plus studieuse qui soit, tant que le salaire était à la hauteur du service rendu. Il devenait de plus en plus certain que leur coopération pourrait leur être profitable, à plus d'un titre, et plus d'une fois. Engager quelqu'un comme Susann Colyn pourrait bien servir plus d'une fois. Il hocha légèrement la tête au terme de son discours, afin de lui faire comprendre qu'il avait pris bien note de ses aptitude, et s'en montrait d'autant plus intéressé. Il n'en demeurait pas moins qu'avant de se lancer dans quoi que ce soit, il demeurait sur quelques réserves qu'il lui semblait important de conserver, dans son propre intérêt, et parce qu'il y avait trop de failles à combler pour en ajouter une autre en supplément. Notamment, le fait qu'elle puisse refuser un marché ne l'arrangeait guère, d'une part parce qu'il détestait qu'on ne lui cède pas, d'autre part parce que pour qu'un marché soit accepté ou refusé, il fallait bien que ses conditions aient été énoncées avant. En bref, rien de tout cela ne lui semblait foncièrement profitable, mais c'était peut-être un moindre détail, auquel elle palliait par l'intermédiaire d'un autre contrat de confidences. Après tout, elle semblait être de ces personnes qui souhaitait que les choses soient cadrées et structurées, et elle n'avait pas plus d'intérêt qu'autrui à finalement plonger.

-Serait-il possible pour vous de me montrer l'exemple de l'un de vos contrats ?

Ce qu'il demandait n'était pas de baffouer la confidentialité en lisant le contrat d'un autre, mais il se doutait qu'elle devait avoir des contrats d'usage, dont elle modifiait seulement certaines closes en fonction des circonstances. Il n'aurait entièrement confiance, pensait-il, que dès lors qu'il se serait assuré du caractère effectivement inviolable de ces contrats, et de leur totale légitimité. Sans être légiste lui-même, il pensait malgré tout être à même de déceler l'erreur potentiel. Aidé de sa si haute estime de lui-même, bien sûr.

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T

om lut attentivement le premier parchemin que lui tendit son interlocutrice. C'était comme il l'avait effectivement pensé, il y avait tout d'abord une close de confidentialité à signer, celle-ci permettant de conserver le plus parfait des anonymats. La jeune femme avait l'air définitivement consciencieuse et sérieuse. L'héritier de Serpentard ne pensait pas qu'il aurait à le regretter si, d'aventure, il choisissait effectivement de passer un contrat avec elle. Il prit un soin tout particulier à lire absolument chaque mot dudit contrat, afin de s'assurer de sa solidité, et d'être certain que ce contrat n'était pas de ceux que l'on pouvait rompre ou qui comportaient des failles. De toute évidence, il n'en était rien. Le tout avait été parfaitement construit, paraissait inviolable. Susann Colyn avait dû prendre un soin tout particulier à les rédiger afin de s'assurer que son propre anonymat ne serait pas mis à mal. Restait à savoir quelle sorte de magie le protégeait. Il observa également en détail un exemple type de contrat, et là encore, tout semblait parfaitement en règle. En faisant affaire avec son interlocutrice, il aurait apparemment une alliée fiable. Une alliée qui ne le serait pas tout à fait, en vérité, mais qui serait aussi efficace que si elle lui avait prêté allégeance. Au moins sur une mission ou une autre. Ce fut après quelques minutes d'examen attentif qu'il leva à nouveau les yeux en direction de son interlocutrice, l'expression de son visage demeurait grave et sérieuse. Il était en tous cas de plus en plus convaincu que cette rencontre n'était pas vaine. Loin de là.

-Je vois. Tout ça m'a l'air effectivement parfaitement en règle, et vous-même me semblez très fiable. Il marqua une légère pause avant de reprendre. Il lui fallait encore quelques précisions pour sceller pour de bon cette collaboration. À quels sortilèges soumettez-vous vos contrats ? Qu'advient-il lorsque l'un des deux partis disconvient aux closes qui y sont énoncés ?

Ce demeurait un point au sujet duquel il voulait en avoir le coeur net. Pas tant parce qu'il voulait savoir ce qu'il risquait s'il décidait de ne pas respecter tous ces articles que parce qu'il voulait s'assurer que les conséquences étaient suffisamment graves pour que son interlocutrice, de son côté, ne révèle jamais le moindre de ses secrets. C'était un point primordial. C'était plus ou moins sa seule condition, en vérité. Car pour l'heure, que nul ne sache quoi que ce soit de ses activités était le plus important pour lui. Un jour, il n'aurait nul besoin de prendre de telles précautions, ce ne serait plus nécessaire. Ou tout du moins son nom d'emprunt serait connu de tous, mieux encore, il inspirerait la terreur. On le connaîtrait sans oser le prononcer. Mais cette heure n'était pas encore arrivée.

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S

usann avait de toute évidence les pieds sur terre. Elle ne perdait jamais le nord, et ses propos autant que ses propositions s'avéraient toujours fiables. Accorder sa confiance n'était pas une chose que Tom faisait si aisément, mais s'il se fiait à cette conversation, à ces contrats qui étaient tout à fait acceptables et à l'assurance qu'elle lui faisait que leur rupture pourrait causer plus que du tort au parti en causes, il n'avait pas vraiment de soucis à se faire. Il voyait là un cheval sur lequel il aurait été bien dommage de ne pas miser, et il ne comptait pas se laisser aller à une telle erreur. Ils allaient collaborer dans les temps à venir, c'est certain. Le préfet en chef des vers et argent se voyait sans mal devenir l'un des... "clients" ? Non, il n'appréciait pas franchement ce terme, disons plutôt l'un des "pactisans" de cette femme. À l'heure où distinguer ennemis et alliés devenait crucial, à l'heure où la garantie de son pouvoir à venir reposait sur la loyauté sans faille de ses fidèles, avoir pour lui quelqu'un qui serait dans l'incapacité et l'absence de volonté de le trahir était une chose à côté de laquelle il ne pouvait pas vraiment se permettre de passer. Après l'avoir écouté, donc, et sans faire le moindre commentaire, puisque cela ne lui semblait pas nécessaire, il reprit la parole, plus que jamais décidé à faire de cette rencontre bien autre chose qu'une rencontre vaine.

-Dans ce cas... dit-il doucement. Je pense que nous allons faire affaire, vous et moi.

Et "penser" signifiait ici "j'en suis sûr". Il ne restait plus qu'à être certaine que son jugement à elle ne varierait pas, qu'elle était effectivement prête à tout et n'avait en aucun cas froid aux yeux (mais à ce stade de leur discussion, il serait déçu du contraire, tout de même ). Il devait être certain qu'elle le suivrait après avoir entendu ses ambitions, et à la hauteur de quoi il voulait qu'elle se hisse. C'était indispensable pour qu'ils puissent progresser sereinement. Il allait devoir se présenter tel qu'il était, laisser Lord Voldemort prendre la place de Tom Jedusor. Il n'y voyait aucune malice ni aucun problème. Au contraire. C'était, de toute façon, son rêve (pour peu qu'il puisse et sache rêver) que de pouvoir troquer ce nom hideux au nom de l'autre.

-Je suppose que s'il me faut vous présenter la nature de mes intentions de façon générale, il nous faudra signer un premier contrat. Car il ne parlerait pas, bien sûr, sans l'assurance de sa plus parfaite discrétion. Que souhaiteriez-vous en échange ?

Il n'oubliait pas non plus que, en toutes circonstances, c'était donnant-donnant. Il était tout à fait prêt à y mettre le prix nécessaire, sans même discuter. Le jeu semblait en valoir la chandelle.

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T

om lut avec la plus grande des attentions le contrat de confidentialité que son interlocutrice venait tout juste de signer et qui devait sceller la première étape de leur accord. Il voulait s'assurer que sa signature ne s'apposerait pas sur des petites annotations qu'il aurait tôt fait d'approuver, et que ce contrat était à l'image de ceux montrés en exemple : irréprochable. Il l'était effectivement. L'Héritier de Serpentard le lut à trois reprises par nécessité et prudence, et il ne décela aucune faille. Il achevait par conséquent de trouver Susann digne de confiance, et d'accepter de collaborer plus avant avec elle. Ils allaient pouvoir parler de choses plus sérieuses, ou, en tous cas, il pourrait lui confier ses ambitions, ce à quoi il aspirait, avec l'assurance qu'il ne serait ni trahi, ni déçu. Ou en tous cas, que rien de ses néfastes activités ne transperceraient ces murs. Pour conclure leur accord, il se saisit donc de la plume qui lui était tendue, l'examina à son tour pour s'assurer que sa signature aurait bien valeur magique, et y apposa ses initiales. Il était plus que tenter de signer du nom qu'il s'était choisi, et qui lui convenait bien mieux, mais c'était hors de question pour le moment. Il savait que pour que le tout soit efficace, il devait encore se présenter via ce nom qu'il aurait tôt fait de faire oublier par la suite. Tom rendit le contrat à son interlocutrice avant de planter son regard dans le sien.

-Parfait dans ce cas.

Il pensait qu'il y aurait un premier paiement pour signature de contrat, mais s'il n'en fallait pas et que leurs signatures respectives suffisaient à elles seules, alors, c'était parfait, ils allaient pouvoir passer au stade supérieur. Et pour ce faire, il s'empara de sa baguette, et s'assura de l'insonorisation parfaite de leur conversation. Mieux valait déjà que les mots qu'ils avaient échangés ne soient entendus de personnes, mais ceux qui allaient venir se devaient d'être plus protégés encore.

-J'ai dans l'intention d'établir un ordre nouveau. Et pour cela, il me sera nécessaire de reourir à certains services spécifiques en fonctions des besoins de ma cause. Il marqua une pause. Vous êtes de sang pur, je suppose ?

Au fond, qu'elle le soit ou pas n'avait pas grande importance, l'essentiel étant qu'elle accomplisse son devoir malgré tout. Mais il serait plus aisé de lui expliquer en détail la situation et de lui faire l'inventaire de ses ambitions si elle se situait ans le cas de tous ceux qui devaient survivre (lui, faisant bien sûr exception, bien qu'il était évident qu'il éviterait que quiconque sache un jour que son propre sang était loin d'être irréprochable). La plupart des personnes issues de familles de sang pur cultivaient cet idéal, et partageaient une haine logique et toute naturelle des moldus. Si Susan était de ceux)là, il n'aurait nul besoin de pousser plus loin son argumentaire. Rien qu'en posant cette simple question, d'ailleurs, elle devait déjà commencé à comprendre.

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S

i Susann ne cherchait sans doute qu'à préserver son anonymat, en ne donnant que le minimum syndical d'informations à son sujet (ce qui, en soi, était plutôt honorable), Tom ne donnait pas bon accueil à sa remarque, parce qu'elle ne s'était pas contentée de lui refuser une information qu'il désirait, elle avait par la même utiliser un impératif qui pourrait presque donner l'impression qu'elle cherchait à lui donner des ordres. Or, personne ne donnait d'ordre à Tom Elvis Jedusor. Ou Lord Voldemort, plutôt, car si l'adolescent en apparence bien sous tous rapports pouvait se plier à certaines règles pour le besoin des apparences, ce n'était pas le moins du monde le cas de celui voué à devenir le futur seigneur des ténèbres... Et c'était bien lui, que Susann avait sous les yeux, non pas le jeune premier adoré de ses professeurs, mais bien le jeune homme terrible et calculateur, prêt à tout pour acquérir plus de pouvoir. À tous prix. En bref, non, il n'avait pas apprécié sa réponse, mais il ne manifesta pas de véritable désaccord. Il comptait toujours après ses services, après tout.

-Alors, faisons affaire de suite, contentons-nous de signer l'un de vos contrats, et n'en apprenez pas plus sur moi que je n'en saurais sur vous.

Il n'allait pas, après tout, se plier à un aveu complet de ses objectifs si elle-même, de son côté, en disait si peu sur elle. Dans un marché tel que celui-ci, il attendait un rien de réciprocité. Quoi qu'il en soit, elle n'avait pas à tout savoir. Elle pouvait agir en son nom et s'épargner malgré tout le détail de ses intentions. Il ne comptait pas lui faire rejoindre concrètement ses rang, jamais Susann Collyn ne rejoindrait ses rangs. C'était autant ce qui faisait l'intérêt que le risque de faire appel à elle. Elle n'avait pas la moindre allégeance, elle offrait seulement ses services au plus offrant, et sa loyauté était toute relative à ce qu'on voulait bien lui accorder en compensation de ce qu'elle-même accomplissait. C'était un avantage, car elle n'aurait pas besoin de savoir certains détails avant d'agir pour autant. Et un contrat pouvait bien s'établir sans trop de détails. Et si elle refusait au nom du peu d'informations qu'il lui avait donné ? Eh bien, il n'en démordrait pas, c'était donnant donnant. Ses services étaient un plus, ils ne lui étaient pas indispensables pour autant. Oui, bon, il était effectivement blessé dans sa fierté. Il se voulait être l'autorité naturelle, ni plus ni moins. Mais, et puisque c'était lui, ce n'était pas un motif qu'il infirmerait haut et fort. Cela non plus, ne la regardait pas vraiment, finalement. C'était quitte ou double, maintenant ou jamais. Soit ils concluaient une affaire fructueuse, soit ils manquaient une occasion, voilà tout. Sans regret pour sa part. En ce qui le concernait, il avait tendance à considérer que si une chose ne se faisait pas parce qu'il l'avait décidé, il n'y avait aucun regret à émettre ou à éprouver.

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E

n affaires, l'orgueil est souvent mauvais conseiller, Tom le savait pertinemment, ce qui ne l'empêchait pas d'en faire preuve au quotidien, sans pour autant le montrer. Il savait que son attitude avait été bien trop prompte, quand bien même il avait continué d'employer un ton parfaitement calme et un air impassible. Oui, c'est vrai, il n'avait pas outre mesure apprécié la réponse précédente, ce n'était pas pour autant que Susann Colyn ne méritait pas qu'il lui accorde une attention certaine, bien au contraire. Ces contrats étaient particulièrement fiable, tout comme l'était la personne avec qui il traitait, et que sa réputation avait précédé dans les sphères les plus confidentielles. Sa remarque n'avait été ni pertinente, ni bien intéressante, et il fallait remettre la conversation sur les bons rails, ce dont Susann su se charger à la perfection, preuve une nouvelle fois de son professionnalisme.

S'il avait dors et déjà un contrat à établir avec elle. Il avait à vrai dire plusieurs idées en tête, mais il fallait, de toute évidence, qu'il y réfléchisse plus avant, afin de prévoir le contrat le plus béton, sécuritaire et utile possible. Oui, mieux valait reporter le moment de signer concrètement autre chose que leurs closes de confidentialité pour le moment, ils auraient tout le loisir de se revoir plus tard, et l'Héritier de Serpentard avait dans l'esprit  que cela serait assez tôt. Bien des projets étaient en préparation. Pour certains, un "coup de main" ne serait pas de refus.

-Je pense qu'il est préférable que je me laisse le temps de réfléchir aux closes de notre contrat futur.

Somme toute, il lui affirmait qu'ils allaient bel et bien faire affaire tous les deux. Il serait dommage, après tout, de passé à côté d'une telle contribution, même s'il n'aurait pas été contre le fait d'en apprendre davantage sur Susann Colyn. Il ne désespérait cependant pas de rassembler ces informations d'ici leurs prochaines rencontres. Il n'y pouvait rien. Ça avait pour lui de l'importance que de connaître les failles des personnes avec qui il traitait, que ses relations avec elles soient amicales ou délictueuses. Le contrat de confidentialité signé, il avait l'assurance que rien de ce qui avait été dit autour de cette table ne serait répété, aussi, la situation restait parfaitement sous contrôle.

-Je suis ravi de faire affaire avec vous, dit-il en se levant, lui serrant la main et, portant ses mains à ses poches, déposant ce qu'il fallait de monnaie sur la table afin de payer leurs deux consommations (en bon chevalier). À bientôt.

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